- il y a 4 semaines
Affaire Jacqueline Sauvage : en 2012, cette femme abat son mari de trois balles dans le dos. Très vite, l’histoire secoue la France entière. Violences conjugales, silence familial, meurtre conjugal, procès sous tension, et une grâce présidentielle accordée par François Hollande… Cette affaire criminelle a bouleversé la justice et divisé l’opinion publique.
Était-elle vraiment sous emprise ? A-t-elle agi en légitime défense ou a-t-elle prémédité son geste ?
Plongez dans une affaire hors norme, devenue un symbole des luttes contre les violences faites aux femmes.
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AmusantTranscription
00:00Il est 19h27 ce 10 septembre 2012 quand une femme appelle les secours.
00:09Et elle n'y va pas par quatre chemins.
00:11J'ai tué mon mari, il est mort.
00:13Pompiers et policiers se rendent donc immédiatement sur place.
00:16Quand ils arrivent, ils découvrent une maison et sur la terrasse, la femme à l'origine de l'appel, Jacqueline Sauvage.
00:22Aujourd'hui dans Dark Stories, je vous emmène au cœur d'un drame devenu national.
00:26Un drame qui soulève une question toujours en suspens.
00:29Jacqueline Sauvage est-elle une victime ou une meurtrière ?
00:32Installez-vous confortablement, n'oubliez pas de vous abonner et on est parti.
00:36Rendez-vous aujourd'hui en France à La Selle-sur-Bier, une commune située dans le département du Loiret, en région centre-Val-de-Loire.
01:06Ici vivent environ 1100 Sélois et Séloises.
01:09C'est une petite ville nichée dans les paysages tranquilles du Gatinet, entre forêts domaniales, champs agricoles et vides villages qui va devenir malheureusement le théâtre d'une des affaires les plus médiatisées en France.
01:20Ce 10 septembre 2012, les pompiers et les policiers arrivent sur les lieux du drame.
01:24Jacqueline les attend sur la terrasse et son attitude frappe tout de suite les policiers.
01:29Elle donne l'impression de tituber, d'être un peu éméchée.
01:32Les secours sont devant le portail et ne peuvent pas encore accéder à la maison.
01:36A l'intérieur, il y a le chien du couple qui aboie.
01:39Les forces de l'ordre demandent donc à Jacqueline d'enfermer le chien pour pouvoir intervenir avant de le rouvrir.
01:44Mais le temps passe et Jacqueline ne revient pas.
01:46Alors les policiers décident d'escalader le portail et quand ils arrivent, ils trouvent le corps de Norbert Marot, le mari de Jacqueline, allongé face contre terre sur la terrasse de la maison avec un fauteuil de jardin sur le dos.
01:58Autour de lui, des chaises de jardin sont renversées, il y a un cigare et un verre de whisky.
02:04Les policiers retrouvent également trois cartouches de fusil de chasse au sol.
02:07Norbert a été abattu de trois balles, une dans le cœur, une qui a fait exploser sa rate et une à l'arrière du cou.
02:14Sauf que Jacqueline n'est toujours pas là.
02:15Alors l'un des gendarmes entre dans la maison pour la trouver et il la découvre en train de fouiller dans son sac à main comme si elle cherchait quelque chose sans vraiment savoir quoi.
02:25A côté d'elle, sur le lit, elle leur montre l'arme du crime, un fusil de chasse calibre 12, le même calibre que les cartouches retrouvées autour du corps de son mari.
02:33Pour les policiers, c'est évident, Jacqueline est bien à l'origine du tir.
02:37Pour les secours, en revanche, elle est en état de choc.
02:39Elle est donc rapidement prise en charge par les pompiers.
02:42L'ambulance l'emmène à l'hôpital de Montargis, notamment pour déterminer si Jacqueline présente des traces de coups ou de blessures qui pourraient faire avancer l'enquête et savoir s'il y a eu une dispute, une bagarre entre les deux époux.
02:52A son arrivée, les médecins remarquent qu'elle est blessée à la lèvre.
02:55Elle a également un hématome au niveau du coude et un hématome un peu plus ancien au niveau du tibien.
03:01Le médecin lui délivre une incapacité totale de travail d'un jour.
03:04Elle restera donc à l'hôpital jusqu'au lendemain matin.
03:06De leur côté, les légistes analysent le corps de la victime.
03:09Les balles ont créé une hémorragie interne, une déchirure du péricarde, donc l'enveloppe du cœur, une déchirure du poumon droit, une fracture de la mâchoire, du nez et du crâne.
03:18Les experts balistiques estiment la distance du tir entre 10 cm et 2 mètres.
03:23L'autopsie n'a pas permis de définir la chronologie des tirs, mais une chose est sûre, Norbert n'avait aucune chance de s'en sortir.
03:29Les analyses toxicologiques montrent que Norbert avait bu plusieurs verres, puisque 2,02 g d'alcool par litre de sang sont retrouvés.
03:37Carole et Fabienne, deux des filles de Jacqueline et Norbert, sont appelées elles aussi en pleine nuit.
03:41Elles n'habitent pas très loin et se mettent donc en route pour aller à la brigade et être entendues.
03:46En chemin, elles s'arrêtent chez leur frère, Pascal, pour le prévenir.
03:49La maison est fermée, il n'y a aucune lumière et Pascal ne répond pas au téléphone.
03:53Les deux sœurs ainsi que leur conjoint décident donc de rentrer dans la maison.
03:57Ils montent à l'étage et en entrant dans sa chambre à coucher, ils découvrent le cadavre de Pascal, âgé de 43 ans, pendu.
04:04Je rappelle qu'elles viennent d'apprendre que leur mère a tué leur père.
04:07Et dans la foulée, en voulant prévenir leur frère, elles le retrouvent mort lui aussi.
04:11Sur ses mains, Pascal a des traces de ce qui s'apparente selon elle à du cambouis.
04:14Et là, pour les deux sœurs, c'est la panique.
04:16Elles disent qu'en réalité, Pascal est peut-être celui qui a tiré sur leur père
04:20et que Jacqueline aurait peut-être simplement voulu couvrir son fils.
04:24Selon les premiers éléments de cette nouvelle enquête, qui finalement est une enquête dans l'enquête,
04:28une voisine raconte qu'elle a vu Pascal le vendredi, donc trois jours avant la découverte du corps.
04:33Comme ça arrivait régulièrement, il s'était disputé avec son père.
04:36Mais alors, quelles histoires et quels secrets se cachent vraiment derrière cette famille
04:39qui vient de vivre une double perte en seulement quelques heures ?
04:43Jacqueline Sauvage est née le 27 décembre 1947 à Melun, en Seine-et-Marne.
04:48Elle est la Benjamine de la fratrie de huit enfants, composée de cinq frères et de deux sœurs.
04:52Elle vit dans un cadre rural, modeste, où les émotions n'ont pas toujours leur place.
04:56Et la violence au sein du foyer est omniprésente.
04:59Son père, connu pour être un homme autoritaire, imposait sa loi à la maison sans vraiment laisser de place à la discussion.
05:05Il frappait régulièrement sa femme jusqu'à parfois lui casser le nez.
05:08Mais à l'époque, on ne parle pas, on supporte.
05:11Jacqueline et ses frères et sœurs grandissent donc dans un climat de violence
05:14où garçons et filles doivent apprendre à rester à leur place.
05:17À l'âge de 16 ans, elle rencontre Norbert Marot lors d'une fête organisée par le curé du village dans la salle des jeunes.
05:23À cette époque, elle est encore collégienne.
05:25Norbert, lui, est âgé de quelques mois de plus qu'elle et il est connu comme étant un peu le loup-bar du coin.
05:30C'est un jeune homme au tempérament bagarreur.
05:32Forcément, la famille de Jacqueline s'oppose à leur relation,
05:35mais pour la jeune femme, Norbert est attirant, séduisant et elle tombe folle amoureuse de lui.
05:40Quelques mois plus tard, Jacqueline tombe enceinte.
