- il y a 7 semaines
Est-ce quâun criminel perd le droit dâĂȘtre aimĂ© ? Est-ce quâun meurtre efface ce quâil a Ă©tĂ© avant⊠et transforme ce quâil sera aprĂšs ? Dans cette enquĂȘte, on plonge dans la tĂȘte dâIsakin Jonsson, surnommĂ© le Cannibale de Skara. Un homme qui a tuĂ©, dĂ©coupĂ©, mangé⊠avant de devenir une figure publique en SuĂšde. Entre lettres de menace, blog tenu avec sa compagne surnommĂ©e la femme vampire, et poupĂ©es vaudou vendues en ligne, cette affaire criminelle glaçante interroge notre rapport Ă la justice, au cannibalisme, Ă la psychiatrie criminelle et Ă lâhumanitĂ© quâon refuse parfois de voir chez ceux quâon considĂšre comme des monstres.
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AmusantTranscription
00:00Est-ce qu'un criminel perd le droit d'ĂȘtre aimĂ© ?
00:10Est-ce qu'un meurtre efface ce qu'il a été avant et transforme ce qu'il sera aprÚs ?
00:15Si pour vous la rĂ©ponse est Ă©vidente, vous ne verrez peut-ĂȘtre plus les choses de la mĂȘme façon aprĂšs cette histoire.
00:20Nous sommes le 12 novembre 2010, ce jour-lĂ , une mĂšre de 5 enfants disparaĂźt.
00:24Si vous vous attendez Ă une disparition inquiĂ©tante, un crime sordide, croyez-moi, vous ĂȘtes encore trĂšs loin du compte.
00:30Parce que ce que je vous raconte aujourd'hui, c'est l'une des affaires les plus dérangeantes que la SuÚde ait connue.
00:36Et je vous le dis tout de suite, ce n'est pas juste l'histoire d'un meurtre, c'est l'histoire d'un homme qu'on n'a jamais vraiment voulu arrĂȘter,
00:43avec derriÚre lui une petite fille qui, 15 ans aprÚs, a décidé de parler.
00:47Et ce qu'elle révÚle pourrait bien tout faire basculer.
00:50Installez-vous confortablement, abonnez-vous si ce n'est pas encore fait.
00:54Je vais finir par inventer une chanson pour que ce soit moins ennuyeux Ă chaque fois que je le dis.
00:57Et on est parti !
01:28Aujourd'hui, je vous donne rendez-vous à Skara, une ville tranquille de l'ouest suédois.
01:32Oui, écoutez, je vous fais voyager un peu.
01:34Puis aprÚs tout, tous les crimes odieux ne se déroulent pas qu'aux Etats-Unis.
01:38MĂȘme si la taille du pays fait que statistiquement, on y trouve bien plus d'affaires sordides.
01:42Mais la SuĂšde ne fait pas exception.
01:44On la voit souvent comme un modÚle, un pays calme, vert, égalitaire, connu pour ses congés parentaux exemplaires, son systÚme éducatif progressiste, sa politique carcérale tournée vers la réinsertion, son design épuré, ses meubles en kit et ses boulettes.
02:02Hein ? Beaucoup, beaucoup savent de quoi je parle.
02:04Le problĂšme, c'est qu'en SuĂšde, il y a aussi des humains.
02:07Et l'humain, parfois, il est imprévisible et terriblement effrayant.
02:11Donc, dans notre sympathique ville de Skara, vit Elle Christensen.
02:15Alors, vu qu'elle s'appelle Elle et que ça va ĂȘtre compliquĂ© de raconter une histoire en français avec un prĂ©nom fĂ©minin qui a la mĂȘme prononciation qu'un prĂ©nom personnel fĂ©minin,
02:23je vais la nommer Ella pour que ce soit plus fluide au niveau de la narration.
02:27Donc, Elle a 40 ans et 5 enfants.
02:29Elle partage sa vie avec Isaacine Johnson, son compagnon, et réguliÚrement, la fille qu'Isaacine a eu d'une précédente relation,
02:37vient lui rendre visite.
02:38Tous les trois vivent dans un petit appartement loué au nom de la mÚre de Ella.
02:42Mais le 12 novembre 2010, Ella disparaßt mystérieusement.
02:46C'est vendredi et ce matin-là , le couple s'est levé un peu tard.
02:49Ils n'ont pas de rendez-vous particulier.
02:51Aucun des deux ne travaille.
02:53Ils traßnent tranquillou à la maison et sortent vers midi pour se rendre au supermarché.
02:57LĂ -bas, ils achĂštent 4 bouteilles de biĂšre, une bouteille de Jagermeister et quelques petites choses Ă grignoter pour le dĂźner.
03:04Entre-temps, Jamy rend visite à son pÚre, comme elle a l'habitude de le faire réguliÚrement.
03:09Jamy, elle adore Ella.
03:10Quand Jamy vient, toutes les deux cuisinent ensemble, elles jouent ensemble.
03:14Jamy, vraiment, elle adore passer des moments avec elle.
03:17Et pourtant, ce jour-lĂ , Ella ne semble pas dans son assiette.
03:21Elle ne parle pas, elle fuit le regard de Jamy.
03:24Et Isaacine, il a l'air d'ĂȘtre complĂštement Ă cĂŽtĂ© de la plaque.
03:27Au moment de déjeuner, donc, Ella prépare un plat tout fait.
03:30Et quand elle lui tend l'assiette, elle lui lùche un « Profite de ce moment, c'est le dernier repas que je te prépare ».
03:35Alors, Jamy, sur le coup, elle ne comprend pas ce que sa belle-mĂšre essaie de lui dire.
03:39Et rappelons-le, elle a 9 ans.
03:40Donc, pour elle, c'est juste une mauvaise blague ou un truc de grand qu'elle n'a juste pas compris.
03:45Et en fin d'aprĂšs-midi, elle repart avec sa mĂšre.
03:47Ce sera la derniĂšre fois qu'elle verra Ella.
03:50Le lendemain, Ella ne répond plus au téléphone.
03:53Personne ne la voit.
03:54Et elle ne donne plus aucun signe de vie.
03:56Ella est née en 1970 à Boros, une ville industrielle du sud-ouest de la SuÚde.
04:01Elle grandit dans un foyer relativement modeste au sein d'une fratrie de trois enfants.
04:05Son pÚre était ouvrier dans une usine de textile et sa mÚre employée de cantines scolaires.
04:10Et au quotidien, la famille peine quand mĂȘme Ă joindre les deux bouts.
04:14Donc, dÚs son plus jeune ùge, Ella apprend à se débrouiller toute seule.
04:18Et trÚs vite, elle se fait remarquer pour son caractÚre trÚs indépendant.
04:22Mais aussi pour sa trÚs grande sensibilité.
04:25A l'école, il suffit qu'on la gronde une fois pour qu'elle fonde en larmes.
04:30Elle pouvait passer du rire au sanglot sans prévenir.
04:33Incapable de contenir ce qu'elle ressentait.
04:35Et vraiment, on en parle de plus en plus.
04:37On en parle beaucoup.
04:39Mais pour avoir ce genre de personnalité, c'est vraiment pas simple au quotidien.
04:43Ă l'adolescence, Ella commence Ă aller de moins en moins bien.
04:47C'est pas soudain, mais progressivement, ça se voit.
04:51Elle commence Ă s'isoler.
04:52Peu à peu, elle décroche de l'école.
04:55Et elle entre de plus en plus en conflit avec ses parents.
04:59Elle commence Ă fuguer.
05:00Une fois, deux fois, trois fois.
05:03Elle rentre.
05:03Elle repart.
05:04Et au bout d'un moment, ça ne passe plus du tout.
05:06Alors, à 16 ans, les autorités interviennent.
05:09Et Ella est placée dans un internat spécialisé pour jeunes en difficulté.
05:12Donc lĂ -bas, elle est suivie par un psychologue.
05:15Elle est encadrée par l'équipe éducative.
05:17Et en moins de six mois déjà , elle se sent beaucoup plus apaisée.
05:22Elle se découvre de nouvelles passions, notamment l'art.
