Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 14 heures
Co-fondatrice de Banlieue Climat avec Féris Barkat, Sanaa Saitouli est née à Cergy et a grandi dans le quartier de la Croix-Petit. Elle s'engage très jeune en créant une Commission Jeune et cheminera dans ses engagements citoyens et politiques jusqu'à militer pour l'écologie populaire.

Retrouvez "La terre au carré" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Musique
00:00L'invité au carré aujourd'hui
00:19Sana Sey-Touli, cofondatrice de Banlieue Climat et militante écologie populaire.
00:25France Inter, la terre au carré.
00:30Mathieu Vida
00:31Jusqu'au décès de mon père, le monde de mon enfance se dessinait assez simplement.
00:36Il s'étendait sur les 10 hectares du quartier de la Croix Petit et des Chênes d'Or, à Cergy.
00:41Là, mes points de repère, le local, le collectif, résidentiel où mon père dirigeait la prière du vendredi après-midi.
00:47Le maillon où nous allions faire les courses pour ma mère, la bibliothèque et le centre social où nous passions beaucoup de notre temps libre avec mes copines.
00:54Les grandes pelouses vite desséchées, où nous jouions entre voisins, à la corde à sauter, au chat ou à la balle aux prisonniers.
01:00Et bien sûr, installée au centre du quartier, l'école de la Croix Petit, le phare de ma vie d'enfant.
01:05Elle est ma deuxième maison, après le salon du F3 familial, avec son grand canapé d'angle blanc, rempli de coussins coloris comme au Maroc,
01:12et sa bibliothèque pleine des livres érudits emportés par mon père dans son exil.
01:17Cette pièce est mon cocon. Il y passe chaque jour des visiteurs, des Mauritaniens de la diaspora venus demander à mon père un conseil médical ou spirituel,
01:26des amis avec lesquels mes parents jouent à la belote, des voisines venues prendre le thé.
01:31Jamais ce lieu n'a été silencieux. Notre salon est métissé, à l'image du couple dont je suis née, le 2 février 1982.
01:37Bonjour Sana Saïtouli.
01:43Bonjour.
01:44Ces lignes que vous venez de nous lire, vous les avez écrites dans ce livre qui s'appelle Enraciné,
01:49que vous publiez aux presses de la cité, sous-titré pour une écologie populaire avec banlieue climat.
01:55Le décor de votre vie est donc planté dans cette banlieue du Val-d'Oise.
01:59Quand vous repensez justement à votre enfance à la Croix Petit, qu'est-ce qui a été l'étincelle fondatrice de votre engagement ?
02:07Spontanément, comme ça, je vous dirais un peu l'héritage de mon père, qui était quelqu'un de très engagé.
02:14Je l'ai toujours vu agir, s'investir avec l'amicale des Mauritaniens en France très tôt,
02:19et c'est ce que je raconte dès le premier chapitre dans mon livre.
02:22Et cette transmission a fait de moi ce que je suis aujourd'hui.
02:26Et puis au fur et à mesure de mon parcours, de notre vie de quartier, des difficultés,
02:33et puis l'observation des inégalités sociales dans lesquelles nous étions à cette époque-là,
02:39l'engagement est devenu naturel et primordial dans mon parcours.
02:42Donc votre père réfugié politique mauritanien, c'est ça, et qui occupe une place très centrale dans votre récit,
02:50il a vraiment eu une influence majeure dans votre vie ?
02:53Oui, complètement. Déjà, il a été un papa extraordinaire.
02:58Les souvenirs et le souvenir que je garde et que j'essaie de transmettre,
03:02c'est vraiment cette envie d'aimer les gens, d'aimer communiquer, parler, de rassembler, de réunir.
03:09Donc il y avait vraiment cette envie de rassembler au quotidien, à la maison, à l'extérieur.
03:12Il était connu à la maison de quartier.
03:14Il avait à cœur de transmettre ses coutumes, les traditions, d'embellir le salon par les odeurs d'encens, de thé, etc.
03:24Et il y avait du monde qui passait, visiblement.
03:26Et il y avait beaucoup de monde qui passait.
03:27Et souvenirs où à chaque fois qu'on voyait des gens,
03:31M. Seytouli, il habite juste ici, donc les gens venaient spontanément.
03:34C'est un vrai bonheur.
03:35Donc c'était très animé. Et puis famille aussi nombreuse.
03:38Vous avez combien de frères et sœurs ?
03:39Cinq frères et sœurs.
03:39Cinq frères et sœurs.
