00:04Ici Matin, l'actualité en direct. Nous sommes avec votre invité Joséphine Hortuneau, c'est le préfet du Gard.
00:09Exactement, Jérôme Bonnet, bonjour.
00:11Bonjour.
00:11Et merci d'être avec nous ce matin, deux jours après l'accident d'Alesse, qui est toujours malheureusement dans nos esprits.
00:17Trois jeunes sont morts dans cet accident. Ils sont soupçonnés d'avoir consommé du protoxyde d'azote.
00:23D'abord, est-ce que vous pouvez un peu nous expliquer ce que c'est le protoxyde d'azote ? C'est un stupéfiant ?
00:27Non, le protoxyde d'azote est un produit dont l'usage est un usage courant, le plus connu étant celui que l'on a en cuisine.
00:38Pour faire de la chancine.
00:39Exactement. Et ce produit, effectivement, peut être détourné par rapport à des propriétés euphorisantes.
00:48Je veux juste quand même dire que cet accident est absolument effroyable.
00:51On est quand même dans des circonstances qui sont absolument choquantes.
00:58Et évidemment, j'ai une pensée pour les victimes, vraiment, parce que la situation qu'ils ont vécu est vraiment horrible.
01:04Donc, en effet, comme l'a précisé le procureur de la République, on a retrouvé du protoxyde d'azote dans le véhicule.
01:10Et cette présence du protoxyde d'azote, elle est finalement la confirmation du fait que l'usage détourné du protoxyde d'azote est en train de se généraliser et qu'il produit des effets assez ravageurs parce qu'il a des effets sur la capacité que l'on a.
01:29Il a des effets euphorisants, notamment que l'on retrouve à l'occasion d'un accident de la route.
01:36Mais alors, qu'est-ce qu'il faut faire pour que ça devienne un stupéfiant ? C'est le maire d'Alès qui demandait ça hier sur notre antenne.
01:43Alors, en fait, vous avez deux choses.
01:44Vous avez d'ailleurs d'abord déjà une loi de 2021 qui vient réglementer la vente et l'utilisation du protoxyde d'azote.
01:55Pour que le protoxyde d'azote soit classé stupéfiant, ça signifie effectivement qu'il y ait une espèce de consensus scientifique sur les propriétés du protoxyde d'azote.
02:08Et cela ne peut passer que par la loi.
02:11C'est la loi qui doit, le cas échéant, classer le protoxyde d'azote parmi les produits stupéfiants et en découleront ensuite les interdictions d'usage, de vente, etc.
02:20Mais c'est un sujet où il n'est pas si facile que ça de le classer produit stupéfiant.
02:24C'est d'ailleurs un défi que l'on a sur d'autres types de produits.
02:27C'est comme ça que naissent aussi des nouvelles molécules au travers des drogues de synthèse, notamment.
02:33Ça nécessite à chaque fois ce travail-là.
02:35C'est une des priorités du ministre de l'Intérieur qu'il a affichées dans ses priorités.
02:40C'est de soutenir un vecteur législatif qui permettra effectivement d'accroître, on va dire, cette réglementation, voire l'interdiction.
02:49Et en plus de cette loi de 2021 dont vous parlez, vous, vous avez pris un arrêté préfectoral de votre côté il y a une semaine, il me semble.
02:56Exactement, c'était quelques jours avant ce dramatique accident.
02:59Dans le cadre de mes pouvoirs, qui consistent notamment à protéger la santé, à protéger les mineurs, j'ai souhaité aller un peu plus loin que ce que fait la loi sur le territoire du Gard,
03:09en interdisant aux mineurs d'en détenir ou d'en consommer sur la voie publique, puisque mon périmètre, c'est celui de la voie publique.
03:16Et également d'interdire les, on va dire, les rassemblements festifs sur la voie publique, que ce soit des mineurs ou des majeurs qui se mettraient à en consommer au milieu d'une place, d'une rue, etc.
03:29Mon idée, c'est en fait de donner les moyens aux policiers, aux gendarmes d'intervenir et d'empêcher et de donner un signal aussi,
03:36de donner un signal à tous ceux qui peuvent être tentés parce qu'on a cette, et d'ailleurs la sémantique est ravageuse, on parle d'une drogue récréative.
03:47Je pense qu'il faut supprimer récréative.
03:50C'est un produit dangereux, c'est un produit qui entraîne nos gamins dans des drames comme celui qu'on a vécu hier.
03:54Et justement, si vous l'avez pris, cet arrêté, est-ce que ça veut dire que vous voyez de plus en plus de mineurs consommer du protoxyde d'azote ?
04:01Oui, manifestement, c'est le cas. C'est ce qui remonte effectivement des services de police.
04:07Et je veux dire, même à titre personnel, il m'est arrivé de croiser des gamins dans la rue avec un ballon.
04:11Et pour ceux qui s'imaginent que ce sont juste des gamins qui gonflent des ballons pour jouer avec, non.
04:15La plupart du temps, quand on va les retrouver, ça va être du protoxyde d'azote à l'intérieur et des gamins qui sont en train de s'abîmer.
04:22Est-ce que c'est le profil numéro un des consommateurs de protoxyde d'azote, les mineurs ?
04:26En tout cas, ce sont ceux qu'on voit le plus.
