00:00C'est des mises en scène, quand même.
00:01C'est des mises en scène que je fais ici, avec lui.
00:04Oui, avec des vrais personnages.
00:08Avec des vrais gens.
00:11Vous êtes tout seul, là.
00:14Oui, je suis tout seul parce que ce n'était pas partageable.
00:17Oui.
00:18Vu qu'il y a toute cette partie qui est sombre, à part de travailler avec...
00:25Tu fais, tu travailles sur la lunette.
00:26Voilà, c'est ça.
00:28Oui, en même temps, c'est extraordinaire.
00:30Oui, mais il y a la matière de la peinture qui est importante, la lumière, etc.
00:38Dans le détail.
00:39Quand je pense aux abstractions, ça peut être des choses comme les petits carrés.
00:44Ah oui.
00:45Des choses comme ça qui sont rythmeusement abstraits.
00:49Oui.
00:49Ça, c'est quand même un rythme abstrait, je trouve.
00:53Mais le problème des trucs abstraits, c'est que je ne sais pas quand c'est bien.
00:57C'est des effets de matière, oui.
01:01Je ne sais pas quand c'est un tableau figuratif, quand c'est raté.
01:06Ah, ça se voit tout de suite.
01:07Ça se voit tout de suite.
01:08Absolument.
01:08Si ce n'est pas juste.
01:10Oui, oui.
01:11Alors que...
01:12Mais pour une peinture abstraite, elle doit aussi être juste.
01:16Mais comment on décide que c'est juste ou pas ?
01:18On peut avoir des boulots abstraits, justement, extrêmement rigoureux et exigeants.
01:23Oui.
01:23Et c'est ça qui les sauve.
01:25Oui, qui les sauve.
01:26Mondrian, Albert, Saint-François, voilà.
01:30Oui, oui, oui.
01:30Là, c'est...
01:31Plus de l'abstrait géométrique.
01:33L'abstrait géométrique, on est dans le...
01:35Vraiment...
01:36Non, parce que donner la vie, c'est quand même autre chose.
01:41Je veux dire, quand on va vous dire, ils sont dans des attitudes, oui, vivantes.
01:48Oui, c'est vivant.
01:51J'essaye que ça ne bouge pas trop.
01:53C'est peut-être...
01:53La danse, là, il bouge un peu.
01:56En général, j'aime bien les mouvements arrêtés.
02:02Et qu'est-ce que vous dites ça ?
02:03Il n'a pas de faire ces mouvements, mais les mouvements arrêtés.
02:05Là, il est très bien.
02:07Pour moi.
02:08Oui.
02:08Quand je suis devant un tableau avec des personnages du vivant, et puis de l'humain, ça me renvoie à quelque chose.
02:24Oui.
02:24Il y a quelque chose qui me...
02:27Voilà.
02:29Je suis dans une interaction.
02:31Tu te parles de toi-même.
02:31Oui.
02:33Qu'est-ce que c'est que tu as fait ?
02:34Et que je trouve...
02:35Et ça provoque sensations, émotions, plaisir, déplaisirs, enfin...
02:44Elle est magnifique.
02:45Elle est autant abstraite que figuratif.
02:48Enfin, je veux dire, le manteau est prêté de cette façon-là.
02:55L'environnement aussi.
02:56Enfin, je veux dire...
02:57Oui, mais il y a cette chose touchante de...
03:02Ah oui, du geste.
03:03Du geste, oui.
03:05Du geste.
03:05La protection.
03:06Ça m'a rappelé la lettre d'Iplication.
03:08Oui, oui, la protection.
03:09Quand ils sont comme ça.
03:11Mais là, c'est Marianne et Laurent qui m'avaient promis de venir poser, qui sont devenus malgré l'énorme de boite.
03:20Et je trouve qu'on la sent, la soirée qu'elle a passée, le feu coule.
03:34Vraiment, il a flotté, il a plu, il est là.
03:37Et puis Marianne qui dit, allez, vas-y, t'en fais pas.
