- il y a 6 jours
David SIMONETTA échange avec Evelyne ARTAUD, critique d'art, au sein de son atelier, sur le thème "Humanités".
Une rencontre de l'A.A.A.U. se tiendra sur ce thème au sein de La Fabrique Centre d'Art, autour des oeuvres de 3 artistes (Robin GOLDRING, Christophe ABADIE et David SIMONETTA).
Une rencontre de l'A.A.A.U. se tiendra sur ce thème au sein de La Fabrique Centre d'Art, autour des oeuvres de 3 artistes (Robin GOLDRING, Christophe ABADIE et David SIMONETTA).
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Art et designTranscription
00:00Vous êtes philosophe, enfin, vous avez des formations philosophiques.
00:12Il y a eu, on peut dire, une espèce de chassé-croisé, c'est-à-dire que j'ai commencé par le dessin pendant tout mon lycée,
00:21enfin, je dessine depuis vraiment que je suis enfant, et j'ai abandonné le dessin pour la philosophie.
00:30Au moment, après le bac.
00:32Et il y a eu, pour moi, vraiment un effet que l'un chassait l'autre, c'est-à-dire que quand je me suis mis à la philosophie, j'ai totalement arrêté le dessin.
00:43Le dessin que je faisais à l'époque était un dessin très lié, c'était un peu des créations d'imagination.
00:52Et à un moment, j'ai eu l'impression qu'il y avait une espèce de faiblesse des créations de l'imagination.
01:02Et qu'en découvrant la philosophie à ce moment-là, j'avais l'impression qu'on n'était plus dans l'imagination, mais que c'était la...
01:12La rationalité ?
01:13La vérité, enfin, il y avait un truc.
01:17Et donc, j'ai fait ça pendant longtemps.
01:20J'ai fait tout le parcours, quoi.
01:26Jusqu'à ?
01:27J'ai fait une thèse, j'ai passé l'agrégation.
01:32Et puis après...
01:33Votre idée, c'était de devenir prof de l'université ?
01:34Pas du tout.
01:35J'avais aucune vocation ni appétence pour devenir professeur.
01:39C'est absolument pas ce que je voulais faire, ni devenir.
01:42Mais il se trouve que ça s'est présenté comme ça.
01:45Et votre thèse, c'était quoi ?
01:46Moi, ce qui m'intéressait, c'était l'histoire de la philosophie.
01:50Et plus particulièrement la philosophie classique, c'est-à-dire en gros la sortie du Moyen-Âge jusqu'au début de la modernité.
01:59D'accord.
02:00Et ça portait sur l'idée de connaissance intuitive.
02:04C'était la théorie de la connaissance.
02:06Et puis comme c'était le sort de beaucoup de mes congénères à cette époque,
02:11c'est-à-dire qu'on fait des études, on monte, on monte.
02:13Et puis en fait, il n'y a pas beaucoup de postes en France.
02:16Et donc on s'est retrouvés au lycée.
02:20Alors ce n'était pas du tout ni mon intention au départ.
02:25Ni le sens de votre recherche non plus ?
02:27Non, non, pas du tout.
02:28C'est presque une sorte d'autre métier.
02:31Mais bon, juste avant, j'étais au Collège de France,
02:34qui est une institution très prestigieuse.
02:36C'était une chance, à bien des égards, de m'y retrouver.
02:39Mais c'est aussi quelque chose qui est une institution
02:42qui est très coupée aussi d'une sorte de réalité.
02:49Et en fait, je me suis retrouvé au contraire.
02:50C'est de la recherche pure même.
02:52Oui, et puis c'est un public qui est très particulier.
02:54C'est un public très cultivé, assez vieillissant.
02:58Une sorte de sanctuaire.
03:00J'avais eu l'impression, en quittant le dessin,
03:02qu'il y avait des espèces de limites de cette approche des choses.
03:07Et que la philosophie m'apparaissait être une approche beaucoup plus,
03:10je ne sais pas, authentique ou profonde.
03:14Et puis, dix ans plus tard, c'est l'inverse.
03:16C'est-à-dire que c'est, bon, pour des raisons qui me sont personnelles.
03:21Je ne dis pas que c'est comme ça pour tout le monde.
03:22Et tout d'un coup, il y avait certaines limites, on va dire,
03:27de l'approche philosophique qui, en tout cas pour moi,
03:30qui m'apparaissait.
