- il y a 6 semaines
Câest lâune des premiĂšres grandes affaires criminelles françaises Ă avoir passionnĂ© toute la presse. En 1869, Jean-Baptiste Troppmann massacre toute une famille, y compris des enfants, dans ce qui restera comme lâun des plus grands faits divers du XIXe siĂšcle. Le pays entier suit les moindres rebondissements du procĂšs, les journaux en font leur une chaque jour⊠et la foule rĂ©clame justice. Dans cette vidĂ©o, je vous emmĂšne au cĆur de lâaffaire Troppmann, du crime au procĂšs, en passant par la fuite Ă travers la France, lâarrestation rocambolesque au Havre, la dĂ©couverte macabre Ă Pantin, et les dĂ©buts du journalisme sensationnaliste avec Le Petit Journal.
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AmusantTranscription
00:00Nous sommes le 20 septembre 1869, quelque part aux abords de Paris, dans une plaine.
00:13Il est 5 heures du matin, le jour se lĂšve Ă peine,
00:16quand un paysan, Jean Langlois, marche dans l'herbe, bĂȘche Ă l'Ă©paule, pour aller labourer son champ.
00:21Quand il remarque une trace, une trace rouge.
00:25Il s'approche, passe ses doigts sur cette étrange matiÚre sombre et visqueuse,
00:29et s'aperçoit que ce qu'il vient de toucher est en réalité du sang.
00:33Il suit la trace, elle mÚne à un monticule de terre fraßchement retourné.
00:37Alors il donne quelques coups de bĂȘche, et la terre qui s'effrite laisse peu Ă peu apparaĂźtre l'horreur.
00:42D'abord un mouchoir rouge, puis un bras, puis un corps, celui d'un petit garçon.
00:47Jean hurle de terreur, il lĂąche sa bĂȘche, et part en courant jusqu'au village le plus proche, Pantin, pour prĂ©venir les autoritĂ©s.
00:54M. Roubel, commissaire de police de Pantin, et M. Alfonsi, son secrétaire, se rendent aussitÎt sur place, accompagnés du docteur Langag.
01:03Jean Langlois les guide jusqu'au monticule, et reprend, avec ses mains cette fois, ce qu'il avait commencé.
01:09Il gratte la terre, il dégage des racines, et le cauchemar continue.
01:13Il trouve un deuxiĂšme enfant, puis une femme, et une troisiĂšme silhouette minuscule, une petite fille en robe bleue,
01:19puis un quatriÚme enfant, un garçon, et enfin un adolescent de 15 ou 16 ans.
01:24En tout, il retrouve six corps.
01:26Aujourd'hui sur Dark Stories, je vous emmÚne à la découverte, ou à la redécouverte,
01:31du tout premier fait divers criminel couvert en temps réel par la presse française,
01:36mais aussi celui qui a marqué le début de la fascination du grand public pour les affaires criminelles.
01:41Installez-vous confortablement.
01:43Je voulais aussi vous dire que le serveur Discord est accessible,
01:46et disponible via le lien soit en bio, soit dans les postes.
01:50Vous pouvez le rejoindre gratuitement, évidemment.
01:52On y parle des affaires traitées sur la chaßne, mais aussi des affaires en cours, des hypothÚses, et on blablate.
01:58Bref, c'est sympa, on apprend Ă se connaĂźtre, et c'est super chouette.
02:01Attention, veuillez à bien passer par le sas de vérification.
02:05Quand vous entrez sur le serveur, SOR 933, qui l'a construit de A Ă Z,
02:10a mis en place cette sécurité pour garantir un environnement sain et une tranquillité des utilisateurs.
02:16D'ailleurs, si vous cherchez quelqu'un pour vous aider à créer votre propre serveur,
02:19je vous le recommande, il est vraiment au top du top.
02:22Ceci étant dit, passons à notre histoire.
02:53Cette affaire, au passage, vous a été proposée par Olivia.
02:57Merci Ă toi si tu passes par ici.
02:59AprÚs l'affreuse découverte, les autorités sont sous le choc.
03:02Ils ont face Ă eux une femme enceinte et probablement ses cinq enfants.
03:07Tout de suite, ils savent que c'est un meurtre.
03:09Les corps ont été entassés dans une fosse ensemble.
03:12Elle est peu profonde et visiblement, elle a été recouverte à la hùte.
03:16Il est évident que la famille ne s'est pas mise ici toute seule.
03:19Tous les corps prĂ©sentent des coups de couteau, plusieurs mĂȘme,
03:23et tous dans des zones vitales comme le cĆur, le cou et le torse.
03:27Les cadavres sont mutilés et les intestins de la petite fille ont été transpercés.
03:31Il n'y a aucune trace de lutte autour d'eux.
03:33Donc les victimes ont été tuées ailleurs ou alors elles ont été prises par surprise.
03:38Le problÚme, c'est qu'il n'y a aucun témoin.
03:40On est dans un champ relativement isolé, dans une petite commune périphérique de Paris.
03:44On est en 1869, il y a peu d'habitations Ă cet endroit,
03:48peu de passants Ă cette heure-lĂ , il est 5 heures du matin,
03:51et rien n'est visible depuis la route.
03:53Les quatre garçons portent des vĂȘtements de collĂ©giens
03:55et sur les boutons de leur tunique est inscrit le nom d'un fabricant de Roubaix.
04:00Mais alors qui est cette famille ?
04:01Qui s'en est pris Ă eux ? Et surtout pourquoi ?
04:03En fouillant à proximité de la macabre découverte,
04:06les agents retrouvent une pelle et des cordelettes
04:09ayant probablement servi Ă attacher les victimes.
04:11Immédiatement, l'autorité judiciaire est informée et arrive à son tour.
04:16Elle ordonne aussitĂŽt de fouiller les vĂȘtements, les poches,
04:19Ă la recherche de n'importe quoi qui pourrait les mettre sur une piste.