03:40Mais c'est pas ça en même temps, c'est juste, elle joue, elle joue aussi.
03:47Bien sûr, mais elle joue quelque chose de très tendre.
03:52Toutes les deux d'ailleurs.
03:53C'est un truc très doux, comme ça.
03:57Alors que l'atmosphère est grise, derrière.
04:00Là, c'est la lumière de l'atelier.
04:01Parce que je fais tout en lumière naturelle.
04:05Mais ce gris, c'est toute une matière de la peinture.
04:11Gris et rose en plus, il est très gris et rose.
04:13C'est vrai que celui-là, il est beau.
04:17Après, il y a les mauves que j'aime bien.
04:18C'est vrai que le rose, j'aime bien.
04:20Oui, il y a celui-là que j'aime bien aussi.
04:22C'est beau, oui.
04:23Je peux te les faire, moi j'en ai une particulière.
04:25Non, non, mais celui-là, il est beau, oui.
04:28Avec le rose derrière.
04:31Alors ça, c'était pas dans cet atelier.
04:33C'était une autre lumière.
04:35C'était mon atelier que j'avais avant à Bastille.
04:39Sinon, j'ai même celle-ci qui est complètement absurde,
04:43qui n'est pas réussie.
04:45J'avais des amis qui sont des super fêtards.
04:49J'avais dit, venez, on va faire un goûter à l'atelier.
04:53Il était deux heures de l'après-midi.
04:57Mais c'est pas du tout évident d'avoir, de faire des photos d'un groupe de gens qui dansent et que ça ait l'air d'être des gens qui dansent.
05:08Je ne sais pas si c'était pas dans la lumière électrique.
05:14Il y en a que j'aime particulièrement.
05:15Il y a eu un moment où c'est devenu très...
05:22Il y avait des moments où ça devenait très blanc.
05:26Non, mais on voit que tu as une préoccupation de construction.
05:32C'est-à-dire que ce n'est pas simplement un élément ou un corps.
05:38Il y a tout un langage que tu développes là-dedans.
05:42Ce que j'aime bien dans ton travail, c'est ça, c'est cette, comment dire, cette construction.
05:47On a le sentiment que tous les éléments, c'est pas réaliste au sens...
05:54Alors, ça l'est parce que c'est figuratif, mais bon, c'est pas...
05:57Déjà, on retrouve, c'est vrai, le cube, c'est un cube d'atelier, la petite chaise, la table et tout ça.
06:08Mais c'est vrai qu'il y a ces éléments qui sont usurés de l'atelier, que j'aime bien remettre en scène.
06:17La chaise.
06:19J'aime bien le... Sur celui-là, j'aime beaucoup le...
06:22Là, on se voit.
06:23Oui, mais oui, mais tous ces éléments-là participent de la construction du tableau, quoi.
06:30Oui, la cafetière.
06:31On sent que c'est très construit.
06:33La cafetière construit quasiment tout le temps.
06:35Je vous ai fait du thé, mais il est très important, la cafetière.
06:41La cafetière, oui.
06:43C'est comme Gaza, j'ai eu envie de faire des trucs sur...
06:46J'ai eu envie de faire des trucs sur la Palestine et tout ça, sur les trucs de destruction.
06:56J'ai engrangé la doc, mais j'ai pas réussi.
06:59J'ai pas réussi, j'ai pas vu comment...
07:03Le registre est difficile, enfin...
07:05J'ai pas vu comment...
07:09Enfin, j'ai pas...
07:10C'est lâche, je pense qu'il y a une part de lâcher aussi.
07:14Là, je travaillais beaucoup avec, à cette époque-là, avec les images de magazines que je déchirais.
07:24Voilà, c'était les images des autres.
07:25Et ça, c'était les enfants de Joséphine Baker.
07:29Ils avaient...
07:29C'était un article de Paris Match.
07:33Les enfants de Joséphine Baker, ils avaient plus un radis.
07:37Elles ne pouvaient plus payer l'eau.
07:40Ah oui.
07:40Et donc, ils étaient...