05:24Elle affectionne particuliĂšrement le dessin, les travaux manuels.
05:28Les trucs simples, mais qui en fait lui permettent de canaliser ce qu'elle a dans la tĂȘte.
05:33Et de poser ce qu'elle ressent quelque part.
05:35Ă 18 ans, elle quitte l'internat et elle enchaĂźne les petits boulots.
05:39Elle commence comme serveuse dans un café de Boros.
05:42Et ça lui plaßt bien parce qu'elle aime beaucoup le contact avec les clients là -bas.
05:46Mais les horaires sont irréguliers.
05:48Et malgrĂ© tout, elle a quand mĂȘme beaucoup de mal Ă rĂ©sister Ă la pression qu'exige le job quand mĂȘme.
05:53D'ailleurs, courage à toutes celles qui font ce métier.
05:55Parce que c'est vraiment un mĂ©tier pas toujours Ă©vident, bien qu'extrĂȘmement enrichissant.
05:59Alors, elle est ensuite embauchée comme aide à domicile auprÚs de personnes ùgées et handicapées.
06:03Elle aime beaucoup ce qu'elle fait.
06:04Et elle a l'impression de se sentir utile quelque part.
06:07Mais malheureusement, l'agence qui l'embauche ferme ses portes.
06:10Et donc, elle est obligée de trouver un nouvel emploi.
06:12Et cette fois-ci, elle trouve un job comme vendeuse dans une boutique de vĂȘtements de la chaĂźne Capal.
06:17Mais cette fois-ci, l'ambiance au travail n'est pas au beau fixe.
06:20Elle ne s'entend pas avec certains collĂšgues.
06:21Elle fait énormément de crises d'angoisse.
06:24Donc, elle s'absente de plus en plus souvent, jusqu'au moment oĂč elle ne revient plus du tout.
06:29Au fil des années, Ella a enchaßné aussi les relations.
06:33Parfois des relations longues, parfois trĂšs brĂšves.
06:35Mais au moment des faits, elle est donc mÚre de cinq enfants, nés de cinq papas différents.
06:40Alors, quand elle perd son emploi de vendeuse à Capal, et faute finalement de stabilité financiÚre et émotionnelle,
06:46les enfants sont chacun confiés à leur pÚre respectif.
06:49Et au fil des années, Ella, elle lutte quotidiennement contre ses troubles dépressifs et ses épisodes d'anxiété.
06:56Elle est hospitalisée à plusieurs reprises en psychiatrie, notamment à la clinique de Boros,
07:01oĂč elle rencontre en 2009 son compagnon, Isaacine Johnson.
07:04Donc, tous les deux sont patients.
07:06Et en fait, ils se lient d'amitié, puis progressivement entament une relation amoureuse.
07:11Tous les deux sont attirés par leur passé un peu chaotique,
07:13et finalement, par une quĂȘte commune de rĂ©demption.
07:16Donc, ils m'ont décidé de s'installer ensemble à Scara,
07:19et à l'automne 2010, ils emménagent dans leur appartement actuel.
07:22Ensemble, ils font des projets, notamment celui d'ouvrir un salon de tatouage et de piercing,
07:27avec l'espoir finalement de tourner un peu la page sur leur vie passée.
07:31Mais voilà , le 12 novembre 2010, Ella disparaßt mystérieusement.
07:35Une disparition d'autant plus inquiétante, quand on se souvient des derniers mots qu'elle a dit à Jamy,
07:40à savoir que c'était le dernier repas qu'elle lui servait.
07:43Le lendemain, le 13, personne ne la voit.
07:46Elle ne répond pas au téléphone, elle ne donne littéralement plus aucun signe de vie.
07:51Et mĂȘme Isaacine ne sait pas oĂč elle est.
07:54Alors, Isaacine, lui, il est né le 14 octobre 1978,
07:58Ă Chopin, sous le nom de Jimmy Daniel Isaacson.
08:02à l'ùge de deux ans, il déménage à 40 kilomÚtres de là , dans la ville de Westeros.
08:06On sait trÚs peu de choses sur son enfance, donc avant sa majorité, on n'a quasiment rien.
08:12Ce qu'on sait en revanche, c'est qu'Izakiine a toujours été plus ou moins instable.
08:15DÚs l'adolescence, il fait déjà plusieurs passages en psychiatrie,
08:18et de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, c'est un homme qui parle quand mĂȘme pas beaucoup, qui reste en retrait.
08:23Adulte, il s'essaie Ă l'art, il suit une formation artistique.
08:26AprÚs tout, il adore dessiner, il est passionné de tatouage,
08:29c'est une chance pour lui de se reconvertir dans quelque chose qu'il aime,
08:32mais il ne tient pas. Il n'est pas régulier au cours, il a un peu la bougeotte,
08:37donc il va commencer à déménager de ville en ville,
08:39il va passer de Westeros à Eurébrou, puis à Chevedé.
08:44J'ai essayé de bien les prononcer.
08:45Et on le retrouve un peu partout dans le sud et le centre de la SuĂšde.
08:49Chaque fois, il s'installe pour refaire sa vie, il recommence tout, il se lasse,
08:55et donc aprĂšs il repart.
08:55Et pendant plusieurs années, il vit en marge de la société.
08:58Il enchaßne les hébergements précaires, les petits boulots qui ne durent pas,
09:01les séjours en hÎpital psychiatrique, il prend des traitements,
09:04et puis il les arrĂȘte, il recommence.
09:06Parfois il disparaĂźt de tout radar pendant plusieurs semaines,
09:09comme s'il voulait effacer des bouts de lui-mĂȘme.
09:11Et d'ailleurs, à cette période-là , il décide de ne plus se faire appeler Jimmy.
09:15Désormais, il se fait connaßtre sous le nom d'Izakin Johnson.
09:18Un nouveau prénom, comme un nouveau départ, probablement en tout cas,
09:22c'est ce qu'il veut Ă ce moment-lĂ .
09:23Izakin, il a aussi été condamné pour des infractions liées à la drogue et au vol
09:28à plusieurs reprises dans différentes régions du sud-est et du centre de la SuÚde,
09:32lĂ oĂč il est passĂ© en fait.
09:33Et puis il rencontre la mĂšre de sa fille, Jamili Haro, qui naĂźt en 2001.
09:38DĂšs qu'il devient papa, c'est un homme beaucoup plus responsable,
09:42trÚs attentionné avec sa fille,
09:43et aprÚs sa séparation avec la mÚre de Jamili,
09:46dont là non plus on n'a pas énormément de détails,
09:48et on sait juste qu'Izakin entretient une excellente relation avec elle et sa mĂšre,
09:53et il voit réguliÚrement sa fille.
09:55Sauf qu'en dessous de cette vie bien rangée, en tout cas plus qu'avant,
09:59se trouve en réalité un Izakin toujours trÚs troublé.
10:02Il commence Ă se droguer, et ce, trĂšs vite.
10:04Il se laisse emporter dans une spirale.
10:06Plus il consomme, plus ses accĂšs de colĂšre et de violence montent,
10:09jusqu'à ce qu'il devienne carrément incontrÎlable,
10:11et se fasse de nouveau interné en 2009 pour troubles mentaux,
10:15notamment de la psychose et des hallucinations.
10:17C'est dans cette clinique, donc, qu'il rencontre Ella.
10:19Ella, elle voit en lui quelqu'un de doux,
10:21quelqu'un de différent des autres,
10:22et surtout, elle se sent écoutée.
10:24Quelqu'un qui, pour une fois, ne la juge pas.
10:26Ils échangent énormément sur leur passé, leur casserole,
10:29sur tout ce qu'ils ont raté, sur tout ce qu'ils veulent réussir.
10:32Alors, quand ils quittent la clinique Ă l'automne 2010,
10:34ils n'ont pas grand-chose, ils n'ont pas de boulot,
10:37ils n'ont pas de diplÎme récent, pas vraiment de situation,
10:41mais ils ont Ă©normĂ©ment de rĂȘves.
