- il y a 5 heures
Christine Malèvre, 28 ans, infirmière hospitalière dévouée, scrupuleuse, proche des familles. Au printemps 98, sa silhouette va se profiler derrière des décès brutaux de malades âgés. Le soupçon va enfler, la liste des cas suspects va s'allonger: jusqu'à 30.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
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00:00C'est tout de suite.
00:0314h15, c'est l'heure du crime sur RTL.
00:06Jean-Alphonse Richard.
00:08A l'hôpital François Quenet de Mante-la-Jolie, tout le monde s'accorde à dire que Christine Malèvre était une excellente infirmière.
00:15Aujourd'hui il semble donc acquis que ce n'est ni pour l'argent ni pour son intérêt personnel qu'elle a aidé à mourir quelques 30 malades,
00:22toutes des personnes âgées en phase terminale.
00:24Bonjour, Christine Malèvre, 28 ans, une infirmière hospitalière douce et dévouée, proche des familles.
00:33Au printemps 98, sa silhouette va pourtant se profiler derrière les morts étranges d'un pan de patients.
00:40Le soupçon va alors enfler, la liste des cas suspects va s'allonger jusqu'à 30.
00:46Les a-t-elle aidés à mourir pour abréger leur souffrance ou bien est-elle une tueuse en série ?
00:52Christine Malèvre, la mort en blouse blanche, l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait d'hiver, c'est tout de suite sur RTL.
01:00Dimanche 3 mai 1998, Jacques Gutton, 71 ans, admis à l'hôpital François Quenet de Mantes-la-Jolie après un accident cardiovasculaire,
01:17est retrouvé sans vie dans sa chambre.
01:19C'est l'infirmière Christine Malèvre, en poste dans le service neurologie-pneumologie, qui a signalé le décès.
01:26Elle venait tout juste de rendre visite à M. Gutton.
01:30Cette mort attire tout de suite des doutes et des réserves chez les collègues de l'infirmière.
01:36Christine Malèvre avait en effet insisté pour injecter davantage de trancsène à ce cardiaque.
01:42Le médecin avait refusé.
01:44Aux aides-soignantes, l'infirmière avait laissé entendre que les jours du patient étaient comptés.
01:49« Vous allez voir les filles, ça va être pour nous », avait-elle déclaré.
01:53Françoise Leprêtre, infirmière en chef, se demande ce que faisait Christine Malèvre dans la chambre.
01:59Elle interroge l'infirmière.
02:01Elle manifestait une certaine nervosité en nous parlant de ce décès.
02:05Elle n'avait pas une attitude sereine, se souvient Françoise Leprêtre.
02:09Christine Malèvre, 28 ans, est une figure familière de l'hôpital François Quenet.
02:14Elle y travaille depuis 4 ans, réputée très proche des patients, de leur famille,
02:19au point que certains malades la tutoient, l'appellent par son prénom.
02:24L'infirmière s'occupe souvent de la toilette mortuaire, tâche dévolue d'ordinaire aux aides-soignantes.
02:29Elle achète des fleurs et se rend aux obsèques des patients décédés.
02:32On lui connaît une admiration pour Mère Thérésa, la religieuse qui a consacré sa vie aux plus faibles.
02:40Lundi 4 mai, l'infirmière en chef, Françoise Leprêtre,
02:45le chef du service neurologie-pneumologie, le docteur Olivier Hill,
02:50et le directeur de l'établissement, Henri Gosset, se concertent sur le cas Christine Malèvre.
02:56Jacques Gutton est en effet mort d'un excès de chlorure de potassium.
03:02Les soupçons se concentrent sur l'infirmière.
03:05Elle n'en serait pas à son premier décès suspect.
03:08Il y a quelques jours, le 27 avril, Patrice Collin, 29 ans, souffrant d'une maladie irréversible
03:14et décédé d'une administration trop rapide de morphine.
03:18Il était plongé dans le coma, entouré par deux aides-soignantes.
03:22Quand elles se sont absentées, c'est Christine Malèvre qui a pris leur place.
03:26Peu après, Patrice Collin a rendu son dernier souffle sous le regard de l'infirmière.
03:31Marie-Anique, collègue de Christine Malèvre, se souvient, elle, d'un incident qui l'a beaucoup choqué.
03:38En novembre 1997, après la mort de Dominique Kostmann, 47 ans,
03:44elle s'est aperçue que le goutte à goutte de morphine,
03:47censé s'écouler de 6h du matin à 18h, était déjà vide.
03:52À 7h30, Christine Malèvre lui avait dit que la seringue avait ripé.
03:57C'était une mauvaise manipulation.
04:01« Tu n'as pas le droit de faire ça », avait écrit Marie-Anique à sa collègue,
04:05sans toutefois ébruiter l'affaire.
04:08Mercredi 6 mai 1998, le directeur de l'hôpital entend Christine Malèvre.
04:13Elle nie toute implication dans le décès de Jacques Gutton.
04:16Le directeur alerte le procureur de Versailles.
04:19Il évoque des soupçons de pratiques euthanasiques.
04:22L'infirmière est mise à pied.
04:24Le lendemain, elle tente de se suicider.
04:26Elle avèle deux boîtes de l'exomile.
04:28Son compagnon la découvre, inconsciente, dans la baignoire.
04:32Sauvée par les pompiers, hospitalisée à François Quenet où elle travaille,
04:36elle a écrit ce mot à ses collègues.
04:38« Je préfère partir de ce monde où l'on protège les salopes
04:42et où l'on accuse les innocents ».
04:45Christine Malèvre, qui est alors soignée,
04:48va être placée dans un service psychiatrique,
04:50avec une tentative de suicide qui ne stoppe pas pour autant la marche de la justice.
04:55L'enquête va comptabiliser des morts suspectes à l'hôpital de Mont-la-Jolie.
04:59Et puis, on va se tourner encore une fois et encore toujours
05:02vers l'infirmière soupçonnée de meurtre,
05:04voire même, on va le voir, d'assassinat.
05:07Ce n'est pas rien, parce que là, on va changer évidemment de registre.
05:10On va en parler dans la suite de l'heure du crime.
05:13Bonjour Éric Favreau.
05:17Bonjour.
05:18Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans l'heure du crime en direct.
05:23Vous êtes journaliste, vous étiez à l'époque des faits
05:27chargé du domaine de la santé à Libération
05:29et vous avez suivi toute cette affaire pour ce journal Libération.
05:34Une question assez simple, Éric Favreau.
05:37Pourquoi la mort de Jacques Guthon attire-t-elle soudain l'attention ?
05:42Après tout, c'est un monsieur qui était sans doute en fin de vie.
05:45La mort était inéluctable.
05:47On se doutait bien qu'il allait évidemment mourir un jour
05:51et peut-être que cette date était proche.
05:53Pourquoi d'un seul coup, on s'intéresse à ce cas ?
05:56Oui, c'est intéressant de se poser la question
05:59parce que d'ordinaire, avec un seul décès comme ça,
06:02normalement, on n'aurait pas dû du tout s'y attarder.
06:04Bien sûr.
06:05Il semble, en tout cas, très clair
06:08qu'il y avait quand même un petit souci
06:10autour de Christine Malèvre dans l'équipe.
06:12Christine Malèvre était d'une certaine façon
06:14presque un petit peu surveillée
06:16par les autres membres de l'équipe soignante
06:17qui se méfiaient un petit peu d'elle
06:19en raison de son empathie un peu trop manifeste,
06:22de sa présence un peu trop parfois morbide.
06:25Et c'est ça qui a fait que la mort de ce monsieur
06:28est parue à toute l'équipe un petit peu comme une goutte d'eau,
06:33ou la goutte d'eau de trop, et qu'ils ont réagi.
06:35Parce qu'il ne faut pas oublier que c'est quand même très rare
06:36qu'une équipe se désolidarise d'une de leurs membres.
06:40Donc, vraiment, il y avait un certain passif.
06:43Alors ça, c'est très intéressant.
06:44Effectivement, on va rentrer un petit peu
06:46dans la vie de cet hôpital au fil de cette émission
06:48parce qu'il faut parler, évidemment, de cette structure.
06:51Éric Favreau, qui est cette infirmière, Christine Malèvre ?
06:55On l'a dit, vraiment entreprenante.
06:58Elle est douce, elle est tranquille.
06:59Elle est très proche des familles
07:01et peut-être un peu trop proche, d'ailleurs, des familles.
07:04Oui, on va découvrir progressivement que c'est une infirmière.
07:07Alors, on peut, à l'époque, faire un portrait très contrasté.
07:11Certains vont dire que c'est une infirmière extrêmement douce,
07:14charmante, extrêmement proche des familles,
07:16au point même d'aller aux enterrements
07:18quand la personne décède,
07:20au point même d'offrir des fleurs,
07:22au point même de ne pas du tout réchigner
07:24à faire quelque chose qui est quand même lourd
07:26dans un service hospitalier,
07:28c'est-à-dire la toilette mortuaire.
07:29Donc, il y avait le beau côté,
07:32le beau côté d'une, non pas une sainte,
07:34mais une infirmière extrêmement empathique,
07:36voire un peu trop.
07:37Et de l'autre côté, voilà,
07:39le reste de l'équipe qui la trouvait un petit peu bizarre.