04:22Et oui, en 1869, pas de caméras de vidéosurveillance,
04:26les empreintes, la police scientifique, le bornage de portables
04:29et je ne sais quoi d'autre n'existent pas.
04:31LĂ , il faut faire avec les moyens du bord.
04:33Ils trouvent une centaine de francs
04:35et des petites boucles d'oreilles en or sur la petite fille,
04:37une preuve que la famille n'a pas été tuée pour un vol.
04:40Si ça avait été le cas, bijoux et argent auraient disparu.
04:44Ils retrouvent aussi un billet de train en provenance d'Alsace
04:47et une lettre signée K. Kink.
04:51C'est Ă ce moment-lĂ qu'un nom apparaĂźt pour la premiĂšre fois dans l'enquĂȘte.
04:54Un nom qui va devenir célÚbre dans toute la presse, Kink.
04:58Mais pour le moment, personne ne sait vraiment si ce nom est celui de la mĂšre,
05:01du pĂšre ou de la famille, peut-ĂȘtre mĂȘme d'un ami qui sait.
05:04Pourtant, dans les heures qui suivent, les rumeurs d'une telle tragédie s'étendent dans le village.
05:09Et certains habitants se souviennent.
05:10Ils ont bien vu une femme et ses enfants arriver dimanche soir Ă Pantin par le train de 11h.
05:16Mais la famille était accompagnée d'un homme.
05:18Alors, en attendant de retrouver cet homme,
05:20les enquĂȘteurs continuent de progresser autour de la scĂšne de crime.
05:23Les laboureurs venus donner un coup de main sont certains
05:26que la fosse a été creusée par une main habituée à utiliser des outils de culture.
05:31Pour eux, ça n'a pas pu ĂȘtre fait par un bourgeois, mais par quelqu'un du peuple.
05:35Et en y regardant de plus prÚs, ils découvrent des traces de roues sur le chemin.
05:39La preuve que les cadavres ont été transportés jusqu'à la limite du champ,
05:43avec un vĂ©hicule, avant d'ĂȘtre traĂźnĂ©s lĂ oĂč ils ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s.
05:48Plus loin, en plus de la pelle et des cordelettes,
05:50les agents retrouvent un manche de couteau, la lame qui va avec,
05:54et chacun d'eux est couvert de sang.
05:56Les corps sont emmenés à la morgue pour réaliser une autopsie.
05:59En attendant, les autorités se concentrent sur la recherche de cette famille.
06:04De son cÎté, le chef de la police de sûreté, Antoine Claude,
06:07se rend dans la boutique de vĂȘtements de Roubaix
06:09identifiés sur les boutons d'uniforme d'un des garçons.
06:12Et le tailleur est formel, oui, ce sont bien ceux des enfants quinqu.
06:16DÚs le lendemain, la nouvelle de la découverte
06:18fait la une de plusieurs journaux locaux
06:20et arrive rapidement Ă Mulhouse, en Alsace.
06:23Et c'est là qu'une piste se débloque.
06:25Un télégramme est envoyé à la préfecture de police de Paris.
06:28Une certaine, Madame Quinqu, habitant Ă Cernay, prĂšs de Mulhouse,
06:32est portée disparue avec ses enfants.
06:34On apprend qu'elle est mariée à un certain Jean Quinqu,
06:37un contre-maĂźtre alsacien et pĂšre de famille respectable.
06:41Il se répartit récemment à Paris avec sa femme
06:43et plusieurs de leurs enfants pour affaire, sans jamais revenir.
06:46Quand les photos mortuaires sont montrées à des connaissances du couple,
06:49le choc est immédiat.
06:50Les victimes retrouvées à Pantin sont bien Hortense Quinqu,
06:54l'épouse et cinq de ses enfants.
06:56Marie, deux ans.
06:58Henri, huit ans.
06:59Joseph, dix ans.
07:00Alphonse, treize ans.
07:01Et Ămile, seize ans.
07:03Ils sont neufs au total,
07:05mais le pĂšre et deux enfants manquent Ă l'appel.
07:08Et au départ, le commissaire Antoine Claude pense que le pÚre
07:10et le fils aßné ont tué toute la famille.
07:12La presse s'empare immédiatement de cette affaire.
07:15L'image des corps, celle de cette famille poignardée
07:17et enterrée à la hùte, fascine.
07:20Les premiers articles sortent dĂšs le 21 septembre dans le Petit Journal.
07:24On apprend que Jean Quinqu n'a jamais pris part au voyage.
07:27Il serait resté en Alsace.
07:29En revanche, grùce au cocher qui a transporté la famille depuis la gare,
07:33ils apprennent que sa femme aurait voyagé avec un certain
07:35Jean-Baptiste Tropman,
07:37un jeune homme de 20 ans, ouvrier,
07:40que Jean connaissait.
07:41Jean-Baptiste Tropman est né le 3 octobre 1849
07:44Ă Brunstadt, prĂšs de Mulhouse en Alsace.
07:47Il s'installe à Cerné avec ses parents quand il a 11 ans.
07:50C'est un garçon à la santé fragile,
07:52mais débordant d'énergie.
07:54Son entourage le trouve brillant,
07:55parfois mĂȘme trop.
07:56Il se fait souvent remarquer par son intelligence.
07:59Mais il s'en vante pas,
08:00c'est un enfant introverti.
08:02Sa mĂšre, qui semble avoir pour lui une affection toute particuliĂšre,
08:05le couvre et le protÚge plus que ses frÚres aßnés.
08:08Dans la famille, on dit souvent qu'il est le préféré.
08:10Au moment des faits, il travaille comme ouvrier mécanicien
08:13dans l'atelier de fabrication de son pĂšre, Joseph,
08:16qui dirige la petite société Tropman & Cambly.
08:19Inventeur ingénieux et fécond,
08:21l'homme détient plusieurs brevets qui concernent l'amélioration de machines
08:24et d'accessoires de filature,
08:25donc qui permettent de transformer des fibres,
08:28comme de la laine, du coton ou du lin.
