00:00L'essentiel politique ce soir c'est avec Jean-Christophe Gallien. Bonsoir.
00:05Vous êtes spécialiste en communication politique et dans un instant on va revenir avec vous sur l'examen du budget à l'Assemblée Nationale.
00:12Le volet recette de la sécurité sociale a été adopté ce week-end.
00:15Le processus parlementaire suit donc son cours. Les députés seraient-ils capables de compromis ?
00:22Lui, il est l'homme de la situation. Sébastien Lecornu, c'est lui qui tente de ménager les socialistes, les républicains et le socle commun.
00:28Une stratégie payante, vous nous livrerez votre analyse.
00:33Enfin pendant ce temps, Emmanuel Macron a rallumé la bombe agricole en jugeant plutôt positif l'accord commercial sur le Mercosur.
00:40Nous essaierons de comprendre à quoi joue le président.
00:46Mais d'abord on commence donc avec le budget. Ce week-end, l'Assemblée Nationale a adopté le volet recette de la sécurité sociale.
00:52Une copie bien différente de celle proposée par le gouvernement.
00:55Hausse de la CSG sur les revenus du capital, abandon du gel de l'impôt sur le revenu, taxes sur les boissons énergisantes alcoolisées.
01:02Tout le monde y a mis un peu du sien, surtout les socialistes.
01:05Le gouvernement, lui, est soulagé. Écoutez à ce sujet le député macroniste Paul Midy.
01:10C'est une bonne nouvelle parce que ça va permettre de continuer les débats sur ce budget.
01:16Vous savez que la priorité pour le groupe Ensemble pour la République, c'est de doter la France d'un budget.
01:20D'ici Noël, il faut donner de la visibilité, de la stabilité pour tous les Françaises et tous les Français et pour tous les acteurs économiques.
01:26Jean-Christophe Gallien, pour l'instant, ça fonctionne finalement plutôt bien ce compromis, cette alliance entre socialistes et macronistes, non ?
01:36Écoutez, on est obligé de le dire, oui, parce que c'est vrai qu'on ne pariait pas beaucoup d'argent si on avait joué à un jeu de type l'autopolitique sur la continuité de l'effort.
01:46Personne n'y croyait, ça avait mal démarré pour Sébastien Lecornu, même une catastrophe, un gouvernement qui dure 13 heures, je ne sais plus exactement.
01:55Puis finalement, derrière, une réunion fondatrice chez Emmanuel Macron à l'Élysée, le vendredi qui suit cette affaire-là.
02:01Et donc, depuis, effectivement, quelque chose s'est passé, mais qui s'appuie fondamentalement sur un élément qu'on connaissait, mais qu'il a réussi à agréger.
02:10C'est-à-dire que vous avez deux partis politiques, et donc deux groupes politiques à l'Assemblée nationale, qui sont dans une perspective d'agenda politique, nous en avions parlé chez vous il y a quelques semaines,
02:21qui sont le Parti Socialiste et les Républicains, qui ont comme pierre angulaire de leur développement politique proche les élections municipales.
02:28Et donc qui, dans l'intervalle entre cette procédure budgétaire et ce qui arrive très vite, c'est le mois de mars, ne veulent pas d'un événement politique majeur.
02:37C'est-à-dire que c'est quoi ? C'est la chute d'un gouvernement et l'éventuel, ça, ça pourrait encore passer, mais l'éventuel bouton de la dissolution appuyé par Emmanuel Macron.
02:47Et donc, je crois que dans ce contexte-là, il s'est trouvé un espèce de triangle, quelque chose qui s'est fait avec au milieu Sébastien Lecornu, en tête de ce triangle Emmanuel Macron,
02:57et puis les deux points bas, les Républicains et le PS.
03:00Et pour l'instant, ça tient, parce qu'il y a un Premier ministre qui est quelqu'un qui fait un travail, effectivement, ce qu'on appelle le petit pas, ce que vous voulez, qui tient là-dessus, puis voilà.
