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  • 06/10/2023
Avec Avi Bitton, avocat en droit du travail pour cadres et droit pénal et Paul Midy, député Renaissance de la cinquième circonscription de l'Essonne

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##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2023-10-06##

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Transcription
00:00 - Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:04 - Il est 9h33, alors, alors, entrons dans le monde du numérique,
00:08 alors le numérique, bon, les réseaux sociaux,
00:12 les réseaux sociaux qui vont rester un monde un peu opaque. Si je dis ça, évidemment, je vais faire réagir l'un de mes
00:20 deux invités qui est Avi Bitton, qui est avocat en droit du travail pour cadre et droit pénal, bonjour,
00:25 merci d'être avec nous, et avec nous aussi Paul Midi qui est député Renaissance, 5e circonscription de l'Essonne,
00:31 bonjour. - Bonjour, merci pour l'invitation. - Merci d'être avec nous. Alors, Assemblée Nationale,
00:36 vous avez porté un texte,
00:39 vous avez réussi à faire adopter la généralisation de l'accès de tous les français à l'identité numérique pour 2027, c'est bien cela ?
00:48 - Exactement, et gratuite évidemment. - Et gratuite, donc chacun aura une identité numérique, vous allez nous expliquer comment,
00:55 mais,
00:56 parallèlement, vous n'avez pas
00:58 réussi, mais alors vraiment, ça a été un échec à
01:01 lever l'anonymat
01:03 sur les réseaux sociaux. - Alors, c'est un combat qu'on a porté avec près de 200 députés de la majorité. - Oui.
01:09 - Donc c'est un travail qui est collectif, qu'est-ce qu'on veut faire ? On veut lutter contre le sentiment d'anonymat sur les réseaux sociaux
01:15 qui génère un sentiment d'impunité et qui fait que pour beaucoup, il n'y a plus de limites,
01:20 et donc le niveau de violence qu'on voit sur les réseaux sociaux,
01:23 il est beaucoup plus élevé que dans la vie réelle.
01:25 Regardez le niveau de cyberharcèlement. On a dans notre pays maintenant un jeune qui se suicide tous les 15 jours après cyberharcèlement ou harcèlement scolaire.
01:33 Le niveau de racisme, de misogynie, de sexisme, de LGBT-phobie, d'antisémitisme, d'islamophobie,
01:39 il y en a à tous les étages. Et donc nous on pense qu'on n'est pas devenu fou,
01:43 mais par contre, on s'est mis dans un système, celui des réseaux sociaux,
01:47 collectivement, où il y a ce sentiment d'anonymat qui crée ce sentiment d'impunité qui est l'origine de la violence. - Oui, ce sentiment qui est une réalité.
01:53 L'anonymat, c'est une réalité. - En fait, techniquement... - On peut se cacher derrière un pseudo, on peut se cacher derrière...
01:59 même si on peut souvent retrouver...
02:01 bon, mais quand même ! - Alors, en fait, la réalité, c'est du 50/50.
02:05 Techniquement, on retrouve à peu près 50% des Français facilement. - 50% seulement. - Et 50%, on ne les retrouve pas ou très difficilement.
02:12 - Et ben voilà. - Mais ce qui est important, c'est le sentiment d'anonymat. - Oui, bon. Mais vous n'avez pas réussi.
02:17 Vous n'avez pas réussi à lever cet anonymat. - Non, pas encore.
02:21 - Non, non, pas encore. Et pourquoi vous n'avez pas réussi ? Vous n'êtes pas allé jusqu'au bout ? Vous aviez peur d'être mis en minorité ou quoi ?
02:28 - Non, en fait, qu'est-ce qui s'est passé ?
02:30 C'était hier soir qu'on présentait ces amendements à l'Assemblée nationale. On est arrivé à une situation où on était
02:35 majoritaire, largement, pour les faire passer. - Majoritaire, mais majoritaire dans votre groupe ou majoritaire dans l'Assemblée ?
02:40 - Majoritaire dans l'Assemblée. Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
02:42 Vous savez, ce sujet, on le discute au sein d'un grand texte de loi, la loi numérique,
02:47 pour travailler sur le cyberharcèlement, pour mettre en place le filtre anti-arnaque, pour protéger nos enfants contre l'accès à la pornographie.
02:54 Et
02:56 beaucoup de groupes d'opposition nous ont dit "attention, si vous votez cette levée de l'anonymat,
03:00 peut-être qu'on ne votera pas le texte".
