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  • il y a 3 mois
On nous répète à loisir que la concurrence aiguise le talent, stimule l’innovation, récompense le mérite. On nous dit que dans le grand marché, chacun a sa chance, que les meilleurs finissent toujours par gagner et que les règles sont les mêmes pour tous. Victor Hugo, dit-on, répondait à qui l’interrogeait sur ses lectures : « Une vache ne boit pas de lait. » Ce qui signifie que l’auteur ne consomme pas ce qu’il produit, ne se nourrit pas des autres, et surtout : ne se compare pas. [...]

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00:00On nous répète à loisir que la concurrence aiguise le talent, stimule l'innovation,
00:12récompense le mérite. On nous dit que dans le grand marché, chacun a sa chance,
00:17que les meilleurs finissent toujours par gagner et que les règles sont les mêmes pour tous.
00:23Victor Hugo, dit-on, répondait à qui il interrogeait sur ses lectures,
00:27« Une vache ne boit pas de lait », ce qui signifie que l'auteur ne consomme pas ce qu'il produit,
00:34ne se nourrit pas des autres et surtout ne se compare pas.
00:38Hugo écrivait au-dessus du tumulte, « Il n'était pas dans la mêlée mais dans la lumière,
00:43à milieu du petit théâtre des égaux et des rivalités. Il n'était pas en concurrence, il était hors concurrence. »
00:51Le drame de notre époque, c'est que la vache s'est mise à boire son propre lait.
00:54Le manager benchmark, le startupeur scrute, le créatif surveille.
01:01On vit sous perfusion de classements, de métriques, de dashboards.
01:05On passe son temps à s'auto-observer, à mesurer ce que fait le voisin,
01:10à comparer, aligner, corriger, optimiser.
01:13On vit dans la comparaison permanente.
01:16Le problème est que le benchmark ne fait que conforter des certitudes.
01:20Il rassure, il stabilise, il valide ce qu'on croyait déjà.
01:23Il ne fait jamais trembler, il ne désarçonne pas, il ne produit aucune rupture, aucune invention.
01:30Il ne fait qu'enfermer dans le connu, dans le prévisible, dans le petit jeu des différences marginales.
01:36Il ne fabrique que du conformisme stratégique.
01:39Or, la concurrence n'a jamais fait jaillir le génie.
01:43Elle entretient l'émulation médiocre, le perfectionnement des détails, l'amélioration sans dépassement.
01:48Elle rend nerveux, jamais inspiré.
01:51Elle est une école de la peur, pas de la vision.
01:54Les grands esprits ne se confrontent pas, ils détonnent, ils inventent des mondes, des formes, des attentes.
02:01Osons donc le dire, la concurrence, c'est pour les losers.
02:04Pour ceux qui doivent se battre sur les prix, suivre les tendances,
02:08se disputer des miettes de marché à coup de promotions et de micro-avantages.
02:12La concurrence, c'est pour ceux qui vivent dans le rétroviseur.
02:16Les vrais stratèges, eux, ne regardent pas les autres, ils regardent ailleurs.
02:21Les gagnants, les vrais, sont hors concurrence.
02:24Ils créent leur propre catégorie, leur propre règle, leur propre tempo.
02:29Hermès ne fait pas mieux que ses rivaux.
02:31La marque agit selon une logique de souveraineté, pas de compétition.
02:36Les vrais stratèges ne jouent pas à la concurrence.
02:38Ils en sortent, ils refusent les règles du jeu parce qu'ils en créent d'autres.
02:42Ils ne gagnent pas à la loyale, ils changent le terrain.
02:45La concurrence, c'est pour ceux qui doivent prouver qu'ils existent.
02:49Les gagnants n'ont pas besoin de preuves.
02:52Ils n'ont pas à se hausser du col.
02:53Leur simple présence suffit à faire autorité.
02:56Le marché adore les gladiateurs, mais l'histoire, elle, se souvient des prophètes.

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