03:09Donc, le fond, pour moi, de l'accord, il est celui d'un accord d'intérêt politique, de stabilité politique jusqu'aux municipales.
03:17Et une fois qu'on a passé les municipales, pratiquement tout le monde est sauvé, en tout cas, dans ce contexte.
03:20– La prochaine échéance, c'est mercredi, la suspension de la réforme des retraites qui va être débattue à l'Assemblée nationale.
03:29Concrètement, elle va pouvoir être adoptée, cette suspension ?
03:32– Écoutez, je pense que ça fait partie du cadeau.
03:36C'est-à-dire que vous ne pouvez pas obtenir le soutien du Parti Socialiste et le soutien des Républicains.
03:41« Aliéné, quelque part, peut-on trouver l'abstention de vos propres troupes sur un sujet qui est finalement une grande victoire estimée du Macronisme ? »
03:50C'était une des réformes qui étaient celles sur lesquelles le Président de la République et ses gouvernements successifs se sont battus très fortement.
03:56Rappelons-nous du contexte, 49-3, violences dans la rue, enfin voilà.
03:59Donc, on est dans un combat politique très fort et donc on appelait ça comme finalement une réforme essentielle ou fondatrice de ce qui resterait d'un bilan Emmanuel Macron.
04:08Là, cette fois-ci, il s'agit de quoi ? Vraiment, il s'agit de tenir jusqu'en 2027.
04:11Et c'est ce que je vous disais, les étapes sont des étapes politiques, des étapes électorales.
04:15Donc, il ne faut absolument pas de censure trop importante, il ne faut pas de dissolution, il faut tenir jusqu'aux municipales.
04:22Et je crois que tout le monde est à peu près d'accord là-dessus.
04:24Dans le deal, certainement, pour agréger les socialistes, il y a ce travail sur la réforme des retraites pour que les partis socialistes puissent effectivement obtenir lui aussi des gains politiques.
04:32Et puis de l'autre côté, je pense qu'on va essayer de trouver un équilibre sur qu'est-ce qu'on lâche, qu'est-ce qu'on ne lâche pas.
04:38Est-ce qu'on suspend pour qu'on ait une conversation à cette fois-ci, on rejouera la partie dans un contexte qui sera plus clair politiquement ?
04:45Je pense que oui.
04:46Et finalement, ça a été la porte de sortie trouvée, je pense peut-être même imposée par Sébastien Lecornu, dans la négociation avec Emmanuel Macron.
04:54Il n'en voulait pas Emmanuel Macron de ce changement-là.
04:56Et finalement, lui, il a quand même l'ambition, on le voit bien, se déplaçant à la COP au Brésil, de finir son mandat.
05:03Or, la question, depuis quelques semaines et quelques mois, va-t-il finir son mandat ?
05:07Là, peut-être que, peut-être que dans ce contexte-là, l'hypothèse d'une continuité jusqu'au bout est validée.
05:14Pour revenir à Sébastien Lecornu, que vous avez déjà évoqué, si le processus parlementaire suit son cours, c'est aussi en partie à cause ou grâce à lui.
05:24Il met beaucoup de cœur à l'ouvrage, certains n'hésitent pas à dire qu'il mouille sa chemise.
05:28Sa méthode, c'est celle des compromis, des petits pas.
05:31C'est habituel qu'un Premier ministre soit aussi investi à l'Assemblée nationale ?
05:36Oui, ce qui change, c'est qu'il fonctionne vraiment comme un bouclier pour Emmanuel Macron.
05:42Je crois que, pour le coup, sa mission, on se moquait de lui un petit peu quand il a parlé de Moine Soldat, moi le premier certainement.
05:47Cet activisme parlementaire, pour le coup, c'est ça dont il s'agit.
05:51C'est celui de quelqu'un qui peut-être fait passer au deuxième rang le fond de l'affaire.
05:57C'est-à-dire que, finalement, on a beaucoup travaillé, communiqué sur la nécessité de faire face au déficit, à la dette,
06:02ce danger public qui sont nos finances publiques, pour passer à quelque chose qui est différent,
06:08celui, finalement, de l'instabilité, d'identifier l'idée qu'il fallait un budget.
