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Le droit à l'lVG se restreint un peu plus chaque jour dans le monde. Alors qu'1 Française sur 3 aura recours à I'avortement au moins une fois dans sa vie, la menace se rapproche de nos frontières, lentement mais sûrement, au diapason de la montée du populisme. En France, on se croit à I'abri. Au pays des droits de I'homme, I'IVG n'est-elle pas un droit fondamental reconnu par tous?
Année de Production : 2024

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Transcription
00:00Pas d'utérus, pas d'opinion, pas d'utérus, pas d'opinion, pas d'utérus, pas d'opinion.
00:08Un enfant c'est un choix, avorter c'est un droit.
00:13Mon corps c'est moi et je décide, mon corps c'est moi et je décide.
00:20Pour l'adoption 780.
00:2350 ans après la loi Veil, la France est le premier pays à faire entrer la liberté de recourir à l'IVG dans sa constitution.
00:34Cette attente, cet espoir, je les ai partagés.
00:39Comme toutes, j'ai ressenti une immense joie.
00:43Mais pourquoi au fond de moi quelque chose grince ?
00:47Sûrement parce que j'ai avorté, et que je sais.
00:51Je sais que les lois ne suffisent pas à garantir un droit.
00:55Je sais que la honte et le tabou sont des forces bien plus entravantes que la loi.
01:00Que la solitude et la culpabilité sont plus traumatisantes que l'acte d'avorter.
01:06Parce que l'histoire et le contexte actuel m'imposent la méfiance.
01:10Protéger la vie n'est pas un délit, protéger la vie n'est pas un délit.
01:18Selon le dernier rapport du Haut Conseil à l'égalité, le sexisme ne recule pas en France.
01:24Bien au contraire.
01:26Quand les droits des femmes progressent, les voix des forces opposées se déchaînent.
01:30Jusqu'à infuser aujourd'hui les plus jeunes générations.
01:48L'IVG est rentrée définitivement dans la Constitution ?
01:52C'est exactement ça qui s'est passé hier.
01:54L'IVG est rentrée dans la Constitution en France.
01:57Pourquoi déjà on a légalisé l'IVG en 1975 ?
01:59Qu'est-ce qui s'est passé ?
02:00Ça c'était la première question.
02:02Et on va continuer après sur le terme qui a évolué.
02:05Ouais.
02:06C'est ça.
02:07C'est ça.
02:08C'est ça.
02:09C'est ça.
02:10C'est ça.
02:11C'est ça.
02:12C'est ça.
02:13C'est ça.
02:14C'est ça.
02:15C'est ça.
02:16Ouais.
02:17Il me semble que c'était parce qu'il n'y avait pas de recours possible légal pour certaines femmes.
02:23Ils avortaient clandestinement et il y avait des risques pour la santé.
02:28Alors c'est terrible en 2024 de se remémorer ça.
02:33Ces élèves ont de la chance.
02:34En France, la loi prévoit trois séances d'éducation sexuelle par an de l'école au lycée.
02:39Faute de moyens et de volonté politique, elle n'est que rarement appliquée.
02:43Et pourtant, ses cours sont essentiels pour faire avancer l'égalité entre les hommes et les femmes.
02:47Delphine est sage-femme et à côté de son travail à l'hôpital, elle se rend dans des lycées parisiens
02:52pour permettre aux jeunes d'aborder sereinement leur vie affective.
02:55Comment ça se passait concrètement, une IVG clandestine ?
02:58Elles avortaient avec un cintre ?
03:00On prenait ce qu'on avait sous la main, cintre, aiguilles à tricoter.
03:03On imagine les conséquences pour la santé des femmes.
03:07Et en effet, il y avait des femmes qui mouraient d'IVG clandestines.
03:11Encore une fois, c'est terrible de se remémorer à ça en 2024,
03:13mais on a un devoir de mémoire parce que concrètement, c'est comme ça que ça se passait.
03:16Et c'est comme ça que ça se passe aussi dans les pays où ce n'est pas légal encore en 2024.
03:23Il y a des femmes qui meurent d'avortements clandestins dans le monde tous les jours.
03:27Actuellement, celles qui se trouvent dans cette situation de détresse, qui s'en préoccupe ?
03:33La loi les rejette non seulement dans l'opprobre, la honte et la solitude,
03:38mais aussi dans l'anonymat et l'angoisse des poursuites.
03:41Contraintes de cacher leur état, trop souvent elles ne trouvent personne pour les écouter,
03:47les éclairer et leur apporter un appui et une protection.
03:51Parmi ceux qui combattent aujourd'hui une éventuelle modification de la loi répressive,
03:58combien sont-ils ceux qui se sont préoccupés d'aider ces femmes dans leur détresse ?
04:02Combien sont-ils ceux qui, au-delà de ce qu'ils jugent comme une faute,
04:06ont su manifester aux jeunes mères célibataires
04:09la compréhension et l'appui moral dont elles avaient ainsi grand besoin ?
04:24L'histoire a retenu des noms.
04:26Elle a retenu Simone de Beauvoir avec le manifeste des 343,
04:30elle a retenu Gisèle Halimi avec les procès de Bobigny en 1972
04:35et Simone Veil avec son beau combat à l'Assemblée nationale.
04:39Et entre Halimi et Simone Veil, il y a eu le MLAC.
04:53Le MLAC est né à une époque où certains médecins ne supportaient plus
04:56de voir mourir les femmes mutilées par leur avortement.
04:59En toute illégalité, ils vont former la société civile à une nouvelle méthode révolutionnaire.
05:05La méthode par aspiration.
05:08Alors que l'IVG était toujours considérée comme un crime en France,
05:11des femmes comme Annie et Brigitte se sont mises à avorter d'autres femmes.
05:16Elles ont alors acquis un pouvoir incroyable.
05:19Celui de savoir.
05:20Celui de décider.
05:22Partout en France, la demande est si forte que les permanences du mouvement
05:26pour la liberté de l'avortement et de la contraception
05:29se déplacent dans les lieux publics.
05:31Aux yeux de tous.
05:34C'est cette désobéissance civile qui a permis la loi Veil.
05:37Voilà peut-être pourquoi l'histoire n'a pas retenu le nom du MLAC.
05:41Mais tous ces gens qui se sont engagés très spontanément,
05:44quand on a eu la loi Veil, qui est une loi pourtant très insatisfaisante,
05:49se sont démobilisés assez spontanément aussi.
05:52On n'est resté pas très nombreux.
05:54Pour imposer que l'hôpital se mette à pratiquer des avortements,
05:59il faut se rendre compte qu'après la loi Veil, il n'y avait pas de structure,
06:02il n'y avait pas de centre d'IVG.
06:04C'était les maternités qui devaient assumer ça,
06:06mais les patrons des maternités ne connaissaient rien à l'avortement.
06:10La méthode que connaissaient les hôpitaux, c'était le curtage
06:13et pas les méthodes par aspiration.
06:15Donc il fallait faire pression pour qu'ils commandent des aspirateurs
06:18pour qu'ils se forment.
06:21C'est la valise qu'on emmenait chaque fois qu'on allait pratiquer des avortements.
06:27Ce qu'on faisait quand même était illégal, même si c'était légitime.