05:42Il faut savoir qu'on est en 1964, donc la contraception est quasiment inexistante
05:46puisque la pilule ne sera autorisée qu'en 1967 et malgré ça, elle restera très mal vue dans les foyers conservateurs.
05:53L'avortement, lui, est complètement interdit et il est même puni par la loi jusqu'en 1975.
05:58Et comme si ça ne suffisait pas, à l'époque, tomber enceinte hors mariage, c'est une honte.
06:02Les femmes à qui ça arrive sont vues comme des filles déshonorées.
06:04La famille est humiliée et pointée du doigt dans le village.
06:07Alors quand une adolescente tombe enceinte, le mariage est la seule solution pour plus ou moins régulariser la situation,
06:14même si la famille, au départ, elle n'est pas franchement emballée par cette relation.
06:17Alors Jacqueline, à cette époque, ça ne lui pose pas vraiment de problème de se marier.
06:20Elle aime Norbert et donc elle l'épouse le 5 juin 1965 à l'âge de 17 ans,
06:26alors qu'elle est enceinte de leur première fille, Sylvie.
06:29Après le mariage, elle quitte le foyer, coupe les ponts avec sa famille et s'installe avec son mari à Melun.
06:34En 1967, le couple donne naissance à Pascal.
06:37Un an plus tard, en 1968, ils font construire le pavillon à la Selle-sur-Bier dans le Loiret,
06:43où ils se sont installés en 1974.
06:45En 1970, ils ont leur troisième enfant, une fille, Carole,
06:48alors que Norbert effectue à ce moment-là son service militaire.
06:52D'ailleurs, là-bas, il y obtient ses permis poids lourds,
06:54ce qui lui permet par la suite de décrocher ses premiers emplois dans le transport.
06:58Quand le couple s'installe en 1974 à la Selle-sur-Bier dans le pavillon qu'ils ont fait construire,
07:03Jacqueline accouche de leur troisième fille, Fabienne.
07:06Mais en 1980, Norbert est licenciée pour faute professionnelle.
07:09On ne sait pas vraiment pourquoi, on sait juste que c'est une faute professionnelle.
07:12Et surtout, on sait qu'après ce licenciement, le couple achète un camion et démarre une activité de transport.
07:17Jacqueline commence à travailler dans l'entreprise de son mari en 1982,
07:21en s'occupant principalement de la partie administrative et des livraisons.
07:25Mais, et c'est important, elle n'a pas de salaire.
07:27Non, en fait, elle a le statut de conjointe collaboratrice.
07:31Donc, elle travaille tous les jours, mais elle n'a pas de contrat de travail.
07:34Elle n'est donc pas associée à l'entreprise.
07:36Donc, elle n'a pas le poids dans les décisions.
07:38Mais elle cotise quand même pour la retraite et la sécurité sociale,
07:41même si c'est bien moins qu'un salarié.
07:43Trois de leurs enfants, Pascal, Fabienne et Sylvie, rejoignent l'entreprise en 1989.
07:48Ils y conduisent des poids lourds, tandis que Jacqueline, elle, s'occupe de la réception.
07:51Sylvie, en particulier, prend de plus en plus de responsabilités au sein de l'entreprise
07:55et devient même la gérante de la SARL dans les années suivantes.
07:59En 1991, la société se lance aussi dans la vente de vins,
08:02avec Jacqueline en charge de la prospection client.
08:04Elle fait quand même valoir ses droits à la retraite en 2004,
08:07mais continue de travailler ponctuellement dans l'entreprise familiale.
08:10Sauf qu'en 2011, l'activité de l'entreprise ralentit
08:13et désormais, la société peine à tourner.
08:16Il y a moins de commandes, peu de clients, peu de chiffres d'affaires
08:19et l'activité est en sursis.
08:21Cette année-là, Fabienne démissionne et Sylvie est licenciée.
08:24C'est donc Pascal, seul, qui poursuit l'activité de son père.
08:27Sauf que voilà, Pascal, il en a un peu marre et il veut quitter l'entreprise.
08:31Le vendredi, donc trois jours avant le décès de Pascal et de Norbert,
08:34le père et le fils se sont encore disputés.
08:37Norbert était toujours très agressif avec son fils,
08:39au point de l'insulter en permanence.
08:41Et comme Norbert semble crier en permanence sur tout le monde,
08:44les voisins se souviennent bien de l'avoir entendu ce jour-là
08:47et donc d'avoir vu Pascal.
08:49À l'origine de la dispute, la volonté de Pascal de quitter l'entreprise.
08:52Je le rappelle, c'est le dernier des enfants à faire partie de l'entreprise familiale.
08:56Et c'est surtout que les trois filles, à force d'être traitées de bonnes à rien
08:59et d'être ridiculisées par leur père auprès de tout le monde,
09:02elles ont coupé les ponts avec Norbert depuis.
09:05Au moment d'être interrogées, Fabienne et Carole, rejointes par leur sœur Sylvie,
09:08décrivent toutes les trois une enfance très compliquée au sein du foyer.
09:11Elles décrivent en fait leur père comme étant quelqu'un d'alcoolique et de violent.
09:15Elles racontent que leur mère était en permanence battue par son mari,
09:17elle qui pourtant aimait ses enfants plus que tout et qui aurait fait n'importe quoi pour les protéger.
09:23Elles racontent même qu'elles étaient toutes les trois terrorisées
09:25à l'idée de rentrer chez elles après l'école et de passer les vacances dans leur maison.
09:29Alors pour elles, c'est presque sûr, Pascal a tué leur père
09:32et c'est leur mère Jacqueline qui a tout simplement décidé de s'accuser pour le couvrir.
09:36Pour en savoir plus, les enquêteurs commencent par interroger les voisins,
09:39notamment pour tenter d'évaluer l'heure exacte des tirs
09:42et pour reconstituer une chronologie des événements.
09:44Les voisins racontent avoir entendu les coups de feu entre 19h15 et 19h30 le 10 septembre.
09:50Mais sur le coup, ça n'a interpellé personne
09:52parce que Norbert avait l'habitude de tirer sur des oiseaux et sur des écureuils.
09:55A cette occasion, l'adjudant Fabrice Odebert de la brigade de Montargis
09:58rencontre également le maire du village qui connaît bien la famille
10:01et qui lui explique que Norbert Marot serait un homme au tempérament plutôt colérique.
10:05Au point que lorsque les enquêteurs sont venus interroger ses voisins aux alentours de minuit cette nuit-là,
10:10certains auraient même poussé un soupir de soulagement.
10:13En fait, personne ne s'attendait à ce que ce soit Norbert qui perde la vie et non Jacqueline.
10:17Parce qu'en réalité, Norbert n'est pas vraiment apprécié dans le village.
10:20Pire encore, on le craint.
10:22Il est décrit comme un homme rustre, vulgaire, sans gêne
10:25qui n'hésite pas à s'introduire chez les voisins pour les insulter.
10:28Une voisine raconte qu'ils se sont installés dans la commune en 2001
10:31et en face de chez eux, il y avait un bois.
10:34Et ils ne savaient pas vraiment à qui ce bois appartenait.
10:36A peine 15 jours après leur installation,
10:38les arbres du bois ont été coupés et plusieurs camions de 40 tonnes s'y sont installés.
10:42Sauf qu'on est dans un lotissement résidentiel.
10:44Donc des mastodontes du transport qui démarrent aux aurores,
10:47forcément, ça fait du bruit.
10:49Et les voisins sont excédés par les nuisances sonores.
10:52Certains sont donc allés voir le maire
10:53et ont fait circuler une pétition pour mettre un terme à ce boucan.
10:57C'était sans compter le caractère bien trempé de Norbert
10:59qui estime être le plus ancien résident du lotissement
11:02et donc qu'il a le droit de faire ce qu'il veut.
11:04Sylvie, l'une des filles de Jacqueline,
11:06elle se confie sur un événement qui s'est déroulé quelques mois plus tôt.
11:09Une fois à Noël, mon père et mon frère en sont venus aux mains.
