Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 20 heures
Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
https://www.canalplus.com/cinema/
Facebook : https://www.facebook.com/canalpluscinema/
Twitter : https://twitter.com/Canalplus
Instagram : https://www.instagram.com/canalplus/

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Après les filles d'Alpha, Cauter Benania poursuit son exploration du réel en mêlant à nouveau fiction et documentaire dans la voix de Inra Djab.
00:09Elle intègre l'enregistrement authentique de la fillette piégée dans une voiture criblée de balles à Gaza,
00:15tandis que les secouristes du Croissant Rouge, eux, sont interprétés par des acteurs.
00:20Fred, qu'est-ce que ça t'évoque, ce dispositif ?
00:23D'abord, ça m'évoque de parler un tout petit peu du cinéma de Cauter Benania pour comprendre ce que c'est que ce film.
00:27Il y a plusieurs cinéastes dans l'histoire du cinéma qui ont utilisé les outils du documentaire dans la fiction.
00:34Il n'y a pas longtemps, Philippe montrait des extraits de Werner Herzog.
00:37Werner Herzog a beaucoup fait ça, je pense à Grizzly Man,
00:39où à un moment donné, il va quand même faire entendre le cri d'un fils qui va être assassiné par un Grizzly à sa mère, dans Grizzly Man.
00:48Moi, je pensais à Peter Watkins qui vient de nous quitter, qui est un cinéaste qui a beaucoup, on va dire,
00:52fabriquer de la fiction à partir d'outils documentaires, en faisant croire que c'était des actualités,
00:58la bombe atomique qui tombe sur Londres.
00:59Donc, je pense qu'elle s'est inscrite dans cette filiation-là.
01:01Elle avait fait le Chalat de Tunis, où elle faisait un documentaire pour raconter les méfaits d'un pervers.
01:06Elle a fait les filles d'olpha, où évidemment, elle mêlait encore les deux autres,
01:10les deux registres pour essayer d'interroger le rapport d'une mère à des filles qui sont parties au mouvement islamiste.
01:16Et dans ce film aussi, comme vous l'avez dit, d'un côté, on va entendre la voix de cette petite fille
01:21qui, pendant 70 heures, va être accrochée au téléphone dans une voiture qui vient d'être mitraillée,
01:27avec le croissant rouge, où les bénévoles sont accrochés, en train d'essayer de la faire tenir, pour essayer de la sauver.
01:33Or, on sait que cette petite fille ne sera pas sauvée.
01:36Ça nous est raconté dans le film, ça nous est montré dans le film.
01:39Il y a toujours, je veux dire, un indicateur dans le film pour nous montrer, effectivement,
01:43que c'est cette voix enregistrée de cette petite fille.
01:44Et d'un autre côté, Cauter Benania va essayer de reconstituer ce qui s'est passé au croissant rouge,
01:50c'est-à-dire qu'on va, à partir du témoignage de ceux, de ces bénévoles qui ont tenu cette petite fille au téléphone,
01:58et d'un côté, ce qu'elle va essayer d'avoir, c'est d'avoir le témoignage de la réalité, de ce qui s'est passé,
02:04mais également le témoignage émotionnel, la façon dont ils ont ressenti ces 70 heures.
02:09Et donc, je vais vous montrer un extrait, et vous allez comprendre quel est le propos et le dessin de Cauter Benania avec ce film.
02:16Pourquoi elle a fait ce film ?
02:17C'est de L'Eater.
02:40Tu crois que cette voix va susciter leur empathie ?
02:53C'est comme ça que se termine l'extrait.
02:55Or, Kauter Benania a entendu évidemment cet enregistrement,
02:58a appelé la mère de Inde pour essayer d'avoir...
03:01qu'elle lui permette de lui dire
03:03« Oui, tu as le droit d'utiliser cette voix. »
03:05Et ce qu'elle veut, elle a dit
03:07« Quand j'ai entendu cette voix, c'était la voix de Gaza. »
03:09Donc, ce que j'ai voulu, c'est faire entendre la voix de Gaza
03:12et montrer le silence de la communauté internationale
03:14qui ne répond pas à ça.
03:16C'est pour ça que ce film existe.
03:17Mais ce dispositif, il pose une question d'éthique, quand même, Philippe.
03:22C'est-à-dire que oui, on se retrouve quand même
03:24pendant tout un film avec la voix d'une petite fille qui n'est plus.
03:27Donc, évidemment, on est dans la pure émotion.
03:31Et ça, on ne peut pas le rejeter.
03:33En même temps, ça nous pose question.
03:36Est-ce que c'était le meilleur moyen
03:38pour rendre hommage à cette voix, à cette petite fille ?
03:43Parce que la fiction m'apparaît évidemment moins forte
03:47et elle est en même temps dans le même plan.
03:50Et c'est ça la difficulté.
03:52C'est-à-dire que j'ai un peu de mal avec la reconstitution.
03:55Je vois bien la démarche.
03:57Mais parce qu'elle croise avec des codes du thriller américain, Sophie.
04:01C'est ça.
04:01Il y a cette voix authentique et des codes du thriller.
04:04Une mise en scène très active qui ressemble, moi,
04:07qui m'a fait penser à la série The Pit qui se passe,
04:09ou 24 heures chrono.
