Edition spéciale des informés du 13 octobre sur l'attaque terroriste d'Arras

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00:00 ...
00:05 -Vous venez de suivre en direct sur France Info
00:08 les premiers mots du procureur de la République antiterroriste
00:12 Jean-François Ricard après cette attaque au couteau d'Arras,
00:16 qui a coûté la vie ce matin à un professeur de français.
00:19 On a blessé deux autres personnes
00:22 de cet établissement Gambetta d'Arras.
00:25 On a des précisions, quelques précisions,
00:28 même si le procureur reste assez prudent,
00:31 et on va l'évoquer, sur les éléments du déroulement,
00:35 de la préparation, de l'assistance dont il aurait pu bénéficier.
00:39 On verra ça dans un instant avec nos informés.
00:42 On va évoquer d'ici 21h cette journée,
00:45 qu'a vue Emmanuel Macron sur place dès le début de l'après-midi,
00:49 qui évoquait déjà la barbarie du terrorisme islamiste,
00:53 et des enseignants sous le choc dans tout le pays,
00:56 trois ans presque jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty.
01:00 Nous serons au ministère de l'Education,
01:02 où Gabriel Attal reçoit les syndicats.
01:05 J'ajoute que l'entourage d'Elisabeth Borne
01:07 annonce que la France passe en alerte urgence attentat.
01:11 Je vais saluer les informés autour de la table.
01:14 Ce soir, Franck Dedieu, directeur adjoint de la rédaction de Marianne,
01:18 Alexandra Saviana, journaliste à L'Express,
01:20 Véronique Reitzhutz, présidente de Backbone Consulting.
01:24 Je salue Jean-François à mes côtés.
01:26 -Bonsoir.
01:27 -Et Pierre Decossette,
01:28 qui nous rejoint du service de France Info,
01:31 qui a suivi avec nous cette conférence de presse
01:34 du procureur antiterroriste.
01:36 Quelques éléments et encore énormément de questions,
01:39 pour ne pas gêner le déroulement de l'enquête.
01:42 -Un point presse très bref, qui a duré 3-4 minutes,
01:45 dans lequel Jean-François Ricard, le procureur antiterroriste,
01:48 a refait le film de ce qui s'est passé ce matin vers 11h,
01:52 racontant comment cet homme, Mohamed M., dit-il,
01:55 qui est né il y a 20 ans en Russie,
01:57 s'est introduit dans l'établissement scolaire,
02:00 dans le lycée Gambetta,
02:02 après déjà avoir poignardé deux premiers enseignants.
02:06 Il s'est ensuite rendu dans ce lycée,
02:08 dans la cour du lycée, où il a blessé deux autres personnes,
02:12 un agent technique, un agent d'entretien.
02:14 Donc il y a finalement une personne décédée et trois blessés.
02:18 On en était jusque-là, une personne décédée et deux blessés.
02:22 Et il a tenté de quitter les lieux avant de faire face à la police,
02:26 qui a dû le maîtriser avec un taser,
02:29 avec deux décharges de taser.
02:31 L'enquête, compte tenu de son profil,
02:34 a précisé que Jean-François Ricard a été ouverte
02:36 pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste.
02:40 Le parquet antiterroriste s'est saisi.
02:42 Pourquoi ? Parce que cet homme de 20 ans était fiché S,
02:45 il a été suivi par les services de renseignement,
02:48 parce que son frère, dont il est proche,
02:51 son grand frère, a été également condamné à deux reprises
02:54 au printemps pour des faits de terrorisme,
02:57 aux Assises, à Paris, pour un projet de nature criminelle,
03:01 et un peu plus tard, deux mois plus tard,
03:03 pour apologie du terrorisme par le tribunal judiciaire d'Arras.
03:07 -Le procureur n'est pas revenu en détail
03:09 sur le parcours de M, du dénommé M, comme il dit.
03:14 Néanmoins, on sait, on peut préciser un petit peu
03:18 le parcours depuis l'entrée en France
03:20 de cet homme et de sa famille.
03:22 -Effectivement, ils sont arrivés en France, lui et sa famille,
03:25 en 2008. Il y a eu en 2014 un épisode un peu particulier.
03:28 Ils habitaient alors en Bretagne.
03:30 Ils ont été visés par une procédure d'expulsion
03:33 qui n'a pas abouti, après notamment
03:35 des protestations d'un certain nombre d'associations.
03:40 Le droit, visiblement, a également donné raison
03:43 à la famille. -On est en 2014.
03:45 -On est en 2014.
03:46 François Hollande est président de la République à ce moment-là.
03:50 Son père a finalement été expulsé en 2018,
03:53 mais lui, qui a été mineur, qui avait 11 ans à l'époque des faits,
03:58 qui avait moins de 13 ans, n'avait pas vocation à être expulsé.
04:01 Donc, ces derniers temps, on n'a pas cette information-là
04:05 installée à Arras, où ce suspect, cet assaillant,
04:09 est passé par ce lycée Gambetta,
04:12 un ancien élève de l'établissement.
04:14 -Avec des demandes réitérées d'asile...
04:18 -Récemment, depuis sa majorité,
04:21 de ce que l'on comprend,
04:23 qui avaient été des demandes qui avaient été refusées,
04:26 ce qui, pour autant, n'avait pas conduit à son expulsion
04:29 du sol français, puisqu'il était arrivé en France
04:32 à moins de 13 ans.
04:34 -Pierre de Cossette se mise en examen
04:36 pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste.
04:39 Nous ne savons pas encore s'il a agi seul
04:42 ou s'il y a des complices.
04:43 -Mise en examen, pas encore, la garde à vue.
04:46 -En perspective. -Oui, puisque c'est
04:48 une garde à vue qui peut durer jusqu'à 96 heures.
04:51 Il y a 9 personnes, présentement, en garde à vue,
04:54 selon nos informations, dont certains membres de sa famille,
04:58 son petit frère, qui a été arrêté peu après les faits,
05:01 sa mère, notamment un oncle, 9 personnes en tout
05:03 qui sont entendues.
05:05 Je ne sais pas si le grand frère, qui est incarcéré,
05:08 est déjà entendu, il sera peut-être extrait,
05:10 mais il n'est pas déjà fait de détention
05:13 pour être entendu.
05:14 Le procureur national antiterroriste
05:16 a précisé qu'il faudrait établir les rôles des uns et des autres,
05:20 les éventuelles complicités, les éventuelles participations
05:23 de près ou de loin à cet acte.
05:25 -On va bien souligner que cet homme avait été surveillé.
05:28 Il avait été interpellé hier.
05:30 -Contrôlé hier.
05:32 -Contrôlé hier et relâché.
05:33 -En tout cas, il y a un contrôle.
05:35 A la demande, nous a-t-on dit,
05:37 de la direction générale de la Sécurité intérieure,
05:40 on réécoute récemment une surveillance active,
05:43 du côté des services de renseignement,
05:45 mais le contrôle d'hier n'a rien donné de probant
05:48 et rien qui puisse permettre ou donner lieu
05:50 à une interpellation et à une garde à vue.
05:53 -On a une idée d'une radicalisation
05:55 et du timing d'une radicalisation de cet homme et de sa famille ?
06:00 -Pas à ce stade.
06:02 Ce sont des éléments qui, pour l'instant,
06:04 ne filtrent pas sur l'ancienneté de cette radicalisation.
06:07 Le frère, en tout cas, le grand frère,
06:10 a été isolé en 2019.
06:11 Ca remonte déjà à plusieurs années.
06:13 -Merci, Pierre de Cossette.
06:15 On va vous rester avec nous le temps possible pour vous
06:18 et puis vous serez présents, évidemment,
06:21 toute la soirée sur France Info.
06:23 Les informés, petit tour de table sur cette journée.
06:27 On évoquera le choc immense du milieu enseignant
06:32 qui est frappé une nouvelle fois,
06:34 trois ans presque, après l'assassinat de Samuel Paty.
06:37 Franck de Dieu, je commence par vous.
06:39 Le choc, qu'est-ce que vous retenez, ce soir ?
06:43 -Eh bien, on l'a dit, il était surveillé.
06:46 Il a été interpellé. Il était écouté.
06:49 Donc, on se dit, il y a quand même des services administratifs
06:52 qui font leur travail consciencieusement.
06:55 Et pourtant, le drame arrive.
06:57 Le drame arrive avec plusieurs lois.
07:00 La loi séparatisme, un état d'urgence
07:03 qui a été largement voté et prorogé.
07:09 Donc, on se dit, l'opinion publique est fondée de se dire
07:11 "mais on a utilisé l'appareil législatif,
07:15 "on a un appareil administratif qui,
07:19 "peut-être, il faudra voir ça de plus près,
07:21 "mais était aux aguets, et pourtant, le drame arrive."
07:25 Et là, s'il vous plaît, il y a une sorte d'effroi et de peur
07:29 qui se propage, y compris dans le corps enseignant,
07:32 on y reviendra.
07:34 Il y a l'idée, tout de même, que le risque zéro n'existe pas
07:38 et que si vous resserrez un peu plus les mailles du filet,
07:41 vous heurtez à une logique d'état de droit.
