« Je ne souhaite pas que LFI donne le « la » de la politique à gauche », affirme Patrick Kanner

  • le mois dernier
Ce mercredi, Patrick Kanner, présidente du groupe socialiste au Sénat et sénateur du Nord, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Le sénateur a évoqué la proposition de destitution validée hier par le bureau de l’Assemblée nationale. Il a également rappelé sa position vis-à-vis de La France insoumise, estimant qu’il ne souhaitait pas que « La France insoumise donne le « la » de la politique à gauche dans ce pays ». 

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Transcription
00:00– Je pense que LFI, et ça a commencé,
00:03va considérer ça comme une grande victoire politique.
00:05– C'est déjà le cas.
00:06– Il y a une pétition qui a été lancée, 300 000, 350 000 signatures.
00:11Il va y avoir des pressions sur les députés socialistes
00:15pendant la période qui va s'ouvrir, manifestement, jusqu'à la commission des lois.
00:19Donc, moi je ne souhaite pas que les filles donnent le la
00:23de la vie politique à gauche dans ce pays.
00:25Vous connaissez mes positions qui n'ont jamais varié en la matière.
00:28Donc, est-ce que là, on leur a servi un peu la table ?
00:32C'est possible.
00:33Il faudra vite marquer notre terrain,
00:35parce que moi qui me bats pour que le PS soit en poste central dans la gauche,
00:40je ne veux pas que nous soyons instrumentalisés,
00:43d'une manière ou d'une autre, par LFI.
00:46Donc, la porte est étroite, je vous le concède.
00:49Moi, je respecte encore une fois,
00:51et ça a été sûrement difficile pour Boris Vallaud,
00:53le président du groupe à l'Assemblée Nationale Socialiste,
00:56ils ont voté, et je respecte ce vote.
00:59Si nous étions dans la même position,
01:02je ne suis pas sûr que mon groupe ait eu la même position.
01:04Voilà, une fois cela dit,
01:06vous savez, moi je ne fais pas de politique avec le rétroviseur,
01:09moi je regarde devant moi,
01:10et ce que je sais, c'est que les socialistes voteront contre.
01:12– J'insiste, parce que les socialistes ont eu un discours inconstant sur le sujet.
01:16On se souvient qu'en 2016, quand il y avait eu une même procédure
01:19à l'égard de François Hollande, défendu par les Républicains,
01:23les socialistes, à ce moment-là,
01:24avaient jugé que ce n'était pas recevable.
01:27– Et ça avait arrêté la procédure.
01:28Voilà, c'était l'autre solution
01:31sur laquelle je me serais plutôt, à tête personnelle, positionné.
01:35Mais n'oublions jamais quelle est la cause de tout ça.
01:38La cause de tout ça, c'est quand même Emmanuel Macron.
01:40C'est-à-dire, la demande de destitution est liée au fait…
01:43– Est-ce qu'au-delà de la responsabilité d'Emmanuel Macron,
01:45il y a quand même une question à se poser sur la stratégie de la gauche,
01:49et le fait, c'est ce que vous disiez,
01:50de suivre El-Effi dans cette stratégie de chahutage de l'Assemblée nationale.
01:56Et d'essayer de provoquer une élection présidentielle anticipée,
01:58puisque derrière, c'est ça quand même.
02:00– Ma stratégie, et je connais l'agenda personnel de Jean-Luc Mélenchon,
02:04qui a été adoubé hier par Manuel Bompard
02:07comme étant le meilleur candidat pour la gauche.
02:10Donc, les masques tombent, mais finalement, a-t-il déjà posé ?
02:14On sait très bien que la stratégie, c'est Mélenchon, Mélenchon, Mélenchon.
02:18Et nous, notre stratégie, c'est de dire,
02:19Mélenchon n'amènera pas la gauche au pouvoir.
02:23Donc, une fois cela dit, cette stratégie,
02:25j'en prends votre expression, M. Lécuyer, doit être clarifiée.
02:29Et c'est pour ça qu'il y a des troubles personnels
02:31avec des amis politiques au sein du Parti Socialiste,
02:33et je pense qu'Olivier Faure l'entendra.
02:36Il nous faut un congrès pour voir quelle est la ligne à suivre
02:40dans ce rapport de force, parce qu'il faut un rapport de force avec El-Effi.
02:44Et El-Effi a un leader charismatique, très médiatique,
02:48que vous suivez d'ailleurs, et je peux comprendre,
