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  • il y a 8 heures
Né en 1931 dans une famille modeste de l’Ouest de la Hongrie, Lajos Marton a connu deux vies : une vie hongroise, puis une vie française.

Officier de l’armée de l’air, il a pris part à l’insurrection de 1956, et a trouvé refuge en France. En contact avec des militaires français, il prend part à l’Opération Résurrection qui ramène le Général de Gaulle au pouvoir en 1958, puis aux activités de l’OAS, et à l’attentat du Petit-Clamart. Emprisonné en 1963, il est amnistié en 1968. Il mènera alors une vie civile, se mariera, et aura trois enfants. Il a écrit ses Mémoires dans les années 2000.

Dans cet entretien accordé à TVLibertés en 2017, Lajos Marton est revenu sur sa vie hongroise : sa jeunesse dans la Hongrie de l’Amiral Horthy, l’installation de la dictature communiste, ses activités contre ce régime, l’insurrection anti-soviétique de 1956, l’évacuation de Budapest du photographe français Jean-Pierre Pedrazzini, l’évolution de la Hongrie après 1956.

Catégorie

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Éducation
Transcription
00:00Chers amis, leur projet, faire disparaître les médias indépendants avant 2027.
00:13Aujourd'hui, Emmanuel Macron propose de labelliser les bons médias.
00:18Et derrière ce mot se cache un plan scandaleux.
00:20Décider de ce qui est fiable et de ce qui ne l'est pas.
00:23Créer une censure globale, totale.
00:25C'est une attaque violente contre le pluralisme.
00:28Regarder TV Liberté, suppression de nos comptes bancaires, perte massive de dons qui est le nerf de la guerre.
00:34On essaie encore de nous étouffer financièrement parce que nous gênons.
00:39Et l'avenir dira si des services de l'État, normalement dédiés à la sécurité, ont pu intervenir pour tenter de tuer notre chaîne.
00:48Voilà la méthode contre TVL.
00:49Frapper au porte-monnaie et ainsi faire taire ceux qui ne se plient pas.
00:54Si l'on nous attaque, c'est que nous avons de l'audience et de l'influence.
00:57Chaque don, chaque soutien devient alors une victoire contre ceux qui veulent nous réduire au silence.
01:03Aujourd'hui, le combat est clair.
01:05Défendre TV Liberté, c'est défendre la liberté des médias alternatifs.
01:09C'est défendre notre droit à une information non soumise, à un label du pouvoir macroniste et des réseaux de l'ultra-gauche.
01:17Nous ne plierons pas.
01:18On ne se tait pas.
01:19On ne se vend pas.
01:20On résiste.
01:21Avec vous.
01:22Merci de nous recevoir chez vous en région parisienne.
01:47Vous êtes un ancien officier de l'armée populaire hongroise et vous avez participé à l'insurrection de Budapest.
01:55Vous avez été condamné à mort et vous avez fui en France.
01:59Vous êtes aussi connu, ce ne sera pas le sujet de l'entretien d'aujourd'hui, mais pour avoir été également condamné à mort en France.
02:04Parce qu'une fois en France, vous avez participé aux événements de la guerre d'Algérie en vous engageant dans l'OAS et en participant à une tentative d'assassinat du chef de l'État, Charles de Gaulle, en 1962, l'attentat du petit Clamart.
02:19Vous avez été condamné deux fois à mort, mais vous êtes toujours là, en pleine forme, à 85 ans.
02:25Et donc, à l'occasion de l'anniversaire de l'insurrection de Budapest, j'aimerais revenir un petit peu sur votre parcours et sur votre expérience de cette insurrection.
02:32La première question que j'aimerais vous poser, vous êtes né en 1931 à Pochfa, un petit village de l'ouest de l'Hongrie.
02:39Vous êtes issu d'une extraction modeste, d'une famille paysanne.
02:43Et donc, à l'époque, l'Hongrie, c'était encore une monarchie dirigée par l'amiral Horty, qui en était le régent.
02:49Et j'aimerais avoir quelques éléments un petit peu sur votre jeunesse, sur le souvenir que vous avez de cette Hongrie de l'époque de l'amiral Horty.
02:59Ce n'est pas facile de raconter ma vie, ce serait ou trop court ou trop longue.
03:06Dans les années 30, toute la Hongrie, sans distinction d'âge ou de partie, était pour la récupération de la Grande Hongrie.
03:17Les 325 000 km², on nous a laissé 93.
03:20La Hongrie était pratiquement assassinée parce qu'on imagine...
03:27Dès ma naissance, dès que je pouvais parler, je répondais aux questions, qu'est-ce que tu veux devenir quand tu seras grand ?
03:34Je disais, officier militaire.
03:37Et par la suite, je n'ai pas modifié.
03:42Mais ce n'était pas seulement une volonté, mais comme si c'était une sorte de mission.
03:48Et ça m'a resté dans toute ma vie.
03:50Il y avait une bourse de la femme de l'amiral Horty pour aider les familles modestes de la campagne.
03:59J'étais un petit paysan perdu dans la grande ville de Keuseig.
04:04J'ai fait des études extraordinaires.
04:08Je dis ça sans trop d'exagération parce que c'est grâce au gêne que j'ai reçu de mes parents,
04:15l'éducation donnée par les bénédictins et puis la situation tragique de la Hongrie.
04:22En 1945, l'Union soviétique a occupé toute la Hongrie.
04:26Officiellement, le monde entier considère que la Hongrie a été libérée.
04:30Il y avait des élections.
04:32Les premières élections, les législatives étaient libres.
04:36Il y avait plusieurs partis.
04:37Le parti communiste en 1946 n'avait que 17% de voix.
04:42Les troupes soviétiques avec leurs baïonnettes étaient sur place.
04:46Le parti communiste n'a demandé que deux ministères.
04:49Le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Justice.
04:55Ce qui était parfait pour arrêter n'importe qui et pour faire condamner n'importe qui.
05:03Évidemment, c'était le premier pas vers la soviétisation.
05:08Et en 1948, les communistes étaient assez bien établis.
05:12Appuyer la population, bon gris, mal gris, elle devait accepter parce qu'il n'y avait pas de sortie.
05:20Néanmoins, on pensait que ça allait durer 10 ans ou 12 ans, mais pas tellement plus.
05:25En ce moment-là, le parti communiste a interdit tout simplement tous les partis.
05:31Et puis, à partir de ce moment-là, on a étatisé les écoles, je dis plutôt étatisé que nationalisé.
05:38Bénédictin était chassé de leur ville même.
05:46Et pendant quelques années, j'étais donc formé par les nouveaux professeurs civils, encore qu'ils n'étaient pas soviétisés parce que c'était les anciens professeurs qui étaient de bons hongrois.
06:03Baccalauréat en 1951, en ce moment-là, déjà, les plans cliquant en haut fonctionnaient, c'est-à-dire que tout était jusqu'au moins de détails prévus.
