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  • il y a 7 semaines
Ce drame canadien a bouleversĂ© tout un pays. L’affaire Phoenix Sinclair reste l’un des pires cas de maltraitance infantile jamais vus. Phoenix n’avait que 5 ans. Une petite fille “tuĂ©e deux fois” : d’abord par les coups et la cruautĂ© de ses bourreaux, ensuite par le silence du systĂšme, qui n’a pas su la protĂ©ger. Cette histoire criminelle vraie, devenue l’un des faits divers les plus glaçants du Canada, continue de hanter la mĂ©moire collective. Un dossier d’infanticide qui rĂ©vĂšle les failles bĂ©antes des services sociaux et de la justice.

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Catégorie

đŸ˜č
Amusant
Transcription
00:00En mars 2006, les services sociaux sont appelés pour un signalement concernant une petite fille
00:13de 5 ans. Phénix serait en danger. Quand ils arrivent au domicile des parents,
00:17la petite est là, bien habillée, bien coiffée et visiblement en parfaite santé.
00:21Le problÚme, c'est que cette petite fille n'est pas Phénix. Aujourd'hui dans Dark Stories,
00:26je vais vous raconter l'horrible histoire d'une petite fille que personne n'a su protéger et qui
00:31a littéralement été brisée pour satisfaire ses bourreaux. Ce que vous allez découvrir ensuite,
00:36c'est une descente aux enfers que vous n'oublierez probablement jamais. Installez-vous confortablement
00:40et on est parti !
00:56Rendez-vous aujourd'hui prĂšs de Winnipeg, dans la province de Manitoba au Canada. Alors,
01:10je ne vais pas ĂȘtre trĂšs originale, mais le Canada, c'est littĂ©ralement ma destination de rĂȘve. Je veux
01:15vraiment y aller un jour. D'ailleurs, dites-moi en commentaire, c'est quoi, vous, votre destination de rĂȘve ?
01:19Bon, en tout cas, aujourd'hui, on est au Canada, et c'est ici que vit Samantha Kemmach. Elle est née
01:25en 1978 et elle est issue des PremiÚres Nations, plus précisément de la Nation Kri, je pense qu'on
01:31dit comme ça. Les PremiÚres Nations, avec les Inuits et les Métis, forment les peuples autochtones du
01:36Canada, ce qui était présent bien avant l'arrivée des colons européens. La Nation Kri, donc, est l'une des
01:42plus nombreuses et elle est implantée dans les régions rurales du Manitoba, du Québec et de l'Alberta. Comme
01:47beaucoup d'autres communautés autochtones, elle a été durement touchée par la colonisation, les
01:52pensionnats forcĂ©s, la misĂšre et les retraits d'enfants par l'État. Alors, je sais qu'il y a des
01:56Québécois qui me suivent, donc si j'ai mal compris, n'hésitez pas à me reprendre et à le préciser dans
02:01les commentaires. Et d'ailleurs, si vous ĂȘtes lĂ , faites-nous un petit signe. Malheureusement,
02:05la mĂšre de Samantha est alcoolique. Elle sort rĂ©guliĂšrement faire la fĂȘte et elle laisse ses
02:10enfants livrĂ©s Ă  eux-mĂȘmes. AlertĂ©e par des proches de la famille au sujet des conditions de vie
02:15instables et de l'alcoolisme de leur mÚre, les services sociaux décident de placer les enfants.
02:19À l'Ăąge de 11 ans, donc Samantha est envoyĂ©e en foyer avec l'un de ses frĂšres, Nicky. Jusqu'Ă  sa
02:25majorité, Samantha est baladée de foyer en foyer. Elle n'a pas le temps de se faire de nouveaux amis
02:30ou de créer de vrais liens qu'elle est emmenée ailleurs. En 1994, Samantha tombe enceint. Mais dÚs
02:37l'annonce de sa grossesse pour les services sociaux, c'est clair, Samantha ne peut pas garder son bébé.
02:42Alors, Ă  la naissance, il lui est immĂ©diatement retirĂ© pour ĂȘtre confiĂ© Ă  l'aide Ă  l'enfance.
02:47Samantha, elle ne conteste pas cette décision. Pour elle, les services sociaux ont peur qu'à
02:52cause de son passé, de son placement, Samantha est évoluée dans un climat favorable à la violence
02:58et elle comprend cette dĂ©cision. À cette Ă©poque, Samantha est dĂ©scolarisĂ©e. Elle ne travaille pas,
03:03elle se laisse porter par les placements d'un foyer à l'autre. Elle est décrite par le personnel
03:08qui l'ont rencontré comme une jeune fille stoïque, fermée et complÚtement désengagée, dans le sens
03:13oĂč elle est Ă©motionnellement absente. Elle est incapable de se projeter. On a l'impression
03:17qu'elle est là physiquement, mais mentalement ailleurs. Elle répond toujours vaguement,
03:22elle évite les sujets sensibles, elle se ferme dÚs qu'on l'interroge sur ses intentions ou sur ses
03:28émotions. RéguliÚrement, elle se rend au centre communautaire pour jeunes, le Boys & Girls Club de Winnipeg.
03:33Samantha ne travaille pas, donc elle y passe du temps pour fuir un petit peu son quotidien. Et grĂące
03:38au programme de réinsertion, elle participe à des ateliers, elle traßne un peu dans les salles
03:42communes, elle discute avec d'autres jeunes. Elle n'a pas vraiment d'amis proches, mais au final,
03:47elle s'y sent quand mĂȘme un peu moins seule. Et en 1998, alors qu'elle a 20 ans, elle croise Steve
03:52Sinclair, un jeune homme de 20 ans comme elle. Steve, il n'a pas vraiment de plan non plus dans la vie. Il
03:58vient pour tuer le temps, participer à quelques activités et chercher un peu de lien social.
04:03Ni l'un ni l'autre ne sont scolarisés, ni vraiment suivis. C'est un peu des ùmes errantes dans un
04:09systĂšme qui n'a finalement plus grand chose Ă  leur offrir. Et tous les deux s'entendent trĂšs bien.
