- il y a 10 heures
Linda Kebbab, policière et secrétaire nationale du syndicat Un1té Police, était l'invitée du Face-à-Face sur BFMTV et RMC de ce vendredi 5 décembre. Elle a été interrogée sur le narcotrafic en France, sur les fouilles XXL en prison, sur le logiciel XPN inutilisable qui a coûté 257 millions d'euros ou encore sur l'attaque de trois policiers à Castres.
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00:009 sur LAMC et BFM TV. Bonjour Linda Kebab.
00:03Bonjour.
00:03Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:05Vous êtes vous-même policière, vous êtes secrétaire nationale du syndicat de police Unité.
00:10La France est en train de devenir un film d'horreur.
00:12Voilà ce que vous avez déclaré récemment.
00:15La première question que je voudrais vous poser, c'est de savoir qui a peur de qui
00:18lorsque l'on regarde les derniers faits, ces tout derniers jours.
00:22Marseille, trois policiers de la BAC roués de coups mercredi soir.
00:26Castres, deux équipages, sept policiers, trois blessés parce que c'est eux qui ont été pris pour cible.
00:36Qui a encore peur du gendarme ou du policier ?
00:39Écoutez, les criminels visiblement de moins en moins.
00:42Je vous dis très sincèrement parce qu'on n'a plus trop le temps de mâcher nos mots.
00:46Moi je pense à mes collègues qui ont été blessés, qui ont été victimes de tentatives d'homicide à Castres.
00:50Ce qui se passe à Castres et à la Castellane, c'est en fait l'État qui est défié.
00:54Ce sont les criminels qui, tapis dans l'ombre, passent en permanence des messages à l'État, aux institutions,
01:01tentent de savoir si ou non les réponses seront fortes et finalement se consacrent et consacrent finalement leurs œuvres
01:06à démontrer que l'État n'est pas à la hauteur en réalité des policiers qui le servent.
01:12Je vous dis une chose très simple.
01:14Je pense sincèrement, moi je vois mes collègues, notamment à la Castellane à Marseille,
01:18qui sont allés de nuit dans un territoire où beaucoup n'iraient même pas de jour
01:22pour lutter notamment contre le trafic de stupes.
01:24À mes collègues de Castres qui sont intervenus parce qu'il y a eu un appel au 17
01:27disant que des individus étaient en train de tirer à l'armelon.
01:31Un piège, littéralement, un piège.
01:32Et qui sont visés comme des gibiers.
01:35On parle de policiers qui sont visés.
01:37On parle de policiers qui sont encerclés, qui sont attaqués.
01:39Et qu'est-ce qu'on a en face ? Des communiqués.
01:42On a toujours les mêmes mots qui sont recyclés.
01:44Les mots indignation, inadmissibles, inacceptables.
01:49Ils seront sanctionnés alors qu'à la fin ils ne sont jamais sanctionnés.
01:52Et vous savez ce que font les criminels ?
01:53Ils ne recyclent pas des communiqués.
01:55Eux, ils innovent, ils s'arment, ils tabassent et ils tirent.
01:58On est toujours à coup de retard.
02:00On est dix coups de retard, Madame de Malherbe.
02:02On est en fait face à un État qui est en train de perdre cette bataille.
02:06C'est vrai que cette perte, elle se fait au détriment des 7000 policiers
02:09qui tous les ans sont blessés du fait d'une agression, du fait d'un tiers.
02:14On est, nous les policiers, je vous le dis très sincèrement,
02:17pas seulement en première ligne de l'action, mais aussi en première ligne des blessés,
02:21de ceux qui payent lourdement le prix de cet État qui est en faillite.
02:24Je vais parler au nom de mes collègues.
02:26Les policiers ne veulent plus de communiquer.
02:28Ils veulent des actions fortes.
02:30Ils veulent autre chose que des tapes sur l'épaule une fois qu'ils sont blessés.
02:33Ils veulent autre chose que des grades à titre posthume.
02:36Ils veulent autre chose qu'il y ait des familles qui soient réveillées en pleine nuit
02:38parce qu'ils sont blessés, voire pire.
02:41Voilà ce que les policiers veulent.
02:42Ils veulent aussi, il faut dire les choses, une action.
02:46Disons les choses concrètement, parce qu'on peut faire aujourd'hui de grandes envolées lyriques.
02:50Mais concrètement, qu'est-ce qu'il faut ?