07:43 Vous l'avez rappelé, des associations avaient eu raison en droit
07:48 de dire que cette famille ne pouvait pas être expulsée
07:51 dans la mesure où il y avait à la fois le droit d'asile
07:54 et puis le QTF n'était pas applicable
07:56 dans la mesure où l'assaillant était arrivé sur le sol français
08:00 avant 16 ans.
08:02 Donc, effectivement, on se dit, l'opinion publique se dit
08:05 "attendez, je ne comprends pas,
08:07 "il n'y a pas des lois,
08:08 "un arsenal législatif qui est présent,
08:11 "un corps administratif qui fait son travail
08:14 "et pourtant, le drame arrive."
08:17 Il y a une histoire un peu, je dirais,
08:20 d'impuissance et de colère aussi.
08:24 -Vous le disiez, je parle sous contrôle de Pierre,
08:27 mais il y avait manifestement en 2014, à ce moment-là,
08:30 des raisons administratives de faire douter
08:33 et que les associations ont réussi à faire valoir,
08:36 je comprends bien. -On n'a pas encore
08:38 tous les détails, ce qui est certain,
08:40 c'est que cette famille avait eu le temps d'être conduite
08:43 jusqu'à Paris par un premier vol et ils n'ont pas décollé
08:46 par la suite pour rentrer en Russie.
08:49 -Jean-François, sur cet aspect précisément,
08:53 puisqu'on est sur le profil de cet homme
08:56 et de cette famille et le parcours de cette famille,
08:59 ça pose évidemment des questions,
09:01 Franck le disait. -Oui, absolument.
09:03 Nous sommes dans le temps de l'émotion, toujours.
09:06 L'assassinat s'est produit aujourd'hui.
09:08 Il y a effectivement, et Pierre Decosses l'a rappelé,
09:11 ce temps de l'enquête, il y a eu cette prise de parole
09:14 du procureur Ricard, on va dire assez précoce,
09:17 parce que je pense qu'il est intervenu,
09:19 mais avec, au fond, assez peu d'éléments,
09:22 mais pour répondre à l'émotion nationale,
09:24 pour que la machine judiciaire dise à la nation
09:27 "Nous sommes là, l'enquête démarre,
09:29 "nous sommes au travail." Et puis, effectivement,
09:32 et vous faites bien de le souligner,
09:34 parce que déjà, ça commence à bruiser sur les réseaux,
09:37 ça brise au sein de la classe politique,
09:39 avec prudence, voire même une forme de pudeur,
09:42 parce que nous sommes dans le temps de l'émotion,
09:45 celle des familles, celle des enseignants,
09:47 il y a ces questionnements, avec cette idée,
09:50 de la résumer de façon aussi triviale,
09:52 c'est toujours la même chose, nous avons toujours
09:55 la même histoire, du temps de Samuel Paty,
09:57 les mêmes questions se posaient, ça s'est produit,
10:00 devant un établissement, nous avons toujours
10:02 ces débats autour de les fichiers S,
10:05 le terrorisme en France, la surveillance de près,
10:08 avons-nous suffisamment de moyens,
10:10 ils ont été contrôlés, ils n'ont pas été expulsés,
10:13 nous avons toujours, dans ce pays,
10:15 cette incapacité à appréhender de façon très pragmatique,
10:18 très forte, ces questions de terrorisme,
10:21 de suspects, d'expulsion, nous n'y arrivons pas,
10:24 et c'est pourquoi, vous verrez que les débats vont monter
10:27 à l'égrandissant et de façon, on va dire,
10:29 assez forte, assez intense, au fur et à mesure
10:32 que les jours vont s'égrener, que nous allons nous rapprocher
10:35 des discussions autour de la future loi immigration.
10:38 -On continue d'en parler dans les informés,
10:41 après le Fil info, puisqu'il est 20h11.
10:43 -La France passe en alerte urgence attentat
10:46 après l'attaque au couteau à Arras,
10:48 et sur fond de crainte d'importation
10:50 du conflit entre Israël et le Hamas,
10:52 une annonce de Matignon après le Conseil de sécurité
10:55 de l'Elysée, autour d'Emmanuel Macron, ce soir.
10:58 L'enquête se poursuit très activement,
11:00 9 personnes sont gardées à vue dans l'assaillant,
11:03 ce sont les mots du procureur du parquet
11:05 national antiterroriste depuis Arras,
11:07 Jean-François Ricard, ouvre une enquête
11:10 après cette attaque au lycée Gambetta,
11:12 un professeur a été tué, 3 autres adultes blessés,
11:15 l'assaillant est effiché S, et son frère aîné
11:18 est incarcéré pour plusieurs affaires de terrorisme.
11:21 15 Français ont été tués en Israël,
11:23 samedi après l'attaque du Hamas, nouveau bilan
11:26 de la guerre, Catherine Colonna sur France 5,
11:28 17 disparus et peut-être, dit-elle, des otages.
11:31 C'est à 20h45 depuis Amsterdam, le coup d'envoi
11:33 de Pays-Bas-France, un match de qualification
11:36 pour l'Euro 2024 de football, et puis Hubert Reeves,
11:39 astrophysicien franco-canadien et grand vulgarisateur scientifique,
11:43 disparu à 91 ans, un spécialiste des étoiles
11:45 mais aussi un grand défenseur de la planète bleue.
11:48 -France Info.
11:49 ...
11:51 -20h, 21h, les informés,
11:54 Jean-François Akili, Bérangère Bond.
11:56 -En compagnie de Franck Daudieu, de Marianne-Alexandra Saviana
12:00 de L'Express, Véronique Reils-Soult,
12:02 de Backbone Consulting et Pierre Decosette de France Info,
12:05 on poursuit le tour de table.
12:07 Avec un oeil sur les réseaux sociaux,
12:09 Véronique Reils-Soult, c'est votre job, à vous,
12:12 chez Backbone Consulting, comment cette attaque
12:15 et cette journée a été perçue sur les réseaux sociaux,
12:19 notamment par les profs, mais pas seulement ?
12:21 -Il y a eu beaucoup d'émotions dont on parlait,
12:24 mais dans un premier temps, il y a eu une espèce de confusion
12:27 et un amalgame avec le sujet israélien.
12:31 C'est-à-dire que les gens ont imaginé que c'était lié
12:34 et que c'était lié au Hamas et que c'était sans doute...
12:37 -C'était le premier réflexe. -C'était le premier réflexe.
12:40 Il y a eu beaucoup de rumeurs qui ont circulé autour de ça.
12:44 On a compris que non, car il y a quelque chose de nouveau
12:47 dans tous ces événements, c'est qu'il y a des images
12:50 qui ont été certainement partagées.
12:52 Il y a eu des vidéos du fameux couteau.
12:54 On a compris que ça n'était pas ça.
12:56 Après, il y a eu beaucoup de mouvements,
12:58 et on y reviendra, autour des enseignants
13:01 et de soutien aux enseignants et de l'héroïsme du personnel
13:04 en particulier. Et puis après,
13:06 comme Franck Dedieu le disait, le Puy-en-Puy se pose des questions
13:10 sur le pourquoi, comment, mais ce qui est à noter,
13:13 c'est qu'hormis les internautes d'extrême droite
13:16 qui sont déjà dans une polémique et un débat
13:18 et qui commencent à pointer des sujets autour de l'immigration,
13:22 c'est plutôt une forme de désespérance et d'inquiétude
13:25 avec les uns et les autres qui essayent de pointer
13:28 ce qui fonctionne bien ou ce qui a bien fonctionné cette fois-ci,
13:31 en particulier les exercices dans les écoles
13:34 qui sont régulièrement faits et qui étaient un peu raillés.
13:37 Les uns et les autres disent que ça a plutôt bien fonctionné.
13:41 -Dans le cas présent, là ? -Oui.
13:43 On apprend aux élèves, je crois que ça s'appelle les PPMS,
13:46 j'ai lu après ça cet après-midi en lisant les messages
13:49 sur les réseaux sociaux,
13:51 qui sont des exercices qu'on fait faire dans les écoles
13:54 pour apprendre aux élèves le comportement à avoir
13:57 en cas d'attaque. C'est assez horrible en soi,
13:59 mais ça a plutôt bien fonctionné.
14:01 On était dans une journée où les uns et les autres
14:04 avaient envie de pointer ce qui fonctionnait bien
14:07 parce qu'on a plein de choses qui ne fonctionnent pas.
14:10 On voit qu'il y avait plutôt une envie de se rassurer
14:13 sur le fait que tout n'est pas si terrible dans la situation.
14:16 -Oui, évidemment, il y a des dérives
14:18 autour des sujets loi immigration,
14:20 et on sent bien que l'émotion, parmi les 400 000 messages
14:23 qu'on a eu sur le sujet, commence à essayer de trouver
14:27 des solutions et des réponses plus compliquées.
14:29 -Quand vous dites 400 000 messages,
14:31 pour avoir un ordre de grandeur...
14:33 -C'est à peu près le même volume que pour Samuel Paty
14:36 il y a trois ans, donc, sur la première journée.