03:31Et j'avais l'impression tout d'un coup de voir
03:35une espèce de jeu de construction,
03:37que la philosophie était au fond toujours une espèce de jeu de construction.
03:41Et bizarrement, la peinture...
03:44Non, ce n'était pas ça qui me gênait.
03:46Non, les références, moi, j'ai toujours accepté ça.
03:48Moi, j'aimais l'histoire de la philosophie.
03:50Au contraire, le fait qu'il y ait des références
03:52et d'accepter qu'un philosophe construise quelque chose,
03:55moi, ça m'allait tout à fait,
03:56parce qu'au fond, c'est un peu une espèce de...
04:00On joue carte sur table, c'est-à-dire qu'on voit vraiment
04:03comment, ce que c'est qu'une construction d'un système philosophique,
04:08d'une... La recherche d'une...
04:09Donc ça, moi, ça, ça ne m'a jamais gêné.
04:11C'est plutôt qu'au bout d'un moment,
04:12cet aspect de construction, en fait,
04:15donnait...
04:17C'est quelque chose qui ne se présente pas comme une construction,
04:21mais qui, en fait, l'est.
04:22Alors que l'art, c'est le contraire.
04:24C'est-à-dire que ça se présente comme une construction,
04:25et en fait, ça ne l'est pas tant que ça.
04:27Et donc, je me suis remis à la peinture,
04:30à ce moment-là.
04:31Enfin, d'ailleurs, je me suis mis à la peinture,
04:33parce que je ne connaissais pas du tout...
04:35Et je ne pouvais pas revenir en arrière,
04:37simplement, au dessin,
04:39qui était ce que je pratiquais à l'adolescent.
04:42J'avais l'impression que pour y revenir,
04:44il fallait faire autre chose,
04:45et ça a été la peinture, la peinture à l'huile,
04:47que je n'avais jamais pratiquée.
04:48Et je me suis formé pendant trois ans.
04:52Et puis, en fait...
04:54Non, non, non, c'était dans un atelier à Ivry-sur-Seine,
05:00d'un peintre qui s'appelle Philippe Mirazovic.
05:02Je me suis formé à son contact pendant trois ans.
05:08Ensuite, je me suis formé beaucoup...
05:09Simplement pendant une très courte durée,
05:13mais avec une peintre actuelle qui s'appelle Marion Bataillard.
05:17Mais...
05:18Voilà.
05:19Et donc, voilà, il y a eu...
05:22C'est ce que je vous disais,
05:23un peu un phénomène l'un chasse l'autre.
05:25C'est-à-dire que quand je me suis mis à la peinture,
05:26ça a été avec une espèce d'esprit de...
05:28Enfin, bon, tout ça, voilà, je vous le dis,
05:32mais un peu de rejet de la philosophie, quoi.
05:34Il y avait vraiment l'idée de faire presque une espèce de...
05:37de contre-philosophie avec de la peinture.
05:41Et puis maintenant, j'en reviens à nouveau.
05:43Je me dis qu'en fait, il faut que les choses s'unifient un peu.
05:45Non, mais que j'en ai marre de toujours brûler mes vaisseaux.
05:49Et donc, là, je...
05:53Excusez-moi, je vais être indiscrète.
05:56Quel âge vous avez ?
05:56J'ai 42 ans.
05:58Voilà.
05:59Et là, ce qui...
06:01Enfin, ce qui m'intéresse, c'est plutôt le rapport entre les deux.
06:05C'est-à-dire que là, j'ai...
06:06Bon, peut-être qu'on en reparlera,
06:07mais voilà, j'ai été amené à m'intéresser à des peintres
06:13de manière un peu précise, à Duchamp, à Van Gogh, à Bruegel,
06:17mais pour des textes que je voulais écrire.
06:19Et en fait, ce qui m'intéressait, c'est à quel point...
06:23En fait, ces peintres, quand on les regarde de près,
06:27sont assez analogues à des philosophes,
06:31alors qu'ils ne font pas de philosophie.
06:33Et ça, c'est quelque chose qui, tout d'un coup, m'a beaucoup fasciné.
06:37Et je suis un peu en train de creuser ce truc-là.
06:40C'est-à-dire, en fait, pourquoi est-ce qu'ils sont presque
06:42plus philosophes que des philosophes, tout en...