11:12Quand ils en sont arrivés à se disputer,
11:14on a tous pris nos enfants et on est partis.
11:16Je suis retournée chez mes parents.
11:17Maman avait des cocards partout.
11:19Un ancien chauffeur de l'entreprise dira aussi
11:21que Jacqueline était une femme adorable,
11:23mariée à un homme au fort caractère,
11:25qui passait son temps à se disputer avec ses enfants
11:27et en particulier avec Fabienne et Pascal.
11:30Quant à Christelle, l'ex-compagne de Pascal,
11:32elle dira qu'elle a quitté son compagnon
11:34parce qu'il devenait lui aussi violent.
11:35Elle explique que chaque réunion de famille, ou presque,
11:38se terminait par des violences.
11:40Elle raconte même avoir été, elle aussi, frappée par Norbert.
11:43Pour elle, le père de famille faisait tout pour détruire Pascal
11:45et de manière générale, détruire sa famille.
11:48Malgré ces révélations, l'enquête démontre que Pascal s'est donné la mort.
11:51La raison, elle, vacille entre une volonté d'échapper aux violences
11:54qui lui auraient été infligées par son père
11:56et une tentative d'échapper à l'emprise de sa mère.
11:58Oui, parce que Jacqueline Sauvage, dans cette affaire,
12:01n'est pas toujours dépeinte comme une victime
12:03qui a craqué après des années de violences.
12:05Alors Jacqueline est placée en garde à vue.
12:07Les policiers viennent la chercher le mardi matin,
12:08donc le lendemain du drame,
12:10directement à l'hôpital pour la ramener chez elle
12:12et faire une perquisition.
12:13La maison possède une cuisine, une salle à manger
12:15et deux chambres à coucher
12:17puisque le couple faisait chambre à part.
12:19Et à l'intérieur, les policiers découvrent une énorme quantité d'armes.
12:22Des fusils, des carabines et énormément de munitions
12:25réparties dans la maison, dans la cuisine,
12:28les chambres, le sous-sol et même dans les toilettes.
12:31Bon, alors oui, ça fait beaucoup,
12:32mais rien de vraiment étonnant
12:34puisque Jacqueline et Norbert, en fait, étaient chasseurs.
12:37En dehors de ça,
12:38les policiers ne retrouvent rien de particulier dans la maison.
12:41Alors Jacqueline est emmenée à la brigade pour être interrogée.
12:44À ce moment-là, elle refuse l'assistance d'un avocat.
12:47Elle estime qu'elle a tiré sur son mari
12:48et qu'elle doit en assumer les conséquences.
12:51Son avocat l'attend donc dehors,
12:52le temps qu'elle termine son audition.
12:54À ce moment-là, remettons les choses dans le contexte.
12:56Jacqueline est auditionnée en tant qu'accusée
12:57et elle vient en plus d'apprendre que son fils est décédé.
13:01Malgré ça, elle prend le temps de raconter
13:03tout ce qu'elle a subi pendant 47 ans.
13:05Souvenez-vous, quand ils se rencontrent,
13:07Jacqueline et Norbert filent le parfait amour.
13:09Tous les deux sont très amoureux,
13:11mais après leur mariage en 1965,
13:13les premières violences ont commencé.
13:15Norbert donne régulièrement des coups de poing
13:16au visage de son épouse.
13:18Parfois, il la met par terre
13:19et lui met des coups de pied et des coups de poing.
13:22Régulièrement, Jacqueline dort dehors
13:23parce que Norbert avait l'habitude de la menacer
13:25et de la tuer, elle, ses enfants,
13:27si jamais elle le quittait.
13:28Un jour, alors que le couple était en vacances
13:30à bord de leur camping-car,
13:31Norbert, alors au volant de sa voiture,
13:34l'aurait giflé sans raison apparente.
13:35Et la violence du choc est telle
13:37que la tête de Jacqueline a cogné
13:39contre la vitre du véhicule.
13:41Et à chaque fois que Jacqueline se fait frapper,
13:43chaque fois, elle est un peu plus meurtrie
13:45et déshumanisée face à son mari.
13:47Pascal et son ex-compagne Christelle
13:48l'ont recueillie plusieurs fois chez eux
13:50alors qu'elle se cachait derrière des arbres
13:51pour que son mari ne la trouve pas.
13:53Ses filles aussi ont régulièrement vu leur mère
13:55avec des bleus au visage et sur tout le corps.
13:57Mais Jacqueline n'était pas du genre à parler de sa vie.
13:59Alors à part cet entourage proche,
14:01personne n'était au courant de ce qui se passait
14:02derrière les murs de la maison familiale.
14:04Tous les jours, Norbert trouvait une excuse
14:06pour frapper sa femme.
14:07Un coup, c'était le repas qui n'était pas assez bon pour lui.
14:10Un coup, c'était parce que ses enfants
14:11avaient fait quelque chose qu'ils ne supportaient pas
14:13ou parce que la porte n'était pas bien fermée
14:15comme il fallait.
14:16Enfin bref, Norbert avait toujours une raison,
14:19une excuse pour frapper sa femme.
14:20Et ces violences ont duré pendant 47 ans.
14:22Jour après jour, Jacqueline subit, sans rien dire,
14:26les coups de poing et les gifles de son mari.
14:28Elle explique qu'elle a déjà pensé que ça finirait mal.
14:30Pour elle, ça ne pouvait pas en être autrement.
14:32Elle avait d'ailleurs déjà préparé le fusil
14:34et les trois munitions pour le jour où ça arriverait.
14:36Pendant son audition, elle explique aux enquêteurs
14:38que ce jour du 10 septembre 2012,
14:40elle a craqué.
14:41Ce jour-là, la journée commence normalement,
14:44chacun prend son petit déjeuner.
14:45et ce matin-là, Norbert est de mauvaise humeur.
14:48L'entreprise va mal et pour lui,
14:49c'est la faute de sa femme et de son fils.
14:52Il rumine toute la journée.
14:53Vers 11h, il boit l'apéro.
14:55Au moment du déjeuner,
14:56chacun prend son repas de son côté
14:58et à 13h, Jacqueline va se reposer dans la chambre
15:00comme elle a l'habitude de le faire chaque jour.
15:03Avant ça, elle prend des somnifères.
15:04Elle dort environ 1h30.
15:06Quant à 15h, Norbert, complètement ivre,
15:09entre dans la chambre en fracassant la porte.
15:11Il traîne Jacqueline sur le sol
15:12et la jette dans le couloir.
15:13Et en arrivant dans le couloir,
15:15elle voit sur la table de la cuisine
15:16que finalement, Norbert n'a pas arrêté de boire de la journée.
15:19Mais elle n'a pas le temps de lui dire quoi que ce soit,
15:20que Norbert la bouscule
15:22et lui donne un coup sur la lèvre.
15:23Et pour elle, à ce moment-là,
15:25c'est le coup de trop.
15:26Il est environ 16h
15:27quand il se resserre à nouveau
15:28un verre de whisky sur la terrasse.
15:30Et il rabâche encore et encore
15:31qu'elle est une bonne à rien,
15:33que ses enfants sont des cons.
15:34Jacqueline n'en peut plus.
15:36Elle attrape le fusil de chasse
15:37et elle tire sur son mari,
15:39de dos, sur la terrasse.
15:40Quand les policiers entendent son histoire,
15:42ils sont sous le choc.
15:43Il y a à la fois les fées,
15:44elle a tué son mari,
15:46mais aussi le mobile
15:47et probablement beaucoup d'empathie
15:48pour elle dans cette histoire.
15:50Le problème, c'est que dans son récit,
15:51Jacqueline dévoile
15:52l'après-méditation.
15:54Elle n'a pas attrapé une arme
15:54sur le coup de la colère
15:55ou pour se défendre.
15:56L'arme était déjà dans sa chambre.
15:58Elle l'avait déjà préparée
16:00pour le jour où ça arriverait.
16:01La garde à vue est levée
16:02pour Jacqueline
16:03et elle est désormais mise en examen
16:04pour assassinat.