07:44Elle franchissait des lignes de cette profession
07:46qui était qu'il faut faire quand même une distinction
07:48entre ce qui est de l'ordre du travail,
07:51de ce qui est de l'ordre du privé et de l'intime,
07:53et que mêler un peu trop les deux
07:54peut poser des problèmes,
07:56surtout dans des services
07:57où il y a beaucoup de décès.
07:58Et alors ça, effectivement,
07:59voilà, vous décrivez bien,
08:00il y a une espèce d'empathie peut-être excessive
08:02chez cette femme.
08:03En tout cas, elle adore ses patients,
08:05elle les adore au point de les suivre
08:06jusqu'à la dernière minute de leur vie
08:08et ça, c'est quand même assez troublant.
08:10Bonjour Richard Palin.
08:12Oui, bonjour.
08:12Merci beaucoup d'être vous aussi avec nous
08:15dans cette heure du crime
08:16et votre témoignage nous est précieux aujourd'hui,
08:18Richard Palin,
08:18parce que vous êtes le juge d'instruction
08:20qui a conduit ce dossier.
08:23C'est vous, vous êtes sans doute
08:24l'une des personnes qui connaît le mieux
08:25Christine Malèvre,
08:27vous allez nous la décrire, évidemment.
08:29Alors, je reviens sur ce qu'on disait
08:30avec Éric Favreau, très intéressant,
08:32je pense que vous êtes d'accord avec lui.
08:33Il y a le cas Jacques Guthon
08:34qui attire tout de suite la suspicion,
08:37mais la suspicion de ses collègues,
08:40elles vont un petit peu la dénoncer,
08:42Christine Malèvre.
08:43Les infirmières avaient organisé
08:45une sorte de surveillance
08:46pour essayer de voir
08:49quelle était la pratique médicale
08:51de Christine Malèvre
08:52et d'essayer de trouver
08:54un élément qui serait confondant.
08:56Et le cas de Jacques Guthon
08:57a été celui qui a entraîné
08:59toute une série de réactions
09:02et notamment des courriers
09:03qui lui ont été adressés.
09:04Et puis, les infirmières,
09:06notamment la chère millière-chef,
09:07est allée voir le chef de service,
09:09le médecin-chef de service
09:10qui est tombé des nus
09:11en lui expliquant qu'ils avaient des doutes.
09:13C'est à partir de là
09:13que le directeur de l'hôpital
09:14a été saisi,
09:15qu'elle a été mise à pied
09:17et que le procureur de la République
09:18a été saisi.
09:19La rumeur, elle court très vite
09:20à l'hôpital, monsieur le juge.
09:23Il est vrai que dans ce service,
09:25il y a un bruit qui a commencé à courir
09:27depuis maintenant plus d'une année,
09:31selon lequel,
09:31quand Christine Malèvre était présente,
09:33les gens décédaient.
09:34Donc, si vous voulez,
09:35ce qui était devenu au début
09:36une sorte de conjuration,
09:38de mauvais œil,
09:40de mauvaise plaisanterie,
09:41a pris avec le temps
09:42un peu de substance,
09:44un peu d'importance,
09:45parce que la réalité,
09:47c'est que souvent,
09:48les infirmières disaient
09:49« Ah, Christine Malèvre est de permanence
09:51ce week-end,
09:52il y a des gens qui vont mourir. »
09:53Et puis, les gens mouraient.
09:56Parfois,
09:56elles s'affolaient,
09:57elles couraient dans les couloirs
09:58en disant
09:58« Monsieur X ne va pas bien,
10:00il va mourir, il va mourir. »
10:01Et tout le monde se regardait
10:02en se disant
10:03« Mais non,
10:03il n'est pas en phase terminale,
10:05il n'a pas de raison de mourir. »
10:06Et il mourrait.
10:08Encore une question,
10:09Richard Palin.
10:10Le service où elle travaille,
10:12neurologie, pneumologie,
10:13est-ce qu'il pourrait être mis en cause
10:15ce service à ce moment-là ?
10:17C'était un service
10:18qui ne dysfonctionnait absolument pas.
10:20C'était un service
10:21absolument remarquable
10:23et dans lequel
10:23la prise en charge
10:24de la douleur
10:25était tout à fait,
10:28j'ai envie de dire,
10:28prise en compte
10:29et était une des priorités
10:31d'ailleurs
10:31du médecin-chef de service.
10:33Et tout le monde
10:34pouvait attester d'ailleurs
10:35que c'était
10:35le plus gros consommateur
10:36de produits
10:37pour lutter contre la douleur
10:39au sein de la morphine
10:42et autre.
10:42C'est ça,
10:43antidouleur
10:43et tranquillisant évidemment.
10:45Eric Faveur,
10:45petite question pour vous.
10:47Elle tente de se suicider,
10:48Christine Malèvre,
10:49quand effectivement
10:49elle est mise à pied.
10:51Tout de suite,
10:51elle se présente
10:52comme une victime.
10:54Oui,
10:54elle se présente.
10:55En tout cas,
10:55on le saura plus tard
10:56parce que tout ça
10:56n'est pas tout à fait
10:58au début.
10:58Bien sûr.
10:59Le rendu public,
10:59ces tentatives de suicide
11:01évidemment
11:01pour l'extérieur
11:04a quelque chose
11:04de touchant,
11:05de triste,
11:05de douloureux.
11:07Et puis surtout,
11:08ça va intervenir
11:09dans un contexte
11:10où il y a quand même,
11:11il ne faut pas oublier,
11:12l'infirmière a une très très bonne image
11:14dans le public,
11:15en général.
11:16Les seins de l'infirmière,
11:18etc.
11:18Alors que les médecins
11:19ont parfois une image
11:21un peu négative
11:22ou un peu dure
11:23et que sur les choses
11:24les plus lourdes,
11:24les plus douloureuses,
11:26ils renvoient ça
11:26sur les infirmières.
11:27Donc,
11:27il y a quelque chose
11:28tout de suite
11:28qui apparaît
11:29comme un petit peu injuste.
11:30Une infirmière,
11:31on l'attaque
11:32et elle se suicide
11:33dès la nuit.
11:34Mais comme vient de le dire
11:35le juge d'attraction,
11:36il y a cette chose
11:36quand même très impressionnante.
11:38C'est quand même très rare
11:39que dans un service hospitalier,
11:41une équipe soignante
11:42se mette à surveiller
11:43une des leurs.
11:44Et ça,
11:44c'est une grande question.
11:45Évidemment,
11:46on va encore y revenir
11:47sur cette question.
11:48L'infirmière va apparaître
11:49comme l'égérie
11:50de l'euthanasie.
11:52Christine Malèvre,
11:53la mort porte une blouse blanche.
11:55Un jour,
11:55j'ai vu un homme
11:56tuer sa femme malade
11:57puis se suicider.
11:58Pour moi,
11:58c'était un geste d'amour.
12:00L'enquête de l'heure du crime.
12:01On se retrouve
12:01dans un instant sur RTL.
12:04L'heure du crime,
12:05c'est avec
12:05Jean-Alphonse Richard
12:06sur RTL.
12:08Détails sur carrefour.fr
12:1014h-15h,
12:12Jean-Alphonse Richard
12:13sur RTL.
12:15L'heure du crime.
12:17L'heure du crime
12:17consacrée aujourd'hui
12:18à l'affaire Christine Malèvre.
12:20En mai 98,
12:21cette infirmière,
12:2228 ans,
12:22se retrouve soupçonnée
12:23d'avoir provoqué
12:24la mort de patient
12:25dans un hôpital
12:26des Yvelines.
12:27Elle nie les faits.
12:28Une enquête judiciaire
12:30pour homicide est ouverte.
12:31Elle va être interrogée.
12:34Mardi 7 juillet 98,
12:36deux mois après sa mise en cause
12:37dans l'affaire des morts soudaines
12:39à l'hôpital François Quenet
12:41à Mont-de-la-Jolie.
12:42Christine Malèvre
12:43est en garde à vue
12:43à la police judiciaire de Versailles.
12:45Elle sort d'un long séjour
12:47en psychiatrie.
12:48Ces dernières semaines,
12:49les enquêteurs ont recensé
12:51tous les décès de patients
12:53en présence de l'infirmière.
12:54Au total,
12:55197 depuis son embauche,
12:57selon le commandant
12:58Alain Lepache.
13:00Les statistiques sont formelles.
13:02Il y a trois ou quatre fois
13:03plus de décès
13:04lorsque Christine Malèvre
13:05est présente dans la chambre
13:07en garde à vue.
13:08L'infirmière se dit
13:09victime de rumeurs.
13:10Après quelques heures,
13:11elle se dit prête à parler.
13:13Elle énumère des cas suspects.
13:14Pour l'un,
13:15elle a fait passer
13:16une injection de morphine
13:17qui devait durer 12 heures
13:19en seulement une heure et demie.
13:21Le surdosage a été fatal.
13:23Elle a utilisé
13:23du chlorure de potassium,
13:25substance qui provoque
13:26une mort rapide.
13:27Pour dix patients,
13:29elle a fait les injections
13:30à leur demande.
13:32Ils voulaient mourir.
