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  • il y a 4 heures

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00:00Et pour évoquer cette étude YouGov pour l'ex-partner qui nous en dit beaucoup sur le moral des Français.
00:06Elle concerne donc la consommation des ménages après une année 2025 et morose.
00:11Eh bien cela devrait être pire pour l'année à venir.
00:1443% des personnes interrogées prévoient de moins consommer en 2026.
00:1948% disent déjà avoir moins consommé en 2025.
00:24Bonjour Philippe Moiti.
00:26Bonjour.
00:27Alors la France affiche le pire score des neuf pays étudiés.
00:31Il y a la Chine, l'Italie, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l'Allemagne.
00:34Est-ce que ces chiffres, cette méfiance des Français, voire cette crainte, cette frilosité,
00:41est-ce que c'est la conséquence directe de l'instabilité politique que nous vivons actuellement ?
00:46Disons que c'est le Sodor qui a fait des bandes et le vase, c'est très clair.
00:50Notre enquête sur les problèmes jugés les plus importants par les consommateurs,
00:54c'est bien effectivement l'instabilité politique qui a primé ces derniers mois.
00:58Mais c'est à mettre en toile de fond d'un contexte beaucoup plus général qui est très morose,
01:05où on regarde la géopolitique, la situation climatique,
01:10bref les facteurs d'inquiétude sont extrêmement nombreux.
01:12Et les Français ont une propension à être pessimiste,
01:14et qui est, c'est remarqué, nous sommes les champions d'Europe du pessimisme.
01:17Et les derniers indicateurs qu'on a collectés montrent que ça s'est encore dégradé
01:21au cours du trimestre qui vient de s'écouler.
01:24Alors le matelas d'épargne aussi des Français, lui,
01:27et c'est une conséquence évidemment, il n'a jamais été aussi élevé,
01:306 400 milliards d'euros de côté.
01:34Le taux d'épargne, il a atteint presque 19% des revenus disponibles.
01:38Les Français ont de l'argent, comme on dit, de côté.
01:42Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour les faire consommer ?
01:46Alors attendez, quand vous dites que les Français ont de l'argent de côté,
01:49il faut démoyeniser, c'est absolument essentiel,
01:51parce qu'on a quand même une partie de la population en bas de l'échelle de revenus
01:54qui tire la langue, qui exprime un fort sentiment de contrainte budgétaire,
01:58et qui n'est vraiment pas en mesure d'épargner,
02:00voire qui est obligé de s'endetter pour arriver à boucler les fins de mois.
02:03On va sortir prochainement des données sur les découvertes bancaires.
02:05C'est impressionnant, il y a une proportion importante des Français
02:08qui ont besoin des découvertes bancaires pour boucler le fin de mois.
02:10Et donc l'épargne, elle est concentrée quand même sur les hauts revenus
02:13qui ont bénéficié d'abord de la crise sanitaire,
02:16parce qu'ils n'ont pas beaucoup dépensé, ils ont épargné beaucoup.
02:18Et puis ensuite, les revenus du patrimoine, avec les taux d'intérêt élevés,
02:21étaient très attractifs.
02:22Et donc effectivement, on a accumulé une épargne.
02:25Le FCE a calculé qu'en gros, on a un supplément d'épargne
02:28par rapport à l'avant-Covid de 270 milliards d'euros.
02:31Donc c'est colossal, mais c'est concentré sur les 20% des foyers les plus riches.
02:37Et ceux-là, ils n'ont pas tellement envie de consommer
02:40parce qu'épargne de précaution, avec tous ces facteurs d'incertitude,
02:44d'inquiétude dont on n'en a pas tout à l'heure,
02:46ça incite plutôt à mettre de l'argent de côté.
02:48Et puis par ailleurs, et ça dépasse les classes favorisées,
02:51dans nos enquêtes, on observe une petite perte d'appétit pour la consommation.
