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  • il y a 2 semaines
La France a longtemps vécu sur un pacte implicite : les entreprises pouvaient viser la croissance et les profits, l’État se chargeait d’amortir les crises – économiques, sociales… et sanitaires. Subventions, boucliers tarifaires, crédits d’impôt, plans de relance, chômage partiel, système de santé mobilisé en urgence : tout cela formait un filet protecteur. Or cette phase s’achève. La dette publique, désormais hors de contrôle, interdit tout nouveau grand geste budgétaire. Acculé par Bruxelles comme par les marchés, l’État n’a plus les moyens de protéger systématiquement ni son tissu productif, ni sa cohésion sociale. [...]

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00:00La France a longtemps vécu sur un pacte implicite. Les entreprises pouvaient viser la croissance et les
00:12profits. L'État se chargeait d'amortir les crises économiques, sociales et sanitaires. Subventions,
00:19boucliers tarifaires, crédits d'impôts, plans de relance, chômage partiel, système de santé
00:23mobilisés en urgence. Tout cela formait un filet protecteur. Or, cette phase s'achève. La dette
00:30publique, désormais hors de contrôle, interdit tout nouveau grand geste budgétaire. Acculé par
00:36Bruxelles comme par les marchés, l'État n'a plus les moyens de protéger systématiquement ni son tissu
00:42productif ni sa cohésion sociale. À la contrainte financière s'ajoute l'impasse politique. Faute
00:49de majorité clair, les arbitrages sont différés, la conflictualité sociale chronique et le cap
00:56économique illisible. L'État, jadis stratège et bouclier économique et social, apparaît paralysé.
01:03Et c'est dans ce vide que les entreprises doivent inventer leur avenir. Alors que l'Allemagne ou les
01:08États-Unis mobilisent leurs finances publiques pour relocaliser et soutenir leur tissu d'entreprise,
01:13la France est condamnée à une austérité rampante. Les entreprises savent qu'il n'y aura plus de plan de
01:20sauvetage généralisé. Ni pour leurs marges, ni pour leurs salariés. Le filet social, comme le filet
01:27industriel, se distant. Ce retrait budgétaire et social pèse sur le financement. Les investisseurs,
01:33conscients du désengagement de l'État et du climat politique instable, exigent des garanties accrues.
01:40Les banques durcissent leurs critères. Les salariés eux-mêmes doutent de la capacité du
01:45pays à maintenir un haut niveau de protection. La France, perçue comme dépendante d'un État
01:51provident surendetté, inspire moins confiance que ses voisins. Face à cette double contrainte,
01:57un État impuissant et des capitaux plus rares, les entreprises n'ont d'autre choix que d'inventer
02:03leur propre souveraineté. Résilience ne signifie pas repli, mais autonomie.
02:08Sécuriser ses approvisionnements, discipliner ses investissements, protéger ses marges et
02:13mobiliser ses équipes comme on défendrait une frontière. C'est la singularité française.
02:18Nous passons brutalement d'un capitalisme sous perfusion publique, sociale et sanitaire à un
02:24capitalisme d'endurance. Les entreprises doivent apprendre à vivre sans filet budgétaire,
02:29dans un contexte où le politique est lui-même défaillant. L'ère du capitalisme social
02:35sous perfusion publique a atteint son terme. L'endurance n'est plus une option, mais un
02:41impératif stratégique. Aux entreprises d'assumer une autonomie plus exigeante,
02:45qu'il s'agisse d'investissement ou de cohésion sociale, en mobilisant avant tout leurs propres
02:51ressources. Car dans ce capitalisme d'endurance, affronter le marché suppose de ne plus compter sur
02:58l'État, désormais sommé de réduire son rôle de sauveur providentiel.
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