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Roger Fajnzylberg publie les écrits de son père, ancien membre des "sonderkommandos", dans le camp d'Auschwitz-Birkenau
franceinfo
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il y a 11 mois
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 27 janvier 2025 : Roger Fajnzylberg, il présente avec la collaboration d'Alban Perrin, "Les Cahiers d'Alter : Ce que j'ai vu à Auschwitz", publié aux éditions du Seuil.
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00:00
Bonjour, il y a des héritages lourds à porter dont on aurait préféré ne jamais avoir à les affronter.
00:06
Vous êtes le fils d'Alter, un juif polonais, vaillant militant communiste, comme le dit si bien dans la préface Serge Herzfeld,
00:13
un prisonnier pendant trois ans en Pologne, combattant en Espagne dans les brigades internationales,
00:17
interné dans les camps vichistes de la zone dite libre, arrêté à Paris, transféré de Drancy au camp de Compiègne
00:22
et déporté par le premier convoi juif par parti de France le 27 mars 1942.
00:28
Un père résistant qui n'a jamais cessé de combattre, qui a réussi à survivre en s'évadant pendant les marges de la mort en janvier 1945,
00:36
après avoir été l'un de ceux qui faisaient le travail le plus ignoble des camps, si tant est qu'il y en avait des meilleurs que d'autres.
00:42
Finalement, il était l'un des membres des Under Commando d'Auschwitz-Birkenau, l'un des rares survivants,
00:49
car les Allemands éliminaient régulièrement ses membres pour ne pas laisser de traces.
00:54
Mais votre père ne vous a jamais raconté ce calvaire de vive voix.
00:58
Il vous a, par contre, transmis une boîte à chaussures enfermée, fermée, pardon, avec des cahiers, des colliers à l'intérieur.
01:07
Il a écrit en polonais, il a écrit son histoire.
01:10
Il vous aura fallu attendre des dizaines d'années pour l'ouvrir, cette boîte.
01:14
Ça a donné naissance à un livre, tout simplement, ce que j'ai vu à Auschwitz, aux éditions du Seuil.
01:20
Pourquoi avoir attendu aussi longtemps, Roger, pour l'ouvrir, cette boîte ?
01:23
Alors pourquoi ? Tout simplement parce que c'était trop dur.
01:28
C'était, qu'est-ce que j'allais trouver ?
01:31
Qu'est-ce que j'allais comprendre des souffrances, du martyr qui a été celui de mon père et des autres déportés ?
01:40
Je ne savais pas ce que j'allais pouvoir trouver de plus que ce que j'entendais.
01:48
Parce que vous aviez raison, il ne me parlait pas directement.
01:52
Mais j'entendais ses conversations avec les membres de la famille et avec ses amis.
01:59
Et pendant longtemps, j'étais une sorte d'éponge qui a absorbé toute une série d'éléments disparates, d'informations.
02:13
Je ne pouvais pas lui poser de questions.
02:16
En fait, j'avais peur de lui poser des questions parce que je ne voulais pas le faire souffrir plus qu'il n'avait déjà souffert.
02:24
Lui ne me parlait pas pour ne pas me faire souffrir moi et pour faire qu'en tant qu'enfant, je vive ma jeunesse le plus normalement possible.
02:34
Et puis voilà, un jour, ils sont partis et cette boîte est restée.
02:43
Et j'ai encore mis de nombreuses années avant de l'ouvrir.
02:46
Quand on parle de Zonderkommando, ça fait peur.
02:48
Roger, on ne va pas se mentir.
02:50
Quand on apprend que son père a fait partie de ce mouvement, en tout cas de cette représentation des Zonderkommando,
02:58
je voudrais déjà que vous nous expliquez ce que c'est que les Zonderkommando et quel a été son travail.
03:01
Comment vous avez réagi?
03:04
Alors, je vais vous dire tout de suite, c'est grâce à l'écriture de ce livre que j'ai totalement compris ce qu'étaient les Zonderkommando.
03:13
Pendant des années et des années, j'entendais le mot.
03:19
Déjà, le terme est particulièrement barbare et rébarbatif.
03:23
Qu'est ce que ça pouvait bien recouvrir?
03:26
Et puis, on parlait de Zonderkommando qui avait œuvré en Ukraine et en Pologne,
03:32
qui étaient les auxiliaires que les Allemands utilisaient pour tuer, pour assassiner.
03:39
Mais le Zonderkommando d'Auschwitz-Birkenau, ce n'est pas ça du tout.
03:44
Et c'est pourquoi il est important de rétablir la vérité sur ce Zonderkommando d'Auschwitz-Birkenau.
03:52
Celui d'Auschwitz-Birkenau, c'était des détenus juifs pour un grand nombre,
03:58
mais que les Allemands forçaient à travailler dans cette chaîne de destruction qui allait depuis la sortie des chambres à gaz
04:11
jusqu'à la dispersion des cendres après être passée dans les fours crématoires.
04:16
Et c'est à cela que mon père a été obligé de s'adonner pendant près de 18 mois.