13:33Pour 20 autres,
13:35c'était de sa propre initiative.
13:37Au total,
13:3730 victimes.
13:39L'infirmière se justifie
13:40en disant qu'elle a voulu
13:41abréger les souffrances
13:42des malades
13:43en les accompagnant
13:44dignement dans la mort.
13:47Mercredi 8 juillet,
13:49Christine Malèvre
13:49a mis un examen
13:50pour huit homicides volontaires.
13:53Elle est placée
13:53sous contrôle judiciaire.
13:54A ce stade,
13:55aucune plainte de famille
13:56n'a été enregistrée.
13:58Le cas Malèvre
13:58enflamme l'opinion.
14:00On prend fête et cause
14:01pour elle.
14:02Pas un ange exterminateur,
14:04mais une femme
14:04pleine de compassion
14:05pour des patients
14:06en fin de vie.
14:07Même le ministre
14:08de la Santé,
14:09Bernard Kouchner,
14:10demande qu'on la comprenne.
14:11Christine Malèvre
14:12va témoigner
14:13de sa croisade
14:14pour l'euthanasie
14:15à la télévision.
14:16Invité de la prestigieuse émission
14:18La Marche du siècle,
14:20ses collègues infirmières
14:21sont stupéfaites.
14:23Quant aux familles des victimes,
14:24elles sont ulcérées
14:25par ces déclarations.
14:28Jeudi 24 septembre,
14:29deux mois et demi
14:30après sa mise en examen,
14:31Christine Malèvre
14:31est entendue
14:32par le juge d'instruction
14:33Richard Palin.
14:35Elle revient sur ses aveux.
14:36Elle était sous pression
14:38en garde à vue.
14:38Elle n'a jamais tué
14:3930 personnes.
14:40Son avocat évoque
14:41de 6 à 8 cas.
14:43Le juge,
14:44qui n'excluait pas
14:45des actes d'euthanasie,
14:46va désormais
14:47se raviser.
14:49Une première équipe
14:50d'experts psychiatres
14:51indique que Christine Malèvre
14:53souffre de troubles
14:54de la personnalité.
14:56Elle éprouverait
14:56une fascination
14:57pour la mort
14:58et notamment
14:59celle des patients.
15:00L'infirmière
15:01se projetterait
15:02dans la souffrance
15:02des autres.
15:04Christine Malèvre
15:04a ainsi raconté
15:05avoir été témoin
15:06d'un drame
15:07qui l'a beaucoup marqué
15:08dans sa carrière.
15:09C'était en 96.
15:10Un mari était venu
15:12à l'hôpital
15:12visiter son épouse
15:13atteinte d'Alzheimer.
15:15Le couple
15:16s'était longuement embrassé
15:17puis trois coups
15:19de feu ont claqué.
15:20Le mari venait
15:21de tuer sa femme
15:22et il s'était suicidé.
15:23J'ai pensé
15:24que c'était
15:24un geste d'amour
15:25commente Christine Malèvre.
15:27Pour certaines victimes
15:28elle évoque
15:29un pacte intime.
15:31Promettez-moi
15:32que le jour
15:32où tout est fini
15:33vous m'aiderez
15:34lui aurait dit
15:35un patient.
15:35Pour un autre
15:36elle a accéléré
15:37le débit
15:38de la perfusion.
15:39J'ai pensé
15:40c'est bien
15:41il ne souffre plus.
15:42Un psychiatre
15:43ne croit pas
15:44à cette explication
15:44selon lui.
15:46Madame Malèvre
15:47agit en toute puissance
15:49mais pas du tout
15:50dans le cadre
15:51de l'euthanasie
15:52écrit-il.
15:54Et ça
15:55c'est très important
15:55ce que dit ce psychiatre.
15:57Il est premier
15:57à formaliser
15:58à écrire
15:59à mettre le doigt
16:00sur cette question
16:01et finalement
16:02s'il ne s'agissait pas
16:03d'euthanasie
16:03mais d'homicide
16:05commis peut-être
16:06sous le coup
16:06de la pitié
16:07ou bien si c'était
16:08tout simplement
16:08des assassinats
16:10parce que Christine Malèvre
16:11serait fascinée
16:12par la mort
16:12par le spectacle
16:13de la mort.
16:15Ça peut exister
16:15une fascination
16:16morbide.
16:17Alors le juge
16:18évidemment
16:18il va poursuivre
16:19son enquête
16:20et il va organiser
16:20une reconstitution
16:21vous allez le voir
16:22qui est capitale
16:23dans ce dossier
16:24parce que c'est un vrai
16:24tournant
16:25qui va se produire
16:27mais ça on va en parler
16:27dans le prochain chapitre
16:29de l'heure du crime.
16:31Alors
16:3130 victimes
16:32c'est ce qu'elle déclare
16:33Christine Malèvre
16:34Eric Favreau
16:35vous êtes avec nous
16:36dans cette heure du crime
16:37vous nous aidez
16:38à éclairer cette histoire
16:39vous êtes journaliste
16:40et à l'époque
16:40vous étiez
16:41en poste à libération
16:42vous avez suivi
16:43toute cette enquête.
16:4430 victimes
16:45c'est ce qu'elle déclare
16:46je suppose que ce chiffre
16:48à l'époque
16:49dans les médias
16:50dans les journaux
16:50et notamment le vôtre
16:51ça explose
16:5330 victimes
16:54et bien non
16:55ça n'expose pas du tout
16:57c'est ça qui est très impressionnant
16:58et ça révèle
16:59un petit peu
16:59l'air du temps
17:01de l'époque
17:02il y avait une sorte
17:03de
17:03pas de tropisme
17:05mais de regard
17:06extrêmement bienveillant
17:07sur cette infirmière
17:08parce que
17:08il faut rappeler
17:09qu'on a quand même
17:10le sentiment
17:11qu'en France
17:12dans les hôpitaux
17:13on meurt mal
17:13qu'il y a quelque chose
17:15qui ne se passe pas bien
17:16que même
17:17que lorsqu'une personne
17:18voudrait accélérer
17:19un petit peu
17:19il n'y a pas de réponse médicale
17:21donc il y a un regard
17:22très empathique
17:23et très positif
17:23sur ceux qui auraient
17:26le courage
17:26d'accélérer
17:27et de réduire
17:28l'agonique
17:29donc d'une certaine façon
17:30lorsqu'il y a eu
17:31tous ces premiers cas
17:32il y a eu
17:33et comme vous le rappeliez
17:34des déclarations
17:35très étonnantes
17:36du ministre de la santé
17:37et de plein de personnages
17:39pour dire
17:39non non non
17:41peut-être qu'elle en a fait
17:43un peu trop
17:43mais c'est une femme
17:44qui était portée
17:45par son cœur
17:46et par son
17:47volonté de soutenir
17:49donc d'une certaine façon
17:50on n'a pas fait
17:51très attention
17:52au nombre
17:52puis c'est
17:53en tout cas
17:54de l'extérieur
17:54et puis ne nous revenaient pas
17:55toutes les informations
17:56c'est plus tard
17:57et ça je crois
17:58qu'on y reviendra
17:59quand il y aura
18:00des statistiques
18:01que là tout va changer
18:02et oui évidemment
18:02tout va changer
18:03puis évidemment
18:04le visage de cette femme
18:05va se modifier
18:05va changer
18:06le juge va avoir aussi
18:07un regard différent
18:08on va en parler avec lui
18:09il est notre invité
18:10Richard Palin
18:11dans cette heure du crime
18:12on va en parler avec lui
18:12dans un instant
18:13encore une question pour vous
18:14Eric Favreau
18:15c'est étonnant
18:16cette infirmière
18:17qui a un visage rond
18:20très calme
18:21elle est très timide
18:22elle a une petite voix
18:23assez perchée
18:24d'ailleurs
18:24elle s'exprime un peu
18:26difficilement
18:27elle n'ose pas trop
18:28s'exprimer
18:29ben là on la retrouve
18:30à la télévision
18:30dans une d'émissions
18:31fardele de l'époque
18:32ça c'est incroyable
18:33c'est tout à fait incroyable
18:35et d'une certaine façon
18:37quand même
18:38on aurait dû réagir
18:39un petit peu plus
18:39d'ailleurs de tous côtés
18:40c'était absolument
18:41ahurissant
18:42voir un petit peu obscène
18:43qu'elle vienne à la télévision
18:44pour parler de dossiers
18:46aussi intimes
18:46mais il y avait
18:47à l'époque encore
18:48cette idée
18:49de la regarder
18:51de façon très positive
18:52en disant
18:52mais quel courage
18:53elle a
18:53même elle
18:54elle ose venir
18:55à la télévision
18:56puis après d'ailleurs
18:56elle va écrire un livre
18:57un peu
18:58mais voilà
18:58il y avait ce décalage
19:00de l'opinion
19:01et que reflètent un petit peu
19:02dans la presse
19:03les médias
19:04qui étaient d'être
19:05du côté de Christine Mallet
19:07contre
19:08contre entre guillemets
19:09l'hôpital
19:09l'institution
19:10voilà
19:10ceux qui ne voulaient pas écouter
19:11la douleur des personnes
19:13qui vont mourir
19:13alors ça c'est très instructif
19:15ce que vous nous racontez
19:16évidemment Eric Favreau