03:03 Et donc, on a pris... - Attendez, je ne comprends pas. Vous étiez majoritaire sur cette levée de l'anonymat et
03:10 majoritaire, ça veut dire que
03:12 vous aviez la majorité pour faire voter le texte en son ensemble ?
03:17 - Non, vous savez, on vote sujet par sujet. - Oui, je sais. - Et ensuite, on vote le texte en ensemble.
03:22 Sur ce sujet, nous avions la majorité. Sur la levée de l'anonymat, nous avions la majorité. Par contre,
03:28 on prenait un risque sur le vote global du texte, et c'est ce que nous ont dit les oppositions. Et donc, nous, en
03:34 responsabilité, collectivement, on n'a pas voulu prendre ce risque parce que ce texte, il est très important pour
03:40 protéger nos concitoyens. Il y a le filtre anti-Armac, il y a la lutte contre le cyber-harcèlement... - Mais vous ne prenez pas de risque sur la refaire des retraites, vous ne prenez pas de risque.
03:45 Mais allez-y, allez au bout des choses ! - Oui, non mais... - Paul Midi, vous, vous croyez à la levée de l'anonymat et
03:52 vous vous arrêtez en chemin. - Non. - Vous êtes déçu, alors ? - Non, on y croit. - Vous êtes déçu ? - Non, parce qu'on a déjà fait beaucoup avancer le sujet.
03:59 Mais j'espère qu'on arrivera à aller beaucoup plus loin dans les semaines et dans les mois qui viennent. - Vous êtes contre la levée de l'anonymat ?
04:07 - Oui, parce que c'est le stéréotype d'une mauvaise loi. Une mauvaise loi, c'est une loi qui vient restreindre
04:14 la liberté de la majorité des honnêtes gens, parce qu'il y a une
04:19 minorité de gens malhonnêtes qui commettent des infractions. C'est comme si demain, on vous disait "on va supprimer les allocations
04:26 familiales parce qu'il y a 5% de fraudeurs". Là, il s'agit de limiter la liberté
04:33 d'expression de tous les citoyens français parce qu'il y a une
04:37 minorité de délinquants sur les réseaux sociaux. C'est ça la définition d'une mauvaise loi. - Vous préférez qu'on reste dans l'opacité ?
04:43 Vous préférez que dans notre société, il y ait un monde opaque qui est le monde des réseaux sociaux ? - Alors, monsieur Bourdin,
04:51 je vais vous rappeler quelque chose. Vous êtes journaliste. - Oui. - Il y a le secret des sources.
04:56 Tous les jours, dans les journaux, vos confrères
05:00 interrogent des personnes sous pseudonyme ou des personnes qui restent anonymes pour qu'elles puissent s'exprimer librement,
05:07 sans subir de représailles, sans être licenciés, sans être lynchées dans la rue. - Mais la journalisme n'est pas anonyme.
05:13 - Oui, mais la personne qui s'exprime dans un journal peut le faire sous pseudonyme, pardonnez-moi.
05:20 Ça existe depuis toujours.
05:22 De la même manière, vous avez le droit dans une démocratie
05:25 de distribuer des tracts dans la rue sans indiquer votre nom sur le tract. Vous avez le droit dans une démocratie de publier un livre
05:32 sous pseudonyme sans révéler au grand public votre identité. C'est ça la démocratie, c'est ce qui permet de s'exprimer librement,
05:40 sans avoir peur de subir des représailles du gouvernement, des représailles de son patron, des représailles de ses voisins. - On est
05:46 parfaitement d'accord. Pour bien préciser quelle est notre proposition, on dit oui au pseudonyma, non à l'anonymat, comme dans la vie physique.
05:54 Vous l'avez dit, quand je conduis une voiture sur la route, sur la voie publique, je ne mets pas mon nom dessus, j'ai le droit au pseudonyma.
06:00 Mais je ne peux pas conduire une voiture sur la voie publique qui n'a pas de plaque d'immatriculation
06:04 si jamais je fais quelque chose d'illégal et uniquement dans ce cas
06:08 les autorités peuvent me retrouver. Ça doit être pareil sur les réseaux sociaux. Bien sûr que je peux avoir des comptes sous pseudonyme.
06:14 - Alors je vais tout de même rappeler... - Je peux avoir un compte Polo 81 avec la photo de mon chat.
06:17 - Je vais tout de même rappeler... - Mais si je fais des choses illégales avec ce compte, je dois pouvoir être retrouvé par les autorités.