06:12Parce que vous vous rendez compte, si en plus, dans ce contexte-là, on ne vote pas de budget.
06:15Mais au cœur du réacteur, je vous le redis, c'est un agenda politique.
06:19Et il a su comprendre, finalement, et ramener ce qui était essentiel,
06:22ce qui avait été l'incapacité, pour l'instant, de Barnier, de Bérou,
06:26c'est de mettre sur le même point, dans le même triangle, à la fois les socialistes et les républicains.
06:31Qu'est-ce qu'ils avaient en commun ?
06:32Rien, rien, rien, sauf l'idée de se sauver la possibilité, pour chacun d'entre eux,
06:36d'être très présent et de sauver leur peau politique au municipal.
06:40Parce que c'est la dernière élection sur laquelle ils peuvent vraiment exister.
06:42Ils font le pari de pouvoir réintégrer, si vous voulez,
06:45le championnat de la présidentielle et des législatives à partir de là.
06:48Alors, malgré tout, ce fameux budget 2026 dont on part le temps,
06:51pour l'instant, il n'est toujours pas sur pied, il n'est toujours pas au point.
06:55On n'est pas des devants, mais si vous deviez parier sur comment tout ça allait se terminer.
06:59Petit questionnaire, vous diriez A, que le budget va pouvoir être adopté par les députés,
07:04B, que le Premier ministre aura recours au 49-3,
07:07C, qu'il aura recours aux ordonnances,
07:09ou D, qu'il y aura une loi spéciale pour assurer la continuité des services publics ?
07:13Vous avez trois hypothèses. Il y a une première hypothèse qui dit,
07:16oui, optimiste, ça va être fluide jusqu'au bout, dur, dur mais fluide,
07:21entre l'Assemblée nationale et le Sénat.
07:23Et donc, on va dans la première version, c'est-à-dire celle que vous avez le budget adopté par les députés,
07:27et donc ensuite, on va au bout.
07:29Donc ça, c'est la première hypothèse. On va dire, allez, on va mettre 30% peut-être.
07:33Vous avez une hypothèse intermédiaire qui mélange un peu,
07:36qui va plutôt vers la loi spéciale,
07:39et puis finalement, un retour ou le 49-3 sur les recettes,
07:42et puis après, quelque chose qui irait au bout.
07:45On dramatise un peu au milieu sur les recettes,
07:47et puis on se remet ensemble, si vous voulez,
07:49sur l'adoption définitive de l'ensemble du texte,
07:52et là, ça fait un intermédiaire, si vous voulez, entre ça et ça,
07:55même si le 49-3, on n'est qu'on ne l'utilisait pas.
07:57Sur les recettes, ça pourrait être quelque chose sur lequel il y aurait accord
08:00entre, pour le coup, les Républicains, l'abstention du bloc central,
08:06et puis les socialistes.
08:07Et puis, on va dire, c'est 50%.
08:09Et puis le reste, ça veut dire qu'il reste 20%.
08:11C'est la catastrophe, c'est-à-dire qu'il n'y a rien,
08:13voire même avant votre hypothèse d'adoption d'une loi spéciale,
08:16voire le recours d'ordonnance, censure du gouvernement,
08:19et chute du gouvernement.
08:20Et donc là, il y aura forcément recours à quelque chose qui tourne autour de ça,
08:23parce qu'il faut bien un budget pour ce pays.
08:25On n'a pas un système comme ça se passe aux Etats-Unis en ce moment,
08:27où il n'y a pas de budget, on ne paye personne, ça ne marche pas.
08:30Là, il faut, il y a les textes qui sont précis, et ainsi de suite.
08:33Donc, 20%, c'est ça.
08:34Donc, 30-50-20, le roman photo idéal, c'est peut-être celui qui va se finir comme ça,
08:40c'est-à-dire celui où il y a l'accord d'été définitif.
08:43Je pense qu'on n'est pas si loin de ça.