03:41Et vous dites, nous sommes comme les cinq doigts de la main.
03:44C'est ça.
03:44Et vous êtes le majeur, le doigt le plus grand ?
03:46Le plus grand.
03:47C'est comme ça que vous présentez ?
03:48Pourquoi ?
03:49Le plus grand, mais c'était drôle comme image d'être le majeur.
03:55Mais effectivement, entre ma grande sœur et mon grand frère,
03:59qui sont vraiment mes aînés et qui en ont la place et que je respecte beaucoup.
04:03Et puis avec mon petit frère et ma petite sœur.
04:04Mais j'ai toujours été un peu cette personne un peu différente
04:08et vraiment avec un profil qui ressemblait beaucoup à ce qu'incarnait mon papa.
04:12et peut-être qui faisait de moi un peu cette grandeur de femme engagée que je suis devenue aujourd'hui.
04:17En mai 2004, à l'âge de 22 ans, c'est la première scène d'ailleurs de votre livre,
04:21vous prenez l'avion pour la Mauritanie avec dans la soute le cercueil de votre père que vous allez enterrer.
04:27Quel souvenir vous gardez de ce voyage avec votre grand frère Amadou ?
04:31C'était un moment qui était très douloureux et avec de la peur, de crainte, mais aussi beaucoup de curiosité, d'amour.
04:42J'avais tellement vécu une vie et une image un peu édulcorée des traditions
04:47et de ce que pouvait être mon pays, la Mauritanie, qui nous avait été transmise par notre papa.
04:53Et en partant justement pour les funérailles en Mauritanie,
04:59ça a été un voyage de découverte, un voyage en terre inconnue.
05:04Et en arrivant là-bas, tout s'est entremêlé.
05:08J'ai pu découvrir réellement les visages de ma famille, des gens.
05:11J'ai vu des gens qui me ressemblaient vraiment.
05:13J'ai su qui j'étais.
05:14J'ai revu pas mal d'odeurs, de parfums de rue et puis de choses, d'histoires que mon papa nous racontait assez régulièrement.
05:23C'est la première fois que vous alliez sur place ?
05:25C'est la première fois que j'y allais sur place.
05:27Et après, c'était le début d'une très grande histoire.
05:31Parce que vous dites à quel point justement ce voyage vous a transformé en lien avec vos racines précisément ?
05:38Complètement.
05:39Il m'a transformée parce que j'y ai pu voir un peu l'impact de l'histoire familiale.
05:46Et j'en parle dans le livre de mon ethnie, les jacanis, les savants.
05:50Cette lignée qui est très noble.
05:53Et moi, j'arrive avec mon histoire.
05:56Le Sana de la Croix Petit, je raconte aussi, j'explique mon deuxième prénom, Inimish,
06:00qui du coup a pris tout son sens.
06:02Et effectivement, quand je passe maintenant de manière très fière,
06:06Sana Inimish Saïtouli, c'est vraiment ce que j'incarne aujourd'hui.
06:10Cette personne qui est alignée et qui est clairement enracinée aujourd'hui.
06:13C'est ça, d'où le titre de votre livre en fait ?
06:14C'est directement lié en fait à ce premier voyage en Mauritanie ?
06:18Complètement.
06:19Je le dis maintenant, il a fallu un temps de travail.
06:21Et je pense que ce premier livre m'a permis en tout cas de réparer ça.
06:26Et du coup, de l'installer, effectivement, en rentrant de la Mauritanie,
06:32je me suis rendu compte que j'étais enracinée.
06:34Et ça élargit beaucoup les choses, parce qu'il y a vos deux prénoms, effectivement,
06:38qui tout d'un coup ouvrent les possibles.
06:40Ouvrent les possibles, et puis avec un alignement,
06:42et puis aussi avec doté d'une mission,
06:45un héritage que je ne peux pas mettre de côté.
06:48Et du coup, ça m'a redonné une énergie.
06:50Et du coup, il y aura un avant 2004 et un après.
06:55Et le après, du coup, m'a permis justement de renforcer mes combats, mes engagements,
07:00de maintenir justement ce qui m'a été transmis,
07:03c'est-à-dire le combat, le collectif,
07:05et de faire vivre un peu les valeurs que mon père m'a transmises.
07:09Vous parlez d'une mission, Sana Saïtou.
07:11C'est quoi cette mission ?
07:12Cette mission de continuer d'agir pour faire en sorte
07:16que toutes celles et ceux qu'on n'entend pas, qu'on ne voit pas,
07:19puissent vivre dans la dignité.