04:25
Et uniquement à cela, puisque les Zonderkommando étaient isolés du reste du camp.
04:33
Donc, par exemple, les Zonderkommando, contrairement à ce que certains peuvent penser,
04:39
ne tuaient pas les juifs qui allaient être massacrés.
04:44
Ça, c'était le travail des Allemands.
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Eux, malheureusement, avaient eu la seule fonction de les sortir des chambres à gaz,
04:52
de les dépouiller de ce qu'ils pouvaient rester éventuellement d'objets ou d'éléments de valeur.
05:00
Les dents en or, par exemple, les extraire sur les cadavres,
05:06
couper les cheveux pour que les Allemands les utilisent ensuite et les recyclent dans l'industrie,
05:13
enfourner les morts dans les crématoires, les sortir et disperser les cendres.
05:21
Voilà en quoi cela consistait.
05:24
Vous racontez que les yeux de votre père, découverts dans ces écrits et cahiers, étaient emplis de larmes
05:29
qui ne coulaient même plus, mais qui sont restées ouvertes pour témoigner.
05:34
Dès le départ, dans ses premiers écrits, c'est ce qu'il dit.
05:36
Il dit « moi, j'écris pour les autres ».
05:38
Oui, en effet.
05:42
Mon père a toujours été un militant et quelqu'un d'engagé.
05:49
Dans ses cahiers, les lecteurs le constateront, il parle très peu de lui, de ses sentiments personnels.
06:00
Il témoigne, il raconte, il apporte des informations.
06:06
Il se plaint peu.
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Pour lui, la question était, comme il le dit dans le livre, soit de faire le choix de mourir en se jetant sur les barbelés
06:19
ou en se jetant sur un SS pour essayer de lui enlever son arme,
06:24
mais en sachant que quelques instants après, c'était la mort assurée.
06:32
Ou bien au contraire, essayer de survivre pour témoigner parce que lui avait une croyance
06:43
quasiment mystique que l'Allemagne serait vaincue
06:49
et qu'en tant que communiste, les troupes soviétiques l'emporteraient.
06:53
Ce qu'il écrit, votre père, c'est « nous n'avons pas le droit d'oublier cela, ni de le pardonner ».
06:58
Oui, bien sûr.
07:00
Ça veut dire que le pardon n'est absolument pas possible.
07:03
En tout cas, c'est comme ça qu'il a écrit ses mémoires.
07:06
Écoutez, il les a écrits entre septembre 45 et le printemps 46.
07:14
Je crois que le temps du pardon n'avait pas pu faire son effet.
07:19
Et de toute manière, pardonner à qui ?
07:23
C'est une vraie question, ça. Est-ce que vous êtes pour le pardon ?
07:25
Est-ce que vous comprenez les gens qui pardonnent ?
07:28
Moi, je ne pardonne pas aux jeunes générations allemandes, par exemple.
07:35
Je n'ai pas leur pardonné.
07:36
Ils ne sont pas responsables des actes de leurs parents.
07:40
Et je trouve que l'Allemagne a fait un travail de mémoire plutôt remarquable.
07:46
Pardonner à ceux qui ont participé à cette extermination, c'est autre chose.
07:55
Qu'est-ce que vous avez compris, d'ailleurs, à travers cet ouvrage,
07:58
à travers ces pages écrites en lettres cursives par votre père, en polonais, d'ailleurs ?
08:06
J'ai compris deux choses.
08:08
D'abord, l'importance de l'engagement.
08:13
Et l'importance de l'action.
08:19
On ne peut pas rester passif.
08:21
On ne peut pas être spectateur.
08:25
Si on veut que les choses puissent un jour éventuellement bouger un peu et très lentement,
08:34
ce n'est que par l'action et par l'engagement qu'on y arrive.
08:38
Ce livre, il représente quoi pour vous aujourd'hui, Orgé ?
08:46
Une forme de, j'allais dire, de réhabilitation.
08:52
Mais le terme est un peu dur parce qu'il n'a jamais été accusé de quoi que ce soit.
08:57
Mais je crois qu'il est l'heure d'honorer un de ceux qui le méritent.
09:09
Il y en a beaucoup qui le méritent.
09:11
Il y a eu beaucoup d'actions de résistance.
09:13
Il y a eu beaucoup de gens qui ont souffert, de familles qui ont été détruites.
09:18
Mais mon père, dans cette histoire-là, fait partie de ceux qui, il n'y en a pas beaucoup,
09:26
qui ont concentré tous les éléments que certains autres déportés ont pu vivre,
09:37
ont pu connaître partiellement.
09:40
Mais lui, c'est la totale.
09:42
Pour terminer, fier d'être le fils d'Altaire ?
09:48
Oui, bien sûr. Mais ça, si vous voulez, c'est quelque chose que je...
09:54
Cette fierté, je l'apporte depuis longtemps.
09:56
Je ne l'ai pas découverte en écrivant ce livre,
09:59
mais surtout fier de pouvoir le rapporter, le rendre cet hommage à mon père et à ma mère.
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