06:46Voilà, donc c'est bon...
06:48Voilà, c'est un truc qui m'intéresse en ce moment.
06:51C'est à partir d'une personne qui était le boucher des tempes
06:54et à qui il est arrivé quelque chose...
06:56Voilà, mais bon...
06:57Et l'idée, c'était de faire une espèce de commentaire de cette personne.
07:00Je l'ai pris en photo et il était au milieu de cette espèce de fête à nos nœuds.
07:05On imagine bien que celui qui a fait ça
07:08a regardé les autres avec générosité.
07:12Oui, mais alors moi, oui, alors c'est vrai, sauf que je trouve que...
07:16Avec sensibilité.
07:17Oui, mais le point de départ n'est pas forcément la bonté.
07:22C'est-à-dire que moi, je travaille pas mal avec mes mauvaises pensées aussi.
07:27Enfin, moi, j'aime beaucoup aussi Crumb, par exemple.
07:33Et Crumb, c'est ce qu'il fait.
07:35C'est-à-dire qu'en fait, il est nourri aussi à une forme de dégreur, de méchant.
07:40Et je trouve que c'est...
07:43En fait, moi, j'ai pas de problème avec ça.
07:46C'est-à-dire que je trouve qu'en fait, il faut pas...
07:47Mais dans l'humanité, il y a aussi ça.
07:48Oui, non, mais c'est ça.
07:49Non, mais je me dis toujours qu'il y a la cruauté, la compassion et la justice.
07:55C'est-à-dire qu'il faut passer par ces trois phases-là.
07:57C'est-à-dire que si, en fait, ce qui saisit un motif ou une proie,
08:04c'est toujours une forme de cruauté.
08:07D'ailleurs, votre aïeule, Arthaud, a parlé de ça.
08:11Mais c'est-à-dire que quand il parle de la cruauté,
08:17il dit que c'est le ciel qui est tombé sur la tête.
08:21Et c'est une manière intéressante...
08:23Et c'est aussi un moteur, bien sûr.
08:24Oui, mais l'idée, quand je dis la cruauté, c'est-à-dire qu'il y a un côté de prendre des...
08:30Parce que si on n'a pas ce regard-là sur les gens, on a forcément une vision un peu idéalisée.
08:36Oui, oui, ou même violente.
08:41Oui, mais bon, après, l'idée, c'est de ne pas...
08:45C'est de passer...
08:46Après, qu'il y ait cette espèce de dimension de passer...
08:49C'est de galactiser.
08:49Oui, oui, après avoir un regard qui dépasse Caille...
08:54Mais bon, je vais peut-être l'agarer pour moi, cette théorie,
08:57parce que je ne sais pas s'il faut l'exposer trop.
08:59Ce n'était pas du tout une approche intellectuelle, pour le coup.
09:01Parce que c'était des gens que je ne connaissais pas et qui entraient dans l'atelier
09:06parce qu'ils savaient que j'étais là le mardi, donc à l'hôpital psychiatrique.
09:10C'était des patients.
09:10Et il y avait vraiment un côté presque performance, quoi.
09:18C'est-à-dire que la personne arrivait, elle parlait ou elle ne parlait pas,
09:24elle décidait de poser longtemps ou de ne pas poser longtemps.
09:27Et puisque c'était des modèles un peu particuliers,
09:30puisque ce n'était évidemment pas des modèles professionnels,
09:33qu'ils étaient internés, mais on ne savait pas toujours pour combien de temps.
09:38Il y en a qui allaient passer leur vie là, et puis d'autres, comme lui d'ailleurs,
09:43où c'était des courts séjours, à qui il était arrivé, un pépin.
09:48Et donc, en fait, alors au début, c'était un peu une galère,
09:54parce que vu que je ne savais pas, il y en avait qui bougeaient,
09:56qu'on ne pouvait pas faire... Voilà, bon.
09:58Et puis certains qui décidaient de poser très longtemps,
10:02lui, il est devenu et revenu et revenu et revenu.
10:04Et puis d'autres qui, au contraire, en une demi-heure, c'était fini.