08:30L'avenir de Jean-Baptiste semble donc tout tracé.
08:32Il travaillera dans l'entreprise familiale
08:34et sa premiĂšre mission sera de promouvoir ses machines dans toute la France.
08:39Mais Joseph, le pĂšre, est sous l'emprise permanente de l'alcool.
08:42Il dépense sans compter
08:43et Ă force, il compromet l'avenir de son entreprise.
08:47Jean-Baptiste a bien compris
08:48que les affaires ne seraient jamais Ă la hauteur de son ambition.
08:51Lui, il rĂȘve de richesse.
08:53Il veut de l'argent, il veut un statut.
08:55Et déjà à l'époque, il se passionne pour la lecture.
08:58La lecture dite « à sensation »,
09:00donc de faits divers criminels le plus souvent.
09:03Et ces lectures font naĂźtre chez lui une autre passion,
09:05celle de la chimie.
09:06D'ailleurs, il s'est installé un petit laboratoire
09:09dans lequel il travaille pendant son temps libre.
09:11Fin 1868, il part pour la capitale française
09:14afin de réparer une machine qui fabrique des tubes en papier
09:17chez un certain M. Rimaio.
09:20Il trouve un logement Ă l'hĂŽtel de BĂąle, rue de Metz,
09:22et va réguliÚrement se restaurer chez Grévy,
09:24un marchand de vin du Chemin Vert Ă Pantin.
09:27Il reste jusqu'en mai 1869.
09:30Peu de temps aprĂšs, Jean-Baptiste se rend Ă Roubaix,
09:32cette fois pour installer de nouvelles machines
09:34vendues par l'entreprise de son pĂšre.
09:36C'est lĂ qu'il fait la connaissance de Jean Quinc.
09:38Il est marié à Hortense, une bourgeoise de la région,
09:41enceinte de 6 mois et déjà mÚre de 7 enfants.
09:44Jean est originaire de GĂŒvĂ©ler, en Alsace, comme Jean-Baptiste.
09:48Pour un jeune homme comme lui, Jean est un exemple Ă suivre.
09:51Il a gravi les échelons, il est passé d'ouvrier à chef d'atelier
09:54avant de devenir patron d'une belle entreprise de filature
09:58qu'il gĂšre avec succĂšs.
10:00Mais alors qu'est-ce qui a bien pu se passer entre eux
10:02pour qu'on en arrive Ă un tel carnage ?
10:04Et surtout, oĂč est Jean ?
10:06Les agents obtiennent finalement une description physique
10:08de ce fameux Tropman.
10:09Il est brun, petit et maigrichon.
10:12Et grùce à ça, il reconstitue un itinéraire.
10:14Les Quinc auraient voyagé avec lui de Cernay jusqu'à Paris,
10:18via Nancy, Chalon et Strasbourg.
10:20Et justement, le billet de train retrouvé dans les affaires de la mer
10:24correspond exactement à cet itinéraire.
10:26Une chasse à l'homme est alors lancée,
10:28sa description physique est diffusée dans la presse
10:31et transmise aux forces de l'ordre dans tout le pays.
10:33Les enquĂȘteurs savent qu'il doit probablement essayer de fuir,
10:36mais ignorent complĂštement oĂč il se dirige.
10:39Jusqu'Ă ce que, quelques jours plus tard,
10:41sa trace soit retrouvée au Havre.
10:43Il cherche visiblement à embarquer pour les Amériques.
10:45Ce matin-lĂ , un gendarme du nom de Ferrand,
10:48chargé de surveiller les fraudeurs,
10:50repÚre un homme à l'attitude étrange.
10:52Il l'interpelle pour un simple contrĂŽle de routine,
10:55mais Jean-Baptiste a une attitude hésitante.
10:58Il transpire, il s'agite,
11:00et puis d'un coup, il prend la fuite.
11:02Rien de tel pour Ă©veiller les soupçons quand mĂȘme.
11:04Le gendarme le poursuit jusqu'au quai,
11:05mais Jean-Baptiste se jette Ă l'eau.
11:07Il tente de disparaĂźtre sous les remous du port.
11:10Mais c'est peine perdue.
11:10Un ouvrier qui s'appelle Oguel,
11:13alerté par l'écrit,
11:14se jette Ă son tour Ă l'eau,
11:15arrive Ă le rattraper,
11:17et le remonte.
11:17De retour sur le quai,
11:19l'homme est fouillé,
11:19et dans ses poches,
11:20les gendarmes retrouvent des lettres écrites par Jean Quinc,
11:23des papiers d'identité,
11:24de l'argent,
11:25et mĂȘme des objets personnels ayant appartenu aux victimes.
11:28Il est arrĂȘtĂ© sur le champ.
11:29En une semaine Ă peine,
11:30l'affaire a basculé.
11:31On a un nom,
11:32un suspect,
11:33et maintenant,
11:34on a un homme.
11:35Alors je veux pas dire,
11:36mais avec le peu de moyens à l'époque,
11:37les mecs, ils ont quand mĂȘme Ă©tĂ© rapides.
11:38Le problĂšme, c'est que mĂȘme si l'instruction ne doute pas
11:41de la culpabilité de Jean-Baptiste Troppmann,
11:43les rÚgles sont déjà ce qu'elles sont à l'époque,
11:46ils n'ont pas de preuves.
11:47Jean-Baptiste, lui, n'arrĂȘte pas de se dĂ©fendre,
11:50non, c'est pas lui le responsable.
11:52En revanche, il l'avoue,
11:54oui, il a bien participé au meurtre.
11:56Il explique qu'Hortense était infidÚle,
11:58et que Jean en avait marre.
11:59Alors, il aurait prévu de tuer sa femme.
12:02Gustave, le fils aßné,
12:03l'aurait aidé,
12:04en sachant pertinemment qu'en tant que survivant,
12:07c'est lui qui profiterait de la fortune,
12:08familiale.
12:09Alors ce jour-lĂ , il aurait tenu Hortense et ses cinq enfants
12:12pendant que Jean et Gustave les frappaient.
