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  • il y a 2 jours
Lundi 15 décembre 2025, retrouvez Jérémy Lamri (président, Les Émergences), Fabrice Pernet (chercheur, IFREMER), Muriel Morot (fondatrice, Traille), Aziz Senni (Entrepreneur, Quartiers d'Affaires) et Romain Troublé (directeur général,, Fondation Tara Ocean) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.

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Transcription
00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation
00:11environnementale et sociétale de notre économie. Et voici le sommaire, c'est Aziz Séni, le fondateur
00:17de Quartier d'Affaires et du Forum économique des banlieues qui sera l'invité du grand entretien
00:22tout à l'heure, 26 minutes, pour parler des cités, des entrepreneurs qui y sont nombreux
00:27et des politiques publiques qui sont insuffisantes. Mais d'abord, je reçois Jérémy Namry, c'est le président
00:32de l'association Les Émergences, mouvements citoyens qui veulent attaquer les objectifs de développement
00:38durable aux défis actuels et futurs. Dans notre débat, un constat autour de l'acidification de l'océan,
00:44la septième limite planétaire dépassée, quelles conséquences, quelles solutions ? Et puis dans notre rubrique
00:50start-up et innovation, vous découvrirez Try, qui offre une seconde vie à la laine des brebis
00:57du Pays Basque. Voilà pour les titres, c'est l'heure de Smart Impact.
01:06L'invité de ce Smart Impact, c'est Jérémy Namry. Bonjour.
01:09Bonjour Thomas.
01:10Bienvenue, vous êtes le président de l'association Les Émergences. Je veux bien que vous présentiez
01:14cette association et peut-être aussi pourquoi vous l'avez créée.
01:16Alors Les Émergences, c'est une association qui s'est créée il y a six mois. On en a fait
01:20l'annonce à l'Assemblée nationale et c'est un mouvement citoyen. Donc un mouvement citoyen
01:24comme on en voit beaucoup aujourd'hui. La différence de ce mouvement, c'est qu'on veut défendre
01:27un projet de société qui repose sur des axes assez marqués, assez marquants. Par exemple,
01:34sur le sujet du travail. Aujourd'hui, on part du principe qu'il faut changer le paradigme
01:39dans lequel, quand on n'est plus au travail, on n'est pas utile. Donc on part du principe
01:43que toute personne peut être utile, il faut simplement redéfinir le sujet de la contribution.
01:47Donc là, on va toucher notamment à comment on peut travailler quand on n'est pas en
01:50emploi. Il y a le sujet du vivant. On part du principe que le vivant, c'est une limite
01:55fondamentale et qu'on doit inscrire le progrès dans ce vivant. Sur le progrès, on part du
02:00principe que le progrès technique n'est pas mort, qu'il a juste arrêté de servir le plus
02:04grand nombre et qu'il faut le remettre un petit peu dans ce sens-là. Donc il y a des vraies idées
02:07aussi bien sur la notion du rôle de l'être humain que de responsabilité face aux vivants
02:14et face aux autres. Et c'est dans ce mouvement-là qu'on s'inscrit.
02:16D'accord. Donc un mouvement citoyen avec un objectif politique, au sens noble du terme
02:21d'une certaine façon, pesé sur la cité ?
02:23Exactement. Un objectif politique dans le sens revenir sur ce que ça veut dire faire société
02:28et donc par exemple de la formation citoyenne. Permettre aux gens de comprendre que le futur
02:32peut encore être positif, mais aussi en comprendre les conditions. Venez des projets
02:36de recherche-action qui nous permettent en fait de définir les modalités de ce futur
02:42qu'on envisage. Sous quelles conditions est-ce qu'on peut contribuer à la société
02:45sans pour autant avoir un emploi ? Ça marche comment ? C'est quoi le modèle économique
02:48derrière ? Donc il y a un côté où on va réfléchir, penser, mais il y a un côté où on va agir
02:52avec l'action sur le terrain. Et là où on est très clair, c'est qu'on fait de la politique
02:57mais pas de la politique partisane. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on n'est affilié à aucun
03:01parti, on ne veut être affilié à aucun parti.
03:03Mais est-ce que vous pourriez devenir un parti politique ?
03:05Alors ça c'est une grosse question qui se pose. Le mouvement, non. Les émergences, c'est
03:09un mouvement citoyen et si un jour un parti se crée avec les mêmes valeurs, les mêmes
03:14fondations, les mêmes principes, ce sera une structure différente et ça c'est très
03:17important. Parce que le mouvement, lui, doit être strictement un partisan pour continuer
03:21à avoir sa liberté de penser.
03:22Est-ce que ça veut dire que vous voulez par exemple peser sur les prochains scrutins ? Il y en a un
03:26qui dans trois mois sont les élections municipales. Et si oui, comment ?
03:29Alors aujourd'hui, puisqu'on fait de la politique apartisane, ce qu'on veut c'est déjà diffuser
03:34les idées. Et donc aujourd'hui, on fait le tour des partis, sans faire de distinction,
03:41pour pouvoir diffuser nos idées en disant que nous sommes conscients que ces idées doivent
03:45être diffusées. On a besoin que certains concepts soient mieux connus du grand public.
03:49Par exemple, on parle du besoin d'une transition quaternaire. On a le secteur primaire, secondaire,
03:54tertiaire, la société dans laquelle on vit.
03:56C'est quoi l'économie quaternaire ?
03:57L'économie quaternaire, c'est l'économie dans laquelle on arrête de regarder la loi de l'offre
04:01et la demande et on regarde plutôt ce qui est nécessaire pour faire société. L'éducation,
04:05la solidarité, la santé, l'écologie. Donc tous ces sujets qui sont des sujets fondamentaux,
04:10qui ne rapportent pas forcément de l'argent, mais dont on a besoin. On met ce modèle au cœur
04:15en disant demain, une grande partie des emplois sera sur ce sujet-là. Et même si ce ne sont pas
04:20des emplois, comme on l'entend au sens strict du terme, les gens pourront y allouer du temps
04:24et on devra être capable de reconnaître cette contribution financièrement.
04:28Est-ce que vous allez voir, donc vous dites à partisans, donc on va voir tous les partis,
04:31vous considérez que tous les partis sont dans l'arc républicain de LFI au Rassemblement
04:35National ?
04:36Aujourd'hui, on ne parle pas avec le Rassemblement National, on ne parle pas avec LFI.
04:39Aujourd'hui, c'est un choix qui a été fait au niveau du bureau de l'association,
04:43qu'on assume pleinement. Tous les autres partis, on apporte notre matière.
04:46– Ok, très bien. Alors, si on se concentre sur la partie peut-être du vivant, il y a
04:54les ODD+, les objectifs de développement durable. Alors, il y a les ODD qui sont ceux
04:58qui ont été définis par les Nations Unies, et vous, vous parlez d'ODD+. Qu'est-ce
05:01qu'il y a de plus dans votre définition ?
05:05– La conscience du temps. Il y a dix ans, les Nations Unies ont défini des objectifs
05:09de développement durable, qu'on appelle les ODD, donc 17 ODD, et qui permettent de couvrir
05:14tous les grands sujets du développement durable. Et tous, pas tout à fait, puisque
05:18quand on a repris ces ODD, on s'est rendu compte qu'il manquait quelques sujets, par
05:21exemple le droit du vivant, qui devient quelque chose d'aujourd'hui extrêmement, quand
05:25même, vocal, et parler de développement durable sans parler de vivant, c'est un peu
05:29compliqué. Le sujet aussi de protéger la création artistique et culturelle, donc
05:34préserver les cultures, faire en sorte que le progrès n'uniformise pas. Pour nous,
05:39c'est des conditions essentielles d'un développement durable, il faut préserver la
05:42multiplicité. Donc il y a plusieurs sujets comme ça qui n'étaient pas inclus dans
05:45les ODD, et donc on les a inclus, et maintenant on arrive à 20 ODD plus.
05:49– En fait, quand on enregistre cette interview, on est pile aux dix ans de la signature des
05:56acteurs de Paris, 12 décembre 2015. On ne pourrait pas les signer aujourd'hui.
06:02À l'époque, il y avait la Russie, les États-Unis, la Chine qui les avait signés.
06:08C'est totalement inimaginable aujourd'hui. Est-ce que vous, vous vous inscrivez dans
06:13une logique d'ambition ? C'est-à-dire de ne pas baisser les bras face au contexte
06:19géopolitique, face aux listes électorales qui veulent revenir sur les objectifs de lutte
06:26contre le réchauffement climatique ?
06:28– Alors pour moi, il y a deux choses qui sont en train de se jouer.
06:30Premièrement, dans un pays comme la France, on a des forces en place, par certains médias
06:36notamment, qui nous poussent à croire que tout le monde veut la crise, tout le monde
06:42veut le pire. Moi au quotidien, je croise des gens qui ont envie que ça s'améliore en
06:47fait, mais simplement qui attendent le projet pour que ça se fasse. Quand on regarde un
06:51petit peu ce qui se passe dans l'arène politique, il n'y a pas de projet de société.
06:53On est en droit de dire c'est quoi le projet et personne n'est incapable de répondre
06:56aujourd'hui. Donc ça c'est la première chose. La deuxième chose, on est dans une vraie
06:59fragmentation du monde. Et il faut l'assumer en fait. Il faut l'assumer. Je pense que
07:03l'Europe demain doit être capable de faire son chemin sans les Etats-Unis, avec des
07:08nouveaux alliés, et qu'en fait même cette route-là, on doit l'accélérer aujourd'hui.
07:12– Alors vous proposez des formations citoyennes. On va revenir vraiment à ce que les émergences
07:16proposent, des formations citoyennes. Déjà comment elles se déroulent ?
07:20– Alors aujourd'hui, on a six mois. Donc c'est-à-dire que ces formations, elles sont en lancement.
07:23On n'a pas le recul que peuvent avoir la fresque du climat ou des associations de cette
07:29envergure. Donc aujourd'hui, on a 300 adhérents. On a une soixantaine de bénévoles qui sont
07:33en train de structurer les grands sujets de l'association. Parmi ces bénévoles, il
07:37y a un groupe qui a travaillé sur ce qu'on appelle la signature pédagogique. Quand les
07:41émergences délivrent une formation, qu'est-ce qu'elle doit porter comme valeur, comme
07:44fondement ? Puis ensuite, il y a le groupe qui est en train de se constituer sur création
07:48de formations citoyennes. Dans ces formations, c'est par exemple, c'est quoi
07:50le quaternaire ? La question que vous m'avez posée. Pourquoi est-ce que c'est important
07:54à comprendre ? À titre personnel, je suis convaincu que dans 10-15 ans, avec l'intelligence
07:59artificielle, avec les crises qu'on est en train de subir, il y aura un gros décalage
08:03entre le besoin en compétence du marché et ce que les gens peuvent proposer. Et donc
08:06potentiellement, une quantité significative de personnes qui, dans le modèle actuel,
08:10seraient au chômage. Donc nous, on prône un modèle dans lequel ces personnes-là,
08:14en fait, peuvent être utiles malgré tout, même si elles n'ont pas un emploi traditionnel.
