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  • 27/02/2024

Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce mardi, c’est MC Solaar, rappeur, pour son nouveau single "Ils dansent".

Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu

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Transcription
00:00 Alors j'ai la chance de recevoir ce matin l'homme que l'on nomme Claude MC.
00:04 Bonjour MC Solar !
00:05 Bonjour !
00:06 Merci, merci beaucoup d'être là ce matin.
00:08 Avant de parler de votre nouvel album, de votre nouveau titre aussi,
00:12 on va dresser d'abord votre portrait sonore.
00:14 Des petits sons pour mieux vous connaître.
00:16 Voici le premier.
00:17 Né au Sénégal, mes deux parents venaient du Tchad.
00:19 Fils du Sahel, j'avais les envies du roi Afad.
00:22 Mais je suis venu ici dans un foyer à Saint-Denis,
00:24 avec mes frères et sœurs, en déménage pour Evry.
00:26 Ma mère fait déménage dans des centres hospitaliers.
00:29 Elle sait que le savoir sera mon seul allié.
00:32 Elle rentre tard le soir, moi je joue au football.
00:34 Accélération, grand pont, ensuite je joue au goal.
00:37 Colonie de vacances,
00:38 Voilà, je vous ai laissé faire votre présentation vous-même,
00:40 ça me paraissait plus simple.
00:42 C'est votre histoire ça, dans cette chanson de 2001, "Lève-toi et rappe".
00:46 Vous racontez une grande partie de votre parcours,
00:48 que vous êtes né au Sénégal, de parents tchadiens,
00:50 vous êtes encore un nourrisson, vous avez 6 mois,
00:53 c'est ça quand vous quittez le Sénégal,
00:55 où votre famille s'installe en Seine-Saint-Denis,
00:57 et puis vous déménagez beaucoup après.
00:59 Il y a eu Evry, Maison Alfort, Villeneuve-Saint-Georges,
01:01 dans le Val-de-Marne, et dans cette chanson,
01:03 vous dites que pour votre mère,
01:05 le savoir sera votre seul allié,
01:07 vos parents vous encourageaient vraiment à être un bon élève,
01:10 et vous dites que l'école vous a structuré.
01:13 Oui, elle voulait que j'aie le bac,
01:16 donc depuis que j'ai 6 ans, il fallait que j'aie le bac.
01:19 Et donc moi j'avais un objectif, c'est de bien travailler,
01:21 et d'avoir le bac pour pouvoir être...
01:25 avoir répondu à ses désirs.
01:28 Et vous avez répondu à ses désirs ?
01:29 Mais oui, parce qu'on est obligé d'être un peu sérieux,
01:32 d'essayer d'être au-dessus de la moyenne, d'apprendre,
01:36 et puis je sais pas, quand on atteint 14, 15, 16 ans,
01:38 ça se structure, on a un univers,
01:41 on a un univers, on sait un peu de tout.
01:43 Et dans quoi vous étiez bon ?
01:45 C'était quoi vos matières préférées ?
01:46 Ah ouais, l'école, le sport évidemment !
01:49 Vous étiez très bon footballeur, je crois.
01:51 Ouais, non, on va dire le sport, les langues,
01:54 l'histoire, géographie, humeur, tout ce qui est scientifique,
01:58 j'étais vraiment pas bon, quoi.
02:00 Donc j'étais un élève moyen, un moyen plus.
02:03 Mais vous vouliez être journaliste, à l'époque ?
02:05 Oui !
02:05 Vous aviez ça en tête ?
02:06 C'était super, parce que j'avais un oncle qui était journaliste,
02:10 qui était ancien journaliste, qui est du Tchad,
02:13 et puis quand j'ai eu un peu un petit âge,
02:18 bien avant le bac, j'avais lu Gunter Wallraff et tout ça,
02:20 et puis je me suis dit "c'est bien, quoi, c'est bien".
02:24 Et ça vous intéresse toujours l'actualité ?
02:25 Vous suivez ça de près ?
02:27 Ah oui, là je me suis rendu compte, là.
02:29 Tout ce que la jeune dame, elle a dit, je me suis dit "oh lala, je suis au courant, depuis ce matin".
02:36 C'est marrant parce que vous rentrez dans ce studio, vous m'avez parlé du Parisien,
02:39 qui était notre invité avant, le directeur de la rédaction du Parisien,
02:42 on sent que ça vous intéresse vraiment, que vous suivez ça de près.
02:44 Ouais, parce que quand on a lu un fil, après on...
02:48 "Tiens, c'est le monsieur du Parisien, est-ce que ça a changé, quoi ?"
02:50 On se fait un truc... Mais j'aime bien l'actualité.
02:53 Comme ça, je suis au courant de ce qui se passe.
02:56 Et puis ça peut vous servir.
02:57 Ah oui !
02:58 Peut-être pour vos chansons aussi.
02:59 Et puis alors, en 1990, vous sortez votre premier tube.
03:03 "Bouge de là"
03:04 "Bouge de là" qui est basé sur un sample "The Message", c'est ça ?
03:12 "The Message".
03:13 Voilà.
03:14 Et puis très vite, vous sortez l'autre tube qui vous fera décoller.