12:14Ensuite, il aurait aidé à les mettre dans la fosse.
12:17Donc les véritables coupables, pour lui,
12:19ne seraient autres que Jean et Gustave.
12:21Malheureusement pour lui,
12:22le corps de Gustave est retrouvé la veille,
12:25le 26 septembre,
12:26par un apprenti bouché à une centaine de mÚtres
12:28du lieu oĂč les six autres corps ont Ă©tĂ© enterrĂ©s,
12:31dans une fosse dissimulée
12:32sous des broussailles, vers un coin de friche.
12:34L'endroit est suffisamment reculé
12:37pour ne pas avoir été remarqué
12:38lors de la premiÚre découverte
12:40et donc de la premiĂšre fouille.
12:42Cette nouvelle découverte
12:43met à mal la déclaration de Jean-Baptiste.
12:45Mais il a une explication.
12:47En réalité,
12:48c'est Jean, le pĂšre,
12:49qui aurait tué son fils,
12:50probablement parce qu'il le considérait
12:52comme témoin.
12:53AprĂšs tout,
12:53Gustave a aidé à tuer Hortense
12:55et les enfants,
12:55donc il était là .
12:56Et probablement que Jean
12:57n'a voulu prendre aucun risque.
12:59Le problĂšme,
13:00c'est que selon le médecin légiste,
13:02Gustave a été assassiné avant.
13:04Hortense et ses enfants.
13:05Donc lĂ ,
13:06ça colle pas.
13:07Il n'a pas pu aider au meurtre
13:09si lui-mĂȘme Ă©tait dĂ©jĂ mort.
13:11Mais Jean-Baptiste,
13:11il ne se démonte pas.
13:12Le médecin légiste s'est trompé.
13:14Et lui, par contre,
13:15il a une explication.
13:16Comme le corps a été enterré plus loin,
13:18il s'est décomposé plus vite.
13:19Faut pas avoir fait des années d'études
13:21pour savoir ça enfin.
13:22Ben, peut-ĂȘtre, en fait.
13:23AprĂšs son arrestation,
13:24assez spectaculaire quand mĂȘme,
13:26les enquĂȘteurs le font
13:27immédiatement transférer à Paris.
13:29LĂ ,
13:30l'instruction s'accélÚre.
13:31Mais Jean-Baptiste joue avec les policiers.
13:34Il alterne entre silence,
13:36faux aveux
13:37et accusations
13:37contre la famille Quinqu.
13:39Il donne des versions contradictoires
13:41et fait tout, en fait,
13:42pour embrouiller les magistrats.
13:43Avec la découverte des sept corps,
13:45l'affaire prend une ampleur nationale.
13:47Les journaux suivent
13:48le moindre rebondissement.
13:50Chaque article renforce
13:51la fascination du public.
13:53Jean-Baptiste devient littéralement
13:55une figure de cauchemar.
13:56à tel point qu'il faut réguliÚrement
13:57le protéger de la foule
13:59quand il est déplacé
13:59entre la prison
14:00et le tribunal.
14:02Et parmi tous les journaux
14:03qui s'emparent de l'affaire,
14:04un en particulier
14:05va jouer un rĂŽle central.
14:07Le petit journal.
14:08C'est lui
14:09qui couvre l'enquĂȘte
14:10depuis le tout début.
14:12Et c'est surtout lui
14:12qui va transformer
14:14ce fait divers
14:14en phénomÚne médiatique.
14:16Non seulement il suit l'enquĂȘte
14:18depuis le premier jour,
14:19mais il en a aussi fait
14:21une série à suspense.
14:22Chaque matin,
14:23le quotidien fait un point
14:24sur l'enquĂȘte.
14:25Et trĂšs vite,
14:26le petit journal comprend une chose,
14:28l'horreur,
14:29le crime,
14:30le sang,
14:31ça fait vendre.
14:32Les tirages explosent.
14:33Le journal passe de 259 000 exemplaires
14:36par jour en 1865
14:38Ă 340 000,
14:39puis 500 000
14:40au moment de l'affaire Tropman.
14:42C'est énorme.
14:44Et cette exploitation
14:44du fait divers
14:45deviendra finalement
14:47la stratégie éditoriale
14:48du journal.
14:49Et Jean-Baptiste Tropman,
14:50lui,
14:51devient malgré lui,
14:52peut-ĂȘtre pas,
14:53la premiÚre célébrité criminelle
14:54médiatique en France.
14:56Et le quotidien
14:57ne se doute pas
14:58qu'un événement
14:59va encore un peu plus
15:00augmenter son nombre de ventes.
15:02Parce que le 12 novembre 1869,
15:05Jean-Baptiste avoue
15:06oui,
15:07c'est lui
15:07qui a tué Jean Quinc.
15:09Et il est mĂȘme prĂȘt
15:10Ă indiquer l'endroit du corps.
15:11Le 25 novembre 1869,
15:14le corps de Jean
15:14est finalement retrouvé
15:15enterré prÚs d'un chùteau
15:17aux alentours
15:17de la montagne Uffoltz.
15:19C'est la derniĂšre piĂšce
15:20du puzzle.
15:21Jean n'était pas complice.
15:23Il était en réalité
15:23probablement
15:24sa toute premiĂšre victime.
15:26Et voici ce que
15:26Jean-Baptiste raconte.
15:28Tout commence
15:28le 24 août 1869.
15:31Jean annonce Ă sa famille
15:32qu'il part en affaires
15:33en Alsace.
15:34Il en profitera d'ailleurs
15:35pour rendre visite
15:36Ă sa sĆur
15:37Ă Gueviller,
15:38qu'il a déjà prévenu
15:39par courrier.
15:40Pour ce faire,
15:40il se rend le lendemain
15:42Ă la gare de Bollvilleur
15:43pour rejoindre Jean-Baptiste.
15:45Officiellement,
15:45c'est un déplacement professionnel.