10:43Ils ont le rĂȘve d'un nouveau dĂ©part,
10:44entre autres ce salon de tatouage.
10:46C'est un vrai rĂȘve pour Isaac, une passionnĂ©e de dessin.
10:49Et Ella, elle y croit Ă fond.
10:51Elle le soutient, elle en parle Ă ses proches,
10:53elle dit Ă tout le monde qu'elle va mieux,
10:55qu'elle a vraiment envie d'avancer.
10:57Alors, oui, le quotidien est fragile,
10:59le couple vit d'aide sociale,
11:01ils ne sortent pas beaucoup.
11:02La plupart du temps, ils traĂźnent Ă la maison,
11:04ils passent leur journée à fumer,
11:06Ă boire un peu, Ă refaire le monde.
11:08Et puis, il y a Jamy.
11:09La petite fille considĂšre vraiment Ella comme une deuxiĂšme maman.
11:13Donc, finalement, dans ce décor un peu bancal, presque figé,
11:17on pourrait croire que la page est tournée
11:19et que finalement, progressivement, Ă leur rythme,
11:22ils avancent.
11:22Mais en réalité, une autre histoire est en train de s'écrire.
11:25Et ça, personne ne va le voir venir.
11:27Nous sommes le 14 novembre 2010.
11:29Ăa fait presque 36 heures qu'Ella n'a pas donnĂ© signe de vie
11:32et au commissariat de police de Chevaudé,
11:34Ă une cinquantaine de kilomĂštres de lĂ ,
11:35le téléphone sonne.
11:37Au bout du fil, un homme dit trĂšs calmement
11:40« Ce que j'ai fait, je ne comprends pas.
11:42Je suis calme.
11:43Quand vous viendrez, vous n'aurez pas besoin de me sauter dessus. »
11:45L'homme n'est autre qu'Izakin Johnson.
11:48Il explique qu'il a tué sa compagne
11:50et demande Ă ce que les policiers viennent constater.
11:53Une Ă©quipe est immĂ©diatement dĂ©pĂȘchĂ©e Ă Scara,
11:56donc Ă l'appartement d'Ella et d'Izakin.
11:58Et à leur arrivée, la porte est entreouverte.
12:00Et il y a une odeur nauséabonde
12:03qui s'échappe de l'intérieur.
12:04En entrant, les agents découvrent une scÚne d'horreur.
12:09Le corps décapité de Ella gßt dans la chambre
12:12alors que sa tĂȘte a Ă©tĂ© posĂ©e dans l'Ă©vier de la cuisine
12:15et que des morceaux de chair humaine
12:17sont retrouvĂ©s dans une poĂȘle prĂȘte Ă ĂȘtre consommĂ©e.
12:21Izakin est aussitĂŽt arrĂȘtĂ©, sans rĂ©sistance.
12:24Il est immédiatement placé en garde à vue
12:26et transféré au commissariat de Chevaudé
12:29pour ĂȘtre interrogĂ©.
12:30Pendant son interrogatoire,
12:31Izakin est trÚs coopératif.
12:33Il répond à toutes les questions qu'on lui pose
12:35et il va raconter tout de suite et en détail
12:37la soirée du 12 novembre 2010.
12:40Souvenez-vous,
12:40Jamy avait remarqué que quelque chose n'allait pas.
12:43AprÚs un apéitif bien arrosé,
12:45Ella a mĂȘme dit cette phrase
12:47« Profite, c'est le dernier repas que je te prépare. »
12:49Mais je ne vous ai pas tout dit.
12:51En réalité, elle a ajouté
12:52« Parce qu'il va me tuer. »
12:54Mais encore une fois,
12:55Jamy, elle a 9 ans,
12:56elle n'a pas conscience de ce qu'elle est en train de dire.
12:58Ella, si c'est une expression, une façon de parler.
13:02Et vers 17h, elle rentre chez sa mĂšre.
13:04AprÚs le départ de Jamy,
13:06Ella et Izakin continuent de boire.
13:08Et vers 18h,
13:09Ella part s'allonger dans leur chambre,
13:11sur le matelas,
13:12posĂ© Ă mĂȘme le sol,
13:14pour lire un livre.
13:14Izakin, lui, continue de boire seule dans le salon.
13:17Mais aux alentours de 19h,
13:19Izakin rejoint Ella dans la chambre.
13:21Elle, elle est tranquillement allongée sur le dos,
13:24plongée dans son bouquin.
13:25Il s'allonge à cÎté d'elle
13:27et sort un couteau,
13:28un grand couteau de cuisine.
13:29D'abord, il le plante dans le matelas
13:31et commence à découper le matelas.
13:33Puis, il se place Ă califourchant sur Ella,
13:35au niveau de sa tĂȘte,
13:36avec ses jambes de part et d'autre de son visage.
13:39Elle n'a mĂȘme pas le temps de s'en rendre compte,
13:40finalement,
13:41qu'Izakin lui tranche la gorge d'un coup net.
13:44Ella meurt, évidemment, sur le cou,
13:46dans une mare de sang.
13:48Une fois qu'Ella ne bouge plus,
13:49Izakin reste lĂ ,
13:51assise sur elle.
13:52Puis, il prend un oreiller,
13:53le pose sur son visage pour absorber le sang.
13:56Et sans précipitation aucune,
13:58sans paniquer,
13:59il commence à la déshabiller.
14:00Pour ça, il dĂ©coupe ses vĂȘtements,
14:02un par un.
14:03D'abord, son pantalon,
14:04puis sa culotte,
14:05son chemisier,
14:06et enfin, son soutien-gorge.
14:08Et rien que de faire ça,
14:09ça l'excite.
14:10Alors, il se met Ă avoir un rapport
14:11avec le cadavre de sa petite amie.
14:13Mais alors qu'il est en train de faire,
14:15qu'il est en train de faire,
14:16il a une autre pulsion,
14:17celle de la découper.
14:19Alors, il reprend son couteau,
14:20sort de la chambre pour récupérer une scie
14:23et une hache,
14:24et retourne auprĂšs du cadavre d'Ella
14:26pour finir de lui dĂ©couper la tĂȘte.
14:28Mais il va aussi découper un morceau de chair
14:30d'un de ses bras
14:31et le morceau de chair d'une de ses jambes.
14:33Et il emporte ensuite la tĂȘte d'Ella
14:35pour la déposer dans l'évier de la cuisine.
14:37Il la rince,
14:38il la nettoie,
14:39puis il récupÚre les morceaux de chair
14:41dans la chambre
14:42et les emporte eux aussi dans la cuisine.
14:44Il fait chauffer une poĂȘle,
14:45ajoute un filet d'huile d'olive,
14:48dépose les morceaux de chair,
14:49et y ajoute du sel
14:50et des feuilles de cannabis
14:52qu'il a lui-mĂȘme cultivĂ©es chez lui.
14:53Il se sert une assiette
14:54et mange son plat.
14:56Quand il a terminé,
14:57il reprend la tĂȘte d'Ella,
14:58alors toujours posée dans l'évier,
15:00et la pose sur le comptoir de la cuisine
15:02avant de la hacher,
15:03probablement pour la manger aussi.
15:05Mais on ne sait pas pourquoi.
15:06Il s'arrĂȘte lĂ
15:07et repose la tĂȘte dans l'Ă©vier.
15:08Toute la nuit et le lendemain,
15:10il va rester dans son appartement
15:11avec le corps de sa compagne.
15:13Il boit beaucoup.
15:14Il prend mĂȘme du tramadol.
15:16Alors le tramadol,
15:17pour information,
15:17si vous ne savez pas ce que c'est,
15:19c'est un analgénique opioïde
15:20utilisé pour traiter la douleur.
15:23C'est vraiment un médicament
15:24qui va agir sur le systĂšme nerveux
15:26et qui peut provoquer des effets secondaires,
15:28notamment des hallucinations,
15:29des convulsions,
15:30une altération de la conscience,
15:32en particulier quand il est pris
15:33en grande quantité
15:34ou combiné avec de l'alcool.
15:36Donc, Isaacine continue de boire.
