AGDE - 2015 - INTERVIEW du recteur de la MOSQUEE D'AGDE : La salle de prière ouvre ses portes pour apaiser
  • il y a 8 ans
La salle de prière ouvre ses portes pour apaiser

Islam ❘ Après les perquisitions survenues il y a deux semaines, le responsable des lieux Abdelkader Taïbi tient à s’exprimer.

Drapé dans une tenue traditionnelle, souriant, Abdelkader Taïbi ouvre grand les portes de la salle de prière des musulmans d’Agde, située à quelques encablures de la gare. Après les perquisitions menées il y a deux semaines, ici même ainsi qu’à son domicile, dans le cadre de l’état d’urgence (et qui n’avaient rien ré- vélé de probant), le président de l’association “Recherche et culture” a invité les médias locaux, dans un souci de transparence, « pour tranquilliser la population agathoise, les musulmans et les autres confessions. »

Ce lieu discret, peu connu des habitants, existe depuis 14 ans. Sur 170 m2 en rez-de-chaussée, un vestiaire, un coin pour les ablutions, une douche et la grande salle de prière des hommes avec sa chaire surélevée et sa micro-caméra suspendue au plafond. Son capteur retransmet les prêches en direct sur un grand écran installé dans la nouvelle salle voisine. Celle des femmes. Un espace de 85 m2 vient en effet d’être aménagé dans l’appartement contigu. Avec une pièce étroite dédiée à l’enseignement de la langue arabe et de la culture d’origine. Une école coranique devrait par ailleurs être lancée à partir de janvier.L’ensemble a été financé par les cotisations annuelles et « les dons anonymes. »

« En 14 ans, nous avons investi près de 300 000 € », souligne Taïbi. Aujourd’hui, entre 300 et 400 fidèles fréquentent ce lieu. Chacun peut s’y rendre librement pour prier cinq fois par jour. Un imam se déplace de Montpellier deux fois par semaine, le vendredi et le mardi soir. Depuis deux ans et demi environ, il s’agit de Nouar Karoune. « Il est trilingue et prêche en français, arabe et turc ».

Pour rappel, si Taïbi a été visé par les récentes perquisitions, c’était, selon nos informations, dans le but d’établir des liens entre lui et un imam soupçonné d’appartenir à la mouvance salafiste. « Totalement faux », plaide-t-il. Et d’ajouter : « Ici, les prêches sont sur l’islam et ce qu’on doit connaître de l’islam. » « C’est normal que tous les imams soient contrôlés. Ce qui est important c’est de savoir ce qui est prêché.Ça aurait dû être une priorité de former des imams bilingues en France. » Un discours qui se veut ouvert et ferme.

« Je suis citoyen français, de religion musulmane, cela ne pose pas de problème, je respecte les juifs, les chrétiens qui ont leur propre religion. Ici on fait la prière et on s’en va, la porte est ouverte à tout le monde. » L’Agathois a condamné publiquement les différents attentats survenus cette année en France. Son message pour résumer ? « Je souhaite que le regard sur l’islam change complètement.

Dans une mosquée ou une salle de prière, on ne prêche pas le mal. Je regrette ces évé- nements, ça n’aurait jamais dû exister. L’islam est une doctrine de paix ba- sée sur l’hygiène et la culture, elle ne peut pas être criminelle. » « L’islam a un respect illimité pour l’être. »

MÉLISSA ALCOLÉA
malcolea@midilibre.com

Un lieu aux normes de sécurité ?

Suite à la perquisition, le maire Gilles D’Ettore avait affirmé à Midi Libre que ce lieu de prière n’était pas déclaré. Et avait émis des réserves quant aux garanties de sécurité offertes dans le cadre de l’accueil de public. « C’est un garage reconverti avec quelques tapis au sol », avait-il ajouté.

« Je lui répondrai qu’il serait préférable qu’il s’intéresse à sa population », réplique Abdelkader Taïbi. « L’ancien premier magistrat avait même assisté aux premières portes ouvertes », rappelle-t-il, assurant disposer des autorisations requises et des dispositifs de sécurité appropriés.

Pour autant, à ce jour, les services de la mairie sont formels : aucune demande d’ouverture d’un Établissement recevant du public (ERP) n’a été formulée...

À noter qu’avant la rue Jean-Bedos, les musulmans d’Agde priaient au 48 rue Sadi-Carnot. Les locaux de la rue Bedos étaient alors occupés par les témoins de Jehovah...

SÉMANTIQUE Une “mosquée”

Lorsqu’il évoque ce lieu, Abdelkader Taïbi parle indifféremment de salle de prière ou de mosquée et se désigne comme recteur de la mosquée. « Notre association est culturelle », souligne-t-il.« Cette salle ne représente qu’une partie de l’activité de l’association ».

Entendons-nous : le lieu, en soi, n’est pas une vraie mosquée et n’est pas identifié comme tel. Pour autant : « Il s’y passe exactement la même chose que dans une mosquée, il y a un imam... »

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