04:13Ils discutent, ils traĂźnent ensemble, ils s'accrochent un peu l'un Ă  l'autre comme deux
04:17naufragĂ©s dans la mĂȘme tempĂȘte. Et rapidement, Samantha emmĂ©nage chez lui. Ils vivent de peu,
04:23vraiment de peu, surtout d'allocations, de petits arrangements et d'aides sociales. Leur quotidien,
04:28il est relativement instable, sans repÚres. Mais au moins, ils sont tous les deux. Et malgré les
04:34galĂšres, les ruptures, les tensions parfois, ils restent ensemble. Un an plus tard, Samantha est de
04:39nouveau enceinte. Et cette nouvelle grossesse, elle ne l'assume pas vraiment. Et comme elle ne
04:43l'assume pas, elle ne veut surtout pas qu'on sache qu'elle est enceinte. Donc le couple va garder le
04:49secret. Samantha ne consulte pas, elle ne fait aucun suivi médical. Et tous deux continuent de
04:54frĂ©quenter le Boys & Girls Club. Et quand mĂȘme, plus les mois passent, plus les membres du personnel
05:00du centre commencent Ă  se douter de quelque chose. Samantha, elle a pris du poids, elle mange plus et
05:04surtout, elle garde constamment son manteau, mĂȘme Ă  l'intĂ©rieur. Mais personne ne lui dit rien. Le 23
05:10avril 2000, c'est le grand jour. Samantha accouche d'une magnifique petite fille de 3,8 kg en parfaite
05:16santĂ©, Phoenix. Mais pour son entourage, ses amis, c'est quand mĂȘme la surprise gĂ©nĂ©rale. De leur cĂŽtĂ©,
05:21pour l'hĂŽpital, la situation de Samantha n'envoie pas vraiment les bons signaux. Donc en l'absence de
05:26son suivi médical, de son ùge, de sa situation et du fait que c'est sa deuxiÚme grossesse et que son
05:32premier bébé lui a été retiré, une infirmiÚre préfÚre alerter les services sociaux. Une assistante
05:37sociale est donc envoyĂ©e sur place pour rencontrer Samantha. Elle lui demande si elle est prĂȘte Ă 
05:41élever cette petite et si pour elle c'est possible d'envisager une vie à trois dans de bonnes conditions.
05:47Sauf que Samantha, elle est fidĂšle Ă  elle-mĂȘme. Elle n'est pas vraiment expressive. Elle n'a pas l'air ni
05:51enthousiaste ni vraiment concernée. Pour Samantha, en réalité, elle l'explique, elle ne se fait aucune
05:57illusion. On lui a retiré son premier bébé tout ça parce qu'elle avait été placée étant petite. Donc
06:02elle pensait qu'on allait encore lui retirer sa fille si elle parlait de sa grossesse. Et pour n'éveiller
06:06aucun soupçon, elle n'a d'ailleurs pas du tout prĂ©parĂ© l'arrivĂ©e de sa fille. Elle n'a rien achetĂ©, ni vĂȘtements,
06:11ni lait, ni table à langer. Mais elle n'avait pas imaginé qu'une infirmiÚre viendrait vendre la
06:16mÚche une fois arrivée à l'hÎpital. Pour les services sociaux, le doute n'est pas permis. Cette
06:21jeune fille, dĂ©jĂ  suivie, dĂ©jĂ  fragilisĂ©e, n'est clairement pas prĂȘte Ă  devenir mĂšre. Phoenix est
06:26donc placée en famille d'accueil dÚs la sortie de la maternité, le temps que le couple se stabilise
06:31et se prépare au retour de leur fille à la maison. Qu'ils trouvent un logement, un peu de structure,
06:36un minimum de repĂšres. Pendant plusieurs semaines donc les services sociaux multiplient les visites
06:41chez eux. Ils observent le couple, ils les évaluent. Samantha et Steve, ils sont jeunes,
06:45ils sont dans une situation précaire, ils sont un peu paumés, mais clairement ils coopÚrent. Ils
06:50assistent au rendez-vous, ils défendent leurs besoins de récupérer leurs filles, ils s'engagent
06:55mĂȘme Ă  suivre un programme de parentalitĂ©, Ă  chercher un logement plus stable. Vraiment,
06:59ils veulent faire les choses bien. Mais dans leur rapport, les travailleurs sociaux notent tout de
07:03mĂȘme une chose, une forte ambivalence. Samantha parle trĂšs peu. Elle rĂ©pond par des je sais pas,
07:09elle baisse souvent les yeux, elle se ferme dÚs qu'on évoque l'avenir. Et quand on lui demande si elle se
07:14sent enfin prĂȘte Ă  ĂȘtre mĂšre, elle finit par murmurer, on verra bien. Steve, lui, il a l'air
07:19d'ĂȘtre un peu plus impliquĂ©. Il porte Phoenix, il s'occupe d'elle pendant les visites, mais c'est
07:24encore un peu fragile. À plusieurs reprises, il oublie d'apporter les affaires pour le bĂ©bĂ©. Et
07:28finalement, aucun des deux ne semble vraiment bien préparé. Mais entre nous, est-ce qu'on est vraiment
07:33prĂȘt Ă  devenir parent au moment oĂč on a son premier enfant ? Et pourtant, malgrĂ© tout ça, le 5 septembre 2000,
07:39Phoenix est rendu Ă  ses parents sous certaines conditions. Et accrochez-vous parce qu'il y en a un
07:43paquet. Déjà, les services sociaux ont mis en place une tutelle temporaire de trois mois,
07:47reconductible. Ce qui signifie que Phoenix n'est pas rendu définitivement. Elle est plutÎt avec ses
07:53parents dans le cadre d'une phase d'observation. Un travailleur social a été assigné en suivi continu,
07:58chargé d'évaluer réguliÚrement l'environnement familial, l'évolution des parents et le lien mÚre-enfant.
08:04Une évaluation psychologique de Samantha a été demandée. Les deux parents devaient obligatoirement
08:09participer au programme de parentalité. Des visites hebdomadaires sont organisées. Et surtout,
08:14Samantha doit fournir son dossier complet rĂ©alisĂ© dans les foyers oĂč elle a Ă©tĂ© placĂ©e. Sur le
08:21papier, le retour de Phoenix à la maison est ultra encadré. Sur le papier. Parce que sur le terrain,
08:26ça ne se passe pas du tout comme prévu. L'évaluation psychologique de Samantha n'a jamais été réalisée.