15:38En plus de sa prise de médicaments,
15:40il consomme énormément
15:41pendant cette journée,
15:42et ce, jusqu'au 14 novembre,
15:44donc le dimanche.
15:46Ce jour-lĂ ,
15:46il appelle la police.
15:47Et il le dit au policier.
15:49Il sait qu'il est dangereux
15:50quand il ne prend plus ses médicaments.
15:52Et selon lui,
15:53Ella et lui se seraient disputés
15:55toute la journée,
15:56mais il n'arrive pas
15:57Ă expliquer son geste.
15:58En fait, dans son esprit,
15:59c'est comme si plusieurs personnes
16:01étaient dans la piÚce.
16:02Il avait l'impression
16:03que tout ce petit monde
16:04jouait dans un film.
16:06Au moment de son arrestation,
16:07des analyses de sang
16:08sont réalisées sur Isaacine
16:09et révéleront un taux d'alconémie
16:11de 1,35 g par litre de sang
16:14et 4,1 microgrammes
16:15de tramadol.
16:16Alors bon,
16:16la dose,
16:17j'ai regardé,
16:18la dose thérapeutique,
16:19c'est ce que j'ai trouvé,
16:19je ne sais pas si c'est vrai,
16:20je ne suis pas spécialiste
16:21dans le domaine,
16:22mais la dose thérapeutique
16:23est nettement supérieure
16:25à ce qu'on a retrouvé
16:26dans son sang.
16:26Ăa traduit surtout,
16:28un, qu'il en a pris,
16:29deux, qu'il en a réguliÚrement pris
16:30au cours des 36 derniĂšres heures.
16:33Immédiatement,
16:33le tribunal du district
16:34de Westmanland
16:35ordonne une évaluation psychiatrique.
16:37L'expertise conclut
16:38Ă des graves troubles mentaux,
16:40mais le détail
16:40n'a pas été divulgué.
16:42Il faut savoir qu'en SuĂšde,
16:43les informations,
16:43comme en Allemagne,
16:45sont trÚs, trÚs limitées
16:46en ce qui concerne
16:46la vie privée.
16:47Le 11 mars 2011,
16:49s'ouvre donc le procĂšs
16:50pour meurtre d'Isaacine.
16:51Et restez bien concentrés,
16:53je vous assure,
16:54ça vaut le coup.
16:54Ăvidemment,
16:55avec ses aveux,
16:56c'est comme s'il avait dĂ©jĂ
16:57plaidé coupable.
16:58Isaacine comparaĂźt donc
16:59devant le tribunal menotté,
17:00accompagné de gardes,
17:02alors qu'il se tient
17:02derriĂšre une cloison.
17:04Son avocat,
17:05maĂźtre Lennart Svensson,
17:07défend son client
17:08en présentant
17:09qu'il n'y avait
17:10pour ce crime
17:11et que cette tragédie
17:13a eu lieu uniquement
17:14parce qu'Isaacine
17:15souffre d'une maladie mentale.
17:16L'avocat a aussi défendu
17:18que l'alcool
17:18et les drogues
17:19trouvées dans le sang d'Isaacine
17:20avaient été consommées
17:22aprĂšs le meurtre.
17:23Bon, on sait tous évidemment
17:24qu'il en a consommé avant,
17:26au moins de l'alcool,
17:27puisqu'il a dit lui-mĂȘme
17:28qu'ils avaient picolé ensemble
17:30avec Ella
17:30toute l'aprĂšs-midi du 12 novembre.
17:31Pendant le procĂšs,
17:32les photos de l'autopsie
17:33sont dévoilées,
17:34mais en SuĂšde,
17:34elles ne sont pas diffusées
17:35publiquement.
17:36Le tribunal fait donc sortir
17:37les spectateurs
17:38et les journalistes
17:38de la salle
17:39et seuls l'accusé,
17:40le jury et le juge
17:41sont autorisés
17:42Ă les regarder.
17:43Et avec ces images
17:44en plus de ses aveux,
17:46ça suffit
17:46pour qu'il soit reconnu coupable.
17:48Il est donc condamné
17:49Ă des soins psychiatriques
17:50Ă l'hĂŽpital Corsoudonne
17:51de Catherine Holm.
17:52Il est également condamné
17:53à verser l'équivalent
17:54de 6 850 euros
17:55de dommages et intĂ©rĂȘts
17:57aux parents d'Ella
17:57et 6 850 euros
17:59Ă chacun de ses 5 enfants.
18:00Bon, alors rappelons quand mĂȘme
18:01qu'il est sans ressources.
18:02Bon, je dis ça, je dis rien.
18:03Mais bon, sur le papier,
18:04c'est sa condamnation.
18:05Et vous pensez
18:06que c'est la conclusion
18:07de cette histoire ?
18:08Pas du tout.
18:08Parce que ce qu'il a fait
18:09est déjà horrible.
18:11Mais ce qu'il va devenir aprĂšs
18:12est encore plus dérangeant.
18:14Parce que oui,
18:15Isaacine,
18:16il est envoyé
18:17dans un établissement psychiatrique.
18:19Sauf qu'Ă l'automne 2011,
18:20il commence dĂ©jĂ
18:21Ă faire parler de lui.
18:22Déjà , il refuse
18:23de prendre ses médicaments.
18:24Alors Ă ce moment-lĂ ,
18:25il ne provoque pas
18:26d'énormes vagues.
18:27Mais il embĂȘte
18:28un petit peu son petit monde.
18:30Bon, vous allez me dire,
18:31ça va,
18:31si on compare
18:32Ă ce qu'il a fait
18:32un an plus tĂŽt.
18:33Et en fait,
18:34il commence Ă s'en sortir.
18:35Ăa semble bien lui convenir.
18:36Il commence Ă reprendre contact
18:37avec d'autres patients.
18:39Il sort faire des promenades
18:40dans le domaine.
18:41Et au fur et Ă mesure,
18:42il est autorisé
18:43à avoir un téléphone portable.
18:45Oui,
18:46on est dans le pays
18:46de la réinsertion.
18:47Et c'est là que tout ça
18:48devient intéressant.
18:50Il a un téléphone portable,
18:51donc il est en mesure
18:52d'avoir des contacts
18:53avec l'extérieur.
18:55Et il faut quand mĂȘme rappeler
18:56que c'est un meurtrier cannibale
18:58qui plus est.
18:58Donc tout le monde
18:59se pose des questions.
19:00Et alors Isaacine,
19:01il va carrément
19:02faire une vidéo
19:03pour répondre
19:03aux questions de ses fans.
19:05Il explique que c'est un homme
19:06qui tient ses promesses
19:07et qu'il a promis
19:08de répondre aux questions.
19:10Donc,
19:10il fait une vidéo,
19:11une FAQ,
19:12oĂč il explique un petit peu
19:13son parcours,
19:14son enfance,
19:15ses pays préférés,
19:16ce qu'il aime manger.
19:17Ce qui, au passage,
19:18je trouve trĂšs bizarre
19:20quand on sait
19:20qu'il a fait cuire
19:21des morceaux de chair
19:23de sa compagne
19:23et qu'il les a mangés.
19:24Mais il explique aussi
19:25qu'il n'est pas bien ici,
19:27que voilĂ ,
19:27dans cet hĂŽpital,
19:28les gens crient beaucoup,
19:29pleurent,
19:30que tous les jours,
19:3124 heures sur 24,
19:32il est face Ă des personnes
19:33à différents problÚmes psychologiques
19:35et que tout le monde
19:35est un peu traité
19:36comme des enfants
19:37au point qu'il a l'impression
19:38d'ĂȘtre en fait
19:39dans une grande école.
19:40Et ensuite,
19:41il repart sur la nourriture.
19:42Il dit qu'il achĂšte
19:43des bonbons,
19:44mais que ça lui procure
19:45pas vraiment de plaisir,
19:47qu'il veut sortir
19:48pour retrouver justement
19:49ce plaisir
19:50de savourer des bonbons
19:51et des sensations
19:52que ça procure en lui.
19:53En gros,
19:54il veut retrouver
19:54le plaisir de manger.