06:12Par exemple, aux universités, on ne rentrait pas dans un moulin.
06:16Le nombre des élèves était strictement limité et prévu.
06:21Ceux qui étaient très prisés, c'était l'école polytechnique.
06:26Alors, mon professeur principal, il avait 50 ans et d'années, donc c'est un ancien régime, il dit,
06:34« Laioche, puisque tu as fait un baccalauréat excellent, je t'ai inscrit directement à l'école polytechnique.
06:42Il y avait quatre places.
06:44Je lui ai dit que, monsieur le professeur, c'est une erreur et je ne serai pas un excellent ingénieur parce que j'ai une vocation.
06:52Qu'est-ce que tu veux être ? » Je lui ai dit, « Officier. » Il dit, « Pour ces gens-là, pour ces assassins ? »
06:57Je lui ai dit, « Non, c'est pour la Hongrie. »
06:59Étant donné que je voulais être officier, mais certainement pas dans l'armée communiste soviétisée,
07:07mais dans l'armée royale hongroise, et je ne pouvais pas venir à l'Occident,
07:11j'avais une idée que, je crois que rarement un enfant de 14 ans, avec cette détermination,
07:18je me suis dit, « Je vais m'engager dans l'armée populaire hongroise pour me former,
07:24et puis quand la guerre commence, je passerai immédiatement de l'autre côté. »
07:29Et je me suis dit, « Autant donné que la Troisième Guerre mondiale tarde à venir,
07:36je vais me considérer comme le premier soldat de l'OTAN en mission spéciale,
07:41c'est-à-dire renseignement envoyé entre bonnes mains à l'Occident. »
07:47À l'époque, on avait la conviction qu'un conflit entre l'Occident était inévitable, oui.
07:56Il y avait deux blocs, le pacte de Varsové qui suivait d'ailleurs l'établissement de l'OTAN,
08:04qui était signé le 4 avril 1949, et 4 ou 5 ans après, l'Union soviétique aussi a réuni ses satellites.
08:13Donc, je me suis présenté dans mon CV, dans ma demande, dans l'école du pilotage,
08:22pour la simple raison facile à comprendre qu'avec un avion,
08:27j'aurais pu traverser la fameuse ligne qui séparait le monde libre,
08:35je mets entre guillemets maintenant, et le monde soviétisé.
08:40Le rideau de fer.
08:40Le rideau de fer, oui.
08:42Qui était certainement beaucoup plus solide qu'actuellement la ligne de Schengen.
08:49Il y avait des mitrailleuses automatiques, il y avait des mines un peu partout,
08:55des chiens policiers, patrouilles, donc c'était pratiquement infrancissable.
09:01J'ai reçu ma convocation, j'étais mobilisé, c'était la guerre de Corée,
09:07il fallait la chaire à canon parce qu'il fallait refaire tout l'encadrement.
09:124% des officiers, des corps d'officiers, étaient déjà officiers ou sous-officiers
09:18de l'armée royale hongroise.
09:20Donc, l'immense majorité, pratiquement tout le monde,
09:23était formé par les nouvelles écoles d'officiers.
09:27Le nombre des élèves de l'école d'infanterie était plus de 3 000.
09:33Étant donné que la guerre de Corée durait,
09:36on a réduit les deux ans de formation à une année.
09:40Et un an après, je suis promu sous-lieutenant,
09:44tout le monde était sous-lieutenant, au moins.
09:46Et étant donné que j'ai terminé avec une sorte de décoration,
09:52dans toutes les études, j'avais la meilleure note.
09:57Donc, je pouvais choisir la suite de ma carrière.
10:00Évidemment, j'ai choisi immédiatement l'école de pilotage à Solnok.
10:06Je suis resté pendant un an et demi.
10:08Après, il y avait un incident aérien extraordinaire.
10:12C'est-à-dire, il y avait un Canberra, c'est un biléacteur,
10:16qui avait un plafond opérationnel 25 km.
10:19C'était unique au monde.
10:21Je me demande comment ils ont réussi.
10:22Mais ils ont réussi 25 km.
10:24Alors que les MiG-15 et MiG-17,
10:26aussi bien Hongrois, soviétiques, stationnés en Hongrie,
10:30avaient un plafond à 17-18 km.
10:33Donc, ils ne risquaient rien, sauf une panne de moteur.
10:37Et plusieurs fois, cet avion Canberra quittait l'espace aérien hongrois impunément.
10:46Mais il y avait tellement de surutilisation de pilotes, aussi bien Hongrois que soviétiques.
10:53Et personne n'a signalé, ni le service de contrôle aérien, les radaristes qui devaient.
11:02Alors, eux aussi dormaient aussi solidement que les pilotes.
11:05Alors, à Moscou, ils s'arrachaient les cheveux.
11:08Parce que, pas seulement les Hongrois qui dormaient,
11:11mais les Russes étaient aussi nuls.
11:14Ils dormentaient certainement.
11:16Mais il n'y avait pas de levage d'un seul avion.
11:19En tout cas, en Hongrie, on a fait le grand nettoyage.
11:21Celui qui commandait l'armée de l'air communiste hongroise,
11:24c'était un général à deux étoiles,
11:28qui, non seulement, n'était jamais pilote,
11:31mais il n'a jamais fait son service militaire.
11:33Et à Moscou, d'une façon très catégorique,
11:37ils ont dit, camarades, applaudir quand vous entendez le nom de notre Staline bien-aimé,
11:45ça ne suffit plus.
11:46Peut-être qu'il y avait une demi-douzaine d'anciens pilotes de l'armée de l'air hongroise royale.
11:54C'était le colonel Nahador qui a pris le commandement.
11:58Il a regardé les dossiers.
11:59Un beau jour, j'étais convoqué.
12:04Il m'a dit, vous parlez un peu, vous avez fait une très bonne école civile et militaire.
12:09Vous parlez le français en allemand.
12:13J'ai envie de vous faire venir à l'état-major.
12:18Alors, ça vous va, j'ai dit, camarades colonels, ça m'irait très bien,
12:23mais je voudrais continuer l'école de pilotage pour voler sur le MiG-15.
12:29Il est bien, si ce n'est que ça, je m'engage, je vous garde pendant deux ans.
12:33Et après, vous pouvez retourner.
12:35Vous êtes membre du parti, je dis ça, pas en point d'interrogation.
12:39Je dis non, alors que vous êtes stagiaire, c'est-à-dire pour vous candidater pour avoir la glorieuse suite d'entrer dans le parti communiste.
12:51Et pendant six mois, vous travaillez d'arrache-pied jour et nuit, 25 heures par jour.
12:57Et je dis, stagiaire non plus.
13:01Alors, il réfléchit, je me traitais de tous les noms en disant,
13:04mais quand tu veux espionner l'ennemi, avoir des renseignements, tu manges, tu lis, tu t'habilles, comme tout le monde.
13:14Et avant tout, il fallait entrer dans le parti communiste.
13:17Je dis, non.