08:32Le programme parental n'a jamais été suivi sérieusement par les parents. Et le dossier de Samantha et de
08:37ses expériences en foyers n'a pas été rendu avant que Phoenix ne rejoigne ses parents. Mais
08:41finalement, tout ça, ça n'a pas vraiment d'importance. Parce que selon les travailleurs
08:45sociaux, Phoenix est là. Il n'y a pas de signe apparent de violence. Ça va. Inutile de voir le
08:51mal partout. Nous sommes en 2011, quelques mois aprĂšs le retour de Phoenix, et Ă  nouveau,
08:55Samantha tombe en sein. Et Ă  nouveau, Samantha ne dit rien. Elle ne se fait pas suivre. Elle cache sa
09:01grossesse et elle se pointe Ă  l'hĂŽpital par surprise le 29 avril 2001 pour accoucher. Sauf que cette fois,
09:06la petite Echo nĂ©e avec trois mois d'avance. Echo, c'est un bĂ©bĂ© extrĂȘmement fragile, qui est
09:12prématuré et qui présente des signes de détresse respiratoire. Donc, pendant que la petite est en
09:17soins nĂ©onates, une assistante sociale est dĂ©pĂȘchĂ©e Ă  l'hĂŽpital pour Ă©valuer la situation, vu les
09:22antĂ©cĂ©dents de Samantha et de Steve. Et lĂ  encore, le couple n'a rien prĂ©parĂ©. Aucun vĂȘtement,
09:27aucune chambre, aucun projet. Samantha n'a pas consulté un seul médecin pendant sa grossesse. Echo passe tout
09:33de mĂȘme plusieurs semaines en service de nĂ©onatologie. Et pourtant, contre toute attente,
09:37et une fois hors de danger, la petite rentre Ă  la maison avec ses parents. Officiellement,
09:42rien ne justifie de les empĂȘcher de repartir avec leur bĂ©bĂ©. Depuis qu'ils ont rĂ©cupĂ©rĂ© Phoenix,
09:46ça se passe bien. Il n'y a aucune raison qu'ils ne repartent pas avec Echo. Phoenix a à ce moment-là
09:51tout juste un an. Et à la maison, Samantha a du mal à gérer deux enfants en bas ùge au quotidien. Steve,
09:57de son cÎté, il essaie tant bien que mal, mais c'est un jeune papa dépassé. Et puis,
10:01parfois, Samantha, elle s'en va. Elle revient. Puis elle disparaßt à nouveau sans prévenir,
10:05histoire de prendre l'air, de prendre ses distances avec Steve. Donc, le plus clair du temps,
10:09c'est Steve qui reste seul Ă  la maison avec les deux fillettes. Et les disputes dans le couple sont
10:15de plus en plus fréquentes. Jusqu'à ce qu'à un moment donné, Samantha disparaisse et ne revienne
10:20plus. Elle n'a pas perdu ses droits de garde, Ă©videmment, mais elle ne vit plus dans le mĂȘme
10:24logement que ses enfants. Elle n'assure plus les soins de ses enfants. Elle ne fait qu'entrer et sortir de
10:30leur vie. Steve reste donc seul, définitivement, avec les deux petites filles. Et leur vie va
10:35basculer le 15 juin 2001. Ce matin-lĂ , Steve appelle les urgences. Sa fille de deux mois ne
10:40respire plus. Echo est immédiatement transportée à l'hÎpital parce qu'elle est en train de faire un
10:45arrĂȘt cardiaque. Les mĂ©decins tentent tout, vraiment tout, pendant des minutes et des minutes. Mais c'est
10:50trop tard. La petite est déclarée morte à son arrivée. Steve explique que sa fille avait de la fiÚvre et tous
10:55les symptÎmes qui s'apparentent à un simple rhume. Il s'est levé le matin à 7 heures. Il a touché sa fille.
11:00Elle avait l'air toute calme et endormie. Alors, il est retourné se coucher. Sauf que quand il s'est
11:04de nouveau réveillé vers 9 heures, il était étonné de ne pas avoir entendu sa fille l'appeler. Donc,
11:09il est retourné la voir. Et à ce moment-là, il s'est rendu compte qu'elle ne respirait plus.
11:13L'autopsie conclut à une mort naturelle liée à des complications respiratoires. Echo était né
11:18prématurée. Donc, son état restait fragile. Et pourtant, depuis sa sortie de l'hÎpital, elle n'a vu
11:24aucun médecin. Entre sa sortie de néonate et le jour de sa mort, elle n'a eu aucun suivi, aucun
11:29traitement. Ça veut dire que Steve ne l'a pas emmenĂ© chez le mĂ©decin une seule fois depuis qu'il
11:34l'a avec lui. Il n'a mis en place aucun suivi médical. Et surtout, il n'a pas signalé le départ
11:39de Samantha. Ce drame, il va révéler un quotidien vraiment bancal, un peu chaotique et un pÚre carrément
11:45dépassé par la situation. Assez dépassé pour qu'on estime qu'il n'était pas en mesure d'élever
11:50un bébé prématuré. Sauf que, paradoxalement, on continue de lui confier Phoenix. Mais ce qui
11:55intrigue aussi, c'est que Samantha, prévenue de l'état de santé de sa fille, ne s'est pas rendue
12:00à l'hÎpital et a surtout demandé à ne pas voir le corps de sa fille. Quelques jours plus tard,
12:04contre toute attente, Samantha revient avec une seule idĂ©e en tĂȘte, rĂ©cupĂ©rer Phoenix. Elle exige
12:10que sa fille lui soit rendue immédiatement. Alors, officiellement, Samantha n'a pas perdu son
12:15droit de garde. Mais étant donné qu'elle a quitté le domicile et vu la situation un peu bancale depuis
12:21le début, les services sociaux ne sont pas trÚs chauds pour que Phoenix reparte avec sa mÚre. Et
12:26ils exigent une évaluation complÚte afin de savoir si Samantha est en mesure de s'occuper de Phoenix.
12:31Et Ă  ce moment-lĂ , Samantha ne comprend pas du tout. Pour elle, c'est sa mĂšre. Point. Phoenix lui
12:36revient de droit. Elle, tout ce qu'elle voit, c'est qu'on s'acharne Ă  vouloir la priver de sa fille.
12:40À ce moment-lĂ , pour elle, c'est trĂšs compliquĂ© parce qu'elle se sent incomprise, elle se sent jugĂ©e,
12:45elle se sent rejetée, elle est convaincue qu'on lui a volé un premier bébé, qu'on l'a placé toute sa
12:50vie, qu'on ne l'a jamais laissĂ© ĂȘtre une vraie mĂšre, qu'on ne lui donne pas sa chance. Et pour elle,
12:54ce refus, mĂȘme s'il est temporaire, c'est une gifle de plus, une humiliation. Alors elle s'Ă©nerve,
13:00elle s'agite, elle proteste, mais rien n'y fait. Les services sociaux refusent de lui rendre Phoenix pour
13:05l'instant. Et au lieu de se battre par les voies classiques, de prouver qu'elle est en mesure de se
13:10stabiliser et d'offrir un cadre sûr à sa fille, Samantha s'efface de nouveau. Elle disparaßt des
13:15radars. Plus personne n'a aucune nouvelle d'elle, on n'a aucune adresse. Phoenix, elle, elle reste chez
13:20son pÚre, Steve. Et lui, de son cÎté, il continue sa vie avec sa fille comme si de rien n'était. Et au fil
13:26des mois, le dossier Phoenix disparaßt sous une pile d'autres dossiers nécessitant l'intervention des
13:31services sociaux. En février 2003, Phoenix, qui a désormais 3 ans, est admise à l'hÎpital pour
13:36une infection des voies respiratoires. Mais au cours du diagnostic, ce que les médecins découvrent
13:41est bien plus inquiétant. Dans l'une des narines de la petite fille, ils découvrent une infection avec
13:45des tissus déjà trÚs trÚs abßmés en profondeur. Une infection donc qui montre qu'elle date déjà de
13:51plus de trois mois. Les muqueuses présentent des lésions importantes et au milieu de tout ça,
13:55ils retrouvent un morceau de polystyrÚne ramolli, complÚtement déformé et imbibé de mucus. Donc,
14:01il devait ĂȘtre coincĂ© lĂ , au moins depuis trois mois. Ce qui veut dire que depuis tout ce temps,
14:05Phoenix ne pouvait pas respirer correctement. Elle ne pouvait donc pas dormir correctement,
14:09ni mĂȘme manger correctement. Et elle a souffert en silence sans qu'aucun adulte ne remarque quoi
14:15que ce soit. Ni Steven, ni Samantha, d'ailleurs, qui réapparaßt comme par magie à ce moment-là.