19:17parce que là
19:17on se replace dans l'air du temps
19:18de l'époque
19:19et ça c'est important
19:20effectivement
19:21bon ça fait pas beaucoup de bruit
19:22elle a des gens à mourir
19:23elle est gentille
19:24donc voilà
19:24il faut être dans son camp
19:26et être avec elle
19:27et au contraire
19:27la soutenir
19:28Richard Palin
19:30vous êtes avec nous
19:30dans cette heure du crime
19:31juge Richard Palin
19:32juge d'instruction
19:33à l'époque
19:33dans ce dossier
19:35alors au début
19:35on croit à la piste
19:37de l'euthanasie
19:38c'est même la seule qui compte
19:39finalement c'est cohérent
19:41ce qu'elle raconte
19:41sur le sujet
19:42je veux bien vous croire
19:45vous nous dites
19:46que vous avez agi
19:47à la demande de ces personnes
19:49ou pour soulager
19:50des souffrances
19:51et pourquoi pas
19:53mais le problème
19:54c'est que pour l'instant
19:54avec les éléments que j'ai
19:55vous êtes en contradiction
19:57avec tout le monde
19:57alors on a le droit
19:58d'avoir
19:58d'avoir raison
20:00contre tout le monde
20:01mais c'est pas forcément
20:02toujours évident
20:03toujours facile
20:03donc je lui avais dit
20:05je vous crois
20:06j'ai pas de raison
20:06de ne pas vous croire
20:07mais si je vous prends
20:08en défaut
20:08alors les choses tourneront
20:10et vous perdrez ma confiance
20:11et le dossier
20:12prendra une autre dimension
20:13une autre tournure
20:14c'est ce qui s'est passé
20:15par la suite
20:16quand on a eu
20:17une preuve objective
20:18alors elle est devant vous
20:19cette femme
20:20cette infirmière
20:21dont tout le monde parle
20:22qu'est-ce qu'elle vous inspire
20:25cette femme
20:25quand vous l'écoutez
20:27quand vous la questionnez
20:28quand elle arrive
20:30dans mon bureau
20:31elle est avec son avocat
20:33nous savons déjà
20:35que la qualification
20:36sera celle
20:37d'homicide volontaire
20:37puisque l'euthanasie
20:38ça n'existe pas
20:39en droit pénal français
20:40et nous savons également
20:41parce que le procureur
20:42l'a requis
20:43qu'il n'y aura pas
20:43de questionnement
20:45sur la détention provisoire
20:46donc elle sera placée
20:47sous contrôle judiciaire
20:48donc je lui pose
20:49la question suivante
20:50est-ce que vous voulez répondre
20:51à mes questions
20:52faire des déclarations spontanées
20:54ou garder le silence
20:55et elle décide
20:56de faire une déclaration spontanée
20:58qui va être très brève
20:59il y a trois lignes
21:00alors qu'est-ce qu'elle vous dit
21:00justement
21:01alors
21:02elle dit
21:04elle dit ceci
21:05j'ai aidé à mourir
21:088 personnes
21:09dont elle donne
21:10les identités
21:12ce qui est en contradiction
21:13d'ailleurs flagrante
21:15avec ce qu'elle avait dit
21:15aux enquêteurs
21:16lors de la garde à vue
21:17puisque lors de la garde à vue
21:19elle avait indiqué
21:20avoir aidé à mourir
21:20à leur demande
21:22une dizaine de patients
21:23et abréger les souffrances
21:25d'une vingtaine de patients
21:26et puis il y a
21:27donc ces 8 cas suspects
21:28donc que vous retirez
21:30effectivement
21:31de cet écrémage
21:32j'ai envie de dire
21:33de tous ces patients
21:34qui sont morts
21:35mais il y a 8 cas suspects
21:37mais il y en a d'autres
21:38on ne sait pas là-dessus
21:40moi je n'ai pas la possibilité
21:43à ce moment-là
21:44de lui poser des questions
21:45sur les 20 autres patients
21:47qu'elle aurait aidé
21:48à mourir
21:49parce qu'ils étaient
21:50en grande souffrance
21:51donc je ne peux pas
21:52l'interroger
21:53donc on en reste
21:54si vous voulez
21:54à une position
21:55extrêmement minimaliste
21:56qui est sa vérité
21:58à ce moment-là
21:58c'est
21:59j'ai aidé à mourir
22:00à leur demande
22:018 patients
22:02elle me donne les noms
22:03et je la mets en examen
22:04pour homicide volontaire
22:05sur ces 8 patients
22:06là tout a changé
22:08Eric Favreau en mots
22:08là-dessus
22:09parce qu'effectivement
22:10il y a cette mise
22:10d'un examen
22:11pour 8 patients
22:12on a l'impression
22:13que la justice
22:13s'est ressaisie
22:14ou en tout cas
22:14qu'il y a deux voix
22:15dans cette histoire
22:16il y a quelque chose
22:17de très saisissant
22:20d'ailleurs de ce que vient
22:21de vous dire
22:21à demi-mot
22:22le juge d'instruction
22:23c'est qu'il s'est senti trahi
22:25il s'est senti trompé
22:26il est arrivé
22:27en ayant confiance
22:28en se disant
22:29ben voilà
22:29c'est une infirmière
22:30la peau
22:30il lui tombe
22:31quelque chose de terrible
22:32moi je veux bien la croire
22:33et il la croit au début
22:35il la croit
22:35et puis après
22:36il se rend compte
22:37qu'elle lui a raconté
22:38un peu n'importe quoi
22:39et donc là
22:40il se sent presque trahi
22:41et donc il y a
22:42un vrai changement
22:43non seulement de ton
22:45mais en tout cas
22:45de sa part
22:46de regard sur le dossier
22:47et ce qui va totalement
22:48changer la suite
22:49une reconstitution
22:51va effectivement
22:53changer la donne
22:54Christine Malèvre
22:56la mort porte une blouse blanche
22:57il voulait mourir
22:59je l'ai lu dans ses yeux
23:00l'enquête de l'heure du crime
23:01et si l'infirmière mentait
23:03inventait des euthanasies
23:04en chaîne
23:04accomplie par compassion
23:06serait-elle alors
23:07une tueuse en série
23:08à suivre
23:09dans un court instant
23:11sur RTL
23:11Jean-Alphonse Richard
23:13sur RTL
23:14c'est l'heure du crime
23:15jusqu'à 15h
23:1614h15
23:18Jean-Alphonse Richard
23:20sur RTL
23:21l'heure du crime
23:23il y a une prise de conscience
23:25de la justice
23:26que madame Malèvre
23:29n'est pas celle
23:30qui se présentait
23:31comme une femme
23:32compatissante
23:33mais comme une femme
23:34déséquilibrée
23:35qui a perdu
23:37complètement
23:38le contrôle
23:39et n'a pas respecté
23:41également
23:41les règles déontologiques
23:43qui sont celles
23:43des infirmières
23:44retour aujourd'hui
23:46dans l'heure du crime
23:46sur l'affaire
23:47Christine Malèvre
23:48cette jeune infirmière
23:49est accusée
23:49de plusieurs morts suspectes
23:51dans un hôpital
23:51des Yvelines
23:52elle évoque
23:53des gestes d'euthanasie
23:54une longue enquête
23:55va plutôt opter
23:56pour des assassinats
23:57un an plus tard
23:58elle est réentendue
23:59jeudi 8 avril 99
24:02Christine Malèvre
24:0329 ans
24:03est à nouveau face
24:05au juge d'instruction
24:05Richard Palin
24:06ce dernier
24:07a transformé son cabinet
24:08en chambre d'hôpital
24:10tout le matériel nécessaire
24:12à une injection
24:12est là
24:13lors de l'enquête
24:14l'infirmière
24:15avait expliqué
24:15que la seringue électrique
24:17s'était vidée
24:17d'un seul coup
24:18sur une patiente
24:19décédée le 17 novembre 97
24:22Dominique Kostmann
24:2447 ans
24:25elle était morte
24:25d'une surdose de morphine
24:27Christine Malèvre
24:28parle d'un accident
24:29mais lors de la reconstitution
24:31il apparaît
24:32que la seringue
24:34ne peut pas
24:34se vider d'un seul coup
24:36même en cas de dérèglement
24:38mécanique
24:39le trou de l'aiguille
24:40est bien trop petit
24:41pour laisser passer un jet
24:42en continu
24:43Christine Malèvre
24:44aurait donc menti
24:45elle aurait déconnecté
24:47la seringue de la machine
24:48et procédé manuellement
24:50à une injection
24:52express
24:53L'infirmière
24:55L'infirmière est réinterrogée
24:55sur le cas
24:56Jacques Gutton
24:57dont la mort est à l'origine
24:58de l'enquête
24:59Christine Malèvre
25:00avait prétendu avoir agi
25:01à la demande
25:02du septuagénaire
25:04or
25:04Jacques Gutton
25:05était
25:06aphasique
25:07il n'aurait pas pu
25:08formuler une telle demande
25:09selon l'infirmière
25:10le monsieur avait posé
25:12sa main sur sa gorge
25:13elle a interprété ce geste
