LE LIBRE ARBITRE DE DYLAN SLAMA - Iran: la rue défie les Mollahs - Vidéo Dailymotion

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Des manifestations spontanées ont eu lieu dans le pays, depuis dimanche, pour protester contre la vie chère.

Transcript

00:00C'est un événement politique, je pense, international extrêmement fort qui est en train de se passer.

00:04Un événement politique en cinq actes.

00:07Alors l'acte 1, c'est d'abord la manifestation qui a commencé dimanche dernier sur la place d'un marché de portable de Téhéran,

00:13le plus grand marché de portable du pays.

00:15Il commence à y avoir des manifestations d'abord à objectifs économiques.

00:19Effectivement, il y a des manifestations avec des revendications économiques

00:22puisque les prix ont augmenté en moyenne de 52% sur un an.

00:26Donc il faut se rendre compte de ce que c'est.

00:27Si vous voulez être millionnaire en ce moment, il faut aller en Iran

00:30puisque pour 1 euro, vous avez 1,7 million de rial.

00:34Donc l'inflation est complètement démesurée.

00:37Pour se rendre compte, l'année dernière, c'était 850 000.

00:40Aujourd'hui, c'est 1,7 million de rial.

00:43Donc l'inflation est extrêmement importante.

00:45Ça, c'est l'acte 1.

00:47L'acte 2, c'est la contagion de cette manifestation.

00:50Donc ça a commencé effectivement à Téhéran et ça se propage de plus en plus dans le pays, dans d'autres villes.

00:55On a Karaj, on a la fameuse ville d'Isparan et on a même une île qui s'appelle l'île de Keishm.

01:00Et si vous voulez, pour vous dire à quel point ça va loin, c'est que ça dépasse ce qu'on pourrait appeler pour eux la métropole

01:05puisque ça va sur cette île.

01:08Troisième acte, c'est la politisation.

01:10Je vous ai dit que les revendications étaient d'abord économiques.

01:12Les revendications, maintenant, elles deviennent politiques.

01:15Et on a le gouvernement qui est mis en cause.

01:18On a des slogans qui deviennent

01:20« Morts au dictateur », « N'ayez pas peur », « Nous sommes tous ensemble »

01:23ou encore « Ni Gaza, ni Liban, je me sacrifierai pour l'Iran ».

01:26Pourquoi ce slogan ?

01:27Parce qu'en vérité, cette défaillance économique,

01:30elle est aussi le fait d'un certain nombre de sanctions

01:31dont fait l'objet l'Iran.

01:33Et donc ces sanctions, elles ont pour effet néfaste, justement,

01:37des effets totalement néfastes pour l'économie iranienne.

01:40Et donc le mouvement qui est économique devient politique.

01:43Acte 4, on le voit avec cette citation, c'est la considération.

01:47Si vous voulez, dans une révolution ou dans des mouvements,

01:49il y a toujours de risques.

01:50Le risque, c'est d'être trop ferme et donc que ça explose.

01:52Et le risque, parfois, c'est aussi de trop plier.

01:55Louis XVI le sait et c'est donc que ça cède.

01:57Donc là, le président essaye d'être dans un entre-deux.

02:00Il considère, non pas ses émeutes, mais ses manifestations.

02:03Il a eu cette phrase qui est quand même assez importante

02:05pour un représentant et un dirigeant iranien.

02:07Il a dit « J'ai demandé au ministre de l'Intérieur

02:10d'écouter les revendications légitimes des manifestants

02:14en dialoguant avec leurs représentants

02:15afin que le gouvernement puisse agir de toutes ses forces

02:18pour résoudre les problèmes et agir de manière responsable. »

02:22Donc c'est quand même des paroles assez fortes

02:23de la part d'un gouvernant iranien.

02:24On était habitué à quand même un peu plus de fermeté

02:26de ce côté-là du manche et du côté des gardiens de la Révolution.

02:30Même si la répression quand même n'a pas faibli depuis...

02:34Ah non, non, la répression n'a pas faibli.

02:36Ça rappelle d'autres manifestations qu'il y a eu,

02:38il y a à peu près 18 mois, 2 ans,

02:39où il y avait eu des centaines et des centaines de morts.

02:42Mais donc là, on voit bien qu'ils essayent les deux,

02:43la carotte et le bâton.

02:44Alors bien sûr, on entend toujours souvent parler du bâton

02:46parce que c'est difficile d'être complètement renseigné

02:49sur ce qui se passe, mais on sait qu'il y a de la répression.

02:50Mais on voit que ce coup-ci, ce n'est pas que de la répression.

02:53Ils essayent, en tout cas au niveau de la communication,

02:55d'établir un dialogue et de faire en sorte

02:57qu'il puisse aussi y avoir une carotte.

03:00Donc j'ai parlé des quatre premiers actes.

03:01Et maintenant, la question, c'est est-ce que le cinquième acte

03:03de ce fait politique international majeur,

03:05ce sera la Révolution ?

03:06Alors, on ne peut pas le savoir.

03:07Ici, on pourrait sourire en disant qu'on en est un petit peu loin.

03:10On ne sait jamais comment ça part.

03:12Là, j'ai dit que c'était des revendications économiques.

03:14Elles sont devenues politiques.

03:15On sait que c'était d'abord des commerçants

03:17qui ont commencé à manifester depuis peu.

03:20Les étudiants s'y mettent.

03:21Et lorsque les étudiants s'y mettent,

03:22je ne vais pas parler de convergence des luxes,

03:24mais en tout cas, on sait qu'en tout cas,

03:25le mouvement devient massif, le mouvement devient sociétal.

03:28Avec le mouvement Femmes, Vie, Liberté,

03:30c'était d'abord les femmes qui avaient manifesté.

03:32On a les étudiants, on a les commerçants.

03:34Donc, tout ça prend de l'ampleur.

03:35Tout ça commence à être médiatisé.

03:37On ne sait pas comment ça va se terminer.

03:39Mais encore une fois, je le dis,

03:40ça commence parfois, on se rappelle en Tunisie,

03:42avec une immolation sur un marché

03:44et ça se finit avec le printemps arabe.

03:46Là, je pense que ça s'est à surveiller de près

03:47parce que ça commence à bouillir, à bouillir.

03:49Et je pense que ça pourrait prendre de l'ampleur

03:51et pourquoi pas aboutir enfin,

03:53parce que je pense qu'on y viendra.

03:54Je n'ai pas les chances,

03:55mais je pense que d'ici cinq ans,

03:56ce régime sera renversé.

03:58Alors, quel est justement le moment

04:01qui sera le déclencheur de ce renversement ?

04:03Je ne sais pas,

04:04mais je pense que cet événement

04:04est à surveiller de près en Iran.

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