13:19Il réfléchit, il dit, ça ne fait rien.
13:23Et en fait, c'était une erreur de nom ?
13:25Oui, il y avait une erreur de nom, absolument.
13:28Martin Chandor, qui était prévu.
13:30Pendant la révolution, j'ai demandé à l'inspecteur de l'école.
13:35Et il y a quelqu'un qui a fait une erreur, le dossier Martin, sans accent, sur le A, ça vient avant.
13:42Le bordel qu'il y avait à l'état-major, c'est indescriptible.
13:47On a dit, tu es le responsable de formation et de suivi des pilotes de chasse.
13:55Alors, on m'a montré énormément des documents, c'est toi qui le sois, tenir à jour.
14:03Mais quand j'ai vu que tout l'organigramme de l'armée de l'air était devant moi, formation de pilote, quel avion, sur quel aéron, dans quel état, fatalement.
14:15Alors, j'ai appris par cœur, il y avait, je me souviens, 124 éléments qui étaient sur le tableau plus important.
14:25Et puis, au bout de deux semaines, j'ai vu que ça doit être vrai, qu'ils ne savent rien de moi.
14:33Alors, j'ai fait un dossier, à peu près 50 pages.
14:37Quand vous êtes à l'état-major, vous copiez des documents pour les transmettre à l'OTAN.
14:45C'est ça votre objectif ?
14:46Oui, absolument.
14:47Et comment vous faites pour les transmettre ?
14:49Mais, c'est la folie.
14:52Je ne peux pas dire à un monsieur en disant, est-ce que vous voulez entrer à l'ambassadeur ?
14:59Alors, c'était un samedi, j'entre, il y avait à l'entrée.
15:03Il y avait deux bonhommes, un ancien, qui avait solidement les jambes sur le bureau, il y avait un jeune.
15:10Alors, je lui ai dit, voilà, je l'ai rencontré pour un entretien, l'attaché de l'air.
15:19Il m'a dit, mais ici, vous ne pouvez voir que le consul.
15:23Je lui ai dit, bon, on va pour le consul.
15:25C'était un samedi après-midi.
15:27Il dit, oui, mais samedi après-midi, l'allégation, on n'était pas l'ambassade encore.
15:32Et fermé, vous pouvez venir à n'importe quelle heure, lundi ou vendredi, aux heures de bureau.
15:40Alors, j'avais une sorte de restaurant avec un fermeture éclair, cette taille-là.
15:48Alors, je lui ai dit, je ne pouvais pas lui dire non plus, monsieur le réceptionniste, vous donnez ça.
15:54Alors, je lui ai dit, je ressors.
15:58Mais, quand je raconte ça, normalement, personne ne devait croire.
16:04Alors, je rentre chez moi, et puis, j'ai trouvé un prétexte.
16:09Je lui ai dit, mais je viens d'arriver, je dois aller à un bureau, ceci, cela.
16:13Je lui ai dit, ok, je suis parti plus tôt, le service se termine à 17h.
16:19J'arrive, donc, dans l'allégation, j'entre comme il faut.
16:25Je demande où se trouve le bureau de monsieur le consul.
16:27Premier étage, peut-être deuxième porte à gauche.
16:30Je lui ai dit, monsieur le consul, je suis un officier d'actifs de l'armée populaire hongroise.
16:35Je suis venu pour lutter contre le communisme, contre les occupants de la Hongrie.
16:44Je vous demande de transmettre ces renseignements à l'OTAN.
16:51Alors, si son bisagien ne montrait la surprise,
16:55pourtant, il n'y avait pas tous les jours trois personnes qui viennent avec un texte, comme ça.
17:02Il dit, monsieur, je suis le consul.
17:05Je ne m'occupe pas du renseignement.
17:07Je suis responsable du contact et de sécurité des 500 citoyens américains qui travaillent en Hongrie.
17:15Je lui ai dit, bien sûr, vous pouvez supposer que je suis, je peux être un agent, c'est un piège,
17:24mais je vous prie d'étudier ce dossier.
17:30Je tente, je dis maintenant, il dit, oh là là, que non.
17:31Estudier ce dossier, vous allez voir, par recoupement, que c'est véridique.
17:36Alors, il prend et il dit, je vous promets que je transmettrai.
17:43Je dis, je compte revenir ultérieurement, je ne sais pas quel jour.
17:47Je dis, vous pouvez revenir, puisque je suis le consul, mon rôle aussi de recevoir des Hongrois.
17:53Alors, c'était le 2 août 55, six semaines après, parce que j'avais pas mal de documents,
18:01le 16 septembre également, deuxième.
18:03Et le troisième, l'année après, peu de temps avant la Révolution, le 4 juin.
18:13Quelle est l'ambiance au début des années 50 ?
18:15Donc, cette ambiance qui va précéder l'insurrection.
18:18Je comprends, oui.
18:20Mais l'Union soviétique a imposé son régime draconien qui était formé.
18:28Les Hongrois, vous vous souvenez du procès de Roik, qui était, on ne peut pas être plus communiste.
18:35Il était volontaire dans la guerre civile espagnole en 1936-39.
18:40Et il a fait un travail monstre pour le communisme international.
18:46En Hongrie, il y avait une petite partie du parti communiste, des chefs haut placés,
18:55qui n'étaient pas formés par Moscou.
18:57Alors, on les a accusés d'être titistes.
19:00C'est-à-dire, ils veulent un régime communiste, mais pas dirigé par Moscou.
19:07Alors, on a dit, il faut faire un procès pour couper court,
19:12et puis pour montrer au monde entier qu'il y a l'ennemi qui s'est infiltré chez nous.
19:18En fait, c'est un petit peu la... il y a eu la même chose en Tchécoslovaquie.
19:22Absolument.
19:23C'est-à-dire, ça a été l'épuration, en fait, des communistes nationaux.
19:27Nationaux, oui.
19:28Et parce qu'en fait, il y avait la crainte de Staline de voir le scénario yougoslave...
19:34Yougoslave qui se répète, oui, absolument.
19:36Et Roy, on lui a dit, camarade, le parti te demande d'avouer tes crimes,
19:43que déjà, dans la guerre civile espagnole, tu étais un agent de l'intelligence service,
19:49et évidemment, tu vas être condamné à mort,
19:52mais évidemment aussi, on va te transformer le visage,
19:56et associer où tu veux, avec un faux nom,
19:59tu vivras comme un pacha jusqu'à la fin de tes jours.
20:02Et il a avoué, il a fait même un effort, il avait un scénario,
20:08une question, tu dois donner ses réponses.
20:11Il était condamné à mort, et puis un beau matin, on le réveille,
20:14en disant, camarade, l'heure est venue, on va t'exécuter.
20:18Et il les a regardés comme une fois en disant,
20:20« Camarade, vous m'avez trompé ».
20:22L'exécution a eu lieu, alors, propagande extraordinaire,
20:28regardez, Tito, il y avait des projets,
20:32évidemment, les états-majors font toujours des projets,
20:34projets d'attaque, mais il y avait des projets.