10:08L'idée, c'était justement de ne pas contrer cette contrainte,
10:14mais de l'utiliser et de se dire, en fait, si on veut que cette réalité du modèle
10:20soit pas simplement représentée, mais ait un effet plus direct sur le tableau,
10:26il faut que cette contrainte soit intégrée, c'est-à-dire qu'il y ait des tableaux
10:29qui soient faits en une demi-heure, si la personne a posé une demi-heure.
10:32Mais donc ça, ça a été une expérience très, très forte.
10:37C'est tout d'un coup, cette espèce de basculement dont je vous parlais,
10:40qui n'était pas prémédité.
10:41Mais comment est-ce qu'on fait plus directement pour que cette réalité
10:44s'imprime sur la toile ?
10:46C'est-à-dire qu'il y ait une vraie incidence, un effet.
10:49Et c'est ça que je trouve le plus...
10:53Alors, vous parliez de recherche tout à l'heure.
10:55Alors là, c'est une vraie recherche.
10:56Moi, c'est un peu ça que je me...
10:58La question que je me pose, c'est-à-dire comment est-ce qu'on fait
11:00pour qu'il y ait réellement un effet là-dessus ?
11:02Et quand je lisais les trucs de Van Gogh, où il se met en plein mistral,
11:06il a besoin d'avoir le mistral dans la gueule pour peindre.
11:11En fait, je pense qu'il recherchait un truc comme ça, c'est-à-dire que...
11:14Une sensation.
11:16C'est-à-dire d'aller un peu au-delà de simplement la représentation.
11:20Alors, la troisième chose que j'ai faite cette année...
11:25Donc, il y avait les portraits de l'hôpital psychiatrique.
11:27Il y a les grands formats qui ont fait une série qui s'appelle
11:30Le Livre du Monde.
11:32Et en fait, il y a cette série de ce qu'on appelle maintenant
11:34des Leporelos.
11:36C'est-à-dire que c'est des petits livres dépliants, comme ça,
11:39sans parole.
11:41Et qui, dans mon esprit, en fait, ça forme une série.
11:44Alors, celui-là-ci est un peu à part parce que ce sont les portraits
11:48de l'hôpital, justement, qui forment une sorte d'accordéon,
11:53comme ça, qu'on a fait spécialement pour l'exposition.
11:56Donc ça, c'est un peu à part, mais c'est le premier en couleur,
11:59et je pense que j'en referai en couleur.
12:01Mais c'est plutôt cette série qui forme un peu une trilogie.
12:06Le premier, ça s'appelle 20 réflexions sur la guerre et la violence.
12:10Alors, bon, c'était justement l'idée d'imiter,
12:13comme si c'était une sorte de traité de philosophie très pompeux,
12:15alors qu'il n'y a pas un mot dedans et que c'est une série d'encre
12:19sur des figurines de petits soldats que j'ai trouvées sur Le Bon Coin.
12:24D'accord.
12:24Et qui ont été refaites à l'encre, avec des encres que j'ai faites moi-même,
12:31des encres de fusain, notamment en broyant du fusain.
12:34Alors, eux, ils ne bougeaient pas, hein ?
12:36Non, justement.
12:38Et bien, précisément...
12:39Figeaient dans leur violence.
12:40Dans leur violence.
12:41En fait, exactement.
12:42C'était ça.
12:43Et alors, c'était justement...
12:45Ça fait un peu un lien avec ce dont je vous parlais tout à l'heure.
12:48C'est-à-dire que ce sujet qui a l'air totalement anodin,
12:51c'est-à-dire des photos de petits soldats sur Le Bon Coin.
12:55Je me suis mis à les dessiner un peu comme ça au début pour...
12:58Et puis, en fait, plus on les dessine,
13:00plus on trouve que le thème est intéressant et...
13:05Et d'une diversité.
13:07Et profond.
13:07Et donc, voilà.
13:08Donc, ça, c'était le premier.
13:11Ensuite, j'en ai fait un double qui s'appelle Le Berger.
13:14Et en fait, c'est des variations sur des thèmes.
13:16Voilà.
13:17Et c'est des variations allégoriques.
13:19C'est-à-dire que les tableaux que je vous ai montrés,
13:21ce n'absorment pas des allégories.
13:22C'est-à-dire que c'est vraiment de...
13:24C'est des motifs réels.
13:25Enfin, ce dont on parlait tout à l'heure.
13:27C'est-à-dire que c'est vraiment une peinture de réalité.
13:30Il n'y a rien qui est inventé.