02:55En gros, on a l'impression que soit on n'a pas la tête à ça,
02:58la légèreté de la consommation n'est pas au diapason de l'ambiance générale,
03:02soit, ce qui serait encore plus profond, ça y est, on a déjà un petit peu tout,
03:07je moyenne lise encore, et le désir s'essouffle,
03:11d'où d'ailleurs du côté des vendeurs, les promotions,
03:14on vient de commencer les ventes privées, les promotions permanentes,
03:18les pseudo-innovations pour essayer d'entretenir la flamme du désir de la consommation.
03:21En tout cas, tout ça fait que la consommation est morose, effectivement.
03:24On va terminer l'année avec une consommation à plus de 0,8,
03:28c'est-à-dire à peine un peu plus que la croissance démographique,
03:30et les prévisions par année prochaine ne sont pas bonnes, ne sont pas bonnes.
03:33Effectivement, pour aller dans votre sens, 43% selon une étude Odoxa parue jeudi dernier,
03:3843% des Français ont comme souhait principal pour l'année à venir augmenter le pouvoir d'achat.
03:43Effectivement, l'épargne ne concerne pas forcément tout le monde.
03:49Que dire de cette frilosité des Français ?
03:54Vous l'avez dit, il y a le sentiment d'avoir déjà un peu tout.
04:01Il y a aussi chez les Français le fait de faire des choix.
04:04Alors ça aussi, ça les différencie des autres pays.
04:09C'est-à-dire qu'au lieu de reporter une dépense, on décide d'y renoncer.
04:14Les Français renoncent.
04:16Oui, renoncer, ce qui a été marquant ces dernières années,
04:19c'est de voir une baisse de la consommation alimentaire en volume.
04:24C'est-à-dire qu'en gros, on aurait acheté moins de produits alimentaires.
04:27Je ne parle pas seulement d'acheter des produits moins chers.
04:29On aurait acheté moins en quantité.
04:31Et là, c'est assez troublant parce que c'est quelque chose qu'on n'avait pas connu dans le passé.
04:34Là, on a le sentiment que face à la montée des dépenses contraintes,
04:37celles qu'on ne peut pas négocier sur le loyer par exemple,
04:40ou l'essence qu'on met dans la voiture,
04:42l'alimentaire, pour une partie de la population, est devenue une variable d'ajustement.
04:46Et effectivement, dans nos enquêtes aussi,
04:48on a une proportion importante de Français qui nous disent,
04:50sont même à plus de 30%,
04:52être obligés de s'imposer des restrictions sur l'alimentaire.
04:55Alors, ça baisse un peu, ça va mieux.
04:57Ça, c'était quand même l'effet du choc inflationniste qu'on a connu.
04:59Donc, c'est en train de s'estomper à mesure que le souvenir de l'inflation est passé.
05:04Et je vous rappelle qu'il y a encore des produits très inflationnistes dans l'alimentaire,
05:07comme le chocolat ou le café, ou la viande de bœuf.
05:10Et ça, ça marque beaucoup l'humeur et la prestation que les Français se font de l'inflation en général.
05:16Et Sabrina Vodjeber.
05:17Oui, bonjour monsieur.
05:18Alors, vous expliquez très bien que les inquiétudes des Français sont en carrefour
05:22entre l'angoisse de la politique actuelle,
05:27le poids fiscal qui pèse sur leurs épaules,
05:29l'inflation que vous avez rappelée sur le prix des aliments,
05:32qui réduisent donc le périmètre de vie des Français.
05:36Que faut-il faire aujourd'hui ?
05:38Quelle serait la mesure économique la plus propice
05:40pour redonner justement un petit souffle d'espoir
05:44pour que les Français puissent enfin se projeter
05:46dans des actes ou des habitudes de consommation plus importantes
05:49qu'elles ne l'ont été ces dernières années ?
05:52Au final, la consommation, sur le moyen terme,
05:56le rythme de croissance de la consommation est dicté par le rythme de croissance du pouvoir d'achat.
06:00Et le rythme de croissance du pouvoir d'achat lui-même est dicté par le rythme de croissance de l'économie.
06:05Donc en réalité, l'enjeu, il est là.
06:06C'est comment on peut renouer en France avec une croissance économique un peu plus ferme
06:10qui permettrait de distribuer plus généreusement du pouvoir d'achat.