04:10En tout cas, ces dispositifs qui sont là pour créer une tension
04:14et du suspense.
04:16Et notamment d'être très proche.
04:17Et donc, j'ai lu un peu ce qu'elle avait dit sur ce sujet.
04:20C'est qu'elle veut créer du présent.
04:22Elle veut montrer qu'elle veut immerger complètement le spectateur.
04:25et je trouve que la démarche est complètement louable.
04:26Mais si on n'a pas d'empathie pour une petite fille qui est assassinée,
04:29le cinéma ne pourra rien faire pour nous.
04:32En fait, on ne peut être que bouleversé par le film.
04:35Moi, j'ai versé toutes les larmes de mon corps encore une heure après le film.
04:37Et le lion d'argent à Venise.
04:38Mais on peut être aussi bouleversé par sa forme.
04:40Parce qu'en fait, c'est...
04:42Comment dire ?
04:44Effectivement, c'est une fiction avec tous les artifices que ça représente.
04:48La voix de Hind étant bien réelle,
04:50comme tu disais, on est pris entre deux feux.
04:52Mais je pense que c'était nécessaire
04:54pour que Cauter Banania puisse nous faire ressentir
04:58cet électrochoc qu'elle a envie de provoquer en nous.
05:01Et je me souviens très bien de la séquence d'ouverture du film.
05:04C'est une fréquence sonore, en fait,
05:05qui est visible depuis un écran d'ordinateur.
05:08Donc voilà, une ligne verte à l'horizontale.
05:11Et cette ligne, c'est évidemment le lien qu'on a avec Hind et Gaza,
05:15tout le hors-champ du film.
05:16C'est la ligne de vie.
05:17C'est la ligne de vie.
05:18Mais c'est la fréquence de notre propre humanité, en fait,
05:20qui est signifiée en un plan fixe et en un plan simple.
05:24Donc je vois bien qu'il y a des effets de mise en scène.
05:27Elle joue avec des effets miroirs, avec le réel.
05:29Elle joue avec les gros plans, avec des alternances
05:31entre le net et le flou, entre le premier et le second plan.
05:34Mais pour moi, la mise en scène, elle dit l'état de chaos.
05:36Elle ne dit pas l'état de suspense.
05:37Non, c'est peut-être ma réserve sur le film,
05:40mais ce n'est pas très grave, d'une certaine manière.
05:41Non, ce n'est pas très grave, mais je lui pardonne volontiers.
05:44Mais est-ce que le sujet...
05:45En fait, c'est ça qui m'intéresse, c'est qu'il pose plein de questions.
05:47C'est tous les films de Cahouter Benania.
05:48Oui.
05:48Je veux dire, les filles d'Alpha...
05:49Par le dispositif, elle nous fait nous poser des questions de cinéma.
05:51Les filles d'Alpha, c'était exactement la même chose.
05:53On se posait constamment...
05:54Mais c'était plus maîtrisé, me semble-t-il.
05:55En fait, c'était un peu différent.
05:57Le mélange de coqnets...
05:58Mais c'était moins fait dans l'émotion.
05:59Mais c'était moins boum boum dans l'émotion, bien sûr.
06:01Mais parce que la nature, en fait, elle adapte son dispositif à la nature du drame.
06:05Et dans les filles d'Alpha, le drame était quand même beaucoup plus intimiste.
06:08Je veux dire, c'était un drame familial.
06:09Et donc, on avait ce dispositif comme ça, très dépouillé.
06:12Là, pour elle, le drame est collectif.
06:13Et donc, elle nous met vraiment tout...
06:15Mais alors, des fois, il y a aussi les vrais voix des vrais gens dans le croissant rouge.
06:19Je n'ai pas très bien compris pourquoi.
06:21Là, il y avait aussi les vrais voix qui supportent le mélange.
06:23Oui, parce qu'il y a un mélange.
06:24Le réel fissure, toujours la fiction.
06:26Oui, mais là, c'est très théorique, ça.
06:27Sophie, ce qui me gêne avec, justement, cette mise en scène et ces rapprochements très...
06:33Vraiment, c'est palpable, leur stress.
06:36En fait, ça crée du suspense.
06:38Moi, je ne suis pas d'accord.
06:38Parce que pour ceux qui ne seraient pas au courant du destin de cette petite fille,
06:44on s'accroche à sa vie.
06:45Et là, je trouve qu'il y a quelque chose, d'un point de vue moral,
06:48qui peut être un peu gênant.
06:49Je suis d'accord avec toi sur le point de vue moral.
06:51Sauf que ça nous est quand même expliqué, dès le début du film,
06:54que Inde est morte, si tu veux.
06:58Pour moi, ce qui aurait été immoral ou manipulateur,
07:01ça aurait été de filmer du point de vue de Inde,
07:04ou ça aurait été de filmer la mort de l'incident.
07:07Ça, ça aurait été obscène.
07:08Et le film n'est jamais obscène du manipulateur.
07:10Jamais, jamais.
07:11Jamais, jamais.
07:12J'ai jamais.
07:12J'ai jamais.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations

CANAL+
il y a 1 jour