14:19Alors, non pas pour sa fille, mais pour signaler aux services sociaux que Steve, selon elle, n'est pas
14:24un bon pÚre. Elle accuse son ex-compagnon de négligence, d'instabilité et de ne pas s'occuper
14:29correctement de Phoenix. Une déclaration qui, placée dans un autre contexte, aurait pu sembler
14:34normale pour une maman qui aime et qui cherche à protéger sa fille. Mais vu l'historique de Samantha,
14:39ses absences à répétition, son abandon de foyer, sa totale absence dans les soins d'écho jusqu'à sa
14:45mort, sa soudaine inquiétude ne convainc personne. Donc, les services sociaux la reçoivent, ils prennent
14:50note de sa déposition, mais ne donnent pas suite. Phoenix, une fois soignée, retourne donc chez son pÚre,
14:55comme si rien ne s'était passé. Sauf que pour l'hÎpital, il n'y a rien de normal là-dedans. La
15:00petite est restée trois mois avec un morceau de plastique synthétique dans le nez et Steve,
15:05censé s'occuper d'elle, n'a rien vu. Donc, pour les professionnels de santé, ça ne fait aucun doute,
15:09l'enfant est, d'une maniÚre ou d'une autre, négligé. Le signalement est immédiatement transmis
15:14aux services sociaux. On missionne alors un nouveau travailleur social qui est chargé de vérifier les
15:19conditions de vie dans le foyer de Steve, d'évaluer les capacités éducatives du pÚre et de s'assurer que
15:24Phoenix est en sécurité. Et trÚs vite, les premiÚres visites révÚlent des anomalies. Steve est souvent
15:29absent lors des passages des agents. Il ne répond pas toujours aux convocations et parfois, il annule
15:34mĂȘme les rendez-vous Ă  la derniĂšre minute. Et quand les services sociaux parviennent Ă  le voir,
15:38les comptes rendus sont un peu flous et trÚs trÚs imprécis. Le pÚre a du mal à répondre aux
15:44questions. Ils ont l'impression de le déranger quand ils viennent. Il évoque vaguement des tensions
15:48avec Samantha. Il parle de fatigue et, en fait, il n'apporte jamais aucune preuve de suivi médicale
15:54pour sa fille. Ni mĂȘme, d'ailleurs, d'encadrement Ă©ducatif. Une amie proche de Steve en profite pour
15:59alerter les services sociaux au sujet de la consommation d'alcool de Steve. Selon elle,
16:04il boit de plus en plus. Au début, c'était de temps en temps, en journée. Elle explique que,
16:09rĂ©guliĂšrement, il laissait Phoenix chez elle pour aller boire et qu'il arrivait mĂȘme parfois qu'il reste
16:14plusieurs jours sans vraiment s'occuper d'elle. Un jour en particulier, il aurait organisĂ© une fĂȘte
16:19chez lui et Phoenix aurait Ă©tĂ© vue livrĂ©e Ă  elle-mĂȘme pendant des heures sans surveillance.
16:24Alors, les services sociaux ne prennent aucun risque et, en juin 2003, Phoenix est retirée du
16:29domicile de Steve. Cette fois, les services sociaux posent leurs conditions. Steve devra suivre une cure
16:35de désintoxication liée à sa consommation d'alcool et, s'il veut récupérer sa fille, il doit suivre un
16:41programme, se stabiliser et prouver qu'il est capable d'assumer seul son rĂŽle de pĂšre. Mais,
16:45comme souvent dans cette affaire, les exigences sont encore une fois floues et leur mise en oeuvre
16:50encore plus. Et quelques mois plus tard, Phoenix est rendue Ă  son pĂšre sans que Steve n'ait jamais
16:55rĂ©ellement suivi de cure et sans qu'aucune nouvelle enquĂȘte soit menĂ©e sur les conditions de vie de
17:00l'enfant. Phoenix a alors quatre ans. Fin 2003, Samantha refait surface. Elle a quitté Steve depuis deux
17:07ans maintenant, elle a disparu pendant des mois sans laisser d'adresse et pourtant elle réapparaßt comme
17:12si de rien n'était. Et cette fois, elle n'est pas toute seule. Elle est avec un nouvel homme,
17:15Carl Wesley Mackay qu'elle surnomme Wes. Il a dix ans de plus qu'elle, il a trois enfants d'une
17:21précédente union dont il n'a jamais eu la garde exclusive et un passé judiciaire trÚs chargé.
17:26Entre autres, trois condamnations pour violence, une plainte pour menace avec armes, une mesure
17:31d'éloignement déposée par son ex-femme et deux de ses enfants ont été retirés de son foyer. Mais ça,
17:36personne ne la vérifie. Et Samantha, elle s'en tamponne le coquillard. Pour elle, Wes, c'est une
17:41figure de stabilité. Elle a l'impression qu'il la protÚge, qu'il l'aide à se reconstruire et
17:45qu'ensemble, ils vont pouvoir tout reprendre à zéro. Alors quand elle se rend aux services sociaux,
17:50elle présente Wes comme un nouveau départ. Un homme posé, avec un emploi précaire, mais un emploi
17:56lĂ©gal et surtout une volontĂ© de fonder une famille. À ce moment-lĂ , les services sociaux, ils sont
18:01complÚtement débordés avec des dossiers incomplets et surtout, je pense, une mémoire administrative
18:05de la taille d'un grain de sable. Donc pour eux, ils se disent magnifique. Samantha se reconstruit,
18:10c'est une nouvelle dynamique familiale et ils valident sans réellement vérifier les antécédents
18:14de Wes. Un nouveau couple, un nouveau départ, mais c'est formidable. Pire encore, dans les rapports,
18:19certains travailleurs sociaux notent mĂȘme une amĂ©lioration de la situation. Samantha semble
18:24bien plus posée qu'avant, plus déterminée. Elle assiste à quelques séances du programme de
18:29parentalité et elle vit désormais dans un logement avec un compagnon stable. Alors petit à petit,
18:35Samantha reprend sa place dans la vie de sa fille. Elle rend visite Ă  Phoenix, puis elle la prend un
18:39petit peu chez elle pour des petites périodes et puis un petit peu plus longtemps. Jusqu'à ce que
18:43progressivement, sans qu'aucune décision formelle n'ait été prise, Phoenix quitte le foyer de Steve pour
18:50s'installer chez sa mĂšre et Wes. Et tout s'est fait trĂšs en douceur et trĂšs naturellement. Steve,
18:56il n'a mĂȘme pas rĂ©agi. Alors, on ne sait pas vraiment pourquoi. On sait qu'il ne s'y est pas
19:00opposé. Il n'a pas l'autorité parentale exclusive. En soi, Samantha a le droit d'avoir sa fille. On
19:05suppose que Steve, un petit peu dépassé, fatigué ou simplement détaché, a tout simplement laissé faire
19:11les choses. Le 13 juillet 2004, un travailleur social se rend au domicile de Samantha et de Wes.