16:06L'hypothèse de Pascal
16:07qui serait intervenue
16:08n'est pas retenue
16:08et l'enquête est classée.
16:09L'objectif maintenant
16:10pour les enquêteurs,
16:11c'est de déterminer
16:12si oui ou non,
16:13Jacqueline a agi
16:13à cause de l'emprise
16:15qu'avait son mari sur elle
16:16ou pas.
16:17Alors, ils vont rechercher
16:17dans leurs archives
16:18des traces d'appel,
16:19de plaintes,
16:20de main courante
16:20pour violence.
16:21Sauf qu'ils ne trouvent rien.
16:23L'autre élément important aussi,
16:24c'est que, souvenez-vous,
16:25quand Jacqueline arrive à l'hôpital,
16:26elle arrive avec une blessure
16:27à la lèvre,
16:28un hématome sur le coude
16:29et un ancien bleu
16:31sur le tibia.
16:32Mais aucune de ces blessures
16:33ne prouve que Jacqueline
16:34a été rouée de coups
16:35le jour ou dans les jours
16:36précédant le meurtre.
16:37On peut tous se faire
16:39un bleu ici et là
16:39sans raison.
16:40Je ne dis pas que c'est
16:41ce qu'elle a eu,
16:42mais pour les policiers,
16:43ça pose question.
16:44Une enquête de voisinage
16:45est de nouveau réalisée
16:45cette fois concernant
16:46l'effet de violence
16:47et aucun des voisins
16:49ne mentionne avoir vu Jacqueline
16:50avec des traces
16:51ou des échymoses
16:52ou avoir été témoin de violence.
16:54Alors, à ce stade de l'enquête,
16:55j'étais quand même un peu perplexe
16:56parce que,
16:56quand j'ai recherché les infos
16:57de la première enquête de voisinage,
16:59certains vont dire
17:00que Norbert hurle tout le temps
17:01sur tout le monde.
17:02D'autres s'étonnent
17:02que ce soit lui qui soit mort
17:04et pas Jacqueline,
17:05mais au moment où les policiers
17:06les interrogent,
17:07personne n'a rien vu.
17:08Je ne sais pas,
17:08je n'étais pas là,
17:09mais je trouve ça quand même
17:10un peu incohérent
17:11et je vous le dis
17:12parce que je pense
17:12que vous l'avez aussi remarqué.
17:13Alors, l'adjudant Fabrice Odebert
17:15contacte les médecins
17:16qui auraient pu voir Jacqueline
17:17pour savoir si, eux,
17:19auraient reçu la mère de famille
17:20ou les filles
17:21et auraient pu constater
17:22des traces de violence.
17:23Mais, encore une fois,
17:24rien.
17:25Aucun passage aux urgences
17:27et pendant 47 ans,
17:28elle n'a jamais poussé
17:31elle n'a jamais été se faire soigner
17:32pour ses blessures
17:33ou en tout cas,
17:34rien n'a été remarqué
17:35et personne n'a rien vu.
17:37Alors, forcément,
17:37le juge a du mal à le croire
17:39et un témoignage
17:40ne va pas jouer en sa faveur.
17:41Dans les années 90,
17:42Norbert aurait eu une liaison
17:44avec l'une des salariés
17:45de l'entreprise.
17:46Une liaison qui s'est transformée
17:47en une véritable histoire d'amour
17:49puisque Norbert aurait même vécu
17:51pendant environ un mois
17:52chez sa maîtresse.
17:54Interrogée par les enquêteurs,
17:55la maîtresse,
17:56dont le prénom n'a pas été divulgué,
17:58explique qu'elle aurait été
17:59poursuivie par Jacqueline.
18:00Elle l'aurait en fait prise en chasse
18:01en voiture jusqu'à chez elle.
18:03La maîtresse aurait tellement eu peur
18:05qu'elle se serait précipitée chez elle
18:07pour éviter de recevoir des violences
18:08de la part de Jacqueline.
18:10Et Jacqueline, ce jour-là,
18:11elle n'a pas lâché.
18:12Elle veut retrouver son mari
18:13et elle veut le ramener à la maison.
18:15Alors, c'est un petit peu étrange
18:16quand on sait qu'elle subissait
18:17des violences conjugales
18:18depuis 25 ans.
18:19C'était peut-être le moment
18:20pour elle de laisser partir son mari.
18:22L'avocat de la société Marot
18:24va lui aussi témoigner.
18:25Il explique qu'à ce moment-là,
18:26Jacqueline et son mari, Norbert,
18:27sont allés le consulter
18:28par rapport à des contrats clients.
18:30Pendant l'entretien,
18:31Norbert est plutôt discret
18:32et c'est plutôt Jacqueline
18:33qui prend la parole.
18:34Mais jusque-là, rien d'étonnant,
18:36c'est elle qui s'occupe
18:37de toute la partie administrative.
18:38Et aux yeux de l'avocat,
18:39Jacqueline a un caractère très affirmé.
18:42Elle donne l'impression
18:42que c'est elle qui mène sa famille
18:44à la baguette.
18:45Jacqueline est reconnue
18:46dans la région à ce moment-là
18:47parce que c'est une femme
18:48chef d'entreprise,
18:50aux yeux des habitants,
18:50qui a réussi avec son mari
18:52à construire une société familiale
18:54digne de ce nom.
18:55Mais Jacqueline,
18:55ce n'est pas quelqu'un du genre
18:56à Fanfaronnéen.
18:57Elle explique à chaque fois
18:58qu'on lui pose la question
18:59que c'est une entreprise familiale,
19:01que son mari et ses enfants
19:02travaillent avec elle
19:03et elle est presque fière
19:04de pouvoir le dire.
19:06Le dimanche,
19:06le couple va chasser ensemble
19:08et d'ailleurs,
19:09Jacqueline est reconnue
19:10pour ses talents de tireuse
19:11et surtout,
19:12de manière générale,
19:13le couple n'est jamais
19:14l'un sans l'autre.
19:15Ce qui est quand même étrange
19:16quand on sait
19:16qu'ils font chambre à part,
19:17qu'elle subit des coups
19:18à longueur de temps,
19:19mais qu'à côté de ça,
19:20ils sont en permanence ensemble.
19:22Selon les enquêteurs
19:23et le juge,
19:23Jacqueline avait donc
19:24toutes les possibilités
19:25de prendre sa voiture,
19:27de quitter le domicile
19:28et de se réfugier
19:29chez ses enfants
19:29ou chez des voisins
19:31ou même d'aller au commissariat.
19:33Et puis,
19:33il y a l'analyse toxicologique
19:35de Jacqueline
19:35qui va aussi contredire
19:36ses déclarations.
19:38Souvenez-vous,
19:38Jacqueline a mentionné
19:39avoir pris des somnifères
19:40avant sa sieste.
19:41Donc,
19:41les enquêteurs veulent savoir
19:42si au moment des faits,
19:43elle était en pleine possession
19:44de ses moyens
19:45ou sous emprise
19:46de ses médicaments.
19:47Sauf que les analyses
19:48ne montrent aucune substance
19:50dans le sang,
19:51ni de traces de somnifères,
19:52ni de neuroleptiques,
19:53ni quoi que ce soit d'autre.
19:55Et de manière générale,
19:56Jacqueline,
19:56elle n'est pas très claire
19:57dans ses réponses.
19:58Un coup,
19:58elle va dire
19:58qu'elle a préparé l'arme
19:59au cas où,
20:00donc sous-entendu
20:01contre son mari.
20:02Et finalement,
20:03elle va dire
20:03ou c'est peut-être aussi
20:04pour se prémunir
20:05d'un éventuel cambriolage.
20:07Un coup,
20:07elle va dire
20:07qu'elle a placé
20:08les cartouches
20:09sous le coussin
20:10de la chaise de sa chambre
20:11une semaine environ avant.
20:13Enfin,
20:13peut-être parce que
20:14finalement,
20:15elle ne sait plus vraiment.