19:56Mais en fait,
19:56quand il fait cette vidéo,
19:57il n'a pas vraiment l'air
19:58de comprendre
19:59qu'en réalité,
20:00ce qui lui parle
20:01autant de nourriture,
20:03c'est justement en lien
20:04avec ce qu'il a fait Ă Ella.
20:06Mais la suite
20:07est beaucoup plus dérangeante
20:08parce qu'il va dérouler
20:09une vision du monde,
20:10je vous laisse en juger
20:11par vous-mĂȘme.
20:12Je vais vous expliquer
20:13pendant la vidéo
20:13parce qu'il est suédois
20:15et il l'explique
20:16dans un anglais approximatif.
20:17Donc dans cette vidéo,
20:19il poursuit
20:19en parlant de ses tatouages,
20:20il dit qu'il y en a,
20:21qu'il a oublié,
20:22qu'il en a peut-ĂȘtre
20:23sur des endroits
20:23de son corps,
20:24qu'il n'a d'ailleurs
20:26pas forcément envie
20:26de revoir.
20:27Il dit avoir des tatouages
20:28partout sauf
20:29sur les globes oculaires.
20:30Il en a mĂȘme
20:31sur les zones intimes
20:33visibles uniquement
20:34par sa compagne
20:35et partout ailleurs,
20:36il est tatoué.
20:37Bon, rien d'intéressant
20:38mais ce qui nous intéresse,
20:39c'est quand il répond
20:40Ă une question
20:41beaucoup plus inquiétante.
20:42Est-ce qu'il ressent encore
20:44le besoin de tuer ?
20:45Ce à quoi il répond
20:46tout simplement,
20:47pas maintenant.
20:47Et puis ensuite,
20:48il s'enferme dans un monologue
20:50sur la liberté,
20:51comme quoi la liberté
20:52n'a aucun sens,
20:53que mĂȘme dehors,
20:54personne n'est jamais
20:56vraiment libre.
20:56Lui, il vit juste
20:58dans une boĂźte
20:58un peu plus petite
20:59mais cette boĂźte,
21:00finalement,
21:01il la regarde
21:02comme une larve
21:03regarderait son cocon.
21:04Il dit qu'à bien y réfléchir,
21:06il est probablement
21:07plus libre ici
21:07parce qu'il a moins
21:09de responsabilités,
21:10parce qu'il peut
21:11se consacrer entiĂšrement
21:12Ă son corps,
21:13Ă l'art
21:14et à ses pensées.
21:15Pour lui,
21:16la vraie prison,
21:17c'est celle de l'esprit.
21:18Une prison faite
21:19de perceptions,
21:20de sens,
21:20d'éléments.
21:21Il parle de matrice mentale
21:23dans laquelle tout le monde
21:24est enfermé.
21:24Il évoque l'avenir
21:25en expliquant qu'il déteste
21:27parler d'espoir
21:28parce que,
21:28selon lui,
21:29c'est une croyance
21:30qui naĂźt de la peur,
21:31du désespoir.
21:32Il dit que l'espoir,
21:33c'est une forme de faiblesse.
21:34Il dit aussi
21:35qu'il se sent perdu
21:36dans tous les sens.
21:37Pour lui,
21:37tout ce qu'il est,
21:38c'est la suite
21:38de l'explorant de son pĂšre
21:39dans sa mĂšre.
21:40Et il termine
21:40en expliquant sa vision du monde.
21:42En gros,
21:43tout ici est pourri.
21:44Selon lui,
21:45la planĂšte elle-mĂȘme
21:45est un immense systĂšme digestif,
21:47une usine Ă mort.
21:48Tout est fait pour tuer,
21:49consommer,
21:50absorber l'énergie.
21:51Et ce qu'on appelle la vie
21:52n'est qu'une succession
21:53de stades de la mort.
21:54Il dit que
21:55c'est une planĂšte
21:56de chair pourrie
21:57oĂč chacun se nourrit
21:58de la misĂšre de l'autre
21:59pour mourir Ă son tour
22:00et ressusciter
22:01sous une autre forme
22:02pour recommencer.
22:03Et d'ailleurs,
22:04il le dit texto
22:04Et il conclut froidement
22:23avec un
22:23Merci pour tout,
22:25j'espĂšre que vous avez
22:25tous passé un bon moment.
22:27Alors lĂ ,
22:27vous ĂȘtes sĂ»rement
22:28en train de vous demander
22:29pourquoi je vous raconte tout ça.
22:31Mais parce que c'est pas fini.
22:32En novembre 2011,
22:33Zizakin se lit d'amitié
22:35avec une autre patiente.
22:36Elle s'appelle
22:36Michelle Gustafsson.
22:38Et cette femme,
22:39c'est pas n'importe qui.
22:40En SuĂšde,
22:41on l'appelle la femme vampire.
22:42Elle est internée
22:43dans cet hĂŽpital
22:44parce qu'elle a été reconnue
22:45coupable d'avoir
22:47tranché la gorge
22:48de Daniel Stenman,
22:49un pĂšre de 24 ans,
22:50avant de boire son sang.
22:52Un événement
22:52qui date de 2010.
22:54Sacré point commun,
22:55dis donc.
22:56Et non seulement
22:57elle a commis
22:57ce meurtre horrible,
22:59mais aprĂšs avoir Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e,
23:00la police a découvert
23:01dans son ordinateur
23:02qu'elle tenait un blog
23:03sur lequel elle postait
23:04des photos d'elle
23:05habillée en vampire,
23:07avec du sang
23:08qui coule de ses lĂšvres.
23:09Elle prend des photos
23:10oĂč elle lĂšche
23:11un couteau plein de sang,
23:13oĂč elle pose
23:14avec des tronçonneuses,
23:16des scies,
23:17des armes.
23:18Cette femme
23:18est complÚtement obsédée
23:20par le sang
23:21et la mort
23:22de maniÚre générale.
23:22Et d'ailleurs,
23:23elle se revendique
23:24vampire.
23:25Donc en novembre 2011,
23:26tous les deux se rencontrent
23:27Ă l'occasion
23:27d'une réunion de groupe
23:29Ă l'hĂŽpital.
23:30et ils ont plein de points communs.
23:32Donc Isaacine,
23:33il ne va pas par quatre chemins
23:34et le 13 novembre,
23:36il la contacte sur Messenger.
23:37Oui,
23:38ils ont accĂšs Ă Messenger
23:39et il lui demande tout simplement
23:41si elle veut ĂȘtre sa copine.
23:43La femme vampire accepte
23:45et un mois plus tard,
23:46le 9 décembre 2011,
23:48les deux se fiancient.
23:50Et ils font des projets ensemble,
23:51dont un qui va voir le jour
23:53parce qu'en février 2012,
23:55Isaacine et Michel
23:56lancent un blog.
23:57Oui,
23:58ils ont aussi accÚs à ça
23:59depuis l'hĂŽpital,
24:00mĂȘme Ă YouTube,
24:01etc.
24:01Bref,
24:01tout en fait.
24:02Sauf qu'un blog,
24:03tenu par un cannibale
24:04et une femme
24:05qui se prend pour un vampire,
24:06ce n'est pas pour parler
24:06tuto déco.
24:07Et en fait,
24:08ils vont commencer
24:08Ă bloguer sur leurs victimes
24:10et mĂȘme Ă se moquer d'elles.
24:12Ils vont écrire
24:13les détails de leurs crimes
24:14comme si ces crimes-lĂ ,
24:16ça faisait partie
24:16d'une identité artistique
24:18ou philosophique,
24:19en tout cas,
24:20pas d'un acte criminel.
24:21Ils vont parler
24:22de leur vie,
24:23de leur couple
24:23comme un duo hors norme
24:26avec des photos
24:26évidemment trÚs trÚs morbides.
24:28Dans une vidéo,
24:29d'ailleurs,
24:30Isaacine,
24:30qui est littéralement
24:31devenu l'influenceur cannibale
24:33du moment,
24:33explique que la plupart
24:35des gens disent
24:35à un moment donné
24:36de leur vie
24:37qu'ils ne pourraient jamais
24:38ĂŽter la vie
24:39Ă quelqu'un d'autre
24:40mais qu'une fois
24:40que vous l'avez fait,
24:41ce n'est plus un problĂšme.
