00:00 Smart Sport, le match ! Un match qui oppose Franck Tapiro, publicitaire, à Michael Tapiro, le fondateur de SMS, la Sports Management School.
00:12 Tout de suite, premier match, on tremble, suspense, qu'est-ce qui va se passer ?
00:18 On est désolé pour Antoine Dupont, il y a une suspicion de fracture, s'il y a une suspicion de fracture, c'est probablement qu'il est off pour toute la compétition.
00:30 Je serai Fabien Galtier, je le garderai sous silence, je ferai attention à le garder quand même malgré tout avec l'équipe.
00:38 Pour l'instant, je ne pense pas qu'il y ait une déclaration qui dira qu'Antoine Dupont est sorti de la compétition, c'est impossible.
00:44 C'est le talisman, c'est Astérix, c'est le joueur qui est brillant sur le terrain, qui est brillant dans les coulisses, c'est le talisman de l'équipe de France.
00:52 Sincèrement, sur ou hors du terrain, il faut le garder.
00:56 Puis les capitaines de l'équipe de France, n'oublions pas, mais surtout la star de la Coupe du Monde.
01:00 Dans le monde entier, Dupont c'est le messie au football.
01:03 Imaginez la Coupe du Monde, par exemple avec Platini à l'époque, c'est vrai qu'il a joué blessé, je me rappelle, en 1986, il a réussi même à marquer contre le Brésil.
01:12 Imaginez qu'on n'ait plus Platini pendant le reste de la compétition, ça aurait été la catastrophe.
01:16 Et moi, il y a quelque chose qui me titille avec cette histoire, parce que ça fait des années que ça me titille, pas seulement au rugby, dans tous les sports.
01:22 On est génie dépendant en France dans tous les sports.
01:26 On a besoin d'un numéro 10 au foot, on a besoin d'un grand numéro 9 au rugby, même si aujourd'hui le rugby est plutôt un sport de numéro 10, nous on a toujours eu un numéro 9, star.
01:35 - 9 également au basket, Tony Parker.
01:37 - Au basket, la même chose, N'Gapette au volet.
01:40 Et en fait on se met la pression, ou alors Karabatic, bien sûr le grand frère, on a l'impression qu'on se fragilise un petit peu.
01:47 Moi j'ai toujours eu cette problématique en France de dire "On attend le Messie un peu comme De Gaulle, le libérateur, et sans lui, c'est la fin".
01:55 Moi je ne pense pas, je pense qu'au contraire, peut-être que la prouesse de l'équipe de France de cette année ça va être d'être champion du monde, peut-être sans Dupont sur le terrain.
02:03 Et ce sera pour moi, pour tout le sport français, une énorme avancée.
02:06 - Impact économique possible ?
02:08 - Impact économique possible, c'est simple, la question n'est pas de savoir si Dupont a des sponsors, c'est la question de savoir quel est le sponsor qui n'est pas avec Dupont.
02:17 Donc il a l'intégralité de tout le sponsoring possible pour un joueur de rugby, il est même la voix de la SNCF dans les annonces, sachant que la SNCF est partenaire officielle de la compétition.
02:28 Moi je pense différemment, je pense que le travail de Fabien Gatté depuis 4 ans, c'est de créer un groupe avec des finisseurs, avec une certaine solidarité.
02:35 On a perdu Romain Ntamak il y a 3 semaines, on arrive à jouer sans lui, on peut jouer sans Toto Dupont.
02:42 Je suis intimement convaincu que si Toto Dupont doit rester sur le banc, on doit faire du storytelling et inventer la vie qui va avec.
02:50 Une équipe de France face à l'adversité, une équipe de France un petit peu comme le village gaulois d'Astérix, mais sans Astérix.
02:57 Je pense que ce sera le salut de l'équipe de France.
02:59 - Astérix et Obélix, parce que Ntamak non plus il n'est pas là.
03:01 - On parle de Dupont, juste d'un mot, ça m'intéressait, le niveau de rémunération de Dupont, vous le connaissez dans le championnat de France ?
03:09 - Alors, on connaît les rémunérations des joueurs de l'équipe de France, il est au maximum, on ne peut pas dire exactement parce que...
03:17 - Non, je parle du championnat de France, dans son club à Toulouse.
03:20 - En top 14 ?
03:21 - Oui. Il serait, je vous le donne, 88 fois moins que celui de Messi et 115 fois moins que celui d'Mbappé.
03:30 - On parle d'environ 600 000 euros.
03:32 - Oui, parce que l'économie, on va dire, si on prend au sens large, l'économie du sport aussi n'est pas totalement la même à tous les niveaux.
03:38 Le prix de la diffusion à plus d'un milliard du championnat de France par rapport au top 14, enfin, tous les critères sont différents.
03:45 Donc c'est logique, entre guillemets, que même si c'est la grande star mondiale du rugby, parce que Dupont, c'est partout dans le monde, c'est le nouveau Lemou, on va dire.
03:54 C'est vraiment cette aura-là qu'il a, et puis un an ou deux, ça ne peut pas être au même niveau.
03:59 C'est comme ça parce que le sport, encore une fois, n'est pas valorisé de la même façon, alors que c'est injuste ou pas.
04:04 - Il y a deux facteurs qui jouent. Le rugby, c'est professionnel depuis 1995 seulement.
04:08 C'est le dernier grand sport collectif professionnel en 1995. Donc il y a un retard.
04:13 À l'époque, on a toujours considéré qu'il y avait un rapport de 1 à 10 entre le football et le rugby.
04:18 Mais là, ça a totalement explosé avec l'arrivée des Qataris, avec la présence de l'Arabie Saoudite et de son nouveau championnat.