06:31On avait une sécurité où le docteur Boutin nous avait dit
06:35« vous n'avez qu'à inscrire que cette valise m'appartient ».
06:39Il y a écrit « ce matériel appartient au docteur Pierre Boutin, maternité des Lilas ».
06:45Quand nous pratiquions des avortements au lac Place des Fêtes,
06:48on était une quinzaine, il y en a trois qui avaient appris avant la loi
06:51et qui ont formé les autres.
06:53On travaillait en étroite collaboration avec les médecins de la maternité des Lilas.
06:59Quand une femme choisissait un avortement avec anesthésie,
07:02on les accompagnait, on restait avec elle pendant l'anesthésie.
07:05Il y avait un médecin, Pierre Boutin,
07:07quand il recevait en titre complètement professionnel une femme
07:12et qu'elle choisissait d'avorter sans anesthésie,
07:15alors Pierre leur disait « allez plutôt voir les femmes du lac Place des Fêtes,
07:19parce que la manière dont vous allez y être accueillis et accompagnés,
07:23jamais l'hôpital ne pourra le faire ».
07:25Et ça, qui est le cœur du sujet,
07:29il y a donc un bocal sur lequel sont branchés deux tuyaux,
07:34un tuyau relié à la canule
07:37et un tuyau relié à cette pompe à vélo inversée
07:41qui nous sert à faire le vide dans ce bocal.
07:45Donc on clampe et à un moment je vais…
07:50On va entendre le petit bruit.
07:52Déclamper et ça aspire.
07:57Et c'est ça la méthode par aspiration,
07:59c'est-à-dire que d'abord on décolle les membranes
08:03qui sont très fines et très légères à l'intérieur de l'utérus
08:06et à un moment, par les encoches de la canule,
08:09on aspire le contenu qui va arriver dans le bocal.
08:16Lorsque j'ai avorté,
08:17je n'avais jamais entendu parler de l'histoire d'Annie et de Brigitte,
08:20celle d'un savoir-faire retiré aux femmes lors de la légalisation.
08:24Moi, pour avorter, on m'a donné des médicaments,
08:27ces petites pilules qui provoquent des contractions,
08:30jusqu'à la fausse couche.
08:32Seule chez moi, j'ai souffert.
08:34Et j'ai trouvé ça normal.
08:36Que s'est-il passé en un demi-siècle
08:39pour que nos avortements soient si douloureux ?
08:41Derrière ce droit de façade,
08:43quelles réalités,
08:45quelles histoires pour les femmes qui avortent en 2024 ?
08:51Au moment de la loi Veil,
08:53on a médicalisé l'avortement.
08:55Les stages femmes sont sortis de la prise en charge des femmes.
08:59Et petit à petit, on y revient.
09:01C'est positif.
09:02Souvent, c'est ce qu'on dit.
09:04C'est les mêmes femmes qui vont à la maternité
09:06et qui vont au planning familial.
09:08Dans la tête de certaines personnes,
09:10il y a les femmes qui vont à coucher
09:12et les femmes qui viennent faire une IVG.
09:14Non, c'est les mêmes.
09:16C'est juste qu'on est à des parcours de vie.
09:18Ça a vraiment du sens que la stage femme
09:20prenne en charge ces parcours de vie.
09:30Depuis dix ans,
09:31Delphine est la figure de proue
09:33de la lutte qui a permis aux stages femmes
09:35de s'emparer de cette pratique.
09:37L'avortement par aspiration.
09:40Le décret d'avril 2024
09:42les autorise à le faire à l'hôpital.
09:44Dans les mêmes conditions que les médecins
09:46et les gynécologues.
09:48L'accouchement, c'est plus un risque médical
09:50que l'IVG.
09:51Les délivrances artificielles,
09:53les sutures de périnée.
09:54C'est clairement un geste qu'il faut apprendre
09:56mais c'est un geste qui est possible
09:58au vu de notre champ de compétences.
10:00On y va, c'est parti.
10:06Les femmes qui viennent nous voir,
10:08elles se sentent coupables,
10:10elles ont honte d'être là.
10:12Donc on leur dit,
10:14c'est pas mal madame ce que vous êtes en train de faire,
10:16c'est légal depuis 1975.
10:18Et puis maintenant on peut leur dire
10:20et c'est inscrit dans la constitution.
10:29Pourquoi on a augmenté le terme légal
10:31de 14 à 16 semaines d'aménorée ?
10:33Parce que nos concitoyennes qui étaient
10:35sur ces termes-là,
10:37elles partaient à l'étranger faire l'IVG.
10:41Donc c'est quand même pas rien
10:43quand on regarde les chiffres,
10:45c'est que le nombre de grossesses non souhaitées a diminué.
10:47Donc il ne s'est pas rien passé quand même.
10:49Par contre, à l'heure actuelle,
10:51quand on est confronté à une grossesse non souhaitée,
10:53on a plus recours à une IVG
10:55qu'il y a 30 ans par exemple.
10:57Donc on ne peut pas dire qu'il ne s'est rien passé.
10:59C'est même plutôt positif.
11:03Une grossesse désirée est quelque chose de positif.
11:05Et l'avortement,
11:07pas toujours un drame.
11:09Il peut être une libération,
11:11une façon de fonder la famille que l'on désire,
11:13au bon moment.
11:15De tout temps, les femmes ont cherché
11:17à contrôler leur fertilité.
11:19Depuis toujours et partout, elles avortent.
11:21Mais la religion et la médecine
11:23ont fait du fœtus un être autonome.
11:25Et du corps des femmes,
11:27une histoire d'homme,
11:29avant de devenir une histoire d'Etat.
11:31Je suis allée rencontrer
11:33celles qui ont vécu la même expérience que moi,
11:35celles qui ne regrettent pas,
11:37mais qui ont ressenti dans leur chair
11:39toute la complexité de cet héritage.
11:43Ma mère m'avait toujours dit quand j'étais petite
11:45si un jour il se passe quelque chose,
11:47je peux être la première au courant,
11:49il n'y a aucun problème avec ça,
11:51c'est pas un tabou, t'as le droit, c'est pas grave, etc.
11:53Sauf que par pudeur,
11:55j'ai gardé ça pour moi pendant des années.
12:01Quand je l'ai su vraiment,
12:03j'ai commencé à avoir un ventre qui a commencé à ressortir,
12:05des seins qui commencent à ressortir
12:07et ça faisait énorme.
12:09Et je ne m'attendais pas à ça,
12:11parce que pour le coup,
12:13t'es là, tu veux avorter,
12:15t'as des symptômes de grossesse qui arrivent,
12:17t'as des nausées le matin,
12:19ce qui a amplifié chez moi l'envie de me dire
12:21je veux que ça se passe hyper rapidement
12:23parce que cet état-là, je ne veux pas cet enfant
12:25et je veux qu'il parte aussi rapidement.
12:31Et il me semble que dans la semaine,
12:33j'ai eu mon premier rendez-vous à la maternité des Bleuets.
12:35Là, on m'a laissé le choix
12:37de si je voulais le faire en médicamenteux
12:39ou en aspiration.
12:41Pareil, j'ai pris mon choix
12:43par rapport aux avis de mes copines,
12:45mais j'ai beaucoup qui l'ont fait en médicamenteux
12:47et ça s'était très mal passé.