08:17Elles peuvent être utiles à la société et peuvent en vivre dignement. Donc ça,
08:21en fait, il faut expliquer ce modèle aux personnes en leur donnant les clés de compréhension.
08:27Aussi, leur expliquer pourquoi le futur peut encore être positif. Pourquoi il ne faut
08:30pas baisser les bras. Et pourquoi chaque fois qu'on baisse les bras, on fait partie
08:32du problème et puis de la solution. Donc ces formations-là, en fait, elles vont être dispensées
08:37sous des modalités qui peuvent être parfois du distanciel, parfois comme la fresque du climat
08:42avec des jeux, des jeux de cartes, des choses comme ça. Et l'objectif, ça sera de les
08:48proposer gratuitement ou à moindre coût pour le plus grand nombre.
08:51Alors l'idée, c'est d'avoir des adhérents, j'imagine ?
08:53Alors on a des adhérents, mais les formations, on veut les proposer à tout le monde.
08:57D'accord.
08:57Donc nous, les adhérents nous permettent de soutenir l'association et constituent la base
09:03de ce mouvement qui permet ensuite de porter plus large. Mais les formations citoyennes,
09:08elles, elles ont vocation à toucher tout le monde et même les entreprises.
09:10Oui, alors justement, je voulais qu'on parle des entreprises. Il nous reste trois minutes
09:13parce qu'il y a des adhérents. Alors je crois que c'est 10 euros l'adhésion.
09:18Et il y a des entreprises qui peuvent quoi ? Participer sous forme de mécénat ? Comment ça marche ?
09:22On est en train de lancer justement. Et donc on va lancer en 2026 deux moyens de contribuer
09:28pour les entreprises. Le premier, ça va être du mécénat. Ça peut être du mécénat de compétences
09:32par exemple, mais aussi des dons. Et la deuxième, c'est des prestations. C'est-à-dire qu'on nous dit
09:37« Nous, nous aimerions former nos collaborateurs à de la prospective.
09:41C'est quoi le futur en 2040 ? À quoi est-ce qu'il peut ressembler ? »
09:44Et donc là, ça va se traduire comme des prestations de services sur ces sujets-là
09:48pour lesquelles, en fait, on va faire intervenir des animateurs
09:51qui auront été formés aux émergences et qui iront dispenser les formations
09:55dans les entreprises. Ce qui permettrait de financer l'association.
09:57Je reviens au bâclage à ce retour de bâton avec effectivement une volonté
10:02d'antagoniser la société très clairement. C'est-à-dire utiliser ces enjeux environnementaux
10:09pour en faire un outil d'action politique et créer deux camps qui combattent.
10:14Est-ce qu'il faut rentrer dans ce combat ou pas, d'après vous ?
10:18Ce combat, il est lié à une lecture de la politique qui date du XXe siècle.
10:23Le social d'un côté, l'environnement par là, l'économie de l'autre côté.
10:27Ça ne marche plus, ça. On a besoin de quelque chose d'intégré.
10:30Et ça ne veut pas dire qu'on doit faire du « en même temps ».
10:32Ça veut dire, en fait, qu'on doit dépasser les clivages et regarder les enjeux.
10:36Et la clé pour que ça arrive, je pense qu'en fait,
10:38notre politique et notre économie sont profondément liées.
10:41La raison pour laquelle, aujourd'hui, notre politique est cassée,
10:44c'est qu'en économie, on continue à regarder la croissance par la croissance économique.
10:47Tant qu'on n'aura pas posé les bases d'une triple comptabilité,
10:51comptabilité sociale, environnementale, en plus de la comptabilité financière,
10:56je pense que ce sera extrêmement difficile d'avoir une politique qui fait sens.
11:00Et toujours dans cette logique de combat culturel ou pas,
11:04d'ailleurs peut-être qu'il faut sortir de cette confrontation,
11:08il y a la question du récit collectif, avec le rôle des médias notamment.
11:12C'est ce que vous voulez faire, en fait, si on doit résumer l'ambition des émergences,
11:16c'est de faire émerger un nouveau récit ?
11:18Le terme de récit, oui, il est très important,
11:20parce qu'aujourd'hui, plus personne ne se projette.
11:22Quand vous demandez aujourd'hui, si demain, il y a la guerre,
11:25est-ce que tu serais prêt à partir en guerre pour la France ?
11:27De plus en plus de gens vont vous répondre,
11:29ben non, parce que je ne suis pas sûr de ce pour quoi je me bats.
11:32Il faut remettre une raison de se battre,
11:34il faut remettre une raison d'espérer de lutter pour la France, pour l'Europe.
11:37Et donc, en fait, il faut recréer un récit,
11:39un récit français qui s'inscrit dans un récit européen, j'en suis convaincu,
11:42et c'est la conviction des émergences.
11:45Et ce récit doit reposer notamment sur le fait
11:47que tout le monde peut vivre dans cette société,
11:49ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
11:50Aujourd'hui, vous avez des personnes qui bossent à plein temps,
11:53qui gagnent le SMIC, qui ne peuvent pas vivre,
11:55qui ne peuvent pas aller jusqu'à la fin du mois,
11:56alors qu'ils jouent le jeu de la société.
11:59Donc, quand on joue le jeu de la société,
12:00qu'on n'arrive pas à en vivre, ça ne peut pas fonctionner très longtemps.
12:03Merci beaucoup, Jérémy Lamerie, et à bientôt.
12:05Sur Be Smart for Change, on passe à notre débat,
12:08on va parler de l'acidification de l'océan.
12:12C'est le débat de ce Smart Impact.
12:19On parle de l'acidification de l'océan avec Romain Troublet.
12:22Bonjour, bienvenue.
12:23Merci d'avoir accepté notre invitation.
12:25Vous êtes directeur général de la fondation Tara Océan,
12:28et puis on est en duplex avec Fabrice Pernet.
12:31Bonjour, bienvenue à vous aussi.
12:32Vous êtes chercheur à l'IFREMER et auteur de ce livre
12:35sur l'acidification des océans,
12:37notamment, justement, avec Frédéric Gazeau,
12:39publié aux éditions Quoi est-je ?
12:41Je commence avec vous, Romain Troublet.
12:44Il y a des expéditions de la fondation Tara Océan
12:46qui parcourent le globe depuis quoi ?
12:48Plus de 20 ans, c'est ça ?
12:4922 ans, oui.
12:50Alors, on pourrait parler de toutes les limites planétaires,
12:53mais parlons de celle-ci, de l'acidification.
12:55Vous l'avez vu évoluer ?
12:58Vous l'avez vu cette limite planétaire dépasser ?
13:01Voilà, progresser malheureusement ?
13:03Nous, on ne l'a pas mesurée en tant que telle,
13:05parce qu'on ne s'est pas tout le temps intéressé à ce sujet-là,
13:07mais on a mesuré des paramètres qui permettent de la calculer,
13:11effectivement, et depuis il y a assez longtemps maintenant.
13:15Mais c'est facile de le voir à l'œil nu, quand même.
13:18Vous suivez de regarder les coraux, en fait ?
13:20Les coraux, il n'y a pas que l'acidification,
13:23il y a aussi la température de l'eau,
13:24et surtout les températures qui impactent beaucoup ces écosystèmes-là.
13:27D'accord.
13:29Mais l'acidification, c'est un sujet de...
13:32Un des problèmes, je pense que Fabrice va le dire,
13:35c'est que c'est un enjeu qui est difficilement réversible, en fait.
13:39Pour revenir à l'état d'il y a quelques années,
13:41ça va prendre des centaines d'années.
13:42Oui, effectivement, on en parlera de la réversibilité.
13:45Fabrice Pernet, comment on calcule ?
13:48Je me suis posé cette question toute simple,
13:50en préparant l'émission.
13:51On dit, ok, on a dépassé la septième limite planétaire,
13:55et là, en l'occurrence, celle de l'acidification.
13:57Comment vous le calculez, ça ?
14:00Alors, l'acidification, elle se mesure
14:03avec une unité qu'on appelle le pH.
14:05On a appris ça, généralement, au collège, au lycée.
14:07Mais en revanche, cette limite planétaire,
14:10elle est basée sur l'état de saturation en aragonite.
14:12Alors, quand on a dit ça, c'est un terme un petit peu complexe,
14:14simplement qui fait allusion au fait que les organismes d'écalcifiant,
14:17c'est-à-dire tous ceux qui font des coquilles,
14:18les coraux, les coquillages, etc.,
14:21finalement, fabriquent quoi ?
14:22Ils fabriquent du calcaire,
14:23et du calcaire qui est sous la forme d'aragonite.
14:25Et donc, cette limite planétaire, en fait,
14:27elle traduit le caractère corrosif de l'eau de mer acidifiée
14:30vis-à-vis du calcaire.
14:32Donc, cette limite planétaire, c'est ça,
14:33c'est un état de saturation vis-à-vis de l'aragonite
14:35qui a diminué à cause de l'acidité de l'eau,
14:39et qui rend l'eau, finalement, corrosive
14:40vis-à-vis du calcaire,
14:41et qui va, quelque part, dissoudre les coquillages,
14:44les coraux, etc., etc.
14:45Selon l'UNESCO, environ 30% des coraux tropicaux
14:49pourraient disparaître d'ici 2050,
14:52si, évidemment, on reste dans les scénarités actuelles.
14:57Vous avez un peu cité des groupes d'organismes marins,
15:00Fabrice Pernet,
15:01est-ce qu'il y en a qui sont plus vulnérables encore que d'autres
15:04face à cette acidification ?
15:07Alors, c'est vraiment les coraux,
15:09typiquement les coraux d'eau chaude,
15:10les coraux tropicaux,
15:11qui sont de loin les plus vulnérables,
15:13justement parce qu'ils fabriquent de l'aragonique,
15:15une forme particulièrement soluble de calcaire,
15:17donc ceux-là sont de loin les plus vulnérables.
15:19Et puis, il y a ces organismes qu'on connaît moins
15:21qui vivent dans l'océan Austral,
15:23qui sont des ptéropodes,
15:24qui sont des petits escargots volants dans l'eau de mer,
15:27littéralement,
15:29qui, eux, sont très vulnérables à la acidification,
15:31parce qu'il faut savoir que la acidification
15:32n'est pas un phénomène qui est homogène à l'échelle du globe.
15:35Les eaux froides sont beaucoup plus touchées
15:36parce qu'elles dissolvent beaucoup plus de CO2,
15:38et donc ce phénomène-là,
15:39il s'y produit de manière beaucoup plus rapide, en fait.
15:42Et donc, l'océan Austral et tous les organismes à coquilles
15:45qui vivent dans cet océan-là
15:46sont beaucoup plus touchés que les autres.
15:49Romain Troublé, il y a eu une expédition,
15:50juste après notre interview,
15:51vous partez en Bretagne, c'est ça ?
15:53Nouvelle expédition de Tara, de la Goélette,
15:57pour aller où et pour faire quoi ?