20:37J'ai un bouquin de l'armée populaire hongroise au CLH.
20:48Les projets d'attaque contre la Yougoslavie,
20:51où la Hongrie devait engager 450 000 soldats,
20:56et on a prévu qu'à peu près un tiers seront très rapidement morts et blessés.
21:02Et quel regard vous portez, du coup, sur Imre Noj ?
21:06Imre Noj ?
21:07C'est un communiste, on ne peut pas dire.
21:09Non, on ne peut pas dire, même dans les années 30,
21:1531, 32, il est allé en Union soviétique,
21:19il était d'origine paysanne,
21:21il est allé en Union soviétique pour étudier
21:23le grand, énorme succès des Kolkhoz et des Sofros,
21:28les Kolkhoz, c'est la ferme collective,
21:32Sofros, la soviétique, la ferme d'État.
21:35Est-ce qu'un hongrois devait aller en 1930 et en 1932,
21:40alors qu'il crevait de faim,
21:43parce que le rendement était tellement mini
21:46que je crois que c'est un énorme succès,
21:51mais dans le sens négatif.
21:52Et quand il est revenu,
21:54c'était lui le premier ministre de l'agriculture
21:57qui a distribué la terre,
21:59c'était les grands propriétariens rayés,
22:03comme un criminel de guerre,
22:05ou un ennemi de classe,
22:08c'était étatisé et c'était distribué aux paysans,
22:13qui étaient très heureux, très contents.
22:15Mais peu d'années après,
22:17on a dit, bon, mais ce n'est pas assez rentable,
22:20un petit paysan avec une petite charrue,
22:23par village,
22:26il faut former des sociétés,
22:31des fermes collectives.
22:34C'est ce qui s'est passé,
22:36et Nadim Ra a constaté
22:38que ce n'est pas ce socialisme communiste qu'il voulait.
22:42Quand Staline est mort en 1953,
22:44on l'a repêché,
22:46parce qu'il y avait des vagues,
22:49quand même pas seulement en Union scientifique,
22:51mais surtout en Hongrie,
22:53on a dit les plus mauvais élèves
22:56du camp socialiste,
22:59que les rapports secrets montraient
23:01que les paysans,
23:03ils ne veulent absolument pas
23:07rester dans les concourses,
23:08sauf chose.
23:10Et qu'est-ce qu'il faut faire ?
23:11Parce qu'ils jouaient sur plusieurs tableaux,
23:17les soviétiques de Moscou,
23:18ils ont dit,
23:19il faut repêcher un Nadim,
23:20là, qui était mis de côté.
23:22On l'a nommé Premier ministre,
23:25et puis, ça, c'est vrai,
23:28qu'il y avait une sorte de décision
23:31prétente, appréciable,
23:35et aussi bien que
23:3654,
23:3855 déjà,
23:4055,
23:41il y avait
23:43une certaine liberté,
23:45ce n'est pas officiel,
23:47mais officieusement,
23:47par exemple,
23:49les officiers à l'état major,
23:51ils parlaient librement,
23:53ils ont dit,
23:53moi, j'étais formé en Union soviétique,
23:55voilà comment ça s'est passé,
23:57abominable.
23:59On sentait qu'il y avait quelque chose dans l'air,
24:02et puis, il y avait les Polonais
24:03qui manifestaient pour Gomulka,
24:06qui étaient en prison,
24:07et l'Union soviétique
24:08devait déjà reculer,
24:10parce qu'ils libéraient Gomulka,
24:12et avant que Gomulka soit libéré,
24:16il y avait les étudiants hongrois,
24:17évidemment,
24:18moi, c'était plus à la pointe
24:20de la lutte à leurs professeurs,
24:22d'ailleurs.
24:23Manifestation de solidarité
24:24avec les Polonais.
24:27Le 22,
24:28j'habitais,
24:29j'avais une petite chambre
24:30dans une famille,
24:32à Buda,
24:33il y avait un étudiant
24:34qui m'a donné des tracts,
24:37le 22,
24:37la veille,
24:38en disant,
24:39voilà,
24:40nous réclamons,
24:40nous vous exigeons,
24:41il y avait peut-être 12 points,
24:43notamment,
24:45régime de plusieurs partis,
24:47retraite des troupes soviétiques
24:49dans une délai de quelques mois,
24:52mais je me suis dit,
24:53mais c'est pas bon,
24:53si, si, si,
24:54tu vas voir demain,
24:55si tu peux venir,
24:56parce qu'il va y avoir
24:58des centaines de milliers
24:59dans la rue,
24:59et ce qui s'est passé,
25:01vous savez qu'il y a une possibilité,
25:04on a vu que toute la Hongrie
25:06était là,
25:06alors tous ceux qui ont voté
25:08pour le parti unique,
25:10on commençait par moi,
25:11parce qu'il y avait une cabine,
25:13mais personne n'y est entré,
25:1499% qui ont voté
25:16pour le parti communiste unique,
25:19et quelques temps après,
25:21toute la population de Bula-Peste,
25:23des centaines et des centaines de milliers
25:25étaient dans les rues,
25:27et à un moment donné,
25:28je vois un drapeau,
25:30un drapeau hongar rouge,
25:32blanc, vert, horizontal,
25:33au milieu du blanc,
25:34il y avait une énorme étoile rouge,
25:37l'emblème soviétisé,
25:39il y avait un trou,
25:41ce qui,
25:42on a tout de suite compris,
25:44Imranod,
25:45c'était devant le parlement,
25:46on a hurlé,
25:48on veut Imranod,
25:49Imranod,
25:50alors Imranod est venu,
25:51il commence la locution,
25:53camarades,
25:55comme si c'était un scénario d'un film,
25:59tout le monde hurle,
26:02il n'y a plus de camarades,
26:04alors il a dit,
26:05chers compatriotes hongrois,
26:07et puis,
26:08ça s'est arrêté,
26:09ça continuait,
26:10il y avait cinq échelons,
26:12pour faire face,
26:13s'il y a des troubles sérieux,
26:16dans les pays démocratiques populaires,
26:18premièrement,
26:20les apparatchikis,
26:22ils font des propagandes,
26:23deuxième,
26:24la police bleue,
26:25c'est la police criminelle,
26:27après,
26:27la police AVH,
26:30après,
26:31l'armée hongroise,
26:32et après,
26:33l'armée soviétique,
26:34et bien,
26:35la nuit même,
26:36du 23-24,
26:38c'était l'armée soviétique
26:39qui est apparue,
26:40mais,
26:41et puis après,
26:42il n'y avait plus de retour possible,
26:45le point de non-retour était passé.