20:16Donc,
20:16le problème avec Jacqueline,
20:18c'est qu'elle est toujours
20:18évasive.
20:19Elle ne nie pas,
20:20mais elle n'est pas précise.
20:22Et vous savez,
20:22ça me fait penser
20:23à Dominique Cotteret.
20:24Dominique,
20:24elle ne savait plus vraiment
20:25combien il y avait de bébés.
20:27Elle ne se souvient plus vraiment
20:28si elle les a mis dans le jardin,
20:30ni lesquels.
20:31Elle était,
20:32elle aussi,
20:33hyper évasive
20:33dans ses propos.
20:34Alors,
20:35pour rétablir la vérité
20:36une bonne fois pour toutes,
20:37le juge ordonne
20:37une reconstitution des faits
20:38le 5 décembre 2012.
20:40En arrivant,
20:41Jacqueline surprend
20:42les enquêteurs.
20:43La première chose qu'elle fait,
20:44c'est aller à sa boîte aux lettres
20:45pour récupérer son courrier.
20:46Pendant la reconstitution,
20:47le juge demande donc à Jacqueline
20:49de reproduire exactement
20:50ses gestes
20:51du 10 septembre 2012.
20:53Et cette fois,
20:53tout est compatible.
20:54Mais il reste quand même
20:55un détail.
20:57Jacqueline explique que Norbert
20:58est allée se resservir un verre
20:59à 16h sur la terrasse.
21:01Pourtant,
21:01les voisins ont déclaré
21:02avoir entendu des coups de feu
21:03entre 19h15 et 19h30.
21:0619h27 pour être plus précis
21:07puisque c'est l'heure
21:07à laquelle elle appelle
21:08les pompiers,
21:09soit 3h plus tard.
21:10Donc,
21:10si Jacqueline a pété les plombs
21:11à ce moment-là,
21:12à 16h,
21:13pourquoi est-ce qu'elle a attendu
21:143h pour passer à l'acte ?
21:16Encore une fois,
21:16pour le juge,
21:17c'est la preuve que Jacqueline
21:18a prémédité son geste.
21:20Elle aurait peut-être
21:20profité de cette fenêtre
21:21de 3h pour préparer son arme
21:24et ses munitions.
21:25Pour elle pourtant,
21:26ça n'a duré que quelques secondes.
21:28Une analyse psychiatrique
21:29est donc demandée
21:29et les rapports
21:30ne mentionnent pas
21:31une femme sous emprise
21:32ni une menteuse
21:33mais plutôt une femme
21:34qui ne remet pas son geste
21:35en question
21:36et qui se considère
21:37comme la victime d'un homme
21:38qu'elle n'a finalement
21:39jamais réussi à quitter.
21:41Jacqueline est donc envoyée
21:42à la cour d'assises du Loiret
21:43à Orléans
21:44pour être jugée.
21:45Entre temps,
21:45elle change d'avocat
21:46et fait appel à l'avocat
21:48qui les accompagnait
21:48elle et son mari
21:49dans le cadre
21:49de leur activité professionnelle.
21:52Ce dernier obtient
21:52une remise en liberté conditionnelle
21:54en avril 2014.
21:55Le 24 octobre 2014,
21:57le procès de Jacqueline Sauvage
21:58s'ouvre.
21:59Et pour ce premier jour de procès,
22:01la salle est complètement vide.
22:02Il n'y a que quelques journalistes locaux
22:04et ses filles principalement.
22:06son avocat ce jour-là
22:07lui demande de raconter sa vie,
22:09de raconter ce qu'elle a vécu
22:10pendant 47 ans.
22:11Ce à quoi la mère de famille répond
22:13« Hors de question,
22:14moi, je ne pleurniche pas ».
22:16Ses filles vont alors témoigner.
22:18Pour la première fois,
22:19elles vont raconter sans filtre
22:20l'enfer qu'elles ont vécu
22:21avec leur père.
22:22Elle dépeigne un homme violent.
22:24Carole raconte
22:25qu'elle a été victime
22:26d'abus virtuels
22:26de la part de son père
22:27quand elle avait l'âge
22:28de 12-13 ans.
22:30Son père avait tendance
22:31à la bloquer dans le sous-sol,
22:33la toucher et l'embrasser.
22:34Parfois,
22:35il l'envoie chercher du bois
22:36et se cache derrière un arbre
22:37pour la surprendre
22:38et la toucher.
22:40Un jour,
22:40il l'aurait même vue
22:41dans la salle de bain.
22:42Elle raconte
22:42qu'à l'âge de 23 ans,
22:43elle a mis une croix
22:44dans le calendrier
22:45pour marquer le jour
22:46où elle ne remettrait plus
22:47jamais les pieds chez elle.
22:48Au moment du procès,
22:49elle avoue être encore
22:50traumatisée aujourd'hui
22:51et fait encore régulièrement
22:53des cauchemars.
22:53Fabienne raconte aussi
22:54qu'elle recevait des coups de poing
22:55comme ses soeurs
22:56mais moins que son frère.
22:57Les coups auraient été si forts
22:59qu'elle aurait eu
22:59les deux tympans percés
23:00et le nez cassé.
23:01Un jour,
23:02il lui aurait même cassé
23:03un fusil sur le dos.
23:04Elle aurait d'ailleurs consulté
23:05pour ça
23:05mais n'a jamais porté plainte.
23:07La dernière fois
23:08que son père l'a frappé,
23:09c'est quand elle a quitté la maison
23:09à l'âge de 25 ans.
23:11Mais les violences physiques
23:12ont été remplacées
23:12par des violences verbales
23:14et elle recevait régulièrement
23:15des insultes et des menaces
23:16de la part de son père.
23:17Et là,
23:18c'est l'incompréhension
23:18dans la salle.
23:19Jacqueline savait pour les coups
23:21mais a priori,
23:21elle n'était pas au courant
23:23pour les filles.
23:23Et donc forcément,
23:24en apprenant ça,
23:25on commence à reprocher
23:26à Jacqueline
23:26de ne pas avoir protégé
23:27ses filles.
23:28Sauf que l'avocate générale,
23:29elle,
23:30elle est touchée
23:30par le discours des trois filles
23:31et elle plaide désormais
23:32le meurtre
23:33et non plus l'assassinat.
23:35Sauf que pour la défense,
23:36ça ne suffit pas.
23:37Elle, de son côté,
23:38elle va aller jusqu'à
23:39plaider l'accident,
23:40la perte de contrôle.
23:41Malheureusement,
23:42rien de tout ça
23:42ne convainc les jurés
23:43et le 28 octobre 2014,
23:44Jacqueline sauvage
23:45est condamnée
23:46à 10 ans de réclusion.
23:51Les jurés,
23:54on a tenté
23:54de leur expliquer
23:55ce que c'était
23:56qu'une femme battue
23:58pendant des années
23:59avec des psychotraumatismes
24:02extrêmement profonds.
24:04Apparemment,
24:05ils n'ont pas compris.
24:07Pour l'avocat général,
24:08l'acte de Jacqueline sauvage
24:10était disproportionné
24:11par rapport
24:11aux violences de son mari,
24:13un homme qu'elle avait rencontré
24:14à l'âge de 14 ans.
24:15Alors forcément,
24:16Jacqueline fait appel
24:17et se rapproche
24:18des avocats
24:18d'une autre affaire
24:19qui a été jugée
24:20quelques mois avant les faits,
24:21celui d'Alexandra Lange,
24:23une femme battue elle aussi
24:24qui a tué son conjoint.
24:25Et cette affaire,
24:26elle a été très médiatisée
24:27parce que c'est la première fois
24:28dans l'histoire judiciaire
24:29qu'une femme
24:30qui a tué son mari
24:31est acquittée.
24:32Alors forcément,
24:33la défense duplique son modèle
24:34pour coller à l'affaire
24:35Jacqueline sauvage.
24:37On est dans le même contexte,
24:38pourquoi Alexandra
24:39et pas Jacqueline ?
24:40Pour l'avocat général,
24:41Frédéric Chevalier,
24:42la réponse est simple,
24:43Alexandra n'est pas Jacqueline.