15:58À partir en Asie du Sud-Est pendant deux ans,
16:0218 mois sur place,
16:03parce que c'est un peu loin quand même,
16:05et on s'intéressait au triangle de Coran
16:07et notamment au récif coréen, cette zone-là,
16:10qui, bien sûr, sont sous pression,
16:13sous pression de pollution évidemment locale,
16:15mais aussi sous pression de température.
16:17Et par contre, un papier dans Nature de 2023
16:21a mis en évidence une sorte de thermotolérance,
16:24en fait, une tolérance à la température.
16:25Comme s'il s'habituait à une température plus élevée.
16:28Oui, il y a plusieurs hypothèses, bien sûr,
16:30et je veux dire, les coraux, aujourd'hui,
16:32ils prennent de plein de fois cette température,
16:33et puis demain, ça sera la certification
16:34qui est en train d'arriver.
16:37Et donc, l'idée étant d'aller partir avec le CNRS,
16:40avec beaucoup de chercheurs,
16:41il y a 40 laboratoires de 20 pays
16:44qui sont impliqués dans cette mission,
16:46et qui va à la fois faire de la recherche
16:47sur ces sites pendant 18 mois,
16:49et comprendre pourquoi,
16:51quels sont les moteurs de cette résilience,
16:53résistance, tolérance, on va voir.
16:57À chaque fois qu'il y a une mission,
16:59parce que vous êtes venu plusieurs fois nous en parler ici,
17:01des programmes Tara Océan,
17:02il y a aussi le programme Tara Microbiome,
17:05en fait, on détecte,
17:09on découvre une richesse quand même microbienne
17:15qui est immense,
17:16qui était peut-être insoupçonnée,
17:17on continue d'apprendre,
17:18c'est ça cet espace qu'est l'océan
17:20qu'on connaît si mal.
17:22Oui, on fait ça avec plein de chercheurs,
17:23avec les frémer, avec le CNRS,
17:25avec plein de laboratoires,
17:26et évidemment que la technologie aussi a donné
17:28de nouvelles loupes, en fait,
17:30pour voir différemment la planète,
17:31et depuis quelques années maintenant,
17:33depuis deux décennies,
17:35on commence à voir des organismes,
17:37non plus par leur forme,
17:38non plus par la vision,
17:40mais par leur molécule,
17:41par leur ADN,
17:42et on arrive à même savoir ce qu'ils font,
17:45quelles sont les fonctions qu'ils mettent en œuvre,
17:47quelles sont les voies métaboliques
17:51qui sont activées dans l'océan instanté,
17:52et on peut...
17:54C'est le début,
17:55je crois qu'on est en train de découvrir
17:56notre ignorance déjà,
17:58et puis savoir qui est là,
17:59c'est la première étape,
18:00je pense qu'on est en train d'avoir un peu
18:02qui est là,
18:02maintenant c'est de savoir comment ça marche,
18:04alors là c'est une complexité
18:05qui est bien supérieure à la cellule,
18:07à l'atome, à la cellule,
18:09on parle des écosystèmes,
18:10des interactions entre espèces,
18:12et décrire ça,
18:13c'est je pense essentiel
18:16pour décrire comment notre monde va changer,
18:18et comment trouver aussi des réponses à tout ça.
18:23Fabrice Pernet,
18:24il y a effectivement la question de la réversibilité,
18:28c'est-à-dire que...
18:29Voilà, moi je vois souvent
18:32quand on parle de biodiversité,
18:33on dit qu'il suffit de laisser la nature tranquille,
18:35finalement elle reprend ses droits assez vite,
18:36là en l'occurrence on parle d'acidification,
18:39c'est quoi ?
18:39C'est un phénomène qui a été,
18:41peut-être que je me trompe,
18:42mais long ou très long,
18:45ou alors finalement assez rapide,
18:46et ce qui est sûr c'est que ça va mettre
18:48beaucoup de temps pour éventuellement
18:50revenir en arrière ?
18:52Alors en fait il faut voir que l'acidification
18:54c'est souvent ce qu'on décrit
18:55comme étant l'autre problème du CO2,
18:57autrement dit l'acidification est très fortement corrélée
18:59d'une certaine manière au réchauffement,
19:01parce que les deux ont la même cause,
19:03c'est trop de CO2 dans l'atmosphère,
19:04trop de CO2 dans l'atmosphère,
19:05trop de CO2 dans la mer,
19:06et donc une acidification.
19:08Et en fait quelque part l'acidification
19:12se produit à peu près au même rythme
19:13que le réchauffement,
19:14c'est ça que je veux vous dire.
19:15Et si demain on arrête nos émissions de CO2,
19:18demain on arrête tout,
19:19on coupe le robinet de CO2 dans l'atmosphère,
19:22et bien globalement le processus d'acidification
19:24s'arrêtera quelques années,
19:26quelques décennies après.
19:28Alors ça ne veut pas dire
19:28qu'on retournera à l'état initial en effet,
19:30parce que tout ce CO2 excédentaire
19:31il va falloir l'éliminer.
19:33Et ça, ça va prendre des milliers d'années pour le faire.
19:35Donc oui on est quand même globalement
19:37pour un retour à un état initial,
19:39ça va prendre du temps,
19:40on parle de 10 000, 100 000,
19:41à 1 million d'années,
19:42donc c'est bien au-delà de l'échelle des vies humaines,
19:45globalement.
19:46Mais il faut savoir que les limites,
19:49cette limite-là, la septième,
19:50celle de l'acidification,
19:51elle est potentiellement réversible
19:53dès lors qu'on diminue
19:54ou que l'on arrête nos émissions de CO2.
19:57Et ça c'est encourageant,
19:58parce que quelque part la balle est dans notre camp en fait.
19:59Oui, effectivement,
20:00même si arrêté,
20:01on voit bien qu'on s'élève aujourd'hui
20:04les 10 ans des années de Paris,
20:05on n'y est pas,
20:06et loin de là,
20:07même si le rythme d'émissions de gaz à effet de serre,
20:10il continue de progresser,
20:11mais beaucoup moins vite
20:12que dans la décennie précédente.
20:14Un chiffre encore,
20:15puisqu'on a bien compris que c'était lié
20:17très clairement au réchauffement,
20:18océan et réchauffement,
20:19et les océans,
20:20où l'océan absorbe plus de 90%
20:22de l'excès de chaleur
20:23lié au réchauffement climatique
20:24depuis les années 70.
20:26Là aussi, Romain Troublé,
20:30est-ce que c'est un amortisseur naturel,
20:33l'océan, c'est ça ?
20:34Mais ce rôle-là,
20:37est-ce qu'il atteint ses limites,
20:38d'une certaine façon ?
20:40Ses limites,
20:41ben oui,
20:42on voit bien qu'il sous-stresse,
20:43sous-pression en fait.
20:44Et ses limites planétaires,
20:45c'est un peu,
20:46il faut vraiment les prendre
20:46comme un bilan sanguin en fait.
20:48Vous avez à droite,
20:49sur la colonne de droite,
20:49vous avez des petits chiffres
20:50qui vous disent
20:51que vous êtes en dehors des limites.
20:51Si on vous est au-dessus, quoi.
20:53Et quand on est au-dessus,
20:54il faut se consulter, quoi.
20:55Et donc, on en est là aujourd'hui.
20:56C'est que, attention, alerte,
20:59on est en train de prendre
20:59une mauvaise trajectoire.
21:01Et tout le monde le sait,
21:02mais là, ça met des chiffres
21:03et c'est plus pragmatique.
21:06Et puis, je voudrais qu'on parle peut-être de...
21:07Allez-y.
21:08Pour revenir sur l'accord de Paris,
21:09on fait les 10 ans aujourd'hui.
21:12Avant l'accord de Paris,
21:13la trajectoire de l'humanité à 2100,
21:15c'était plus de 4 degrés.
21:17Oui.
21:1810 ans après l'accord de Paris,
21:19la trajectoire est de 2,4 degrés.
21:21Donc, on a quasiment fait la moitié du chemin.
21:22Donc, c'est bien ce que vous dites,
21:25parce qu'on peut être dans un moment
21:27où on a tendance à baisser les bras
21:30en disant qu'on n'y a pas.
21:30Oui, surtout en ce moment,
21:31dans le géopolitique actuel.
21:32Voilà.
21:33Mais c'est une...
21:33En fait, ça marche.
21:35Oui.
21:35Le volontarisme, ça a des effets ?
21:37Je pense.
21:37Et puis, évidemment,
21:38qu'on a des variations interannuelles,
21:40comme on se demande beaucoup de phénomènes,
21:42en ce moment.
21:43Mais que la tendance est quand même
21:44à l'engagement.
21:45Et on voit bien que le monde économique,
21:47pour la plupart,
21:48ont bien compris que leur survie de demain,
21:50ça devait changer.
21:52Par contre, ça va passer vite.
21:53Et évidemment, comme le dit Fabrice,
21:54il faut réduire ces émissions.
21:56Déjà, les stabiliser.
21:57Déjà, ce serait déjà fantastique.
21:59Et après, il faut les réduire.
22:01Avec peut-être une question, Fabrice Pernet,
22:03parce que là, ça peut sembler un peu,
22:05bon, discussion de scientifiques,
22:07mais sauf que ce dont on parle,
22:09ça a quoi ?
22:09Des conséquences sur la chaîne alimentaire,
22:12notamment ?
22:13Oui.
22:14Alors, en fait,
22:14c'est vrai qu'on parle des coquillages
22:16et des coraux.
22:17Et du coup, on a du mal à imaginer
22:18à quel point l'écosystème marin
22:19va être bouleversé.
22:20Il faut aussi imaginer
22:21qu'il y a des espèces de phytoplankton,
22:22des algues microscopiques,
22:23des petits végétaux,
22:25dont tous les organismes dépendent,
22:27se nourrissent,
22:28qui vont être touchés.
22:28C'est donc la base
22:29de la chaîne alimentaire marine,
22:30finalement, qui est touchée
22:31quand on touche le phytoplankton.
22:33Et ça aura des répercussions,
22:34du coup, jusqu'au plus haut
22:36du sommet de la chaîne alimentaire,
22:38jusqu'au super prédateur,
22:39etc., etc.
22:40Donc, l'acidification des océans
22:41va toucher des groupes d'organismes
22:43dont certains sont clés,
22:44sont des ingénieurs,
22:45quelque part, des écosystèmes.
22:47Et en touchant ces organismes-là,
22:48c'est finalement
22:49toute la chaîne alimentaire,
22:51tout le réseau alimentaire
22:52qui est touché,
22:53toute la biodiversité.
22:54L'acidification des océans,
22:55il faut le voir comme ça,
22:56c'est à terme
22:57une perte de biodiversité.
22:59Une perte de biodiversité.
23:00Et puis aussi,
23:01pour toutes les populations
23:02des pays côtiers
23:04qui dépendent
23:05des ressources marines,
23:06c'est aussi un impact direct.
