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France Inter
  • 19/10/2023
Mathilde Panot, députée LFI-NUPES du Val-de-Marne et présidente du groupe LFI-NUPES à l'Assemblée nationale s'explique sur les différentes polémiques qui entourent son mouvement depuis les attaques du Hamas contre Israël il y a dix jours. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-jeudi-19-octobre-2023-6025747

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Transcription
00:00 Alexandra Benzaïde, votre invitée ce matin est la présidente du groupe LFI NUPES à l'Assemblée Nationale.
00:06 Bonjour Mathilde Panot.
00:07 Bonjour.
00:08 Dans deux heures, les obsèques du professeur Dominique Bernard se dérouleront dans la
00:11 cathédrale d'Arras.
00:12 Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, veut pouvoir expulser plus facilement les
00:17 personnes radicalisées, retirer par exemple un titre de séjour si on trouve une photo
00:21 de décapitation dans un téléphone.
00:23 Est-ce que durcir le projet de loi immigration pour vous, c'est la solution ?
00:26 Alors déjà, je veux dire toutes mes pensées à la famille et aux proches de Dominique
00:33 Bernard aujourd'hui et à l'ensemble des professeurs et de la communauté éducative
00:38 de ce pays qui ont été durement choqués et frappés par ce qui s'est passé vendredi
00:44 dernier dans notre pays.
00:45 Je veux redire aussi que Dominique Bernard est un héros de la condition humaine parce
00:49 qu'il est mort en essayant de protéger ses élèves.
00:52 Mais je vais dire exactement ce que l'intersyndicale de l'éducation Ile-de-France, qui appelait
00:59 à un rassemblement, a redit.
01:00 D'abord évidemment un hommage à Dominique Bernard, qui fait écho à l'acte terroriste
01:06 contre Samuel Paty, mais ils ont aussi redit qu'ils ne voulaient pas d'instrumentalisation
01:11 de ce drame et que ce qu'ils demandaient c'était un nombre de professeurs suffisant
01:15 pour encadrer les élèves et surtout un appui inconditionnel de leur hiérarchie lorsque
01:21 des élèves ou des parents d'élèves menaçaient des professeurs et du rectorat lorsqu'il
01:26 y avait une demande de protection fonctionnelle.
01:29 - L'assaillant il s'en est pris à l'école, il s'en est pris à Marianne, à la République.
01:33 Elle est où la solution ? Je vous entends sur le manque de moyens, mais sur ce sujet-là,
01:38 elle est où la solution ?
01:39 - Nous pouvons d'ores et déjà expulser des personnes qui sont radicalisées.
01:42 C'est déjà possible dans la loi.
01:43 Donc ce que je dis par là, c'est que faire une nouvelle loi immigration, qui serait la
01:48 22e depuis les années 90, avec à chaque fois des lois qui sont quasiment une fois
01:54 tous les ans, dont on ne fait aucun bilan, ne règlera pas la situation.
01:58 Ce n'est pas vrai que si la loi immigration était déjà passée, nous aurions pu éviter
02:02 ce drame.
02:03 Donc ce qu'il faut, c'est renforcer les renseignements généraux.
02:06 Ce qu'il faut, c'est redonner une place aux professeurs dans notre société qui est la
02:11 place à la hauteur de ce qu'ils sont.
02:13 Parce que si l'école a été visée, c'est parce que l'école est aussi le lieu où,
02:17 justement, par les lumières de la raison, on combat le fanatisme et l'obscurantisme.
02:23 - Ce matin, Mathilde Panot, l'actualité c'est bien sûr aussi en parallèle le Proche-Orient.
02:28 C'est une guerre d'informations.
02:30 On a l'attaque sur l'hôpital de Gaza.
02:32 Le Hamas accuse Israël.
02:35 Israël lui renvoie la responsabilité.
02:37 Moi je lis votre tweet de mardi.
02:39 Je lis aussi le dernier communiqué de la France Insoumise.
02:41 Et pour vous, apparemment, il n'y a pas de doute.
02:43 Le coupable, c'est l'armée israélienne.
02:45 Alors au moment où nous, les journalistes, on doute, au moment où les experts regardent
02:48 les photos et disent "on ne sait pas", est-ce que vous, vous avez des informations privilégiées ?
02:52 - Alors, vous savez, l'écrivain Kipling disait toujours "la première victime d'une
02:56 guerre, c'est la vérité".
02:57 Donc il y a une guerre d'informations qui est en train de se passer.
03:00 C'est une évidence.
03:02 - Mais est-ce que lorsque vous dites "c'est Israël", est-ce que vous savez ?
03:06 Est-ce que vous êtes sûre à 100% Mathilde Panot ?