14:39 C'est une réaction très forte, d'autant plus forte
14:42 que l'ambiance était déjà compliquée,
14:44 donc ça a fait surréagir.
14:46 -Vous parliez de voix dissonantes,
14:48 et on en parlera, parce que dans la classe politique,
14:51 en tout cas à droite et à l'extrême droite,
14:53 on a entendu déjà ou lu aujourd'hui plusieurs messages.
14:57 Je termine le tour du table avec vous,
14:59 Alexandra Saviana, de L'Express.
15:01 -Oui, moi, ce qui m'a frappée, c'est la question de la réponse
15:05 qui s'est posée de "qu'aurait-on pu faire ?"
15:07 Très rapidement, quand les rédactions
15:09 ont commencé à enquêter, à se pencher sur le profil du suspect,
15:13 l'un des premiers éléments que Beauvau a mis
15:16 en avant, c'est cette histoire de 13 ans.
15:18 Il était arrivé en France avant 13 ans,
15:20 il ne pouvait pas être expulsé,
15:22 et Beauvau, immédiatement après, a avancé un élément,
15:26 qui est que l'un des éléments du projet de loi immigration,
15:30 c'est justement de limiter, de restreindre ce droit
15:34 qui est cette protection absolue, je cite,
15:37 "contre l'éloignement".
15:39 Donc, on voit que l'exécutif tente de montrer
15:41 qu'il y a toujours des levées actionnables dans la loi.
15:45 La question, c'est quel va être le débat
15:47 autour de cette disposition-là,
15:49 et est-ce qu'elle est applicable ?
15:51 -Cette règle, Pierre de Cossette, en quelques mots,
15:54 des 13 ans, il faut l'expliquer ?
15:56 -Je ne suis pas un spécialiste des questions
15:59 liées à la loi immigration,
16:00 mais de ce que j'en ai compris,
16:02 à partir du moment où on arrive en France
16:05 avant l'âge de 13 ans,
16:07 et qu'on n'est plus expulsable
16:10 comme ça, et il faut effectivement...
16:13 Là, c'était sous le régime de l'asile,
16:15 et refaire des demandes ensuite à la majorité,
16:18 ce qui, pour autant, ne donne pas,
16:21 même si les demandes sont rejetées,
16:23 la possibilité ou le droit immédiat,
16:25 en tout cas, à être expulsé.
16:27 -Franck de Dieu ?
16:28 -Oui. En fait, pour revenir à cette idée,
16:31 ce contraste entre les faits,
16:34 le résultat dramatique,
16:36 et on parlait de levier sur la loi immigration,
16:40 c'est qu'on a l'impression que ces nouvelles lois,
16:43 qui, quand même, témoignent d'une action politique,
16:46 il faut l'admettre, d'une action politique,
16:49 se heurtent et sont comme annulées
16:52 par les lois précédentes.
16:53 Exemple, la notion de protection absolue,
16:57 qui fait que vous pouvez imaginer des lois,
17:00 à partir du moment où elles se cognent,
17:02 peut-être qu'elles s'annulent.
17:04 Je pense qu'il y a un sujet de droit
17:07 à penser de façon très globale dans cette histoire.
17:10 Et puis ensuite, cette idée, finalement,
17:13 que ces lois nationales, elles peuvent paraître
17:16 comme des frêles barrages
17:17 au regard d'un phénomène mondial,
17:20 qui s'appelle le djihadisme,
17:21 qui est diffusé par de multiples canaux,
17:25 et face auquel les États peuvent agir,
17:28 mais avec des limites,
17:29 des limites qui sont liées à la nature même de la diffusion.
17:34 Et ça, c'est vrai que ça doit faire à la fois l'objet de discussion.
17:39 On a largement parlé, Véronique connaît parfaitement ce sujet,
17:42 sur la régulation des réseaux sociaux.
17:44 L'Union européenne a agi,
17:46 mais on se dit finalement, hier, je crois savoir,
17:49 que la DSA, déjà initiative de l'Union européenne,
17:53 a été actionnée pour la première fois
17:56 à l'encontre d'un réseau social qui devrait être sanctionné.
18:00 Je ne sais pas ce que ça va donner,
18:03 parce que c'est plus complexe que ça.
18:05 -Juste en démo.
18:06 -La DSA, c'est une directive que M. Breton a essayée de mettre en place
18:10 et qui est censée pénaliser les plateformes.
18:12 Il y en a un certain nombre de règles.
18:15 C'est très compliqué,
18:17 parce qu'il y avait aussi des bots qui ont été pointés.
18:20 Les plateformes ne les voient pas toujours.
18:22 Ils disent qu'ils ont mis en place des systèmes de prévention
18:25 et d'explication de la réalité sur les fausses informations.
18:29 Mais la notion de terrorisme, ils expliquent,
18:31 est plus compliquée, sauf si les mots sont utilisés.
18:34 Déjà, à aujourd'hui, les messages sont retirés.
18:37 Donc, la DSA a été activée.
18:39 On va voir si ça a un effet,
18:41 mais ce matin, ça n'avait pas eu un effet incroyable.
18:44 -J'ajoute, si vous le permettez,
18:46 ces mots de Gérald Darmanin,
18:48 qui répondait aux questions de TF1, le ministre de l'Intérieur,
18:52 qui ajoute quelques détails au récit
18:55 que nous a donné le procureur Ricard Gérald Darmanin,
18:58 qui dit que le suspect, je le cite,
19:01 "était sous écoute téléphonique.
19:03 "Il y avait une course contre la montre, explique-t-il.
19:06 "Le père était fiché S,
19:07 "le frère était quelqu'un de radical
19:10 "et a été emprisonné pour apologie du terrorisme."
19:12 Déclaration de Gérald Darmanin, Pierre de Cosette.
19:16 Une façon de dire aussi
19:17 que les services n'étaient pas absents.
19:20 Ils étaient sur lui.
19:21 On ne pouvait pas imaginer et prévoir
19:23 ce qu'il allait commettre le lendemain, si je puis dire,
19:27 mais les services étaient actifs sur ce suspect, en fait.
19:31 -Oui, et ce qui est notable, c'est la manière dont,
19:34 très rapidement, les informations
19:36 sont remontées sur le travail des services de renseignement
19:40 au sujet de cet homme, de cet assaillant,
19:43 puisque trois heures après les faits
19:45 ou quatre heures après les faits,
19:47 on apprenait qu'il était surveillé,
19:49 qu'il avait été contrôlé hier,
19:51 mais qu'il n'y avait pas de raison matérielle de l'interpeller.
19:55 Je ne dis pas que c'est une opération parapluie
19:57 et qu'on essaie de se couvrir du côté du gouvernement,
20:00 mais on a vu, par le passé, des cas d'attentats
20:03 dans lesquels les informations
20:05 mettaient beaucoup plus de temps à sortir et à être connues.
20:08 -Le ministre de l'Intérieur parle de course contre la montre,
20:12 il va plus loin que le procureur lui-même, si je ne m'abuse.
20:15 Les éléments qu'on a sur la famille laissent penser
20:18 qu'il y a un historique, mais ce qu'on dit depuis ces dernières heures,
20:22 c'est que certes, il était surveillé,
20:24 mais rien ne permettait...
20:26 La course contre la montre donne l'impression
20:29 qu'il y avait des éléments.
20:30 -Je ne suis pas dans la tête du ministre de l'Intérieur.
20:34 Ce n'est pas forcément le sentiment qu'on a eu à la lumière
20:37 de ce qu'on a pu nous expliquer cet après-midi.
20:40 Ce qui est certain, c'est que depuis quelque temps,
20:43 il y avait une surveillance active par les écoutes,
20:46 vous l'avez dit, des surveillances physiques également.
20:49 Il y avait visiblement quelque chose qui transpirait,
20:52 mais rien de suffisamment fort et de suffisamment concret,
20:55 sans quoi il n'aurait pas eu besoin du contrôle hier.
20:59 Il aurait pu être arrêté un matin à 6h,
21:01 avant-hier ou il y a trois jours.
21:03 Il n'y avait pas d'éléments suffisants
21:05 pour l'interpeller, sans quoi, je pense,
21:08 les services antiterroristes l'auraient fait.
21:10 -On entendra le président de la République,
21:13 qui était sur place à Arras dès le début de l'après-midi.
21:16 Le Fil info, puisqu'il est 20h21. Stéphane Milhomme.
21:19 -La France passe en alerte urgence attentat,
21:22 c'est-à-dire une surveillance accrue des lieux publics
21:25 dans le cadre de Vigipirate.
21:27 La décision, selon Matignon, est prise en réunion de sécurité
21:31 après l'attaque d'Arras et sur fond de conflit au Proche-Orient.
21:34 Vous l'avez suivi sur France Info.
21:36 La courte déclaration du procureur de la République antiterroriste
21:40 depuis Arras, son parquet saisi depuis l'attaque mortelle
21:43 au lycée Léon Gambetta. Jean-François Ricard confirme
21:46 que neuf personnes, dont l'auteur des faits, sont interrogées.
21:50 Un jeune fiché S et ancien élève a tué un professeur de français,
21:54 gravement blessé, trois adultes. Il y a un lien
21:56 entre ce qui se passe au Proche-Orient
21:59 et la décision de Gérald Darmanin.