23:07Bien sûr,
23:08mais quand vous regardez l'exemple,
23:09Fabrice a pris l'exemple
23:10des coraux,
23:11les écosystèmes coralliens,
23:11c'est une symbiose
23:14qui est sensible
23:15à l'acidification,
23:17bien sûr,
23:18mais qui est une symbiose
23:18qui construit
23:19des villes sous-marines
23:20dans lesquelles
23:2030% de la biodiversité
23:21est appritée.
23:22Donc, ça, c'est la première chose.
23:25Biodiversité.
23:26Puis, ces récifs coralliens,
23:27ils protègent
23:27beaucoup d'îles
23:28et beaucoup de populations
23:29de l'érosion
23:30par les grosses vagues
23:31du Pacifique
23:32qui viennent décimer
23:33des côtes, etc.
23:34Donc, en fait,
23:36derrière tout ça,
23:37ce n'est pas que
23:37des histoires de biologie
23:38et d'espèces magnifiques
23:40dans l'océan.
23:40C'est une histoire
23:41de notre histoire.
23:42C'est-à-dire que,
23:43comment on comprend
23:43à un moment donné
23:44que notre vie,
23:47c'est la même
23:48que le vivant,
23:50que tout ça est lié
23:50et qu'on est en train
23:52de scier la branche
23:52sur laquelle on est assise.
23:53C'est-à-dire que
23:54cette planète,
23:56elle est formidable.
23:58C'est un miracle.
23:59Et comment prendre ça
24:01en...
24:02Le recul qu'il faut
24:03pour comprendre ça,
24:04c'est tout l'enjeu
24:04des années qui viennent
24:06et des années passées,
24:08d'ailleurs.
24:08Je voudrais terminer
24:10Fabrice Pernet
24:11avec une question
24:12justement sur ce
24:13dixième anniversaire
24:13de la signature
24:15des accords de Paris
24:16et ce consensus scientifique
24:18avec peut-être
24:20ce sentiment que vous avez
24:21de devoir revenir en arrière,
24:23c'est-à-dire face
24:23à les climato-sceptiques
24:26et leur climato-sceptique
24:27en chef qui est
24:28à la Maison-Blanche.
24:29Vous êtes obligé
24:29de recommencer
24:30à redire des choses
24:31que vous aviez le sentiment
24:33que tout le monde
24:33avait intégré et accepté ?
24:36Alors, en fait, non,
24:37parce qu'on n'a jamais arrêté
24:38en vérité.
24:40On n'a jamais arrêté
24:41de dire les choses
24:42parce qu'il y a toujours
24:43eu du scepticisme.
24:44Alors aujourd'hui,
24:45on parle de déni.
24:46Ce n'est plus du scepticisme
24:47comme vous l'avez dit.
24:48Plus que consensus,
24:49il y a unanimité
24:50globalement
24:51sur le changement climatique
24:53et sur le fait
24:53que l'homme aujourd'hui
24:54en est la cause.
24:55Il n'y a pas de doute
24:56là-dessus.
24:57Et donc, quand les gens
24:58n'y croient pas,
24:58on ne parle plus de scepticisme
25:00parce que scepticisme,
25:00ça veut dire qu'il y a du débat,
25:02qu'il y a de la controverse
25:02et qu'il y a des données
25:03contradictoires.
25:04Là, ce n'est vraiment pas le cas.
25:05Donc, on parle plutôt
25:05de déni.
25:06Et donc, quelque part,
25:07il faut continuer
25:08à dire ce qu'on a toujours dit
25:09mais avec beaucoup plus
25:10de force
25:11parce qu'on a affaire
25:12à des gens
25:12pour lesquels
25:13il y a plusieurs types
25:15de vérités.
25:16La science en est une
25:16parmi d'autres
25:17et c'est ça qui est
25:18très très grave
25:18alors que la science,
25:20c'est finalement
25:20la manière d'être
25:21le plus proche possible
25:22d'une forme d'objectivité.
25:24Merci beaucoup.
25:26Merci à tous les deux.
25:27A bientôt sur
25:28Bismarck Fortune.
25:29Bon voyage
25:31à la Goalette Tara
25:32vers l'Asie
25:34du Sud-Est
25:35et puis Fabrice,
25:36regardez votre livre
25:37sur l'acidification
25:38des océans
25:39avec Frédéric Gazeau
25:40et aux éditions.
25:41Et on passe tout de suite
25:42au grand entretien
25:44de ce Smart Impact
25:45et si vous changiez
25:47de regard
25:47sur les cités de banlieue.
25:52Prêt pour l'impact ?
25:54C'est la question
25:54que je pose chaque jour
25:56à une personnalité
25:57qui compte
25:57dans notre économie.
25:58Aujourd'hui,
25:59je reçois
26:00Alice Séni.
26:01Bonjour.
26:01Bonjour.
26:01Bienvenue.
26:02Vous êtes le fondateur
26:02de Quartier d'Affaires
26:04et du Forum économique
26:05des banlieues.
26:06Beaucoup d'actualités.
26:08Vous venez de sortir
26:08un livre qui s'appelle
26:09Made in Banlieue.
26:10Vous venez de lancer
26:11aussi un label
26:12Made in Banlieue
26:12avec Afnor Certification.
26:14On va parler de tout ça.
26:16Mais d'abord,
26:17je voudrais revenir
26:18à l'origine.
26:20Ça fait combien de temps
26:21que vous vous battez
26:22finalement pour changer
26:23notre regard,
26:24votre regard,
26:24à vous téléspectateurs,
26:25téléspectatrices,
26:26sur l'écologie
26:27les banlieues,
26:28les cités,
26:29ceux qui y travaillent,
26:30qui y créent des entreprises ?
26:32Ces dernières années,
26:33on a beaucoup regardé
26:34ces banlieues
26:34à travers le prisme
26:35de la sécurité-clé,
26:36de l'action sociale,
26:37de l'urbanisme,
26:38jamais à travers
26:39sa potentialité économique.
26:41Et il y a un vrai potentiel,
26:42on pourra en reparler.
26:43Moi, je suis originaire
26:44de ces quartiers.
26:45J'ai grandi dans le quartier
26:46du Val-Fouré
26:46à Mante-la-Jolie.
26:47Ce n'est pas un petit parc-quartier
26:48lorsqu'on regarde
26:49un petit peu la taille
26:50des quartiers en France.
26:51J'y ai vécu,
26:52j'y ai travaillé,
26:53j'y ai investi.
26:57J'ai très tôt créé
26:57ma première entreprise.
26:59Et ce parcours-là
27:00m'a donné envie
27:01de partager,
27:02de partager le parcours,
27:03de partager l'envie
27:03et puis d'agir
27:05pour mon territoire.
27:07Beaucoup,
27:07la banlieue aujourd'hui,
27:09peut-être un petit peu,
27:10c'est un mot encore
27:11un petit peu péjoratif,
27:13mais moi,
27:13de cette faiblehèche,
27:14j'en ai fait une force
27:14et j'essaie de partager
27:16ce que j'ai appris
27:17sur le levier économique,
27:18sur l'entrepreneuriat,
27:19sur la création de richesses.
27:20Et donc,
27:21Quartier d'Affaires,
27:21c'est quoi ?
27:22Quartier d'Affaires
27:22est une association,
27:23est un réseau
27:25qui oeuvre à la croissance
27:26des TPE, PME
27:27installés dans les 1 609
27:29quartiers prioritaires
27:30de la politique de la ville.
27:31Il y a 1 362 quartiers
27:33en France
27:34et le reste dans les dom-toms
27:35qu'on oublie souvent.
27:37Donc,
27:37notre sujet à nous,
27:38c'est comment ces entreprises
27:39qui font plus de 50 000 euros
27:40de chiffre d'affaires,
27:41qui ont plus de un salarié,
27:43comment on les aide
27:43à grandir ?
27:44Et nous avons donc
27:45une caisse à outils
27:46qui travaille sur le chiffre d'affaires,
27:48sur la réduction des coûts d'achat
27:49et sur la formation du dirigeant.
27:51Quartier d'Affaires
27:52est présent en Ile-de-France,
27:54en Auvergne-Rhône-Alpes
27:55et en Occitanie
27:56avec une volonté
27:56de se développer.
27:57Ça fait 3 ans
27:58et on a de belles ambitions
27:59devant nous.
28:00Vous avez été,
28:02en préparant l'interview,
28:03confronté,
28:04j'ai vu ça au scepticisme,
28:05avec une professeure
28:06qui vous disait
28:06« Aziz n'est pas fait
28:07pour l'économie ».
28:09Le « ça ne marchera jamais ».
28:11Il y a plein de gens
28:11qui l'ont rencontré
28:12un jour dans leur carrière,
28:14des sportifs
28:15à qui on a dit
28:15« mais t'es beaucoup trop petit
28:16pour jouer au foot
28:17et regarde comment t'es taillé,
28:19ça ne marchera jamais ».
28:20Des immenses chanteurs
28:22ou comédiens
28:22à qui on a dit
28:23lors d'un casting
28:24« voilà, t'as une vilaine peau,
28:26vraiment tu ne seras jamais comédien ».
28:27Enfin, je pourrais citer
28:2740 ou 50
28:29ou une centaine d'exemples.
28:30Ça vous a freiné
28:32ou au contraire,
28:32ça vous a boosté
28:34en disant
28:34« mais qui peut me dire ça ?
28:35Je vais tailler ma route ».
28:37Ça booste d'abord un.
28:39Deuxièmement,
28:39les certitudes,
28:40l'histoire de l'humanité
28:42pleine de certitudes
28:42qui ont été totalement
28:43mises par terre.
28:45Donc, cette dame
28:46qui avait une certitude
28:47pour une professeure
28:48qui m'a dit
28:49« tu n'y arriveras pas,
28:51j'ai aussi 50 noms
28:52à vous donner
28:53d'autres professeurs
28:54qui ont été là
28:54et qui ont poussé,
28:55etc. »
28:56Je le mets souvent en avant
28:58parce que c'est juste
28:58aux professeurs
28:59sur cette période
29:00où on est au collège
29:01et au lycée,
29:01où on se structure,
29:02on essaie de se projeter
29:04dans l'avenir,
29:04ce qui n'est pas évident,
29:06de dire que la vérité
29:06d'un moment
29:07n'est pas celui d'un autre.
29:08Xavier Niel,
29:09vous en parlerez
29:10beaucoup mieux que moi,
29:11lui qui était au fond
29:11de la classe
29:12et qui n'était pas
29:12un très bon élève.
29:13Donc, les professeurs
29:14qui ont dû lui dire
29:15« tu n'y arriveras pas,
29:16il y en a eu quelques-uns. »
29:18Et alors,
29:19la vérité d'aujourd'hui
29:20n'est pas forcément
29:20celle d'hier.
29:21La banlieue d'aujourd'hui,
29:22est-ce qu'elle est plus dure
29:23que celle d'il y a 25 ans ?