06:22 - Je vais tout de même rappeler qu'il y a déjà des possibilités qui sont offertes aux victimes
06:29 de retrouver les auteurs de contenus illicites.
06:33 - Une fois sur deux, ils ne sont pas retrouvés.
06:35 - Je vous donne un exemple, les cas sont nombreux. Actuellement, dans l'affaire Booba Magali Berda,
06:40 il y a 28 internautes qui ont été retrouvés et qui sont poursuivis en justice et je pourrais multiplier les exemples.
06:48 Il y a des recours judiciaires qui permettent régulièrement de retrouver les auteurs de contenus illicites, de les poursuivre.
06:54 Moi-même, dans des affaires de diffamation, j'ai déposé des plaintes pour des clients,
06:59 le juge d'instruction s'est procuré les identifiants auprès des fournisseurs d'accès et les auteurs sont poursuivis.
07:05 - Paul Midi, ils ne sont pas toujours poursuivis. - Non mais il faut séparer deux choses.
07:10 - Malheureusement. - Mais comme dans toutes les infractions...
07:14 - On ne peut pas les retrouver. - Mais c'est le cas de toutes les infractions,
07:18 on ne retrouve pas tous les voleurs, on ne retrouve pas... Voilà.
07:21 - Oui mais là encore, faut-il avoir les moyens de les retrouver ?
07:24 - Oui, il faut bien séparer deux chiffres. - Est-ce que nous avons les moyens de les retrouver ?
07:29 - C'est un demi-anonymat, à moitié. Techniquement, on retrouve facilement 50% des fauteurs de troubles
07:37 et 50%, on ne les retrouve pas, ou très difficilement.
07:40 Je vous donne un exemple parce qu'on nous dit toujours, il y a des adresses IP, des FAI, des termes techniques
07:45 que seuls les experts maîtrisent parfaitement.
07:48 Bien sûr, si vous êtes chez vous, avec votre ordinateur, et vous êtes le seul à utiliser votre connexion Internet,
07:56 on vous retrouve facilement. Mais si vous êtes un cyber-harceleur qui utilise un Wi-Fi public, c'est beaucoup plus compliqué.
08:03 C'est 50/50. Mais le plus important, c'est quoi ? C'est qu'il y a un sentiment d'anonymat.
08:09 95% des Français pensent qu'ils sont anonymes.
08:12 Et donc, il faut faire les choses simples. On peut continuer pendant 20 ans à essayer d'expliquer ce que c'est qu'une adresse IP
08:17 ou alors, on fait les choses simples, comme dans la vie physique.
08:20 Dans la vie physique, quand je me balade dans la rue, évidemment, je ne mets pas mon nom sur ma veste.
08:25 J'ai le droit au pseudonyme. Mais par contre, si je me fais arrêter par la police, je dois décliner mon identité.
08:30 Je ne suis pas anonyme face à l'autorité si je fais quelque chose d'illégal.
08:34 Est-ce que sur les réseaux sociaux, on doit rester anonyme ?
08:36 Est-ce qu'on peut effectivement utiliser... ça serait bien de pouvoir utiliser un pseudonyme ?
08:43 Bien sûr, pseudonyme, très important. Il faut que... évidemment, nous on dit "oui au pseudonyma, non à l'anonymat".
08:48 Ça veut dire que je dois pouvoir avoir un compte sur Facebook avec tous les pseudonymes que je veux.
08:53 Je peux le faire "Marie 72" ou "Polo 91" avec la photo de mon chat.
08:58 Par contre, et m'exprimer librement.
09:02 Mais par contre, si j'utilise ce compte pour faire des choses répréhensibles, comme par exemple harceler une jeune fille qui va se suicider 15 jours après,
09:10 je ne peux pas dire "Ah, je suis anonyme face à l'autorité, je me cache".
09:14 Donc derrière le pseudonyme, on doit connaître l'identité.
09:18 Et celui qui est sous pseudonyme doit savoir qu'il peut être retrouvé par la autorité.
09:23 - Nous ne retrouvons pas l'identité ? - Non. Si c'est le cas, si la personne est obligée de déclarer son identité,
09:29 même si ensuite elle peut s'exprimer publiquement sous pseudonyme, si elle est obligée de déclarer son identité aux autorités,
09:36 elle ne s'exprimera plus librement parce qu'elle aura peur de représailles, d'avoir un contrôle fiscal,
09:42 parce qu'elle a pris position contre le gouvernement.
