«Ecologie à la française»: pourquoi Macron ne peut pas faire cavalier seul en Europe

Lopinion.fr

Après le Conseil de planification écologique ce lundi, Emmanuel Macron a décliné sa vision de l'«écologie à la française». Le décryptage de notre journaliste Irène Inchauspé.

Transcript

00:00 Je trouve que le danger de ce concept d'écologie à la française,

00:03 c'est de faire croire qu'on peut s'en sortir tout seul.

00:05 Alors c'est vrai que l'exercice n'était pas facile.

00:13 Il fallait mettre des mots sur des trajectoires,

00:18 traduire des tableaux Excel,

00:20 tout ce que lui avait fourni le secrétariat à la planification écologique,

00:24 qui dépend d'Elisabeth Born,

00:25 qui avait fourni des objectifs de réduction des gaz à effet de serre,

00:29 secteur par secteur,

00:30 avec un document qui est assez trapu.

00:33 Donc déjà, je reconnais que l'exercice n'était pas facile.

00:35 En plus, les annonces qu'il a faites étaient déjà connues.

00:38 Donc il n'y a pas eu du tout d'effet de surprise.

00:40 Il y a eu le leasing à 100 euros par mois

00:42 pour aider les gens à faible revenu à pouvoir acheter un véhicule électrique.

00:46 Avec la petite précision, il faudra que ce soit un véhicule européen.

00:50 Il y a eu l'annonce, mais qui était déjà connue,

00:52 du triplement de fabrication de pompes à chaleur françaises

00:55 d'ici à la fin du quinquennat.

00:57 Donc finalement, pas de surprise.

00:58 Et c'est ça qui était assez décevant.

01:00 Il y a beaucoup d'étapes législatives.

01:05 Début octobre ou mi-octobre,

01:06 nous aurons la loi de programmation pluriannuelle de l'énergie,

01:09 c'est-à-dire elle qui va donner les objectifs énergie renouvelable,

01:13 énergie nucléaire.

01:14 Il y aura aussi un grand débat sur l'éolien en mer,

01:18 avec beaucoup de concertation,

01:19 parce que comme l'éolien terrestre,

01:21 il pose le problème de l'acceptabilité sociale.

01:24 Et nous aurons d'ici à la fin de l'année,

01:25 une loi de production de l'énergie.

01:27 Donc on ne sait pas très bien ce que c'est,

01:29 mais on imagine qu'elle définira quelque chose,

01:32 mais c'est encore un peu flou.

01:33 Alors cette écologie, il la définit en disant qu'elle doit être souveraine,

01:40 créatrice de valeurs, compétitive.

01:43 Il lui donne certains qualificatifs à grand renfort,

01:46 effectivement, de souveraineté et de stratégie industrielle.

01:49 Très bien.

01:49 Donc il nous dessine un beau jardin à la française,

01:51 mais comment peut-on imaginer qu'on peut faire quelque chose

01:55 tout seul dans notre coin,

01:56 comme si nous étions le village des irréductibles gaulois ?

01:59 Nous sommes embarqués en Europe avec le pacte vert européen,

02:02 qui nous impose à tous les pays européens

02:05 d'arriver à la neutralité carbone en 2050.

02:07 Donc par exemple, qui a interdit les moteurs thermiques ?

02:10 C'est l'Europe.

02:11 Qui a fixé un objectif de pompe à chaleur ?

02:13 C'est l'Europe.

02:14 Donc je trouve que le danger de ce concept d'écologie à la française,

02:18 c'est de faire croire qu'on peut s'en sortir tout seul,

02:20 et c'est tout justement impossible.

02:22 [Musique]

02:26 Ce n'était pas un récit, vraiment.

02:27 C'était un catalogue, une espèce d'inventaire des mesures à venir.

02:31 Donc déjà, ça ne fait pas rêver,

02:33 et il n'a pas du tout été question de changement profond

02:36 de nos comportements, voire de nos modes de production,

02:39 ce que RTE qualifie de sobriété structurelle.

02:42 Et de ça, Emmanuel Macron n'a pas très envie d'en parler,

02:45 parce qu'il est bien conscient qu'il va falloir qu'on change nos comportements,

02:48 mais il ne veut surtout pas l'imposer et surtout pas trop en parler,

02:51 parce qu'il est complètement traumatisé par les Gilets jaunes,

02:54 et il est tellement traumatisé qu'il arrive à dire,

02:57 ça c'était aux 20h la veille, qu'il adore la bagnole.

02:59 Donc voilà, il est un peu crispé sur ses changements de comportement.

03:02 [Musique]

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