02:49parce qu'à chaque fois qu'il fait une intervention,
02:52c'est toujours très impressionnant de force et de détermination.
02:56Nous, nous devons exister.
02:57Alors, le rééquilibrage a eu lieu aux Européennes avec Raphaël Glucksmann.
03:02– Est-ce qu'il n'a pas été balayé dans la foulée par l'administratif ?
03:04– Je ne veux pas qu'on passe par pertes et profits,
03:06le score de 14% aux Européennes.
03:09Et je vous dis, je ne veux pas qu'on passe par pertes et profits.
03:11– La clarification, elle peut attendre encore 6 mois,
03:14parce que le congrès, ce n'est pas avant printemps.
03:16– Le congrès, il doit avoir lieu avant la fin de l'année.
03:17Est-ce que vous dites qu'il faut un congrès avant la fin de l'année ?
03:19– Non, c'est techniquement impossible.
03:21Parce que nous sommes un parti démocratique,
03:23il y a des procédures à respecter.
03:24Il faut réunir notre conseil national pour lancer la procédure du congrès.
03:28Donc c'est un congrès qui interviendra fin janvier, courant février.
03:33Mais il nous faut du temps pour clarifier cela.
03:36Vous savez, depuis 2022, depuis la NUPES,
03:39qui s'est aujourd'hui transformée dans une autre coalition,
03:44il est vrai que le leadership de LFI s'est imposé à beaucoup.
03:48Y compris aux Français qui, naturellement,
03:50pensent que Jean-Luc Mélenchon est le leader de la gauche.
03:53Et ce sont les mêmes Français qui considèrent, à 85%,
03:56que Jean-Luc Mélenchon n'est pas une bonne solution pour le pays.
03:59Donc il faut clarifier tout cela.
04:00Et moi, je souhaite que mon parti,
04:02auquel j'appartiens depuis maintenant des dizaines d'années,
04:04fasse cet effort de tamisage et de réflexion politique sur la stratégie.
04:10– Mais quelle solution alternative à Jean-Luc Mélenchon à gauche pour le moment ?
04:13– Attendez, il est clair que notre incarnation n'est pas évidente.
04:16J'en suis convaincu.
04:17Et les filles, à cette chance, ils ont un leader maximo
04:21qui est là depuis des années,
04:22qui va se présenter pour la quatrième fois aux élections présidentielles,
04:26selon toute vraisemblance,
04:27qui refuse toute idée de primaire à gauche
04:29et qui considère qu'il est l'alpha et l'oméga de la gauche.
04:32Eh bien, nous devons trouver une incarnation.
04:34Mais avant de trouver une incarnation personnelle,
04:36il faudra d'abord établir une ligne politique et une stratégie électorale.
04:40– Juste, Patrick Canard, pour comprendre bien,
04:41est-ce que vous dites qu'il faut un candidat unique de la gauche en 2027
04:44qui ne doit pas être Jean-Luc Mélenchon, ça on l'a compris,
04:46ou est-ce que vous dites qu'il faut Jean-Luc Mélenchon
04:48et un autre candidat d'une autre gauche ?
04:50– Je ne vous dis pas cela parce que je ne crois pas du tout
04:54au candidat unique de la gauche,
04:56qui fera peut-être 25, 30% le score actuel,
05:00mais qui n'aura aucune réserve derrière.
05:02Donc, regardez bien toutes les élections précédentes
05:05où nous avons mis un président de la République au pouvoir,
05:07Mitterrand deux fois, Hollande.
05:09Ils n'ont jamais été candidats uniques.
05:11Il y a eu une diversité, parfois trop de diversité.
05:14– Il n'y avait peut-être pas trois blocs comme c'est le cas aujourd'hui.
05:16– Trop de diversité de la gauche.
05:17Exemple, Lionel Jospin qui, avec multiples candidats,
05:21s'est retrouvé coincé à quelques pourcents
05:23par rapport à Le Pen et Jean-Marie à l'époque.
05:26Donc, il faut une diversité suffisamment équilibrée
05:31pour permettre des reports de voix au second tour.
05:34Et donc, à nous, socialistes, et c'est mon objectif, d'être meilleurs.
05:38Parce que M. Mélenchon sera candidat, quoi qu'il arrive.
05:40Je crois que c'est clair maintenant.
05:42Donc, il faut que nous ayons un candidat
05:43qui soit au-dessus de Jean-Luc Mélenchon au premier tour
05:46pour permettre l'arrivée de la gauche au pouvoir.
05:48– Sous-titrage Société Radio-Canada

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