26:48Alors,
26:49ça c'était des événements globaux,
26:51et vous,
26:52en tant qu'officier de l'état-major,
26:54qu'est-ce que vous avez fait
26:54pendant ces journées,
26:56on va dire du 23 octobre,
26:57à peu près,
26:58au 6-7 novembre,
27:00puisque les soviétiques attaquent,
27:03puis se retirent,
27:04puis réattaquent à nouveau la Hongrie,
27:05à partir du 4 novembre 1956,
27:09et vous,
27:09pendant ces quelques jours décisifs,
27:13qu'est-ce que vous avez fait ?
27:14Déjà,
27:15devant le Parlement,
27:17le 23,
27:18j'ai arraché les toits rouges,
27:20j'ai jeté,
27:21ou je ne sais pas,
27:21j'ai mis dans ma poche pour souvenir,
27:23mais devant moi,
27:25c'était un premier lieutenant de l'artillerie
27:27qui a fait la même chose,
27:29les jeunes filles nous embrassaient,
27:31l'armée avec nous,
27:33et puis,
27:34le lendemain,
27:36je cherchais des contacts
27:39avec les insurgés.
27:40Dans mon quartier,
27:42je ne veux pas donner trop de détails,
27:45mais il y avait des civils
27:47qui étaient en uniforme,
27:48et ils m'ont vu en uniforme,
27:50en disant,
27:51mais tu es militaire quand même,
27:54tu dois nous aider.
27:55Alors,
27:56on a formé un petit groupe,
27:59on a surtout fait la propagande,
28:05moi,
28:06à l'état-major,
28:07ou ailleurs,
28:08parce qu'il y avait des militaires
28:09qui chancelaient un peu,
28:12et le 28,
28:13on a créé la garde nationale hongroise,
28:19Nodimra a été confirmé,
28:21on a signé,
28:23cesser le feu avec le soviétique,
28:25ça figure.
28:26Vous avez aussi,
28:27il y a un français qui a été connu,
28:30pour les élèves de Budapest 56,
28:32le photographe de Paris Match,
28:34Jean-Pierre Pedratini,
28:36qui est mort,
28:37qui a été fauché par un...
28:38Absolument.
28:39qui est mort,
28:40qui a été rapatrié,
28:41et qui est mort en France,
28:42entre temps est mort,
28:43oui.
28:43Il s'est décompté de ses blessures,
28:45et vous,
28:45à ce moment-là,
28:45vous étiez donc à l'aéroport de Budapest,
28:47et vous l'avez vu,
28:47c'est ça ?
28:48Voilà.
28:48J'étais nommé,
28:49puisque je parlais plus ou moins bien,
28:53c'est bien,
28:53l'allemand et le français,
28:55et un camarade,
28:57Kovac,
28:57il parlait le russe,
28:59puisqu'il avait sa formation
29:01en Union soviétique.
29:04C'est un ordre de mission,
29:05pour Kovac et pour moi,
29:07d'aller sur,
29:09l'aéroport de Faryhead.
29:12Nous y sommes allés,
29:14le premier avion,
29:15c'était un avion,
29:16un autre et l'autre,
29:17polonais.
29:18Deux jours après,
29:20l'aéroport était encerclé
29:23par un régiment de blindés,
29:25automitrailleuses,
29:27canaux anti-aériens.
29:29Il y a un lieutenant-colonel soviétique,
29:32un mongol,
29:34qui vient avec un interprète,
29:38et qui avait une barbe de cinq jours,
29:42en disant,
29:44interdiction,
29:45alors qu'on était en cessez le feu.
29:48Jusqu'à nouvel ordre,
29:50j'obéis à Moscou,
29:53toute activité aérienne est interdite.
29:56Personne ne doit atterrir,
29:59personne ne doit décoller.
30:00Et pourquoi ça ?
30:02Parce que nous protégeons
30:04les familles des officiers
30:06soviétiques stationnaires
30:08de Budapest.
30:08Or,
30:09ni avant,
30:09ni pendant,
30:10ni après,
30:10on n'a jamais entendu parler
30:12qu'on a violé les Marussiens,
30:14on a coupé la tête,
30:17c'était un prétexte,
30:19parce que l'état-major
30:21de l'armée de l'air hongroise
30:22y pensait sérieusement,
30:26si on continue à constater
30:29que des troupes soviétiques
30:31viennent sur le territoire hongrois,
30:35l'armée de l'air
30:36va attaquer
30:38les troupes soviétiques
30:40stationnées en Hongrie.
30:41Le lendemain,
30:42il y a
30:443-4 voitures
30:45plus une ambulance
30:46qui arrive,
30:47on demande,
30:50on a vu que c'était des Français,
30:53j'y vais,
30:54il y avait une dame
30:55très élégante
30:56qui était la,
30:57le chef du groupe,
31:00ils disent,
31:01monsieur,
31:01vous avez certainement entendu parler
31:03de Pedrazzini
31:04qui est guillèrement blessé,
31:06à Vienne,
31:07il y a déjà
31:08un avion médicalisé,
31:10français qui,
31:11attendent
31:12pour transporter
31:13à Paris.
31:14Je dis,
31:15toute activité est interdite.
31:17Alors, moi,
31:17je parlais le français,
31:18Kovach,
31:19il parlait très bien,
31:20donc,
31:20une double traduction,
31:21il a dit aux Russes,
31:23voilà,
31:23Jean-Pierre Pedrazzini,
31:25journaliste,
31:26mondialement connu,
31:28français,
31:29qui est guillèrement blessé,
31:30il faut transporter
31:32de toute urgence
31:34pour sauver sa vie,
31:35demander l'autorisation.
31:37Alors,
31:37il s'en va,
31:38il revient,
31:38il dit,
31:39non.
31:40On a bavardé encore,
31:42on cherchait
31:42des arguments,
31:45il s'en va,
31:46il a dit un seul mot,
31:48tout le monde comprend,
31:49niet.
31:50Et nous,
31:50on était furieux
31:50parce qu'on voulait faire
31:53quelque chose d'extra,
31:54et puis c'était la moindre des choses.
31:56je dis à Courage,
31:58qu'est-ce que tu penses ?
31:58On va dire,
32:00c'est magique,
32:01d'ailleurs,
32:02je crois que ça aurait été la suite,
32:05le,
32:06le français,
32:08le diplomat français
32:09va repartir
32:10avec le blessé grave
32:11qui va mourir.
32:12Les occidentaux
32:14vont vous accuser.
32:17Moscou
32:17va chercher
32:18une solution.
32:21Nous,
32:22les deux officiers
32:22hongrois
32:23vont déposer
32:24en disant
32:25exactement
32:26ce que vous avez dit.
32:28Donc,
32:29dites-leur
32:30ce que vous risquez.
32:32Alors,
32:32je dis,
32:32peu de chance.
32:33Je reviens,
32:35d'objet,
32:36mais je vais voir
32:38le blessé.
32:39je me suis dit,
32:40il va arracher.
32:41Il jetait un coup d'œil,
32:42comme ça.
32:44Il a dit,
32:45ok.
32:46Il y avait un avion,
32:48il y avait un bimoteur autrichien.