19:17Ce n'est pas une intervention d'urgence, c'est juste une visite de routine. C'est un contrĂŽle
19:21administratif parmi d'autres liés notamment au passé de Samantha, au placement successif de Phoenix
19:27et aux fragilités déjà repérées dans le foyer. Ce jour-là, pendant la visite, tout semble
19:32parfaitement en ordre. Phoenix est là, elle est bien habillée, elle est trÚs silencieuse,
19:37mais elle est trÚs calme. La maison est rangée, l'ambiance paraßt apaisée et Samantha et Wes attendent
19:43mĂȘme un heureux Ă©vĂ©nement. Oui, Samantha est de nouveau enceinte. Tout le monde
19:47est rassuré, alors le rapport est rédigé et le dossier est clos définitivement. Les services
19:52sociaux ne suivent plus rĂ©ellement le dossier. Phoenix disparaĂźt, plus personne ne vĂ©rifie oĂč
19:56elle vit, plus aucun travailleur social ne se rend Ă  son domicile, elle sort complĂštement du
20:00systĂšme. Pour l'administration, Phoenix est avec sa mĂšre, point. Sauf que pendant les huit mois suivants,
20:06Phoenix ne va plus à l'école. Et ça, ça n'inquiÚte personne. L'école ne signale pas ses absences.
20:11Pour eux, Phoenix est tout simplement déscolarisée parce que Samantha leur a dit qu'elle avait changé
20:15d'établissement et ensuite qu'elle avait décidé de lui faire l'école à la maison. Donc, il n'y a pas
20:20de problĂšme, la mĂšre s'en occupe. Les voisins ne la voient presque plus, au point que certains d'entre
20:24eux pensent qu'elle est partie, peut-ĂȘtre qu'elle est partie vivre Ă  nouveau chez son pĂšre. Ceux qui
20:28l'ont aperçu dĂ©crivent une petite fille maigre, aux vĂȘtements trop petits. Un jour, une voisine raconte
20:34mĂȘme l'avoir vu pieds nus dans la neige. Une autre se souvient d'une petite fille qui avait peur de
20:39parler aux adultes qui fuyaient le contact visuel. Le 30 novembre 2004, Samantha donne naissance Ă  une
20:44autre petite fille, cette fois la fille de Wes. L'hÎpital, au courant du passé de Samantha,
20:49transmet automatiquement un signalement aux services sociaux. Mais voilà, ils l'ont vu récemment Samantha,
20:54il n'y a aucun problÚme. Donc, elle sort de la maternité avec le bébé. Là, il n'y a pas de
20:58questions à se poser. En janvier 2005, une éducatrice communautaire croise la route de Samantha et de
21:03Phoenix lors d'une visite dans le quartier. Elle est lĂ  pour proposer un soutien aux familles en
21:07difficulté, pour organiser des ateliers et surtout prendre des nouvelles des enfants du secteur. Ce
21:12jour-là, elle vient distribuer des informations sur des aides sociales et repérer les foyers qui
21:17pourraient bénéficier d'un accompagnement. Et ce qu'elle voit la trouble immédiatement. Elle
21:21raconte que Samantha et Wes semblaient hyper fermées et que Phoenix, elle était trÚs silencieuse, qu'elle
21:28évitait le contact visuel et surtout qu'elle restait trÚs à l'écart. L'éducatrice, elle a essayé de
21:32discuter avec elle. Mais Samantha s'est tout de suite interposée en expliquant que non, non, tout
21:36va bien. Phoenix, elle est simplement timide, c'est tout. Et quelques semaines plus tard, une infirmiĂšre,
21:41cette fois, elle aussi s'inquiÚte. Elle a fait une tournée dans le quartier, ce qu'elle fait
21:45réguliÚrement auprÚs des familles pour faire le point sur la santé des enfants, vérifier qu'ils sont
21:49vaccinés, qu'ils mangent correctement. Elle a l'occasion de voir briÚvement Phoenix. Et la petite,
21:55elle donne vraiment l'impression d'ĂȘtre amaigrie. Elle porte des vĂȘtements sales, elle porte des vĂȘtements
21:59trop petits pour elle. Elle a l'air épuisée, complÚtement abattue. Et l'infirmiÚre, elle ne
22:04peut pas laisser passer ça. Donc, elle alerte immédiatement les services sociaux. Et là,
22:07les services sociaux font leur boulot, Ă  savoir rien. Le dossier de Phoenix n'est mĂȘme pas rĂ©ouvert.
22:13On note simplement que des inquiétudes ont été exprimées. Aucun contrÎle n'est mis en place,
22:18aucun suivi n'est imposĂ©, rien. Samantha, elle, elle continue d'avancer les mĂȘmes arguments. Phoenix est
22:24difficile. Elle est capricieuse. Elle est timide. C'est comme ça. Et comme les parents ne sont pas
22:29connus pour des faits de violence, que l'enfant est techniquement scolarisé à domicile, qu'ils ont
22:34déjà fait une visite quelques mois avant et qu'il n'y avait rien à signaler finalement, il n'y a pas
22:38plus de preuves que ça et personne ne creuse davantage. Parce qu'il n'y a plus de dossier ouvert et
22:43qu'aux yeux du systĂšme, Phoenix n'est plus une urgence. Quelques mois plus tard, en avril 2005,
22:48la famille déménage dans un logement situé au nord de Winnipeg. Dans leur nouvelle maison,
22:52ils accueillent aussi l'un des enfants de West, qu'on appellera Daniel, alors ùgé de 12 ans. Puis,
22:58petit Ă  petit, un autre de ces enfants, qu'on appellera Victor, vient rendre visite Ă  la famille
23:03de plus en plus réguliÚrement. Mais à force, vivre à cinq dans leur maison, ça commence à devenir
23:07compliqué. Donc, la famille commence à déménager réguliÚrement. Ils changent plusieurs fois d'adresse.
23:11Ils restent toujours dans la rĂ©gion de Winnipeg, mais jamais bien autant au mĂȘme endroit. Et Ă  chaque
23:16fois qu'ils s'installent quelque part, ils se font trĂšs discrets. Les rares fois oĂč ils se montrent,
23:21c'est quand Samantha se rend au bureau des aides sociales pour faire faire sa demande. Alors,
23:25l'administration canadienne exige que les enfants soient physiquement présents ou localisables quand
23:31un parent déclare en avoir la charge pour des aides financiÚres. Mais Phoenix n'est jamais là. Donc,
23:35Ă  chaque fois qu'elle coche la case qui dĂ©clare qu'elle a un enfant, les agents lui demandent oĂč
23:40est cet enfant. Et à chaque fois, elle répond qu'elle est chez sa tante ou chez son pÚre ou en visite chez
23:46de la famille. Et donc, ça n'ira pas plus loin. En tout cas, jusqu'en février 2006. Ce jour-là,
23:51Samantha se rend au bureau d'aide sociale. Et Ă  nouveau, elle est seule. Elle demande Ă  remplir
23:55un dossier pour obtenir une aide au logement. Rien d'inhabituel en apparence. Mais sur le formulaire,
24:00on lui demande si elle a des enfants Ă  charge. Et lĂ , Samantha coche. Oui. Elle inscrit mĂȘme le
24:05prĂ©nom de sa fille, Phoenix. Sauf qu'au mĂȘme moment, l'agent qui traite sa demande remarque
24:10quelque chose d'étrange. Elle a déjà vu Samantha plusieurs fois. Et jamais, au grand jamais, elle ne
24:15l'a vu accompagnĂ© d'un enfant. Alors, presque machinalement, elle lui demande oĂč est sa fille.
