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  • il y a 2 jours
Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00Rebecca Zlotowski réalise un vieux rêve filmé Jodie Foster.
00:04L'actrice incarne une psy bouleversée par le suicide d'une patiente qui la fascinait, Virginie Effira.
00:10Elle entraîne son ex-mari Daniel Auteuil dans une enquête obsessionnelle.
00:15Et tout se mélange à l'écran comme dans sa tête entre Woudonite, comédie de remariage
00:19et portrait d'une femme qui réapprend à vivre et à écouter.
00:23Est-ce que vous avez été séduite par ce psychothriller avant ?
00:26Mais complètement.
00:27Et je suis de meilleure, de plus en plus conquise à vrai dire par le cinéma de Rebecca Zlotowski.
00:33Là j'ai trouvé que c'était un film très élégamment mis en scène, bien écrit, remarquablement interprété.
00:39Et j'aime beaucoup la manière dont le film démarre chez Liliane qui reçoit ses patients à domicile
00:45dans son appartement bourgeois, cossu.
00:47Et l'un de ses patients débarque pour lui dire qu'il la quitte, qu'il ne veut plus d'elle comme analyste,
00:52qu'elle lui a fait perdre 8 ans de sa vie et 32 000 euros.
00:55Et dans la foulée de cette première mauvaise nouvelle, elle apprend en effet qu'une autre de ses patientes, Paula Cohen, s'est suicidée.
01:02Alors l'ardoise est chargée, c'est vraiment une sale journée, un seul début de journée pour Liliane.
01:07Et effectivement, tu l'as dit Lily, la mort prématurée de Paula va obséder Liliane,
01:13au point qu'elle va décider d'enquêter sur les circonstances de sa mort.
01:16Elle ne croit absolument pas au suicide.
01:19Donc elle va enquêter sur cette mort prématurée, avec le soutien de son ex-mari, joué par Daniel Auteuil.
01:25Et ça va réactiver leur complicité d'antan.
01:28Ça m'a évidemment beaucoup fait penser à Meurtre mystérieux à Manhattan, mais Made in France.
01:34C'est un film enquête et l'enquête est à double fond.
01:36C'est Freudien en diable.
01:38Et franchement, j'ai trouvé ça délicieux.
01:40Oui, je vais vous montrer un extrait qui colle plutôt au côté thriller du film.
01:45Liliane est déjà en mode détective, comme vous allez le voir.
01:49Elle va tromper la vigilance de la guichetière, rentrer dans un lieu qui lui est interdit, évidemment.
01:54Et puis elle va se mettre à fouiller.
01:55Alors vous avez vu, la caméra n'a pas noté.
01:58Et en fait, c'est comme si on avait basculé de l'autre côté du miroir,
02:02entouré de ces petites boîtes qui renferment les secrets de la vie des autres.
02:06Évidemment, elle file à l'anglaise pour ne pas se faire prendre.
02:11Et puis vous allez entendre progressivement la musique qui était absente du début de la séquence va faire son entrée.
02:21Et au petit de l'escalier, je ne sais pas si vous avez vu,
02:26mais il y a des dalles noires et blanches.
02:29Et en fait, ces dalles m'ont rappelé le plateau d'un jeu d'échecs.
02:34Et voilà, la partie ne fait que commencer.
02:35– Mais on sent chez elle un vrai goût du genre, des codes du genre.
02:40Hein, Philippe ?
02:40– Mais des genres !
02:41Parce que c'est ce que disait Ara.
02:44C'est-à-dire qu'on pourrait prendre le film comme une comédie de remariage.
02:47– Complètement.
02:47– Puisqu'elle entraîne son ex, Daniel Auteuil.
02:51C'est un couple de cinéma vraiment merveilleux.
02:53– On pourrait en faire une série.
02:54– Oui, parce qu'au début, j'étais un peu à dire, tiens, et ça marche du feu de dieu.
02:59Il y a une scène d'ascenseur assez remarquable, très érotique, très sensuelle.
03:03– Oui, parce qu'elle renoue avec sa sensualité.
03:05– Mais bien sûr.
03:06Et en même temps, il y a ce côté enquête policière.
03:10Et avec la psychanalyse.
03:12C'est-à-dire qu'effectivement, moi, j'ai pensé évidemment à Marthe-Blessard-Johan Lattane,
03:15mais aussi à une autre femme, où il y avait cette obsession de voir
03:18qu'est-ce qui se passe dans la vie d'une psy quand elle n'est pas en consultation.
03:21Il y a quand même ça, avec toutes ces portes qu'on ouvre,
03:24et qui renvoient évidemment à la figure du policier.
03:27– Fred, je vous écoute, et j'ai vu le film deux fois.
03:31– Oh là là, quand il commence comme ça, on sait que ça va être terrible.
03:35– En fait, c'est un film que j'ai envie d'adorer.
03:39Tout ce que vous dites est vrai.