22:01 Sur TF1, le ministre de l'Intérieur souligne
22:04 que le suspect était sur écoute téléphonique.
22:06 Au Proche-Orient, le bilan passe à 15 Français morts.
22:10 La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna,
22:13 le dit sur France 5. Avec cette précision,
22:16 nous avons aussi 16 disparus et peut-être des otages du Hamas.
22:19 92 500 manifestants dans toute la France
22:22 pour réclamer des hausses de salaires et des pensions.
22:25 200 000 selon la CGT.
22:26 -France Info.
22:27 ...
22:29 -20h, 21h, les informés.
22:32 Jean-François Ackilly, Bérangère Bonte.
22:34 -En compagnie de Véronique Reitzult,
22:36 de Backbone Consulting,
22:38 Alexandra Saviana, de l'Express,
22:40 Franck Dedieu, de Marianne,
22:42 et Pierre Decossette, de France Info,
22:44 du service Police Justice.
22:46 On entendait dans le fil info ces propos de Gérald Darmanin
22:50 sur le lien, semble-t-il,
22:51 entre ce qui s'est passé ce matin à Arras
22:54 et la situation au Proche-Orient.
22:56 Là encore, au risque de me répéter,
22:58 je ne suis pas dans la tête du ministre de l'Intérieur.
23:01 Il va plus loin que ce qu'a dit Jean-François Ricard,
23:04 le procureur national antiterroriste,
23:06 qui s'est gardé d'avancer des pistes et des explications,
23:10 précisant que c'était justement l'intérêt
23:12 et les enjeux de l'enquête.
23:15 Est-ce que c'est une simple déclaration politique de contexte
23:18 ou est-ce qu'il y a des informations précises
23:21 qui ressortent, par exemple,
23:23 des premières heures de garde à vue ?
23:25 Je ne sais pas ce qu'entend Gérald Darmanin
23:27 quand il tient ses propos.
23:29 -On va rappeler qu'il est tchétchène et pas...
23:32 Mais comment vous... Jean-François ?
23:34 -Peut-être que la déclaration de Gérald Darmanin
23:37 à ce sujet, c'est rappeler un contexte,
23:39 comme l'a fait le président de la République.
23:42 Souvenez-vous les mots de l'expert
23:44 du Moyen-Orient du terrorisme Gilles Kepel,
23:47 qui, il y a trois ans, après l'assassinat de Samuel Paty,
23:50 avait frappé les esprits en parlant d'un djihad d'atmosphère,
23:54 c'est-à-dire désormais des individus
23:56 en capacité d'aller commettre des actes de terrorisme
23:59 sans forcément appartenir à un quelconque réseau
24:02 et en étant déclenché, si je puis dire,
24:04 par quelque chose qui pourrait se produire
24:07 au-delà de nos frontières, qui pourrait les inciter
24:10 à passer à l'acte. Peut-être faisait-il allusion
24:13 à ce climat, à cette atmosphère terroriste
24:15 qui est dans l'air, si je puis dire,
24:17 depuis l'attaque du Hamas contre Israël le samedi dernier.
24:21 -La phrase exacte de Gérald Darmanin,
24:23 il y a un lien entre ce qu'il s'est passé sans doute
24:26 dans le Proche-Orient et le passage à l'acte de l'assaillant.
24:30 Commentaire ?
24:31 Sinon, on va écouter peut-être Emmanuel Macron,
24:34 qui, lui, s'est rendu immédiatement,
24:37 dès le début de l'après-midi, à Arras,
24:39 en compagnie des deux ministres, Gérald Darmanin et Gabriel Attal,
24:43 le chef de l'Etat qui a rencontré la communauté
24:46 de ce collège-lycée Gambetta et qui s'est donc exprimé ensuite.
24:49 -J'ai souhaité, avec le ministre de l'Intérieur,
24:53 les Outre-mer et le ministre de l'Education nationale,
24:56 être présent dès cet après-midi à Arras, ici,
24:59 au sein de cet établissement scolaire
25:01 qui a été frappé une fois encore
25:03 par la barbarie du terrorisme islamiste.
25:07 Je suis là pour témoigner du soutien de la nation,
25:10 pour dire que nous faisons bloc et que nous tenons debout.
25:17 Et la plus belle preuve en est donnée
25:19 par le travail qui a été fait par le proviseur.
25:22 Il a décidé de rouvrir demain l'établissement.
25:28 -Jean-François, très vite,
25:30 le président de la République parle de terrorisme islamiste.
25:35 -Oui, d'abord, il se rend très vite à Arras.
25:37 Il est à sa place, le chef de l'Etat.
25:39 C'est un enseignant qui a été assassiné,
25:42 un courageux enseignant qui a sans doute empêché d'autres crimes
25:45 qu'il n'a pas hésité un instant, effectivement,
25:49 à vérifier ce qui s'était produit,
25:51 sans attendre les premières investigations
25:54 ou réponses du parquet national antiterroriste
25:57 qui a été saisi.
25:58 Pourquoi ? Parce que pour lui, il y a une forme d'évidence
26:02 dans ce qui s'est produit.
26:03 Il y a le cri poussé, ce sont les policiers
26:06 qui l'ont révélé à la Ouagbar,
26:08 par l'auteur des coups de couteau,
26:10 qui attaque un enseignant qui tente d'assassiner,
26:13 qui va dans un établissement scolaire,
26:16 trois années après l'assassinat de Samuel Paty.
26:19 Nous sommes dans ce contexte qu'a rappelé Emmanuel Macron.
26:23 Il dit "dans un contexte que nous connaissons tous",
26:26 référence à ce qui se produit actuellement au Moyen-Orient.
26:30 Le chef de l'Etat n'hésite pas à qualifier ce qui s'est produit.
26:34 Il se place à la hauteur de la gravité de ce qui s'est produit
26:38 et il apporte tout son soutien, à la fois aux corps enseignants
26:41 et aux forces de l'ordre, qui sont intervenues rapidement,
26:45 à la nation, car il prend la mesure de la gravité
26:47 de l'événement.
26:49 -Pour poursuivre et pour prolonger ce que vous dites
26:52 et avec les déclarations de Gérald Darmanin
26:55 aux 20h de TF1 qui nous parviennent,
26:57 il explique le ministre de l'Intérieur,
27:00 "Nous avons un drame, l'islamisme radical,
27:02 "nous devons tous le combattre,
27:04 "ce phénomène touche tous les pays occidentaux,
27:07 "tous les pays arabes aussi, il faut beaucoup de fermeté",
27:10 et il dit aussi qu'il ne tremblera pas
27:13 face à tout ça.
27:15 Qu'est-ce qui vous frappe là-dedans,
27:19 Franck Dedieu ?
27:20 -C'est qu'il fait un lien, vous l'avez dit,
27:23 entre Hamas et Haras.
27:25 Quelque part, il y a peut-être un lien factuel
27:29 que nous ignorons à ce stade,
27:31 mais ce que disait Jean-François Eljus,
27:33 il y a un lien d'atmosphère, de climat.
27:36 Et effectivement,
27:37 le Hamas est, je dirais,
27:42 une partie de cette nébuleuse mortifère
27:46 qui s'appelle l'islamisme radical,
27:49 et qui, de degré en degré, se diffuse
27:52 de façon non institutionnelle.
27:54 Donc à partir de là, effectivement,
27:56 le terme de toile, pour dire le web,
27:59 est assez évocatrice,
28:02 d'un certain point de vue.
28:04 Effectivement, vous pouvez faire un lien
28:07 entre deux événements qui sont bien sûr distincts,
28:10 parce qu'il y a le drame palestinien,
28:12 mais aussi qui ont quelque chose à voir
28:15 dans ce contexte, je dirais, d'islam radical.
28:20 -Alexandra Saviena,
28:21 ça vous inspire quel commentaire ?
28:24 Cette façon avec laquelle, encore une fois,
28:27 Gérald Darmanin insiste manifestement
28:29 et cherche à établir un lien
28:30 entre ce qui s'est passé à Haras
28:32 et ce qui se passe entre Israël et le Hamas ?
28:35 -Là encore, on peut se perdre toujours en conjecture,
28:38 et Languètes le dira, évidemment,
28:40 personnellement, quand les premières nouvelles
28:42 sont tombées, j'ai pensé, comme beaucoup
28:44 sur les réseaux sociaux, au fameux jour de colère
28:47 et cet appel du chef du Hamas
28:49 de combattre un peu partout sur la planète
28:52 pour venger le Hamas.
28:54 -Il est possible que le ministre fasse référence à cela ?
28:57 -Il est possible qu'il fasse référence à ça.
29:00 Maintenant, Languètes le dira,
29:02 et il vaut mieux ne pas se perdre en conjecture.
29:04 -Il y a quand même quelque chose
29:06 qui est différent, c'est qu'il y a trois ans,
29:09 il y avait des gens qui se réjouissaient
29:11 sur les réseaux sociaux, mais de cette mort.
29:14 Ce qui n'est pas le cas cet après-midi.