29:25Moi, la banlieue d'aujourd'hui,
29:26ce que je vois,
29:26c'est surtout
29:27150 milliards
29:28de potentiel
29:29de développement
29:29à ceux qui nous disent
29:31régulièrement
29:32que la banlieue coûte
29:33sans jamais nous dire
29:34combien elle rapporte.
29:36On est sur une chaîne économique,
29:38j'ai un plan,
29:39j'ai ma colonne dépense,
29:41certes,
29:41on investit,
29:42mais on ne nous dit
29:43jamais combien elle rapporte.
29:44On ne nous dit jamais
29:45que les 250 000 entreprises
29:46implantées dans ces territoires,
29:48c'est 75 milliards
29:49d'euros annuels.
29:50On ne nous dit jamais
29:51que c'est 42 milliards
29:52de consommation annuelle.
29:54On ne nous dit jamais
29:55que dans un pays
29:56qui vieillit aujourd'hui,
29:57le moteur démographique,
29:58il est dans ces territoires
29:59avec 23% des bébés
30:01qui naissent aujourd'hui
30:01dans ces territoires.
30:03Donc la force de la banlieue,
30:04c'est qu'elle est très rentable.
30:05Elle est rentable
30:06démographiquement,
30:08pardon,
30:08et elle est rentable
30:09d'un point de vue économique.
30:10Et c'est surtout ça
30:11mon combat et mon sujet.
30:12Oui, effectivement.
30:13Alors il y a eu plein d'expériences,
30:14entrepreneurs,
30:15investisseurs,
30:16l'associatif.
30:17Est-ce qu'il y a
30:18un levier plus efficace
30:19que d'autres ?
30:20Ou est-ce qu'il faut
30:20tout,
30:22comme dans un mécano,
30:23un peu tout utiliser ?
30:24Ce que je peux vous dire
30:25de manière factuelle,
30:26c'est que sur les chiffres,
30:28on ne mettra pas un CRS
30:29derrière chaque habitant
30:30dans ces territoires,
30:31on ne mettra pas
30:31une assistante sociale
30:32derrière chaque habitant
30:33dans ces territoires.
30:34Casser des tours,
30:35mettre des coups de peinture,
30:36ce n'est pas ce qui remplit le frigo
30:37et paye le loyer
30:39à la fin du mois.
30:40Le levier économique
30:41n'a jamais été
30:42ou très peu utilisé
30:44la vision
30:45qu'est-ce qu'on fait
30:45de ces territoires
30:46à 20 ans
30:47d'un point de vue économique ?
30:48Jamais.
30:49Et il y a peut-être,
30:50évidemment,
30:50sur le long terme,
30:52le levier de l'éducation.
30:53Moi, je crois beaucoup
30:54à ces deux leviers,
30:54très court terme,
30:56moyen terme,
30:57l'économie
30:57et à long terme,
30:58bien sûr, l'éducation.
30:59Alors, vous avez écrit
31:01plusieurs livres.
31:01D'ailleurs, le premier,
31:02je ne me souviens plus du titre,
31:03mais l'ascenseur social
31:04était dans le titre,
31:05c'est ça ?
31:05L'ascenseur social est en panne,
31:06j'ai pris l'escalier en 2005.
31:08Ça, c'était le premier.
31:09Et donc celui-là,
31:10Made in banlieue,
31:11co-écrit avec Jean-Marc Pitt.
31:13Qu'est-ce qu'on y trouve
31:14dans ce livre ?
31:16Justement,
31:17des expériences,
31:18des bonnes pratiques,
31:19des expériences inspirantes ?
31:20On y trouve déjà quelque chose
31:22qu'on n'a pas proposé
31:23sur ces 40 dernières années,
31:25une vision.
31:26Qu'est-ce qu'on fait
31:27de ces territoires
31:28à 20 ans ?
31:29Ça, c'est la première chose.
31:31Ensuite, on a un plan.
31:32J'ai 12 piliers
31:33pour le développement économique
31:35de ces territoires.
31:35C'est un livre
31:37très axé économique,
31:38croissance économique.
31:39Et une méthode,
31:40comment on fait ?
31:41Bref, une méthode
31:42de chef d'entreprise.
31:44Où est-ce qu'on va ?
31:44Comment on le fait ?
31:45Et pour combien ?
31:46C'est un plan que je propose
31:48qui est financé à peu près
31:49à 70% par l'investissement privé,
31:5230% par l'investissement public.
31:55Dans un contexte
31:56où il n'y a plus
31:56beaucoup d'argent,
31:57il faut être très créatif
31:58pour intéresser
31:59d'autres parties prenantes
32:00à venir dans ces territoires.
32:02Je voudrais juste vous dire
32:03qu'il y a des comparaisons
32:05avec l'international.
32:07Aux Etats-Unis,
32:08un dispositif
32:09qui s'appelle
32:09les Opportunity Zone
32:10qui a été créé par Obama,
32:12reconduit et renforcé
32:13par Donald Trump,
32:15c'est vous dire
32:15combien ça rapporte.
32:16Parce que ce n'est pas
32:17le premier soutien
32:18de ce type d'initiative.
32:20On permet de transformer
32:21des quartiers
32:22comme le Bronx,
32:23comme Harlem,
32:24comme Compton,
32:25des coupes-gorges
32:26qui feraient passer
32:26les quartiers nord de Marseille
32:27pour le pays des bisounours
32:29de Détroit
32:30en hub économique.
32:32Donc, d'autres ont montré
32:33qu'en investissant
32:34dans ces territoires
32:35et en exploitant le potentiel,
32:37c'était possible.
32:38C'est intéressant
32:38parce que là,
32:39on est en période électorale,
32:42notamment avec les municipales,
32:43dans trois mois.
32:46Est-ce que c'est le maire
32:47qui a le pouvoir
32:48d'impulser ça
32:50ou est-ce qu'il faut forcément
32:51le levier de l'État,
32:52après vous ?
32:52Il faut les deux.
32:53Il faut les deux.
32:54Les maires,
32:55l'association
32:55Ville et banlieue
32:56qui rassemble les 859,
32:58évidemment,
32:59sont super partants.
33:00Ils veulent voir
33:01de l'investissement
33:01arriver sur leur territoire.
33:03Là où ça bloque un petit peu,
33:04c'est les directions
33:05du développement économique
33:06au niveau régional
33:08et puis aussi
33:09au niveau français.
33:11Encore un chiffre,
33:12moins de 2%
33:13des investissements français
33:14vont dans ces territoires.
33:16Vous savez que l'investissement,
33:17c'est la croissance,
33:18la croissance,
33:18c'est l'emploi.
33:19avec moins de 2%,
33:21il ne faut pas s'étonner
33:22d'avoir un chômage
33:24en moyenne
33:24à 18%
33:25dans ces quartiers.
33:26On manque
33:26d'investissement privé.
33:28Et j'anticipe la question.
33:32On me dit souvent,
33:33mais M. Séni,
33:33vous savez,
33:34il y a l'image
33:35de la banlieue,
33:35l'insécurité en banlieue.
33:37Les investisseurs ne viennent pas.
33:37C'est pour ça
33:38que les investisseurs
33:39ne veulent pas y aller.
33:40Je vais vous raconter
33:41une petite anecdote
33:42d'un investisseur chinois
33:43à qui j'essayais
33:46de convaincre
33:47d'investir
33:47dans ces quartiers
33:48et à la question
33:49est-ce que l'image
33:51des banlieues
33:51serait un frein
33:52d'insécurité ?
33:53Il m'a répondu
33:53M. Séni,
33:54j'investis dans des endroits
33:55dans le monde
33:55où il n'y a ni eau,
33:56ni électricité,
33:57ni droit.
33:58Il venait de m'expliquer
33:59que Mante-la-Jolie,
34:00Sarcelles,
34:00Ouvres-en-Velins,
34:01ça lui convenait très bien.
34:03Donc,
34:03il y a aussi le sujet
34:04de faire attention
34:04en termes de souveraineté.
34:06Il y a un gros gâteau
34:07économique,
34:08150 milliards minimum.
34:10Institut Montaigne,
34:10France Stratégie,
34:11on est plutôt
34:11autour de 250 milliards.
34:13Ce gâteau
34:18n'est pas la main dessus.
34:19Et pourtant,
34:20vous avez donné
34:20un chiffre du chômage.
34:21Nous, on a trouvé cela,
34:23le taux de chômage
34:23dans les quartiers
34:24prioritaires de la ville
34:252024,
34:26plus de 27%
34:28contre 12%
34:29à l'échelle nationale.
34:31Alors,
34:31ça doit être vraiment
34:31le chômage
34:32au sens large,
34:35malgré quand même
34:36des politiques publiques,
34:37de l'argent public
34:38depuis des années.
34:39Alors,
34:40ça veut dire quoi ?
34:40Ça veut dire
34:41qu'il est mal fléché,
34:42mal utilisé,
34:43cet argent public.
34:44On se pose beaucoup
34:45en ces temps
34:46de disaites budgétaires.
34:47La question
34:48de l'efficacité
34:48de l'euro
34:49public.
34:51Comme vous venez
34:51de le dire,
34:52il est dépensé,
34:52il n'est pas investi.
34:54Une dépense,
34:55ce n'est pas la même chose.
34:57Quand vous avez
34:58250 000 TPE,
34:59PME,
35:00comment on fait
35:00pour les développer ?
35:02Quand au sein
35:03du label
35:03Made in France,
35:04vous n'aviez pas
35:05de Made in banlieue.
35:06Pourtant,
35:06la France,
35:07c'est la richesse
35:07de ses territoires.
35:08Quand le président
35:09de la République
35:10organise un Choose France,
35:11bravo,
35:12on est devenu champion
35:13d'Europe
35:13de l'investissement étranger,
35:15moins de 1%
35:15de ses investissements
35:16vont dans ses quartiers.
35:17On a souhaité,
35:18on a proposé
35:19la création
35:19d'un Choose banlieue.
35:20Il n'y a rien
35:21en matière
35:21d'investissement,
35:23des investissements
35:24d'infrastructures.
35:24Oui,
35:25de la construction urbaine,
35:28des transports,
35:28etc.
35:29Il fallait rattraper
35:30le retard.
35:30Mais d'un point
35:31de vue économique,
35:32ça ne se voit pas
35:33et ça se verrait
35:33dans les chiffres.
35:34Encore une fois,
35:35vous avez cité
35:3527% de taux de chômage,
35:3742% de pauvreté.
35:39On ne peut pas dire
35:39qu'on a bien dépensé,
35:41on ne peut pas dire
35:41surtout qu'on a bien investi.
35:43Alors justement,
35:44sur les infrastructures,
35:45est-ce qu'elles sont
35:47attirées les investisseurs
35:48ou les entrepreneurs ?
35:50Les infrastructures,
35:51aujourd'hui,
35:51on a un sujet,
35:52c'est qu'on a
35:54de l'espace foncier.
35:55On a 300 millions
35:56de réserves foncières
35:58stratégiques.
35:59Donc les quartiers
35:59sont généralement
36:00dans ou à proximité
36:01de grandes agglomérations
36:02sur des axes
36:03de communication,
36:04parfois près d'aéroports,
36:05parfois près de ports.