03:08 - Ecoutez-moi, la version de l'armée israélienne reste la plus crédible.
03:12 Je vais vous dire pourquoi.
03:13 D'abord parce que les preuves que nous avons, c'est que le gouvernement israélien a déjà
03:18 menti à plusieurs reprises et que dans les guerres, généralement, les armées mentent.
03:22 Je vais vous donner des exemples.
03:23 En 2009, le gouvernement d'extrême-droite israélien disait qu'il n'avait pas utilisé
03:28 de phosphore blanc pour ensuite admettre, devant les preuves qui avaient été récoltées
03:32 par des ONG, admettre en août 2009 qu'ils avaient utilisé du phosphore blanc.
03:37 De même que votre collègue Shirin Abu-Akhler en 2022, dont Israël avait d'abord nié
03:44 qu'ils étaient responsables de son assassinat pour dire ensuite que c'est probablement
03:48 une balle israélienne.
03:49 - Mathilde, pardonnez-moi, je comprends.
03:51 Donc votre premier argument, c'est de dire "ils ont menti, ils peuvent mentir encore".
03:56 Ma question était simplement, est-ce que vous avez raison ?
03:59 - Mais ensuite, vous regardez les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé, qui
04:03 je crois sont des chiffres assez fiables, qui montrent que depuis le début du siège
04:08 de Gaza, 111 infrastructures médicales ont été visées, que 12 cadres soignants ont
04:13 été tués et que 60 ambulances ont été visées.
04:15 Ce que je dis par là, c'est que par exemple, vous n'allez pas m'expliquer, lorsque une
04:19 école onusienne est bombardée, que c'est là où le Hamas se cacherait.
04:23 Et que la question qui est posée, c'est "comment construit-on la paix ? Comment va-t-on vers
04:29 le cessez-le-feu immédiat ? Parce que là, 1000 chars peuvent rentrer à tout moment
04:33 dans Gaza.
04:34 Et que la question, c'est que le cessez-le-feu est le seul à même d'épargner des vies
04:38 humaines.
04:39 - Ce matin, on va faire une clarification.
04:41 Vous l'avez écrit aussi dans ce même communiqué.
04:43 Assez de polémiques, de diversions.
04:44 Il s'agit évidemment du Hamas.
04:47 Pour votre député Daniel Obono, c'était mardi, c'est un mouvement de résistance.
04:51 Vous avez entendu le toller.
04:53 Il y a des insoumis, François Ruffin, Alexis Corbière, qui ont pris leur distance.
04:57 Tout de suite, votre allié écologiste, entre autres, Marine Tondeli, elle dit que ça suffit.
05:01 Ça n'a rien à voir avec de la résistance.
05:03 Qu'en pensez-vous, vous, la chef de file des députés LFI ? On a envie de vous entendre.
05:08 Est-ce que Daniel Obono, sur ce mouvement de résistance égal Hamas, doit retirer
05:12 ses paroles ?
05:13 - Daniel Obono n'a pas dit ça.
05:14 Et le tweet qui a été fait par Sud Radio et par M.
05:18 Bourdin est mensonger.
05:19 Daniel Obono n'a jamais fait l'apologie du terrorisme, contrairement à ce que dit
05:24 M.
05:25 Darmanin.
05:26 Je vais continuer.
05:27 Daniel Obono a dit, comme l'ensemble du groupe parlementaire de la France Insoumise, que
05:31 le Hamas était une organisation islamiste, que nous ne cautionnons en rien, qui a commis
05:35 des crimes de guerre et comme criminel de guerre, qui doit être jugé.
05:39 - Sur la vidéo, on peut regarder, les auditeurs vont pouvoir re-regarder, en effet, elle est
05:44 questionnée plusieurs fois.
05:45 - Je vous remercie, effectivement, de re-regarder l'extrait.
05:46 - Elle est questionnée plusieurs fois, mais quand même, lorsque le journaliste en question
05:49 lui demande "est-ce que c'est un mouvement de résistance ?" elle répond "oui".
05:52 Est-ce que pour vous, est-ce que vous, très simplement, elle répond "oui" ?
05:54 - Elle dit "il se revendique comme tel", comme a écrit à plusieurs reprises plusieurs
05:59 journalistes qui disent que l'acronyme de Hamas veut dire, effectivement, pour eux,
06:04 selon eux, le mouvement de résistance islamique.
06:06 - Alors on avance.
06:07 - Est-ce que pour vous, c'est un mouvement de résistance que nous cautionnons ? Non,
06:09 ce n'est pas ça que nous disons.
06:10 Et ce n'est pas ça non plus que dit Daniel Obono.
