Avec Vincent COQUEBERT, journaliste, essayiste et chroniqueur
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00:01Stéphane, vous êtes avec nous et vous avez envie de réagir au sujet du jour. Allez-y, Vincent Coquebert vous écoute.
00:08Bonjour Brigitte, bonjour Vincent.
00:10Bonjour.
00:11Merci de prendre l'antenne. Alors moi, ce que j'aimerais dire, c'est que je constate autour de moi que les hommes ne se plus aller vers les femmes car ils ont peur.
00:18Ils ont peur d'être accusateurs de harcèlement, voire d'agressions sexuelles. Ils ont peur d'être convocats au commissariat et au travail d'être licenciés.
00:25Enfin moi, je le vois dans l'espace public au travail ou chez n'importe quel professeur de santé, même dans nos toilettes au boulot, il y a des affiches sur les violences faites aux femmes.
00:34On nous montre constamment que les femmes sont les trois et les hommes sont les prédateurs.
00:38Et franchement, je ne vous parle même pas de la nouvelle loi sur le consentement qui est terrifiante.
00:42En plus, on voit bien comment cette nouvelle langue néo-féministe avec des mots fourre-tout comme masculiniste, patriarcat ou emprise ont envahi notre quotidien.
00:49Alors moi, je trouve que c'est un petit peu paradoxal car les femmes veulent des mecs virils, mais elles n'acceptent plus cette altérité physiologique et elles voient en chaque homme un prédateur potentiel.
00:59Donc on ne sait plus très bien sur quel pied danser avec les femmes, en tout cas les mecs honnêtes.
01:03Oui, oui, mais vous avez raison.
01:07Mais le problème, si vous voulez, c'est que pour beaucoup de femmes,
01:12alors je ne parle pas spécialement des femmes qui écoutent cette émission,
01:16parce que les femmes qui écoutent cette émission sont quand même des femmes qui souvent sont un peu plus libres dans leur sexualité que peut-être la femme en général.
01:24Mais aujourd'hui, beaucoup de femmes qui ont eu des relations sexuelles,
01:28par exemple quand elles étaient plus jeunes et qui n'étaient pas forcément des relations sexuelles très, très, très abouties et très agréables,
01:36pensent presque qu'elles ont été violées.
01:38Il y a une sorte de culture du viol qui, moi, me semble,
01:44on met ce mot un petit peu trop facilement sur une relation sexuelle
01:47où peut-être la femme n'a pas eu de plaisir ou a peut-être été un petit peu mal,
01:54mais ce n'est pas pour autant un viol.
01:55Un viol, c'est vraiment un acte où on ne veut pas avoir de relations sexuelles.
02:03Alors moi, je pense qu'en fait, il y a deux choses.
02:09On est aujourd'hui complètement, on a investi l'identité comme dernier bastion.
02:14Et ça, je reviens, je suis désolé, encore avec ma marotte sur la fin des années 2000.
02:20Mais par exemple, on parle souvent de MeToo,
02:23mais la vague de féminisme qu'on connaît aujourd'hui, en fait,
02:26on l'a vu apparaître dès 2011-2012 sur les réseaux sociaux.
02:30Parce que les réseaux sociaux, après cette crise économique-là
02:33qui nous a révélé finalement qu'on avait de moins en moins,
02:35ce qu'on appelle l'agentivité, c'est en fait avoir de la prise sur son environnement,
02:39sur son destin, sur notre manière de gérer notre vie.
02:41Comme on avait de moins en moins ce sentiment d'agentivité,
02:44finalement, l'identité est devenue le dernier petit baston de pouvoir.
02:47Donc l'endroit où, quelque part, on va pouvoir se dire
02:50je maîtrise ma vie, je maîtrise mon existence.
02:54Et les réseaux sociaux sont apparus.
02:55Et les réseaux sociaux, qu'est-ce qu'ils ont fait ?
02:56Ils sont venus en fait nous enfermer dans ce qu'on pourrait appeler des bulles genrées.
03:00Où hommes et femmes, en fait, se sont mis à vivre
03:02dans des univers numériques de plus en plus différents.
03:05Où, du côté des hommes, on leur a dit finalement
03:07la responsable à ton malheur, c'est la jeune femme émancipée.
03:10Et du côté des femmes, on leur a, quelque part,
03:12elles sont, de manière assez régulière, voire perpétuelle,
03:16confrontées à des discours, en fait, qui viennent confirmer leur peur,
03:18leurs craintes, leurs sentiments, en disant
03:20que les hommes sont structurellement hostiles à leur rencontre.
03:23Donc ça a, quelque part, créé une sorte d'identité défensive
03:26où chacun voit dans l'autre, finalement...
03:29Mais en même temps, c'est aussi les médias
03:33qui circulent tout ça de plus en plus.
03:36Tout à fait, Brigitte. Ça, c'était la deuxième partie.
03:38C'est que, tout en même temps, j'en avais un tout petit peu parlé
03:40la première fois où vous m'aviez invité pour la sortie de mon livre,
03:42c'est que la grammaire relationnelle n'est plus du tout
03:45dans l'état d'esprit libertaire des années 70.
03:47Quand Stéphane parle de cette loi du consentement,
03:50qu'est-ce que vous en dites, vous, personnellement ?