15:47Jean-Baptiste a promis Ă Jean
15:48de lui faire visiter
15:50une fabrique clandestine
15:51de fausses monnaies.
15:52Mais en réalité,
15:53Jean-Baptiste
15:53a un tout autre plan.
15:55Il veut s'approprier
15:56la fortune
15:56de la famille Quinc.
15:57Jean n'arrĂȘte pas
15:58de lui parler d'argent.
15:59Il n'arrĂȘte pas
16:00de lui dire
16:00Ă quel point c'est facile.
16:02Et lui aussi,
16:02il veut sa part du gĂąteau.
16:04Alors,
16:04il fabrique de faux documents
16:05sans s'éprouver
16:06que Jean lui a donné
16:07procuration sur ses comptes.
16:08Le problĂšme,
16:09c'est qu'il a besoin
16:10que Jean soit mort
16:11pour que le plan fonctionne.
16:12Parce que,
16:13tant que Jean est vivant,
16:14il peut les contester
16:15Ă tout moment.
16:16Il suffit
16:16qu'il se présente
16:17Ă la banque
16:17ou qu'il dise
16:18n'avoir jamais signé
16:19ses documents
16:19pour que tout s'écroule.
16:21Pire encore,
16:22s'il découvre la supercherie,
16:23Jean-Baptiste risque
16:25la prison immédiate.
16:26Alors,
16:26il décide de l'attirer
16:27dans un endroit discret
16:28en lui faisant croire
16:29qu'ils allaient visiter
16:30le fameux atelier
16:31de fausse monnaie.
16:32Sur le chemin,
16:33il verse discrĂštement
16:34dans sa bouteille de vin
16:35du prussiate de potasse.
16:37Et il connaĂźt bien
16:38le produit.
16:39Le prussiate de potasse
16:40n'est pas toxique
16:41en lui-mĂȘme.
16:41Il ne devient
16:42que s'il est chauffé
16:43ou mélangé
16:44Ă un acide.
16:45Dans ce cas-lĂ ,
16:46il libĂšre
16:46de l'acide cyanhydrique,
16:48un poison extrĂȘmement mortel.
16:50Le vin étant
16:51un liquide acide,
16:52il sait pertinemment
16:53qu'en mettant ce produit
16:54dans sa bouteille,
16:55le poison va se libérer.
16:57Arrivé en haut
16:58d'une cĂŽte,
16:58Jean-Baptiste dit
16:59Ă son ami Jean
17:00de boire.
17:01Il avale quelques gorgées
17:02et en quelques secondes,
17:03le pĂšre de famille
17:04s'écroule.
17:05Il est devenu
17:06sa premiĂšre victime.
17:07Avec Jean désormais décédé,
17:09Jean-Baptiste se précipite
17:10pour fouiller ses poches.
17:12L'homme d'affaires
17:12lui avait dit
17:13avoir apporté avec lui
17:145 500 francs.
17:16Malheureusement,
17:16par prudence,
17:17en sachant qu'ils allaient
17:18visiter un lieu clandestin,
17:20Jean n'avait finalement
17:20pas pris d'argent avec lui
17:22et Jean-Baptiste
17:23ne puisse emparer
17:23que de 212 francs.
17:25C'est déjà pas mal.
17:26A l'époque,
17:26un ouvrier gagne
17:27entre 3 et 5 francs par jour.
17:29Donc 212 francs,
17:31c'est presque un mois et demi
17:32de salaire ouvrier.
17:33Si on devait comparer aujourd'hui,
17:35ça représente l'équivalent
17:35d'un SMIC mensuel.
17:37C'est une grosse somme d'argent
17:38pour quelqu'un comme Jean-Baptiste,
17:39moins pour un homme d'affaires.
17:41Mais ça reste quand mĂȘme peu
17:42pour Jean-Baptiste
17:42qui s'attendait à récupérer
17:435 500 francs,
17:45donc l'équivalent
17:45de 20 000 euros aujourd'hui.
17:47C'est un premier contre-temps,
17:48mais rien de grave
17:49parce qu'il possÚde désormais
17:50les papiers d'identité,
17:52la montre en or
17:53de sa victime
17:53et de chĂšques.
17:55Jean-Baptiste contacte
17:56alors Hortense.
17:57Il écrit à l'épouse de Jean
17:58et explique que sa lettre
18:00est dictée par Jean
18:01alors blessé à la main
18:02et donc en incapacité
18:04d'écrire.
18:04Dans cette lettre,
18:05il lui demande
18:06de retirer auprĂšs de leur banque
18:07et d'expédier l'argent
18:08Ă la poste de GuevillĂšre.
18:10Le mensonge est gros,
18:11mais comme on dit
18:12plus c'est gros,
18:13plus ça passe,
18:13on en connaĂźt quelques-uns
18:14dans le domaine.
18:15Mais Hortense,
18:16qui n'est absolument pas
18:17au courant des magouilles
18:18de son mari,
18:19s'exécute sans poser de questions.
18:20Jean-Baptiste se rend
18:21alors Ă la poste
18:22de GuevillĂšre
18:23pour se faire passer
18:23pour Quinc
18:24et récupérer trois lettres
18:25contenant probablement
18:26les 5500 francs.
18:28à son arrivée là -bas,
18:29l'agent qu'il reçoit
18:30lui demande une preuve
18:31de son identité.
18:32Pas de problĂšme,
18:33Jean-Baptiste dégaine
18:34un portefeuille
18:35et sort une carte
18:36au nom de Quinc.
18:37Sauf que cette carte,
18:38c'est un papier d'assurance.
18:40Et pour l'agent,
18:41ça ne suffit pas.
18:42Alors il refuse.
18:43Jean-Baptiste revient donc
18:44une seconde fois dans la journée,
18:45prétextant cette fois
18:46ĂȘtre le fils de Jean.
18:48Il présente une procuration
18:49en disant qu'il doit
18:50toucher de l'argent pour lui.
18:51Monsieur Gras,
18:52l'agent qu'il reçoit
18:53n'est pas convaincu
18:54par cette procuration.