07:41On leur avait coupé l'eau.
07:43Ah oui, donc ils étaient...
07:44Donc, ils étaient là, ils faisaient la queue avec des seaux et tout.
07:47C'était parce qu'elle avait une ribambelle d'enfants adoptée.
07:51Ça, c'était autre chose.
07:52Et donc, j'avais fait toute une série sur ça.
07:56C'est des traditions.
07:57Oui, des traditions.
07:58Et des filiations.
08:01Absolument.
08:01Des filiations.
08:02Par exemple...
08:03Et puis, comme tu le dis...
08:04Moi, c'est vrai qu'à un moment, j'étais beaucoup autour de Bacon.
08:09J'étais comme dans les années 80, c'était vraiment très, très important.
08:15Oui, bien sûr.
08:15Et en fait, je me sens beaucoup plus...
08:20Serein maintenant.
08:22Non, oui, enfin, je me sens beaucoup plus hopper que Bacon.
08:26Oui, je comprends.
08:27Je trouve que...
08:28Oui, oui, il y a des traditions.
08:30Et voilà, la violence de Bacon, elle est...
08:35Ça a fait du bien à ce moment-là.
08:38Oui, oui.
08:38On le referait maintenant.
08:39Non, ce qui était formidable, c'est que c'était...
08:41C'est différent, oui.
08:41Ce qui était formidable, moi, ce que j'ai trouvé formidable chez Bacon, c'était une suite à Picasso.
08:46Oui.
08:46Pour moi.
08:46Voilà, il y avait quelque chose...
08:48Picasso, il fout tout par terre un peu.
08:50Oui, oui, oui.
08:50Et puis, Bacon, il reprend la figure.
08:52Il reprend la figure et tout ça.
08:53Il remonte le truc.
08:54Et puis, une figure convulsive.
08:57Mais il était comme ça.
08:58Enfin, moi, je l'ai connu.
09:00Il était...
09:00Ah, tu l'ai connu, Bacon ?
09:01Oui, oui, oui.
09:01Je suis allée dans l'atelier et tout.
09:03Ah, oui ?
09:04Il était comme ça.
09:04Il était...
09:05Moi, je l'ai croisé une fois chez Claude Bernard.
09:09Mais alors, c'était impressionnant.
09:10Oui, oui, oui.
09:12Il était haut comme trois pauvres.
09:14Il était tout petit.
09:16Et il avait la gueule de ses autoportraits.
09:18Tu ne pouvais pas le rater.
09:19C'était lui.
09:21Donc, il buvait, il fumait.
09:23Enfin, il était dans le...
09:26Dans les déconstructions, je dirais.
09:30Personnelles aussi, qui faisaient que...
09:31Bon, ben voilà, c'était lui, sa peinture.
09:34Et puis, c'était un moment comme ça.
09:37Un moment convulsif.
09:40C'est avec lui.
09:41Toi, tu l'as rencontrée.
09:42T'as visité son atelier.
09:43Oui, là-bas, à Londres.
09:46Ça devait être bien vu.
09:47Mais t'as raison.
09:48Il y a des filiations presque nécessaires.
09:53Enfin, je veux dire, si tu reprends la figure,
09:56t'as forcément tout ça dans la tête.
10:01Ce sont des autoportraits.
10:02Voilà, et donc, j'en fais un...
10:06Ah, c'est drôle.
10:07Tu n'as jamais la même expression.
10:08Non, pas trop, oui.
10:10Et à chaque fois, j'essaye de...
10:12Tu es un ange ?
10:13Oui, je suis un ange.
10:15Ou un monstre, je ne sais pas.
10:17Ça, c'était avant le coiffeur et après.
10:30Voilà, et oui, j'en fais.
10:33J'essaye de faire ça depuis longtemps.
10:38Je me disais, voilà, c'est pour être amusant.
10:40Bonjour, mon amour.
10:41Bevez on, je sais pas.
10:41C'est pour être amusant.
10:42...
10:46Sous-titrage Société Radio-Canada
10:47...