24:43Sauf que ça,
24:44ça choque.
24:44Ăa me choque,
24:45ça vous choque,
24:45j'imagine.
24:46Et ça choque profondément
24:47l'opinion publique
24:48et surtout
24:48les familles des victimes.
24:50L'une des sĆurs
24:51de Daniel,
24:52souvenez-vous,
24:52la victime de Michel
24:53dĂ©cide mĂȘme
24:54de porter plainte
24:55et grùce à ça,
24:56Isaacine et Michel
24:57se sont vus retirer
24:58leur accĂšs Ă ce blog.
25:00C'est important,
25:01ce blog.
25:02En 2015,
25:03Isaacine bénéficie
25:04d'un congé surveillé.
25:05Ăa veut dire
25:06qu'une fois par semaine
25:07pendant 4 heures,
25:08il est autorisé
25:08Ă se promener,
25:09Ă faire des courses,
25:10Ă prendre l'air
25:11dans la ville
25:12et seulement dans la ville.
25:13Je trouve ça incroyable.
25:15Mais dans le systÚme suédois,
25:16l'objectif n'est pas
25:17de punir
25:17mais de soigner
25:19et de réinsérer.
25:20Donc mĂȘme aprĂšs
25:21un crime atroce,
25:22un patient reconnu
25:23atteint de troubles mentaux graves
25:25est considéré comme malade,
25:27pas comme un criminel
25:27au sens pénal.
25:29Il est donc traité
25:29dans un hĂŽpital normal,
25:31un hĂŽpital lambda.
25:33Les permissions
25:33de sortie progressives
25:34sont vues comme une étape
25:35vers la réhabilitation
25:36en vue de tester
25:37sa stabilité mentale
25:39dans un cadre extérieur,
25:41d'évaluer un petit peu
25:41ses réactions
25:42hors de l'établissement
25:43et de le préparer
25:44à une réintégration
25:46Ă long terme
25:46dans la société.
25:47Et pourtant,
25:48quand on sait
25:48qu'il a égorgé une femme
25:50qui plusait sa petite amie
25:50quand mĂȘme,
25:51qu'il a cuisiné,
25:52mangé des morceaux de son corps,
25:53qu'il a blogué sur son crime
25:54et qu'il dit encore aujourd'hui
25:55ne pas savoir
25:56s'il va tuer Ă nouveau,
25:57ça laisse un goût amer,
25:58sans jeu de mots.
25:59Et c'est toujours pas fini
25:59parce qu'en 2016,
26:01une nouvelle permission
26:02lui est accordée.
26:03Cette fois,
26:03il profite de trois jours
26:05complets
26:05en dehors de l'hĂŽpital
26:07pour aider un proche
26:08à déménager
26:08et assister Ă un mariage.
26:10Oui, un mariage
26:11en été,
26:12en toute liberté.
26:13Et selon le médecin-chef,
26:15tout se passe trĂšs bien.
26:16Il explique qu'Izaki
26:17n'a montré aucun signe
26:18de rechute,
26:19que son état est stable,
26:20qu'il n'a jamais eu
26:21de problĂšme
26:22durant ses permissions.
26:23Et donc,
26:23l'objectif,
26:24c'est de lui accorder
26:25de plus en plus
26:27de sorties
26:28avec pour seule exigence
26:29d'ĂȘtre suivi
26:30par une clinique
26:31non institutionnelle
26:32les nuits éventuelles
26:34oĂč il ne dort pas
26:35Ă l'hĂŽpital.
26:36En clair,
26:37un homme qui a tué,
26:39découpé,
26:39mangé et blogué
26:40sur son crime
26:41est en train de retrouver
26:42petit Ă petit
26:42sa place dans la société.
26:44Et pendant ce temps,
26:45lui,
26:45il continue de parler
26:46de liberté,
26:47d'art
26:48et de pourriture humaine
26:49et surtout de publier,
26:51cette fois,
26:51sur ses propres
26:52comptes persos.
26:53Oui, oui,
26:54quel il a accĂšs.
26:54Ă l'automne 2016,
26:56il décide de changer
26:56de nom officiellement.
26:58Fini Johnson,
26:59désormais,
26:59il veut qu'on l'appelle
27:00Drabad.
27:01Un mot qui veut dire
27:02en suédois
27:02frappé,
27:03atteint,
27:04touché par le destin.
27:06Changer de nom,
27:07c'est un acte radical.
27:08En fait,
27:09il veut vraiment effacer
27:10Johnson,
27:11le nom du tueur connu,
27:12pour devenir Drabad,
27:14comme si finalement,
27:14il choisissait de se positionner
27:16en victime du monde
27:17et non pas en bourreau.
27:19Pour ça,
27:19il envoie une lettre
27:20manuscrite Ă l'Office National
27:21des Brevets
27:22de l'enregistrement
27:23et dĂšs la premiĂšre ligne,
27:25le ton est donné.
27:25Il commence par un...
27:27HĂ©,
27:27espĂšce d'idiot !
27:28Il explique qu'il voulait
27:29d'abord reprendre
27:30son nom de naissance
27:31mais que l'administration
27:32lui a refusé.
27:33Alors il explose,
27:34je vous ai payé
27:35pour faire votre travail,
27:36moi,
27:37Isaacine Johnson,
27:38je souhaite changer
27:38mon nom de famille
27:39de Johnson
27:40pour le nouveau nom de famille
27:41Drabad
27:42et le soulignant
27:43majuscule.
27:44Et il va continuer,
27:45assurez-vous de faire
27:46votre travail
27:46car je ne céderai pas
27:48et je ne laisserai pas
27:49tomber
27:49tant que je n'aurai pas
27:50obtenu gain de cause.
27:51Vous,
27:52vous en prenez
27:52Ă la mauvaise personne.
27:54Une lettre
27:54qui,
27:55Ă elle seule,
27:56traduit son caractĂšre
27:57menaçant
27:58et clairement paranoĂŻaque.
28:00mais son changement
28:01de nom
28:02est finalement
28:03validé.
28:04Sauf que
28:04je vous en parle
28:05parce que cette lettre
28:06elle va laisser des traces.
28:08Début 2017,
28:09son médecin demande
28:09une permission de sortie
28:11de trois jours
28:11pour lui
28:12et un proche.
28:13Sauf que cette fois,
28:14ça ne passe pas.
28:14Le procureur,
28:15au vu de la lettre envoyée
28:16un an plus tĂŽt,
28:17s'y oppose catégoriquement.
28:19Il présente la lettre
28:20comme une preuve
28:21qu'Izakin reste instable,
28:23agressif,
28:24menaçant
28:24dÚs qu'on lui résiste.
28:26Pour lui,
28:26il affiche toujours
28:27un comportement agressif
28:28et anormal
28:29lorsqu'on s'en prend Ă lui
28:31ou qu'on n'est pas d'accord
28:32avec lui.
28:33Et c'est ce qu'il déclare
28:33devant le tribunal administratif.
28:35D'ailleurs,
28:36au passage,
28:37en 2016,
28:38une motion a été déposée
28:39au Parlement suédois
28:40pour restreindre
28:41l'accĂšs internet
28:42des patients
28:42en hĂŽpital psychiatrique.
28:44Je n'ai pas trouvé
28:44oĂč caler cette information,
28:46donc je vous le dis ici.
28:47Mais du cÎté du tribunal,
28:49on maintient
28:50que tout va bien.
28:51Le médecin-chef
28:52de Corsudon
28:53affirme qu'Izakin
28:54ne présente plus
28:55de troubles psychotiques,
28:56que son traitement
28:57est terminé
28:58et qu'il est en phase
28:59de sortie.
29:00Il est soutenu
29:01par un expert
29:01qui insiste,
29:02Isakin a déjà eu
29:03de nombreuses permissions
29:05sans aucun incident,
29:06donc le risque
29:07de récidive
29:08est selon lui
29:08trĂšs faible.