29:16 Il y a énormément de messages,
29:18 beaucoup de messages qui font le lien,
29:20 beaucoup qui lient avec le vendredi noir,
29:22 mais il y a peu de messages qui se réjouissent.
29:25 Il y a une ambiance différente.
29:27 -On évoquera ce choc pour tous les enseignants.
29:29 L'école prise pour cible dans cette attaque au couteau d'Haras.
29:33 On sera avec la secrétaire générale
29:35 du syndicat d'enseignants SCUNSA,
29:37 Alain Moreno, mais on va s'interrompre,
29:39 puisqu'elle est 20h30 pour un point général sur l'info.
29:43 (Générique)
29:45 ---
29:49 Bonsoir, Damien Mestre. -Bonsoir à tous.
29:51 La France est placée en alerte urgence attentat.
29:55 C'est le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
29:58 qui le confirme. C'est le plus haut niveau
30:00 de vigilance du plan Vigipirate.
30:02 Il prévoit la mobilisation de moyens exceptionnels
30:05 pour faire face à de potentielles attaques terroristes.
30:08 Une décision qui fait suite à l'attaque au couteau,
30:10 ce matin, dans un lycée d'Haras,
30:12 qui a coûté la vie à un professeur de français.
30:15 Trois autres ont été blessés.
30:17 Le ministre de l'Intérieur confirme que l'assaillant
30:19 était placé sur écoute téléphonique.
30:22 L'enquête se poursuit de très nombreuses.
30:24 Des investigations sont en cours.
30:26 Le Parquet national antiterroriste.
30:28 Des milliers de personnes ont défilé dans les rues.
30:31 Elles répondaient à l'appel des syndicats
30:33 pour une hausse des salaires.
30:35 La CGT revendique 200 000 personnes partout en France.
30:38 Elles étaient 92 000, selon la police.
30:41 La riposte israélienne se poursuit.
30:43 Dans la bande de Gaza, bilan qui s'aggrave.
30:46 Côté palestinien, près de 1 800 morts.
30:48 Des milliers de civils ont continué de fuir le nord de l'enclave.
30:52 En six Jordanies occupées, des heures ont éclaté.
30:54 11 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes.
30:58 Et puis, coup d'envoi dans une quinzaine de minutes
31:01 du match entre l'équipe de France de football et les Pays-Bas à Amsterdam.
31:05 Match qualificatif pour l'Euro 2024.
31:07 (Générique)
31:09 -France Info.
31:10 -20h, 21h, France Info, les informés.
31:15 Jean-François Ackilly, Bérangère Bonte.
31:17 -Les informés en édition spéciale après l'attaque au couteau d'Aras.
31:21 Avec Franck Dedieu, directeur adjoint de la rédaction de Marianne.
31:25 Alexandra Saviana, journaliste à L'Express.
31:28 Véronique Ressult, présidente de Backbone Consulting.
31:31 Et Yann Tesset, journaliste Police-Justice.
31:33 À France Info, on sera en ligne avec l'enseignante dont on parlait.
31:38 On évoquait aussi la classe politique
31:40 avec cette réaction un peu différente, quand même,
31:45 aussi de ce qu'on a vécu il y a trois ans,
31:47 me semble-t-il, après la mort de Samuel Paty.
31:50 C'est l'effroi qui a saisi tout le monde.
31:52 Une minute de silence a été observée à l'Assemblée.
31:56 Mais quand même, des voix dissonantes,
31:58 à droite et à l'extrême droite, se font entendre.
32:01 Jordan Bardella demande la démission du ministre de l'Intérieur.
32:05 Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France,
32:08 évidemment, s'est rendu sur place au lycée d'Arras.
32:12 Beaucoup plus modéré, Jacques-Philippe Bertrand,
32:14 même s'il semble prendre date.
32:17 -Il y a une phrase qui résonne beaucoup dans ma tête.
32:20 C'est ce que m'a dit l'un des personnels ici.
32:23 Il m'a dit qu'il fallait s'arrêter.
32:25 Il fallait s'arrêter.
32:28 Pour l'instant, c'est le temps de l'émotion.
32:30 Mais demain, ce ne sont pas les déclarations,
32:33 ce n'est pas l'émotion qui réglera le problème.
32:36 Il faut des solutions plus fortes.
32:38 Il faut protéger les Français.
32:39 -Il y a un double message.
32:41 Il faut que ça s'arrête et demain, on dira autre chose.
32:44 -C'est déjà ce soir. -C'est une façon de le dire.
32:47 -D'autres se sont exprimés.
32:49 Quand il dit "demain", c'est tout de suite.
32:51 Il a raison de le souligner.
32:53 Il dit qu'il faut des actes.
32:55 C'est un attentat de plus, de trop.
32:57 Dès demain, enfin, dès maintenant,
33:00 dès à présent, la classe politique,
33:02 l'opposition, va prendre à bras-le-corps
33:05 ce qui s'est produit à Arras
33:08 pour exiger que ça change,
33:10 qu'il y ait des actes concrets,
33:12 parce que l'opinion publique,
33:14 eh bien, aujourd'hui, elle s'interroge plus que cela.
33:17 C'est un constat d'échec de la part des pouvoirs publics,
33:21 qui sont notoirement dans l'incapacité
33:23 de contrôler, de faire face à ce défi
33:26 que constitue le terrorisme,
33:28 puisque nous apprenons à chaque fois
33:30 que les individus ont été dits et bien dits
33:32 autour de cette table,
33:34 il y a même eu une sorte de contrôle
33:36 qui a été effectué hier.
33:38 "Il était sur écoute", nous a dit Gérald Darmanin
33:41 dans le 20h de TF1, et il ne s'est rien produit.
33:44 C'est toujours la même histoire.
33:46 Les années passent,
33:47 et il y a chaque fois une loi qui sort du chapeau
33:50 parce qu'il y a eu un drame national,
33:52 et ensuite, tout le monde s'endort jusqu'au prochain attentat.
33:56 C'est ce que semblent dire en creux
33:58 Xavier Bertrand, Jordane Bardella et tous les autres leaders,
34:02 souvent à la droite de l'échiquier,
34:04 parce qu'au fond, ça répand aussi à une attente
34:07 et une inquiétude de l'opinion publique
34:09 qui se demande pourquoi ces individus restent
34:12 en liberté sur notre sol.
34:13 On est dans l'incapacité, pour certains,
34:16 de les renvoyer chez eux.
34:18 -Vous êtes surpris, vous aussi,
34:20 par la rapidité avec laquelle ce débat surgit,
34:24 toutes ces nuances, pour ne pas dire critiques,
34:27 déjà, là où elles étaient apparues beaucoup plus tard,
34:30 il y a trois ans, au moment de l'assassinat de Samuel Paty.
34:34 Véronique Ressaud ?
34:35 -Oui, après, il y a une grande différence.
34:38 Au moment de l'assassinat de Samuel Paty,
34:40 est sortie très rapidement la raison
34:43 pour laquelle il y avait eu ce meurtre.
34:45 Là, on ne sait pas.
34:46 Donc, on sait comment ça s'est passé.
34:49 On a des images.
34:50 On y reviendra à la réalité de Dominique Bernard,
34:53 qui a eu un comportement héroïque,
34:55 mais on ne sait pas pourquoi.
34:57 Il n'y a pas eu une explication spécifique,
34:59 il n'y avait pas des cours spécifiques.
35:02 Donc, forcément, la notion d'attentat
35:04 ressort encore plus fortement.
35:06 Après, là où on peut s'étonner,
35:08 c'est que les propos tenus par la droite
35:10 et l'extrême droite, la dernière fois,
35:13 étaient restés sur le côté, et là, elles remontent très vite.
35:17 Quand on fait une cartographie des messages,
35:19 on voit que ça commence à s'entremêler
35:21 et que ça ne reste pas dans une sphère d'extrême droite.
35:25 Ça commence à pénétrer d'autres endroits.
35:27 - J'allais dire, au contraire, Franck de Dieu,
35:30 qu'à gauche, il y avait une espèce d'unanimité,
35:33 de discours très apaisés,
35:35 contrairement à ce qu'on a connu ces derniers jours,
35:38 précisément, avec la situation au Quoche.
35:41 - Là, il y a eu un message de Ruffin,
35:44 du député Ruffin,
35:45 qui ne laisse pas la place aux doutes.
35:48 Il a été extrêmement fort pour dénoncer cet acte.
35:53 Effectivement, on a l'impression,
35:56 par rapport à il y a quelques années,
35:59 que le temps des bougies,
36:01 le temps du "minute de silence",
36:04 le temps du "vous n'aurez pas ma haine",
36:06 cette...
36:09 Cette atmosphère-là, c'est terminé.
36:12 - Parce que c'est inefficace.
36:14 - Parce que c'est inefficace. - Mais c'est nécessaire.
36:17 - Je crois qu'il y a une certaine unanimité
36:20 dans l'opinion publique pour dire...
36:22 Par exemple, on a parlé symboliquement
36:25 de réouverture de l'établissement.
36:27 Il y aura un moment de recueillement,
36:29 mais on a d'abord parlé de ça.
36:31 On n'a pas parlé de bougies, etc.