13:31Alors que là, c'est vraiment des espèces de variations allégoriques sur des thèmes.
13:36Bon, là, c'est des petits soldats.
13:37Là, c'est le loup.
13:39C'est une variation sur le loup.
13:41Alors là, j'ai fait poser des neveux.
13:45Et c'est des tableaux faits sur le motif.
13:48Et donc, ça crée une espèce de continuité.
13:51Celui-là.
13:55Voilà.
13:56Celui-là, c'est le plus long.
13:57Parce que c'est un espèce de...
13:59Et c'est là où j'ai le plus inventé une histoire.
14:04C'est-à-dire que...
14:05Alors, elle ne se lit pas forcément facilement.
14:08Parce qu'il n'y a pas de texte.
14:09C'était le parti pris.
14:10C'est-à-dire que l'idée, c'est vraiment qu'une espèce d'image
14:12en amène une autre, mais par une sorte de logique de l'image.
14:18C'était ça, mon idée.
14:22Là, il se met à commencer.
14:25C'est autour du loup, en fait.
14:27Un berger qui a eu son troupeau décimé
14:30et qui veut chasser le loup
14:32et qui tombe sur un autre berger, si on veut.
14:38Un berger de la montagne
14:39et qui va prendre la défense du loup,
14:41qui va être l'avocat du loup.
14:42Donc, sur un thème très simple, qui va...
14:47Et donc, c'est...
14:49Bon, je ne vais pas en faire une analyse, là, maintenant.
14:53Mais voilà, ça crée une espèce de continuité.
14:57Et le troisième, qui est en fait un...
14:59Quelque chose que j'avais fait il y a longtemps.
15:00Une narration.
15:02Voilà.
15:02C'est une variation sur l'île au trésor.
15:04Alors, en fait, ça n'a rien à voir avec l'histoire de Stevenson.
15:06C'est pareil, c'est un motif, celui de l'île au trésor, des pirates, voilà.
15:11Qui était quelque chose que j'avais fait il y a longtemps
15:12pour la revue d'une amie.
15:15Et c'était la première fois qu'il y avait cette idée
15:16de faire des contes sans parole.
15:19Et pareil, avec des images qui s'approfondissent l'une l'autre.
15:23C'est-à-dire, là, ils continuent à creuser un trou.
15:24Et en fait, je ne savais pas comment j'allais terminer mon histoire.
15:28L'idée, c'était un peu de faire comme Simnon avec ses polars.
15:32Il avait une atmosphère et il creuse l'atmosphère.
15:35Et il n'a pas d'idée du dénouement.
15:36En fait, il trouve des dénouements géniaux.
15:39Et je me suis dit, faisons pareil.
15:40Donc là, il creuse un trou.
15:41Et en fait, je me suis dit,
15:43imaginons que le trou devienne démesuré,
15:46une espèce d'abîme.
15:48Qu'est-ce qui se passerait ?
15:50Et puis, dans cet abîme, plus il creuse,
15:54plus les tensions se font,
15:55et plus ça devient une espèce de bourbier.
16:01Et puis, il se retrouve dans ce cloaque.
16:03Et lui, il essaie de trouver un trésor.
16:07Puis, il n'en ressort que les mains.
16:10Alors, on ne sait pas si c'est plein de bouts ou de sang.
16:14Et avec toujours cette espèce de rond
16:17qui est soit le trou, soit la lune.
16:19Et puis, quand il a l'impression qu'il n'y a plus de...
16:23Je me suis dit, là, comment il s'en sort ?
16:24Il est au fond, il n'a rien trouvé.
16:27Mais il plonge quand même.
16:28Donc, il n'y a absolument aucune cohérence
16:29du point de vue de la vérité.
16:31Mais c'est vraiment l'idée de se dire
16:33qu'est-ce qui serait beau.
16:35C'est-à-dire qu'il y ait tout d'un coup
16:36une sorte de dimension qui apparaisse
16:39par le fait même qu'il choisisse de plonger
16:42et qu'il trouve une unique pièce.
16:48Celui qui a trouvé une unique pièce,
16:50ce qu'il a quand même trouvé un trésor.
16:52Voilà.
16:54Voilà ma réflexion très profonde
16:55sur l'île au trésor.
16:56Sur l'île au trésor.
16:57Sous-titrage Société Radio-Canada