03:53Je ne la connais pas précisément, la loi du consentement,
03:55mais ce qu'elle me révèle, c'est qu'aujourd'hui,
03:59on ne parle des relations hommes-femmes, des relations amoureuses,
04:02et ça commence de plus en plus aussi à l'être rien que pour l'amitié,
04:04qu'à travers, en fait, des termes de pathologie médicale.
04:07C'est la dépendance affective, c'est l'emprise amoureuse,
04:10c'est la toxicité, c'est le pervers narcissique.
04:13Alors, c'était un psychiatre qui s'appelait Racamier,
04:15qui l'avait théorisé.
04:17Et lui, à l'époque, je ne sais pas si vous vous souvenez,
04:18mais il ne parlait pas, en fait, d'individus pervers narcissiques.
04:20Il parlait de relations, d'échanges pervers narcissiques,
04:23où finalement, on était à la fois bourreaux et victimes dans cette manière de...
04:27Et, quelque part, c'est venu incarner le croque mitaine de l'époque,
04:30le pervers narcissique, donc...
04:32Et d'ailleurs, on...
04:32Oui, mais aujourd'hui, on voit des PN partout.
04:34Bien sûr, mais on est...
04:35Les femmes se disent qu'elles sont avec un homme
04:37qui est peut-être un petit peu autoritaire ou dominant.
04:43C'est un PN.
04:45Enfin, moi, je suis assez d'accord avec vous, Stéphane.
04:47Je trouve ça assez stupide,
04:49parce que ça ne fait que renforcer cette guerre des sexes
04:54qui rend tout le monde malheureux, d'ailleurs,
04:56parce que beaucoup de femmes se plaignent d'être seules
04:58et beaucoup d'hommes n'osent plus aller vers les femmes.
05:01Donc, il va falloir, à un moment donné,
05:03qu'on trouve un autre chemin.
05:05C'est vrai, mais ça révèle de manière...
05:07Stéphane, vous voulez réagir ?
05:09Excusez-moi, Stéphane, allez-y, je vous en prie.
05:11Non, non, c'est pour ça que je vous écoute, Brigitte, régulièrement,
05:13parce que vous êtes régulièrement d'accord avec moi.
05:15Non, mais ce que je voulais vous dire, Stéphane,
05:18c'est que c'était, à mon sens, aussi révélateur,
05:20en fait, d'une société.
05:21C'est pour ça que j'ai dit que ça a beaucoup changé depuis les années 110.
05:23Dans les années 110, la valeur fondatrice, c'était la liberté.
05:26Aujourd'hui, on est une société,
05:28et on va dire de manière collective,
05:29hommes et femmes qui sommes passionnés par la sécurité.
05:31On veut du confort, de la sécurité, du bien-être.
05:34Donc, à un moment donné, quand on n'a pas ça,
05:36et en fait, comme la sécurité est, on va dire,
05:38une notion cannibale,
05:39plus on en a, plus on en veut,
05:40et dès qu'on descend un tout petit peu,
05:41d'un seul coup, on va se sentir fébrile,
05:43on va sentir que c'est une injustice,
05:45on va se sentir, voilà, quelque part un peu victime.
05:48Et cette ambiance, en fait, de protection tous azimuts...
05:53Oui, mais ce qu'on oublie,
05:55c'est qu'on ne peut pas avoir et la sécurité et la liberté.
05:57Le curseur, il faut le choisir...
05:59Mais d'ailleurs, on parle très très peu de liberté aujourd'hui,
06:01si on regarde bien,
06:02si on écoute bien le discours social.
06:04Aujourd'hui, on ne nous promet pas vraiment de la liberté.
06:05On nous dit que vous allez pouvoir être vous,
06:07mais ça ne veut rien dire.
06:08On est dans une société de moins en moins libre.
06:10Bien sûr, mais c'est parce qu'on veut plus de sécurité.
06:13Et ça, c'est quelque chose qu'on veut collectivement.
06:15Et ça s'exprime ensuite dans les relations intimes.
06:18Bon.
06:19Écoutez, Stéphane,
06:20je ne suis pas très optimiste
06:24quand j'écoute Vincent Coquebert.
06:25Je ne sais pas ce qui nous attend, mais...
06:27Moi, je sais que maintenant, je préfère être seul.
06:30Vous préférez être seul ?
06:31Ah non, mais c'est clair, moi.
06:33Honnêtement, au travail,
06:34maintenant, je ne respecte personne.
06:36Je ne respecte qu'une seule femme seule.
06:38Je ne prends plus l'ascenseur.
06:39Je ne fais plus aucun dépassement professionnel
06:41en voiture avec une collègue.
06:44Je refuse.
06:45Je ne me justice pas, d'ailleurs.
06:46Je ne veux pas d'emmerdes.
06:49Mais Stéphane, vous savez ce que j'entends
06:50de la part de mes...
06:51J'ai quelques copains gays, homos.
06:55Et j'entends qu'il y a de plus en plus d'hommes
06:57qui deviennent homos.
06:58Il vous reste peut-être cette piste,
06:59si vous avez envie de ne pas finir seul.
07:02Merci, du coup.
07:05Écoutez, je vais tester, Brigitte.
07:06Et après, je vous rappellerai pour vous dire...
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