32:51Il avait peur,
32:52il a dit,
32:53je vais terminer en Sibérie.
32:56Il y avait un jeune étudiant
32:58qui était,
32:59qui n'était pas médecin.
33:02Il dit,
33:02écoutez,
33:03on me cherche à Morgue,
33:04j'ai tué les communards.
33:07Il faut absolument...
33:08Alors,
33:09j'avais une idée,
33:10je lui ai dit,
33:11cherche une blouse blanche.
33:13Il l'a trouvé en cinq minutes.
33:15Alors,
33:15le russe,
33:16je lui ai dit,
33:17ce médecin doit...
33:19Je me suis dit,
33:20non,
33:20non,
33:20il va dire.
33:21Pourquoi ?
33:22Parce qu'on ne peut pas laisser le...
33:24Il avait déjà un médecin,
33:25parce que deux spécialistes...
33:27D'accord,
33:27il a décollé.
33:29On a entendu par la suite
33:30qu'il est arrivé à Vienne,
33:32à Paris,
33:33et puis deux jours après.
33:35Mais il y avait deux balles
33:37de mitrailleuses lourdes,
33:4012,7 mm.
33:41C'est énorme.
33:42Ce qui est miraculeux...
33:44D'ailleurs,
33:44le médecin qui l'a opéré,
33:46il dit,
33:47aucune chance,
33:48pratiquement pas.
33:49Un sur mille,
33:50aucune chance.
33:50C'est...
33:51il est mort.
33:54Jean-Pierre Pedralzini.
33:56On a fait une opération.
33:58C'était au début de...
34:00deuxième attaque des soviétiques.
34:02C'est le 4 novembre.
34:03Oui.
34:04Et ça devait être le 5.
34:06Les Russes sont occupés de Bilapest.
34:07J'avais avec moi
34:10un sergent,
34:13un étudiant
34:13et un oublié.
34:15On était armés.
34:17On a...
34:18À un endroit,
34:19la nuit,
34:21vers le minuit ou après-minuit,
34:23on a vu qu'il y avait
34:25une automitrailleuse,
34:27deux sortes d'automitrailleuses
34:30de ce point de vue-là,
34:30fermées,
34:31ou bien c'était comme
34:33un camion d'attarie ouvert.
34:36On passait une fois
34:37et puis
34:38il dormait à moitié.
34:40Il y avait un russo volant.
34:42Moi, j'avais un PPHK,
34:44un pistolet mitrailleur
34:46à Camembert,
34:47comment on dit,
34:48les 70...
34:4972 cartouches.
34:51Et puis il y avait des grenades.
34:53Alors le sergent,
34:54on a dit,
34:56on revient,
34:57on va faire cette caisse.
35:00Il dit,
35:00je peux faire
35:01le pistolet mitrailleur.
35:03Alors je lui ai dit,
35:05c'est toi qui ouvre le feu,
35:06tu tues le chauffeur.
35:10Il était plus ou moins
35:11en dehors.
35:11Il me disait,
35:11c'est pour ça
35:12que je ne suis pas très fier.
35:13Je lui ai dit,
35:15au milieu,
35:16c'est moi qui commence,
35:17je jette la grenade,
35:19c'était lourd,
35:20je jette la grenade
35:22dans l'automitrailleuse.
35:26C'est ce qu'on a fait.
35:28et lui,
35:30on a monté,
35:34on a regardé,
35:34il y avait trois ou quatre
35:35mugilles,
35:36ce n'était pas beau à voir.
35:38Et puis le...
35:39Il y a eu plusieurs milliers
35:40de morts dans la bataille
35:41de Budapest.
35:42Absolument,
35:43oui,
35:43oui.
35:43Ce n'était pas une manif
35:44avec...
35:44Non,
35:45c'était une véritable guerre.
35:47En 1956,
35:49il y avait trois officiers
35:51soviétiques,
35:52officiers soviétiques
35:53au moment-là,
35:54qui ont été décorés,
35:58nommés héros
36:00de l'Union soviétique.
36:03Et cette décoration
36:04ne peut donner
36:05qu'un état de guerre.
36:07La révolution,
36:09l'insurrection
36:10a été militairement écrasée
36:13par l'intervention
36:15militaire soviétique.
36:16et donc il y a
36:18à peu près 200 000 Hongrois
36:19qui ont fui
36:20la Hongrie
36:21en direction
36:23de l'Ouest.
36:25Il y en a même
36:26quelques-uns
36:26qui ont fui
36:26en direction
36:27de la Yougoslavie.
36:28Absolument.
36:29Vous avez choisi
36:30de venir en France,
36:31mais pour venir en France,
36:34il fallait d'abord
36:34passer le rideau de fer
36:35qui était gardé à l'époque.
36:37Et comment est-ce que vous avez...
36:38Comment êtes-vous parvenu
36:39à franchir
36:40le rideau de fer
36:42qui séparait
36:43la Hongrie
36:43de l'Autriche ?
36:44En ce moment-là,
36:45les gardes-frontières
36:47étaient
36:49réorganisées.
36:52Je suis passé
36:52le rideau
36:54dans la nuit
36:56du 9 au
36:5710 décembre.
36:59Je suis resté
36:59parce que
37:00on a dit
37:01Mouk,
37:02Mouk,
37:04nous recommençons
37:04au mois de mars.
37:06Mais étant donné
37:07qu'aucune aide
37:09n'est venue,
37:11j'ai vu que
37:12ce n'était pas faisable.
37:15En plus...
37:15Vous avez l'idée
37:16de refaire
37:17la révolution
37:18ou une révolte
37:18en mars
37:19pour l'anniversaire
37:21de...
37:22de 15 mars.
37:23Du 15 mars
37:241848.
37:25Voilà.
37:26Oui, oui, oui.
37:28Mais les communards,
37:29ils ont pris ça
37:30très au sérieux.
37:32Vous avez peut-être
37:32des raisons
37:33de le prendre au sérieux
37:33cette fois-ci.
37:34Oui, parce que
37:35ça ne s'est pas
37:38réorganisé
37:38aussi rapidement
37:39qu'on pensait
37:41puisque toute la population
37:43était mouillée
37:44dans le bon sens.
37:46À Pochefoy,
37:47il y avait un passeur.
37:48Alors, je me suis adressé
37:50à lui.
37:51Pochefoy, c'est-à-dire
37:52à 30 km de la frontière.
37:53Il m'a accompagné
37:54jusqu'à la frontière.
37:56Il a dit
37:56là, un kilomètre,
37:58c'est l'Autriche.
37:58Le rideau de fer
37:59était démilitarisé.
38:02C'est-à-dire
38:02les mines ne fonctionnaient pas.
38:05Il y avait des patrouilles
38:06déjà par contre.
38:07Des patrouilles...
38:08C'était intéressant
38:09mon passage.
38:10Les patrouilles
38:11n'étaient pas mixtes
38:13mais aussi bien
38:14il y avait des patrouilles
38:15hongroises
38:16réorganisées.
