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00:05Donc c'est votre mari qui était addict à l'alcool ?
00:08Oui, ça fait maintenant presque dix ans qu'il a arrêté de boire.
00:13Bravo.
00:14Oui, c'est ça, tout à fait.
00:16Parce que c'était une histoire de famille, d'adolescence.
00:20Son papa et son grand-père qui buvaient aussi.
00:23Et c'était en fait une bagarre pour tous les deux, pour arriver à ce qu'ils s'en sortent.
00:31Et à couper en fait ce lien familial aussi en même temps.
00:36Il a eu plusieurs rechutes comme souvent ou pas ?
00:39Alors, il a essayé en fait tout seul parce que son médecin généraliste ne l'avait pas pris en main correctement.
00:45Donc lui voulait arrêter.
00:47Donc il a essayé d'arrêter tout seul à la maison et j'ai cru que j'allais le perdre.
00:51Parce que c'était...
00:51Ça c'est ce qu'il ne faut pas faire.
00:53Voilà, c'est ce qu'il ne faut pas faire.
00:55Et puis ensuite, en fait, on a changé de médecin généraliste.
00:59Et on est passé d'étape en étape en allant voir un addictologue.
01:04En fait, lui, il a pris aussi conscience qu'il fallait qu'il arrête quand il a perdu son papa.
01:10Et ça a créé un déclic.
01:12Et puis petit à petit, en fait...
01:14Qui est mort à cause de l'alcool, son père ?
01:17Oui, à cause de l'alcool, oui.
01:18À cause d'une férose au foie.
01:20Oui, oui.
01:20C'est 50 000 morts par an, je crois, l'alcool ?
01:23L'alcool, c'est 41 000 morts par an.
01:26Ça, et 70 000, le cigarette.
01:28En France, 75, le tabac.
01:30Bon, j'étais à peu près dans les chiffres.
01:31Oui, c'est pas mal.
01:32Pas mal.
01:33Vous êtes une bonne addictologue, Brigitte.
01:34Oui, donc ça, ça a été un...
01:37Oui, bien sûr, un appel fort quand même, quand on voit...
01:40Oui.
01:42Quand on voit un parent qui s'en va pour ça, et puis c'était ça.
01:46Et moi, j'étais prête à partir, elle le quittait, parce que c'était aussi pour protéger mes enfants.
01:52Et même pour vous-même, c'est difficile.
01:54Oui, c'est difficile, mais en premier, en général, quand on est maman, on le fait pour ses enfants.
02:02Parce que j'ai...
02:03En fait, je suis tout le temps passée après mes enfants et après mon mari.
02:06Il n'y a pas très longtemps, en fait, il n'y a que...
02:09Quand mon mari s'est arrêté de boire, j'ai commencé à m'occuper de moi.
02:14Et voilà, le chemin est fait.
02:16Et aujourd'hui, en fait, notre couple est toujours debout.
02:19Nos enfants vont bien, tout le monde va bien.
02:22Super.
02:22On arrive à se reconstruire de jour en jour et voilà, on est plus fort qu'avant.
02:28Et il n'a plus du tout de suivi ou il a encore un suivi de fond ?
02:31Non, il n'a plus de suivi.
02:33Après, c'est vrai qu'on se soutient tous les deux parce que moi, j'avais fait du coup prise de poids, addition au sucre pour essayer de tenir le choc.
02:41Et en fait, maintenant, on fait tous les deux du sport.
02:43Et moi, je fais attention aussi de parvenir addict au sport parce qu'on y va presque quatre fois par semaine tous les deux.
02:52Mais c'est un peu notre...
02:54Alors, qu'est-ce que vous faites comme sport ?
02:57Je fais en général du HIIT ou du crossfit.
03:00Dans salle alors ?
03:01Oui, en salle, oui.
03:03C'est bien. Vous faites quoi ? Une heure à chaque fois ?
03:06Entre une heure et demie et deux heures par jour.
03:10Ah ouais ?
03:10Quand même, vous m'intéressez, Céphanie.
03:15Oui, on est déjà dans du sport intensif.
03:18Un peu intensif, oui.
03:19Oui, oui.
03:20Mais ça vous fait du bien ?
03:21Et ça fait du bien et en fait, ça permet de se réconforter.
03:25En fait, on se sent...
03:26Ça vide la tête, en fait.
03:28Et vous êtes tous les deux en plus, vous le faites tous les deux ?
03:30Oui, donc ça a un lien dans notre couple.
03:33On ne le fait pas ensemble parce que moi, je vais dans des cours et lui, il fait surtout de la musculation individuelle.
03:39Mais ça permet de discuter de choses qu'on connaît tous les deux.
03:42Ça crée un lien.
03:44C'est génial.
03:46Bravo, Céphanie, pour tout ça.
03:47Merci.
03:50Après, il faut être fort, il faut y croire, il faut essayer d'avoir confiance en fait en l'un et l'autre.
03:56C'est ça qui nous a réussi.
03:57Mais vous, l'addiction aussi, que vous avez arrêtée toute seule ou vous avez été vous faire aider aussi ?
04:04Non, moi, j'ai réussi à arrêter toute seule parce que je n'ai pas trouvé de médecin qui pouvait arriver à m'accompagner.