07:21Et je sais que c'était vraiment ce que mon père avait à cœur d'essayer de faire,
07:26et de faire à son niveau avec les moyens qu'il avait.
07:30Et cette mission, je crois que j'essaie de la porter du mieux que je peux.
07:34Et puis avec cette nouvelle génération aujourd'hui,
07:37où je transmets et puis je co-construis des nouvelles choses,
07:40c'est vraiment une fissure d'espoir pour moi.
07:41Évidemment, puisque c'est une écologie populaire que vous défendez avec Banlieue, Climat.
07:46C'est le sous-titre de votre livre.
07:47Retour donc après ce voyage en Mauritanie à Sergy-Ville-Nouvelle.
07:52On va d'ailleurs écouter une archive de l'INA de 1977.
07:56Au sujet de cette ville, vous avez grandi.
07:57Sergy-Pontoise, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Paris,
08:01est l'une des cinq villes nouvelles de la région parisienne.
08:04Les tours grande hauteur ont été bannies.
08:06La ville se divise en quartiers, comprenant des collectifs,
08:10mais aussi et surtout des individuels.
08:11Ce sont précisément les logements individuels qui ont le plus de succès.
08:16Les transports bien organisés, un environnement vert très agréable,
08:21des commodités commerciales, des loisirs complets,
08:24des emplois sur place possibles, une vie de quartier agréable.
08:28Alors vous n'étiez pas née en 1977, Sana Saïtouli,
08:31mais est-ce que vous reconnaissez dans ce portrait décrit de votre ville, la Duval-d'Oise ?
08:35Oui, je la reconnais parce que mon père était là à ce moment-là
08:38et effectivement c'est ce qu'il nous racontait, mais elle est tout autre aujourd'hui.
08:42Oui, elle a beaucoup changé, il y a eu beaucoup de réhabilitations.
08:45Il y a eu beaucoup de réhabilitations.
08:46D'immeubles qui sont tombés, d'autres qui ont été reconstruits.
08:48Dans notre quartier, la Croix-Petit, et puis toute une transformation.
08:53Sergy reste aujourd'hui une ville très attractive,
08:56avec un campus universitaire très important, plus de 35 000,
09:00même encore un peu plus, je ne sais pas les chiffres exacts,
09:03mais effectivement aujourd'hui, Sergy, avec plus de 147 nationalités,
09:09une ville pleine de sa diversité et avec des talents,
09:12avec des associations, un tissu associatif incroyable,
09:15j'ai toujours à cœur de rentrer chez moi le soir à Sergy.
09:18Vous racontez que votre scolarité a été traversée par un fort sentiment d'injustice.
09:22Qu'est-ce qui s'est joué pour vous justement autour de ça ?
09:25Ce qui s'est joué à cette période-là, et je ne le disais pas forcément,
09:28c'était un peu, je fais partie un peu de cette génération orientation subie,
09:33où de par ce que tu pouvais être ou incarner,
09:35et de par aussi la réalité des outils qu'on n'avait pas forcément sur l'accompagnement à la scolarité,
09:40en dehors de l'école, etc.
09:41Donc ça a donné quoi concrètement ?
09:43Ça a donné une élève qui était relativement motivée, avec des difficultés,
09:49mais du coup qui n'avait pas forcément les moyens d'exceller.
09:52Et du coup, malgré tout ce que je pouvais faire,
09:57j'allais faire de l'aide aux devoirs à la maison de quartier,
10:00ou encore avec mes parents qui essayaient de m'aider, etc.
10:05Mais effectivement, je n'avais pas tous les ingrédients
10:08pour justement arriver vers ce qu'on appelle aujourd'hui la réussite éducative,
10:12ce qui a été un grand combat en tout cas personnel et collectif,
10:15et aujourd'hui moi en tant que maman.
10:17Donc on vous a orienté vers un BEP, comme on m'a fait avec beaucoup de gens ?
10:20Exactement, et puis du coup, comme j'étais cette fille
10:23qui était très dans la communication, très investie, toujours déléguée,
10:27qui avait toujours envie de parler,
10:29et puis qui participait aux ventes de gâteaux croissants à l'école
10:32pour justement faire en sorte que les voyages soient accessibles aux élèves
10:36et que ça soit gratuit pour qu'on y participe tous,
10:39du coup j'avais un peu cette fibre commerciale,
10:41et j'ai le souvenir que des professeurs allaient me convaincre,
10:44et me disaient « Mais tu vois, Sana, tu arrives à tout vendre d'un coup. »
10:48Et moi en fait, j'étais contente qu'on me dise ça,
10:51parce que c'était des compliments, etc.