24:19Ce à quoi Samantha répond sans stress que sa fille est chez sa tante. Et la fois suivante,
24:24on repose à nouveau la question. Et elle répond cette fois-ci que la petite est chez son pÚre.
24:28Et Ă  nouveau, en mars 2006, elle va dire que sa fille est en visite chez de la famille. Le problĂšme,
24:33je vous le rappelle, c'est que l'administration canadienne a besoin de voir physiquement les enfants,
24:38ou au moins de savoir prĂ©cisĂ©ment oĂč ils sont pour prĂ©tendre aux aides sociales. Et lĂ ,
24:42personne ne voit jamais Phoenix. Alors, une fois, ça passe. Deux fois, ça commence Ă  ĂȘtre limite.
24:47Trois fois, on se pose des questions. Et l'agent, justement, elle s'en pose de sérieuses questions.
24:50Trois visites, trois versions différentes et pas l'ombre de l'enfant. Alors, le 9 mars 2006,
24:56elle décide de faire ce qu'aucun autre service n'avait vraiment pris le temps de faire depuis des
25:00mois. Elle vérifie. Elle consulte les dossiers scolaires. Elle n'y trouve aucune inscription récente.
25:05Elle contacte les établissements proches de l'adresse déclarée et aucune trace d'une
25:09certaine Phoenix Sinclair. Elle appelle des centres médicaux du quartier et ne trouve aucune
25:14consultation médicale. Aucun vaccin à jour, aucun suivi. Alors, sans attendre le lendemain,
25:20soit le 10 mars 2006, elle va lancer l'alerte. Elle remplit un signalement administratif pour
25:25fausses déclarations et suspicions de maltraitance. Le mystÚre de la famille est prévenu,
25:29puis la police. Et cette fois, trĂšs vite, une enquĂȘte est ouverte. Les enquĂȘteurs vont eux aussi
25:34contacter les écoles, les centres médicaux, les anciens foyers, les hÎpitaux, rien. Aucune trace
25:40de Phoenix depuis plus de 9 mois. Le 14 mars 2006, la police obtient un mandat de perquisition et se
25:46rend au domicile de Samantha et de Wes avec une question, une seule, oĂč est Phoenix ? A leur arrivĂ©e,
25:51Samantha et Wes sont chez eux. Samantha ouvre la porte. Elle est plutĂŽt calme, trĂšs calme mĂȘme. Elle ne
25:56manifeste ni stress ni inquiétude. Face aux policiers, elle garde un ton posé, presque détaché. Et quand les
26:01policiers lui demandent oĂč est sa fille, elle rĂ©pond simplement que Phoenix est partie vivre chez son
26:05pĂšre. Les enquĂȘteurs lui demandent donc une adresse, un numĂ©ro, une preuve. Et lĂ , Samantha,
26:09elle change de version. Ah non, finalement, Phoenix, elle est chez une tante, mais elle ne se souvient
26:13plus vraiment laquelle. Puis finalement, elle dit que la petite, elle est peut-ĂȘtre dans un camp d'Ă©tĂ©
26:18ou en visite quelque part. Enfin bref, c'est plus trop quoi. Et Ă  chaque fois qu'on lui demande des
26:22précisions, elle change de version. Wes, de son cÎté, il n'a rien à dire. Il est vague, il ne sait pas trop,
26:27c'est vrai, il n'a pas vu Phoenix depuis un moment, mais il est sûr qu'elle va bien. Non, non, il ne sait
26:32pas vraiment quand il l'a vu pour la derniĂšre fois. Il ne se souvient pas. Alors les policiers insistent,
26:37mais ils n'obtiennent rien. Donc il reste une seule solution, fouiller la maison. Et à l'intérieur,
26:42il constate tout de suite une chose trĂšs Ă©trange. Il n'y a pas de jouets, pas de vĂȘtements, aucun lit
26:46d'enfants, pas de dessin sur le réfrigérateur et pas la moindre trace de Phoenix comme si elle n'avait
26:50jamais vécu ici. Quand j'ai écrit ça, ça m'a rappelé l'histoire de la famille Hart. Quand les policiers
26:55sont arrivés, c'était comme si les enfants n'avaient jamais existé. Dans le cas de Phoenix,
27:00c'est lĂ  que les enquĂȘteurs comprennent qu'il y a quelque chose de vraiment pas normal. C'est
27:04comme si Phoenix, qui est alors ùgée de 5 ans, n'avait jamais existé. Et sa propre mÚre est
27:08incapable de dire oĂč elle se trouve. Alors ils vont Ă©largir leur pĂ©rimĂštre. Le lendemain,
27:12donc le 15 mars, la police commence Ă  interroger les anciens voisins. Plusieurs d'entre eux affirment
27:17qu'ils n'ont pas vu Phoenix depuis longtemps. Un dit qu'il l'a vu pieds nus dans la neige,
27:21il y a environ un an. Mais globalement, tous s'accordent sur un point. Ça fait des mois
27:26qu'ils n'ont pas vu Phoenix. Et pendant ce temps, Samantha, qui est alors interrogée par la police,
27:30commence à flancher un peu. Là, elle devient de plus en plus évasive. Elle détourne les questions.
27:34Elle commence Ă  se contredire. Puis, elle finit par lĂącher une phrase qui va glacer tout le monde.
27:39Vous feriez mieux de demander Ă  Wes. Le 16 mars, les enquĂȘteurs interrogent donc Wes. D'abord,
27:44Wes, il est trÚs trÚs calme. Il est complÚtement détaché de la situation. Il répond aux questions qu'on lui
27:49pose. Il dit encore une fois que tout va bien, que Phoenix est chez des proches, qu'elle va revenir
27:55bientĂŽt. Mais trĂšs vite, ses propos deviennent confus. Il oublie ce qu'il a dit la veille. Il
28:00commence à changer de version et il commence à hésiter. Et surtout, il commence à parler de Phoenix
28:06au passĂ©. Et lĂ , dans la tĂȘte des enquĂȘteurs, il y a une alarme qui se met en route. Donc,
28:10ce qu'ils vont faire, c'est qu'ils vont placer Samantha et Wes dans deux salles séparées,
28:14comme ils l'ont fait dans l'affaire de Dylan. Et cette fois, ils ne leur laissent aucune marche
28:20d'erreur. Ils veulent savoir oĂč est Phoenix. Et c'est Wes qui va craquer le premier. Il l'avoue,
28:25Phoenix est dĂ©cĂ©dĂ©. Et ses aveux vont permettre aux enquĂȘteurs de dĂ©couvrir l'effroyable vĂ©ritĂ©.