36:33 Donc, on est vraiment... L'opinion publique a...
36:37 a changé dans sa capacité à nommer les choses
36:40 et à nommer le mal.
36:42 - Bérengère Bond, vous évoquiez les réactions politiques,
36:45 et vous avez raison, et cela dépasse même
36:47 cette sphère politique, parce qu'au fond,
36:50 ce combat-là, aujourd'hui, contre l'islam radical,
36:53 c'est la République laïque, c'est un pays de liberté
36:56 qui essaie, ici comme ailleurs, ça vaut pour d'autres pays,
36:59 de combattre une forme d'obscurantisme.
37:02 C'est ça, l'idée, aujourd'hui,
37:04 c'est que ça dépasse les clivages politiques.
37:06 Il y a ces postures à droite qui consistent à dire
37:09 plus de sécurité, plus de contrôle,
37:11 faciliter l'expulsion des OQTF, etc.
37:14 Mais cela dépasse cet aspect très technique,
37:18 très légal des choses.
37:20 C'est un combat culturel de nos valeurs
37:23 contre celles et ceux qui essaient, en l'occurrence,
37:26 ceux qui essaient de les combattre chez nous,
37:29 qui essaient de faire chavirer cette République,
37:33 cette envie de liberté que nous portons tous,
37:36 et c'est un combat qui dépasse les clivages politiques.
37:40 -Vous avez quel regard sur ce débat
37:42 qui a déjà démarré ?
37:43 -Je suis d'accord avec tout ce qui a été dit.
37:46 C'est un anniversaire, ça intervient 3 ans,
37:48 quasiment jour pour jour, après la mort de Samuel Paty.
37:52 On a forcément un sentiment d'inefficacité,
37:54 un sentiment de déjà-vu qui arrive.
37:56 Forcément, le temps des bougies
37:58 est totalement oblitéré par cette donnée-là.
38:01 En plus, il y a tout ce qui s'est passé pendant ces 3 années
38:05 avec le pas de vague, le fameux pas de vague des enseignants,
38:08 les sondages qui sortent,
38:10 qui montrent que les enseignants se sentent isolés,
38:13 que certains ont la boule au ventre
38:15 quand ils vont enseigner un sujet à l'école.
38:18 Quand un drame comme ça se produit,
38:20 on a l'impression que rien n'avance.
38:22 -Dans un instant, on sera en ligne avec Elisabeth-Alain Moreno,
38:26 on sera aussi au ministère de l'Education nationale,
38:29 puisque Gabriel Attal reçoit les syndicats d'enseignants.
38:32 -Ca va très vite. Il faut être réactif.
38:35 Le procureur antiterroriste s'exprime tout de suite.
38:37 Vous aviez le président de la République
38:40 sur le terrain. Vous avez désormais Gabriel Attal,
38:43 qui réunit tout le monde dès le soir,
38:45 parce qu'il faut montrer,
38:47 que l'Etat veut montrer, en tous les cas,
38:49 le gouvernement qu'il agit, parce qu'il y a une attente
38:52 très forte de l'opinion publique.
38:54 -Notamment parce que des commémorations
38:56 sont prévues lundi. -Lundi.
38:58 -Les enseignants, et on en parlera avec Elisabeth-Alain Moreno,
39:02 sont prévues, et certains enseignants
39:04 doivent se sentir un peu démunis.
39:06 C'est le moins qu'on puisse dire.
39:08 20h40, le Fil info, Stéphane Milhomme.
39:11 -Il y a un lien entre l'attaque au couteau à Arras
39:14 et la situation au Proche-Orient.
39:16 Gérald Darmalin le déclare aux 20h de TF1.
39:19 La France passe en urgence un attentat,
39:21 c'est-à-dire un renforcement, entre autres,
39:24 du plan Végipérate et surveillance des lieux publics.
39:27 Cet attentat a fait un mort.
39:29 Dominique Bernard, professeur de français et père de 3 filles,
39:33 est un adulte blessé. L'assaillant, un jeune de 20 ans, est fiché.
39:37 8 autres personnes, principalement de sa famille,
39:40 sont en garde à vue. La chef du Quai d'Orsay,
39:42 Catherine Colonna, le dit. Sur France 5, 15 Français sont morts
39:46 dans l'attaque du Hamas en Israël.
39:48 16 personnes portées disparues, dont une partie est peut-être
39:52 en otage du groupe islamiste palestinien.
39:54 L'armée israélienne prépare son opération terrestre
39:57 dans la bande de Gaza. Des milliers de Palestiniens
40:01 sont en danger de mort. Une mobilisation loin des records
40:04 en France. Avant la conférence sociale,
40:06 et 6 mois après la réforme des retraites,
40:09 ils étaient 92 500 à défiler, selon le ministère de l'Intérieur,
40:12 200 000 selon la CGT, à Paris, Marseille, Toulouse,
40:16 plus de 200 communes françaises.
40:18 -France Info.
40:19 -20h, 21h, les informés.
40:21 Jean-François Ackilly, Bérangère Bond.
40:23 -En compagnie, ce soir, de Pierre Decossette,
40:26 de France Info, Franck Dieu, Dieu de Marianne,
40:29 Saviana de L'Express et Véronique Ressoul
40:32 de Backbone Consulting. On prend la direction
40:35 du ministère de l'Education nationale pour rejoindre
40:38 Agathe Mahué, qui est pour France Info,
40:41 pour cette rencontre entre le ministre.
40:43 Et les syndicats d'enseignants, Agathe,
40:46 est-ce qu'on a des informations sur le débat tel qu'il se déroule ?
40:50 -Il vient, en fait, de commencer seulement,
40:53 puisque ce rendez-vous a été retardé à cause de la réunion
40:56 de la sécurité organisée par Emmanuel Macron à l'Elysée
40:59 et à laquelle participait Gabriel Attal.
41:02 Le ministre de l'Education est arrivé il y a seulement
41:05 une dizaine de minutes sur rue de Grenelle,
41:08 dans la cour du ministère, qui est ce soir
41:11 spécialement éclairée en bleu-blanc-rouge,
41:13 en hommage. Les représentants des enseignants
41:16 ont beaucoup de choses à lui dire.
41:18 D'abord, que le choc est très important
41:21 pour la communauté éducative et qu'une parole forte est nécessaire.
41:25 On le voit devant leurs élèves lundi prochain pour beaucoup,
41:28 mais pour certains dès demain, samedi.
41:31 Une des syndicalistes me disait qu'elle avait un devoir
41:34 avec sa classe demain matin et qu'elle s'interrogeait
41:37 sur ce qui s'est passé.
41:39 Ca fera partie des débats lors de cet échange avec le ministre.
41:43 Plusieurs représentants militent pour une demi-journée
41:46 lundi matin réservée à un genre de concertation entre adultes,
41:50 professeurs et encadrants. Les profs ont besoin de se dire
41:53 qu'il faut trouver la bonne façon de répondre différemment
41:57 aux questions des élèves.
41:59 Pas sûr non plus qu'il soit possible de faire court
42:02 l'après-midi face aux élèves.
42:04 L'assassinat de cet enseignant occupera les esprits.
42:07 Les syndicats demandent des éléments de l'aide
42:10 sur la bonne façon de faire.
42:12 Il faut réfléchir à l'hommage à rendre à ce professeur,
42:15 sans oublier un autre point capital,
42:18 mieux sécuriser les établissements scolaires.
42:21 Comment ? Toutes les questions urgentes et les sujets
42:24 sur la table entre Gabriel Attal et les syndicats
42:27 pour cette réunion qui vient de débuter.
42:29 -Merci, Agathe Mabé,
42:31 en direct du ministère de l'Education nationale.
42:34 Bonsoir, Elisabeth Allard-Moreno. -Bonsoir.
42:36 -Secrétaire générale du syndicat d'enseignants S.E. Unsa.
42:40 Merci de nous accorder quelques minutes ce soir,
42:43 après cette journée qui est un choc, évidemment,
42:47 pour vous et pour toute la communauté enseignante.
42:50 Le sentiment, votre sentiment qui domine ce soir ?
42:53 -Le sentiment, c'est toujours le choc,
42:57 parce qu'on ne se rendait pas de ce type de drame,
43:00 qui, en plus, s'est renouvelé, puisque,
43:03 comme vous l'avez dit tout au long de l'émission,
43:05 on est à quelques jours de commémorer
43:08 l'assassinat terrible de notre collègue Samuel Paty,
43:12 et on avait tous eu envie de croire, ces derniers temps,
43:15 que c'était un drame qui ne se reproduirait pas.