38:18des gardes frontières
38:20que les soldats
38:21soviétiques.
38:24Il nous a accompagné.
38:25J'étais avec
38:26Fakete.
38:26Par la suite,
38:27j'ai retrouvé
38:28comme un grand
38:29spécialiste économique
38:32et surtout monétaire
38:34du monde entier.
38:34Il est allé au Canada.
38:36Antal Fakete.
38:36Antal Fakete.
38:38Il a écrit un livre
38:39entre le retour
38:41au Standard
38:42Or.
38:44Et je l'ai retrouvé
38:46il y a deux ans
38:47ou trois ans
38:47parce que j'ai vu son nom.
38:50J'ai téléphoné
38:51à tous ceux
38:52qui s'appelaient
38:53Antal Fakete.
38:54Et le premier,
38:55je dis,
38:55monsieur,
38:56voilà,
38:57je connais Antal Fakete.
38:59Avec lui,
38:59j'ai traversé la frontière
39:00telle date.
39:01Est-ce que
39:02c'est-à-dire
39:02vous par hasard ?
39:03Il dit,
39:03oui,
39:04la Yoche,
39:04c'était moi.
39:06Et donc,
39:07pourquoi vous,
39:08vous avez choisi
39:08de venir en France ?
39:09Alors finalement,
39:09la plupart des Hongrois
39:10sont partis plutôt
39:11en Allemagne,
39:13aux Etats-Unis,
39:14au Canada,
39:14etc.
39:14Pourquoi la France ?
39:16Pour une simple raison,
39:19une seule raison,
39:21que l'état-major
39:22Cheyp
39:23de l'OTAN
39:25se trouvait
39:26en ce moment-là
39:26dans la région parisienne.
39:28Donc,
39:28aujourd'hui,
39:29je serai venu
39:30à Waterloo.
39:31Je suis venu
39:32avec l'intention
39:33de ramener
39:35mon quatrième rapport
39:36que j'ai caché
39:37à Budapest
39:38et continuer
39:38la lutte
39:39contre le communisme.
39:40En ce qui me concerne,
39:42je ne me considère
39:43jamais comme un réfugié
39:44parce que
39:45je suis venu
39:46à un objectif
39:47de reprendre le contact
39:48avec les autorités
39:49de renseignement américains.
39:52Je voulais m'engager
39:53dans une armée
39:54pour lutter,
39:56mais néanmoins,
39:57étant donné
39:58le refus catégorique
40:00des Américains
40:01que je considérais
40:02comme une trahison
40:03la plus abominable
40:04parce que
40:06ce que j'ai fait
40:08pendant cinq ans,
40:09j'ai risqué ma vie
40:10et la vie
40:12de ma famille
40:14et des tortures.
40:16Et
40:16les Américains
40:17qui aiment tellement
40:18le succès,
40:20moi,
40:21seul,
40:22de A à Z,
40:23j'ai transmis
40:24des renseignements
40:24à peu près
40:25trois fois cinquante pages
40:26jusqu'au moins
40:27des détails,
40:29l'OTAN
40:29connaissait
40:30la situation
40:31en ce moment-là
40:32de l'armée
40:34populaire
40:35communiste
40:36hongroise.
40:37Mais
40:37ma vie,
40:39c'est une goutte
40:40caractéristique,
40:43comme une goutte
40:43de la mer
40:44que
40:46je voudrais citer
40:48le message
40:50d'Azenauer,
40:52deux jours
40:53avant
40:53la deuxième
40:54attaque soviétique
40:55du 4 novembre.
40:57Dire
40:58comrade Yukov,
40:59chers camarades
41:00Joukov,
41:02les États-Unis
41:03ne désirent pas
41:04l'installation
41:05d'un pays
41:06hostile
41:07sur les frontières
41:09de l'Union
41:09soviétique.
41:11À mon humble avis,
41:13l'idiot des villages,
41:14ça voulait dire
41:15camarades Joukov,
41:17vous faites
41:17ce que vous voulez
41:18avec la Hongrie,
41:19c'est ce qu'ils ont fait.
41:20Il y avait
41:20peut-être
41:21200 000 soldats,
41:23des milliers
41:23de chars,
41:25il n'y avait plus
41:25de chars
41:26et autres mitrailleuses
41:27contre la Hongrie
41:28que l'armée allemande
41:30qui attaquait
41:32la France
41:32en 1940.
41:35Donc finalement,
41:36vous êtes arrivé
41:36en France
41:37à la fin de l'année
41:371956,
41:39vous y êtes resté
41:40depuis,
41:41vous êtes retourné
41:41pour la première fois
41:42en Hongrie
41:43en 1987,
41:44c'était encore
41:45avant la fin
41:45du régime
41:47communiste,
41:48mais c'était
41:49déjà
41:49une époque
41:50de relative
41:51déliquescence
41:52et d'ouverture
41:53aussi.
41:54Et donc,
41:54comme vous êtes retourné
41:55pour la première fois
41:55en Hongrie
41:56au bout de 30 ans,
41:57j'aimerais vous demander
41:57un petit peu
41:58à quoi ressemblait
41:59la Hongrie
42:00de la fin
42:00des années 80
42:01de ce socialisme
42:03finissant.
42:03En effet,
42:04je suis retourné en Hongrie
42:06puisque j'avais obtenu
42:09entretenu la nationalité
42:10française
42:11et je croyais que
42:13c'était quand même
42:14une sécurité.
42:16Je suis allé en Hongrie
42:17avec ma femme
42:18et avec mes trois enfants
42:21et 30 ans,
42:25c'est énorme,
42:28même dans la vie
42:29d'un pays,
42:29surtout dans la vie
42:30d'une personne,
42:32d'un homme.
42:33Et je ne dis pas
42:34que je me sentais
42:36comme un étranger
42:37parce que je rencontrais
42:40des amis,
42:41mais on ne pouvait pas
42:43effacer 30 années
42:45d'un seul geste.
42:49Mais en ce qui concerne
42:50la situation politique,
42:52je ne dis pas
42:53que j'ai prévu
42:54la suite
42:55que l'Union politique
42:56s'effondre,
42:57mais ce n'était plus
43:00la terreur
43:01que je sentais partout.
43:05Je devais me présenter
43:06à la police.
43:08J'étais condamné
43:10mort par contre humains,
43:11mais on n'en parlait plus
43:12à la police.
43:13Théoriquement,
43:14je devais être arrêté
43:16ou inquiéter.
43:17D'ailleurs,
43:18je n'ai pas vu ça.
43:19mais les gens
43:22étaient assez apathiques.
43:24Parlaient
43:25avec précaution
43:28quand même.
43:29Ceux qui me connaissaient
43:31depuis longtemps,
43:32c'est vrai qu'à l'âge
43:34de 12 ans,
43:35j'ai quitté
43:35Pogba aussi.
43:37Mais j'ai gardé
43:38de bons contacts.