10:52Mais en vrai, c'est une dinguerie.
10:54Des années après, je me dis,
10:55et tout de suite, ce qui m'a, au fur et à mesure justement,
10:59de mon orientation, etc.,
11:02j'avais en tête que je voulais faire du social,
11:04et j'y suis arrivée en travaillant sur le terrain,
11:09en étant animatrice sociale,
11:11en récupérant toujours.
11:12Donc moi j'ai toujours eu...
11:13Vous aviez quel âge à ce moment-là ?
11:14À 15 ans, vous créez une commission jeune, c'est ça ?
11:16Exactement. La première commission jeune,
11:18alors la commission jeune,
11:21c'était avec cinq copines,
11:22Fatima, Razika, Aïcha,
11:25c'était la team des A.
11:26D'ailleurs, j'en rends hommage,
11:28parce que c'était des super années.
11:30Et à cette époque-là,
11:31on avait juste envie que les filles du quartier
11:33puissent bénéficier des mêmes activités que les garçons.
11:37Alors du coup, les institutions autour,
11:39il y avait tout pour les gars.
11:40Et du coup, nous, on se retrouvait
11:42parce qu'on ne faisait pas forcément trop de bêtises, etc.
11:45On devait juste se contenter d'aller à la bibliothèque.
11:47Et il n'y avait pas grand-chose.
11:48Et ça a été le démarrage de notre engagement.
11:50Et puis, on en a mis en place plein d'actions.
11:53On a organisé la première soirée orientale
11:56au profit des Restos du Coeur.
11:58C'était incroyable.
11:59Et à ce moment-là,
12:00et puis après, notre engagement s'est lancé avec les filles.
12:05C'était trop bien.
12:06Sala Saïtouli, on n'a pas évoqué votre mère,
12:08parce que ce sont vos racines marocaines aussi.
12:11Et c'est aussi un pilier fort quand même dans votre parcours.
12:13C'est une grande dame.
12:14Dieu merci, elle est toujours là à mes côtés.
12:17Elle a toujours été soutenante dans l'ombre.
12:20Elle a toujours été celle qui soutenait mon père.
12:23Et moi, aujourd'hui, à chaque action,
12:26à chaque intervention,
12:27elle doit m'écouter encore là actuellement,
12:30elle revoit, elle revit des moments forts
12:35que mon père pouvait porter.
12:37Donc, elle en est fière.
12:39Donc, il y a un côté un peu incarnation,
12:40réincarnation de mon père.
12:42Et il n'y a pas un jour où elle ne me dit pas,
12:44ce n'est pas possible.
12:45Tu me rappelles ton père, tu me rappelles ton père.
12:47Dans mes actes, dans ma façon de faire,
12:48dans le fait de transmettre, de donner, de partager.
12:51Et puis même la sensibilité.
12:54Et puis, c'est aussi cet attachement à la politique
12:56de toujours vouloir être au courant de ce qui se passe.
12:58Donc oui, ma mère a une très, très grande place.
13:01On va parler justement de cette autre dimension de votre parcours,
13:03la naissance à la politique.
13:05Et puis, la rencontre aussi avec l'écologie,
13:07Sana Saïtouli.
13:08Vous êtes aujourd'hui notre invitée au Carré.