04:27Alors quand on dit mineurs, on est souvent à la lisière entre le jeune majeur et le mineur.
04:31Mais c'est ceux qu'on va retrouver le plus souvent.
04:33Et puis comme on a en l'état un accès qui est plus facile, effectivement, il y a une prévalence de ce produit aujourd'hui.
04:42Vous avez parlé de ceux qui consomment dans la rue en soirée, mais il y en a aussi du coup qui consomment au volant.
04:48Est-ce qu'on arrive à les quantifier ou c'est très compliqué ?
04:51Non, on arrive à, hélas, on arrive dans la mesure où on n'a pas de moyens de faire des tests et des contrôles au volant de ce produit.
04:59Hélas, le moment où on arrive à les quantifier, c'est le moment où on a des accidents, des accidents souvent évidemment mortels.
05:06Je rappelle que nous sommes sur des chiffres qui, pour l'instant, sont un peu inférieurs à ceux de l'année dernière.
05:10Mais ceux de l'année dernière étant tellement hauts, on peut considérer qu'on a beaucoup de morts sur les routes.
05:14Et le protoxyde d'azote est un des facteurs que l'on retrouve régulièrement.
05:19Et justement, qu'est-ce qu'on peut développer pour pouvoir plus les contrôler, ces consommateurs ?
05:25Il faut absolument, effectivement, que l'on ait le cadre juridique que permettra une loi.
05:30Et de cette loi découleront ensuite toutes les mesures de contrôle, d'interdiction de la vente, d'interdiction de la vente sur Internet également,
05:37puisque évidemment, c'est un des accès simplifiés.
05:39Merci Jérôme Bonnet. Je le rappelle, vous êtes le préfet du Gard.
05:44Vous venez parler de la consommation de protoxyde d'azote.
05:48Il est 7h53. Bonne journée, bonne route ce matin.
05:52Ici Gare Lozère, le réveil 100% local.
05:55Ici Matin.
05:58Peut-être profiter de la venue du préfet du Gard ce matin pour parler de l'affaire Perrier, si vous êtes d'accord, Jérôme Nortuno,
06:03parce que c'est un autre dossier important quand même.
06:05L'affaire Perrier à Vergès, selon nos confrères de la cellule investigation de Radio France,
06:11des millions de bouteilles sont bloquées à Vergès en ce moment à cause d'une nouvelle contamination.
06:16Et cela, même si les micro-filtres sont retirés.
06:19Est-ce que ça veut dire qu'il n'y a aucun espoir d'avoir des captages sains sans filtre ?
06:23Non, je pense que ce dossier Perrier qui est d'une grande complexité s'inscrit vraiment sur la durée.
06:31Une durée dans laquelle les services de l'État, via l'ARS, ont considérablement renforcé les contrôles quotidiens sur les produits.
06:39Il ressort de ces contrôles non pas des contaminations mais des non-conformités.
06:43C'est-à-dire qu'on est vraiment dans une politique de précaution et dès lors qu'il y a un doute,
06:47tous les lots de bouteilles qui sont fabriqués dans un delta de temps où il y a ce doute font l'objet de recontrôles
06:53et pour l'immense majorité sont libérés, c'est-à-dire sont remis sur le marché parce que ces contrôles sont propres, on va dire.
07:01Et si par hasard il y a le moindre doute qui persiste, ils sont détruits.
07:05Donc quand on retient ces bouteilles, c'est en fait une mesure de précaution, il y a un doute, on les retient et on les retient.
07:11Donc parfois c'est des palettes entières donc ça peut représenter beaucoup de bouteilles.
07:15On les retient, le temps de s'assurer qu'il n'y a pas de risque.
07:18Et vous avez vu le patron de l'ARS mercredi, est-ce que vous pouvez donner l'autorisation à Perrier d'avoir le label d'eau minérale naturelle ?
07:26Alors on se voit, parce qu'on se voit régulièrement, mais France Inter avait l'air de dire qu'on s'était vu spécifiquement,
07:32mais on se voit régulièrement, c'est un dossier sur lequel on travaille beaucoup.
07:35La demande de Perrier d'avoir ce label d'eau minérale naturelle désormais sur seulement deux forages est en pleine instruction.
07:45Une instruction dont j'espère qu'elle aboutira avant la fin de l'année pour que je puisse trancher sur la base des éléments qui me seront fournis par l'ARS
07:52et qui regroupent en fait beaucoup d'avis, d'avis scientifiques, d'avis techniques qui me permettront de me prononcer.
08:00Mais à ce stade, je ne peux pas vous dire quelle sera ma décision.
08:03Et sans ce label, est-ce que l'usine peut continuer de tourner ?
08:07C'est vraiment une question qu'il faut poser à l'industriel, c'est ensuite une question de stratégie industrielle.
08:13Aujourd'hui, vous avez certains forages qui produisent un autre type d'eau que l'eau minérale naturelle,
08:18avec une exigence qui est un petit peu différente en termes d'appellation.
08:22Là, la stratégie appartient vraiment à l'industriel.
08:24Merci beaucoup Jérôme Bonnet, vous êtes le préfet du Gard.
08:28Merci d'avoir été notre inviteur au direct interview, vous aurez évidemment d'intégralité,
08:31parce qu'il s'est dit beaucoup de choses quand même depuis 5-6 minutes, sur notre site internet, ici garelauser.fr.
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