12:49Et du coup, j'ai fait le choix de le faire par aspiration.
12:57Et là, je suis prise en charge
12:59par des infirmières qui sont extraordinaires.
13:01Elles m'expliquent
13:03comment tout va se passer.
13:05Et en fait, je stressais énormément,
13:07je tremblais,
13:09je n'arrivais pas à me décontracter et tout.
13:11Et elles m'ont parlé comme si c'était ma maman qui me parlait.
13:13Elles me faisaient des massages
13:15un peu là, aux épaules.
13:17Vraiment,
13:19elles ont été présentes
13:21plus que...
13:23C'était plus que des infirmières pour le coup.
13:25Elles m'ont soutenue et moralement aussi,
13:27elles me disaient ça va aller, etc.
13:29Et je pense que sans ces dames-là,
13:31à ce moment-là,
13:33je n'aurais pas vécu de la même manière.
13:39Zéro regret.
13:43Si j'avais le choix,
13:45si je revenais à moi aujourd'hui,
13:47je ferais le même choix, dans la même maternité,
13:49avec les mêmes encadrants, les mêmes accompagnants que j'ai eus.
13:51J'ai eu une expérience qui, pour le coup, s'est globalement bien passée.
13:53Donc j'ai eu de la chance dans ce malheur.
13:55Moi aussi,
13:57j'aurais aimé être prise en charge comme Magdalena.
13:59Ici,
14:01à cheval entre la maternité des Bluets
14:03et celle de l'hôpital Trousseau,
14:05un espace est entièrement dédié à l'orthogène,
14:07c'est-à-dire à la régulation des naissances.
14:11Pour que les femmes souhaitant avorter soient accueillies
14:13en dehors des maternités.
14:15Le lieu est dirigé par un homme gynécologue.
14:21Ce qui m'a fait avoir envie de faire ce métier-là,
14:23c'est de faire des accouchements, des césariennes,
14:25de mettre au monde des enfants.
14:27C'est ça qui a été mon premier flash.
14:29Je voulais faire de la chirurgie aussi.
14:33J'ai fait mon internat, j'ai fait mon clinicat.
14:37Un clinicat où je n'ai quasiment jamais été confronté
14:39à des femmes en demande d'avortement,
14:41parce que c'est quelque chose qui était vraiment fait à part,
14:43qui n'est pas du tout intégré dans les services,
14:45tout du moins à l'époque.
14:47La seule chose qu'on faisait, c'était les avortements,
14:49c'est-à-dire les aspirations au bloc,
14:51chez des femmes qu'on ne connaissait pas,
14:53qui étaient endormies.
14:55On se refilait entre collègues,
14:57parce que nous, ce qu'on voulait, c'était aller opérer,
14:59aller au bloc, etc.
15:01Un jour, le chef de service de l'époque
15:03est venu me voir en me disant
15:05« J'ai un poste si vous voulez rester à l'hôpital. »
15:07Je lui ai dit « Oui, c'est formidable. »
15:09J'y suis allé
15:11comme on peut y aller quand on n'a pas envie de faire quelque chose,
15:13comme on peut y aller
15:15quand on est un homme
15:17et qu'on ne soit absolument pas concerné
15:19par ce genre de problèmes,
15:21de problématiques.
15:23C'était une expérience un peu culpabilisante,
15:25avec des discours contraceptifs marqués,
15:27en leur réimposant des contraceptifs,
15:29etc.
15:31En faisant tout l'inverse
15:33de ce que je fais aujourd'hui.
15:35Après, avec ma pratique, j'ai compris
15:37que ce que je faisais au départ,
15:39c'était très nul.
15:41J'essayais de faire mieux,
15:43et j'essayais de faire de mieux en mieux,
15:45parce que c'était ça qu'il fallait faire.
15:47C'est en écoutant les femmes
15:49et leur vécu
15:51que cet homme a évolué,
15:53que de gynécologue,
15:55il est devenu militant.
15:57Aujourd'hui, il forme
15:59ses futurs homologues d'Île-de-France,
16:01des cours axés sur l'accompagnement
16:03de la femme.
16:05A ses côtés, Sophie Gaudu, gynécologue également,
16:07figure militante du combat pour l'avortement.
16:09Avant de faire une écho,
16:11on pourrait examiner là-bas.
16:13Vous, vous ne savez pas travailler sans écho,
16:15donc vous faites une écho.
16:17Voilà. En fait,
16:19vous allez faire un geste,
16:21mais l'indication n'est pas portée
16:23ni par vous, ni par un confrère ou une consoeur.
16:25Il est porté par la femme.
16:27C'est-à-dire que, vraiment,
16:29vous êtes un prestataire de service
16:31au sens littéral et honorable
16:33du mot.
16:35C'est-à-dire que vous ne portez pas l'indication.
16:37D'ailleurs, on ne vous demande pas votre avis.
16:39C'est la dame qui dit, moi, j'ai besoin de ce soin,
16:41mais il n'y a que vous qui pouvez le faire.
16:43Pas de questions ?
16:45Maintenant, ce qu'on essaie
16:47de faire passer aux jeunes internes en médecine
16:49et internes en gynéco,
16:51c'est que faire un avortement,
16:53ça fait partie des soins
16:55qu'on doit faire,
16:57qu'on doit proposer à une femme
16:59quand on veut être gynécologue obstétricien.
17:01On ne peut pas se dire, on va les accoucher,
17:03on va faire du diagnostic prénatal,
17:05on va les opérer, on va leur enlever l'utérus,
17:07on va leur faire de la PMA,
17:09mais on ne va pas les avorter.
17:11On ne peut pas dire aux femmes sur trois
17:13que ça fait partie de leur vie.
17:37Les femmes qui abordent sont souvent considérées
17:39à cette norme qui doit faire,
17:41qui doit imposer finalement dans la vie d'une femme
17:43de 14 à 50 ans
17:45d'avoir une contraception parfaite,
17:47de n'avoir le droit à aucun échec,
17:49à aucune erreur.
17:51Il n'y a pas d'un côté la contraception
17:53bienfaisante, merveilleuse, magnifique,
17:55souhaitée,
17:57adorée par toutes les femmes,
17:59et de l'autre côté l'avortement dramatique
18:01qu'il faut éviter à tout prix,
18:03qui est un drame pour la vie des femmes, etc.
18:05C'est juste deux méthodes qui doivent cheminer
18:07côte-à-côte, ensemble.
18:11J'ai le sentiment que le droit à l'IVG
18:13ne repose que sur une poignée de personnes convaincues.
18:17Le nombre de médecins et de gynécologues de ville
18:19qui pratiquent l'IVG est infime.
18:21Moins de 5%.
18:23Et en près de 50 ans,
18:25trois quarts des maternités ont disparu.
18:27Pourquoi une telle situation ?
18:29Même celle des Lilas,
18:31lieu historique de la lutte
18:33pour l'avortement, est aujourd'hui menacée.
18:37Je pars écouter les équipes
18:39de son centre d'orthogénie,
18:41pour mieux comprendre la réalité du terrain.
18:45L'ARS met en avant
18:47la question budgétaire.