36:07Donc c'est du foncier
36:07éminemment stratégique
36:09mais disponible
36:10300 millions de mètres carrés.
36:11Je vous laisse faire
36:12le calcul
36:12de combien ça peut représenter
36:13en valeur et en euros.
36:16Mais très peu,
36:17exploiter.
36:18Donc de la place,
36:19il y en a,
36:20des infrastructures.
36:21On a créé une loi SRU
36:22obligeant certaines villes
36:24à avoir du logement social.
36:25On n'a jamais obligé
36:27ces mêmes villes
36:27à avoir une cote-part
36:29pour de l'investissement
36:30et pour des infrastructures
36:32économiques.
36:33Jamais.
36:34Donc ça nous conduit
36:35parfois à avoir des villes
36:36où vous avez 80,
36:3790, 100%
36:38de logements sociaux
36:39en n'ayant aucun espace,
36:42un centre d'affaires,
36:43un espace de co-working,
36:44une zone industrielle.
36:45On est encore à bétonner
36:48au sens premier
36:48et au sens figuré
36:50les cités dortoirs.
36:52Moi, ce que je propose,
36:53c'est de passer
36:53de la cité dortoir
36:54à la cité productive.
36:56Effectivement.
36:56Et donc,
36:56avec cette question
36:59quand même
36:59du poids politique
37:01des idées
37:02que vous portez
37:03de ce livre,
37:04Ménine Banlieue,
37:05je vais vous citer.
37:05Nos banlieues ne sont pas
37:06un coût,
37:06vous l'avez déjà dit ici,
37:07mais un coût,
37:08mais un actif stratégique
37:09démographiquement jeune,
37:12j'y arrive,
37:12économiquement sous-utilisé,
37:14socialement décisif.
37:16Est-ce que vous pourriez
37:17faire campagne
37:18avec ce slogan-là ?
37:20C'est-à-dire,
37:20vous présentez à une élection.
37:21Est-ce que ça vous traverse
37:23l'esprit de temps en temps ?
37:24Non.
37:25Nous,
37:25ce que je fais
37:26avec Quartier d'affaires,
37:27ce que nous faisons
37:28avec Quartier d'affaires,
37:28avec le forum économique,
37:30c'est de l'influence
37:30et on assume notre rôle,
37:31on a joué notre rôle
37:32jusqu'à maintenant,
37:33on le jouera dans le cadre
37:34de l'élection présidentielle,
37:36c'est de faire en sorte
37:37que tous les partis
37:37de LFI,
37:39ORN,
37:39se saisissent de ce sujet
37:41et que ce ne soit plus
37:42deux lignes écrites
37:43sur le développement économique
37:45à la rubrique ESS
37:46en annexe du programme,
37:48mais que cette vision
37:49du développement économique
37:50soit vraiment un temps...
37:51Mais vous en rencontrez déjà,
37:52pardon,
37:53vous en rencontrez déjà
37:54depuis des années
37:55des politiques,
37:57que ce soit localement,
37:58des maires
37:59ou même,
37:59j'imagine,
38:00nationalement.
38:00Là,
38:01il faut que ce soit porté
38:02au niveau national
38:03et de manière massive.
38:05Il ne s'agit pas
38:05d'une histoire d'un homme,
38:06ce n'est pas Aziz Séni
38:08tout seul,
38:08c'est Aziz Séni
38:09avec les 250 000 entreprises,
38:12avec les acteurs engagés
38:13au sein de Quartier d'affaires,
38:14avec tous ceux
38:15qui ont compris
38:16l'utilité d'un forum
38:17économique des banlieues
38:18et tous ceux
38:19qui ont envie
38:19de se dire
38:20qu'il y a 150 milliards
38:21à exploiter
38:23outre-périph
38:23dans l'intérêt
38:24des habitants,
38:25des entreprises
38:25qui sont installées
38:26de l'économie
38:27de notre pays,
38:28exploitons-les
38:29et arrêtons
38:30un petit peu
38:31de regarder
38:32avec d'autres passions.
38:35La peur freine beaucoup.
38:36La peur freine beaucoup.
38:37Évidemment,
38:37c'est vrai que le discours,
38:39mais d'ailleurs médiatique aussi,
38:40je peux en prendre ma part
38:41sur les banlieues,
38:41il est un peu toujours le même
38:42depuis au moins
38:44quatre décennies.
38:46Alors là,
38:46on va être dans un discours,
38:47on continue
38:48d'être dans un discours
38:48économique
38:49et plus positif.
38:50250 000 TPE-PME
38:52dans les 1 600 et quelques
38:54quartiers prioritaires
38:55de la ville.
38:55Est-ce qu'il y en a
38:56de plus en plus ?
38:57Vous êtes une espèce
38:58de vigie
38:59de cette économie
39:01avec le Forum économique
39:02des banlieues.
39:03Est-ce que
39:03c'est une partie
39:05de la France
39:06qui est plus dynamique
39:07que les autres ?
39:08Vous voyez ce que je veux dire ?
39:09Oui,
39:09d'abord elle est plus dynamique
39:10parce que la démographie,
39:12la jeunesse,
39:13c'est le premier vivier
39:14de jeunesse du pays.
39:1640% des habitants
39:18de ces quartiers
39:18ont moins de 30 ans.
39:20Donc oui,
39:20il y a un vrai dynamisme
39:22lié à la jeunesse.
39:24Ensuite,
39:25il y a une culture
39:25du business
39:26qui est beaucoup plus forte.
39:27Pourquoi ?
39:28Parce que comme c'est
39:29des territoires pauvres,
39:30on ne sort pas de la pauvreté
39:31qu'autrement en s'enrichissant.
39:32Une des voies,
39:33pas la seule,
39:34mais une des voies,
39:35c'est de monter son affaire.
39:37Alors on commence
39:37en micro-entrepreneur,
39:38en auto-entrepreneur,
39:39TPE, PME.
39:41Cette vision
39:41de la mobilité sociale
39:42par l'entreprenariat
39:43et de trouver plus facilement
39:45un client
39:46qu'un job,
39:47qu'un CDD
39:48ou CDI aussi,
39:50eh bien tout ça fait que
39:51oui,
39:51il y a un foisonnement
39:52en matière
39:52de développement économique.
39:54Après,
39:55on a un sujet.
39:56Ce n'est pas parce qu'on crée
39:57beaucoup d'entreprises
39:57qu'elles vont être pérennisées.
39:59C'est là qu'on intervient.
40:00On a encore deux ans,
40:01trois ans,
40:01cinq ans après.
40:02Et c'est pour ça
40:02qu'on a créé
40:03le quartier d'affaires.
40:04C'est que sur le sujet
40:05de la création d'entreprises,
40:07il y a beaucoup d'acteurs.
40:08Aujourd'hui,
40:08globalement,
40:09quelqu'un qui est en banlieue
40:10et qui veut créer son entreprise,
40:12même avec zéro,
40:12il trouve de l'argent du conseil
40:13et les premiers clients.
40:15Notre sujet,
40:15c'est la pérennisation
40:16et la croissance
40:17à l'étape d'après.
40:18Ces 250 000 entreprises
40:20qui ont plus de deux ans,
40:21comment on les aide
40:22à grandir ?
40:23Et donc,
40:23grandir,
40:24c'est recruter localement.
40:25Alors ça,
40:25c'est important,
40:26mais les banques,
40:26elles jouent leur rôle ?
40:27Alors les banques...
40:28Ou est-ce que justement,
40:30nourries de décennies
40:32d'a priori,
40:33et parfois de réalité,
40:35mais elles sont plus réticentes ?
40:38Les banques ont fait
40:38beaucoup d'efforts.
40:39BPI a fait beaucoup d'efforts.
40:41Il reste beaucoup à faire.
40:43Vous dire aujourd'hui
40:43que quand vous avez
40:44une entreprise installée
40:45à Montelajoli,
40:46c'est aussi simple
40:46que quand vous êtes installé
40:47à Neuilly,
40:48ce serait mentir.
40:49Mais évidemment,
40:50il y a un sujet
40:50de formation
40:52et de sensibilisation
40:54auprès des banques.
40:54On a un autre sujet aussi,
40:56c'est celui du capital social.
40:57Le capital,
40:58le financement,
40:59c'est du bas de bilan
41:00et de la dette,
41:01mais c'est aussi du capital
41:02et de l'investissement
41:03en haut de bilan.
41:04Les business angels,
41:05les fonds d'investissement
41:06n'ont pas encore
41:07le réflexe d'aller se dire
41:08il y a peut-être
41:09des pépites dans ces territoires.
41:10Donc c'est aussi
41:11de sensibiliser
41:12à la fois les fonds
41:13et puis aussi les entrepreneurs
41:14qui sont installés
41:15dans ces territoires
41:15en disant
41:16mais c'est pour vous aussi.
41:17n'ayez pas peur
41:19de faire la démarche
41:19et d'aller voir
41:20ces investisseurs.
41:21Ils peuvent intéresser.
41:22Et l'avantage de l'économie,
41:24c'est qu'on peut vite passer
41:25les préjugés.
41:27Pourquoi ?
41:27Parce qu'il y a la froideur
41:28des chiffres.
41:29Un compte d'exploitation,
41:30les chiffres sont têtu.
41:31Si le business est bon,
41:33d'où que vous veniez,
41:33qui que vous soyez,
41:34ça marche.
41:35Qui dit économie,
41:36dit quand même
41:37économie parallèle.
41:38Oui.
41:38Et elle existe.
41:39Oui.
41:39Elle existe dans les quartiers
41:41prioritaires de la ville
41:42dont on parle depuis 20 minutes.
41:45À quel point ce business parallèle,
41:48lié au trafic,
41:48multiple,
41:49il y en a plein,
41:50il prend de la place ?
41:51Alors aujourd'hui,
41:52le narcotrafic,
41:53je ne suis pas un spécialiste,
41:55quelques chiffres,
41:55entre 5 et 7 milliards
41:57d'euros de chiffre d'affaires.
41:5795% des clients
42:00n'habitent pas les quartiers.
42:02Ah oui, ça c'est sûr.
42:02Donc ce n'est pas un problème
42:04de quartier,
42:04c'est d'abord un problème
42:05de société,
42:06de société française.
42:07Deuxièmement,
42:08le flux financier.
42:09Le flux financier.
42:11Il ne vous aura pas échappé
42:12que ces quartiers
42:12ne sont pas pavés de marbre
42:14et avec de grandes baies vitrées,
42:15l'argent ne reste pas
42:16dans ces quartiers.
42:17Il s'en va.
42:18Il s'en va où ?
42:18Je ne sais pas.
42:19Je ne suis pas un spécialiste.
42:20Mon sujet,
42:21quand je regarde ce marché...
42:23Mais moi, la question,
42:24c'est la concurrence
42:25que ça peut représenter.
42:26C'est-à-dire que...
42:28Même sur l'énergie,
42:30la volonté de créer
42:30une entreprise
42:31quand il y a un business
42:32qui rapporte à côté.
