00:05Et dans votre carrefour de l'information, c'est l'heure de la pause technique avec Hamza Belakbir qui vient de nous rejoindre.
00:11Bonjour Hamza.
00:11Bonjour Tariq.
00:12Alors aujourd'hui vous allez nous parler de notre très chère région de Bruxelles-Capital et plus précisément de sa situation budgétaire.
00:19Il y a de ça quelques jours, le ministre bruxellois du budget, Dirk Desmet, a déclaré que Bruxelles serait au bord d'un shutdown.
00:25En effet, cher Tariq, il a parlé de risque de shutdown, de cessation de paiement, voire de risque de faillite.
00:32Mais je suis venu vous dire aujourd'hui que non, Bruxelles n'est pas en risque de faillite.
00:36Ce qui est en faillite, c'est plutôt la responsabilité d'une partie des négociateurs.
00:40Cela fait 547 jours aujourd'hui qu'on gouverne la capitale de l'Europe sans vrai gouvernement.
00:46Une région sans gouvernement de plein exercice, mais avec un ministre du budget qui souffle sur les braises en jouant en paupier pyromane.
00:52Parce que la réalité, la seule, qui est mesurable et vérifiable, c'est que Bruxelles continue à se financer, continue à emprunter,
01:00continue à trouver des prêteurs à des taux d'intérêt plutôt corrects.
01:04Ce catastrophisme n'a aucun fondement comptable.
01:07Par contre, il a une fonction politique.
01:09Créer du choc, faire peur et créer ce qu'on appelle un stress test théorique, une sorte de scénario fictif.
01:15Et dans un contexte où la confiance des citoyens dans la politique est déjà fragile, ce catastrophisme n'est pas seulement inutile, il est dangereux.
01:24Ce n'est pas de la communication, c'est une prophétie anxiogène lancée par un responsable politique dont le rôle, entre autres, reste quand même de rassurer les gens.
01:32Alors, vous reconnaissez quand même que les finances de la région bruxelloise sont dans le rouge,
01:37et que la situation budgétaire de la région est plus que préoccupante.
01:40Absolument, bien évidemment, je ne suis pas là pour vous raconter que tout va bien, Madame la Marquise.
01:45Loin de là, la dette augmente, la charge d'intérêt explose et les financements circulent très mal.
01:50Mais confondre déficit structurel et faillite, c'est confondre une fièvre et une mort clinique.
01:57Maxime Fontaine, très bon chercheur de l'ULB et spécialiste des finances publiques, dit une chose claire.
02:02Bruxelles patine, certes, dans les négociations, mais elles restent solvables.
02:06Ce qui menace la région aujourd'hui, ce n'est pas l'insolvabilité, c'est plutôt l'inaction politique prolongée.
02:12Et pendant ce temps, ce sont les associations du non-marchand bruxellois qui paient la note, malheureusement.
02:16Elles attendent des subsides vitaux, elles tiennent avec des bouts de ficelle, elles avancent des frais, elles s'épuisent.
02:21Tout cela pendant que certains agissent des métaphores de fin du monde.
02:25La colère est légitime, je la partage personnellement, et ce sont ces associations qui maintiennent la vie sociale, culturelle, sanitaire, éducative à Bruxelles.
02:34Elles ont raison d'exiger un gouvernement, elles ont raison de rappeler que l'argent public ne doit pas rester coincé dans les tuyaux de l'indécision.
02:41Et cette colère de la société civile s'est exprimée la semaine dernière, notamment à travers ce collectif rassemblé sous le nom Collectif 541 We Are Brussels,
02:52qui a lancé un manifeste que les immenses défis que Bruxelles doit relever économiques, sociaux, climatiques et institutionnels ne peuvent plus attendre.
02:59En effet, la société civile est en colère, elle se mobilise depuis plusieurs mois pour interpeller à juste titre les négociateurs autour de la table de négociation
03:08pour aboutir et doter notre région d'un gouvernement de plein exercice.
03:12Mais attention, si je pense que cette colère est juste, et je la partage moi-même, je pense qu'il faut éviter que la frustration se transforme en slogan poujadiste.
03:20Quand on quitte la critique démocratique pour entrer dans la facilité populiste, sachez que cette pente-là n'honore ni la démocratie,
03:28ni les mouvements citoyens qui se battent contre nos droits.
03:31Ceci étant dit, attention, il faut être clair, on peut et on doit reprocher l'inaction, l'improvisation et la lenteur du compromis bruxellois.
03:40On peut et on doit dénoncer les 547 jours d'errance institutionnelle.
03:44On peut et on doit s'indigner de l'attitude du ministre du budget qui joue les cassandres.
03:49Mais on ne doit jamais, au grand jamais, glisser vers le « tous pourris » que tous les gouvernements se valent
03:55parce que ces phrases-là, très souvent, elles ouvrent la porte du pouvoir à des dirigeants qui, eux, seront vraiment pourris.
04:02Voilà, c'est la chronique de pause technique d'Amza Abdelakbir. Merci d'avoir été avec nous.
04:07Merci Tariq.
04:08On se retrouve dans quelques instants pour la suite de votre Carrefour de l'Info.
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