18:49Nous, on nie pas la question budgétaire,
18:51mais la réalité, c'est qu'une maternité,
18:53par définition, est déficitaire.
18:55Toutes les maternités de France sont déficitaires.
18:57Depuis qu'on est passé à la T2A,
18:59c'est-à-dire au paiement sur les actes,
19:01ça a changé les choses.
19:03C'est un peu une lutte avec l'ARS
19:05comme si vous coûtez cher,
19:07comme si nous coûtions cher,
19:09alors que c'est la politique de santé
19:11et les choix qu'ont fait
19:13les différents gouvernements,
19:15avec notamment la mise en place
19:17de la T2A,
19:19qui fait que les services hospitaliers
19:21aujourd'hui sont déficitaires.
19:29Ça fait 15 ans qu'on se bat
19:31pour sauver cette maternité
19:33et à priori on réussit
19:35puisqu'on est toujours là,
19:37mais on ne sait jamais jusqu'à quand,
19:39c'est-à-dire qu'on vit avec une épée de Damoclès.
19:41C'est difficile de monter des projets,
19:43c'est difficile de se projeter,
19:45et pourtant vous avez cette équipe
19:47qui tient le coup et qui continue de se battre.
19:49Mener une lutte pour sauver une maternité,
19:51ça veut dire je fais mon boulot
19:53et après je lutte.
19:55Chaque fois qu'une maternité ferme,
19:57son centre IVG disparaît lui aussi.
19:59Le centre d'IVG
20:01qui offre aux femmes
20:03la possibilité de faire des IVG
20:05selon toutes les méthodes possibles,
20:07c'est-à-dire anesthésie locale, anesthésie générale
20:09et méthode médicamenteuse,
20:11est dirigé par un médecin,
20:13le docteur Karim Sissala,
20:15composé également d'une sage-femme,
20:17d'une conseillère conjugale
20:19et d'une psychologue.
20:25On reçoit ici des patientes
20:27qui arrivent d'un chemin ou d'un cheminement
20:29et vous demandez pourquoi vous êtes retrouvées ici
20:31à faire votre demande d'interruption de grossesse
20:33parce qu'elles étaient au fin fond
20:35de la Seine-et-Marne du 94,
20:37du 95
20:39et on se dit pourquoi vous êtes venues jusqu'à la maternité ?
20:41Il y a des lilas quand je vois.
20:43Parce qu'il n'y a pas de place,
20:45parce qu'on nous a dit que ce n'était pas possible
20:47et le plus grave encore, c'est de recevoir
20:49des jeunes filles
20:51mineures
20:53qui ont fait tout un parcours
20:55et qui se sont retrouvées à des termes avancés
20:57et certains s'en disent maintenant
20:59on ne peut plus vous prendre en charge
21:01parce que vous êtes à 12 semaines, on ne va pas au-delà de 12 semaines.
21:03En reprenant avec les patientes le parcours
21:05qu'elles ont eu, on peut se dire non mais ce n'est pas possible,
21:07qu'est-ce qu'a fait le médecin ?
21:09Pourquoi l'a-t-il laissé comme ça dans la nature ?
21:11Pourquoi on lui a fait entendre l'échographie ?
21:13Pourquoi on lui a montré les images ?
21:15Pourquoi elle plaint ?
21:26Pourquoi vous avortez, madame ?
21:28C'est ce que j'ai entendu dans la bouche d'un gynécologue.
21:30Même si j'ai ressenti dans ma chair
21:32la violence de cette question,
21:34sur le moment,
21:36je n'ai pas compris qu'elle était inopportune,
21:38voire hostile.
21:40C'est souvent en confrontant nos vécus
21:42que l'on prend la mesure de ce que l'on a subi.
21:44Quand j'ai commencé mon enquête,
21:46mon amie Justine a elle aussi tenu
21:48à me partager son histoire.
21:50Le jour où ces règles n'arrivent pas,
21:53je fais un test de grossesse.
21:55Et le résultat est positif.
21:59Et c'est la stupeur.
22:01Une interrogation,
22:03de la stupéfaction.
22:05Avec toutes les précautions qu'on avait prises,
22:07je ne comprends pas comment ça a pu être possible.
22:09Et surtout,
22:11ce que je ressens,
22:13c'est le mot non
22:15qui s'affiche presque sur ma rétine,
22:17qui est gravé sur ma rétine.
22:19Je me dis que ce n'est pas possible.
22:21Pas avec lui.
22:23Évidemment, j'en parle à mes copines,
22:25à ma sœur aussi.
22:27Je n'en parle pas à mes parents.
22:29C'est quelque chose dont j'ai un peu honte.
22:31Et la panique commence à s'emparer de moi,
22:33en me disant à combien de semaines j'en suis ?
22:35Qu'est-ce qui va se passer ?
22:39Qu'est-ce qui va devenir de moi ?
22:41Je ne peux pas avoir cet enfant.
22:43Je me sentais comme une enfant à l'époque.
22:45Je me souviens.
22:47Le temps passe, l'angoisse monte.
22:51On trouve l'hôpital.
22:53C'est encore des tonnes de rendez-vous,
22:55des tonnes de prises de sang.
22:59C'est le scepticisme des médecins aussi.
23:03Quand on explique ce qui s'est passé,
23:05quand on dit « si, je me suis protégée »,
23:09on a l'impression d'être
23:11une gourgandine,
23:13une esservelée.
23:15On n'est pas prise au sérieux.
23:17C'est comme si j'étais irresponsable.
23:19C'est intolérable, en fait,
23:21ce sentiment-là.
23:25Mais le pouvoir médical est quelque chose
23:27d'énorme.
23:29Et quand il s'applique à des patients,
23:31surtout à des patients en situation de fragilité,
23:33comme les femmes qui sont confrontées
23:35à une grossesse non prévue,
23:37qui sont dans la culpabilité,
23:39ça peut être dévastateur.
23:41Ce qui peut rendre les femmes malheureuses
23:43après un avortement, c'est la façon
23:45que si on les accueille vraiment
23:47en les méprisant,
23:49en leur imposant des choses,
23:51en ne les écoutant pas,
23:53je pense qu'elles auront un très mauvais souvenir
23:55de leur avortement, beaucoup plus que le fait d'avoir avorté.
23:57C'est surtout
23:59comment on les a traités, comment on les a regardés,
24:01comment on les a jugés.
24:03Et finalement, c'est ça le plus important.
24:07Je retourne chez mon médecin,
24:09il voit les échographies,
24:11on évalue le nombre de semaines
24:13et on pose les différentes options.
24:15Si vous allez à l'hôpital, c'est anesthésie générale,
24:17c'est plus lourd,
24:19médicamenteux,
24:21c'est plus léger.
24:23Vous n'aurez pas mal de toute façon,
24:25dans les deux cas, vous ne souffrirez pas,
24:27mais médicamenteux, c'est ce qui est le plus pris
24:29par les femmes.
24:33Évidemment, moi, la question ne se pose pas.
24:35J'opte pour ça.
24:37Le médicamenteux, c'est super parce que
24:39ça peut être fait par la sèche-femme
24:41du quartier, de libéral,
24:43ça peut être fait par le médecin généraliste,
24:45donc ça crée une proximité
24:47qui est intéressante pour les femmes
24:49qui ne veulent pas venir à l'hôpital,
24:51qui sont dans les délais pour l'IVG médicamenteuse.