28:30Peu aprÚs leur déménagement, au printemps 2005, donc juste aprÚs la naissance du dernier bébé de la
28:35famille, Samantha est absorbée par le nourrisson. Phoenix, alors ùgée de 5 ans, est une petite fille
28:41pleine de vie, qui a soif de découverte. Mais pour Wes, c'est invivable et trouve qu'elle fait
28:46beaucoup, beaucoup trop de bruit. Elle dérange les autres enfants et, selon lui, elle n'écoute pas
28:52les consignes. Pour lui, en gros, la fille ne sait absolument pas se tenir. Alors Samantha et Wes ont
28:57commencé à l'isoler temporairement dans le sous-sol comme punition. Une punition qui devient
29:01vite une habitude. En réalité, Phoenix a fini par dormir seule dans le sous-sol, sans chauffage. Elle n'a
29:07pas de lit. Elle dort Ă  mĂȘme le sol, sans couverture, sur un petit tapis. Et plus les jours passent, plus
29:12l'isolement la nuit ne suffit plus. À la moindre bĂȘtise, la petite est envoyĂ©e dans son sous-sol,
29:17parfois pendant des heures, sans manger et parfois mĂȘme attachĂ©e. Samantha et Wes lui rĂ©pĂštent sans
29:23arrĂȘt qu'elle est mĂ©chante, qu'elle est bĂȘte, qu'elle ne mĂ©rite pas l'amour de qui que ce soit. Et plus
29:29les jours passent, plus les violences deviennent quotidiennes. Samantha et Wes n'ont plus de limites.
29:33Wes n'hĂ©site pas Ă  la punir avec une barre de fer, un manche Ă  balai et mĂȘme une poignĂ©e de frigo.
29:39Une fois, le couple l'a mĂȘme forcĂ© Ă  manger son propre vomi. Un jour, Wes aurait mĂȘme Ă©trangĂ© la
29:46petite jusqu'à l'évanouissement et lui aurait tiré dessus avec un pistolet à plomb. Parfois,
29:51Phoenix reste sans manger pendant des jours. Victor rapporte qu'Ă  l'occasion de 4 Ă  5 visites
29:57chez son pÚre, il n'a jamais vu Phoenix manger. Et quand il a essayé de lui donner quelque chose à
30:01grignoter, Samantha lui a littéralement hurlé dessus. C'était un véritable calvaire pour cette
30:07petite poupée. Un calvaire qui a pris fin le 11 juin 2005. Phoenix, à ce moment-là, est déjà dans
30:12un état hyper alarmant. Elle ne mange presque plus. Elle ne parle plus. Son corps est amaigri,
30:18marqué par les coups et la négligence du quotidien. Mais ce jour-là, elle se serait montrée désobéissante.
30:24Alors, Wes aurait fait ce que, visiblement, il sait faire de mieux, c'est-Ă -dire frapper une
30:28gamine de 5 ans. Il cogne encore et encore sous les yeux de Samantha, qui est assise dans les marches
30:34de l'escalier qui mĂšne au sous-sol. La petite, elle est au sol. Elle essaie de se relever. Mais
30:38elle est à bout de force. Elle a du mal à respirer. Elle gémit. Et elle finit par fermer ses petits
30:43yeux. Wes, Ă  ce moment-lĂ , il a une lumiĂšre qui s'allume dans son mini cerveau d'abruti. Il la secoue.
30:47Il la soulÚve pour la réveiller. Mais elle ne réagit pas. Son corps ne réagit plus. Phoenix est décédée.
30:53Et lĂ , Ă  ce moment-lĂ , le couple, il est en train de paniquer. Il se dit qu'il n'a plus le choix.
30:56Ils doivent se débarrasser du corps et surtout, ne rien dire à personne. Déjà parce que vu les
31:01antécédents de Samantha, mais aussi et surtout, parce que si personne le sait, ils vont continuer
31:06Ă  percevoir les aides sociales en faisant croire que sa fille est toujours vivante. Donc la petite est
31:10laissée là, dans le sous-sol, toute la nuit. Le lendemain, Wes se rend dans une quincaillerie pour
31:15acheter une pelle. Quand il revient, il prend un vieux sac de sport. Il glisse le corps de Phoenix Ă 
31:19l'intĂ©rieur, l'enroule avec des vĂȘtements et le ferme. Puis il le charge dans une poussette.
31:24Il traverse les rues, le quartier, avec son sac de sport dans la poussette. Et il se rend dans la
31:29périphérie nord de Winnipeg, dans une zone assez isolée, boisée et surtout proche d'un ancien site
31:34de décharge. Là-bas, il creuse un trou, enterre le corps et recouvre le tout avec de la terre, des
31:39branches et des dĂ©bris qu'il a trouvĂ©s autour. À son retour Ă  la maison, c'est fait. Aux yeux du monde,
31:44Phoenix est encore vivante, on en reste là. En automne 2005, le couple déménage à nouveau. Et
31:49pendant ce temps, Samantha, elle continue de percevoir les aides sociales liées à l'enfant,
31:53sans jamais avoir besoin de fournir de preuves sur l'état de santé de sa fille. Et personne ne
31:58l'exige. Le seul document qu'elle finit par transmettre, c'est une fausse lettre signée
32:02d'une prétendue tante qui atteste que Phoenix vit chez elle. Lettre qui d'ailleurs ne sera jamais
32:08vĂ©rifiĂ©e. Dans certaines sources, on raconte mĂȘme que Samantha se serait un jour prĂ©sentĂ©e avec la
32:13fille d'une amie qu'elle aurait fait passer pour Phoenix. Et ce petit manÚge, il aurait duré
32:17jusqu'en mars 2006. Selon certains témoignages, en fait, dÚs février 2006, le fils aßné de Wes
32:23aurait confié à sa mÚre que Phoenix était morte. Une information qu'elle aurait transmise aux
32:26autorités. Mais bien que ces faits aient été relayés dans certains médias, ils n'ont pas été
32:31confirmés dans les rapports. Donc c'est officiellement le 10 mars 2006 qu'un agent administratif déclenche un
32:37signalement formel pour maltraitance. Je ne sais pas si ça a été fait exprÚs ou pas. Je ne sais pas si c'était un
32:42peu pour redorer l'image en se disant il y a quand mĂȘme quelqu'un qui a fait quelque chose. Je ne sais
32:46pas, je n'ai pas l'information. Le plus important, c'est que cette fois, la machine judiciaire s'emballe.