06:13Donc on a distribué, ça soit des vents contraires exceptionnels,
06:17ces dernières années, on a distribué du pouvoir d'achat par la dépense publique
06:20et on en voit les conséquences aujourd'hui.
06:22Donc les Français ont compris qu'avec le niveau d'endettement de la France aujourd'hui,
06:26je rappelle quand même que c'est près de 70 milliards qui partent en charge de la dette,
06:30c'est vraiment de l'argent mis par les fenêtres.
06:32Ils sont aussi conscients que c'est fini.
06:34Quoi qu'il en coûte est désormais loin derrière nous
06:37et qu'au contraire, ils ne savent pas exactement à quelle source ils vont être mangés,
06:40mais ils savent bien que d'une manière ou d'une autre,
06:43le fait de devoir assainir les comptes publics va peser sur leur pouvoir d'achat.
06:46Donc malheureusement, il n'y a pas de baguette magique.
06:48Il n'y a pas de baguette magique, il n'y a pas de magicien.
06:50On ne va pas pouvoir répondre à cette aspiration à la croissance du pouvoir d'achat.
06:54Comme ça, très simplement, la seule variable sur laquelle on pourrait jouer,
06:57mais qui est politiquement délicate, c'est la redistribution.
06:59C'est-à-dire qu'en gros, à défaut de pouvoir faire grossir le gâteau,
07:03le répartir différemment pour que ceux qui sont les plus en difficulté, peut-être,
07:07sortent un peu la tête de l'eau, en prenant un peu à ceux qui ont beaucoup
07:11et qui pourraient vivre quasiment aussi bien qu'un tout petit peu moins.
07:15Mais c'est déjà un peu inscrit dans les discussions budgétaires actuellement,
07:17puisqu'on a remonté la fiscalité sur les très très hauts revenus.
07:20Alors, Philippe Moetti, un dernier chiffre sur lequel je voulais vous faire réagir.
07:24Il vient de la dernière note de l'INSEE.
07:2664% des Français estiment que la France se dirige vers de sombres perspectives à l'horizon 2026.
07:33Est-ce que les Français aussi sont, quelque part, responsables d'être trop pessimistes ?
07:39Je ne sais pas si on est responsable d'être trop pessimistes.
07:41Ça a des conséquences sur les comportements et qui, peut-être, du coup,
07:43alimentent la morosité économique ambiante.
07:46Mais, effectivement, il y a un très fort sentiment que les choses ne vont pas bien.
07:51Alors, il faut vraiment distinguer, quand on pose ce genre de questions,
07:54le ressenti sur l'évolution collective, la France, le monde, etc.,
07:59le ressenti sur sa propre évolution.
08:02Et on est généralement beaucoup plus optimistes pour soi que pour le reste du monde, en quelque sorte.
08:06Donc, ce pessimisme, il est effectivement très concentré sur...
08:09On a le sentiment que le monde fout le camp, quoi.
08:11Et les Français ont le record, sans doute aussi parce qu'on a été des enfants gâtés,
08:14qu'on a peut-être une conscience aiguë de tout ce qu'on est en train de perdre,
08:19que le sens de l'histoire, ça avait été, pendant longtemps, de conquérir du mieux,
08:25des avantages sociaux, d'avantages de pouvoir d'achat, d'avantages de confort.
08:29Et là, on a le sentiment que le sens de l'histoire, c'est plutôt d'accepter des renoncements et de perdre.
08:34Et ça, on peut comprendre que quand on est dans un État comme la France,
08:38qui est un État généreux, qui est à la pointe de l'État-providence,
08:41ce ressenti pèse très lourd sur la manière de percevoir l'avenir
08:44et donc affecte les comportements d'épargne et de consommation.
08:47Merci à vous, Philippe Moati.
08:49Je rappelle que vous êtes professeur d'économie à l'Université Paris-Didro,
08:53cofondateur de l'Observatoire Société et Consommation.
08:56Merci pour toutes ces explications que vous avez adressées ce midi sur Europe.
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