16:42parcours complètement c'est un visionnaire c'est je pense quelqu'un qui manque beaucoup qui manque
16:48beaucoup à l'humanité et quand on voit ce qu'il a pu faire à l'époque de la haute volta du burkina
16:53faso c'est vraiment une figure et puis une telle figure que j'en ai épousé à l'un de ses de ses
17:01descendants donc un franco burkinabé très engagé et qui m'a permis encore de découvrir encore plus
17:07d'action de notamment sur la question des femmes au burkina faso vous êtes un couple d'engagés c'est
17:14ça aussi on est un couple d'engagés oui on nous appelle le couple gaulle du monde de l'engagement
17:23bah je sais pas apparemment on y avait il ya pas mal de jeunes filles et des jeunes qui s'identifient
17:30en tout cas dans le monde de l'engagement et c'est une question qu'on nous pose souvent c'est c'est quoi
17:34cette recette on peut être une maman une femme se marier faire des enfants et être engagé et
17:39et aujourd'hui ouais avec avec mon mari patrice on a trois enfants trois magnifiques petites filles très
17:47investies engagées et on continue d'agir et vous êtes toujours à cergy on est toujours à cergy mais
17:52vous êtes dans le même quartier ou pas on n'est pas dans le même quartier on est à dix minutes du
17:56quartier mais ma mère est toujours dans le même quartier toujours et pourquoi vous avez changé de
18:00quartier parce que je me suis embrougeoisé en fait on peut le dire vous avez le droit non mais
18:05parce que c'est une très bonne question en fait c'est parce qu'il fallait déménager du quartier
18:09parce qu'on l'avait détruit et puis il fallait il fallait partir du quartier et c'est vrai que
18:13lorsque je me suis installé avec mon mari bah du coup on a on a été dans un nouveau quartier à
18:17cergy le haut qui était en pleine en plein développement etc et c'était aussi important de
18:22pouvoir raconter se réapproprier aussi son territoire de découvrir un lieu où on n'y allait pas
18:27forcément parce que pour nous c'était que les gens privilégiés qui pouvaient s'y rendre et
18:30pourtant aujourd'hui on se rend compte que tout cergy en fait c'est ça appartient à tout le monde
18:35et et aujourd'hui je suis très heureuse de pouvoir y faire grandir mes enfants et et ouais c'est c'est
18:43une nouvelle vie pour moi mais vous pourriez faire grandir vos enfants dans votre partie
18:46d'enfance mais complètement complètement d'ailleurs comme ma mère et ma belle-mère aussi ils sont installés
18:52bah toutes les semaines elles viennent jouer au quartier on va on va chez ma mère et ça fait
18:59partie intégrante de ma vie quoi elles connaissent tout c'est c'est c'est la croix petit comment
19:06l'écologie est entrée alors dans votre vie ça n'a saïtouli exactement pour comprendre là aussi le
19:10fil du récit alors moi du coup je j'ai envie de j'ai envie de te dire que c'était très naturel et
19:15que c'était c'était en nous c'était en moi et que on a à coeur de dire que les premiers écologistes ce sont
19:20nos parents de par leur histoire de par leur ancrage la sobriété tout ça on l'a vécu depuis
19:24toujours et c'est vrai que quand tu grandis dans un quartier tu vois tout ce qui va ce qui va pas
19:30les logements insalubres on a mis nous avec notre association agir pour réussir pas mal
19:38d'actions éco citoyennes à l'époque et en fait on ne mesurait pas à quel point l'impact qu'on
19:43avait et à quel point c'était des actions écologiques en fait sans le savoir et parce qu'en fait on avait
19:49toujours cette image que les écologistes c'était une catégorie de personnes de gens qui ne ressemblaient
19:56pas forcément c'est à dire et donc du coup c'est intéressant c'est quoi le profil justement des
20:01profils de gens qui viennent souvent de l'extérieur qui viennent pas forcément de nos quartiers c'est
20:05quoi des blancs csp plus des blancs csp plus écolo bobos enfin mais des gens très sympa bienveillants qui
20:11ne connaissent pas la vie de quartier qui n'ont pas grandi dans des milieux populaires mais du coup
20:15qui venait toujours un peu nous éduquer nous transmettre des choses etc donc moi j'ai toujours
20:19senti de la bienveillance mais en même temps en fait ils étaient tellement pas conscients de par
20:26moment de la violence qui pouvait nous transmettre moi il ya un truc peut-être qui s'est installé comme
20:29un trauma c'était venir nous éduquer au tri des déchets et venir nous parler écologie tout de suite dans
20:34les quartiers en nous parlant des déchets je trouvais ça tellement humiliant que ça nous renvoyait à des