18:55Il appelle l'une de ses collĂšgues
18:56qui connaĂźt la famille Quinc.
18:59Et dĂšs qu'elle arrive,
19:00elle en est certaine,
19:01cet homme n'est pas
19:02un membre de la famille.
19:03Jean-Baptiste panique.
19:05Il sort en courant du bureau
19:06en lĂąchant rapidement
19:07qu'il reviendra lundi
19:08avec une procuration
19:09en bonne et due forme.
19:10Son plan a encore échoué.
19:12Alors Jean-Baptiste
19:13décide de contacter Gustave,
19:14le fils est né de Jean.
19:16Il se dit que si c'est lui
19:17qui se présente,
19:18on lui remettra
19:19plus facilement l'argent.
19:20Et pour que son histoire
19:21semble plus crédible,
19:23il se fait passer pour Jean,
19:24évidemment,
19:25et raconte qu'il aurait gagné
19:265500 francs
19:28grùce à un associé.
19:29Sauf qu'il ne peut pas
19:30les récupérer
19:31et demande Ă son fils
19:32d'y aller
19:32parce qu'il se trouve
19:33en ce moment Ă Paris
19:34et qu'il n'est pas en mesure
19:35d'aller Ă la poste
19:36de Guvillers.
19:37Le 8 septembre 1869,
19:39Gustave arrive Ă Guvillers
19:41et se rend Ă la poste
19:42pour retirer
19:42les fameux 5500 francs.
19:44Le problĂšme,
19:45c'est que Gustave
19:45n'a pas de procuration.
19:47Aucune.
19:48Alors forcément,
19:49les agents de la poste
19:49ne veulent pas lui remettre
19:50l'argent.
19:51Au bout de quelques jours,
19:52sur place,
19:53sans nouvelles de son pĂšre,
19:54Gustave décide de prendre
19:55un train direction Paris
19:56pour tenter de le retrouver.
19:58Ă Paris,
19:58Jean-Baptiste retrouve Gustave
20:00persuadé que l'adolescent
20:01est arrivé avec l'argent.
20:02Sauf qu'il se rend rapidement compte
20:03que Gustave n'a rien.
20:05Alors,
20:06il le convainc
20:06d'envoyer un télégramme
20:07Ă sa mĂšre
20:07pour qu'elle vienne Ă Paris
20:09avec tous les papiers.
20:11AprÚs ça,
20:11finalement,
20:12Gustave n'a plus aucune utilité.
20:14Il décide de l'emmener
20:15dans un champ.
20:16On ne sait pas trop comment,
20:17mais il arrive Ă l'attirer lĂ -bas
20:18et sur place,
20:20il le frappe
20:20et lui porte
20:21plusieurs coups de couteau.
20:22L'adolescent décÚde,
20:24il l'enterre ensuite
20:24dans une petite fosse.
20:26Pendant ce temps,
20:27Hortense et ses cinq enfants,
20:28le petit dernier étant resté
20:29chez la nourrice,
20:30arrivent Ă Paris
20:31le 19 septembre.
20:32Jean-Baptiste
20:33les attend Ă la gare.
20:34à leur arrivée,
20:35il leur explique
20:36qu'il est chargé
20:36de les conduire jusqu'Ă Jean.
20:38Ils prennent d'abord
20:38un VTC de l'époque,
20:40avec cocher,
20:41n'est-ce pas,
20:42et se rendent Ă l'hĂŽtel.
20:43LĂ -bas,
20:44Jean-Baptiste récupÚre
20:45sa charrette
20:45et conduit désormais
20:46la famille jusque dans le champ.
20:48Il s'arrĂȘte
20:48et s'attaque Ă Hortense
20:50en premier.
20:50Il lui tranche la gorge
20:52avec son couteau
20:52et la frappe
20:53Ă plusieurs reprises.
20:55Les enfants
20:55qui assistent Ă la scĂšne
20:56sont sidérés,
20:57paralysés par la peur,
20:59aucun d'entre eux
21:00ne bouge.
21:01Alors Jean-Baptiste
21:01s'en prend Ă Henri
21:02qui les gorge aussi,
21:04puis répÚte l'opération
21:05sur Joseph
21:05et sur Marie.
21:06Ensuite,
21:07il s'occupe d'Alphonse
21:08et Emile
21:09qui les trangle
21:10avec un foulard.
21:11Une fois tous les enfants
21:11au sol,
21:12il leur donne chacun
21:13plusieurs coups de couteau
21:14pour s'assurer
21:14qu'ils soient bien morts,
21:16puis les frappe Ă coups de pelle
21:17pour les défigurer
21:18et espérer
21:19qu'ils ne soient jamais identifiés.
21:20Le voilĂ parti
21:21pour fuir la France.
21:23L'instruction aboutit
21:24donc rapidement
21:24et l'acte d'accusation
21:26est dressé
21:26le 18 décembre 1869.
21:29Jean-Baptiste Troppmann
21:30est envoyé devant
21:30la cour d'assises de Paris
21:32accusé d'avoir assassiné
21:338 membres de la famille Kink
21:35avec préméditation.
21:36Et autant vous dire
21:37qu'à l'époque,
21:38il risque quand mĂȘme
21:39la peine de mort
21:39et en particulier
21:40la guillotine.
21:42Alors quelques jours
21:43avant le procĂšs,
21:43finalement,
21:44il change de version.
21:45Il a menti.
21:46Il a menti parce qu'en réalité,
21:48il veut couvrir ses complices.
21:49Il explique
21:50qu'il était 4
21:51à avoir prémédité les meurtres
21:53et à y avoir participé.
21:55Il donne mĂȘme des noms
21:56des complices
21:56qui, d'aprĂšs lui,
21:58auraient fui à l'étranger
21:59ou se cacheraient toujours
22:01quelque part en France.
22:02Mais cette déclaration,
22:03arrivée juste avant le procÚs,
22:05laisse les juges
22:05et les enquĂȘteurs
22:06sceptiques.