43:40Je suis allé
43:41à Bulapest.
43:42Les gens
43:42ont gardé
43:43de bons souvenirs
43:44de moi.
43:46D'ailleurs,
43:46au début,
43:46ils ne voulaient pas croire
43:47que j'étais au Petit Clamard.
43:49parce que j'étais un gentil gars
43:50souriant.
43:51Je leur demandais
43:53quelle est la situation.
43:55Je leur disais,
43:55mais on a beaucoup plus de liberté,
43:58de plus en plus de liberté.
43:59L'Union soviétique
44:00laisse un peu
44:02la haute main
44:04sur la Hongrie
44:06pour le Parti Communiste
44:08pour le Parti Communiste
44:08Hongrois.
44:10Mais le cœur
44:11n'y est pas.
44:12Il y a
44:12presque
44:13autant
44:15d'inscrits
44:16au Parti Communiste
44:17qu'avant.
44:18Mais on ne leur demande
44:19pas de travailler.
44:21On ne demande pas
44:22hurler
44:23comme un chien
44:26dès qu'on entend
44:26un chef
44:27communiste.
44:29Mais économiquement,
44:31ça va très mal.
44:32ce qui est étonnant
44:35qu'on n'arrive pas
44:38à décoller
44:39alors que
44:40les techniciens
44:42hongrois
44:43sont aussi bien
44:44à peu près
44:45qu'au niveau occidental.
44:48Les écoles fonctionnent bien.
44:49mais
44:50si on
44:52dit
44:53on doit dire
44:53un seul mot
44:54c'est apathique.
44:55Ils ne sont pas heureux.
44:57Alors qu'avant
44:58on a dit
44:59après
45:0060
45:01mettons
45:02que
45:03dans le camp
45:05socialiste
45:06la
45:07baraque
45:08la plus joyeuse
45:09c'est la Hongrie.
45:11J'ai pu
45:11constater
45:12qu'il y a
45:13pas mal
45:13de mes camarades
45:15français
45:15ou anglais
45:16où je travaillais
45:16dans une société
45:17où il y avait
45:17beaucoup d'anglais
45:18qui travaillaient
45:20en Bulgarie
45:22plusieurs
45:22ils ont dit
45:22bon mais
45:23pour passer le week-end
45:24on est allé à Budapest
45:25parce qu'on s'amusait
45:27l'ambiance
45:28mais
45:29je crois que
45:30c'est une sorte
45:32de torture chinoise
45:33qu'on vous tape
45:34pas très fortement
45:36sur la tête
45:37ou vous laisse
45:38goûter
45:39de l'eau
45:40toutes les deux secondes
45:44c'est une sorte
45:44de torture
45:45parce que
45:46les anglois
45:47n'acceptent pas
45:52aussi facilement
45:53un régime
45:56étrangère
45:58draconienne
45:59que
46:00c'est la mentalité
46:01des Slaves
46:02ils ont
46:02une duplicité
46:04ils peuvent
46:05jouer la comédie
46:07mais
46:07les anglois
46:08non
46:09
46:09on a prouvé
46:11plusieurs fois
46:12au cours de l'histoire
46:13contre les autrichiens
46:14donc
46:16c'était dans l'air
46:18mais
46:20ce qui
46:20nous a étonné
46:21nous les
46:22réfugiés
46:23hongrois
46:23à l'occident
46:24que
46:25trois fois
46:26quatre ans
46:27c'était quand même
46:28les ex-communistes
46:29les Horn
46:30les deux-là
46:31mais
46:31les deux-ciens
46:32qui étaient
46:33vraiment
46:35on peut dire
46:36avec des convictions
46:37communistes
46:39comment le peuple
46:40hongrois
46:41pouvait voter
46:42pour eux
46:43à un moment donné
46:44deux fois de suite
46:46J'aimerais connaître
46:48votre sentiment
46:48par rapport
46:49à la Russie
46:50parce que
46:50la Hongrie
46:51et la Russie
46:52ont toujours
46:52une histoire
46:53parfois un peu
46:53compliquée
46:54ça a été
46:55notamment
46:55la révolution
46:57de 1848-49
46:58contre l'Abspo
47:00qui a été écrasée
47:00par les armées
47:02russes
47:02du tsar
47:02Nicolas Ier
47:03ça a été
47:04l'insurrection
47:05de Budapest
47:06ça a été
47:06l'occupation
47:07soviétique
47:08donc finalement
47:09quel est votre sentiment
47:10par rapport
47:11à la Russie
47:13en tant que
47:14hongrois
47:14je considère
47:16la Russie
47:17sur le plan
47:20du 20ème siècle
47:21comme la plus grande
47:22victime
47:23du communisme
47:24du moment
47:26que la Russie
47:28n'est pas communiste
47:29mais retrouve
47:31dans la
47:31dans le giron
47:33de l'Europe
47:34je considère
47:35la Russie
47:35même
47:36comme une grande
47:37puissance
47:38européenne
47:39avec qui
47:41la Hongrie
47:42pourrait
47:42même
47:43devrait avoir
47:44des relations
47:45tout à fait
47:46normales
47:47aussi bien
47:47sur le plan
47:48économique
47:48que national
47:50je pense
47:51avant tout
47:52au groupe
47:53de
47:55Visegrad
47:56dont
47:57la Pologne
47:58la République
48:00tchèque
48:00la Slovaquie
48:02et la Hongrie
48:02font partie
48:03par contre
48:04j'aimerais vous dire
48:05que
48:06ce qui se passe
48:08actuellement
48:08en Europe
48:09ça n'a rien à voir
48:11avec une Europe
48:12traditionnelle
48:13et chrétienne
48:14ça
48:16c'est une
48:17un discours
48:20que
48:20Sorge
48:21Nitzin
48:21en 1978
48:23tenait
48:25devant
48:26les
48:26universités
48:28américaines
48:28de Harvard
48:29si ça dépendait
48:30de moi
48:31ce qui n'est pas
48:31le cas
48:32ce serait
48:33une
48:34lecture
48:35obligatoire
48:36dans toutes
48:37les écoles
48:38alors
48:39tel qu'il est
48:41aujourd'hui
48:42je devrais
48:43répondre
48:44avec franchise
48:45à cette question
48:46qu'est-ce que
48:47vous pensez
48:47de l'Occident
48:48il a dit ça
48:49en 1978
48:51ce qui
48:52caractérisait
48:54déjà
48:54l'Occident
48:55et maintenant
48:56c'est la même
48:56chose
48:57mais approfondie
48:58l'écurante
49:00pression
49:01de la publicité
49:02l'abrutissement
49:04de la télévision
49:06et une musique
49:07insupportable
49:08non
49:10je ne puis
49:11recommander
49:12votre société
49:14comme idéale
49:15pour la transformation
49:16de la nôtre
49:17c'est une musique
49:19de la nôtre
49:20qu'est-ce que
49:22l'Occident
49:22se trouve
49:23une musique
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