42:33Alors, si je fais
42:34les 75 milliards
42:36d'euros de chiffre d'affaires
42:37générés par les 250 000
42:39versus les 5 ou 7 milliards
42:41de Narcos,
42:42on voit déjà le ratio.
42:44Dieu merci,
42:45l'activité légale,
42:46formelle et dominante.
42:48Ensuite,
42:48le sujet n'est pas tant
42:49entre ces deux secteurs économiques,
42:52il est plutôt sur la jeunesse.
42:54La jeunesse qui se projette.
42:55Est-ce que,
42:56pour certains jeunes,
42:58de se dire,
42:58est-ce que je vais
42:59gagner plus d'argent
43:00en montant ma boîte
43:01et en allant sur la voie
43:03de la TPE,
43:04PME,
43:05etc.,
43:05ou est-ce que les sirènes
43:06néfastes
43:08des narcos
43:09m'iront mieux ?
43:11Oui, bien sûr
43:12qu'il y a un gros travail
43:13sur la jeunesse,
43:13mais là,
43:14on est sur un travail social,
43:16de prévention,
43:17d'éducation,
43:18et puis aussi
43:18de lutte contre
43:19les discriminations.
43:20Vous savez,
43:21le meilleur argument
43:22que peuvent avoir
43:24ces narcos,
43:24c'est tous ces jeunes
43:26qui sont très diplômés
43:27dans ces quartiers,
43:28qui ne trouvent pas de travail.
43:29À quoi ça sert finalement
43:30d'aller à l'école ?
43:31Parce que finalement,
43:32personne ne voudra de vous.
43:33Venez avec nous,
43:34vous allez gagner de l'argent
43:35tout de suite.
43:35Les arguments,
43:36c'est d'une violence.
43:38Donc,
43:39aussi,
43:39à tous ces chefs d'entreprise
43:40et DRH qui nous écoutent,
43:41dites-vous que quand vous recrutez
43:43quelqu'un de ces territoires,
43:44vous créez un exemple
43:45de proximité.
43:45Oui,
43:46l'école,
43:46ça marche.
43:47Oui,
43:47la mobilité sociale,
43:49par le travail et par l'école,
43:50ça marche.
43:51Ce label,
43:52alors,
43:52vous l'avez évoqué rapidement,
43:53qui vient d'être officialisé
43:55à l'occasion du Forum économique
43:57des banlieues
43:57qui se tenait au CESE,
43:59au Palais d'Iéna,
44:00à Paris,
44:00c'était à la fin du mois de novembre,
44:02avec AFNOR Certification,
44:03donc le label
44:04Made in Banlieue.
44:06Déjà,
44:07on va le présenter.
44:07De quoi s'agit-il ?
44:08C'est un label
44:09qui a été créé.
44:11Nous avons d'un côté
44:12des directions d'achat
44:14d'entreprises
44:15de plus de 3 000 salariés,
44:17contraintes,
44:17bon,
44:18c'est en train de bouger
44:19par la CSRD,
44:21la directive européenne
44:22et les normes ESG,
44:23qui ont des obligations
44:24à acheter
44:25dans ce qu'on appelle
44:25les territoires pauvres.
44:26Sauf que quand vous êtes
44:27un acheteur de L'Oréal,
44:28Bouygues ou Accor,
44:30votre métier,
44:31ce n'est pas allé
44:31d'aller chercher
44:31des fournisseurs
44:32et de sourcer
44:33des fournisseurs
44:34à Roubaix,
44:34à Vaud-en-Velin
44:35ou je ne sais où.
44:36Et de l'autre côté,
44:37vous avez des TPE-PME,
44:38ces fameuses 250 000 boîtes
44:39qui rêvent de travailler
44:41et de se faire référencer.
44:43Elles ne savent pas
44:43toujours comment faire,
44:45elles ont
44:45quelques craintes
44:47en se disant
44:48« on ne va pas me sourcer,
44:49je ne vais pas être retenu ».
44:50Donc on a créé
44:52ce tiers de confiance,
44:53ce label,
44:54avec le meilleur
44:55et le plus grand
44:56certificateur de France
44:57qui est l'AFNR,
44:58pour pouvoir rapprocher
44:59ces deux structures.
45:01D'un côté,
45:02les directions d'achat
45:03qui, en voyant ce label
45:04et qui ont contribué
45:05à la création de ce label,
45:06se disent
45:07« ces TPE-PME
45:08qui sont labellisées,
45:09elles répondent
45:10aux critères qu'on attend
45:11donc on peut déjà
45:12commencer à négocier
45:13et à voir avec elles
45:14le produit,
45:14le service,
45:15le prix, etc. »
45:16Et de l'autre côté,
45:17ces TPE-PME
45:18qui se disent
45:18« ce label,
45:19c'est une clé pour moi
45:20pour accéder
45:20à la direction des achats
45:22d'AXA,
45:23de Vivendi, etc. »
45:25Et alors,
45:25les a priori
45:26dont on parlait,
45:27je crois que vous avez
45:28commandé un sondage
45:29sur ce thème-là,
45:30est-ce qu'ils se ressentent ?
45:32C'est-à-dire,
45:32est-ce que les Français
45:32disent
45:33« ah, un label
45:33Made in banlieue,
45:34ça m'intéresse ? »
45:35Alors,
45:3560%,
45:366 Français sur 10
45:38se disent prêts
45:39à acheter
45:39les produits
45:40ou les services
45:41d'entreprises
45:42labellisées
45:42« made in banlieue ».
45:43Je trouve ça extraordinaire
45:44à l'heure où on se dit
45:45« la France se replie
45:47sur elle-même,
45:48on est,
45:49c'est morose, etc. »
45:50C'est un signal
45:51de 6 Français sur 10
45:53qui disent
45:53« ils sont prêts
45:53à donner un coup de main
45:54à ces entreprises
45:56et à finalement
45:57à ce levier économique
45:58et finalement,
45:59quelque part,
45:59à ceux qui veulent
46:00s'en sortir
46:00par le travail,
46:02par la démarche
46:02entrepreneuriale
46:03et par la croissance économique. »
46:05Alors,
46:06il y a un principe
46:06dans cette émission,
46:07c'est que l'invité
46:08du Grand Entretien
46:09pose une question
46:10à l'un des invités
46:11de la semaine suivante.
46:13Alors,
46:13à votre place,
46:13la semaine dernière,
46:14il y avait Mirella
46:15Agache-Durand
46:16qui est la vice-présidente
46:17de l'AFG
46:17et qui est directrice générale
46:19de Groupama Asset Management.
46:20On va parler
46:20de rénovation
46:22des bâtiments.
46:23Regardez.
46:24Bonjour Aziz,
46:26j'ai compris
46:27que vous êtes passionnée
46:29par redonner
46:30un rôle clé
46:31dans l'économie
46:33aux zones
46:34des banlieues françaises.
46:37Il y a
46:38une autre dimension
46:39qui est la transition
46:40climatique
46:42et donc
46:43la rénovation thermique
46:44des bâtiments.
46:45Et dans ces régions,
46:47il y a beaucoup
46:47de bâtiments
46:48qui ont besoin
46:48de cette rénovation thermique.
46:51Est-ce que vous pensez
46:52qu'il y a
46:52une possibilité
46:53d'utiliser
46:54cette dynamique
46:57pour créer
46:58ces deux réponses
47:00positives,
47:01à la fois
47:01créer une zone
47:03d'activité économique
47:05et croissance économique
47:07à travers la rénovation
47:08des bâtiments
47:08dans ces zones
47:10et répondre
47:11à l'urgence climatique
47:12et puis peut-être
47:13à la hausse
47:14du pouvoir d'achat
47:15parce que dans ces zones,
47:17les personnes vivant
47:17dans des bâtiments
47:18mieux isolés
47:19payeront moins cher
47:20leur chauffage ?
47:22Alors ?
47:23Tout à fait.
47:25Dans le livre
47:26Made in Banlieue,
47:27il y a une dimension
47:28d'écolomie.
47:30C'est l'écologie
47:31mais vue
47:32comme un investissement
47:34productif
47:34et pas comme une dépense
47:35et pas moralisée.
47:37Et oui,
47:38dans ces territoires,
47:38bien sûr,
47:39qu'il y a un parc HLM
47:40vieillissant,
47:41des passoires thermiques.
47:42Il y a beaucoup
47:43de TPE,
47:44pardon,
47:44de TPE-PME
47:45qui bossent
47:46sur ces questions-là ?
47:47Alors on a à peu près
47:4820% des TPE-PME
47:50installés dans ces territoires
47:51qui relèvent
47:52du BTP construction
47:53travaux publics.
47:54Donc il faudrait
47:55les former
47:55à ce sujet
47:57de la transition écologique,
47:58massifier les appels
48:00d'offres
48:00sur ces territoires
48:01pour ne pas aller chercher
48:02les fournisseurs
48:04à l'autre bout
48:04de la région
48:05et puis structurer
48:07le financement
48:08qui va avec.
48:09Autant côté des ménages
48:10pour qu'il y ait un reste
48:11à zéro
48:11pour les travaux
48:14que pour ces TPE-PME
48:16que leurs travaux
48:17puissent aussi
48:18être bénéficiés
48:19de soutien,
48:21d'exonération fiscale,
48:22etc.
48:22Donc oui,
48:23moi je suis pour
48:24une transition écologique
48:25mais vu sous l'angle
48:26économique,
48:27c'est-à-dire
48:28combien je gagne
48:31et pas sur le côté
48:32moralisateur,
48:33oui vous n'avez pas
48:34trié vos poubelles,
48:35c'est pas bien.
48:35Non, pas ça.
48:36Il faut trier vos poubelles
48:37parce que ça va
48:38vous rapporter ceci
48:39et ça peut engager ça.
48:40Là en plus,
48:41il y a effectivement
48:41un argument économique,
48:42c'est ce que dit
48:43Mireille Lagajurant,
48:44c'est-à-dire qu'en plus
48:45sur le pouvoir d'achat
48:46de celles et ceux
48:48qui habitent
48:48dans ces passoires thermiques,
48:51il y aura un effet réel
48:52sauf que ce sont des foyers,
48:54alors pas seulement
48:55dans les QPV
48:55qui n'ont pas forcément
48:57les moyens d'investir.
48:58Vous parlez du reste à charge
48:59qui doit être à zéro.
49:00Qui porte l'investissement ?
49:03C'est les bailleurs ?
49:04C'est les villes ?
49:05C'est l'État ?
49:07Les bailleurs doivent le porter,
49:09en partie l'État.
49:12Mais vous savez,
49:12on a une vision à Bercy,
49:14c'est une vision
49:16de coût comptable.
49:18Il faut voir,
49:19comme vous venez de le dire,
49:20en coût global.
49:21L'économie qui va être réalisée,
49:23l'investissement qui peut être fait
49:24sur ce sujet,
49:25c'est autant de pouvoir d'achat
49:26en plus pour le ménage,
49:2842% de taux de pauvreté,
49:3042 milliards de consommation.