06:12 Et je vais vous dire que je trouve incroyable que le débat démocratique de ce pays se
06:18 concentre sur des fausses positions qui nous seraient attribuées, alors que tout le débat
06:22 politique devrait se concentrer sur comment est-ce que nous construisons les conditions
06:27 de la paix.
06:28 Et bien que ça crée des fractures, y compris chez vous.
06:30 Est-ce que c'est un mouvement de résistance ? Vous venez de me dire oui ou non.
06:33 - On l'a dit en conférence de presse, vous n'êtes pas en train d'avoir un scoop.
06:36 - Je ne cherche pas un scoop.
06:38 Est-ce que c'est un groupe terroriste ? La première ministre considère que vous refusez
06:43 de le dire et que ça vous exclut du champ républicain.
06:45 - Et bien là aussi c'est indigne du débat démocratique.
06:47 Trouvez-vous que l'ONU est ambiguë sur la question israélo-palestinienne ? Je vous
06:51 pose la question.
06:52 L'ONU est-elle ambiguë ?
06:53 - La réponse est l'Union Européenne depuis 2003 considère que c'est un groupe terroriste.
06:58 - Vous êtes une députée française.
07:00 C'est moi qui pose les questions puisque c'est une interview.
07:03 Donc en fait je peux vous poser des questions.
07:04 - Vous avez raison mais dans un autre cercle.
07:06 - Je vais vous dire pourquoi.
07:07 - L'Union Européenne considère que c'est un groupe terroriste.
07:10 Et vous ? Non.
07:11 - Nous parlons exactement le langage du droit international.
07:13 Je vais vous dire.
07:14 Dire crime de guerre n'est en aucun cas minimiser ce qui se passe, ce qui a été commis par
07:20 le Hamas et n'est pas minimiser ce qui est en train de se passer actuellement à Gaza
07:25 qui est une catastrophe humanitaire.
07:27 Pourquoi ?
07:28 Parce que les crimes de guerre sont les seuls susceptibles d'être jugés par la Cour pénale
07:32 internationale, que c'est le langage de l'ONU, de plusieurs organisations internationales.
07:36 Et je vais vous lire ce que disait un maître de conférence en droit pénal.
07:39 "Les crimes commis par le Hamas s'inscrivent dans le cadre de la guerre discontinue qui
07:43 oppose les deux nations depuis 70 ans.
07:45 Retenir la qualification de terroriste revient à lier cet état de guerre."
07:49 - Pour vous ce sont des crimes de guerre, ce n'est pas un conflit de terrorisme.
07:51 - Nous utilisons le langage du droit international.
07:53 - Allez, on parle de l'ANUP.
07:55 L'ANUP, cette question du Hamas après d'autres, créant une nouvelle fracture, est-ce que
07:59 c'est mort ou est-ce que ça peut continuer ?
08:01 Est-ce que vous leur dites bon vent ou on va écrire un nouveau chapitre ?
08:03 - Non, nous n'avons jamais souhaité la fin de l'ANUP.
08:06 Je rappelle que nous l'avons créée, qu'il y a effectivement un programme de gouvernement
08:10 qui a été écrit avec eux avec 650 mesures.
08:13 Alors maintenant, moi je demande au Parti Socialiste de clarifier une position parce
08:17 que je ne trouve pas ça digne dans le moment que nous vivons dans le pays.
08:20 Je rappelle que 2800 enfants sont à la rue dans ce pays en augmentation d'après l'UNICEF
08:26 de 42%.
08:27 En un mois, nous sommes dans une situation de maltraitance sociale complète.
08:31 - Bien sûr, mais est-ce que l'ANUP est une question politique ?
08:33 - C'est une question très grave.
08:34 - Est-ce que l'ANUP a un avenir ? Est-ce que Jean-Luc Mélenchon est désormais, vous
08:38 avez entendu Yael Ghoz, est désormais le problème de la gauche et des écologistes ?
08:42 - Et bien Jean-Luc Mélenchon est le dirigeant politique qui nous a amené à 22%, qui a
08:46 permis de multiplier le nombre de députés dans le passant à 151 députés NUPES et
08:52 de multiplier par 5 le nombre de députés LFI.
08:55 Et je crois qu'au contraire, ce que nous devons toutes et tous à ceux à qui nous
08:58 devons des comptes, c'est-à-dire les électeurs et les électrices, c'est justement une clarté
09:03 et le respect de notre programme sur lequel nous avons toutes et tous été élus.
09:07 - Mathilde Panola, députée LFI NUPES et chef de file des Insoumis à l'Assemblée
09:12 Nationale, une bonne journée à vous.

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