04:12Et en fait, j'en ai fait un petit peu mon métier aujourd'hui.
04:15J'ai fait une reconversion professionnelle pour accompagner les gens sur la pleine santé.
04:23Parce que c'est difficile quand on a des problèmes comme ça, en fait, de trouver des personnes qui sachent écouter sur la nutrition, sur tout l'ensemble.
04:32Et j'en ai fait un petit peu mon cheval de bataille aujourd'hui.
04:36C'était probablement pas de l'addiction au sucre que vous aviez, mais c'était une hyper-consummation sucrée ou un peu du bilginting, quoi ?
04:43Oui, mais quand, par exemple, si mes enfants mangeaient une part de gâteau qui restait et que c'était la dernière, je me mettais en colère, je devenais très très méchante.
04:53Mais pourquoi ? Parce que l'envie était plus forte et qu'en fait, ils étaient passés avant moi et que j'arrivais en fait à...
05:01Oui, c'était du sucre émotionnel, quoi.
05:03Oui, c'était ça, c'était sur les émotions.
05:06Oui, parce que du coup, c'est comme si on ne s'intéressait pas à vous, comme si on vous oubliait, quoi.
05:11Oui, c'était pour le réconfort intérieur.
05:14Oui, oui.
05:16Ben, c'est super.
05:17Donc là, on voit bien, en effet, que ce n'est pas tout à fait l'addiction au sens addictif.
05:21Non, ce n'est pas l'addiction, c'est de l'hyper-consommation émotionnelle, quoi.
05:26Oui, c'était surtout sur le sucre, parce que tout ce qui était après, je ne sais pas, il y en a aussi sur le fromage ou la charcuterie, moi, c'était vraiment les gâteaux, la pâtisserie, en fait.
05:37Donc, j'étais capable de faire un gâteau et de manger tout ça dans la pâtisserie.
05:41On sait bien, d'ailleurs, que c'est souvent vers le sucre qu'on va quand c'est des kilos émotionnels.
05:47Et d'ailleurs, on voit aussi autre chose, c'est que certains patients qui arrêtent leur consommation addictive d'alcool ou de certaines drogues peuvent se basculer sur le sucre.
05:57Comme l'arrêt de la cigarette, d'ailleurs, aussi.
05:59Oui, et la cigarette aussi, oui.
06:00Un réconfortant, vous voyez.
06:01Oui, comme si c'était le doudou, la petite sucette qu'on tète.
06:06Il y a beaucoup d'images, symboliquement, d'ailleurs, qui sont proches entre le sucre et l'amour.
06:15Oui, vous étiez un petit peu abandonnée par un mari alcoolique.
06:20Vous deviez vous occuper beaucoup de vos enfants et plus personne ne s'occupait de vous.
06:26C'est ça, il y avait beaucoup de choses à porter, donc il faut trouver quelque chose pour arriver à tenir.
06:31Vous avez traversé l'épreuve et finalement, vous en sortez grandit.
06:38C'est quand même toujours le message qu'il faut donner.
06:41Les épreuves nous rendent toujours plus forts quand on arrive à les dépasser.
06:45Après, j'essaye d'être résiliente et de rester positive.
06:48Et je pense que c'est ça qui arrive à faire tenir.
06:52Et aucun de vos enfants n'a une tendance à boire ?
06:57Alors, pour l'instant, mes enfants ont 22 et 25 ans.
07:00Oui, donc...
07:01Oui, mon fils a eu très peur au moment de l'adolescence,
07:05quand il commençait à sortir avec ses copains, peur de faire la même chose que son père.
07:10Et puis, il était suivi, j'ai emmené voir des psychologues,
07:13pour qu'ils puissent en fait exprimer et qu'on lui explique
07:15que ce n'est pas parce que son père avait fait pareil qu'il pouvait faire pareil.
07:19Oui, la génétique n'explique pas de toute façon.
07:22Oui, et du coup, il a compris, il a en fait enlevé les peurs,
07:25et puis aujourd'hui, il vit sa vie tout à fait normalement,
07:28à faire des soirées avec ses amis, sans...
07:31Oui, mais donc, on voit bien que là, il n'y a pas du tout eu de tendance à boire de la part de vos fils.
07:38Et ça peut être un facteur protecteur de toute façon, quand il y a des choses comme ça dans les familles.
07:42Surtout pas faire comme papa.
07:44Ou maman.
07:45Ou maman, oui, parce qu'il y a malheureusement de plus en plus de femmes alcooliques.
07:48C'est d'ailleurs assez problématique, parce que la femme en plus supporte beaucoup moins l'alcool,
07:55sur le plan de la santé et tout ça.
07:56On les voit plus à l'état de complication après, quand elles viennent en consultation.
07:59Oui, oui.
08:00Bah écoutez, joli parcours Stéphanie.
08:04On peut s'en sortir, oui.
08:06Bah oui, c'est aussi un message positif pour tous les auditeurs qui écoutent,
08:11qu'en fait, si on prend la force, on peut y arriver.
08:15Attention quand même à ne pas vous faire mal au sport, parce que sinon ça pourrait poser un problème.
08:21Donc soyez prudente.
08:21Oui, ça arrive des fois.
08:22Oui, c'est des arrivées, donc il faut apprendre à écouter son corps et pas aller trop loin.