02:52Il faut des effectifs qui tiennent le territoire.
02:54Il faut des enquêteurs supplémentaires pour pouvoir démanteler les réseaux,
02:58notamment les réseaux criminels de ceux qui agressent, qui violentent,
03:01qui font dans le narcotrafic, parce que tout cela communique entre eux.
03:05Il faut aussi des parquis qui soient renforcés.
03:07Il faut aussi des magistrats du siège qui se sentent un peu investis de leur mission
03:11et qui n'aient pas le sentiment de devoir servir la harangue d'Oswald Baudot.
03:14Vous dites, au fond, qu'il y a une forme de paradoxe
03:17parce qu'on met des policiers dans la rue
03:20parce qu'il y a effectivement un certain nombre de criminels dans la rue.
03:23Mais vous dites, au fond, que si ces criminels sont dans la rue,
03:25c'est aussi parce que les dossiers, les plaintes s'accumulent dans les bureaux
03:29qu'il n'y a plus assez de policiers dans les bureaux précisément pour les traiter.
03:33Et c'est un cercle vicieux puisque ces plaintes n'étant pas traitées,
03:36finalement, les criminels ne sont jamais condamnés.
03:41Je savais, il y a quelques semaines, le syndicat Unité a fait une action
03:44assez hors du commun en distribuant des flyers à la population,
03:47à la sortie des bouches de métro, à la sortie des gares,
03:49dans des lieux de rencontre et grand public,
03:52en expliquant des choses très concrètes.
03:53Il y a 3 millions de procédures, madame de Malherbe,
03:56qui sont en attente d'être traitées,
03:57avec des faits parfois graves, avec des crimes sexuels,
04:00des auteurs identifiés depuis 2 ans,
04:02qu'on ne va pas chercher parce qu'on ne peut pas le faire,
04:05parce qu'il y en a trop.
04:06Il y a 2500 enquêteurs en manque aujourd'hui dans la police.
04:09Pourquoi ? Parce que ces dernières années,
04:11on a privilégié la présence du bleu sur la voie publique,
04:15il en faut, mais en vidant les services judiciaires.
04:19Sauf que quand vous générez des interpellations
04:20et que derrière les enquêtes ne sont pas menées,
04:22les fenêtres ne sont pas ouvertes.
04:24Et donc, de fait, les réseaux ne sont pas démantelés,
04:27les auteurs ne sont pas identifiés,
04:28les victimes n'ont pas de suivi,
04:30la justice est également exsangue,
04:32et résultat, on a la situation qu'on a aujourd'hui.
04:35Linda Kebab, vous avez dit,
04:38vous avez glissé dans une de vos phrases,
04:40là, à l'instant,
04:41la France est en train de perdre la bataille.
04:43Oui, bien sûr.
04:44Vous le pensez sincèrement ?
04:44Oui, je le pense très sincèrement.
04:45Les criminels gagnent du territoire,
04:47ils innovent, comme je vous l'ai dit,
04:48ils s'arment, ils tirent, ils encerclent.
04:51Et nous, pendant ce temps-là,
04:52on a des débats partisans, politiques,
04:54de pas très haut niveau, je dirais,
04:56et je reste poli,
04:58sur la manière d'aborder la question de la criminalité
05:01entre les angéliques
05:03et ceux qui font de grandes envolées sur l'ordre,
05:06mais qui, concrètement, n'apportent rien sur le terrain
05:08et qui ne font que de la politique de vitrine.
05:11Oui, aujourd'hui, l'État est en train de perdre,
05:13sauf que ceux qui payent cette facture,
05:14ce sont ceux, en première ligne, je vous ai dit,
05:177000 policiers agressés tous les ans.
05:19Et également, c'est important, ils nous écoutent,
05:20nos concitoyens qui le payent par cette insécurité.
05:24Ce n'est pas seulement un sentiment,
05:25c'est un fait.
05:26Aujourd'hui, on a une augmentation des violences.
05:28Les violences ne tombent pas du ciel.
05:29Il y a bien des auteurs
05:30et ces auteurs, aujourd'hui, agissent impunément.
05:32Il y a eu, évidemment, l'épisode dramatique
05:35de la mort du frère Damine Kessassi
05:37à Marseille,
05:39le frère qui a, semble-t-il, été visé
05:41précisément parce que,
05:44comme une menace,
05:45comme une intimidation,
05:47comme un acte de mafia,
05:48est-ce qu'aujourd'hui, le narcotrafic
05:51est en train de s'installer
05:52sur la faiblesse de l'État
05:54comme une forme de mafia
05:55qui contrôle tout
05:57jusqu'au loyer,
05:59jusqu'au prêt d'argent pour les familles ?