24:53Oui, c'est très positif,
24:55mais il faut s'assurer
24:57qu'on garde une offre de soins
24:59à l'IVG instrumentale.
25:01Il faut vraiment veiller à ce que ce soit un choix
25:03et pas une question de
25:05c'est plus pratique dans l'organisation d'hôpital,
25:07parce qu'on a aussi le fait
25:09que dans certains hôpitaux,
25:11quand on vous dit
25:13que ce sera une IVG médicamenteuse,
25:15c'est parce qu'effectivement,
25:17il n'y a personne qui, dans l'hôpital,
25:19ne veut faire des IVG instrumentales.
25:29Le médicamenteux,
25:31on ne l'avait pas dit,
25:33c'est des hémorragies
25:35pendant des semaines.
25:37Moi, ça a duré
25:39au moins un mois, je pense.
25:41J'aurais peut-être pu appeler mon gynécologue,
25:43je ne l'ai pas fait.
25:45Je m'étais dit, bon ben,
25:47j'ai avorté, je saigne.
25:49Voilà, c'est comme ça que ça doit se passer.
25:51C'est comme une sorte de pénitence.
25:55Je ne savais pas qu'on pouvait avorter
25:57de manière aussi simple,
25:59par aspiration,
26:01et ça m'a aussi ouvert les yeux
26:03sur mon propre avortement,
26:05en fait, j'avais souffert.
26:07J'ai beaucoup souffert.
26:19Il y a une clause de conscience générale
26:21dans tous les actes médicaux.
26:23On ne peut pas obliger un médecin
26:25à faire un acte qu'il n'a pas envie de faire,
26:27quel qu'il soit.
26:29Et il y en a une spécifique,
26:31introduite dans la loi sur l'avortement,
26:33qui veut dire qu'ils ont deux fois le droit,
26:35légalement, de dire non.
26:37C'est donc un renforcement,
26:39et même, à la limite,
26:41ils n'ont même pas le droit de donner d'explication.
26:43C'est-à-dire qu'ils ne veulent pas faire du VG,
26:45c'est comme ça.
26:47J'ai rarement rencontré des professionnels
26:49qui appliquaient la clause de conscience
26:51pour des raisons purement religieuses.
26:53Mais la clause de conscience, c'est quand même bien pratique
26:55quand on ne veut pas s'occuper d'avortement.
26:57Pour un médecin, l'avortement n'est pas souhaitable
26:59pour au moins trois raisons.
27:01La première, c'est qu'il est mal payé.
27:03La cotation de l'avortement est basse,
27:05elle vient d'être un peu rehaussée,
27:07mais elle reste basse.
27:09C'est moins payé qu'une fausse couche,
27:11par exemple.
27:13Scientifiquement, parce que ça fait partie
27:15de la carrière d'un médecin,
27:17d'écrire des articles,
27:19parce que c'est comme ça qu'on progresse
27:21dans l'univers universitaire et scientifique.
27:23Mais la pratique d'un avortement,
27:25aujourd'hui, c'est une aspiration.
27:27Une aspiration, j'en ai pratiqué,
27:29tout le monde peut en pratiquer,
27:31c'est un geste avec assez peu de technicité
27:33et sur lesquels on n'écrit pas d'article.
27:35Et troisièmement,
27:37ce sont les femmes qui décident.
27:39Et ça, le corps médical a toujours
27:41la même réticence à accepter
27:43le fait que ce soit le patient
27:45qui dise ce qu'il faut qu'on lui fasse,
27:47quelles sont ses attentes,
27:49quelles sont ses demandes,
27:51et encore plus quand ce sont des femmes.
27:53Mon corps, c'est moi, et je décide !
27:55Clause de conscience.
27:57Quel nom étrange pour parler d'un refus de soins.
27:59On ne m'a jamais dit non, frontalement.
28:01Mais un médecin a refusé
28:03de me donner la pilule abortive,
28:05prétextant qu'il ne voyait rien à l'échographie.
28:07En menant mon enquête,
28:09je comprends avoir été entravée dans mon choix,
28:11entravée dans mon droit.
28:13Mon corps, c'est moi, et je décide !
28:15Mon corps, c'est moi, et je décide !
28:17Mon corps, c'est moi, et je décide !
28:19Mon corps, c'est moi, et je décide !
28:21Auparavant, tous les médecins
28:23de la maternité
28:25pratiquaient les IVG.
28:27Et puis, c'était, comme je vous le disais tout à l'heure,
28:29des gens qui s'étaient engagés
28:31même avant la mise en place
28:33de la loi.
28:35Il se trouve qu'il y a un renouvellement,
28:37ces personnes sont parties à la retraite,
28:39et de nouveaux médecins sont arrivés,
28:41et il se trouve que dans ces médecins plus jeunes,
28:43on a beaucoup de médecins
28:45qui mettent en avant la clause de conscience,
28:47dont le chef de service.
28:49Pour moi, qui suis ici depuis 30 ans,
28:51c'était impensable.
28:53On peut imaginer qu'au sein de la maternité des ILA,
28:55on pourrait avoir une structure aussi militante
28:57que la nôtre, aussi repérée
28:59que la nôtre, avec beaucoup de personnel
29:01très engagé et très militant,
29:03qu'on puisse avoir un chef de service
29:05qui ne pratique pas les IVG.
29:07Ceci étant, elle a été
29:09très claire aussi lors de son embauche,
29:11et je pense que le chef de service du centre d'orthogénie
29:13pourra en parler avec vous,
29:15qu'elle ne pratique pas,
29:17mais pour autant,
29:19elle n'entraverait pas, et elle aiderait.
29:21Mais quand on a un centre
29:23qui repose principalement
29:25sur un seul médecin,
29:27et prochainement, le docteur Sisala
29:29doit partir en vacances,
29:31la question c'est, comment on va
29:33combler l'absence du docteur Sisala ?
29:35Et c'est une question
29:37qui est à l'heure du jour,
29:39alors qu'on pensait,
29:41à partir du moment où la loi est en place,
29:43les mentalités
29:45allaient évoluer,
29:47mais on se rend compte que c'est un combat
29:49spirituel, la question de l'interruption
29:51volontaire de grossesse.
29:53En tout cas, pour nous, c'est une vraie régression.
29:55C'est le signe d'une régression.
29:59Aucune étude n'a jamais été menée
30:01en France sur l'étendue de la clause de conscience
30:03et de ses conséquences sur l'accès
30:05à l'IVG.
30:07Ce que l'on sait, c'est que l'Ordre des médecins
30:09ainsi que le Collège national
30:11des gynécologues et obsétriciens
30:13s'opposent à sa suppression.
30:15Ce refus de soins est pourtant visible
30:17dans son indicateur,
30:19la part d'IVG médicamenteuse.
30:21En 20 ans, le ratio
30:23entre IVG instrumentale et IVG médicamenteuse
30:25s'est inversé.
30:27Les recommandations de la Haute Autorité de la Santé
30:29sont pourtant claires.
30:31Après 9 semaines d'aménorée,
30:33soit 7 semaines de grossesse,
30:35c'est l'IVG par aspiration qui est préconisé.
