Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la manifestations de plusieurs centaines de militants d'extrême droite. Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline
00:11 18h37, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1, toujours avec Louis de Ragnel, François Puponi, ancien député, Eric Revel, journaliste, et on a le plaisir d'accueillir Béronger Bonte.
00:20 Bonsoir, Major Béronger. - Bonsoir.
00:22 Auteur de ce livre, Elisabeth Borne, "La Secrète", une biographie aux éditions de l'Archipel.
00:26 On va y revenir dans un instant, la personnalité de cette première ministre assez énigmatique, assez froide, mais capable de piquer des colères absolument incroyables, vous allez nous raconter tout ça.
00:35 Elle a été choquée, c'est ce qu'elle a dit aujourd'hui par les images d'une manifestation qui s'est tenue samedi à Paris, une manifestation de l'ultra-droite.
00:43 Gérald Darmanin a demandé aujourd'hui au préfet d'interdire tous les rassemblements de cette mouvance. On fait le point avec Vincent Farnage et on en débat ensuite.
00:53 Il y avait plusieurs centaines à défiler dans les rues de Paris samedi.
00:56 Des militants de l'ultra-droite habillés en noir, cagoulés. Dans leurs mains, des drapeaux arborant la croix celtique, un symbole de l'extrême droite et de mouvements suprémacistes blancs.
01:07 Un cortège pour rendre hommage à un militant mort en 1994 alors qu'il tentait d'échapper à la police.
01:14 Les images ont choqué jusqu'à la première ministre.
01:17 Je trouve assez choquant les images qu'on a pu voir mais voilà c'est aussi notre démocratie de garantir le droit à manifester.
01:26 De son côté, Gérald Darmanin a demandé au préfet d'interdire toutes les manifestations d'extrême droite.
01:31 Tous militants d'ultra-droite ou d'extrême droite ou toutes associations ou collectifs à Paris comme partout sur le territoire national qui déposera des manifestations dans ce sens que vous avez décrit.
01:43 Les préfets prendront des arrêtés d'interdiction et nous laisserons donc les tribunaux juger de savoir si la jurisprudence permettra en effet de tenir ces manifestations.
01:52 Pour Marine Le Pen, pas besoin de tribunaux puisque la loi existe déjà.
01:56 En République, on ne manifeste pas masqué et en uniforme.
02:01 Et je considère que ces provocations ne peuvent pas être tolérées.
02:06 Quel que soit le camp dont ces provocations émanent, c'est inadmissible.
02:11 Et le gouvernement a la possibilité de faire appliquer la loi car la loi existe.
02:17 Or le gouvernement ne le fait pas.
02:19 Dans un communiqué, la préfecture de police assure que rien ne l'autorisait à interdire cette manifestation qui a lieu tous les ans.
02:27 Effectivement, Louis de Raguenel, on a du mal à comprendre ce que dit la première ministre.
02:31 OK, ça me choque, mais il faut garantir le droit à manifester.
02:33 Et tout d'un coup, Gérald Darmanin qui dit on interdit tout.
02:35 Absolument.
02:36 C'est quoi le glissement ?
02:37 Parce qu'en fait, le fond du sujet, c'est que ultra droite, ultra gauche, quand vous êtes ministre de l'intérieur, c'est une classification policière.
02:43 Et en fait, vous mettez, vous classez tout le monde dans les mouvements contestataires.
02:48 Et donc, dès que c'est un peu à droite jusqu'au très, très à droite, c'est ultra droite.
02:53 Et à l'ultra gauche, c'est pareil.
02:54 Le problème, c'est qu'en fait, vous ne pouvez pas par principe interdire une manifestation pour un groupe de personnes qui n'est pas défini.
03:01 Si le ministre de l'intérieur veut cibler le GUD, s'il veut cibler un ancien mouvement qui s'appelait Occident,
03:07 s'il veut cibler à l'ultra gauche le soulèvement de la terre ou alors des organisations d'ultra gauche,
03:13 mais avec une responsabilité sociale, avec un objectif, avec les services de police qui ont travaillé sur quelque chose de très concret,
03:20 là, pour le coup, on peut dissoudre, on peut empêcher une manifestation.
03:23 Mais il ne rend pas la tâche facile aux préfets, parce que demain, les préfets vont continuer leur vie comme avant.
03:29 C'est-à-dire que dès qu'il y a une manifestation qui présente des troubles à l'ordre public ou alors des menaces d'incitation à la haine raciale,
03:35 des croix gammées, tout ce que vous voulez, là, ils ont des motifs pour empêcher une manifestation.
03:39 Donc en fait, vous ne pouvez pas par principe... Je pense par exemple à la Maison Révolutionnaire à Toulouse, par exemple.
03:45 C'est un groupe où ils parlent de soviétisme, ils parlent d'extrême gauche, mais c'est purement intellectuel et il n'y a pas d'incitation à passer à l'acte.
03:52 Eh bien, vous ne pouvez pas empêcher cette association.
03:54 Et donc en fait, on voit bien que derrière cette histoire, Gérald Darmanin fait de la politique pour essayer de contraindre Marine Le Pen à dire,
04:00 à essayer de soutenir ou de se décélulariser en disant "mais non, mais ce n'est pas moi, je n'ai rien à voir avec l'ultra droite".
04:06 Sauf que Marine Le Pen n'est pas tombée dans le piège et elle dit "mais aucun problème, allez-y Monsieur le Ministre, vous pouvez empêcher tous ces troubles".
04:12 Donc le gain politique zéro, quoi.
04:13 Donc le gain politique zéro, et en même temps, ça permet de parler d'autre chose que de la crise de régime, de l'impasse politique du moment.
04:20 Oui, ne vous inquiétez pas, on va en parler. François Répogné, allez-y.
04:23 Gain politique zéro, effectivement, mais personne n'a compris qu'on ait interdit toutes les manifestations autour du président de la République,
04:29 le 8 mai, le 9 mai, etc. pour éviter les casserolades, et donc là, on est resté sur l'égalisation.
04:34 Et qu'on reste à ça.
04:35 Sauf que juridiquement, celle qui a raison, c'est la Première Ministre qui dit "oui, c'est choquant, mais en démocratie, il doit manifester existement".
04:42 Et le ministre de l'Intérieur qui va beaucoup loin, parce qu'il parle d'ultra droite et d'extrême droite.
04:46 Là, c'est politique.
04:47 Là, c'est politique. Mais dire au préfet "toutes les manifestations d'extrême droite peuvent être interdites systématiquement, même si on n'a pas les motifs".