06:01Est-ce qu'au fond,
06:02il y a un monde parallèle
06:03du narcotrafic aujourd'hui ?
06:05Absolument.
06:06Entre 3 et 7 milliards d'euros.
06:07C'est le montant généré
06:09par le trafic de stupéfiants en France.
06:10On parle d'un pays
06:11de 70 millions d'habitants.
06:12Moi, j'assume de dire
06:15que la lutte contre le narcotrafic,
06:17on a du retard
06:17parce qu'on ne sait pas l'aborder
06:19comme on n'a pas su aborder
06:21le terrorisme il y a 25 ans.
06:22Or, le narcotrafic,
06:23c'est du terrorisme.
06:24Quand on tue le frère d'un militant
06:27pour faire taire ce militant,
06:30c'est du terrorisme.
06:31Comme on tue pour faire taire
06:32de manière générale.
06:33Comme le font les terroristes.
06:34Et donc, à partir du moment
06:35où on acceptera,
06:36parce que ce n'est pas encore le cas,
06:37Madame de Malherbe,
06:38de dire que le narcotrafic,
06:39c'est du terrorisme,
06:40c'est l'explosion de notre société,
06:42de l'intérieur.
06:43Avec des éléments endogènes
06:45qui, comme vous l'avez dit,
06:47mettent en place un système parallèle.
06:48Quelque chose qui défie la loi,
06:50qui défie l'ordre moral,
06:52qui défie les questions sanitaires,
06:54qui défie la sécurité.
06:56Et bien, tant qu'on ne traitera pas
06:57la question du narcotrafic,
06:58comme on traite le terrorisme,
06:59on est dans la défaite permanente.
07:01C'est une pieuvre, le narcotrafic.
07:03Absolument.
07:03On a aujourd'hui des narcotrafiquants
07:05qui jouent le rôle de l'État,
07:06qui jouent notamment un rôle social,
07:07comme vous l'avez dit,
07:08qui payent des loyers,
07:09qui font des prêts dans les quartiers,
07:10qui parfois même,
07:11parviennent à endiguer
07:13des phénomènes,
07:14notamment de délinquance
07:16de voies publiques minimes,
07:17parce que, justement,
07:18ils veulent que leur trafic
07:19soit tranquille.
07:20Sauf que, ce qu'on ne comprend pas,
07:22c'est que...
07:22Donc, on a laissé faire,
07:23en quelque sorte,
07:23parce que c'était parfois même utile,
07:26la paix sociale.
07:27L'expression n'est pas galvaudée,
07:29madame de Malherbe.
07:29Elle est factuelle,
07:31elle est concrète.
07:32Quand vous avez des politiques,
07:34en termes de sécurité publique,
07:35qui ont pendant longtemps
07:36laissé de côté le narcotrafic,
07:38au motif que ça a évité
07:40d'avoir des délits
07:41et donc des statistiques défavorables
07:42aux chiffres
07:44du ministère de l'Intérieur,
07:47je suis désolée,
07:48on a, d'une certaine manière,
07:49contribué à l'installation
07:51de ce narcotrafic.
07:52Quand on a des narcotrafiquants
07:54qui sont interpellés
07:55dans le cadre de transactions
07:56avec de l'argent,
07:57avec des quantités de drogue
07:58et qui sont relâchés,
07:59je pense notamment
08:00aux plus jeunes,
08:01des adolescents,
08:02quand on n'a pas
08:03de politique pénale
08:03qui enjoint les magistrats
08:05à faire sortir les plus jeunes
08:06qui sont les viviers,
08:07la main-d'œuvre
08:08de ces réseaux de narcotrafic
08:09et que ces plus jeunes
08:11sont libérés,
08:12vous savez ce que font
08:13les magistrats ?
08:14On va parler de tous ces jeunes
08:15qui ont 14-15 ans,
08:17qui sont interpellés,
08:17qui sont notamment
08:18des charbonneurs.
08:18Le charbonneur,
08:19c'est celui qui vend au détail,
08:20celui qui fait la transaction,
08:21c'est le vendeur
08:22du dernier kilomètre.