03:18 "Je suis l'as de trèfle, il pique ton cœur"
03:20 "L'as de trèfle, il pique ton cœur"
03:24 C'est fou comme ça n'a pas vieilli.
03:26 Ça date de 1991, quand même, ce titre "Caroline".
03:30 Sur votre premier album, "Qui sème le vent récolte le tempo".
03:33 Elle existe d'ailleurs, cette Caroline ?
03:35 Oui, bien sûr.
03:36 On n'a jamais trop su.
03:37 Elle ne s'appelle pas Caroline, mais elle existe.
03:40 Ce n'est pas elle le héros, en fait.
03:42 C'est celui qui... Le pauvre qui marche...
03:45 L'amour au transit ?
03:46 Ouais, en se gardant ses chaussures et en avançant doucement.
03:50 Mais on ne peut pas le dire, sinon ça ne fait pas très féministe.
03:54 Quand vous enregistrez...
03:56 Non, mais je regardais quelqu'un quand même en écrivant.
03:58 Voilà, vous pensez à quelqu'un.
04:00 Et quand vous enregistrez ce titre en studio, est-ce que vous vous doutez qu'elle sera intemporelle ?
04:04 Même le texte sera un jour étudié à l'école, par exemple ?
04:07 Le texte, j'aimais bien l'histoire des couleurs qui m'a guidé.
04:11 Mais j'ai rencontré des gens super.
04:12 Un qui s'appelle Jimmy J, un qui s'appelle Hubert Blanfranca,
04:15 et un autre qui s'appelle Philippe Cerbonnetis d'art.
04:18 J'arrive avec un texte et un certain mouvement.
04:21 Eux, ils ont dit "Oh, c'est quand même quelque chose".
04:23 Ils sont allés chercher des vrais violons, parce qu'il fallait qu'il y ait...
04:26 Ça, c'est leur sauce à eux.
04:27 Ils connaissent un peu mieux que moi.
04:29 Mais eux, ils y ont cru, parce qu'ils ont tout mis dedans.
04:32 La basse qu'on avait mise n'était pas terrible.
04:35 On a appelé un bassiste qui nous l'a fait bien.
04:38 Moi, je ne suis pas très musicien.
04:40 Moi, j'écris.
04:41 Mais là, les trois, chacun a mis le meilleur de lui.
04:45 Pour que le son...
04:47 Les violons, au moins, c'est intemporel.
04:49 Le reste, les mix, ça peut être autre chose.
04:51 Mais les beaux violons qu'il y a dedans, à l'intro...
04:54 Ça accompagne très joliment votre poésie, vos jeux de mots,
04:57 les références culturelles aussi que vous distillez dans vos textes.
05:00 Tout ça, très vite, ça vous a valu une petite étiquette de rappeur intello.
05:05 Une étiquette qui ne vous plaisait pas.
05:06 En tout cas, en 1994, vous répondiez au micro d'Europe.
05:10 Écoutez cet archive.
05:11 La presse dit toujours de vous que vous êtes rappeur et intello.
05:15 Vous êtes l'intello des banlieues.
05:17 C'est un raccourci qui vous fait quoi ?
05:20 C'est un peu raccourci, intello.
05:22 Je déteste ce mot.
05:24 Il a mis intégré dans mes écrits, dans ma prose,
05:29 quelques références qui sont vraiment du saupoudrage,
05:35 des choses que j'ai pu lire un peu auparavant.
05:37 Ça vous a gonflé, un peu, cette étiquette ?
05:40 Ou...
05:42 C'est parce que je citais Georges Pérec et des choses comme ça.
05:46 Ce n'est pas de ma faute, c'est mes profs.
05:48 En plus, ils m'ont donné des techniques.
05:50 Mais il y avait plein de choses qui étaient rigolotes pour moi au moment d'écrire.
05:54 Comme il y avait eu Tchernobyl, j'ai mis Tchernodébile.
05:58 En fait, il y a beaucoup de choses qui sont faites pour rigoler pour moi.
06:02 Plus des jeux de mots, en fait.
06:03 Des jeux de mots.
06:04 C'est vrai qu'après, on en est venu à vous accuser de compromission avec le système.
06:07 Certains rappeurs vous le reprochaient.
06:09 Ça vous a agacé, tout ça ?
06:10 Oui, oui, oui.
06:11 Bien sûr.
06:12 Ça a bien changé depuis.
06:14 Non, mais parce que je crois que le temps a rééquilibré.
06:17 Certaines des figures que je m'imposais,
06:21 elles sont super importantes.
06:22 C'est-à-dire écrire des choses si possible compréhensibles,
06:25 développer une personnalité.
06:27 Alors moi, tous les rappeurs que j'aime aujourd'hui,
06:29 c'est que quand je les entends, ils ont un univers à eux propre.
06:32 Et puis la troisième, c'est la liberté.
06:34 Pas être obligé de suivre le moule.
06:36 Ou bien choisir peut-être une référence qui n'est pas celle de tout le monde.
06:40 Parce qu'on est tous influencés par le rap américain.
06:42 En tout cas, moi, à l'époque.
06:43 Et aujourd'hui, il y a beaucoup, beaucoup de rappeurs qui ont été influencés par vous.
06:47 MC Solar, on va parler de votre nouvel album d'ailleurs,
06:49 qui arrive dans quelques jours.
06:51 À tout de suite sur Europe 1.
06:52 en temps.

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