09:46 Ou alors, ça l'empêchera d'apporter une contestation à un projet de loi,
09:53 parce qu'elle se dira "Ah bah non, j'ai pas envie que moi, mon entreprise, on fasse l'objet d'un contrôle fiscal,
09:58 ou que j'ai des représailles du gouvernement".
10:00 C'est ça, si vous voulez. Le problème, c'est que cette loi est faite pour ceux qui commettent des infractions.
10:08 Mais 95% des gens ne commettent pas des infractions. En revanche, ils veulent s'exprimer librement.
10:12 Et c'est eux qu'on va restreindre.
10:15 Il est 9h43, le débat se poursuit. Dans un instant, un peu de pub et on se retrouve.
10:19 Sud Radio, Parlons Vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
10:26 Il est 9h47, allez, nous poursuivons. Faut-il lever l'anonymat sur les réseaux sociaux ?
10:30 Avi Bitton est avocat en droit du travail pour cadres et droits pénals,
10:34 et Paul Midi, député Renaissance de la 5e circonscription de l'Essonne,
10:38 il porte le texte à l'Assemblée nationale.
10:41 - Je voulais vous poser une question. Je suis chef d'entreprise.
10:46 Je suis dénigré par mon concurrent sur les réseaux sociaux,
10:50 qui n'arrête pas, sous un anonymat, de dire du mal de mon entreprise.
10:56 Ça nuit à mon entreprise. Moi, je n'ai qu'une envie, quand même,
11:00 c'est qu'il soit stoppé dans son dénigrement, mon concurrent.
11:08 - Eh bien, monsieur, tous les jours, devant les tribunaux de commerce,
11:11 je peux vous l'assurer, je vous emmènerai aux audiences,
11:14 il y a beaucoup d'affaires de ce type. Ce chef d'entreprise, qu'est-ce qu'il va faire ?
11:18 Il va prendre un avocat, il va... l'avocat va saisir le tribunal en référé,
11:23 c'est une procédure d'urgence pour obtenir la levée de l'anonymat.
11:27 Derrière, l'avocat va pouvoir envoyer un expert informatique et un huissier
11:33 dans l'entreprise pour faire une perquisition civile,
11:36 c'est-à-dire fouiller l'ordinateur, faire un constat, et puis...
11:41 - Et ça va durer un temps fou ?
11:42 - Ah non, non, non, là, je vous parle de procédure d'urgence très rapide.
11:45 C'est quelque chose qu'ils peuvent régler en... allez, un mois.
11:48 - Un mois ? La justice rapide, c'est une nouveauté, ça.
11:52 Vous m'apprenez quelque chose.
11:53 - Ah non, non, c'est les juges des référés, je vous assure.
11:55 - Ah bon, d'accord. Parce qu'en général, c'est tellement long que...
11:57 Oui, Paul, Paul Migui.
11:59 - Oui, nous, on veut... Vous voyez, la situation actuelle, c'est quoi ?
12:03 C'est que dans 95% des cas, sur le cyberharcèlement, il ne se passe rien.
12:07 Dans 5% des cas, si vous êtes hochi ou idite préto,
12:10 vous avez un peu de temps, un peu d'argent,
12:12 vous arrivez à faire condamner 10 personnes au bout de 3 ans
12:15 sur les millions qui vous ont cyberharcelés.
12:17 Donc nous, on veut que cette situation, elle change.
12:19 Il y a deux apports majeurs de la loi numérique
12:22 qu'on est en train de débattre à l'Assemblée nationale.
12:24 Un, qu'on puisse mettre des amendes.
12:26 Il faut qu'on ait des sanctions qui sont graduées.
12:29 Quand quelqu'un commence du cyberharcèlement,
12:31 il faut qu'on soit capable de lui mettre une amende.
12:33 - Parce qu'aujourd'hui, on peut cyberharceler sans être poursuivi ?
12:36 - Bien sûr, parce que si la victime ne porte pas plainte, il ne se passe rien.
12:39 Et dans la majorité des cas, la victime, elle ne porte pas plainte.
12:42 - Mais qui décidera de l'amende ?
12:44 - Une amende, c'est mise par un officier de police judiciaire,
12:47 et puis il peut y avoir un traitement...
12:49 - C'est-à-dire que si je suis victime,
12:51 imaginons, je suis victime de cyberharcèlement,
12:54 je vais voir la police ou la gendarmerie ?
12:56 - Non, la police peut saisir elle-même du cas.