43:18 Il y a un travail qui a quand même été fait pendant 3 ans,
43:21 et là, on est obligés de reconnaître
43:25 qu'on n'en était pas à l'abri, que ce n'est pas un événement d'hier,
43:28 mais qu'il y a encore d'actualités, malheureusement, aujourd'hui,
43:32 et peut-être encore demain, et puis choqués aussi
43:35 par le lieu où ça s'est produit,
43:38 parce que c'était un établissement relativement calme,
43:43 il n'y avait pas spécialement de précédent,
43:45 et encore moins avec cet élève,
43:47 dont les enseignants ne se souvenaient pas
43:49 une telle haine envers l'institution
43:51 et les valeurs de la République, donc oui, encore sous le choc,
43:54 mais par contre, il va falloir maintenant
43:58 que les cellules d'écoute psychologiques
44:00 soient les plus présentes possible
44:02 et les plus denses possible pour les personnels et les élèves,
44:05 parce que la priorité, c'est de pouvoir recueillir
44:09 les paroles, les angoisses, les craintes de chacun,
44:14 de pouvoir essayer de délier rapidement la parole,
44:18 parce que les choses qui ne sont pas dites de suite
44:20 ne sont pas forcément ensuite évidentes,
44:22 donc ça va nécessiter aussi de mobiliser
44:23 tous les personnels compétents sur le sujet,
44:26 mais au-delà de ça, l'école doit rester debout.
44:30 L'école, pour ce qu'elle représente,
44:33 et au niveau des valeurs de la République, je le disais,
44:36 mais aussi ce qu'elle représente pour chaque élève
44:38 qui s'y rend tous les jours,
44:39 et pour chaque professionnel dont c'est le lieu de travail,
44:41 l'école doit rester debout
44:43 et notre République doit rester unie
44:45 face à ce type d'attaques terroristes.
44:48 -Elisabeth Alain-Moreno, à part la prévention, la pédagogie,
44:53 que faire ?
44:54 -Au-delà de la prévention et de la pédagogie,
44:57 qui déjà nécessite quand même un nombre de personnels,
45:00 comme je le disais,
45:02 on est quand même en difficulté aujourd'hui
45:04 avec des équipes de vie scolaire,
45:07 de psychologues de l'Education nationale,
45:09 des professionnels de santé,
45:11 dont on manque dramatiquement,
45:14 et qui ont un rôle majeur, justement,
45:17 pour pouvoir accompagner les élèves dans leur difficulté,
45:20 dans leur rupture avec le système scolaire,
45:22 accompagner le lien avec l'école et les familles.
45:26 Donc la prévention et le rôle de ces professionnels-là,
45:30 il n'est vraiment pas mineur, il n'est vraiment pas léger.
45:34 Au-delà de ça, évidemment, ça pose la question
45:36 de la sécurité de l'école et de l'établissement,
45:39 puisque c'est la question que tout le monde a dans la tête,
45:41 c'est comment est-ce qu'on aurait pu faire
45:43 pour davantage sécuriser le lieu
45:46 et que cet élève ne s'introduise pas ?
45:48 Mais là encore, le nombre d'écoles et d'établissements,
45:51 c'est qu'il est impossible de sécuriser la totalité
45:54 d'écoles et d'établissements par la présence d'agents de sécurité,
45:58 et que, comme je l'ai dit, c'était un établissement
46:01 qui ne laissait rien présager d'une telle scène d'horreur.
46:07 -Alexandra Saviena, on ne peut pas imaginer
46:10 de mettre un policier devant chaque école,
46:12 ce n'est juste pas imaginable.
46:14 -Oui, c'est bien le problème.
46:16 Et ce qui est souligné là, c'est le cœur du sujet,
46:19 c'est comment faire pour prévoir dans un établissement
46:22 où rien ne laisse présager un tel drame ?
46:24 Comment faire quand on est face à un élève
46:26 qui manifestement n'a pas posé de problème en cours,
46:29 était bien inséré, relativement bien inséré,
46:31 dans la mesure où, par exemple, il participait au club de boxe d'Arras.
46:34 Donc, à ce stade, on pourrait envisager
46:38 mettre un policier devant chaque établissement,
46:39 mais est-ce que vraiment, ce policier serait infaillible ?
46:44 Je ne pense pas, donc la question se pose.
46:46 -Alors, on va écouter Elisabeth Alamoreno.
46:48 Je vous demanderai ensuite votre réaction.
46:52 Un des élèves de cet établissement qui a eu,
46:55 comme professeur en classe, il y a quelques années,
46:58 l'enseignant tué ce matin. On l'écoute.
47:01 -J'ai eu un quatrième, donc il y a 2-3 ans.
47:04 En fait, il était très sympa.
47:05 Même moi, qui n'aimais pas forcément le français,
47:08 j'ai bien aimé apprendre avec lui.
47:10 -Il était comment ? -Il était sympa,
47:12 il s'énervait pas facilement. Il nous aidait, tout simplement.
47:14 Il était là pour nous apprendre des choses.
47:17 Il était pas là juste pour dire d'être là.
47:20 Les profs sont là pour nous aider,
47:22 et on les remercie comme ça.
47:24 -Elisabeth Alamoreno, qu'allez-vous faire lundi
47:27 avec des élèves comme ceux-là, qui sont désarçonnés ?
47:31 Qu'est-ce que vous allez leur dire ?
47:33 -Déjà, on va attendre de voir ce que le ministre nous dit,
47:36 de ce qu'il envisage pour la reprise des cours lundi,
47:41 puisque c'est l'objet de la réunion de ce soir,
47:43 justement, avec mes collègues de l'Unicef,
47:46 éducation, qui y participent.
47:48 Donc on va voir ce qui est discuté, ce qui est décidé,
47:51 parce que c'est toujours difficile de savoir
47:54 comment est-ce qu'on aménage ce temps-là,
47:57 qui nécessitera d'abord un temps de recueillement,
48:00 c'est évident, et ensuite,
48:03 un temps d'accueil qui n'est pas le même que d'habitude.
48:05 Il va falloir qu'au-delà de la cellule d'écoute
48:07 qui a été mise en place sur Arras
48:09 de façon très importante,
48:12 il va falloir qu'il y ait de toute façon un espace d'écoute,
48:16 un espace de parole sur l'ensemble des écoles
48:18 et des établissements de la France,
48:20 puisque ça a heurté bien au-delà des frontières
48:23 de notre Académie de Lille.
48:25 Donc ce que l'on va essayer d'obtenir,
48:28 c'est les meilleures conditions possibles
48:30 dans l'organisation du temps
48:32 pour qu'on puisse avoir ces échanges avec les élèves,
48:36 parce que le témoignage de cet élève-là,
48:38 c'est aussi la parole de beaucoup d'élèves
48:42 qui sont reconnaissants,
48:44 qui sont attachés à leur enseignant
48:47 et qui sont autant meurtris
48:48 quand ils voient qu'on peut,
48:51 comme ça aussi, facilement attaquer quelqu'un,
48:55 mettre fin à sa vie alors que c'était son lieu de travail.
48:57 Pour les élèves, c'est leur lieu d'apprentissage,
49:00 donc il est inadmissible, inconcevable
49:02 qu'on puisse se retrouver sur de telles situations
49:05 comme aujourd'hui.
49:06 -Elisabeth Anna Moreno,
49:07 est-ce que tous les enseignants autour de vous,
49:10 vos collègues,
49:11 sont en capacité de trouver les mots
49:15 ou vous craignez que certains ne soient pas en mesure,
49:19 soient trop émus pour gérer cette situation-là eux-mêmes ?
49:22 -Je pense que les enseignants,
49:26 parce que justement, on a malheureusement
49:29 et dramatiquement vécu ce qu'il s'est passé
49:32 avec l'assassinat de Samuel Paty,
49:34 ont fait un travail aussi depuis trois ans
49:36 avec souvent les moyens qu'ils avaient,
49:39 parce qu'on a encore tout un travail
49:41 pour avoir une meilleure formation
49:44 et un meilleur accompagnement de notre profession
49:46 sur ces questions-là,
49:47 et en particulier les atteintes à la laïcité.
49:49 Tous les sondages le montrent.
49:50 C'est des craintes de la part des professionnels
49:55 pour justement traiter certains sujets,
49:57 et c'est pas pourtant l'envie qu'ils manquent
49:59 de mettre en avant les valeurs qu'ils font de notre République.
50:03 Et ce besoin de formation,
50:05 ce besoin de mieux comprendre et de mieux connaître,
50:08 mais il y a chez tous les enseignants
50:11 ce besoin aussi d'échanger avec leurs élèves,
50:13 et de toute façon, c'est en ça que je disais
50:16 qu'on avait besoin de personnels supplémentaires.
50:18 Un accompagnement doit toujours être présent
50:20 pour un enseignant qui ne se sentirait pas
50:24 ou qui penserait nécessiter d'être peut-être à deux
50:27 pour faire cette discussion.
50:28 Il faut que ces moyens-là soient présents.
50:30 Mais la majorité des collègues avec qui j'ai parlé aujourd'hui
50:34 avaient besoin, une fois le choc passé,
50:37 d'avoir ces échanges avec ses élèves.
50:38 Et je pense que la parole du jeune qui s'est exprimé
50:42 le montre aussi justement cette importance d'échanger
50:45 entre enseignants et élèves.
50:46 Elisabeth Alain Moreno, vous restez avec nous encore un instant.
50:50 On va s'interrompre pour le Fil-Info,
50:51 puisqu'il est 20h51, Stéphane Milam.
50:53 La France passe en alerte urgence attentat,
50:57 c'est-à-dire entre autres une surveillance accrue
50:58 des lieux publics dans le cadre de Vigipirate,
51:01 décision prise en réunion de sécurité à l'Elysée.