03:40L'enquête, je dirais, l'enquête intime,
03:42l'enquête évidemment sur la mort de Paula,
03:45Jodie Foster, Daniel Auteuil, couple magnifique à l'écran.
03:48Daniel Auteuil, il est, je veux dire, il est vibrant.
03:51Il est vibrant dans la scène de l'ascenseur.
03:52– Il est exceptionnel, oui.
03:53– Il est vraiment incroyable, et avec Jodie Foster.
03:57Et pourtant, moi j'ai une impression sans cesse de trop plein dans le film.
04:00– Oh non, c'est vrai que c'est pas amusé.
04:02– Trop de sophistication ?
04:04– Eh bien non, en fait, je ne m'amuse pas tellement.
04:06– À ouvrir les tiroirs, à ouvrir les portes.
04:08– Je suis sans cesse freiné dans mon élan,
04:10je vois vers où le film file,
04:12je vois bien un peu les outils scénaristiques qu'il emmène,
04:15mais il y a tellement de portes que ça freine.
04:18Par exemple, il y a un effet, la mise en scène est extrêmement sophistiquée.
04:21Les escaliers, t'en parles, ils sont partout, ils sont là,
04:23c'est des motifs fiches coquiens.
04:25Et par exemple, il y a un truc qui m'a toujours freiné
04:28dans les deux visions du film,
04:29c'est la post-synchronisation du film.
04:31C'est un film qui est post-synchronisé,
04:32et j'ai l'impression que ça freine toujours l'élan comique du film.
04:35– Je pense que tu chipotes un peu,
04:36parce que moi dans la salle, ça riait beaucoup.
04:37Et il y a cette idée des larmes,
04:39j'aimerais bien que vous me parliez de ça,
04:40les larmes qui coulent toutes seules.
04:41– En fait, Liliane, elle porte un masque,
04:44et à mesure que l'intrigue avance,
04:46le masque va évidemment se fissurer.
04:48Et ce qui est très beau, c'est qu'à la suite,
04:49justement, de l'annonce de la mort de Paula,
04:52ses yeux vont se mettre à pleurer.
04:53Elle a cette phrase géniale en disant
04:54« Je ne pleure pas, mais ce sont mes yeux qui pleurent ».
04:56C'est une réaction physiologique, évidemment,
04:59face au décès, à ce drame.
05:04– Vous parliez du cinéma des autres,
05:06mais quand même, on retrouve globalement
05:07les thèmes du cinéma de Rebecca Zlotowski.
05:10Le deuil précoce, la culture et la religion juive,
05:12la maternité contrariée,
05:14parce que cette psy est aussi une merde.
05:16– Oui, c'est comme un point d'étape
05:17dans sa carrière de cinéaste,
05:19la réflexion sur la cérébralité
05:20et d'aller plus vers l'émotion, le mainstream aussi.
05:23– Clairement, et c'est encore une fois
05:24un magnifique portrait de femme.
05:25Et justement, cette réaction de larmes
05:28qui ne cesse de couler,
05:29je trouve que ce qu'elle arrive à faire,
05:30c'est qu'en changeant complètement d'identité
05:33par rapport à ses précédents,
05:34en allant vers le thriller,
05:35elle ne perd jamais l'essentiel
05:37de faire un grand portrait de femme.
05:39Et sur le papier, cette psy un peu acariâtre,
05:42complètement égocentrée, égocentrique,
05:44elle n'est pas aimable.
05:45Elle n'est pas aimable et franchement…
05:46– Elle est délicieusement désagréable.
05:48– Je sais ça, c'est très agréable de la détester.
05:50Et pourtant, en fait, Rebecca Zlotowski arrive
05:53à faire comme dans son précédent film,
05:56un lien émotionnel et maternel…
05:58– Les enfants des autres.
05:59– Les enfants des autres.
06:00Elle arrive à créer cette émotion tellement vive.
06:02et moi, pareil, je l'ai vu deux fois.
06:04Et la première fois,
06:05j'étais complètement dans ta position.
06:07Et la deuxième fois, finalement,
06:08le film m'a offert d'autres portes d'entrée,
06:10d'autres lectures.
06:11Moi, ce n'est pas un film qui me fait hurler.
06:12– Mais vous l'avez quand même revu deux fois.
06:13Vous voyez, il y a quelque chose
06:14que vous avez cherché.
06:15– Parce qu'on cherche les secrets derrière la porte.
06:17C'est exactement ce que disait Frédéric.
06:18– Pourquoi elle a piqué le titre à Louis Mal ?
06:20Parce que c'est un titre qu'elle essayait
06:22sur plusieurs films.
06:22Qu'est-ce qui l'intéressait ?
06:23– Mais c'est « Vie privée, privée de vie ».
06:26C'est aussi renversé.
06:28Soyons un peu lacaniens, quoi.
06:30– Soyons un peu lacaniens, je suis bien d'accord.
06:33– Non, non, non, non.
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