29:09Et il ajoute
29:10que le procureur
29:10accorde beaucoup trop
29:12d'importance au passé.
29:13Mais cette fois,
29:14le tribunal
29:15ne cĂšde pas.
29:16La demande de sortie
29:17est refusée,
29:18en tout cas,
29:18jusqu'Ă la prochaine demande.
29:20Et pendant ce temps-lĂ ,
29:21derriĂšre les murs
29:21de l'hĂŽpital,
29:22Isakin s'organise
29:23il a l'impression
29:23que la sortie
29:24n'est quand mĂȘme
29:25pas trĂšs trĂšs loin.
29:26En 2007,
29:26deux journaux suédois
29:27révÚlent que depuis
29:28l'intérieur de l'hÎpital,
29:29ils vendaient
29:30des poupées vaudou.
29:31Des poupées faites
29:32avec du papier toilette,
29:33des cure-dents,
29:34du fil Ă coudre
29:35et ses propres fluides,
29:37Ă savoir du sang,
29:38des cheveux
29:39et mĂȘme du sperme.
29:40Ils fabriquent aussi
29:40des masques,
29:41des Ćuvres d'art,
29:42des peintures,
29:43certaines sont signées
29:44en anglais
29:44avec toujours
29:45la mĂȘme phrase
29:46« On m'appelle
29:47le cannibale de Scara ».
29:48Et tout ça,
29:49il le vend en ligne
29:50depuis l'hĂŽpital.
29:51Entre-temps,
29:52il se sépare de MichÚle,
29:53souvenez-vous,
29:54la femme vampire
29:55qui, elle,
29:56a quitté l'hÎpital
29:56donc elle bénéficie
29:57désormais
29:58d'un accompagnement
29:59psychiatrique
29:59non institutionnel.
30:01Autrement dit,
30:02elle est libre
30:02mais toujours suivie.
30:04Célibataire,
30:05au printemps 2017,
30:06il commence une relation
30:06avec une femme
30:07qui cette fois
30:08travaille Ă l'hĂŽpital psychiatrique.
30:10C'est une soignante
30:11qui travaille dans le service
30:12oĂč il se trouve
30:13et qui est lĂ ,
30:14techniquement,
30:14pour évaluer
30:15sa dangerosité.
30:16Mais en réalité,
30:17tous les deux,
30:18ils commencent à s'écrire,
30:18Ă se voir en cachette
30:20et finalement,
30:21vous commencez Ă connaĂźtre
30:22la chanson
30:22« Il veut l'épouser ».
30:23Sauf qu'évidemment,
30:24ça arrive aux oreilles
30:25de la hiérarchie
30:27et donc l'employé
30:28démissionne
30:29quelques jours plus tard.
30:30Elle est d'ailleurs placée
30:30sous ordonnance restrictive
30:31parce que finalement,
30:32elle est aussi considérée
30:34comme un danger potentiel
30:35pour la sécurité
30:36de ses futurs patients.
30:37Mais cette décision,
30:38elle ne plaĂźt pas des masses
30:39Ă Isaacine.
30:40Donc lui,
30:40il va faire une demande de sortie
30:41qu'on lui refuse
30:42et j'ai envie de dire
30:43heureusement.
30:44Mais quand mĂȘme,
30:45aprÚs sa démission,
30:46l'employé et Isaacine
30:47ont maintenu
30:47des contacts téléphoniques
30:48Elle a d'ailleurs
30:49plusieurs fois exprimé
30:50le souhait de lui rendre visite
30:52et propose mĂȘme
30:53de servir d'adresse
30:54de destination
30:54pour son futur congé.
30:56Ăvidemment,
30:57ses visites lui ont été refusées
30:58et encore une fois,
30:59ça ne plaßt pas du tout
31:00Ă Isaacine
31:01qui commence
31:02Ă barrer en cacahuĂšnes.
31:04Il commence Ă consommer
31:04des substances illicites
31:06et interrompt
31:07son programme de désintoxication.
31:08Alors vous allez me dire
31:09« Mais comment il a fait
31:10pour consommer
31:10des substances illicites ? »
31:11Et bah,
31:12mĂȘme Ă l'hĂŽpital psychiatrique
31:13qui est pourtant
31:13un établissement sécurisé,
31:15des patients
31:16peuvent avoir accĂšs
31:17Ă des substances illicites
31:18c'est rare
31:19selon ce que j'ai trouvé.
31:20Je pense que c'est un peu plus courant
31:21que ce qu'on imagine
31:22mais ça arrive
31:23Ă cause de la contrebande
31:24introduite
31:25par d'autres patients
31:26pendant leur permission de sortie,
31:27la complicité
31:28de certains visiteurs
31:29ou de personnes extérieures,
31:31le détournement
31:32de médicaments,
31:33mĂȘme finalement
31:33par l'achat
31:34et l'échange
31:35dans l'enceinte mĂȘme
31:36de l'hĂŽpital
31:36entre les patients eux-mĂȘmes.
31:38Enfin,
31:38c'est possible.
31:39En tout cas,
31:39dans son cas Ă lui,
31:40ce genre de rechute
31:41est particuliĂšrement
31:42prise au sérieux
31:43parce que c'est incompatible
31:45avec des permissions de sortie.
31:47Depuis,
31:47il a toujours
31:48un comportement
31:49trĂšs instable
31:49et se trouve d'ailleurs
31:50toujours en hĂŽpital psychiatrique.
31:52Et si je vous ai raconté tout ça,
31:53c'est pas pour faire du remplissage.
31:55C'est parce que cette histoire,
31:56je pense qu'elle montre
31:57que parfois,
31:58c'est pas la maladie
31:59qui rattrape les patients,
32:00c'est la société
32:01qui les laisse passer.
32:03Et ce qui est,
32:03je pense,
32:04le plus intéressant à retenir,
32:05c'est que tout récemment,
32:06sa fille,
32:07Jamie Lee,
32:07est allée à l'hÎpital
32:08dans le cadre
32:09d'une série documentaire
32:10diffusée le 27 avril 2025,
32:12donc c'est tout récent,
32:13sur la chaĂźne
32:13Investigation Discovery.
32:15Dans cet épisode
32:16intitulé
32:17« Mon pÚre,
32:17ce cannibale »,
32:18Jamie Lee partage
32:19son vécu
32:20en tant que fille
32:21du tristement célÚbre
32:22cannibale de Skara.
32:24Et dedans,
32:24elle y évoque
32:25son enfance
32:26marquée par la violence
32:27de son pĂšre,
32:28son lien affectif
32:29avec Ella,
32:30qu'elle considérait
32:31comme sa belle-mĂšre
32:32et mĂȘme
32:33comme une deuxiĂšme maman,
32:34et les conséquences
32:35psychologiques
32:36du meurtre
32:37et des actes
32:37de cannibalisme
32:38commis par son pĂšre.
32:39Avant ce reportage,
32:41elle ne l'avait pas vue
32:41depuis 5 ans.
32:42Aujourd'hui,
32:43elle a 24 ans
32:43et cette interview,
32:45c'est l'occasion
32:45pour elle de revenir
32:46sur le livre
32:47qu'elle a sorti
32:47en octobre 2023,
32:49donc intitulé
32:49« La fille du cannibale
32:50de Skara ».
32:51Dans ce livre,
32:52d'ailleurs,
32:53elle revient sur son parcours,
32:54le traumatisme
32:55du geste de son pĂšre,
32:56mais aussi de la maladie
32:58qu'il a
32:58et qu'elle reconnaĂźt
32:59avoir été trÚs compliquée
33:01Ă comprendre.
33:01Aujourd'hui,
33:02Jamie Lee est mĂšre
33:03de deux enfants
33:04et au quotidien,
33:05elle s'efforce
33:05de tourner la page
33:07en garde contre
33:09les dangers
33:09que représente encore
33:11son pĂšre,
33:11qui, mĂȘme s'il est libĂ©rĂ©
33:13sous surveillance,
33:14reste pour elle
33:14une menace.