24:44Et selon lui,
24:45les deux affaires
24:46n'ont absolument rien à voir.
24:48Pour mettre Nathalie Tomassini,
24:50avocate d'Alexandra
24:51est désormais avocate de Jacqueline.
24:53La mère de famille
24:53doit désormais jouer la carte
24:54de l'empathie
24:55et se mettre à nu
24:56si elle veut convaincre.
24:57Le 1er décembre 2015,
24:58le procès en appel
24:59s'ouvre donc à Blois.
25:01Et cette fois,
25:01il y a foule.
25:02Journaliste de la France entière,
25:04militante féministe,
25:05la salle est remplie.
25:07Cette fois,
25:07pour cette nouvelle audience,
25:09les voisins témoignent
25:09concernant les expériences
25:10qu'ils ont eues avec Norbert.
25:12Certains racontent
25:12que l'homme
25:13aurait empoisonné leurs chevaux,
25:15d'autres qu'il aurait taillé la haie
25:16pour regarder sa voisine
25:17se déshabiller.
25:18Un ami raconte
25:19qu'une fois,
25:19il a vu Norbert avoir,
25:20je cite,
25:21« des gestes déplacés
25:22avec l'une de ses filles ».
25:24Selon ce qu'il raconte,
25:25il y aurait touché
25:25les hanches et la poitrine.
25:27L'ami en question
25:27aurait alors fait une remarque
25:28à Norbert
25:29qui aurait alors expliqué
25:30qu'il a le droit
25:31de rigoler avec ses filles.
25:32Le ton serait monté
25:33entre les deux amis
25:34et il ne se serait plus vu
25:35pendant quelques mois.
25:36Alors,
25:37les avocates de Jacqueline
25:38plaident la légitime défense.
25:40Selon elle,
25:40et selon ce que Jacqueline
25:41a raconté,
25:42si ce soir-là,
25:43elle n'avait pas tué son mari,
25:44c'est elle qui serait morte.
25:45Et tout ça,
25:46ce n'était que
25:47de la légitime défense.
25:48Sauf que pour l'accusation,
25:50ça ne suffit pas.
25:50La légitime défense,
25:51selon l'explication
25:52que j'ai trouvée,
25:53n'existerait que
25:54si elle réunit
25:55cinq conditions.
25:56L'attaque doit être injustifiée,
25:58donc il ne doit pas
25:58y avoir de motif.
25:59La défense doit se faire
26:00pour soi
26:01ou pour une autre personne.
26:02La défense doit être immédiate.
26:04La défense doit être nécessaire
26:06à sa protection,
26:06c'est-à-dire
26:07que la seule solution,
26:09c'est la riposte.
26:10Et la défense doit être proportionnelle,
26:11c'est-à-dire égale
26:12à la gravité de l'attaque.
26:13Autrement dit,
26:15pour l'avocat général,
26:16le cas de légitime défense ici,
26:18étant donné que Robert
26:19était de dos
26:20et que le tir
26:20a été effectué
26:21à moins de deux mètres
26:22de la victime,
26:23ce n'est pas
26:23un cas de légitime défense.
26:25Alors à nouveau,
26:26le tribunal a tranché.
26:27Jacqueline reçoit
26:28la même peine,
26:29dix ans de réclusion criminelle.
26:30Pour les personnes présentes
26:31dans la salle,
26:32c'est l'incompréhension.
26:33Fabienne,
26:34l'une de ses filles,
26:34se lève même
26:35pour aller embrasser
26:35une dernière fois sa mère.
26:36Est-ce que c'est possible ?
26:38Oui, allez.
26:38Est-ce que là,
26:39franchement ?
26:40Oui.
26:40C'est possible ?
26:44Monsieur l'avocat général,
26:45est-ce que c'est possible ?
26:46Je me fiche des caméras,
26:50je me fiche de la justice,
26:51je veux ma mère dans mes bras,
26:52c'est tout ce que je veux.
26:53Maman.
26:55Continuez-moi.
26:58Si on vient,
26:59si on vient,
26:59courage,
27:01embrasse mes soeurs,
27:02on fait rien.
27:04Putain.
27:06J'espère que ce jour-là,
27:07on nous donnera notre mère
27:08pour de bon
27:08et qu'on nous foute la paix
27:09et tout ce que j'ai à dire.
27:11Et pour l'opinion publique,
27:13c'est aussi surréaliste.
27:14Des personnalités s'en mêlent,
27:16Eva Darland créait même
27:17un comité de soutien
27:18rejoint par Annie Dupéry,
27:19Muriel Robin,
27:20Guy Bedos
27:21ou encore la productrice
27:22Fabienne Servan-Schreiber.
27:24Karine Plassard,
27:25connue pour son engagement
27:26dans la lutte féministe,
27:27créait même une pétition
27:28pour demander la grâce
27:29de Jacqueline Sauvage.
27:30En janvier,
27:31la pétition a recueilli
27:31plus de 300 000 signatures.
27:33Le 23 janvier 2016,
27:35une manifestation s'organise à Paris.
27:37Des centaines de personnes
27:38manifestent pour la libération
27:39de Jacqueline.
27:40Au même moment,
27:41devant la prison,
27:42des membres du mouvement Femen
27:43manifestent torse nu
27:44en bêchant devant la prison
27:45pour symboliser le soutien
27:47de sa fuite
27:48si elle n'est pas libérée.
27:49Les politiques s'en mêlent
27:50et les militantes espèrent
27:51que cette pression remonte
27:52jusqu'au président de l'époque,
27:53François Hollande.
27:54Un espoir entaché tout de même
27:55d'une promesse
27:56qu'avait fait François Hollande,
27:57celle de ne jamais gracier personne.
27:59La question de la grâce
28:00a été évoquée,
28:02elle posait pour moi
28:03un problème de principe
28:04que j'avais déjà soulevé
28:07avant même d'être président.
28:09Pourquoi faudrait-il
28:10que le chef de l'État,
28:11au prétexte qu'il a été élu
28:13par les Français,
28:15puisse décider
28:16de la liberté ou non
28:18d'une personne condamnée ?
28:20Je pourrais en faire usage
28:21ou pas.
28:24Mais j'ai été réservé
28:25parce qu'il venait à mes yeux
28:27ce droit de grâce
28:28remettre en cause
28:29l'indépendance de la justice.
28:31Pourtant,
28:31le 29 janvier 2016,
28:33le chef de l'État
28:33reçoit les trois filles
28:34de Jacqueline
28:35et ses avocates.
28:36Là,
28:37le témoignage des filles
28:39était tout à fait clair
28:41à l'égard de leur mère
28:43et souffrait véritablement
28:45non seulement
28:45de ce qu'elles avaient pu
28:46elles-mêmes subir,
28:48mais souffrait de voir
28:50leur mère en détention
28:51alors qu'elle avait
28:52elle-même
28:53connu toute forme
28:54de violence.
28:55C'est ça
28:56qui m'a amené
28:58à aller encore plus loin
28:59dans la recherche,
29:00de regarder le dossier
29:01judiciaire lui-même
29:03et d'envisager
29:05une procédure de grâce.
29:07Après cet entretien,
29:09le 2 février 2016,
29:10l'Élysée accorde
29:11une grâce partielle
29:12à Jacqueline Sauvage.
29:13Ça veut dire
29:13une remise de peine
29:14de deux ans
29:15et quatre mois
29:16qui couvre la période
29:17de sûreté
29:18et qui lui permet
29:19de déposer immédiatement
29:20une demande
29:21de libération conditionnelle.
29:23Sauf que la libération
29:23conditionnelle est refusée.
29:24Et la raison,
29:26c'est que Jacqueline
29:26n'exprimerait pas
29:27suffisamment de regrets
29:28au vu de son crime.
29:30Les militants
29:30de l'association
29:31refont passer
29:32une deuxième pétition
29:33pour demander
29:33une grâce totale
29:35et cette fois,
29:36ça marche.