51:04 Il y a un lien, malheureusement,
51:06 entre ce qui s'est passé sans doute dans le Proche-Orient
51:08 et le passage à l'acte à Arras,
51:10 selon Gérald Darmanin ce soir sur TF1.
51:13 Alors, le procureur de la République antiterroriste
51:15 assure, lui, que l'enquête se poursuit très activement.
51:17 Dans une courte déclaration, Jean-François Ricard confirme
51:20 que neuf personnes, dont l'assaillant,
51:22 un jeune fiché S, sont en garde à vue ce matin
51:24 au lycée Gambetta d'Arras.
51:26 Il a tué un professeur de français à coup de couteau
51:29 et blessé trois autres adultes.
51:30 Leur intervention a évité un drame encore plus terrible.
51:33 Au Proche-Orient, le Premier ministre Benjamin Netanyahou
51:36 l'assure à l'instant, ce n'est que le début
51:38 de l'offensive israélienne sur Gaza.
51:40 L'attaque du Hamas ne justifie pas que ce secteur palestinien
51:44 soit détruit, selon le comité international de la Croix-Rouge.
51:47 À Amsterdam, le démarrage d'il y a cinq minutes
51:50 de ce match de qualification à l'Euro 2024 de football.
51:53 C'est donc Pays de bas, France.
51:55 Et ce soir, une victoire des Bleus égale qualification.
51:58 (Générique)
52:00 -France Info.
52:01 (Générique)
52:02 -20h21, les informés.
52:05 Jean-François Ackilly, Bérangère-Bonde.
52:07 -En compagnie de Franck Degueux, de Marianne-Alexandra Serviana,
52:10 de L'Express, Véronique Ressoult, de Backbone Consulting
52:13 et Pierre Decosette de France Info.
52:16 Une question encore de Jean-François Ackilly.
52:18 -Oui, Isabelle Talamoreno, rapidement.
52:20 Est-ce qu'il faudra, ce n'est pas pour demain matin,
52:23 mais à terme, ce qui relève de l'enseignement
52:25 de l'instruction civile et morale dans nos écoles ?
52:28 -Le repenser, pas forcément,
52:32 puisque c'est un programme qui est, aujourd'hui,
52:36 qui est apprécié à la fois par les élèves et les enseignants.
52:40 Donc je pense qu'il faut se poser les bonnes questions.
52:43 Le problème, pas celui du programme,
52:44 mais bien celui de comment est-ce que le lien
52:47 entre les familles et l'école peut réussir
52:50 pour que ce programme et ce contenu
52:52 soient bien appréhendés de part et d'autre ?
52:56 En tout cas, ce n'est pas une demande de la part
52:59 des enseignants qui sont attachés,
53:00 parce qu'ils savent ce qu'il y a comme valeur
53:03 qui est portée par ce programme-là.
53:06 -Merci beaucoup,
53:07 Isabelle Talamoreno.
53:08 Merci d'avoir été en ligne avec nous ce soir sur France Info.
53:12 Franck Dudieu,
53:14 quelle réflexion ça vous inspire,
53:18 ce désarroi et cette envie de changer les choses ?
53:22 -Oui, ce désarroi,
53:24 et c'est vrai qu'au choc dont parlait Elisabeth Talamoreno,
53:28 peut succéder le désarroi et aussi la peur.
53:32 Il faut se mettre une minute, une seconde
53:34 à la place des professeurs
53:37 qui ont quand même pour vocation de transmettre,
53:40 d'éclairer les citoyens,
53:42 et qui se retrouvent aujourd'hui avec la peur au ventre
53:45 pour aller au travail.
53:47 C'est absolument inadmissible.
53:48 Nous avons interviewé Yanis Roder,
53:53 qui est membre du Conseil des sages de la laïcité
53:56 dans le site de Marianne aujourd'hui.
53:58 Il faisait y développer une idée intéressante,
54:00 c'est-à-dire par rapport à une sorte de potentiel de psychose.
54:04 La différence avec Samuel Paty,
54:07 c'est que Samuel Paty, c'était une cible,
54:10 un attentat qui était ciblé.
54:12 On est passé d'un attentat ciblé
54:15 à quelque chose d'indistinct.
54:16 -C'est pas encore, pour le coup. -Comme si le hasard...
54:20 C'est un ancien élève de l'établissement.
54:22 Si vous voulez, il n'y avait pas ce même processus-là.
54:27 Et donc, quelque part, l'idée de se dire
54:29 que cette peur se diffuse
54:32 à l'ensemble du corps enseignant peut exister.
54:35 De la même manière qu'en 2015, on est passé d'attentats
54:38 qui étaient très ciblés,
54:39 par exemple les journalistes de Charlie Hebdo,
54:42 à des frappes aveugles, indistinctes,
54:44 au hasard, au bataclan.
54:47 Et donc, quelque part, ce processus
54:50 du particulier au général
54:54 crée une ambiance de peur
54:56 qui est inadmissible.
55:00 Il faut se mettre tout de même à la place du corps enseignant
55:04 aujourd'hui et être au diapason de leur état d'esprit.
55:10 -C'est ce qu'on essayait de faire à l'instant.
55:14 Pierre de Cosette, quelques mots pour reprendre
55:17 toutes les informations dont on dispose ce soir
55:19 sur ce qui s'est passé à Arras et sur le profil de l'assaillant.
55:22 -Pour rebondir sur ce qui a été dit,
55:24 l'enquête, la garde à vue ne fait que commencer,
55:27 elle peut durer 96 heures.
55:29 On a cette particularité par rapport à l'affaire Pati,
55:31 c'est qu'on a un suspect qui est vivant,
55:34 qui va pouvoir être interrogé.
55:36 Donc, si rien à ce stade dans le film,
55:38 notamment des événements tels que le procureur antiterroriste
55:42 les a décrits, c'est-à-dire un ancien élève
55:44 qui s'en prend à deux professeurs avant d'entrer dans l'établissement,
55:48 s'en prend à d'autres personnes,
55:50 rien ne montre qu'il ciblait une personne en particulier,
55:53 contrairement à Pati.
55:54 -Il a demandé à quelqu'un s'il était prof d'histoire.
55:57 -Il ne lui a pas demandé à proprement parler
56:00 dans le témoignage de ce professeur de philosophie.
56:02 Il lui dit "tu es prof d'histoire, tu es prof d'histoire".
56:06 C'était un témoignage que les enquêteurs vont forcément étudier
56:09 pour savoir s'il y a un rapport avec l'affaire Pati,
56:12 s'il y cherchait un prof d'histoire en particulier.
56:15 Mais pas le professeur de philosophie sur lequel il est tombé,
56:19 qu'il ne connaissait pas.
56:20 -Vous parliez de la conférence de presse
56:22 du procureur antiterroriste.
56:24 Gérald Darmanin s'est exprimé ce soir
56:26 aux 20h de TF1, le ministre de l'Intérieur.
56:29 -Il était depuis quelques jours sous écoute téléphonique,
56:32 mais les conversations qu'il a eues,
56:34 il a été consulté avec le DGSI,
56:36 il ne prévoyait aucun attentat.
56:38 Géolocalisé, on le suivait,
56:40 cependant, on se doutait de quelque chose.
56:43 Hier, la DGSI, la police nationale, a interpellé cette personne
56:46 pour vérifier s'il n'avait pas d'arme sur lui
56:49 et pour faire des techniques de renseignement plus intrusives,
56:52 c'est-à-dire regarder son téléphone et les messages récryptés.
56:56 Il y avait une course contre la montre,
56:58 mais aucune menace, aucune arme, aucune indication.
57:01 Il a fait notre travail sérieusement à la DGSI.
57:04 -Gérald Darmanin sur TF1, ce soir,
57:06 ça fera partie de l'enquête et du débat des prochains jours.
57:09 -Le ministre de l'Intérieur a même dit
57:12 qu'il y a une atmosphère extrêmement négative,
57:14 il n'y a pas de menace caractérisée,
57:17 mais une atmosphère négative, notamment du fait de l'appel.
57:20 Il est temps de conclure, Bérangère,
57:23 avec les "une" des journaux respectifs.
57:25 Je commence par vous, Alexandra Saviana,
57:28 la "une" de L'Express.
57:29 -C'est Israël dans le piège terroriste du Hamas.
57:32 L'Express analyse les conséquences du piège funeste lancé par le Hamas
57:36 et ses effets aussi en France.
57:38 -La "une" de l'Express, donc de Marianne avec vous.
57:41 -Après l'horreur, ces questions que personne n'ose poser,
57:44 on n'ose les poser sans tabou.
57:46 -Ca fait référence, évidemment... -Bien sûr.
57:48 -Aux situations en Israël et à l'attaque du Hamas.
57:51 Merci à tous les 4, à Pierre de Cossette, à Véronique Ressoult.
57:55 Les informés sont là le week-end aussi.
57:57 Avec le directeur Victor Maté, on se retrouve lundi.
58:00 Bonne soirée.
58:01 ♪ ♪ ♪
58:03 - Sous-titrage Société Radio-Canada.

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