49:32Donc un peu plus d'économie
49:34pour le ménage,
49:34c'est un peu plus de consommation,
49:36un peu plus de TVA.
49:37Donc c'est en vision globale.
49:38ça ne sert à rien de dire,
49:40on va mettre 10 000 euros de plus
49:41et l'avoir uniquement
49:43comme une dépense.
49:44Il faut prendre un petit peu
49:45de recul et voir en coût global
49:46et en retour sur investissement global.
49:48Et c'est peut-être ce qui manque
49:50un petit peu à la lecture
49:51de certains de nos hauts comptables.
49:53Oui, et de nos politiques,
49:56on va terminer là-dessus.
49:57Est-ce qu'il y a,
49:58alors évidemment vous allez me dire
49:59non je ne veux pas choisir,
50:00mais est-ce qu'il y a
50:00un ou une personnalité politique,
50:02homme ou femme,
50:04qui est un peu plus en éveil
50:06sur ces questions-là,
50:08qui a commencé à l'intégrer,
50:10soit son programme pour la présidentielle,
50:13soit qui a agi dans sa ville par exemple ?
50:16On est, en tout cas,
50:18au niveau de quartier d'affaires,
50:19du forum économique,
50:20on est à disposition de tous les partis,
50:22de LSI, de M. Mélenchon
50:24jusqu'à Mme Marine Le Pen.
50:26Vous ne voulez pas en choisir ?
50:27Non, je choisirai celui
50:29qui en promettra,
50:31s'engagera au plus.
50:33Et pour l'instant,
50:34quand vous en parlez,
50:35vous avez l'impression
50:36d'avoir un mur en face de vous
50:37ou alors ça éveille quand même ?
50:39On sort de 40 ans
50:40où on a regardé les banlieues
50:42à travers le prisme sécurité,
50:43social, urbanisme.
50:45Leur donner de nouvelles lunettes
50:46pour regarder ça
50:47à travers le prisme économique
50:49et potentiel,
50:50c'est beaucoup de pédagogie
50:51parce que c'est une nouvelle façon
50:53de regarder.
50:54La première chose,
50:54quand je dis qu'il y a
50:55150 milliards de potentiel,
50:57je vous assure,
50:57c'est pas...
50:58Oui, c'est vrai,
50:58c'est...
50:59Comment vous dites ça ?
51:00Pourquoi ?
51:01D'où ça vient ?
51:01C'est suspect.
51:03Banlieue...
51:03Le mot banlieue est associé
51:05à sécurité,
51:06à action sociale,
51:07à urbanisme,
51:08pas encore.
51:09À économie
51:10et potentialité économique.
51:12Et c'est tout notre travail.
51:13Merci beaucoup,
51:14Aziz Séni,
51:14et à bientôt sur...
51:15À bientôt.
51:15Sur Bsmart4Champs,
51:16c'est l'heure de notre rubrique
51:17Startup, tout de suite.
51:18Smart Ideas,
51:26c'est notre rubrique
51:27consacrée aux startups.
51:28Startup éco-responsable,
51:29startup et innovation,
51:31j'accueille Muriel Moreau.
51:32Bonjour.
51:32Bonjour.
51:33Vous êtes la fondatrice
51:33de TRI,
51:34projet qui existe
51:35depuis 5 ans.
51:37Qui est né comment ?
51:38C'est quoi l'idée de départ
51:39de TRI ?
51:40Alors, l'idée de départ,
51:41c'est de valoriser
51:42de la laine
51:43qui est un coproduit
51:44du secteur laitier,
51:45donc de chez moi,
51:46dans le Pays Basque.
51:47Et malheureusement,
51:48en fait,
51:49cette laine est considérée
51:50comme un déchet.
51:51Donc, ça représente
51:511200 tonnes
51:52dont on ne sait pas
51:53quoi faire.
51:54Et l'idée,
51:54c'est de trouver
51:55des débouchés,
51:56redynamiser cette filière laine
51:58qui ne va pas très bien.
51:59Les 1200 tonnes
52:00dont vous parliez,
52:00c'est à la dimension
52:01de la région
52:02du Pays Basque ?
52:04Oui,
52:05Pays Basque et Béarnes.
52:06Pays Basque et Béarnes,
52:07d'accord.
52:07Mais au niveau français,
52:08ça fait 10 000 tonnes
52:09à peu près,
52:10sachant que ce n'est pas
52:11un sujet
52:12que de chez moi.
52:13Bien sûr.
52:14Qui finit où ?
52:15On va ensuite parler
52:15des solutions
52:17C'est jeté ?
52:18C'est brûlé ?
52:19C'est les deux.
52:20Alors, sachant qu'il n'y a pas
52:21de filière de recyclage
52:23de cette laine,
52:23donc en plus,
52:24les bergers et les bergères
52:25se retrouvent
52:25sans véritable solution
52:27pour s'en débarrasser.
52:28Et donc,
52:29vous vous dites
52:29qu'on va récupérer
52:30cette laine
52:31et en faire finalement
52:33une richesse
52:34pour faire quoi ?
52:35Alors,
52:35il y a plein de choses
52:36différentes qu'on peut faire.
52:37Il y a effectivement
52:38les voies classiques,
52:39faire du fil,
52:40des bonnets,
52:40des chaussettes,
52:41des pulls.
52:42Après, c'est vrai
52:43qu'on n'a pas que des laines
52:44de très grande qualité.
52:45Aujourd'hui, la référence,
52:46c'est le mérinos
52:47sur le marché mondial
52:48et on n'a pas que des laines
52:50fines comme ça.
52:51Donc moi,
52:51je me suis spécialisée
52:52dans ce qu'on appelle
52:53les non-tissées,
52:54c'est-à-dire qu'on fait
52:55de l'innovation matière
52:56et de l'innovation d'usage.
52:57On va mettre de la laine
52:58dans des endroits
52:59auxquels on ne pense pas
53:00forcément à la base.
53:01Par exemple,
53:02dans des cercueils ?
53:03Et oui,
53:04ça,
53:04c'est un des projets
53:07dont je suis très fière.
53:08Ça fait quasiment deux ans
53:09qu'on travaille dessus
53:10avec un des plus gros
53:11fabricants de capitons français.
53:14L'idée,
53:15c'est de remplacer
53:15les matières synthétiques
53:17et de mettre de la laine
53:18à la place
53:19dans les capitons.
53:20Qu'est-ce qu'il y a d'autre
53:20comme produit
53:21qu'on n'imagine pas
53:23où la laine des brebis
53:25du Pays Basque
53:25et du Berne
53:26se retrouve aujourd'hui ?
53:28On a un gros projet
53:30qu'on a démarré
53:31il y a deux ans maintenant.
53:32Ce sont des étuis en laine.
53:34C'est du packaging.
53:35C'est pour un grand château bordelais.
53:40On a réduit l'utilisation du bois
53:43et remplacé d'autres matières
53:44qui n'étaient pas forcément
53:45très écologiques
53:46par de la laine
53:47dans ce cadre-là.
53:49Est-ce que ça rapporte
53:50de l'argent
53:50aux agriculteurs,
53:54aux bergers ?
53:55Le modèle économique
53:57qui fonctionne comment ?
53:58L'idée,
53:59vu qu'on était face
54:00à une filière
54:01complètement sinistrée,
54:02le but de remettre en place
54:04une chaîne de valeur,
54:04c'est qu'elle soit
54:05le plus juste possible.
54:07Nous, l'objectif,
54:07c'est à minima
54:08de couvrir les frais de tente
54:09pour les éleveurs
54:10et aussi de redynamiser
54:13toute la chaîne,
54:14c'est-à-dire que
54:14toutes les transformations
54:15sont françaises.
54:17Chaque maillon de la chaîne
54:19de transformation
54:20est rétribué
54:21et ça nous permet
54:22de solidifier
54:23le tissu industriel français.
54:25Ça faisait combien d'années
54:26que cette laine,
54:27elle était finalement,
54:29elle passait par pertes
54:30et profits ?
54:31Plusieurs décennies ?
54:32Oui,
54:32on a perdu beaucoup
54:34de savoir-faire.
54:36Il faut savoir
54:36qu'elle était exportée
54:39vers la Chine
54:39jusqu'à avant le Covid.
54:41Depuis,
54:41c'est des pratiques
54:42qui ne sont pas vraiment
54:44revenues en masse.
54:45Mais oui,
54:46ça fait plusieurs dizaines
54:47d'années entre l'arrivée
54:47des matières synthétiques
54:48et la concurrence
54:50du marché mondial.
54:52Et on a perdu malheureusement
54:54beaucoup de savoir-faire.
54:55avec des propriétés naturelles
54:58en quelque sorte
54:59de cette laine
55:00qu'on peut mettre en avance.
55:01J'imagine que
55:02quand vous essayez
55:03de convaincre
55:03des clients
55:05d'utiliser la laine,
55:05de remplacer
55:06leur produit initial
55:09par la laine,
55:09vous dites quoi ?
55:10Déjà,
55:11c'est une matière naturelle
55:12avec tout l'impact
55:14environnemental
55:15positif
55:16que l'on connaît.
55:17Et puis,
55:17il y a le côté
55:18thermorégulant
55:20qui est quand même
55:21magique
55:22et qui est très très important
55:24dans des secteurs
55:25comme la puériculture.
55:26Il y a d'ailleurs
55:27de sortir une marque
55:28de puériculture
55:30pour les bébés.
55:31Donc,
55:31100% traçable.
55:33C'est aussi une matière
55:33qui est très saine.
55:35On nous vend souvent
55:35des allergies à la laine.
55:37En fait,
55:37ce n'est pas vrai.
55:38Il n'y a pas d'allergie
55:38à la laine.
55:39Au contraire,
55:40c'est des environnements
55:41qui sont beaucoup moins toxiques
55:42que des matières synthétiques.
55:44On termine avec
55:45les perspectives.
55:46Comment vous voyez la suite ?
55:47Les tries à 5 ans ?
55:49Vous ne projetez pas
55:52aussi loin ?
55:52Si,
55:52si.
55:54Vraiment,
55:54l'objectif,
55:55c'est de venir
55:55à bout
55:55de ces 1200 tonnes.
55:57Là,
55:57on a sorti
55:57plein de projets
55:59et de produits
56:00dernièrement,
56:00notamment un paillage
56:01pour remplacer
56:02les matières synthétiques
56:04qu'on met sur le sol,
56:05les bâches,
56:06auxquelles on croit beaucoup.
56:08C'est vraiment
56:08d'aller au bout
56:09de ces 1200 tonnes
56:11et puis d'aider
56:12à restructurer
56:13toute la filière française.
56:14Merci beaucoup,
56:15Muriel Moreau
56:16et bon vent à Traille.
56:17Voilà,
56:18c'est la fin de ce Smart Impact.
56:20Merci à toutes
56:20et à tous
56:21de votre fidélité
56:22à la chaîne des affaires.
56:23Salut !
56:25Sous-titrage Société Radio-Canada
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