25:15comme une demande
25:16à mourir
25:16mais les experts
25:17la contredisent à nouveau
25:18l'aphasie du malheureux
25:20était en total
25:22il ne pouvait même pas bouger
25:24Christine Malèvre
25:25réplique
25:26j'ai lu
25:26qu'il voulait mourir
25:28dans ses yeux
25:29Christine Malèvre
25:30est mise en examen
25:30pour 11 assassinats
25:32elle est placée en détention
25:33court séjour en prison
25:34ce sont finalement
25:357 assassinats
25:36qui vont être
25:37retenus
25:38contre elle
25:39et dans cette heure du crime
25:41on retrouve l'un de nos invités
25:42c'est Richard Palin
25:44le juge d'instruction
25:45dans ce dossier
25:46Richard Palin
25:47un an plus tard
25:48il vous organisait
25:49dans votre bureau
25:50cette étonnante
25:51reconstitution
25:53parce que vous voulez
25:54avoir le coeur net
25:55tout simplement
25:55sur cette histoire
25:56vous voulez la vérité
25:57et vous savez
25:59d'entrée
26:00que ce moment
26:00il va être très important
26:02oui c'était très important
26:04parce que c'est la première fois
26:05qu'on pouvait avoir
26:06une preuve objective
26:07de ce qui s'était passé
26:09à partir de ces propos
26:10donc je fais reconstituer
26:12dans mon bureau
26:13évidemment
26:14en présence de Christine Malèvre
26:15et puis
26:15des médecins experts
26:16le système
26:18de pompe à morphine
26:19de tubulure
26:20de seringue
26:21et puis je lui demande
26:22de reconstituer l'effet
26:23et évidemment
26:24c'est impossible
26:25puisque
26:26l'eau étant incompressible
26:27même si vous appuyez
26:28extrêmement fort
26:29sur le piston
26:31de la seringue
26:31le débit est commandé
26:33par le trou de l'aiguille
26:35vous ne pourrez jamais
26:36augmenter
26:37le débit
26:37donc là nous avions
26:39la certitude
26:40si vous voulez
26:41technique
26:42qu'elle avait menti
26:43et ça c'est important
26:44évidemment Richard Palin
26:46ça change absolument tout
26:47Eric Favreau
26:49journaliste
26:50à l'époque
26:51vous bossez sur ce dossier
26:52pour libération
26:54de longues enquêtes
26:55et puis de longues journées
26:55parce que ça
26:56évidemment l'instruction
26:57est un peu compliquée
26:58elle est souvent technique
26:59alors là
27:00ce que nous dit
27:01le juge Richard Palin
27:03c'est que
27:03Christine Malèvre
27:04reconnaît
27:05enfin elle ne reconnaît pas
27:06en fait
27:06elle ne reconnaît rien
27:06elle a manipulé
27:08la seringue
27:08mais de toute façon
27:09pour elle
27:10ça ne change pas grand chose
27:10parce qu'elle va continuer
27:11à dire
27:12c'était pour le bien
27:12de mes patients
27:13c'est bien ça
27:14Eric Favreau ?
27:15oui ça ne change pas grand chose
27:17et en même temps
27:17ça change un peu tout
27:18parce qu'on
27:19d'abord
27:19il y a un mensonge
27:20alors donc
27:22elle se targue
27:23d'être une personne
27:24d'une certaine façon
27:25très morale
27:25très à l'écoute
27:26du patient
27:27donc
27:27qu'elle n'est pas
27:29dans la dissimulation
27:30et de l'autre
27:32c'est quand même
27:33un geste actif
27:34très actif
27:35il n'est pas simplement
27:36voilà
27:37j'ai un tout petit peu accéléré
27:38il y a quelque chose
27:39d'une autre nature
27:40mais surtout
27:41en tout cas
27:42au niveau de la presse
27:44de l'extérieur
27:44ce qui va faire
27:46tout basculer
27:47mais peut-être
27:48que vous voulez
27:48qu'on en parle
27:49un peu plus tard
27:49c'est autour
27:51de cette enquête
27:52statistique
27:53qui va être révélée
27:54sur le nombre
27:57de décès
27:57lorsque Christine
27:58l'allait
27:58d'ailleurs c'était
28:00à l'époque
28:00une journaliste
28:00qui est très réputée
28:01qui s'appelle
28:02Anne-Marie Castoré
28:03qui va sortir
28:04tous ces chiffres-là
28:05dans l'Express
28:05et là
28:06on est absolument
28:07ahuri
28:08de ce qu'on lit
28:09puisque ce qu'on note
28:10c'est que la densité
28:11des décès
28:11au cours de sa présence
28:12était entre
28:13deux fois et demi
28:14et quatre fois supérieure
28:15en 96
28:17elle présente
28:1718% du temps
28:18mais assiste
28:19à 28% des décès
28:20en 97
28:2213,5% du temps
28:2460% des décès
28:25voilà
28:25donc là
28:26c'est vraiment
28:27il y a quelque chose
28:28la conjugaison
28:29de ces deux éléments
28:30de cet acte
28:31individuel
28:32d'avoir
28:33donné
28:34volontairement
28:35un produit létal
28:37au patient
28:38et de l'autre
28:39ces chiffres statistiques
28:41qui sont quand même
28:42très impressionnants
28:42il faut là aussi
28:44que malheureusement
28:45pour elle
28:45tout bascule
28:46tout bascule
28:47effectivement
28:48alors vous avez raison
28:49de rappeler ces chiffres
28:50et ces statistiques
28:51qui sont importantes
28:52d'ailleurs
28:52je pense que le juge
28:53va nous en dire un mot
28:54Richard Palin
28:54il avait commandé
28:55une étude statistique
28:57sur le sujet
28:57Richard Palin
28:58avant cela
28:59une question
29:00elle est dans votre cabinet
29:01cette infirmière
29:03il y a ce moment
29:04quand même important
29:05elle a menti
29:05et elle ne peut pas l'ignorer
29:07comment est-ce qu'elle
29:08se comporte
29:09lorsque peut-être
29:11elle a compris
29:11que vous l'aviez démasqué
29:12Christine Malèvre
29:14pendant tous
29:15les longs interrogatoires
29:16que nous avons eus
29:17de ces reconstitutions
29:18a toujours montré
29:20le même caractère
29:21elle est impassible
29:23elle ne manifeste
29:24aucune émotion
29:25elle ne manifeste
29:26aucune peur
29:27elle prend toujours
29:29le temps
29:29de la réflexion
29:30avant de répondre
29:32elle a toujours
29:33des réponses
29:34qui sont plutôt adaptées
29:36et vous ne la prenez
29:37jamais en porte-à-faux
29:38elle a été ce jour-là
29:39comme les autres jours
29:40sans réaction particulière
29:41un visage lisse
29:43et une expression
29:44qui est quasiment absente
29:46Eric Favreau
29:48Christine Malèvre
29:49vous avez dit
29:50elle a menti
29:50elle a menti
29:51sur l'usage
29:51de ces seringues
29:52mais là
29:53il y a un deuxième mensonge
29:54aussi
29:54elle dit qu'elle faisait
29:55tout ça souvent
29:56avec les accords
29:58des patients
29:59mais là aussi
29:59elle a menti
30:00et on le démontre
30:01de manière très technique
30:02oui mais en fait
30:05c'est surtout
30:05mais là
30:06on avance peut-être
30:07un peu trop
30:07dans l'histoire
30:08c'est surtout
30:08lors du procès
30:10que l'on va se rendre
30:11d'accord
30:11parce que sur le moment
30:15vous savez quand même
30:16l'instruction
30:16est en partie secrète
30:18voilà
30:19et donc tout ça
30:20ne transparaît pas
30:21il y a je vous dis
30:22ces histoires
30:22donc de la reconstitution
30:24qui montre vraiment
30:25ce mensonge
30:26et de l'autre
30:27donc ces statistiques
30:27mais c'est surtout
30:28ça a eu de l'impact
30:29essentiellement sur la justice
30:31et sur le juge
30:32comme il le dit fortement
30:33il se rend compte
30:34d'une personne
30:35qui non seulement
30:36lui ment
30:36mais voilà
30:37et peut-être
30:38c'est révélé
30:39peut-être très dangereuse
30:40l'infirmière
30:42va comparer
30:43trop aux assises
30:43Christine Malèvre
30:45la mort porte
30:46une blouse blanche
30:47si mon mari
30:48avait voulu mourir
30:49c'est à moi
30:49qu'il l'aurait demandé
30:51l'enquête
30:52de l'heure du crime
30:52on se retrouve
30:53dans un instant
30:53sur RTL
30:54L'heure du crime
30:56présentée par
30:57Jean-Alphonse Richard
30:58sur RTL
30:58privilégier la marche
30:59ou le vélo
31:0014h15
31:02c'est l'heure du crime
31:03sur RTL
31:04au programme aujourd'hui
31:06de l'heure du crime
31:06l'affaire Christine Malèvre
31:07cette jeune infirmière
31:08soupçonnée
31:09d'avoir donné
31:09volontairement la mort
31:11entre 1995
31:12et 1998
31:14dans un hôpital
31:15des Yvelines