32:50AprĂšs ses aveux, Wes accepte de montrer aux enquĂȘteurs l'endroit exact oĂč se trouve le
32:55corps. Sur place, il marque deux zones probables. Le cadavre de la petite fille est finalement retrouvé
33:00enterré à à peine 20 cm sous terre. L'autopsie révélera de nombreuses fractures récentes et anciennes au
33:07niveau des cÎtes, au niveau du bassin, des marques, des échymoses de différentes couleurs, donc qui révÚlent que la petite a bien reçu
33:12des coups à différents moments. Certaines étaient situées sur le visage, le dos, les bras et les
33:18jambes. Elles présentaient aussi des lésions au foie et à l'abdomen, des traces de brûlures et une
33:23infection respiratoire de type pneumonie. Le procĂšs de Samantha et de Wes s'ouvre le 2 novembre 2008. Face
33:29Ă  leurs actes, Samantha et Wes se rejettent mutuellement la faute. Les deux fils adolescents de
33:33Wes ont témoigné. Le plus jeune explique notamment qu'il a vu que Phoenix était fréquemment battue par Wes,
33:38souvent à coups de poing ou avec des objets. Il raconte que la petite fille était forcée de dormir
33:43nue sur le sol froid du sous-sol, mĂȘme en hiver. On est au Canada. Il dĂ©crit mĂȘme un enclos de
33:48fortune fait de bois et de grillage oĂč Phoenix Ă©tait enfermĂ© pendant des heures. Pire. Il dit avoir
33:53vu Phoenix pleurer de faim et se faire insulter quotidiennement. Wes leur aurait interdit lui et son
33:59frÚre de parler sous peine de représailles. Il les menaçait de les frapper eux aussi et les deux garçons
34:04expliquent qu'en fait ils n'osaient pas intervenir de peur d'ĂȘtre eux aussi agressĂ©s. Samantha de son
34:09cÎté elle explique qu'elle aimait sa fille et que jamais elle n'a levé la main sur elle. Raconte
34:14d'ailleurs qu'elle se sentait impuissante face Ă  la violence de Wes, qu'elle accuse d'ĂȘtre l'unique
34:19responsable de la mort de Phoenix. Mais pour Wes, ce n'est pas du tout comme ça que ça s'est passé. Il
34:24explique que lui c'est un bon gars et que quand il a rencontrĂ© Samantha, il ne savait mĂȘme pas qu'elle
34:29avait un enfant et puis de toute façon il n'aimait pas la façon dont elle s'occupait de sa fille. Selon
34:34lui, Samantha détestait Phoenix et c'est elle qui l'a maltraitée. Elle dépensait l'argent familial
34:39en krach. Pour lui, Samantha était violente, autoritaire et elle profitait de lui uniquement
34:45pour sa stabilité financiÚre. Donc en gros il dresse un portrait de Samantha comme étant une femme froide,
34:49calculatrice et surtout à l'origine de l'idée de faire passer une autre enfant pour Phoenix aprÚs
34:55la mort de sa fille. Le jour de la mort de Phoenix, il prétend avoir tenté de réanimer la petite et il
35:01dit mĂȘme qu'il a conduit les enquĂȘteurs jusqu'au lieu de l'enterrement pour soulager sa conscience
35:05mĂȘme s'il savait que ça l'incriminerait. Mais il l'assure, jamais, il n'aurait Ă©tĂ© violent envers Samantha.
35:11Il admet oui, oui il a un passé de buveur abusif mais selon lui la mort de Phoenix ne serait qu'un
35:17accident et il ajoute qu'il espĂšre mĂȘme que l'enquĂȘte provinciale serve de leçon. En gros Wes,
35:22il est en train de dire qu'il est soulagé que l'affaire est éclatée parce qu'il espÚre que ça
35:25serve d'exemple. Que la mort de Phoenix ne soit pas juste un drame mais un signal d'alarme. Il parle
35:30pas de justice là, il parle de leçon. Comme si son propre crime pouvait avoir une utilité parce que
35:36grùce à lui on a prouvé que le systÚme était défaillant. Parce que c'est le systÚme et pas lui
35:40qui doit tirer des conclusions de toute cette histoire. Évidemment il y a un fond de vĂ©ritĂ© lĂ 
35:43dedans mais Ă  un moment donnĂ© c'est pas le mieux placĂ© pour donner des leçons. Évidemment le jury
35:48reconnaßt Wes et Samantha coupables de meurtre au premier degré. Le 11 décembre 2008 ils sont condamnés à la
35:54prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Finalement la conclusion
35:59c'est que Samantha n'a jamais réellement voulu s'occuper de sa fille. Elle en voulait la garde
36:04uniquement percevoir les allocations. Phoenix ne représentait rien pour elle et c'est
36:08malheureusement une réalité bien trop fréquente. Le meurtre est la troisiÚme cause de mortalité
36:13chez les enfants ùgés de 1 à 4 ans et la quatriÚme chez les enfants de 5 à 9 ans. Selon le département
36:18américain de la santé, 81% des morts d'enfants sont causés par des négligences ou des abus de la part des
36:24parents. CNN rapporte qu'en moyenne 500 enfants sont tués chaque année par un ou deux de leurs
36:29parents rien qu'aux Etats-Unis. Et encore une fois nous sommes face Ă  la faille d'un systĂšme de
36:34protection de l'enfance qui a directement changé la vie d'une petite fille. Pour moi ils sont aussi
36:39coupables que Samantha et Wes parce que ce qui a tué Phoenix c'est pas seulement la violence c'est
36:44l'indiffĂ©rence, celle d'un systĂšme censĂ© la protĂ©ger. En 2011 une commission d'enquĂȘte
36:48publique est officiellement ouverte au Manitoba. L'objectif est de comprendre comment une fille
36:53est suivie par les services sociaux depuis sa naissance, a pu mourir dans un sous-sol battu,
36:58enfermé et enterré en cachette sans que personne ne s'en aperçoive pendant des mois. Le juge Ted
37:03Judge chargĂ© de l'enquĂȘte a entendu plus de 120 tĂ©moins pendant deux ans. Des travailleurs sociaux,
37:08des responsables, des proches, des mĂ©decins, des enseignants et pendant cette enquĂȘte il prend
37:13conscience que Phoenix a été retiré de sa mÚre à cinq jours de vie, puis baladé de foyer en foyer,
37:17placé puis rendu, placé puis rendu, sans jamais vraiment qu'il y ait un suivi sérieux. Au moment
37:23de sa mort, aucun professionnel ne savait oĂč elle Ă©tait. Son dossier a Ă©tĂ© fermĂ© et officiellement
37:29elle n'existait plus pour les services sociaux. Le rapport final publié en janvier 2014 présente 62
37:35recommandations face à un systÚme clairement trop lent, trop bureaucratique, centré sur la
37:40réconciliation avec les familles biologiques au lieu de la sécurité des enfants et finalement un
37:45systÚme qui protÚge les adultes au lieu de protéger les enfants. En 2022 Samantha obtient un
37:50assouplissement partiel de ses conditions de détention. La commission des libérations
37:53conditionnelles du Canada lui accorde le droit de sortir ponctuellement de prison pour rendre visite
37:58à des membres de sa famille et notamment rencontrer un aßné autochtone, donc une personne ùgée, hautement
38:03respectée, reconnue pour sa sagesse, son expérience de vie et sa connaissance des traditions spirituelles,
38:08culturelles et sociales. Le but étant de favoriser son développement spirituel, c'est ce qu'on appelle
38:14une permission de sortie à des fins humanitaires. C'est une mesure rare mais légale qui ne change
38:19rien à sa peine et qui ne la rapproche pas non plus de la liberté mais elle lui permet de retrouver un
38:24peu d'air, de marcher hors des murs et de retrouver les siens alors que Phoenix elle n'a jamais eu cette
38:30chance. Merci Ă  tous d'avoir regardĂ© cette vidĂ©o si vous ĂȘtes arrivĂ© jusque lĂ , s'il vous plaĂźt prenez
38:35quelques secondes pour mettre un petit coeur, un petit mot pour Phoenix comme vous avez été
38:40nombreux à le faire pour Isabella parce que les enfants méritent qu'on se souvienne d'eux et
38:44surtout qu'on se batte pour les protĂ©ger. Évidemment on se retrouve la semaine prochaine
38:48pour une nouvelle histoire glaçant sur Dark Stories.
38:50Merci Ă  tous.
38:51Merci Ă  tous.
38:52Merci Ă  tous.
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