08:46Et puis, l'intermédiaire qui, pour l'instant, pèse le plus lourd,
08:48c'est-à-dire un espèce d'ensemble.
08:50Là, on va dramatiser, puis après, on va s'en sortir.
08:52Puis à la sortie, finalement, on obtient un petit peu ce qu'on veut,
08:54mais on a lâché, c'est pas très fluide, et ainsi de suite.
08:58Et puis, il y a quand même les 20 points, à mon avis,
09:00ou quelque chose qui tourne autour de ça,
09:01d'une catastrophe, non pas politique, mais de finances publiques,
09:05mais aussi politique, parce que là, pour le coup, on rentre dans l'inconnu.
09:08Et il y en a un qui suit évidemment ça de très près,
09:10tout en se gardant bien de commenter, ou du moins, le moins possible,
09:14c'est Emmanuel Macron.
09:15Toutefois, il ne peut pas s'en empêcher.
09:17Lorsqu'il était au Brésil cette semaine,
09:19il a rouvert le dossier explosif du Mercosur.
09:22Cette fois, il a jugé cet accord commercial entre l'Union européenne
09:24et l'Amérique latine plutôt positif,
09:27après l'avoir qualifié par le passé d'inacceptable.
09:30Les agriculteurs français fulminent,
09:32ils ont parlé de trahison, de reniement total.
09:35Comment faut-il comprendre cette sortie du président ?
09:38Est-ce qu'elle était indispensable ?
09:40Elle n'est pas indispensable.
09:42On est toujours un enjeu qui est la COP, évidemment,
09:44sur lequel on parle d'agriculture,
09:46mais pas de ce point de vue-là.
09:48Par contre, on est au Brésil,
09:49et puis dans un contexte politique qui, effectivement,
09:51est celui où Emmanuel Macron, certes,
09:54il ne parle plus de politique intérieure,
09:55on voit bien qu'il est très discret là-dessus,
09:56par contre, il envoie une espèce de bombe,
09:59non pas à retardement, mais immédiate,
10:00à fragmentation quasiment,
10:01mais qui, paradoxalement,
10:03réunit tous les acteurs du syndicalisme agricole.
10:05C'est-à-dire que, pour le coup,
10:07depuis, on va dire, la droite dure du syndicalisme agricole
10:11jusqu'à l'espace des gauches,
10:14voire de l'extrême gauche agricole,
10:16vous avez des gens qui sont tous vends debout
10:17et qui veulent la peau d'Emmanuel Macron
10:19parce qu'ils se sentent trahis
10:21entre des positions de 2019 et d'aujourd'hui
10:24avec une évolution non pas à 180 degrés,
10:26mais quelque chose qui fait qu'on a changé,
10:28on a basculé,
10:28et puis qu'on dit, voilà, c'est bien parti.
10:30Alors, l'argumentaire, c'est quoi ?
10:32C'est que, oui, on en a besoin
10:32dans un accord commercial global
10:34avec l'Amérique du Sud
10:36parce qu'on a besoin de trouver
10:37des parts de marché nouvelles
10:38dans un contexte où la Chine, c'est compliqué,
10:40les États-Unis, on voit bien aussi,
10:41et donc que la donne a changé
10:42et que je suis obligé de réagir,
10:43ça, c'est le rôle du président de la République,
10:44ça, on ne peut pas lui en vouloir.
10:45Maintenant, ça va avoir des conséquences internes.
10:47Et je vous le dis,
10:48il y a une compétition en plus
10:49entre les syndicats agricoles en France,
10:50il faut le savoir.
10:51La FNSEA, qui était le syndicat,
10:53allez, on va dire réformiste classique,
10:55a un peu débordé sur ses bords
10:56à la fois à gauche et à droite,
10:57a besoin de réagir.
10:58Et là, donc, du coup,
10:59on va avoir quelque chose qui, en France,
11:00va bouger dans un contexte, encore une fois,
11:02on a besoin de stabilité politique,
11:04ça va mettre la pression sur certains.
11:05Alors, est-ce qu'il joue cette partition aussi
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