20:38choses de pas correct et je m'étais juré que si demain on devait s'investir et s'engager c'est
20:43c'est seulement pas l'axe qu'on allait prendre et donc c'est pour ça que nous aujourd'hui avec banlieue
20:47climat la question de la science du savoir est par le haut et que aujourd'hui nous dans les milieux
20:52populaires tous ceux qui sont en train d'agir sur ces questions là c'est pas ceux qui qui renforcent
20:58les inégalités justement c'est ce qui vont nous permettre de trouver les solutions est ce qu'il ya un
21:02problème aujourd'hui pour vous d'ailleurs toujours au sein du mouvement écologiste en france
21:06j'ai pas de problème en soi parce que en vrai de toute façon vous êtes autonomisé non mais on a
21:14notre structure mais quand même votre regard porté mais mais effectivement je pense qu'il ya
21:19encore beaucoup de boulot je pense qu'il ya pas mal il ya il ya un truc en fait qui s'est débloqué
21:24depuis notre depuis la création de banlieue climat est ce qu'on a réussi à faire mais je pense
21:29qu'il ya pas mal d'accompagnement il faut accompagner aussi pas mal de structures associatives des
21:34formations à l'antiracisme et autres parce que il ya des peut-être des codes il ya des mécanismes qui
21:38se sont installés dans ces mouvements que du coup ils ne comprennent pas pourquoi des fois ça marche
21:42pas où ils embarquent pas et on n'arrive pas à s'y retrouver et nous on est clairement disposé à
21:48accompagner aussi à faire ce travail là avec ces structures qui seraient prêtes à accueillir ce
21:52type et à l'accepter de se dire oui en fait nous il ya des trucs qu'on fait mais c'est pas comme ça
21:57qu'on doit faire donc ça veut dire qu'il ya toujours un racisme inconscient selon vous j'ai
22:02l'impression ouais je pense que indirectement en tout cas c'est ce qu'on a vécu c'est ce qu'on
22:06vit par moment et mais qu'on peut lutter parce qu'il ya des choses qui ne sont peut-être pas reconnus
22:11et et et je pense qu'aujourd'hui il ya pas mal de structures et puis à des professionnels
22:17aujourd'hui qui agissent qui agissent là dessus et il faut l'accepter pour pouvoir justement et c'est ce
22:23qu'on propose nous au sein de notre école populaire il ya encore du boulot entre tous
22:28ceux qui défendent écologie moi je suis convaincu qu'on y arrivera mais il faut vraiment que tout
22:32le monde reste ouvert et accepter aussi que que des structures populaires puissent venir à leur
22:38tour venir éduquer et transmettre des choses pour pouvoir s'en sortir ensemble ça n'a saïtouli
22:43vous utilisez l'expression écologie de la s je sais pas si je prononce bien d'ailleurs ça se dit
22:47comment ça se définit pour l'écologie de la hesse qu'il faut dire c'est quand c'est la galère
22:55c'est la dèche il n'y a pas d'argent il n'y a rien mais et c'est vrai que j'en parle beaucoup
23:00et je fais un clin d'oeil à mon ami aïa diakité de l'association révèle toi à grigny et on a toujours
23:05à coeur de se dire mais en vrai nous c'est parce que nos parents n'avaient pas forcément les moyens
23:10c'était la hesse que du coup nous les éco gestes et tout tout était naturel c'était et c'est pour ça que
23:16c'est quoi c'est la débrouille un peu c'est un peu la débrouille et c'est surtout mais parce
23:19qu'en fait notre environnement la précarité que pouvaient avoir dans les familles dans les milieux
23:25populaires et ben du coup étaient installés et donc de manière naturelle les éco gestes la sobriété
23:33tout ça nous c'était on était en phase on connaissait et aujourd'hui bon il y a des termes qui ont été
23:39installés c'est très fun de dire ah là là les éco gestes seconde main etc enfin ça nous on
23:46a connu ça depuis la nuit des temps et nos parents nous l'ont transmis et il ya un truc de bon on va
23:50rendre hommage à nos parents parce que tout ça ça vient de leur histoire et et c'est bien aussi de
23:55de se réapproprier son histoire il ya une rencontre évidemment qui a marqué aussi une nouvelle étape dans
24:01votre vie c'est celle avec feris barkat et c'est l'occasion d'écouter celui qui va un peu devenir
24:06votre double ça n'a circulé on l'écoute le combat c'est juste empêcher la mise à mort des miens culturellement
24:12parlant il ya un problème dans la manière dont on va voir la question des banlieusards des jeunes de
24:16quartier on va dire c'est pas un sujet fait pour alors à partir de quel moment toi tu te dis c'est
24:20pas un sujet fait pour eux donc là il ya un mépris de classe sauf que ce mépris de classe il est