08:23C'est celui du bout
08:23de la chaîne.
08:24C'est celui dans la sacoche
08:25duquel vous allez trouver
08:26l'argent et la drogue
08:26parce que c'est celui
08:27qui effectue la transaction
08:28à 14-15 ans.
08:29La plupart du temps,
08:30les magistrats,
08:31une fois qu'ils sont interpellés,
08:32ils les libèrent
08:32et ils les lâchent dans la nature.
08:34Vous savez ce que font
08:34les magistrats à ce moment-là ?
08:35Je vous le dis très sincèrement.
08:36Ils font signer un CDI
08:37à ces jeunes dans le réseau
08:38parce que qu'est-ce
08:39qui va se passer derrière ?
08:40Le narcotrafiquant de tête,
08:42il va attraper ce petit jeune
08:43et il va lui dire
08:43tu t'es fait prendre
08:44une quantité d'argent
08:46et une quantité de drogue,
08:47il va falloir que tu rembourses.
08:48Et ça, c'est un engagement
08:49à vie pour ces jeunes.
08:50Et donc du coup,
08:50on n'arrive pas à sécher
08:51les viviers des petites mains.
08:52Pourquoi ?
08:53Parce qu'on n'a pas
08:53de politique pénale
08:54qui enjoint les magistrats.
08:56Ils deviennent eux-mêmes victimes.
08:57Absolument,
08:57ils deviennent victimes
08:58et auteurs.
08:59Oui, absolument.
09:00Vous savez,
09:01ça fait de nombreuses années,
09:02on a fait une étude notamment
09:03là-dessus
09:03sur les très jeunes délinquants.
09:06Ceux qui s'engagent
09:07dans un parcours délinquant
09:08dont on sait pertinemment
09:10qu'il va être de plus en plus grave
09:11les très très courtes peines.
09:13C'est des choses
09:13qui ne sont pas désociabilisantes
09:14le temps des vacances scolaires
09:15qui sortent les jeunes
09:16de l'environnement toxique,
09:18de leur famille,
09:19de leur quartier
09:19et qui vont les accompagner
09:22donc dans des formes de sas.
09:23Aujourd'hui,
09:24ce n'est pas mis en œuvre
09:24pourquoi ?
09:25Pour des raisons de budget,
09:26pour des raisons philosophiques
09:27parce que des magistrats
09:28aujourd'hui s'y opposent.
09:30Alors moi,
09:30j'entends des magistrats
09:31qui disent
09:31nous ne faisons qu'appliquer la loi.
09:33Sauf qu'aujourd'hui,
09:34on a aussi des magistrats
09:35qui guident la main du législateur.
09:37Enfin moi,
09:37j'ai envie de dire à ces magistrats,
09:38donnons-leur le cètre,
09:40la double couronne d'Egypte
09:41et accordons-leur le plein pouvoir
09:43parce que si ces gens-là,
09:44ces magistrats...
09:44Non mais en fait,
09:46on a aujourd'hui des magistrats
09:46qui se cachent derrière le fait
09:48de faire appliquer la loi
09:49pour expliquer leurs décisions
09:51parfois ubuesques
09:52et qui en même temps
09:53aimeraient guider la main
09:54du législateur.
09:55C'est un plein pouvoir
09:56qui réclame.
09:57Vous avez évoqué
09:58la question des chiffres
09:59et j'ai eu le sentiment
10:00que dans vos mots,
10:01il y avait peut-être un doute.
10:02Un doute sur les chiffres
10:04qu'on nous donne,
10:05les chiffres de la délinquance,
10:06les chiffres des arrestations.
10:08Est-ce que vous avez l'impression
10:09qu'on gonfle ces chiffres ?
10:10Il faut une impression,
10:11c'est un fait.
10:12Enfin, je ne dirais pas un policier
10:13qui ne vous dira pas
10:13que les statistiques,
10:15on leur fait dire
10:16ce qu'on veut
10:16mais elles sont déjà...
10:17Mais qui ?
10:18Est-ce qu'il y a quelqu'un
10:18qui vous demande
10:19est-ce que le ministère de l'Intérieur
10:20fait en sorte
10:21qu'on gonfle ces chiffres ?
10:22Vulgarison.
10:23Allons-y.
10:24Pour que les Français comprennent.
10:26J'ai été policière
10:27notamment dans des brigades
10:28qui font de la constatation.