33:15Elle doit désormais
33:16faire le deuil
33:17de son pĂšre
33:17comme s'il était mort
33:18pour protéger
33:19sa propre vie
33:20et celle de ses enfants.
33:21Et dans cette interview,
33:23elle termine
33:23en exprimant le fait
33:24que non,
33:25son pĂšre ne pourra
33:26jamais faire partie
33:27de sa vie,
33:28mais que malgré ça,
33:29elle l'aime toujours
33:30et ce,
33:31mĂȘme si elle ne le veut plus.
33:32Elle explique
33:33qu'elle n'aime pas
33:34les choses qu'il a fait,
33:35mais qu'elle ne peut pas
33:36s'empĂȘcher
33:36d'éprouver de l'amour,
33:37pour cet homme
33:38qui a fait partie
33:39de sa vie.
33:39Et surtout,
33:40elle tient Ă exprimer
33:41ĂŽ combien
33:42une enfance difficile
33:44ne transforme pas
33:45systématiquement
33:46les enfants
33:46en adultes criminels.
33:48Que nous avons tous
33:49le libre arbitre
33:50et que nous pouvons
33:51choisir
33:52de rester en colĂšre
33:53ou nous pouvons
33:54choisir
33:54d'apprendre,
33:55de grandir
33:56et de changer
33:57le cours des choses.
33:58MĂȘme si j'avais peur
33:59de toi,
33:59j'ai toujours voulu
34:00ĂȘtre avec toi.
34:01Merci Ă tous
34:02d'avoir regardé
34:03cette vidéo
34:03qui a été
34:04trĂšs complexe
34:05Ă traiter,
34:06parce qu'au-delĂ
34:06du crime,
34:07au-delĂ
34:08de l'horreur absolue,
34:09cette histoire,
34:10finalement,
34:11elle soulĂšve
34:12énormément de questions
34:13sur ce qui se passe
34:14dans la tĂȘte
34:14de ceux
34:15qui commettent
34:16l'irréparable,
34:16mais aussi
34:17et surtout
34:18dans la tĂȘte
34:18de ceux
34:19qui survivent.
34:20Si j'ai pris le temps
34:21de vous raconter
34:22tout ce qui s'est passé
34:23aprĂšs le meurtre,
34:24c'est parce que
34:25je trouve qu'elle dérange
34:26profondément
34:27parce qu'elle brouille
34:28la frontiĂšre
34:28entre victimes
34:29et monstres,
34:30entre liberté,
34:32surveillance.
34:33On n'est pas seulement
34:34face au crime,
34:35on est aussi face
34:36Ă ce qu'il est devenu
34:37aprĂšs.
34:37Donc on a un homme
34:38qui a tué,
34:39découpé,
34:40mangé,
34:40qui ensuite a blogué,
34:41filmé,
34:42vendu,
34:43aimé,
34:43influencé,
34:44comme si de rien n'était.
34:45Un homme qui parle
34:46de liberté,
34:47de douleur,
34:48d'art,
34:48et autour de lui
34:49des gens qui l'aiment,
34:50qui le défendent,
34:51qui tombent sous son emprise
34:52et ça,
34:53c'est profondément
34:54inconfortable je trouve
34:55parce que dans notre esprit,
34:57un monstre
34:57est censé rester un monstre,
34:59ĂȘtre banni,
35:00isolé
35:00et lĂ ,
35:01c'est absolument
35:02tout l'inverse.
35:03C'est lĂ que cette affaire,
35:04elle était hyper intéressante
35:05je trouve Ă traiter
35:06parce qu'elle nous oblige
35:07Ă poser peut-ĂȘtre
35:08la question
35:09qu'on aurait préféré éviter.
35:10Qu'est-ce qu'on fait
35:11de ce qu'on considĂšre
35:12comme étant un monstre
35:13qui continue de vivre sa vie
35:15comme si rien ne s'était passé ?
35:17Et Jamy,
35:17Jamy,
35:18c'est la preuve
35:18que mĂȘme au cĆur du pire,
35:20il y a des gens
35:21qui choisissent
35:21de ne pas se laisser définir
35:23par le mal.
35:23Elle aurait pu tout enterrer,
35:25elle aurait pu fuir
35:26son nom,
35:26son passé,
35:27son histoire
35:28mais elle a choisi
35:29de parler,
35:29de comprendre
35:30et d'avancer.
35:31Et je trouve
35:32qu'il y a une force immense
35:33dans sa maniĂšre de dire
35:34je l'aime encore
35:35mais je dois faire son deuil
35:37comme s'il était mort.
35:38Comme si finalement,
35:39il y avait un avant
35:40et un aprĂšs
35:41sans que pour autant,
35:42tout ce qu'il était avant
35:43ne soit complÚtement effacé.
35:45Cette histoire,
35:46elle m'a vraiment
35:46beaucoup,
35:47beaucoup touchée
35:47parce qu'elle m'a mise
35:48face à une réalité
35:49que j'essaie souvent
35:50d'éviter.
35:51Tout n'est pas noir
35:52ou blanc.
35:53On peut commettre
35:53l'impardonnable
35:54et avoir été
35:55Ă un moment aimant.
35:57On peut ĂȘtre vu
35:58comme un monstre
35:59et avoir été
35:59un compagnon doux,
36:01un pÚre attentionné,
36:03un homme peut-ĂȘtre perdu
36:04avant d'ĂȘtre dangereux.
36:06Et tous les hommes perdus,
36:07toutes les femmes perdues
36:08ne sont pas forcément
36:09des personnes
36:10qui deviennent dangereuses.
36:11Et c'est lĂ
36:11que c'est dur
36:12parce que je suis partagée.
36:13j'ai toujours eu tendance
36:14Ă voir le bon
36:15chez les autres,
36:16Ă chercher une faille,
36:17une souffrance,
36:18une explication.
36:19Mais quand je vois
36:20ce qu'il a fait,
36:21ce qu'il a osé faire,
36:23j'ai aussi ce réflexe
36:24trĂšs humain finalement
36:25de juger et de rejeter.
36:26Et je pense que c'est normal.
36:27AprĂšs,
36:28on n'est pas obligé
36:28d'excuser,
36:30mais on peut essayer
36:30de comprendre.
36:31Alors pas pour lui,
36:32mais pour apprendre
36:33Ă reconnaĂźtre
36:34les signes
36:35et ne pas s'empĂȘcher
36:36de voir le bon
36:37en ceux qui parfois
36:39ont fait une sortie de route.
36:40Pour ne pas réduire
36:41un ĂȘtre humain
36:41Ă un geste,
36:42mĂȘme si ce geste,
36:43c'est l'horreur absolue.
36:45Comme dans l'affaire
36:46Dominique Cotteret,
36:47par exemple,
36:47on est face
36:48Ă une personne,
36:49une histoire,
36:50un environnement,
36:51un contexte
36:52et finalement,
36:53un basculement.
36:54Est-ce que ça suffit
36:55Ă tout expliquer ?
36:56Non.
36:56Est-ce que ça justifie ?
36:58Encore moins.
36:58Mais ça oblige
37:00à réfléchir.
37:01Et je pense que c'est pour ça
37:02que je raconte ces histoires.
37:03Parce qu'elles me forcent
37:04Ă questionner mes certitudes
37:06et Ă lutter
37:07contre mes automatismes.
37:08Ă me rappeler
37:09qu'il n'y a rien
37:10de plus complexe
37:11qu'un ĂȘtre humain.
37:12J'ai hĂąte,
37:12vraiment hĂąte
37:13de lire ce que vous en pensez,
37:14ce que ça a fait chez vous
37:15et votre avis sur le sujet.
37:17Cette histoire
37:17est un petit peu différente
37:19des autres.
37:19Personnellement,
37:20c'était un peu
37:20l'ascenseur émotionnel
37:22chez moi
37:22et c'est peut-ĂȘtre pour ça
37:23que j'ai eu envie
37:24de vous la partager.
37:26Bien évidemment,
37:27on se retrouve
37:27la semaine prochaine
37:28pour une nouvelle histoire
37:29glaçante
37:30sur Dark Stories.
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