12:59 C'est le principe d'une amende,
13:01 et par exemple, d'une amende forfaitaire délictuelle,
13:03 la police voit une personne qui a été injuriée,
13:07 par exemple, "ça naigresse, je vais crever",
13:10 puisque ce sont des choses qu'on voit malheureusement beaucoup sur les réseaux sociaux,
13:14 et bien la police pourra elle-même se saisir du cas,
13:17 et éventuellement donner une amende,
13:19 ou transmettre le cas à la justice.
13:21 - À condition de trouver la personne qui se cache derrière le cyberharcèlement ?
13:25 - Bien sûr, on y revient.
13:27 - Et le dernier élément, le deuxième élément que je mentionne aussi,
13:29 pour qu'on puisse avoir des sanctions qui sont graduées,
13:32 et agir beaucoup plus fortement contre les cyberharcèlents,
13:35 c'est la peine de bannissement.
13:37 Si vous êtes cyberharcèleur, vous pourrez être condamné par le juge
13:40 à être banni des réseaux sociaux pendant 6 mois,
13:43 12 mois en cas de récidive.
13:45 Pourquoi ? Il faut qu'on applique les mêmes règles dans la vie physique
13:48 que dans l'espace numérique.
13:50 - Alors, c'est le fond du problème.
13:52 Beaucoup disent "non, l'espace numérique, c'est un espace qu'on doit protéger,
13:55 c'est un espace de liberté".
13:57 Il faut bien que, dans cet espace numérique, il y ait des règles, Maître Vittor.
14:02 - Mais il y en a déjà, Monsieur, je vous assure.
14:04 - Suffisamment ou pas ?
14:05 - Allez à la 17ème chambre correctionnelle du tribunal de Paris,
14:08 qui est en charge des injures et des diffamations,
14:11 tous les jours, vous avez des internautes qui ont injurié,
14:15 qui ont diffamé sur les réseaux sociaux,
14:18 qui sont jugés, qui sont condamnés.
14:20 - Mais, dans le domaine de la... ça n'aboutit jamais.
14:22 - Pardon ? - Dans le domaine de la presse.
14:24 - Ça n'aboutit pas souvent.
14:26 - Écoutez, je vous assure, si j'avais su, je serais venu avec la pile des condamnations du mois dernier.
14:31 - Je vous crois, je vous crois. - Bien sûr.
14:33 - Je vous crois, je vous crois.
14:35 Mais, il est logique qu'il y ait des règles.
14:37 - Et il y en a ?
14:38 - Et il y en a, elles sont suffisantes pour vous.
14:40 - Alors, les règles sont suffisantes.
14:42 Ce qui est insuffisant, c'est les moyens.
14:45 Aujourd'hui, les tribunaux, effectivement, sont engorgés.
14:48 La police est surchargée.
14:50 Elle est en sous-effectif.
14:52 - Parce qu'il y en a beaucoup ?
14:54 - Parce que le gouvernement, comme beaucoup d'autres gouvernements,
14:57 préfère faire des jolies lois.
14:59 Ça fait des effets d'annonce.
15:01 C'est purement déclaratif, mais derrière, il ne donne pas les moyens matériels à la police et à la justice de poursuivre.
15:06 Les règles existent, elles sont suffisantes.
15:08 Il faut juste les mettre en oeuvre.
15:10 Mais pour ça, donner les moyens à la police et à la justice.
15:13 - Alors, je me permets de vous rappeler, parce que les questions des moyens de la justice et de la police sont extrêmement importantes.
15:18 On a rajouté un budget à la justice très important.
15:23 C'est +50% du budget du ministère de la Justice depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017.
15:29 +50%, c'est historique, ça n'a jamais été fait.
15:32 On va embaucher 10 000 personnels de justice dans les prochaines années.
15:36 Et évidemment, on pourrait faire beaucoup plus.
15:38 Mais c'est déjà un effort massif qui est fait par les Français, puisque c'est l'argent des Français.
15:42 Deuxième point sur la police et la gendarmerie.
15:45 Nous venons de voter une loi de programmation.
15:47 C'est 15 milliards d'euros supplémentaires dans les cinq prochaines années, dont la moitié pour les enjeux numériques.
15:53 7 milliards.
15:55 Et donc, ça va être, dès cette année, 3000 gendarmes et policiers recrutés en plus, 8500 dans les prochaines années.
16:04 Donc, on met des moyens.
16:05 Il y a un effort qui est fait par la nation qui est massif, qui est budgétairement massif.