10:30Dans les années 2010,
10:31on avait un ministre de l'époque
10:33à l'époque, pardon,
10:34qui voulait faire du cambriolage
10:35une grande cause nationale.
10:36On avait notamment
10:37des réseaux criminels
10:38issus des Balkans
10:39qui avaient fait du cambriolage
10:41leur source de revenu numéro un.
10:43Eh bien,
10:44qu'est-ce qui avait été demandé
10:45à l'époque aux policiers
10:46dont je faisais partie ?
10:48Quand une tentative de cambriolage
10:50qui doit rentrer
10:50dans la statistique de cambriolage
10:52que vous ayez été cambriolé
10:53ou qu'on ait tenté
10:54de vous cambrioler,
10:54c'est un cambriolage.
10:56Le fait que l'action
10:57ait été avortée
10:58ne signifie pas
10:58qu'il n'y a pas eu de cambriolage.
10:59Ça veut juste dire
10:59qu'il y a un élément extérieur
11:00qui n'a pas permis au criminel
11:01d'aller jusqu'au bout.
11:02On a compris ?
11:03De fait,
11:04quand on dit à des policiers
11:05la serrure est fracturée,
11:06la vitre est brisée,
11:07mais il n'y a pas eu de vol,
11:08alors vous le mettez en dégradation.
11:10Vous faites quoi ?
11:11Vous faites quoi ?
11:12Vous manipulez les statistiques ?
11:14Quand,
11:14à l'inverse,
11:15vous laissez croire
11:16qu'il y a un fléau de fait
11:17parce que ça vous permet
11:18d'avoir des enquêtes
11:20qui sont rapidement menées.
11:21Exemple très bête,
11:22j'étais en brigade,
11:23on intervient pour
11:24une vingtaine de voitures
11:25qui ont été
11:25complètement désossées
11:27par un trio
11:28de jeunes garçons.
11:29On les identifierait
11:30rapidement avec les caméras.
11:31En une heure,
11:32on les a interpellées
11:32dans ce qu'on appelle
11:33le flagrant délit.
11:34c'est un fait,
11:36avec certes une multitude
11:37de victimes,
11:38mais c'est un fait.
11:38Eh bien non,
11:39à cette époque,
11:39on a un chef de service
11:40qui a considéré...
11:41On va dire qu'il y a trois fêtes
11:41ou qu'il y a vingt fêtes
11:42parce qu'il y a vingt voitures
11:43et ça va vous multiplier.
11:45Qui fait exploser,
11:45non seulement ça a amené
11:47une forme de fléau du fait
11:48alors qu'en réalité
11:49c'était un événement exceptionnel,
11:50mais en plus,
11:51c'était pour la raison
11:52pour laquelle il nous avait
11:52été demandé de faire vingt faits,
11:54c'est que comme on avait
11:55identifié les auteurs,
11:56c'était vingt faits élucidés.
11:57Et donc en fait,
11:57vous faites augmenter
11:58les statistiques,
11:59les performances du chef de service
12:01pour sa petite prime
12:01de fin d'année
12:02et en même temps,
12:03vous dirigez de manière
12:04complètement erronée
12:06la stratégie de lutte
12:07contre les insécurités,
12:09contre la délinquance
12:10parce que les statistiques
12:11initiales ne sont pas bonnes.
12:11Donc les chiffres
12:12sont manipulés aujourd'hui ?
12:13Absolument.
12:14Le seul chiffre
12:14qui pourrait éventuellement
12:15être le plus fiable
12:16parce qu'un mort est un mort,
12:18c'est celui des homicides.
12:18Et encore,
12:20même dans les homicides,
12:21il faut faire attention
12:21parce que souvent,
12:22on a des violences volontaires
12:23ayant entraîné la mort
12:24sans intention de la donner
12:25qui en réalité
12:26sont des homicides
12:26qui ne disent pas leur nom.
12:28Et là,
12:29pour le coup,
12:29pareil,
12:30on essaie parfois
12:30d'amoindrir.
12:32Mais on va dire
12:32que c'est la seule statistique
12:33aujourd'hui
12:33qui semble être fiable.
12:35Linda Kebab,
12:35je voudrais que vous regardiez
12:36ces images,
12:37je vais les décrire
12:37pour ceux qui nous écoutent
12:38sur RMC.
12:39Ça s'est passé cette nuit
12:40des fouilles XXL,
12:42comme on nous dit,
12:43qui avaient été annoncées
12:45par le ministre de la Justice.
