L’on pourra toujours compter sur la créativité sans bornes des Camerounais pour ce qui est, disent-ils, de rechercher des solutions à la grande impasse politique, sociale, culturelle et morale dans laquelle se trouve actuellement leur pays. Une dernière pierre à la collection pouvant être établie dans cette journée dite de prières organisée par un bataillon pasteurs et d’autres hommes auto-proclamés de Dieu, personnages aux barbes blanches et aux tuniques impressionnantes, dans les salons du Hilton Hôtel de Yaoundé. Cela, évidemment, autour de repas copieux et d’autres boissons spéciales. Le sort du pays est d’une préoccupation, dans leurs consciences, telle que l’insondable chemin de la grâce sera en apparence construit par ceux qui ont déjà voix au chapitre. Ministres en fonction et hommes politique établis. Universitaires et autres directeurs de conscience, sur des tribunes où il est aisé de formuler des demandes improbables sous la voûte d’un ciel désormais couleur de cendre. Le Cameroun donc des prières et des prieurs. Le Cameroun, au croisement de cet effondrement et de cette espérance sans cesse remise au lendemain. Où divers faiseurs de miracles ont pris la société en otage, et aggravé de beaucoup sa perte de sens et l’aliénation générale de la population. Au mois de novembre dernier, la société camerounaise s’est réveillée, déboussolée par les ravages d’un Pasteur à Douala, chantre de longues nuits de prière et de délivrances. La mise en étalage du pire portrait de ceux qui parlaient, il y a un siècle, de la religion en tant qu’opium du peuple. Une catégorie philosophique encore très loin d’être évacuée aujourd’hui. Voilà donc à quoi semble réduite l’imagination politique d’un pays où il n’y a plus d’idée. Pour espérer une amélioration de sa gouvernance publique, Femmes et Hommes en fonction viennent publiquement établir que l’on doive prier pour que le Cameroun soit mieux piloté et plus soucieux de l’avenir de sa population. Un charlatanisme décomplexé qui semble encore avoir de beaucoup jours devant.