29:37À un moment,
29:37ça suffit,
29:38cette femme n'a plus
29:39sa place en prison.
29:41Je décide
29:42parce que
29:42je suis le président
29:44de la République
29:44mais je décide
29:45parce que je pense
29:46qu'une très grande
29:48majorité des Français
29:49comprennent mon choix.
29:53Que la grâce totale
29:54puisqu'il fallait
29:55prendre un décret
29:57de grâce totale
29:58à ceci
29:59de mécanique,
30:02c'est qu'il n'y a plus
30:03d'intervention
30:04de la justice.
30:05Le président
30:06de la République
30:06signe le décret.
30:08Dans l'heure qui suit,
30:09la personne est libérée.
30:10Le président
30:11de la République,
30:11alors en fin de mandat,
30:13accorde la grâce totale
30:14de Jacqueline Sauvage.
30:16C'est la première femme
30:17à bénéficier
30:18d'une grâce présidentielle
30:19en France.
30:20Et pourtant,
30:21l'affaire est si complexe
30:22que personne n'est en mesure
30:24d'avoir un avis clair
30:25sur le sujet.
30:26Maître Eolas,
30:27avocat au barreau de Paris
30:28et auteur du blog
30:29Journal d'un avocat,
30:30estime qu'il y a eu
30:31un décalage
30:32entre les faits réels
30:33du dossier
30:33et la façon
30:34dont les médias
30:35les ont relayés.
30:36Pour lui,
30:36la couverture médiatique
30:38a trop simplifié
30:39l'histoire
30:39en la réduisant
30:40à celle d'une femme battue
30:42qui finit par se défendre.
30:43Pourtant,
30:44il considère
30:44que la grâce présidentielle
30:46accordée à Jacqueline Sauvage
30:47n'est pas un abus de pouvoir.
30:48Bien au contraire,
30:49cette grâce agirait
30:50comme un contre-pouvoir légitime
30:52dans le cas
30:52où la justice
30:53ne peut plus
30:54s'autocorriger.
30:55Toujours selon lui,
30:56la cour d'assises
30:57n'a peut-être pas pleinement
30:58mesuré la portée concrète
30:59de sa décision.
31:00Dix ans de prison ferme
31:01sans recours possible
31:02pour une femme
31:03marquée par des décennies
31:05de violences
31:05était peut-être trop dur.
31:06Et dans ce genre
31:07de situation,
31:08pour lui,
31:08il n'est pas scandaleux
31:09que la plus haute autorité
31:10de l'État
31:10puisse imposer la clémence.
31:12En gros,
31:13il critique le fait
31:14que les médias
31:14ont raconté
31:15une version très héroïque
31:16de Jacqueline Sauvage,
31:17la femme battue
31:18qui se libère
31:19après 47 ans.
31:20Et même s'il explique
31:20que la réalité judiciaire
31:21est plus complexe
31:23et que les faits
31:23ne sont pas aussi clairs
31:24que dans les médias,
31:26il estime quand même
31:26que la justice
31:27a été trop sévère
31:29ou trop rigide.
31:30Philippe Bilger,
31:31lui, magistrat,
31:32reconnaît que Jacqueline Sauvage
31:33a vécu selon ses termes
31:3447 ans de coups
31:35d'humiliation
31:36et d'abus sexuels
31:37et que cette réalité
31:38a bel et bien
31:39été prouvée
31:40au cours du procès.
31:41Pourtant,
31:42une question continue
31:43de le troubler.
31:44comment expliquer
31:45une absence totale
31:46de réaction
31:46pendant toutes ces années,
31:48même sous l'emprise
31:49d'un mari violent ?
31:50Pour lui,
31:50c'est un point
31:51qui mérite d'être interrogé.
31:53Mais ce qui le préoccupe
31:54encore plus,
31:55c'est la manière
31:56dont l'affaire
31:56a été récupérée politiquement.
31:58Il rappelle
31:58que deux jurys populaires
31:59ont rendu leur verdict
32:00et que ces décisions,
32:02normalement,
32:03doivent être respectées.
32:04Or, selon lui,
32:05quand des responsables politiques
32:06prennent publiquement position,
32:08ça affaiblit
32:09dangereusement
32:09l'autorité judiciaire.
32:11Et donc,
32:11pour lui,
32:12c'est inacceptable
32:13que des soutiens
32:13de Jacqueline Sauvage
32:14aient été reçus
32:16à l'Elysée,
32:16alors même que,
32:17selon lui,
32:18la plupart d'entre eux
32:19ne connaissaient
32:19ni les détails du dossier,
32:21ni les débats
32:21tenus à huis clos
32:22pendant le procès.
32:23Pour le magistrat,
32:24la justice ne peut pas
32:25être rendue à la carte
32:26sous pression
32:27de l'émotion
32:28ou de la politique.
32:29Enfin,
32:29pour Thierry Lévesque,
32:30journaliste chez Reuters,
32:31L'affaire Jacqueline Sauvage
32:32est bien plus complexe
32:33que ne laissent entendre
32:34les personnalités publiques
32:35qui ont pris position
32:36sans vraiment avoir assisté
32:37au procès.
32:38Il soulève d'ailleurs
32:38plusieurs zones floues
32:40sur le plan judiciaire.
32:41D'abord,
32:42il n'existe aucun certificat médical
32:43attestant de violences
32:44subies sur 47 ans
32:46et aucune plainte
32:47n'a jamais été déposée
32:48ni pour ces violences conjugales
32:50ni pour les agressions
32:51actuelles évoquées plus tard
32:52par deux des trois filles
32:54de Jacqueline Sauvage.
32:55Il précise que ces accusations-là
32:56n'ont été formulées devant la justice
32:58qu'au moment du premier procès,
32:59ce qui, selon lui,
33:01ajoute quand même
33:02une forme d'ambiguïté.
33:03Non pas pour nier
33:04que ces violences
33:04aient pu exister,
33:05mais parce que l'absence
33:06de preuves tangibles
33:07et la dynamique familiale particulière,
33:09toute la famille
33:10travaillée dans l'entreprise
33:11dirigée par le père,
33:13rendent l'affaire
33:14un peu plus difficile
33:15à juger qu'elle n'y paraît.
33:16Mais dans les faits,
33:17Jacqueline Sauvage
33:18est de retour chez elle.
33:19Après son retour,
33:20elle fait des travaux
33:20dans sa maison
33:21comme pour oublier
33:22finalement cet épisode.
33:23Elle écrit aussi un livre
33:24sur ce qu'elle a vécu
33:25et raconte son histoire.
33:27Dans cet ouvrage,
33:28elle explique aussi
33:29que selon elle,
33:30son fils Pascal
33:30était malheureux,
33:31fragilisé entre autres
33:32par le départ
33:33de sa dernière compagne.
33:35Au moment des faits,
33:36il prenait des antidépresseurs
33:37et c'est peut-être
33:38le trop-plein
33:38qui l'aurait poussé
33:39à commettre ce geste.
33:40En 2018,
33:41l'affaire Jacqueline Sauvage
33:42revient aussi dans les esprits
33:43avec le film d'Yves Renier,
33:45c'était lui ou moi,
33:46avec Muriel Robin
33:47et Olivier Marshall
33:49en tête d'affiche.
33:50Une version de l'affaire
33:51exposée dans le film
33:52qui indigne Frédéric Chevalier
33:53et qui va aller jusqu'à
33:54publier une lettre ouverte
33:56à l'intention de Jacqueline
33:56dans laquelle il lui écrit
33:58« Vous présentez
33:59sous l'emprise de ce tyran,
34:01c'était nier votre personnalité
34:02dont la réalité
34:03ne correspondait plus
34:04en rien
34:05à ce que vous avez été
34:06pendant 47 ans. »
34:07Il décrit Jacqueline
34:08comme une femme déterminée
34:09et précise que
34:10réduire votre funestre décision
34:12à un geste de survie
34:13c'est nier le sens même
34:14de votre vie déterminée.
34:1647 ans de violence,
34:17qu'en savons-nous madame ?