31:16elle parle d'euthanasie
31:17elle est jugée
31:18à l'hiver 2003
31:19pour 7 assassinats
31:21Lundi 20 janvier 2003
31:24Christine Malèvre
31:2533 ans
31:26depuis 10 jours
31:26comparée devant
31:27la cour d'assises
31:28des Yvelines
31:29à Versailles
31:29l'infirmière
31:30franche blonde
31:31visage rond
31:32et poupin
31:33voix haut perchée
31:34se raconte
31:35depuis toute petite
31:36je voulais devenir infirmière
31:38je voulais être
31:39comme l'infirmière
31:40qui venait soigner
31:41ma soeur Céline
31:42dit-elle
31:43elle était complexée
31:44à cause de son poids
31:45à l'école d'infirmière
31:47elle avait pris
31:4730 kilos
31:48en 3 ans
31:49le stress
31:50son père
31:51ancien contre-maître
31:52chez Renault
31:53vient témoigner
31:53ce qu'elle a fait
31:54elle l'a fait
31:55par compassion
31:56je vois rien d'autre
31:57déclare-t-il
31:58une ex-amie infirmière
32:00est beaucoup plus directe
32:01Christine voulait
32:02qu'on s'intéresse à elle
32:03qu'on dise d'elle
32:04regardez
32:05elle est la sauveuse
32:06de ce monsieur
32:07au fil des audiences
32:08l'accusé
32:09qui avait avoué
32:10jusqu'à 30 morts
32:11n'en reconnaît que 2
32:12je reconnais
32:13avoir eu des gestes
32:14que je n'aurais pas dû
32:152 patients
32:16que j'ai aidé à mourir
32:17les autres
32:17je n'y suis pour rien
32:18assure-t-elle
32:19à propos du premier patient
32:21qui lui aurait demandé son aide
32:22Christine Malèvre confie
32:24ça a été très violent
32:26je n'ai jamais su
32:27quel geste j'avais fait
32:28jeudi 23 janvier
32:30Marie-Paul Auguet
32:31veuve de Patrick Auguet
32:3351 ans
32:34témoigne
32:35cette ancienne infirmière
32:36ne croit pas
32:37que son mari
32:38ait pu demander
32:39à Christine Malèvre
32:40d'abréger sa vie
32:41mon mari ne voulait pas mourir
32:43dit-elle
32:44il voulait rentrer à la maison
32:45si mon mari avait voulu en finir
32:47c'est à moi
32:48qu'il l'aurait demandé
32:49pas à une inconnue
32:51l'accusé persiste
32:52je vous assure
32:53qu'il me l'avait demandé
32:54assure-t-elle
32:54le juge d'instruction
32:56Richard Palin
32:57est formel
32:57j'ai toujours dit
32:58à madame Malèvre
32:59si je vous prends
33:00un flagrant délit de mensonge
33:02j'en tirerai les conséquences
33:03et c'est ce qui s'est passé
33:0531 janvier
33:06Christine Malèvre
33:07est condamnée
33:08à 10 ans de prison
33:09incarcérée à la prison
33:11pour femme de Versailles
33:12l'infirmière
33:13n'a été acquittée
33:14que pour un seul cas
33:15celui de Denise Le Maout
33:17morte en 1997
33:20maître Olivier Maurice
33:21partie civile
33:22se réjouit toutefois
33:23que la justice
33:24ait effacé
33:25l'image
33:26de l'infirmière
33:27compatissante
33:2810 ans de prison
33:31donc pour Christine Malèvre
33:32Eric Favreau
33:33vous êtes avec nous
33:34dans cette heure du crime
33:35journaliste
33:36vous avez suivi
33:37toute cette affaire
33:37à l'époque pour Libération
33:38évidemment
33:40vous êtes à ce procès
33:42comment
33:43à quoi elle ressemble
33:44déjà Christine Malèvre
33:45on est quand même
33:46très très impressionné
33:48parce que
33:49elle
33:51elle paraît
33:52complètement
33:53anodine
33:54presque silencieuse
33:55elle parle
33:55elle fait très attention
33:57quand elle parle
33:57elle est très
33:58parfois une voix
33:59un peu chevrochante
34:00elle hésite
34:01et puis on a appris
34:02plein de choses
34:02autour d'elle
34:03quand même
34:03on a appris
34:05qu'elle vivait
34:06avec un homme
34:07qui était très malade
34:08puis après
34:09avec un autre
34:09très malade
34:10il y avait quelque chose
34:10de très étonnant
34:12et donc
34:12on l'écoutait
34:13d'abord
34:14avec beaucoup
34:14d'attention
34:15voire même
34:16un peu de compassion
34:17et de tendresse
34:18et puis peu à peu
34:19les choses se sont
34:20quand même
34:20assez vite déliées
34:21parce que
34:22lorsqu'on est rentré
34:23sur les faits
34:24il y avait quelque chose
34:26d'absolument sidérant
34:27quand on l'entendait dire
34:28mais je l'ai vu
34:29dans les yeux
34:30on lui demandait
34:30de mourir
34:31qu'elle répétait
34:32et puis cette incapacité
34:33à prendre du recul
34:34il y avait quelque chose
34:35de très troublant
34:37de très gênant
34:37mais aussi au final
34:38de très inquiétant
34:39oui mais ça c'est glaçant
34:41quasiment
34:41effectivement
34:41il y avait cette progression
34:43du procès
34:44c'est une progression
34:45qui est quasiment implacable
34:47alors vous parliez justement
34:49des mensonges
34:50tout à l'heure
34:50de Christine Malèvre
34:52elle va maintenir
34:53ces mensonges
34:54elle va dire
34:54mais moi
34:55moi j'ai aidé des gens
34:56à mourir
34:57il y a même une veuve
34:58qui est là
34:58et qui lui dit
34:59mais c'est pas vous
34:59c'est pas possible
35:00mon mari
35:01il voulait pas mourir
35:01mais non
35:02calmement
35:03elle dément sans arrêt
35:05elle dément sans arrêt
35:06elle est
35:07d'une certaine façon
35:08elle est impressionnante
35:09parce qu'on ne la sent pas
35:10déstabilisée
35:11on la sent
35:11évidemment
35:12c'est un moment très dur
35:13très dur pour elle
35:14mais
35:15elle ne vacille pas
35:17elle affirme des choses
35:18même si c'est manifestement
35:20un petit peu
35:20en contradiction
35:21avec les autres témoignages
35:23et puis il y a aussi
35:23quand même
35:24les témoignages
35:25de toute l'équipe
35:26qui se révèle
35:28au final
35:29d'une très grande
35:30sévérité
35:30contre elle
35:31contre le tempérament
35:32qu'elle a eu
35:34dans le service
35:34et d'ailleurs
35:35on peut se poser
35:36quelques questions
35:36pourquoi ça a duré
35:38aussi longtemps
35:38mais ça c'est une autre affaire
35:40mais c'est vrai
35:40alors ça vous connaissez
35:42parfaitement les milieux médicaux
35:43moi je les connais très mal
35:44mais effectivement
35:44on a l'impression
35:45qu'il y a une espèce
35:45d'omerta comme ça
35:46que pendant des années
35:47tout le monde se tait
35:49on n'ose pas
35:49parce que ça pourrait
35:50porter préjudice
35:51à l'établissement
35:52etc etc
35:53pour revenir sur
35:54Christine Malèvre
35:55est-ce que
35:56vous avez entendu
35:58des mots de compassion
35:59de sa bouche
36:00pour les victimes
36:00quasiment pas
36:02quasiment jamais
36:03c'était ça
36:03qui était impressionnant
36:05elle qui mettait en avant
36:05le fait qu'elle
36:07qu'elle voulait assumer
36:08la demande
36:10d'une personne
36:10non
36:10il y avait
36:12peu d'émotions
36:13qui passaient
36:14mais bon
36:15en même temps
36:15on pouvait se dire
36:16que la pauvre
36:17elle était sous
36:17de lourds traitements
36:19psychotiques
36:20ou de calmants
36:21qui faisaient qu'elle
36:22n'était pas
36:22mais tout l'ensemble
36:24lui était finalement
36:26très négatif
36:27ce qui était
36:27d'une certaine façon
36:28d'une grande sévérité
36:30mais juste pour revenir
36:31sur le fait
36:31que
36:32c'est
36:32ce que vous disiez
36:34que ce n'était pas
36:35un temps
36:36comment dirais-je
36:37de l'omerta
36:38c'est ça
36:39une omerta
36:39mais plutôt
36:40ce sont des équipes
36:42qui sont solidaires
36:43entre elles
36:43quand même
36:43oui c'est ça
36:44donc voilà
36:45on a du mal
36:48à dire
36:48à son voisin
36:49et puis surtout
36:50elle se comportait
36:50de façon un peu étonnante
36:52et se mettait
36:52à la marge
36:53et lors du procès
36:54elle était
36:55d'une certaine façon
36:56Christine Malèvre
36:56à part
36:57particulière
36:58silencieuse
36:59peu émotive
37:00voilà
37:01et un peu de regret
37:02alors qu'on était
37:03dans un domaine
37:04où c'était
37:05l'émotion
37:05et les sentiments
37:06qui auraient dû prévaloir
37:07Richard Palin
37:08vous êtes avec nous
37:09également
37:09dans cette heure du crime