30:37Pourtant, je découvre
30:39que dans certains hôpitaux,
30:41partout en France, la part d'IVG médicamenteuse
30:43dépasse les 80%.
30:45Parfois même, elle atteint les 100%.
30:47Sur les sites de certains hôpitaux publics,
30:49la méthode médicamenteuse
30:51est clairement recommandée,
30:53quel que soit le terme.
30:55Les femmes avorteraient donc par expulsion
30:57à des délais de grossesse si avancés ?
30:59À 6 semaines de grossesse,
31:01je me souviens déjà d'une grande souffrance.
31:03Alors qu'en est-il de nos douleurs,
31:05de nos vécus ?
31:07Une chose est sûre, nous n'avons pas toujours le choix.
31:15En France, les seules enquêtes existantes
31:17sur l'accès à l'IVG sont réalisées en région,
31:19par les plannings familiaux.
31:21La plus récente en la matière
31:23est celle qui a été faite dans les Hauts-de-France.
31:25Je décide de m'y rendre.
31:46Véronique est l'ancienne coprésidente
31:48du planning familial.
31:50Cette militante chapote désormais
31:52la région des Hauts-de-France.
31:54Aujourd'hui, elle a réuni les différents acteurs
31:56de l'IVG de son territoire.
31:58À l'ordre du jour,
32:00interpeller les pouvoirs publics
32:02sur les difficultés d'accès, toujours présentes.
32:04On a eu la surprise
32:06d'avoir le préfet
32:08qui annonce sa visite.
32:10Ce qui nous a permis de faire un peu
32:12un état des lieux de l'IVG
32:14sur le territoire.
32:16Lui communiquer l'étude
32:18telle qu'on avait pu la faire
32:20sur les Hauts-de-France
32:22et dire que quand même
32:24pour nous c'était important que cette
32:26politique
32:28de santé sur les territoires
32:30intègre clairement
32:32la question de la santé sexuelle
32:34et particulièrement la question de l'IVG
32:36parce qu'il y a vraiment des endroits
32:38où c'est encore le parcours de la combattante
32:40pour les femmes.
32:42Je crois qu'il a pu l'entendre
32:44et il s'est engagé à nous organiser
32:46un rendez-vous avec l'ARS
32:48pour pouvoir mieux en parler
32:50mieux identifier aussi
32:52parce qu'il y a à la fois les questions
32:54d'éloignement de centres
32:56en milieu rural
32:58et puis la difficulté
33:00d'accès
33:02à un centre IVG
33:04ou à des professionnels
33:06qui ont conventionné aujourd'hui.
33:08Elle n'est pas très visible
33:10pour les sages-femmes qui évoquaient
33:12les difficultés de conventionnement
33:14justement avec les hôpitaux.
33:16Moi j'aimerais bien savoir pourquoi
33:18c'est plus compliqué pour les sages-femmes
33:20de conventionner que pour les médecins.
33:22Moi je pense que j'ai une sensible réponse
33:24c'est-à-dire que c'est leur chasse gardée
33:26bien qu'ils ne veuillent pas aller chasser dessus.
33:30Non mais c'est ça.
33:40Je retrouve Philippe et Véronique.
33:42Direction Bordeaux
33:44où l'Agence Régionale de Santé de Nouvelle-Aquitaine
33:46organise une journée dédiée à l'IVG.
33:52Nos militants viennent échanger
33:54pour lever les réticences du corps médical
33:56face au dernier allongement des délais.
34:00Mais nos caméras ne sont pas autorisées
34:02à filmer les discussions.
34:04L'avortement reste toujours,
34:06en 2024,
34:08un sujet sensible pour les autorités de santé
34:10et le personnel médical.
34:14Pour Philippe et Véronique,
34:16l'IVG n'est pourtant pas un soin optionnel
34:18dépendant de chacun.
34:20C'est un acte inscrit dans la loi.
34:22Une mission de santé publique.
34:28C'est un acte inscrit dans la loi.
34:30Une mission de santé publique.
34:34On ne fait pas médecin pour faire que des choses qu'on aime.
34:36Il y a des choses qui sont plus ou moins agréables.
34:38Si on veut faire que des choses qu'on aime,
34:40on va dans le service privé.
34:42On choisit les patients qu'on veut soigner.
34:44On les fait payer très cher.
34:46On ne soigne que les riches.
34:48Quand on s'engage dans le service public,
34:50il faut qu'on rende service à la population.
34:52Il y a une loi qui a été votée.
34:54Il faut aller jusqu'à 16 semaines.
34:56Il faut faire un geste qui, au départ,
34:58n'est pas évident,
35:00qui ne vient pas spontanément
35:02et qui est nécessaire.
35:04Il faut savoir faire bien.
35:06Je pense que les soignants vont évoluer
35:08avec le temps, avec la pratique.
35:10Pour l'instant, il y a des réticences que j'entends très bien.
35:12On n'oblige personne à avorter.
35:14Contrairement à ce que disent les anti-choix,
35:16le planning, on est des avorteurs et des assassins.
35:18On l'a vu régulièrement sur nos carreaux.
35:20On n'oblige plus aucun médecin à pratiquer les avortements.
35:22Par contre, l'exigence qu'on doit avoir
35:24en matière d'éthique,
35:26c'est de répondre à la demande
35:28des personnes en besoin d'avortement.
35:30Il y a une loi qui a été votée.
35:32Il faut qu'elle s'applique pour tout le monde
35:34et qu'elle s'applique dans le service public de santé
35:36parce que c'est un acte qui doit être
35:38effectivement sûr,
35:40gratuit
35:42et accessible à tout le monde, sans discrimination.
36:00Ce que je comprends,
36:02c'est que l'IVG est un droit
36:04qui repose sur le choix.
36:06Pas toujours sur celui de la femme,
36:08mais souvent sur celui
36:10du professionnel de santé.
36:12Le corps médical,
36:14j'y ai été confrontée.
36:16Il peut laisser des traces.
36:26A chaque fois, je dis, ça s'est passé assez bien
36:28et puis après, je dois raconter les détails.
36:30Je me dis, en fait,
36:32il y a cette gynéco
36:34qui fait mon échographie
36:36et qui me dit,
36:38en même temps, vu comment a été mis votre stérilet,
36:40c'est normal.
36:42Comment je peux savoir comment est mis mon stérilet ?
36:44Vous l'avez fait vérifier récemment ?
36:46Non, on ne m'a pas dit
36:48qu'il fallait que je fasse vérifier mon stérilet.
36:50Dans ce cas-là, il ne faut pas vous plaindre.
36:52Ok.
36:54Je ressors de là en me disant,
36:56c'est ma faute, c'est parce que je ne suis pas allée faire vérifier mon stérilet tous les ans.
36:58C'est ma faute, mais en même temps, ce n'est pas ma faute.
37:02Je passe vraiment...
37:04A chaque fois qu'il y a une micro-pique
37:06de quelqu'un qui laisse sous-entendre
37:08que je n'ai pas fait assez attention,
37:10que je n'ai pas été assez raisonnable,
37:12je me dis, c'est peut-être un peu ma faute,
37:14mais en même temps, je suis féministe.
37:16Non, ce n'est pas ma faute.