34:19En exécutant votre mari,
34:20vous nous avez privé
34:21d'un procès
34:22qui aurait peut-être permis
34:23d'inverser l'ordre des choses
34:25aujourd'hui établies.
34:26Vous l'avez condamné
34:27sans procès,
34:28vous n'en aviez pas le droit.
34:29Lutter contre les violences
34:30intrafamiliales,
34:32contre les violences
34:32faites aux femmes,
34:33ne peut pas passer
34:34par la violence criminelle
34:36dont vous vous êtes
34:37rendu coupable.
34:38La justice s'exerce
34:39pour éviter la vengeance
34:40des victimes
34:41et pour punir à leur place.
34:42Cette justice,
34:43aujourd'hui, fonctionne.
34:44Elle ne peut être niée
34:45comme vous l'avez fait.
34:46Vous êtes devenu sans doute
34:47malgré vous
34:48le symbole inadapté
34:49d'un fait majeur
34:50de société.
34:51Un avis partagé
34:52par le philosophe
34:53Robert Redeker
34:54dans un article
34:54pour Le Figaro
34:55qui conteste
34:56la grâce totale
34:57accordée par François Hollande.
34:58Pour Gilles Miali,
34:59journaliste,
35:00Jacqueline est une criminelle
35:01gracie par les réseaux sociaux.
35:03L'association
35:04Oser le féminisme
35:05dénonce quant à elle
35:06le manque de prise en compte
35:07des violences conjugales
35:08dans les décisions de justice,
35:09notamment à propos
35:10de l'affaire
35:10Edith Scavaretti
35:12dans laquelle elle mentionne
35:13« Faisons-nous face
35:14à une nouvelle affaire,
35:15Jacqueline Sauvage.
35:16Combien de temps
35:16la justice française
35:17va-t-elle persister
35:18à condamner des victimes,
35:19à accabler des femmes
35:20maltraitées,
35:21à ignorer les phénomènes
35:22d'emprise
35:23et les syndromes
35:23post-traumatiques
35:24pourtant reconnus
35:25par nombre de spécialistes. »
35:26L'association critique
35:27le traitement judiciaire
35:28des femmes victimes
35:29de violences conjugales
35:30et sexuelles
35:31et des faits
35:31qu'on retrouve dans des affaires
35:33comme Bertrand Cantal,
35:34Tristan Duval
35:35et Romain Polanski.
35:36Finalement,
35:36dans cette affaire,
35:37vous l'aurez compris,
35:38il y a plusieurs zones de flou.
35:39Déjà, j'ai souvent lu
35:40des commentaires qui disaient
35:41« Oui, mais si elle avait été battue,
35:43ça se serait vu. »
35:43Mais je vais poser la question.
35:45Est-ce que Jacqueline
35:46n'aurait tout simplement pas
35:47été vue couverte de bleu
35:49parce qu'elle ne sortait pas
35:50quand elle les avait ?
35:51Est-ce que dans le fond,
35:52les choses ne sont peut-être
35:53pas plus complexes que ça ?
35:55Il y a des femmes
35:56qui, terrorisées,
35:57imaginent le pire des scénarios
35:58si elles partent.
35:59Il y a des femmes sous emprise.
36:01Enfin, je dis des femmes,
36:01mais il y a aussi des hommes
36:02dans ces cas-là.
36:03On a connu des affaires
36:04de ce genre.
36:05S'ils étaient si simples
36:06de tout quitter,
36:07il n'y aurait probablement
36:08plus aucune victime
36:08de violences conjugales.
36:09Et pourtant,
36:10les statistiques partent
36:10d'elles-mêmes.
36:11En France, en 2024,
36:12il y avait 450 000 victimes
36:14de violences physiques
36:15enregistrées par les services
36:16de police et de gendarmerie nationale.
36:18Et 54 % se sont produits
36:20dans la sphère familiale.
36:21Et on ne parle que
36:22de ces enregistrements.
36:23On ne parle pas
36:24de toutes celles
36:24qui n'ont jamais poussé
36:25la porte d'un commissariat.
36:26Si on s'en tient à ce discours,
36:27ça veut dire qu'à peu près
36:28200 000 personnes connues
36:29ont toutes eu les moyens
36:31de fuir
36:31et toutes les opportunités
36:33possibles de partir,
36:34mais ne l'ont pas fait.
36:35Attention,
36:36je ne justifie pas son acte.
36:37Je ne trouve pas d'excuses.
36:39Je dis juste que parfois
36:39les circuits courts,
36:40c'est sûrement la voile
36:41la plus simple pour expliquer
36:43ce qu'on n'a pas toujours
36:43l'envie ou la force de comprendre.
36:45Carole le dira d'ailleurs
36:46au procès
36:47quand on lui a posé la question
36:48« Quand vous êtes partie
36:49de la maison,
36:49il y avait prescription,
36:50pourquoi ne pas avoir
36:51porté plainte ? »
36:52Carole a alors répondu
36:53« Il aurait peut-être
36:54été condamné,
36:55mais il aurait eu du sursis.
36:57Il faut vivre avec cet homme
36:58pour voir ce que c'était.
37:00Nous ne serions plus là
37:01si nous en avions parlé. »
37:02Après, souvenez-vous,
37:03Jacqueline s'est mise
37:04avec Robert
37:04contre l'avis de ses parents,
37:06de sa famille.
37:07Elle a créé des problèmes
37:08en tombant enceinte très jeune,
37:09ce qui a entraîné son mariage
37:11avec Norbert.
37:11Donc la question se pose
37:13est-ce que finalement
37:13elle n'est pas restée
37:14pour se prouver elle-même
37:15qu'elle n'avait pas fait tout ça
37:17donc rompre le contact
37:18avec sa famille
37:19pour rien ?
37:20Donc je pense qu'au fond
37:21il faut être honnête,
37:22tout n'est pas limpide
37:23dans cette affaire.
37:24Jacqueline a parfois
37:25eu des récits confus,
37:26parfois quelques mensonges,
37:28des zones d'ombre persistent
37:29sur le déroulé exact des faits,
37:30sur la manière
37:31dont elle a agi ce jour-là,
37:32sur sa lucidité réelle
37:34au moment du tir
37:34et surtout,
37:36il y a ce long silence
37:37de 47 ans
37:38pendant lequel elle n'a pas demandé d'aide.
37:40Elle a pris un fusil,
37:41certains diront
37:42que ce sont les preuves
37:42d'une emprise,
37:43d'autres y verront un choix.
37:45Quoi qu'on en pense,
37:46cette affaire doit nous rappeler une chose,
37:47personne ne devrait vivre
37:48dans la peur
37:48ni en couple
37:49ni dans sa propre maison.
37:51Si vous êtes victime de violence,
37:52si vous connaissez quelqu'un
37:53qui l'est,
37:53il existe des associations,
37:55des professionnels,
37:55des voix prêtes à vous écouter
37:56sans juger.
37:57En France,
37:58le 3919 est un numéro d'écoute
38:00anonyme et gratuit
38:01ouvert 24h sur 24.
38:02Vous pouvez aussi contacter
38:03la police ou la gendarmerie
38:04en composant le 17
38:06en cas d'urgence.
38:07Sa liberté retrouvée
38:08après tant d'années de silence
38:09et de lutte
38:09ne durera que peu de temps.
38:11Malheureusement,
38:11Jacqueline Sauvage
38:12s'éteindra le 23 juillet 2020
38:14à l'âge de 72 ans
38:15dans la maison
38:16qui a été le théâtre
38:17de toute cette affaire.
38:18Merci à tous
38:18d'avoir regardé cette vidéo
38:19jusqu'au bout.
38:20N'hésitez pas à me donner
38:21votre avis en commentaire,
38:22toujours dans le respect.
38:24S'il vous plaît,
38:24je tiens à conserver
38:25un espace d'échange sain.
38:28Et bien sûr,
38:28on se retrouve la semaine prochaine
38:29pour une nouvelle histoire glaçante
38:31sur Narc Stories.
38:37
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