22:07Aucun élément
22:08dans l'enquĂȘte
22:08ne confirme cette version,
22:10aucun témoin,
22:11aucun indice.
22:12Et surtout,
22:13Jean-Baptiste Troppmann
22:14a déjà changé
22:15plusieurs fois de version
22:16depuis son arrestation.
22:17Un coup,
22:17c'est Jean,
22:18le responsable,
22:19l'autre fois,
22:20c'est Gustave.
22:20Et maintenant,
22:21il évoque un mystérieux
22:22groupe de 4.
22:23Ce revirement
22:24de derniĂšre minute
22:24ne suffit pas
22:25Ă semer le doute.
22:26Le procĂšs s'ouvre
22:28le 29 décembre 1869
22:30au Palais de Justice
22:31de Paris,
22:31donc seulement 3 mois
22:33aprÚs la découverte
22:34des 6 premiers cadavres.
22:36Et c'est l'événement.
22:37Des centaines de personnes
22:38s'entassent
22:39aux abords
22:39du Palais de Justice.
22:41Les journaux
22:42couvrent le débat
22:42heure par heure.
22:44C'est tellement incroyable
22:45pour l'époque
22:45que mĂȘme des billets
22:47circulent pour avoir
22:48le droit d'entrer
22:48et d'y assister.
22:50Au premier rang
22:50se trouvent
22:51les plus grands écrivains,
22:53Flaubert,
22:54Dumas,
22:54le fils
22:55et Rimbaud notamment
22:56qui cherche l'inspiration
22:58chez cet homme
22:58dans sa personnalité,
23:00ses méthodes
23:00et ses actes.
23:01Et l'audience est tendue.
23:03Jean-Baptiste
23:03du haut de ses 20 ans
23:05tente une derniĂšre fois
23:06de se défendre
23:06avec l'aide de son avocat
23:07MaĂźtre Charles Lachaud
23:09considéré comme
23:10l'un des meilleurs
23:11de l'époque.
23:12Il plaide
23:12l'irresponsabilité partielle.
23:15En fait,
23:15MaĂźtre Lachaud
23:16tente de faire valoir
23:17que Jean-Baptiste
23:18souffre de troubles mentaux
23:19ou du moins
23:20d'un déséquilibre
23:21psychologique profond
23:22qui aurait
23:23alterné son jugement
23:24au moment des faits.
23:26Comme quoi dĂ©jĂ
23:26à l'époque,
23:26c'était monnaie courante
23:27de plaider la folie.
23:28Il ne conteste
23:29pas totalement les crimes
23:30mais il cherche
23:31à atténuer
23:32la responsabilité
23:33de son client
23:33pour éviter
23:34la peine capitale.
23:35Il évoque
23:36la jeunesse
23:36de Jean-Baptiste,
23:37son instabilité,
23:38son obsession
23:39pour la chimie,
23:40son intelligence précoce
23:41mais déroutante
23:42et la pression sociale
23:44d'un jeune homme
23:45peut-ĂȘtre trop ambitieux.
23:46En clair,
23:47c'est un esprit dérangé
23:48mais ça ne veut pas dire
23:49que c'est un monstre
23:50au sang-froid.
23:51L'accusation
23:52elle est plutĂŽt claire.
23:53Elle dresse le portrait
23:54d'un crime
23:54méthodiquement conçu.
23:56Jean-Baptiste
23:56a organisé
23:57plusieurs guet-apens
23:57tués dans un but
23:59purement financier
24:00éliminés les témoins
24:01et les preuves.
24:02Pour eux c'est clair,
24:03Jean-Baptiste
24:04a fait preuve
24:04d'une grande lucidité
24:06et d'une planification
24:07minutieusement orchestrée.
24:09Petite note importante aussi,
24:10pendant le procĂšs,
24:11un détail physique
24:12a retenu l'attention
24:13de la presse
24:13et des témoins
24:14au point de devenir
24:15iconique dans cette affaire.
24:17Ses mains.
24:18Jean-Baptiste
24:18présenterait des mains
24:19énormes avec des pouces
24:21anormalement longs
24:22et surdimensionnés
24:23par rapport Ă ses autres doigts.
24:24Et pour eux c'est clair,
24:25Jean-Baptiste
24:26est un monstre
24:27derriĂšre un visage
24:28ordinaire.
24:29Le 31 décembre,
24:30aprĂšs trois jours de procĂšs,
24:32le verdict tombe,
24:33il est reconnu coupable
24:34de l'assassinat
24:35des huit membres
24:36de la famille Quinc
24:37et il est condamné à mort.
24:38Juste avant son exécution,
24:40il écrit une lettre.
24:41Il y explique
24:41qu'il n'a pas tué
24:42cette famille
24:43et clame Ă nouveau
24:44son innocence.
24:45Selon ce qu'il écrit,
24:46il aurait été manipulé
24:47et aurait agi pour des raisons
24:49qu'il ne pouvait pas
24:49exprimer publiquement.
24:51Il adresse aussi
24:51un dernier mot
24:52Ă ses parents
24:52en leur demandant
24:54de ne pas pleurer sa perte.
24:55Mais la lettre
24:56arrive bien trop tard.
24:57L'exécution est prévue
24:58le 19 janvier 1870.
25:01Avant son exécution,
25:02un repas de gala
25:02est organisé
25:03pour Jean-Baptiste
25:04dans sa cellule
25:05de la roquette.
25:05Il a mangé du poulet rÎti,
25:07du pùté,
25:08des fruits,
25:09il a bu du vin rouge,
25:09il a mĂȘme eu le droit
25:10Ă un dessert.
25:11Et ce dernier repas
25:12fait scandale
25:13dans l'opinion publique.
25:14Certains y voient
25:15le symbole
25:15d'une justice trop humaine
25:16avec un tueur
25:18justement inhumain.
25:19D'autres y lisent
25:20l'ironie macabre
25:21d'un homme condamné
25:22mais encore maĂźtre
25:23de ses plaisirs
25:24et ce jusqu'Ă la derniĂšre minute.
