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  • il y a 2 mois
Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont conclu dimanche un accord prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis seront taxés à 15%. Une capitulation ou un moindre mal ? Les explications de notre journaliste Marc Vignaud.

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Transcription
00:00Les Européens ont capitulé devant les exigences de Donald Trump.
00:09Essentiellement, des droits de douane imposés par les États-Unis aux Européens de 15%,
00:13pratiquement pour tous les secteurs.
00:18Ça implique qu'il y ait quand même de la prévisibilité pour ces secteurs.
00:22On sait que les États-Unis et Donald Trump étaient tentés d'imposer des droits de douane
00:26plus élevés sur pas mal de secteurs.
00:28On avait déjà par exemple 25% sur l'automobile, ça retombe à 15%.
00:32Il pouvait y avoir plus que 15% sur les produits pharmaceutiques, sur les semi-conducteurs.
00:38Donc ce sont autant de secteurs où la Commission européenne affirme que le maximum a été fixé à 15%
00:43et que les États-Unis s'engagent à ce que ça soit vraiment ce maximum, ce qui n'était pas gagné d'avance.
00:48Donc dans ce sens-là, la Commission met en avant ce résultat,
00:52même si évidemment c'est beaucoup plus de droits de douane qu'avant,
00:55puisqu'avant l'Europe était aux environs de 2% en moyenne quand on pondère par la taille de tous les secteurs.
01:01Et donc on passe à 15%, ça fait une augmentation d'à peu près 12,5%.
01:06Alors il y a deux secteurs qui sont quand même épargnés à priori.
01:09C'est l'aéronautique où il n'y aura aucun droit de douane des deux côtés de l'Atlantique.
01:12Et puis la France espère avoir sécurisé zéro droit de douane sur ses spiritueux, donc notamment le cognac.
01:23J'ai envie de répondre les deux en général.
01:25Les Européens ont capitulé devant les exigences de Donald Trump
01:29parce que, en fait, contrairement à ce qu'on a pu beaucoup entendre,
01:32la Commission européenne n'avait pas le mandat des États membres pour aller à la guerre commerciale.
01:36Il y avait deux stratégies, pour faire simple.
01:38Soit on appliquait la stratégie de la Chine et on risquait l'escalade commerciale
01:42et on essayait de mettre tout ce qu'on avait sur la table en termes de rétorsion au risque
01:46que ça nuise à l'économie européenne et on essayait de faire reculer Trump à terme,
01:51ce qui impliquait une période forcément difficile où il y allait avoir un bras de fer.
01:55Les représentants de grandes entreprises, notamment françaises,
01:58n'ont pas été les dernières pour dire « attendez, nous, on veut de la certitude là,
02:01on veut savoir à quelle sauce on va être mangé ».
02:04Je rappelle que Donald Trump, il avait menacé l'Europe de droit de douane de 30%,
02:07voire jusqu'à 50%.
02:08On peut se demander si la stratégie suivie par la Chine aurait été meilleure.
02:12Clairement, elle aurait permis d'affirmer le poids géopolitique de l'Europe.
02:16À la fin, quand même, il faut noter que les Chinois,
02:18ils se retrouvent avec 55% de droit de douane que leur imposent les États-Unis
02:21et eux ont imposé des droits de douane très importants sur les États-Unis.
02:24On n'est pas sûr que ça soit vraiment gagnant pour eux.
02:27Pour cela, il aurait fallu que les États membres soient prêts à sortir
02:29ce qu'on appelle l'instrument anti-coercition.
02:32C'est un peu le bazooka des Européens qui a été créé
02:34après le premier mandat de Trump face à ces velléités d'imposer des droits de douane déjà.
02:39Et cet instrument permettait notamment de s'en prendre aux géants du numérique,
02:44de leur imposer éventuellement des taxes ou des obligations nouvelles.
02:47C'était un petit peu l'arme dont on n'a pas envie de se servir.
02:49Et finalement, on voit bien que la France,
02:51elle était plus vocable sans doute que l'Allemagne.
02:54Elle disait « on peut éventuellement s'en servir,
02:55mais en cas d'échec de la négociation ».
02:57Il n'a pas été vraiment apparemment sur la table d'utiliser cet instrument,
03:01alors qu'il y a quand même un accord qui a été trouvé.
03:04Donald Trump a quand même abandonné ses velléités
03:07de nous faire renoncer à notre règlement DSA,
03:10DMA sur tout le secteur du numérique en Europe.
03:13Il a renoncé à nous demander des modifications sur les normes sanitaires,
03:18sur la nourriture que l'on importe par exemple.
03:20Donc il y a tout un tas de secteurs où Trump a accepté de reculer
03:23par rapport à ses positions initiales.
03:25Et donc tout le monde a été un peu soulagé d'avoir cet accord.
03:27Et évidemment maintenant, tout le monde lui saute dessus
03:29en disant que c'est une humiliation pour l'Europe.
03:31Mais en fait, personne n'était prêt à assumer la guerre commerciale.
03:37Alors il y a plusieurs membres du gouvernement français
03:39qui disent que désormais, ce n'est pas tout à fait la fin de l'histoire.
03:42D'abord, il va falloir négocier les détails de cet accord,
03:45être sûr que Trump respecte sa parole dans les secteurs sensibles
03:48pour lesquels il avait des velléités de mettre plus que 15% de droits de douane,
03:51comme je vous l'expliquais.
03:52Donc il va falloir vérifier ça.
03:54Et dans le cadre de la négociation de ces détails,
03:56le gouvernement français, enfin certains représentants disent
03:58on va cette fois sortir l'instrument anti-coercition
04:01et il faut être dur, il faut sortir le pistolet.
04:03Il y a plusieurs interlocuteurs qui sont spécialistes
04:05un peu des négociations commerciales qui disent
04:07mais ce n'est pas du tout réaliste, on ne va pas sortir le gun
04:09alors qu'on ne l'a pas sorti pendant toute la négociation,
04:11on ne va pas le sortir après, au risque de réouvrir
04:14les négociations commerciales sur les biens.
04:16On ne va pas tout d'un coup ouvrir le secteur des services
04:19et le secteur de la rétorsion sur les services numériques.
04:21Ce n'est pas réaliste.
04:22On verra bien dans les prochaines semaines si l'Europe agite cette menace
04:25mais si elle agite cette menace, il faut être prêt à aller à la guerre commerciale
04:29et que ce soit dur et terrible pour la croissance
04:31pendant plusieurs mois, voire plusieurs années pour l'Europe
04:34dans l'espoir que Donald Trump recule
04:36et se couche face à la stratégie de défense européenne.
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