37:10et je vous remercie encore
37:11d'avoir accepté
37:11notre invitation
37:12vous êtes
37:12le juge d'instruction
37:14qui a mené
37:14toute cette enquête
37:15sur Christine Malèvre
37:17encore une fois
37:17vous la connaissez bien
37:18vous l'avez vu bouger
37:19vous l'avez vu répondre aux questions
37:20vous connaissez sa voix
37:21vous connaissez ses mouvements
37:22est-ce que
37:24on sait
37:25aujourd'hui
37:27et au terme de ce procès
37:28qui est important
37:29est-ce qu'on sait
37:29ce qui s'est passé
37:30dans la tête
37:31de cette infirmière
37:32Christine Malèvre
37:34elle n'a pas agi
37:35pour l'argent
37:36elle n'a pas agi
37:37par malignité
37:38c'est dans une démarche
37:39très personnelle
37:40qui est en rapport
37:42avec sa propre personnalité
37:44sa souffrance
37:45son rapport à la mort
37:46son côté morbide
37:48c'est une espèce
37:49de fascination
37:49pour la mort
37:50je rappelle
37:51qu'elle allait
37:51à la plupart
37:52des enterrements
37:53de ses patients
37:54elle participait
37:55aux toilettes mortuaires
37:57alors que d'habitude
37:58ce sont les aides-soignantes
37:59qui le font
37:59et que tout le monde
38:00ne se presse pas
38:01pour les toilettes mortuaires
38:02il y avait un rapport
38:03à la mort
38:03une sorte de fascination
38:05mais on peut considérer aussi
38:06qu'il y a peut-être
38:08une forme de toute puissance
38:09c'est un petit peu
38:10le démiurge
38:10créateur de toute chose
38:11y compris
38:12peut-être de la mort
38:14donc si vous voulez
38:15je le voyais aussi
38:16comme ça
38:17comme ça
38:17de toute puissance
38:18et de pouvoir absolu
38:19sur les gens
38:20puisque c'est elle
38:20qui décidait
38:21avec elle-même
38:23et en concertation
38:24avec elle-même
38:24si les gens
38:25souffraient
38:25ils ne souffraient pas
38:26ou s'ils devaient
38:28mourir
38:28ou pas mourir
38:29c'est ça
38:29c'est elle
38:30qui avait
38:30le final cut
38:31comme on dirait
38:32dans le cinéma
38:32c'est elle
38:33qui avait
38:33l'option
38:34de la mort
38:35ou pas
38:36donner la mort
38:37Eric Favreau
38:38question pour vous
38:39on revient sur le terrain
38:40judiciaire
38:4110 ans de prison
38:43la condamnation
38:44alors j'ai envie de dire
38:45il y a quand même
38:456 assassinats reconnus
38:47c'est pas rien
38:4810 ans de prison
38:49je sais pas
38:50c'est une peine
38:51peut-être un peu
38:52intermédiaire
38:52non ?
38:54oui on peut dire ça
38:55mais en même temps
38:55c'est vrai que ce sont
38:56des situations
38:56très particulières
38:57car comme vient de le dire
38:58le juge d'instruction
38:59elle l'a pas fait
39:00pour de l'argent
39:01elle l'a pas fait
39:02c'est lié essentiellement
39:03à sa personnalité
39:05et puis de plus
39:06quand même
39:06ce sont pour un grand
39:08nombre d'entre eux
39:09des personnes
39:10qui étaient en fin de vie
39:10ça ne change rien
39:12c'est tout un contexte
39:15et puis bon
39:16c'est vrai que
39:16la fin de vie
39:17l'agonie
39:18reste quelque chose
39:18d'assez mystérieux
39:20et qu'elle a
39:20d'une certaine façon
39:21pour la plupart des cas
39:22juste un petit peu accéléré
39:23est-ce qu'on peut
39:25lui reprocher essentiellement
39:26et comme le disait très bien
39:27le juge
39:28et d'ailleurs
39:28durant tout le procès
39:29les experts
39:30étaient très
39:31très accablants
39:32pour elle
39:32il ressortait peu à peu
39:34de cette femme
39:35un peu
39:36qui avait pris plein de poids
39:37qui parlait mal
39:38le sentiment
39:39d'une toute puissance
39:40c'était elle
39:41qui était
39:42comme celle
39:43qui décidait
39:43de la vie
39:44et de la mort
39:44c'était ça
39:45bon
39:45en plus
39:46c'est vrai qu'il y a
39:47assez peu de risques
39:48qu'elle recommence
39:49c'est vrai que
39:5110 ans
39:51on est habitué
39:53à des peines plus lourdes
39:54mais comme 10 ans
39:55en même temps
39:56ce n'était pas rien
39:56l'infirmière
39:58va faire appel
39:59Christine Malèvre
40:01la mort porte une blouse blanche
40:02même si je l'ai fait
40:04pour le bien
40:04ça me hante
40:05l'enquête de l'heure du crime
40:06je vous retrouve tout de suite
40:07sur RTL
40:08dans l'heure du crime
40:23aujourd'hui
40:23l'affaire Christine Malèvre
40:25en 2003
40:25cette jeune infirmière
40:26a été condamnée
40:27à 10 ans de prison
40:28pour avoir assassiné
40:296 patients
40:30dans un hôpital
40:31des Yvelines
40:32elle a toujours prétendu
40:33qu'il s'agissait
40:34d'euthanasie
40:35elle est rejugée
40:369 mois plus tard
40:37jeudi 2 octobre 2003
40:40Christine Malèvre
40:41est devant la cour d'assises
40:42d'appel de Paris
40:43un de ses avocats
40:45dénonce
40:46l'hypocrisie
40:47du dossier
40:48elle paye
40:49pour tous ceux
40:50qui font la même chose
40:51à l'hôpital
40:51et ne se font pas prendre
40:53dit-il
40:53l'accusé
40:54déclare
40:54depuis que j'ai aidé
40:56quelqu'un à mourir
40:57même pour le bien
40:58c'est quelque chose
40:59qui me hante
41:00elle ne va jamais
41:01formuler aucun remords
41:03Christine Malèvre
41:03est condamnée
41:04à 12 ans de prison
41:06deux de plus
41:07qu'au premier procès
41:08août 2007
41:10après avoir passé
41:11au total 4 ans
41:12en prison
41:13Christine Malèvre
41:1437 ans
41:15est libérée
41:16elle n'a plus
41:17jamais
41:18fait parler d'elle
41:20pour moi
41:21c'est toujours
41:21la même personne
41:22elle nous a manipulé
41:23c'est une menteuse
41:24mais le mensonge
41:25ne paye pas
41:26la preuve
41:26on lui a tendu la perche
41:28on a essayé
41:28de lui tendre la perche
41:29elle ne l'a pas prise
41:30donc elle reste
41:32avec son mensonge
41:33et nous
41:33maintenant
41:34on va pouvoir
41:34tirer un trait
41:36pouvoir tirer un trait
41:38pouvoir faire
41:39tout simplement
41:39son deuil
41:40c'est Didier Baudet
41:42le fils de Raymond Baudet
41:44c'est l'une des victimes
41:45de Christine Malèvre
41:46et c'était
41:47un document
41:48RTL
41:49c'était en octobre 2003
41:51avec la voix de ce fils
41:52qui enfin
41:52a une part de la vérité
41:54peut-être pas toute la vérité
41:55mais en tout cas
41:56qui est soulagée
41:57de cette condamnation
41:5912 ans
41:59au lieu de 10 ans
42:01Eric Favreau
42:02vous êtes avec nous
42:03dans cette heure du crime
42:04journaliste
42:04vous avez traité
42:05toute cette affaire
42:06elle est en appel
42:08Christine Malèvre
42:09finalement
42:10elle voulait gommer
42:11sa mauvaise image
42:12du premier procès
42:13mais
42:14c'est complètement raté
42:15oui
42:17c'est complètement raté
42:18c'était un peu
42:18la même chose
42:20que le précédent
42:20et c'est vrai que
42:21les propos un peu convenus
42:23qu'elle a tenus
42:24sur ses regrets
42:25voilà
42:26n'ont pas du tout
42:27changé la donne
42:28non
42:28elle est restée
42:29Christine Malèvre
42:30bon
42:30voilà
42:31c'était
42:32ce n'était vraiment pas
42:33la sainte
42:34qu'on avait pu décrire
42:35au tout début
42:36voilà
42:36c'était une
42:37quand même
42:38aussi
42:39une jeune femme
42:40qui avait été
42:41quand même
42:42elle aurait pu être
42:43un peu plus contrôlée
42:44dans le service
42:44il y a plein de choses
42:46voilà
42:46qui rentrent finalement
42:47en ligne de compte
42:48et c'est vrai que
42:49lors de ce procès
42:50en appel
42:50son image était déjà
42:52complètement
42:52défaite
42:54elle avait plus du tout
42:55perdu son bon côté
42:56et que sa condamnation
42:58à 12 ans
42:58un petit peu plus sévère
42:59qu'en première instance
43:01voilà
43:01reflète bien
43:02le dossier
43:03et que c'était
43:05un dossier très particulier
43:06parce qu'au final
43:07c'est ça que l'on voit
43:08dans tous ces dossiers
43:09de fin de vie
43:10d'euthanasie
43:10ça reste extrêmement
43:12particulier
43:13et singulier
43:13et lié en tout cas
