00:00Sud Radio, le grand matin week-end, 7h10, Maxime Liedot.
00:05Il est 7h16 sur Sud Radio et ce matin on s'intéresse aux pharmaciens qui essayent de pallier les déserts médicaux.
00:11Bonjour Philippe Bessé.
00:13Bonjour.
00:13Merci beaucoup d'être avec nous ce matin. Vous êtes pharmaciens d'officine, vous êtes également le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France et des libéraux de santé.
00:21D'abord, intéressons-nous peut-être, avant d'entrer dans le vif du sujet, sur cette tendance de la téléconsultation.
00:27Je ne suis pas sûr que ce soit si familier que ça pour tous ceux qui nous écoutent.
00:30Est-ce que vous pouvez rappeler peut-être en quelques mots ce que c'est aujourd'hui la téléconsultation dans le domaine médical ?
00:36Alors il y a plusieurs objets dans la téléconsultation.
00:40Le premier, le plus simple, ce sont des applications sur smartphone ou sur votre ordinateur qui vous permettent directement de chez vous de consulter un médecin.
00:51Et ça, vous n'avez besoin de personne et il y a des choses qui existent, des plateformes qui existent.
00:56Ça peut avoir un intérêt quand vous avez besoin d'être rassuré ou bien d'être réorienté.
01:01Et c'est la chose la plus simple.
01:03Ensuite, il y a une deuxième chose, c'est ce qu'on appelle la téléconsultation assistée.
01:09Et ça, ça existe soit avec des infirmiers, soit avec des pharmaciens.
01:13C'est-à-dire que ce sont des télécabines où le pharmacien va être à vos côtés pour joindre le médecin généraliste.
01:19Ça permet de faire de l'analyse de constante, il y a des appareils connectés qui permettent de faire la prise de tension,
01:26qui permettent de faire un certain nombre de choses, qui permettent d'assister le médecin qui est distant pour faire votre téléconsultation.
01:34C'est de ça qu'on parle aujourd'hui.
01:35D'accord.
01:36Et précisément, c'est en tout cas ce qui se passe du côté de l'autre.
01:39Faute de médecin, la pharmacie devient parfois la seule porte d'entrée vers un professionnel de santé.
01:43Est-ce que c'est ça qui est en train de devenir la nouvelle norme en France ?
01:48Alors, non, ce n'est pas la norme.
01:50Il faut toujours préférer les médecins physiques quand c'est possible.
01:56Et par ailleurs, ce que nous avons organisé avec l'assurance maladie et les médecins,
02:01c'est un parcours qui dit que dans ce cadre-là, pour que ce soit remboursable, pour que ce soit pris en charge,
02:09il faut que le médecin connaisse au moins une fois le dossier du patient.
02:13Il faut qu'il l'ait vu une fois physiquement.
02:15Donc, c'est en fait une coopération entre la pharmacie, qui est parfois le dernier lieu de soins du village,
02:21et la maison de santé pluriprofessionnelle où exercent les médecins, qui est peut-être à 15 ou 20 kilomètres.
02:27Mais c'est cette coopération interprofessionnelle qui est en fait assistée par les outils numériques.
02:32Mais c'est fait avec des professionnels qui, d'une part, se connaissent, ont l'habitude de travailler ensemble
02:39et connaissent le patient au moins une fois par an.
02:42Philippe Bézé, vous venez d'utiliser le mot de collaboration, de coopération.
02:47Ça ne veut dire qu'à aucun moment, ça a pour but, malheureusement, ça peut être le cas dans certains territoires
02:52ou dans certaines périodes, d'avoir une fonction de remplacement du médecin.
02:56On est bien d'accord sur ça ?
02:58Alors, de toute façon, non, parce que, comme par construction et par définition telle que je viens de vous le dire,
03:05la personne qui prend la décision, qui est à distance, c'est bien un médecin.
03:07Mais, en fait, il y a plusieurs sortes de médecins.
03:13Et il peut y avoir des médecins qui sont dans des plateformes très distantes, à plusieurs milliers de kilomètres,
03:18et qui ne connaissent pas du tout le patient.
03:21Et puis, nous, le modèle qu'on porte, c'est la coopération avec un médecin qui est certes distant,
03:26mais qui n'est pas si distant que ça, puisqu'il est, par exemple, dans le département,
03:30et qui a la possibilité de voir au moins une fois le patient pour pouvoir savoir à qui il parle,
03:37pour pouvoir avoir son dossier.
03:38La prise en charge n'est pas du tout la même.
03:40De plus en plus, on observe à quel point la pharmacie est devenue un repère plus qu'important
03:45dans le suivi médical des patients.
03:48On les voit vaccinateurs, on les voit parfois dépisteurs.
03:51Vous en parlez, on les voit désormais facilitateurs de téléconsultation.
03:54Jusqu'où ira cette évolution du métier, vous, Philippe Bessé, qui êtes pharmacien d'officine ?
03:59Moi, je pense que la pharmacie de tout temps a été une porte ouverte sur la santé.
04:03Vous savez, il y a deux lieux où on peut aller sans rendez-vous quand on a un problème,
04:09et c'est les urgences de l'hôpital et la pharmacie d'officine.
04:13Donc, forcément, il vient dans la tête de tout le monde, à la fois des patients, des pouvoirs publics,
04:18de se servir de la pharmacie.
04:22Maintenant, tout ça, c'est du travail.
04:24Et donc, il faut à chaque fois relever des défis de formation.
04:30Donc, c'est quand même assez complexe de faire ce rôle, le couteau suisse de la santé
04:38qu'on nous fait jouer aujourd'hui.
04:42Nous, forcément, on est volontaires, évidemment, dans la mesure de nos moyens.
04:46Vous parlez à l'instant de formation.
04:48J'imagine que peut-être pour les pharmaciens les plus expérimentés, il est un peu plus facile d'être souple
04:52sur ces nombreuses qualités qu'on demande et d'être un peu plus couteau suisse.
04:56J'imagine que pour beaucoup de jeunes pharmaciens qui s'installent, je crois que c'est régulièrement le cas,
05:00ça ne doit pas être si évident que ça, tout d'un coup, de se mettre dans la peau de beaucoup d'activités
05:04qu'on n'avait pas forcément anticipées au départ.
05:06Curieusement, ce sont les jeunes qui ont cette appétence.
05:11Les plus anciens d'entre nous, ça existe dans tous les métiers,
05:15ont de plus en plus de mal à mesure que les curiens approchent,
05:20que l'âge de leur traite approche, à se réinventer complètement.
05:27Et sur les bancs de la faculté, nos jeunes sont très demandeurs de cette forme de coopération
05:32avec nos collègues médecins et infirmiers, qui sera la marque de fabrique des années à venir.
05:36Merci beaucoup Philippe Bessé d'avoir été avec nous ce matin,
05:39pharmacien d'officine, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France
05:42et des libéraux de santé, pour essayer de comprendre à quel point aujourd'hui
05:45les pharmaciens peuvent, de temps en temps, et j'insiste sur ça, pallier les déserts médicaux.
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