24:23internalisé ou même nous on va dire c'est pas un sujet pour nous mais on va dire en vrai de vrai
24:27ils sont complètement tartés ces gens là pourquoi il nous parle d'écologie tous les quatre matins
24:30l'idée c'est de dire il faut trahir ce qu'on attend de nous et c'est pas parce qu'on pense qu'on va pas
24:35aller s'occuper de tel ou tel sujet qu'il faut rester là dessus et je pense qu'il faut réussir à casser un peu
24:40cette image là parce que c'est la seule manière de montrer que on est plus que l'image qu'on a de
24:45nous ferris barkat au micro de la rtbf salin saïtouli qui prolonge d'ailleurs ce que vous venez de nous
24:50dire vous êtes bien aligné sur le discours à quel moment vous vous croisez en fait pour la première
24:55fois à la première fois déjà on se connecte parce que vous avez une différence d'âge important quand
24:59même exactement vous avez 20 ans d'écart on a 20 ans d'écart et lorsque moi je découvre ferris
25:05c'est sur tik tok et moi je suis dans une période de ma vie où je sors d'une d'une séquence d'engagement
25:12où c'est un peu difficile et je me dis purée comment on va s'en sortir il ya un truc en moi
25:17où on me dit j'ai besoin de second souffle j'ai besoin de de nouvelles choses et en découvrant
25:23tik tok où j'étais pas forcément je suis pas une tik tok euse quoi et il me faisait beaucoup de bien à le
25:27regarder tout ça me donnait beaucoup d'espoir et on m'a connecté avec lui donc abdelali me présente ferris
25:32et par téléphone on discute des heures et des heures et tout de suite il ya un truc de méta je ne
25:38pourrai jamais vous expliquer l'histoire que je peux avoir avec avec ferris mais tout de suite en
25:43fait on a accroché et il traversait à ce moment là une période très très difficile douloureuse la
25:50période où il perd sa maman et et donc du coup moi ça m'a renvoyé moi 20 ans avant où j'étais dans le
25:56même état avec la perte de mon papa et on s'était fait la promesse à ce moment là donc on est en 2022
26:0221 22 et on se fait la promesse de lutter et de faire en sorte de protéger toutes les mamans et
26:07tous les papas et on va tout faire on va tout donner et on va essayer de d'aller trouver des
26:12solutions d'aller dans tous les quartiers de proposer des actions de vulgariser et d'aller former des
26:18mamans des papas etc ce qu'on a monté avec le collectif des mamans pour le climat et aujourd'hui
26:23je suis tellement fier de ce qu'on a réussi à faire à deux des mamans pour le climat il fallait quand même
26:27avoir l'idée en fait exactement c'est étonnant presque comme première intention et vous saviez
26:32que cette première intention c'était au départ ce qu'on voulait faire avant les jeunes mais on
26:35s'était dit qu'on ne pouvait pas expérimenter sur des mamans donc on a commencé par les jeunes et
26:40et lorsqu'on a lancé le collectif des mamans pour le climat parce que je sais qu'elles m'écoutent là
26:44et je leur envoie plein d'amour parce qu'elles sont juste extraordinaires et ben du coup ça nous a permis
26:49d'aujourd'hui d'avoir plusieurs femmes aujourd'hui qui sont investies qui sont prêtes à transmettre pour former
26:54aussi d'autres femmes sur les questions de transition écologique sur la parentalité et de pouvoir aujourd'hui
26:59être des figures à part entière et de et de pouvoir porter la voix de ces mamans qu'on ne voit pas parce qu'on
27:05n'est pas juste des mamans et c'est ce que j'ai réussi aujourd'hui à transmettre en tant que maman et de
27:09et de voir aujourd'hui ce qu'on est en train de construire avec avec toutes ces mamans on est soutenu par la
27:15cnaf qui nous accompagne là dessus on revient justement d'amazonie avec de la cop 30 de la cop 30
27:22on en parlera enfin c'est pas vraiment la cop 30 d'ailleurs non alors on a été avec ferris à la cop 30
27:26et juste après on a rejoint l'équipe pour un super projet on a été au coeur de des poumons de
27:30l'humanité avec des mamans des jeunes et puis on a fait un périple à vélo enfin j'ai tellement à vous
27:34raconter avec ce qu'on a fait on va en reparler il nous reste encore un petit peu de temps ça n'a saïtouli
27:37banlieue climat d'ailleurs c'est née à quel moment en fait parce que vous parlez 2022 comme si c'était il ya
27:42hyper longtemps c'était il ya que trois ans il s'est passé tellement de choses il s'est passé
27:46tellement chose en trois ans et parce que et on pose souvent cette question mais en trois ans vous
27:49avez fait tout ça vous êtes pistonnés par qui et tout non c'est juste moi ça fait plus de 20 ans
27:53que je suis engagé est ce qu'on a cédé faire avec abdel ali c'est fiu ferris etc c'est quand on met