25:25Pourtant,
25:26c'est une pratique
25:27assez courante à l'époque
25:28mais dans son cas Ă lui,
25:29c'est le contraste
25:30entre l'horreur du crime
25:31on est quand mĂȘme
25:32sur un crime extrĂȘmement sordide
25:33et ce dernier festin accordé.
25:35Il fait appel
25:36mais son pourvoi
25:37est rejeté.
25:38Le 19 janvier 1870
25:39Ă 7h du matin
25:40et devant la prison
25:41de la roquette Ă Paris
25:42s'organise l'exécution
25:44de celui qu'on surnomme désormais
25:45le monstre de Pantin.
25:47L'événement est public.
25:4820 000 personnes
25:49se pressent
25:49pour assister Ă la chute
25:51de celui qui a tant fait
25:52parler les journaux
25:53ces derniers mois.
25:54On raconte mĂȘme
25:54qu'au moment
25:55oĂč le bourreau
25:56a lùché sa lame,
25:57Jean-Baptiste
25:57lui aurait mordu le pouce.
25:59Et c'est lĂ
25:59que l'affaire
26:00entre définitivement
26:01dans l'histoire.
26:02Elle marque
26:03l'un des tous premiers
26:04faits divers
26:05médiatisés
26:06massivement
26:08et en temps réel
26:09avec une presse populaire
26:11qui transforme un crime
26:12en une véritable série
26:14et un criminel
26:15en personnage principal.
26:17C'est tellement incroyable
26:18que MoĂŻse Millot,
26:20fondateur et directeur
26:21du Petit Journal,
26:22trinque à l'exécution
26:23du criminel
26:24et de tout ce que son crime
26:26a apporté
26:26Ă son entreprise.
26:28La société française
26:29vient de découvrir
26:30le pouvoir d'attraction
26:31des affaires criminelles.
26:33D'ailleurs,
26:34si vous vivez
26:34prĂšs de Paris
26:35ou si vous souhaitez
26:36y aller un jour,
26:37le moulage
26:38des mains de Jean-Baptiste
26:39est exposé au musée
26:40de la préfecture de police.
26:42Alors,
26:42j'y suis jamais allée
26:43et vu oĂč j'habite,
26:44disons que l'aller-retour
26:45ça va ĂȘtre compliquĂ©
26:46mais j'ai cherché
26:47quelques infos
26:48si vous,
26:49vous voulez vous y rendre.
26:50Olivia qui nous a soumis
26:51l'affaire
26:51m'en a parlé
26:52dans le formulaire,
26:53j'imagine qu'elle l'a fait
26:53et le recommande vivement
26:55Ă celles et ceux
26:56qui s'intéressent
26:57au travail des enquĂȘteurs
26:58et au true crime
26:59de maniÚre générale.
27:00Le musée se trouve
27:01dans le 5e arrondissement
27:02aux 4 rues
27:02de la montagne
27:03Sainte-GeneviĂšve
27:04et il est accessible
27:08le siĂšcle d'histoire policiĂšre
27:09du 17e siĂšcle
27:11Ă nos jours.
27:12Du coup,
27:12vous pouvez y retrouver
27:13le moulage
27:14des mains de Jean-Baptiste
27:15mais aussi la cordelette
27:16de l'affaire Gouffet,
27:17l'Ćil de bĆuf
27:17de la porte du docteur Petiot,
27:19ce célÚbre médecin assassin
27:21qui sous l'occupation
27:22faisait croire aux juifs
27:23qui pouvaient les faire fuir
27:24avant de les tuer
27:25et de brûler leur corps
27:26dans sa maison.
27:27Vous avez accĂšs
27:28à des photos anthropométriques
27:29et Ă des fiches Bertillon,
27:30donc les premiers outils
27:31d'identification des criminels.
27:34On a les tailles,
27:34les mensurations,
27:35les photos de face,
27:36de profil
27:36et qui ont révolutionné
27:38la police au 19e siĂšcle.
27:40Vous avez aussi
27:40des expositions
27:41sur les techniques
27:41d'enquĂȘte d'aujourd'hui.
27:42Bref,
27:43le musĂ©e semble ĂȘtre
27:44Ă la fois historique
27:45et ultra passionnant
27:46sans jamais tomber
27:48dans le sensationnalisme
27:48et ça je trouve
27:49que c'est trĂšs important.
27:50J'ai l'impression
27:50qu'il permet aussi
27:51et surtout
27:52de comprendre
27:52comment la justice
27:53s'est outillée
27:54pour traquer le crime
27:55et finalement
27:56d'approcher des affaires
27:57emblématiques
27:58sous un angle
27:59plus technique.
28:00J'ai trouvé l'histoire
28:01de Jean Tropman
28:01particuliÚrement intéressante
28:03à écrire,
28:04revenir un peu
28:04aux fondamentaux,
28:05c'est vraiment top.
28:06Et pour ĂȘtre honnĂȘte,
28:07j'aime traiter
28:08d'anciennes affaires
28:09comme celle-ci.
28:10Il y a quelque chose
28:10de fascinant
28:11à plonger dans une époque
28:12oĂč tout se faisait
28:13Ă l'instinct,
28:14au flair,
28:14au papier,
28:15Ă la plume
28:15parce que les documents
28:17authentiques,
28:17les lettres,
28:18les procĂšs-verbaux
28:19écrits à la main,
28:20la maniĂšre d'enquĂȘter
28:21sans ADN
28:22ni caméra,
28:23je trouve ça super chouette.
28:24Dites-moi en commentaire
28:25si vous aussi
28:26vous aimez ce genre d'affaires
28:27ou si vous préférez
28:28qu'on reste dans notre
28:29bon vieux
28:291980...
28:30euh...
28:312025.
28:32J'espĂšre que quelqu'un
28:32a la ref.
28:36une nouvelle histoire
28:37glaçante
28:37sur Dark Stories.
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