37:18Même si c'était ma faute, j'ai le droit d'avorter.
37:20Pendant tout ce temps-là,
37:22jusqu'au jour où je fais mon avortement
37:24médicamenteux chez moi
37:26avec mon mari,
37:28je suis un peu en mode
37:30bataille.
37:32C'est un truc qu'il faut faire,
37:34on n'a pas le choix.
37:36Je prends le médicament à l'hôpital
37:38et trois jours plus tard, je prends le médicament chez moi.
37:40J'expulse l'embryon.
37:48Et après,
37:50ça prend...
37:54Je me souviens que j'ai mal pendant longtemps
37:56et qu'on m'avait dit, vous verrez,
37:58ce sera comme des grosses règles.
38:00Et moi, qui ai des règles très abondantes
38:02et très douloureuses, je fais, non, pas du tout.
38:04Ça n'a vraiment rien à voir.
38:06C'est pire.
38:08Et voilà, pour toujours,
38:10c'est les toilettes dans lesquelles j'ai avorté.
38:12Les femmes qui tombent enceintes sans le vouloir,
38:14elles sont...
38:16C'est des mauvaises filles, en fait.
38:18Elles n'ont pas fait assez attention
38:20et donc on va essayer de les punir pour ça.
38:22On peut vraiment tomber sur des personnes
38:24qui ne peuvent pas s'empêcher de juger
38:26et d'apporter un...
38:28un regard moralisateur
38:30sur un truc qui ne les concerne pas du tout,
38:32finalement.
38:34Et ça, c'est vraiment
38:36un problème.
38:38C'est vraiment un problème.
38:40Et du coup, c'est ça qui vient
38:42vraiment nous pousser dans nos retranchements
38:44et se dire, en fait, on n'a pas le droit d'en parler,
38:46parce que ça condense tout
38:48ce dont la société déteste
38:50que les femmes parlent, finalement.
38:52Le sexe, le corps,
38:54la maternité, la maternité avortée.
38:56J'avais très peur de tomber sur
38:58des personnes horribles à l'hôpital.
39:00Et je pense aussi que j'avais peur,
39:02parce que c'est souvent le cas,
39:04d'être entourée de femmes enceintes, en fait,
39:06quand j'étais à l'hôpital.
39:08La seule solution, c'était d'être
39:10isolée de tout ça, quoi.
39:12Mais du monde extérieur, finalement.
39:14Ce qui va faire un repli, quoi.
39:28Il a compris que quand une femme
39:30est décidée
39:32à avorter,
39:34de l'en empêcher,
39:36c'est infâme,
39:38c'est entravé.
39:40Sa liberté,
39:42c'est pourquoi bien mieux
39:44qu'un spécialiste.
39:46Simplement avec
39:48sa petite valise,
39:50il aide les femmes
39:52à avorter
39:54quand partout,
39:56elles sont rejetées.
39:58Souvent, les femmes se retrouvent
40:00quand même seules au milieu du corps médical.
40:02Il y a des gens très bienveillants
40:04au corps médical, mais ça ne peut pas
40:06reproduire la chaleur
40:08et la sororité qu'on avait su créer.
40:10Pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas
40:12réinventer ces lieux,
40:14je ne peux pas dire de fête,
40:16mais en tout cas de bien vivre ensemble
40:18ce moment qui va
40:20de toute façon laisser des traces,
40:22autant que ce soit des souvenirs joyeux.
40:26Et c'était très riche parce qu'on a appris
40:28non seulement
40:30à accompagner les femmes, mais on a appris des choses
40:32quand même.
40:34Ici, on voit que
40:36Madeleine
40:38se prépare à faire un toucher.
40:40Elle a mis un doigtier
40:42et à l'époque,
40:44on avait appris, nous,
40:46à évaluer l'âge d'une grossesse
40:48au toucher.
40:50Aujourd'hui, les médecins font tous
40:52des échographies.
40:54On faisait joyeusement, on n'avait pas peur,
40:56on n'était pas stressé, mais on avait quand même
40:58envie d'expliquer
41:00aux femmes qu'on avortait, pourquoi on faisait ça
41:02et dans quelles conditions on le faisait,
41:04de les embarquer dans notre aventure
41:06collective.
41:08C'était presque de la toute puissance.
41:10On avait l'impression
41:12qu'on pouvait refaire le monde.
41:14On changeait le monde en faisant ça.
41:16On changeait le monde parce qu'on changeait
41:18maintenant et pas
41:20après quelques révolutions
41:22ou après quelques grèves.
41:24Non, on était maintenant en train
41:26de changer le rapport qu'il y avait
41:28au pouvoir médical
41:30et par rapport au choix des femmes
41:32d'avoir ou pas des enfants.
41:38Ce qui fait le drame de l'avortement,
41:40c'est qu'on n'en parle pas.
41:42Pas comme ces femmes du Mlac.
41:44Et pas comme Fanny,
41:46qui s'est fait un devoir
41:48de transmettre ces histoires de femmes.
41:58Je suis d'une famille de femmes.
42:00J'ai été élevée seule
42:02par ma maman.
42:04Ma grand-mère, c'était une
42:06fratrie de sept, dont six filles.
42:08J'ai été versée dans leurs
42:10histoires de bonnes femmes et leurs
42:12histoires d'avortements
42:14très petites. Il y a eu des feuseuses
42:16d'anges.
42:18Elles ont quasiment toutes
42:20eu des avortements illégaux.
42:22Beaucoup ont failli
42:24mourir avec
42:26des choses très compliquées.
42:28On est au Moyen-Âge.
42:30Quand on est contre
42:32l'avortement,
42:34on oublie ce que ça impliquait.
42:36Quand elles étaient
42:38pendues par les pieds
42:40à l'hôpital pour que
42:42le sang ne continue
42:44pas à couler. Quand elles
42:46étaient trempées dans des bacs de glace
42:48pour figer
42:50le sang et les organes
42:52vitaux pour pouvoir survivre.
42:54Quand on entend
42:56les témoignages des tantines,
42:58on se dit que c'était mieux avant.
43:00C'est d'une absurdité sans nom.
43:02C'est sacrément égoïste.
43:04Il faut ne pas l'avoir vécu
43:06pour pouvoir
43:08se permettre de dire ça.
43:10Il y a le confort du privilège.
43:12Ça a été un avortement
43:14médical,
43:16chirurgical.
43:18Comme dans beaucoup de cas,
43:20c'est une histoire de
43:22bonne femme.
43:26Le compagnon de l'époque
43:28ne m'a pas accompagnée,
43:30n'a pas été là.
43:32C'est ma mère
43:34qui a été présente.
43:36J'ai pu en parler.
43:38C'est quelque chose
43:40qu'on en parlait beaucoup.
43:42Tu m'en as parlé très tôt.
43:44D'une certaine manière,
43:46ça a fait que
43:48c'était un peu un non-sujet.
43:50Ça faisait partie
43:52de ton histoire.
43:54Je ne me suis jamais posé la question
43:56s'il y avait une question
43:58de honte ou de tabou autour de ça.
44:00Je l'ai découvert
44:02avec le rapport avec les autres.