27:58dans un pot commun toutes nos compétences nos expertises puis avec cette nouvelle génération
28:02l'énergie que ferris a apporté ça a permis justement de reconnaître et enfin on est entendu
28:06mais du coup ça nous a permis justement de reconnaître ces 20 ans d'engagement
28:09et aujourd'hui on est en train de travailler on est loin de nos objectifs mais aujourd'hui
28:13effectivement trois ans il ya beaucoup de choses qui se sont réalisées et ça c'est la force du
28:17collectif et c'est quoi votre grand objectif alors votre grand rêve si vous aviez la baguette magique
28:21là tout de suite la baguette magique c'est qu'on puisse justement faire en sorte que dans les milieux
28:26populaires tous on puisse vivre tous vraiment égaux avec une justice sociale et environnementale équitable
28:33pour toutes et tous que nos parents puissent retrouver leur dignité et que tous les enfants
28:39puissent aller à l'école et être orientés avec leur propre choix de faire en sorte qu'il y ait plus de
28:47femmes victimes de violences conjugales moi c'est enfin si j'avais une baguette magique j'aurais tellement de
28:51rêves à penser mais est-ce qu'il faut faire de la politique pour ça à votre avis pour y parvenir
28:57est-ce que c'est est-ce que c'est un outil où je pense que oui je pense qu'aujourd'hui je sais pas si
29:04c'est un passage obligé mais en tout cas pour être entendu le fait d'être d'être reconnu politiquement
29:11en tout cas de porter la voie politiquement il n'y a pas le choix il n'y a pas le choix parce que c'est
29:15là où on change les choses c'est là où on transforme vous n'êtes pas dans un parti on n'est pas dans un
29:20parti dans aucun parti politique dans le parti de la société civile des habitants de celles et ceux
29:26qu'on n'entend pas et même si c'est difficile aujourd'hui on on a un pouvoir d'agir qui est
29:31complètement différent qui prend peut-être du temps mais en tout cas on a sûrement ce que les
29:35partis politiques n'ont pas on a plus d'impact et on le fait sincèrement qu'est ce qui est difficile
29:39d'être d'y arriver financièrement tout simplement oui matériellement je pense que en partie c'est vrai
29:45que la question des maintenant que vous me parlez de la question budgétaire et financière elle est très
29:48compliqué parce qu'on n'a pas les financements de on va dire la hype on entend parler devant le
29:52climat un peu partout mais on est loin des financements qu'on peut nous allouer et aujourd'hui
29:56des associations et je suis pas là et on n'est pas les seuls et d'ailleurs j'en fais un appel pour
30:01aujourd'hui on le voit bien toutes ces associations qui qui galèrent sur le terrain qui font un travail
30:06incroyable qui ont de l'impact on voit bien aujourd'hui comment il est tellement difficile de
30:10faire confiance à ces associations au lieu de les soutenir et de leur donner les moyens d'agir on retire
30:16le peu de financement qui existe et on les met limite sous tutelle et ça c'est juste
30:23inacceptable et aujourd'hui je pense que la question de l'accompagnement financier auprès des
30:28associations est primordiale donc toutes celles et ceux qui veulent vous aider financièrement sont
30:31les bienvenus concrètement les bienvenus et parce que vous courez après les financements en
30:35permanence en fait vous me disiez vous aviez seulement deux ou trois mois d'avance à chaque fois
30:39trois mois d'avance pour nos salariés et aujourd'hui on combat et puis aujourd'hui on doit légitimer
30:45aussi notre capacité à gérer nos budgets alors est-ce qu'aujourd'hui une association de jeunes qui
30:50viennent de quartiers sont capables de gérer financièrement une association comme le climat c'est
30:54un peu ce qu'on nous renvoie indirectement donc ils sont agréablement surpris quand ils ont nos
30:58bilans et autres sur la sur la sur la gestion et je pense qu'on n'est pas les seuls mais aujourd'hui notre
31:03combat c'est comment aujourd'hui on arrive à faire reconnaître justement la reconnaissance de ces
31:08associations qui font un taf et qui gère bien leur structure sana saïtouli vous êtes aujourd'hui
31:13notre invité au carré on se retrouve dans un instant vous allez nous emmener au brésil pour
31:16la cop 30 vous y étiez à quelques jours
31:33c'est fini en revues
31:37le cause
31:38le plus
31:38le plus
31:39le plus
31:41la
31:42le plus
31:44à
31:45la
32:15...
32:45...
32:47...
32:49...
32:53...
32:55...
32:57...
33:01...
33:03...
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations