SMART BOURSE - Focus sur les marchés africains

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Jeudi 28 septembre 2023, SMART BOURSE reçoit Ouissem Barbouchi (Président Fondateur, Obafrica AM)

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00:00 [Musique]
00:10 Le dernier quart d'heure de Smart Bourses chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème ce soir, c'est celui des marchés boursiers africains.
00:16 Nous en parlons régulièrement avec Wissem Barbouchi, qu'on retrouve ce soir à mes côtés en plateau,
00:21 le président fondateur d'Aube Africa Assets Management.
00:23 Bonsoir Wissem.
00:24 Bonsoir Guy.
00:25 Merci beaucoup d'être là.
00:26 On fait un point tous les trois mois pour suivre l'évolution des marchés boursiers africains.
00:31 Encore une fois, je le dis souvent en préambule, toujours compliqué de résumer l'Afrique boursière,
00:35 l'Afrique en général, mais l'Afrique boursière est aussi compliqué à résumer.
00:39 Qu'est-ce que vous pouvez nous donner comme élément pour avoir une vue un peu d'ensemble
00:42 de la performance des grands marchés boursiers africains au 3/4 de cette année 2023 ?
00:46 Il y a des performances positives en Afrique, comme on peut en trouver sur les marchés développés aujourd'hui ?
00:51 Oui, alors effectivement, il faut toujours avoir cette vision hétérogène de la place africaine
00:55 et des pays qui sont sur le continent africain.
00:58 La bonne nouvelle, c'est qu'à 3/4 du parcours, la plupart des places boursières africaines
01:05 sont dans le vert.
01:06 On a plusieurs places qui sont même à plus de 30%, je pense par exemple au Nigeria qui
01:10 est à +35%, ou au marché égyptien qui est aussi à +35%.
01:14 Et puis on a marginalement quelques marchés qui sont dans le rouge, je pense notamment
01:18 au Kenya, mais qui souffrent peut-être pas plus des performances un peu décevantes
01:23 d'une entreprise qui s'appelle Safaricom que des sujets macroéconomiques qu'on pourrait
01:28 voir sur d'autres marchés par exemple.
01:30 Est-ce que ces performances positives qu'on observe, est-ce qu'elles s'accompagnent
01:34 de flux d'investissement ? Alors là aussi, peut-être pas sur l'ensemble du territoire
01:38 africain, mais est-ce qu'il y a des marchés qui ont profité de flux d'investissement
01:42 étrangers, peut-être d'ailleurs plus important que d'habitude ?
01:45 Alors c'est vrai que les flux étrangers sont souvent guidés par à la fois les éléments
01:49 macroéconomiques, mais aussi surtout par les niveaux de valorisation.
01:52 Et on a vu par exemple dans le cas du marché marocain, que les niveaux de valorisation
01:56 en début d'année qui étaient autour de 15-16 fois les résultats, étaient en dessous
02:00 des moyennes historiques, qui sont elles plutôt autour de 22-23 fois les résultats.
02:04 Et donc ça a attiré pas mal d'investisseurs européens, nord-américains et aussi sud-africains.
02:08 Les performances que vous avez décrites, elles sont en devise locale ?
02:12 Oui, c'est ça.
02:13 Le jeu des devises est toujours important sur les marchés, pas si particulièrement
02:16 quand on est sur des marchés émergents, comme les marchés boursiers africains.
02:20 Qu'est-ce que ça donne en euro pour juger un petit peu justement des mouvements de devise
02:25 qu'on a pu avoir sur certains de ces grands marchés africains ?
02:28 Oui, alors on a eu depuis le début de l'année quelques mouvements de devise.
02:30 Ce qui est important de noter, c'est qu'on a toujours quelques devises qui sont relativement
02:33 stables par rapport à l'euro et au dollar.
02:35 On prend le cas du dirame marocain, qui est toujours relativement stable sur une période
02:38 assez longue.
02:39 Si on regarde sur les 10-15 dernières années, on est toujours à 10,5-11 dirhams pour un euro.
02:44 On a toujours ce franc CFA qui est stable par rapport à l'euro.
02:48 Et puis on a aussi quelques marchés qui, depuis quand même plusieurs années, ont des devises
02:53 qui sont souvent dévaluées.
02:55 Je pense au cas de la livre égyptienne, qui avait pris un choc en 2016, qui a de nouveau
02:59 pris un choc en début d'année.
03:01 Et puis plus récemment, la devise nigériane, le NERA, qui a été fortement dévaluée
03:06 à l'arrivée du nouveau président et qui a eu un impact pour les investisseurs en euros.
03:12 Mais disons que sur le long terme, ces dévaluations sont toujours des éléments plutôt positifs.
03:17 C'est pro-croissance.
03:19 C'est un boost pour la croissance future.
03:22 Exactement.
03:23 Ça permet aux investisseurs de revenir, ceux qui avaient un peu déserté ces marchés-là reviennent.
03:27 Ça permet aussi à un marché parallèle, qui dans le cadre du Nigeria par exemple, était
03:31 très développé, de disparaître marginalement.
03:34 Et puis ça permet aussi aux entreprises de retrouver des devises qui à un moment donné
03:39 pouvaient être difficiles à trouver pour pouvoir reconstituer leur stock notamment.
03:44 Et les boîtes, dans le cadre d'évaluations importantes de la devise domestique, elles
03:49 arrivent à gérer ça en termes de pricing notamment ? Elles arrivent à passer justement
03:55 peut-être des prix différents aux clients finales ?
03:58 Oui.
03:59 Ce qui se passe aussi après une dévaluation importante, c'est que souvent on observe des
04:02 niveaux d'inflation qui sont très élevés.
04:04 Quelques mois après, on le voit bien notamment là aussi au Nigeria ou en Égypte, où dans
04:09 le cadre de l'Égypte, on a des taux d'inflation qui avoisinent les 20% depuis plusieurs mois.
04:13 Mais disons que les entreprises, si on prend le cadre de l'Égypte, sont capables effectivement
04:17 d'avoir du pricing power, d'augmenter les prix et de maintenir leur niveau de marge.
04:22 D'autant plus que pour la plupart d'entre elles, elles bénéficient du fait que pour
04:26 certaines matières premières, les niveaux qu'on a vus à des niveaux historiques juste
04:30 après le début de la guerre russo-ukraine, là reviennent sur des niveaux un peu plus
04:34 normatifs.
04:35 Donc elles arrivent à gérer ces phases de dévaluation.
04:39 Il faut qu'on parle de géopolitique bien sûr.
04:42 Je ne sais pas si c'est business as usual.
04:45 Non, mais je veux dire, pareil, comme sur les devises, l'investisseur présent en Afrique,
04:50 il a l'habitude de la géopolitique et en l'occurrence des coûts d'État.
04:55 Puisque ce qui a marqué ces derniers mois en Afrique, il y a eu deux coups d'État
05:00 coup sur coup, Niger et Gabon.
05:02 Qu'est-ce que ça implique comme situation pour l'investisseur sur place, sur ces marchés ?
05:06 Qu'est-ce qu'on peut dire des effets au moment des annonces ou des coûts d'État ?
05:11 Et quelques semaines ou quelques mois après, quelle est la situation ?
05:14 Alors c'est vrai que si on regarde sur moyenne période, sur les quatre dernières années,
05:17 il y a eu six coups d'État en Afrique et deux en 2023.
05:21 Alors c'est vrai que deux marchés qui sont des marchés qui sont des petits marchés
05:26 en termes de population, en termes de géographie en Afrique.
05:31 Ce qu'on voit c'est que si on prend le cas par exemple du Gabon,
05:34 qui est un cas assez récent, pour les performances boursières des entreprises qui y sont exposées,
05:38 alors il y en a quelques-unes qui sont en plus cotées sur Onext,
05:40 par exemple le cas de Total Gabon ou Déramette,
05:43 on voit que le jour de l'annonce, évidemment, les coûts de bourse baissent.
05:47 Et que très rapidement, on voit un retour au niveau équivalent.
05:52 Alors de mémoire, je pense que Total Gabon doit être à 170 ou 175 euros,
05:56 on devait peut-être être à 180 ou 185 avant le coût d'État.
05:59 Donc en fait ce qui se passe c'est que les poutchistes,
06:01 ils n'ont aucun intérêt à faire en sorte que les entreprises qui font travailler des gens,
06:05 qui payent des impôts et qui participent au développement de leur économie,
06:09 soient à un moment donné arrêtées.
06:10 Et donc ce qu'on voit c'est que les coûts d'État,
06:13 c'est sûr que ça entraîne une certaine instabilité politique à un moment donné,
06:16 mais sur le plan business, sur le moyen long terme, ça ne change pas vraiment grand-chose.
06:19 - On reste business friendly, on ne fait pas de défaut sur sa dette non plus.
06:22 - Exactement, on ne fait pas de défaut sur sa dette.
06:23 - On garde une certaine confiance, on essaye de maintenir une certaine confiance.
06:26 - On l'a vu sur le Tchad par exemple, sur le Centre Afrique également,
06:29 où malgré les difficultés politiques, effectivement, il n'y a pas eu de défaut sur la dette
06:33 et les États continuent de rembourser correctement.
06:35 - Si on parle de votre fonds et de la stratégie Aube Africa Asset Management,
06:39 belle performance quand même depuis le début de l'année Wissam,
06:42 plus 16,5% à date, c'est ça comme on dit Wissam.
06:45 Comment se décompose cette performance ?
06:47 Quels ont été les moteurs dans la performance des actions africaines ?
06:51 C'est un fonds 100% actions, je le rappelle, sur lesquels vous avez investi.
06:55 - Alors vous savez, nous on a une stratégie qui est basée sur plusieurs éléments.
06:58 La première c'est qu'on aime bien le segment small mid-cap,
07:01 donc depuis le début on est toujours intéressé par ce segment-là,
07:03 qui a relativement bien performé depuis le début de l'année.
07:05 On aime bien les entreprises du secteur de la consommation,
07:07 parce qu'on considère que ce sont elles qui vont bénéficier le plus
07:10 des drivers long terme auxquels nous croyons depuis le début,
07:13 c'est-à-dire la croissance économique, la croissance démographique
07:16 et le fait qu'on ait une population, une émergence de la classe moyenne
07:19 qui est de plus en plus visible, et on le voit à travers certains secteurs
07:22 comme le secteur de l'assurance par exemple,
07:24 où les taux de pénétration commencent à atteindre des niveaux
07:26 relativement intéressants sur certains marchés.
07:28 Et puis en réalité, c'est vrai que quand on regarde la performance du portefeuille,
07:32 on voit que sur cette année, on a bénéficié d'un recentrage
07:36 qu'on a mis en place depuis deux ans, qui était d'aller sur des marchés
07:40 où on considérait que le risque de vies était un peu plus limité,
07:43 notamment le Maroc ou la Bourse régionale des valeurs mobilières,
07:46 mais aussi l'Egypte au moment du passage au régime de change flottant,
07:49 et on voit que cette stratégie-là commence à payer.
07:51 Et si on prend le cas de l'Egypte, où on voit qu'il y a quand même
07:54 une dévaluation en début d'année, la livre égyptienne a perdu environ 30%,
07:57 on s'aperçoit que les vents contraires liés à la dévaluation
08:00 ont largement été compensés par les vents positifs
08:03 liés aux performances opérationnelles des entreprises.
08:05 Et donc tout ça cumulé fait que la poche égyptienne a bien performé,
08:09 la poche Bourse régionale des valeurs mobilières, donc Afrique de l'Ouest,
08:11 a relativement bien performé, la poche marocaine a également bien performé,
08:15 et puis on a une petite valeur, elle n'est plus vraiment petite,
08:18 puisqu'elle fait plus d'un milliard de capitalisation boursière aujourd'hui,
08:21 on a une société portugaise qui s'appelle Motaingil,
08:23 dont on a déjà parlé lors de passages précédents,
08:26 je pense que peut-être lors de mon dernier passage,
08:28 j'en ai parlé, c'était peut-être à 1 euro ou 1,10 euro,
08:30 et qu'aujourd'hui elle est à environ 3,40 euro.
08:33 Donc le cours de bourse a triplé depuis le début de l'année,
08:37 et c'est une entreprise de laquelle on croit toujours,
08:39 parce qu'elle est impliquée dans le secteur du BTP en Afrique subsaharienne,
08:42 alors historiquement dans les pays lusophones,
08:44 mais de plus en plus dans des pays aussi anglophones,
08:46 comme le Nigeria, ou francophones, comme la Côte d'Ivoire.
08:48 - Il n'y avait pas un petit intérêt spéculatif aussi sur la valeur ?
08:50 Il n'y avait pas l'idée d'une possible MNS sur la valeur ?
08:54 - Exact, on a un actionnaire chinois qui aujourd'hui a une part significative du capital,
08:57 et donc on croise les doigts pour que...
08:58 - Oui, ça n'a pas bougé, mais c'est toujours là.
09:01 Secteur bancaire, vous aimez bien aussi, là aussi,
09:03 alors c'est très différent de la manière dont on traite les banques sur les marchés européens,
09:07 là-bas c'est des marchés en croissance, c'est ça ?
09:09 - Oui, alors on a des taux de pénétration qui sont relativement faibles,
09:11 je parlais du secteur de l'assurance,
09:13 où c'est un secteur qui doit bénéficier de l'émergence de cette casse moyenne qui a vocation à l'épargner.
09:17 Dans le cas du secteur bancaire, c'est vrai que là aussi,
09:20 on est sur certains marchés où on s'aperçoit que la bancarisation est en train de se développer,
09:25 et que les acteurs du secteur bancaire sont vraiment des acteurs du secteur bancaire,
09:28 c'est-à-dire qu'il y a des dépôts et il y a des crédits,
09:30 et qu'il y a encore très peu de banques en Afrique qui sont des banques universelles,
09:33 comme on peut avoir sur les marchés matures.
09:35 Et donc on a une banque notamment en Côte d'Ivoire qu'on aime beaucoup,
09:38 qui est une filiale de la Société Générale,
09:40 qui s'appelle la Société Générale Côte d'Ivoire,
09:42 qui a publié d'extraordinaires résultats sur le premier semestre,
09:45 et qu'on continue de suivre compte tenu des niveaux de valorisation qui restent très attractifs.
09:50 - Quelle perspective vous pouvez donner à vos clients, partenaires, investisseurs,
09:54 après la performance déjà sur ces trois quarts de l'année 2023,
09:57 ou quasiment à la fin du troisième trimestre,
10:00 quels peuvent être encore les moteurs, la dynamique pour vous et la stratégie du fond ?
10:05 - Alors la stratégie du fond a priori ne va pas changer,
10:07 puisqu'on reste encore une fois sur du small mid-cap,
10:09 de la consommation avec une analyse fondamentale pour toutes les valeurs qui sont dans le portefeuille.
10:14 Notre point de vue c'est qu'il y a encore pas mal de performances à venir,
10:18 compte tenu des niveaux de valorisation qu'on peut avoir sur certains marchés,
10:20 comme la BRVM qui traite autour de 8 fois les résultats,
10:22 ou le marché égyptien qui est autour de 10-11 fois les résultats.
10:25 Tout ça c'est quand même un élément de performances à venir qui est intéressant,
10:28 toujours avec une vision au moyen long terme,
10:30 parce qu'encore une fois l'investisseur qui s'intéresse au marché africain,
10:33 c'est un investisseur qui a plutôt un horizon moyen long terme,
10:36 et surtout un horizon en termes d'investissement qui est basé sur de la diversification.
10:42 Et c'est vrai que pour les personnes qui s'intéressent aujourd'hui à l'investissement global,
10:47 c'est très difficile de s'intéresser à l'investissement global
10:50 sans avoir un regard sur ce continent-là,
10:52 qui quand même en 2050 concentrera 2,5 milliards d'habitants
10:55 avec quasiment la moitié de la population qui aura moins de 20 ans.
10:58 Merci beaucoup Wissem, merci de venir nous éclairer sur les enjeux de l'Afrique
11:02 et des marchés boursiers africains, en l'occurrence on parle de l'investissement boursier avec vous,
11:06 la stratégie chez Aubafrica Asset Management, vous en êtes le président fondateur.
11:12 Wissem Barbouchi était avec nous l'invité du quart d'heure thématique de Smart Bourse,
11:15 ce soir sur Bsmart.
11:17 [Musique]

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