44:10Il y a une polarisation
44:12entre
44:14les jeunes
44:16qui peuvent être
44:18très militants,
44:20très féministes,
44:22très engagés sur les sujets de consentement,
44:24d'égalité,
44:26et de l'autre côté,
44:28un retour
44:30à la tradition.
44:32Pas nécessairement que dans les milieux religieux,
44:34mais aussi dans des valeurs,
44:36un désir, une espèce de nostalgie
44:38pour un temps
44:40où les codes,
44:42les rôles étaient plus
44:44strictement établis.
44:56On a l'impression qu'en France, c'est OK,
44:58qu'il n'y a plus rien à faire.
45:00Mais d'un côté, les centres de planification
45:02ferment, on ne donne plus
45:04d'argent en planning familial.
45:06On dit, oui, vous pouvez avorter,
45:08mais démerdez-vous bien pour pouvoir avorter.
45:10On ne vous garantit pas du tout
45:12que ce sera avec des personnes qui ont envie
45:14de soutenir ce droit et de vous accompagner
45:16humainement.
45:18On ne vous garantit pas que vous ne devriez pas payer 2000 balles
45:20pour aller avorter dans un autre pays.
45:22On vous dit juste, faites donc.
45:24Nous, on s'en lave un peu les mains.
45:26Et par ailleurs,
45:28il y a des lobbies
45:30qui se cachent de moins en moins,
45:32qui veulent nous
45:34mettre dans la tête des jeunes,
45:36surtout que l'avortement, c'est la pire chose,
45:38que c'est de tuer quelqu'un.
45:40La vie pour les petits !
45:42La vie pour les petits !
45:44La vie pour les petits !
45:46La vie pour les petits !
45:48Les anti-IVG
45:50ne se cachent plus.
45:52Et malheureusement,
45:54leurs manifestations assumées ne sont que la partie
45:56émergée de l'iceberg.
45:58Choisir la vie
46:00n'est pas ça !
46:08Si le tabou et le jugement
46:10sont des obstacles invisibles,
46:12le dernier rapport de la Fondation des Femmes, lui,
46:14rend compte de menaces bien concrètes
46:16dirigées contre l'IVG.
46:18J'ai donné rendez-vous à Nils Data dans leur loco.
46:20Ce spécialiste des mouvements anti-IVG
46:22étudie de près ses lobbies
46:24et leurs forces de frappe en Europe.
46:26On a fait une analyse de l'argent
46:28qui était derrière ces mouvements anti-genre
46:30qui militent contre le droit à l'IVG,
46:32droit des femmes, droit des minorités sexuelles.
46:34Et ce qu'on a trouvé sur une période
46:36qui n'est pas 2018, c'est qu'il y avait
46:38en Europe au moins 700 millions de dollars
46:40qui allaient vers ce mouvement.
46:42Et quand on regarde de plus près
46:44ce que veut dire ces 700 millions,
46:46on constate qu'au début,
46:48en 2009, on parlait
46:50de 20 millions par an.
46:52A la fin de la décennie, en 2018,
46:54on parle de 80 millions par an.
46:56En 2022, aux alentours de
46:58150 millions de dollars par an.
47:00Donc on aurait même presque doublé
47:02juste par rapport à 2018.
47:04Ensuite, d'où vient l'argent ?
47:06Une source vient des Etats-Unis,
47:08de la droite chrétienne américaine,
47:10à un montant important, à peu près
47:1280 millions,
47:14et vers une dizaine d'organisations
47:16présentes ici en Europe.
47:18La deuxième source est l'argent russe.
47:20L'argent russe sert
47:22à soutenir des parties d'extrême droite
47:24qui servent à diviser
47:26l'opinion publique européenne
47:28en faveur de
47:30positions pro-russes.
47:32Ensuite, il y a l'argent européen.
47:34On trouve des PDG de société
47:36ou des sociétés même
47:38qui soutiennent ces idées
47:40parce qu'elles partagent
47:42une vision hyper-capitaliste,
47:44laxiste,
47:46du fonctionnement de l'économie.
47:48Il y a d'autres catégories d'acteurs
47:50qui représentent l'Europe
47:52d'il y a 100 ans.
47:54On retrouve l'ancienne aristocratie
47:56dans certains pays,
47:58et certaines familles qui sont restées
48:00très riches,
48:02qui avaient des rôles assez influents
48:04dans notre passé fasciste
48:06qu'ont connu beaucoup de pays européens.
48:08Quand on voit
48:10dans les pays où arrivent
48:12des populistes,
48:14où arrive l'extrême droite au pouvoir,
48:16la première chose à laquelle ils s'attaquent
48:18c'est les droits des femmes.
48:20Décider du nombre d'enfants qu'elles doivent avoir.
48:22On voit bien la politique
48:24de l'enfant unique en Chine,
48:26et maintenant on les encourage à en avoir plusieurs.
48:28En Europe,
48:30on entend aussi la petite musique
48:32sur les politiques natalistes.
48:34Pour eux, le projet
48:36c'est qu'aujourd'hui, la sexualité
48:38doit être procréative.
48:42Le couple,
48:44c'est un homme et une femme.
48:46C'est ce qui est maintenant dans la constitution
48:48en Hongrie par exemple.
48:50Leur projet c'est aussi
48:52d'obtenir au niveau juridique
48:54un statut pour l'embryon
48:56et le fœtus.
48:58De faire reconnaître ça comme une personne humaine
49:00et cette personne humaine qui
49:02primerait sur la vie des femmes.
49:04La vie des femmes a l'air de compter si peu pour eux.
49:06Simone de Beauvoir l'a dit,
49:08Gisèle Halimi l'a dit,
49:10elles l'ont tout dit.
49:12Les droits des femmes régressent dès qu'on ne les défend pas.
49:14Mais moi,
49:16c'est encore autre chose en plus que je voulais dire.
49:18Il faut se battre pour les conquérir.
49:26L'intelligence des femmes
49:44Moi j'aimerais qu'on croit en l'intelligence
49:46des femmes.
49:48Aucune femme
49:50ne le fait
49:52par plaisir.
49:54Personne ne va dire
49:56je me ferais bien un petit avortement aujourd'hui.
49:58Si on le fait, c'est qu'on doit le faire.
50:00J'y repense de temps en temps
50:02en me disant
50:04peut-être que cet enfant aurait été à l'âge d'aujourd'hui
50:06mais mon Dieu,
50:08heureusement que
50:10j'ai fait ce choix-là.
50:12J'ai pris la bonne décision.
50:14Si c'était l'homme qui portait
50:16cette décision, cet enfant dans le corps,
50:18je pense que les choses seraient complètement différentes.
50:20J'aimerais bien les voir à notre place
50:22parce que ce n'est pas un choix facile à la base.
50:24On voudrait qu'on fasse plus d'enfants
50:26mais dans des conditions déplorables.
50:30On est dans un
50:32moment un peu charnière
50:34et je pense que c'est bien
50:38qu'on monte au créneau aussi vite.
50:42Aujourd'hui plus que jamais,
50:44les conditions sont réunies pour laisser une tribune
50:46à ceux qui ne cessent de vouloir remettre en cause nos droits.
50:48J'ai avorté
50:50et je témoigne pour honorer la lutte de nos grands-mères,
50:52soutenir celle de nos soeurs
50:54et aguerrir celle de nos filles.

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