16:09 Mais on est d'accord, on pourrait toujours faire plus.
16:12 On donnerait à la police et à la justice 2, 3, 4 fois plus de moyens.
16:15 Ils sauraient quoi en faire d'une façon intelligente.
16:17 - Donc, pour vous, Maître Bittan, il faut donner...
16:21 Vous êtes d'accord, des moyens sont donnés à la justice.
16:24 - Oui, et c'est très bien, et ça va dans le bon sens là.
16:27 - Mais, ça suffit. Pour vous, ça suffit.
16:30 - Il n'y a pas besoin de restreindre, en outre-mesure, les libertés du citoyen honnête qui veut s'exprimer sans risque de présailles.
16:38 - Mais quand je prends le volant d'une voiture, j'ai des règles à respecter.
16:41 Pourquoi est-ce que quand je suis sur les réseaux sociaux, je n'ai pas de règles à respecter ?
16:46 - Et bien, ne respectez pas. Commettez une diffamation et une injure sur les réseaux sociaux, et vous verrez s'il n'y a pas de règles actuellement.
16:52 - Paul Midi. Malheureusement, dans beaucoup des cas, massivement, il ne se passe rien.
16:58 - Il ne se passe rien si les victimes ne portent pas plainte.
17:02 C'est comme toute infraction, vous êtes victime d'un vol.
17:04 Si vous ne portez pas plainte, il ne se passera rien.
17:07 Si en revanche, vous portez plainte et que le commissariat accepte de prendre votre plainte, c'est là où on touche aux moyens de la police et de la justice.
17:15 Si le commissariat accepte de prendre votre plainte, il y aura des suites si le procureur ne classe pas sans suite.
17:21 Donc effectivement, moi je vous invite à faire le test, allez dans un commissariat déposer plainte pour une diffamation ou une injure avérée,
17:28 vous verrez si la police prendra votre plainte et si elle la prend, vous verrez si le procureur ne classera pas sans suite.
17:33 Donc aujourd'hui, c'est un problème de moyens de la justice.
17:36 - Mais je pense qu'on prend le problème à l'envers.
17:39 Si on met les gens dans un système, on est tous collectivement dans ce système sur les réseaux sociaux où tout le monde se croit anonyme,
17:48 ça génère de l'impunité, un niveau de violence qu'on n'a pas dans la vie physique.
17:51 Si dans la vie physique, tout le monde avait une cape d'invisibilité comme dans Harry Potter,
17:56 mais on ne serait déjà même pas là pour en parler, on ne serait pas 8 milliards autour de cette terre, les êtres humains se seraient entretués.
18:03 Si vous auriez pu mettre autant de policiers, de gendarmes et de juges autour de chaque être humain, on ne serait plus là pour en parler.
18:10 - Alors moi, si vous permettez, je vais faire une autre hypothèse.
18:13 Si on met en œuvre cette loi qu'il n'y a plus d'anonymat, moi je vous garantis que les gens vont beaucoup moins s'exprimer sur les réseaux sociaux,
18:23 qu'ils oseront beaucoup moins exprimer leurs véritables opinions, leurs opinions profondes,
18:29 parce qu'ils auront peur de représailles, ils auront peur d'être fichés, et ils seront fichés en réalité,
18:35 puisque le gouvernement, les autorités auront leur nom. Voilà ce qui va se passer.
18:39 - Non mais regardez, vous conduisez une voiture qui a une plaque d'immatriculation.
18:43 Si vous pensez que le gouvernement utilise les moyens d'une façon illégale par rapport à notre démocratie,
18:50 il pourrait suivre où est-ce que vous allez le week-end ou ce que vous faites le soir.
18:54 - Ça n'est pas comme ça que c'est utilisé, c'est encadré, nous sommes en démocratie,
18:58 la plaque d'immatriculation, elle n'est utilisée uniquement si vous faites quelque chose d'illégal,
19:02 par exemple dépasser la vitesse limite ou faire un accident.
19:05 - Bien, merci à tous les deux d'être venus nous voir pour parler du sujet, c'est un sujet dont on reparlera évidemment.
19:11 Merci de nous avoir accompagnés depuis 8h30 ce matin.
19:15 Tout de suite après les infos, Valérie Expert et Gilles Ganzemann reçoivent Raphaël Ittier
19:19 journaliste réalisateur du documentaire "Les aventuriers de l'ARN messager" sur Arte ce vendredi à 22h30.
19:26 Il est 9h56.
19:30 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.

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