43:14là en l'occurrence
43:15a une personnalité
43:16extrêmement particulière
43:18qu'était cette Christine Malèvre
43:19les psychiatres
43:20Eric Favreau
43:21vous connaissez bien
43:22ce monde médical
43:23et ce monde
43:24de la psychiatrie aussi
43:25les psychiatres
43:26ils ont été
43:27très durs avec elle
43:29oui ils ont été très durs
43:30c'est assez
43:32impressionnant
43:33de voir
43:34parce que d'ordinaire
43:34il y a quand même aussi
43:35un petit peu
43:36de compassion
43:37de compréhension
43:37mais manifestement
43:39c'est ça qui est
43:41assez étonnant
43:42dans ce dossier
43:42c'est qu'elle a passé
43:43son temps
43:43à décevoir les gens
43:45qui au début
43:45lui donnaient
43:46un peu confiance
43:47elle a déçu
43:48voire meurtri
43:49le juge d'instruction
43:50puis après les psychiatres
43:52en la voyant
43:53se sont sentis
43:53de plus en plus
43:54gênés par cette personnalité
43:56aussi brutale
43:58aussi peu
43:59enclin
44:01au remords
44:02où elle a remis en cause
44:03ou à prendre du recul
44:04et lors de son procès
44:06elle a toujours donné
44:07cette image là
44:08bon en même temps
44:08c'est quand même pas
44:09un être épouvantable
44:12mais voilà
44:12elle n'est pas
44:15bizarrement
44:16c'est ça qui est très étonnant
44:17dans cette histoire
44:18elle qui se disait
44:20être dans le lien
44:20avec les autres
44:21au point de comprendre
44:22ce qu'il leur demandait
44:24en silence
44:24et bien non
44:25elle n'était pas du tout
44:25dans le lien
44:26il n'y avait pas
44:27d'empathie avec la personne
44:30alors je sais que
44:31évidemment
44:31les journalistes
44:32ne sont pas des psychiatres
44:33et ne sont pas des magistrats
44:34non plus
44:35mais vous qui connaissez bien
44:37ce dossier
44:37Eric Favreau
44:38il y a cette fascination
44:40pour la mort
44:41quand même
44:41de cette femme
44:42ça les psychiatres le disent
44:44il y a quelque chose
44:44de très morbide
44:45est-ce que selon vous
44:47finalement c'était ça
44:49c'était regarder
44:50ce départ
44:51elle accompagnait les gens
44:52vers la mort
44:53c'était une espèce
44:54de passeuse
44:54comme ça
44:55et les regarder mourir
44:57puis ensuite faire
44:58leur toilette funéraire
44:59il y a quelque chose
44:59moi que je trouve
45:00très très
45:00pas inquiétant
45:02mais qui est stupéfiant
45:03tout simplement
45:03oui
45:04peut-être
45:05mais à dire vrai
45:06moi ce qui m'a plus frappé
45:07c'était d'ailleurs
45:08je rejoins
45:09le propos des psychiatres
45:11c'était
45:11la puissance qu'elle avait
45:14le pouvoir qu'elle se donnait
45:15parce que morbide
45:16je n'en sais rien
45:17mais c'est vrai
45:18qu'en même temps
45:18je vous dis
45:19sa vie privée
45:20était quand même
45:20ahurissante
45:21elle ne vivait
45:23amoureusement
45:24qu'avec des gens
45:25gravement malades
45:26ou qui allaient mourir
45:27il y a quelque chose
45:28de très étonnant
45:29comme si
45:30elle ne pouvait être
45:31que dans cette position là
45:33je ne sais pas trop
45:34est-ce qu'elle était
45:34mortifère au point de
45:36oui
45:36en même temps
45:37elle l'était un peu
45:37puisqu'elle allait au
45:38la plupart des enterrements
45:39alors que c'est quand même
45:40une règle implicite
45:41dans ce milieu là
45:42sauf dans des cas
45:43très particuliers
45:44de ne pas y aller
45:44mais je vous dis
45:45je trouve que c'est plutôt
45:46un sentiment de toute puissance
45:48qui ressort de chez elle
45:49et ça c'est
45:50effectivement
45:50je suis assez d'accord
45:52avec vous
45:52mais ça ça fait peur aussi
45:54la toute puissance
45:54et la puissance
45:55qu'on se donne surtout
45:56ça c'est assez terrifiant
45:58Richard Palin
46:00vous êtes
46:00je le répète
46:01le juge d'instruction
46:01qui avait mené
46:02toute cette affaire
46:03question déjà
46:04très simple
46:05pourquoi elle est
46:06extraordinaire
46:08cette affaire
46:10pourquoi elle est exemplaire
46:11c'est une affaire
46:13très extraordinaire
46:15parce que
46:16c'est pas une affaire
46:17classique de meurtre
46:18avec une arme
46:19d'un objet contendant
46:20ou autre
46:21c'est une affaire
46:22en ce sens
46:22qui est très particulière
46:24parce qu'elle a eu
46:25une résonance
46:25dans la société
46:26vous vous rappelez
46:27évidemment
46:28qu'il y a eu
46:28tout un débat
46:29qui a été relancé
46:30à cette occasion
46:31autour de l'euthanasie
46:32et ce qui finalement
46:34a discrédité totalement
46:35Christine Malèvre
46:36c'est que c'était
46:36un service
46:37qui était
46:37un service de pointe
46:39un service
46:39qui prenait parfaitement
46:40en compte
46:41la douleur des gens
46:42et où les gens
46:42étaient soignés
46:43bien soignés
46:44et les familles écoutées
46:45Eric Favreau
46:46même question pour vous
46:48histoire qui est quand même
46:49très
46:49extraordinaire
46:52qui n'est pas
46:53anodine
46:54oui mais elle rentrait
46:55en résonance
46:56quand même
46:56avec un débat
46:57qui court
46:58et qui court encore
46:59aujourd'hui
46:59autour de la fin
47:00de vie médicalisée
47:01c'est un problème
47:03qu'on n'a pas
47:03du tout encore résolu
47:05mourir à l'hôpital
47:06c'est quand même
47:07pas l'idéal
47:08mais en même temps
47:09on meurt
47:10maintenant à l'hôpital
47:11et est-ce qu'on peut
47:14accélérer ou pas
47:14le temps de l'agonie
47:15est un temps
47:16très mystérieux
47:17voilà
47:17tout ça faisait résonance
47:19il ne faut pas oublier
47:20qu'au même moment
47:20il y a eu
47:21un, deux, trois
47:22dix rapports
47:23autour de
47:23de la fin de vie
47:25de est-ce qu'il faut
47:25accélérer
47:26permettre ou pas
47:27l'euthanasie passive
47:28ou active
47:28et puis ces propos
47:30quand même
47:30qui résonnaient
47:31un peu partout
47:31en particulier
47:32du président
47:33du comité national
47:34d'éthique de l'époque
47:35le professeur
47:36Didier Sica
47:36qui disait
47:37en France
47:38on meurt mal
47:39donc voilà
47:40il y avait tout ça
47:41qui rentrait
47:41en résonance
47:42et qui faisait que
47:44voilà
47:44on avait
47:45on avait
47:46la ferme à lèvres
47:48a pris beaucoup
47:48beaucoup d'échos
47:50comme quelques autres
47:51après
47:51tout en
47:52voilà
47:53tout en se terminant
47:53d'une certaine façon
47:54assez mal
47:55sur ce débat là
47:56puisque c'était
47:58une affaire
47:58aussi très très particulière
48:00Richard Palin
48:01dernière question
48:01pour vous
48:02est-ce que
48:02Christine Malève
48:03aurait continué
48:04son oeuvre
48:04d'euthanasie
48:05si vous ne l'aviez
48:06pas arrêtée ?
48:08c'est toujours difficile
48:09de répondre à une question
48:09comme celle-ci
48:10puisque ça n'appartient
48:11qu'à elle
48:11mais je pense que
48:12je pense que
48:13compte tenu de la spirale
48:14dans laquelle
48:15elle était enfermée
48:17qu'elle aurait continué
48:18je rappelle quand même
48:18que parmi les éléments
48:19qui n'étaient pas
48:21un élément de preuve
48:21on ne peut pas considérer ça
48:23comme un élément de preuve
48:24il y avait une statistique
48:25une première statistique
48:26qui avait été faite
48:27par le commandant de police
48:29de la PJ de Versailles
48:31et une deuxième statistique
48:33que j'ai fait faire
48:33par un expert statisticien
48:35et dont les conclusions
48:37étaient les élites suivantes
48:38le nombre de décès
48:39rapportés à la présence
48:41de Christine Malève
48:42ne peut être
48:43le fruit du hasard
48:44merci beaucoup
48:46Richard Palin
48:47et Eric Favreau
48:48d'avoir été les invités
48:48de l'heure du crime
48:49merci à l'équipe de l'émission
48:50rédactrice en chef
48:51Justine Vigneault
48:52préparation Lisa Canales
48:53Pauline Dessillon
48:54réalisation en direct
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