04:25 Donc c'est totalement déréglé, totalement déréglementé.
04:28 Le rugby ne sera jamais à la hauteur du football, sachant que le rugby est un sport international, mais ce ne sera jamais mondial.
04:34 Ça ne peut pas être joué partout, c'est trop compliqué.
04:36 - Je reviens à la Coupe du Monde. Messieurs, je voulais vous faire réagir à cette publicité qui a choqué.
04:43 - Et c'est parti ! Oh là là là là ! Quel entame de match de la part de Total Energy !
04:48 Mais c'est incroyable ce qui est en train de se passer ! Qu'est-ce qui se passe ? C'est littéralement renversant là ! C'est fou !
04:54 Regardez, regardez ça ! J'en prends pas mes yeux ! La défense est complètement engluée !
04:59 C'est un énorme plaquage collectif ! Ça mérite un carton rouge !
05:04 - La Coupe du Monde est sale ?
05:06 - Déjà, j'aimerais m'exprimer sur le clip en tant que tel, avec le soi-disant commentaire. C'est grotesque.
05:14 Je ne parle pas du fond, je parle vraiment de la forme. Il y en a assez.
05:18 Ça fait 25 ans qu'on nous rabâche avec le parallèle entre le sport, les vestiaires, les commentaires, etc.
05:24 Après, le discours, c'est très simple. On a une fenêtre de tir en ce moment.
05:28 Mais de tir, tir militaire, entre la Coupe du Monde de rugby organisée en France et les Jeux Olympiques.
05:33 Donc, de toutes les manières, il va y avoir des forces antagonistes aux sponsors et des forces antagonistes à ceux et celles qui veulent briller pendant cette compétition.
05:40 C'est Greenpeace. C'est une opportunité. Est-ce que c'est opportuniste ?
05:47 - Je vais vous parler en tant que publicitaire, mais pas en tant que militant. Je ne dirai pas ce que je pense de Greenpeace, du fond, etc.
05:53 Je parle uniquement, d'abord, du momentum. C'est très bien joué. Ce total dénigrement, c'est bien joué.
05:58 Puisque ça commence, d'abord, de façon très positive, avec des images de fêtes. La voix off est pas mal, au contraire.
06:04 Moi, je ne suis pas d'accord. Parce que, quand on est publicitaire, on aime bien surfer sur un événement et faire un contre-pied.
06:09 Ça m'est arrivé des dizaines de fois de le faire. Et ça marche à tous les coups. Parce qu'on prend les gens captifs.
06:13 - C'est putassier. - Oui, mais c'est très efficace en tant que publicitaire.
06:17 Donc, malheureusement pour Total, c'est dégueulasse pour eux. Parce que c'est plus que du dénigrement.
06:21 C'est carrément une attaque à la dominaine. C'est un truc incroyable.
06:24 - Ils ont réagi ? - Pour Greenpeace, je ne sais pas encore.
06:26 Mais pour Greenpeace, c'est extraordinaire. Parce qu'ils rebondissent sur l'événement.
06:29 Ils font cette espèce de vague de pétrole qui vient envahir tout le terrain, qui déborde.
06:34 Et à la fin, il y a une information qu'il faut regarder. Parce que j'ai regardé jusqu'au bout, même si c'est un peu dégueulasse.
06:38 J'ai regardé jusqu'au bout. En fait, ils ont calculé que le volume, en gros, de pollution correspond exactement au taux de remplissage du Stade de France.
06:45 C'est quand même bien vu qu'on le veuille ou non. Et même si c'est du dénigrement, si c'est de la saloperie...
06:49 - Total est devenu le bouc émissaire, et c'est le bon moment en ce moment, la victime expiatoire de tout ce qui se passe
06:54 autour de l'énergie et autour du sport. C'est vrai que le rapport avec le sport... Ils ont une équipe de vélo, d'accord, pour le Tour de France.
07:01 Le vélo, on sait très bien que c'est... Alors je passe de côté le dopage, mais c'est un sport qui n'est pas mécanique.
07:06 En tout cas, il n'y a pas de moteur, etc. Donc on est quelque part dans une stratégie un peu intéressante.
07:10 Même là, ils ont été attaqués. C'était évident qu'ils allaient être attaqués. Ils ont été attaqués pour les Jeux Olympiques.
07:14 À un moment donné, Total se propose à être un sponsor majeur des Jeux Olympiques.
07:18 Et parce que le maire de Paris devait être élu et qu'ils avaient besoin des écologistes, eh bien, cette proposition a été refusée.
07:25 Donc, quand une fois, attendons-nous à ce que Total soit la victime expiatoire jusqu'à la fin 2024.
07:31 Mais c'est vrai que l'effet publicitaire, je ne le conteste pas. Moi, ce qui me dérange profondément, c'est le fond.
07:38 - On sait très bien que le fond et la forme, malheureusement, se mélangent, même si c'est très dur de mélanger quoi que ce soit avec du pétrole,
07:44 comme on le voit, mais ça n'a pas que la preuve, on en parle. La preuve, ça fait du buzz et c'est le but.
07:48 Donc, moi, je me mets à la place de Greenpeace. Je ne sais pas quelle agence qui l'a faite, mais il faut forcer de constater que c'est bien fait.
07:54 - Et on tire un peu sur une ambulance parce que c'est vrai que le prix de l'essence plus cher que le litre de vin en France à 2,10, 2,15, etc.,
08:01 c'est clair qu'on a envie de cracher sur Total et tous ses copains. Mais bon, voilà, je trouve que c'était un peu facile de profiter de la fenêtre de tir d'une Coupe du Monde pour cela.
08:09 - J'attends qu'ils parlent de la vente à perte. Là, ça va être vraiment rigolo.