12:47Il s'agit donc de fouilles
12:48dans les différentes cellules
12:51de la prison de la santé.
12:53Vous voyez sur ces images
12:54des policiers
12:55ou des surveillants
12:56de prison,
12:57en l'occurrence,
12:58qui fouillent des cellules
13:01et qui se rendent compte
13:01que dans ce qui semble être
13:03des sacs poubelles,
13:04il y a en réalité
13:05des centaines de boîtes
13:07de médicaments,
13:09alors qu'officiellement,
13:10quand on veut faire rentrer
13:11même du doliprane
13:12dans une prison,
13:15c'est censé passer
13:16par l'administration pénitentiaire.
13:19Ça veut dire que tout passe ?
13:20Bien sûr que tout passe.
13:22Il n'y a pas seulement
13:22que les drones.
13:23Déjà, il y a les drones
13:23quotidiennement.
13:24Moi, je reçois les synthèses
13:25quotidiennes et tous les jours,
13:26il y a des collègues
13:26qui interpellent des drones,
13:27des pilotes de drones
13:29avec du contenu stupéfiant,
13:32des armes,
13:32des téléphones,
13:33des livraisons multiples,
13:35etc.
13:36Mais il y a également
13:37les parloirs,
13:38parce que quand on fait
13:38des fouilles XXL,
13:39ce qui n'est pas dit,
13:41ce sont les parloirs
13:41et les permissions.
13:42On a parlé récemment
13:43d'un fait qui a ému
13:45la France entière
13:46sur la permission
13:46d'un criminel
13:48qui est détenu à Vendin.
13:49Avant d'un leviel
13:49qui a pu partir
13:50toute la journée
13:51et traverser la France
13:52par le TGV.
13:53Il y en a tous les jours.
13:54Donc tous les jours,
13:54vous avez l'opportunité
13:55pour un auteur
13:56de rentrer avec quelque chose
13:57qui l'aura fait rentrer
13:58dans un orifice
13:58qui ne sera pas forcément fouillé.
14:03D'autant qu'on a
14:03de plus en plus d'avocats
14:05qui s'opposent à ces fouilles
14:06et qui disent
14:07qu'elles seraient indignes.
14:09Et donc, de fait,
14:10vous avez des détenus
14:11qui profitent de cette situation.
14:12Et les parloirs,
14:13les familles ne sont pas fouillées.
14:14De toute manière,
14:15elles passent un détecteur,
14:16passent un couteau de céramique,
14:17vous pouvez passer de la drogue.
14:18On a vu le cas
14:19de Salab des Slams
14:19avec cette fameuse clé USB
14:21sur laquelle il y a
14:22de la revendication djihadiste.
14:23Donc oui, bien sûr,
14:24tous les jours.
14:24C'est ce que je disais
14:25il y a quelques jours
14:25quand les fouilles XXL
14:27ont été annoncées très bien.
14:28Mais en réalité,
14:33en permanence.
14:35Donc, en réalité,
14:36on est juste en train de faire
14:37un coup d'éclat devant les caméras.
14:39Plus de 400 téléphones saisis,
14:41là, dans les toutes dernières,
14:43depuis juste cette fouille-là.
14:45Cette séquence de fouilles-là.
14:46Vous savez, Mme de Malharve,
14:46ça ressemble, c'est bien 400.
14:48Déjà, ça dit l'état de la situation,
14:50sachant qu'on n'a pas tout.
14:51Parce que tous les établissements
14:52pénitentiaires n'ont pas eu
14:53cette fouille XXL.
14:54Mais c'est un peu comme le stup.
14:56C'est-à-dire que quand vous avez
14:57des titres avec plusieurs tonnes,
14:59vous savez très bien
14:59que vous en avez 100 fois plus
15:00qui rentrent dans le territoire.
15:01Donc, c'est la même chose.
15:02La drogue, pareil,
15:04qui est saisie dans les cellules
15:06des détenus.
15:08Cette évasion la semaine dernière
15:11de la prison de Dijon,
15:13l'un des deux évadés,
15:15certes, il y en a un des deux
15:16qui a été repris,
15:17mais l'un des deux évadés
15:18se filmait sur TikTok
15:20en direct dans la prison.
15:21Est-ce que ça veut dire,
15:22Linda Kebab,
15:23qu'il manque des pièces
15:24dans le puzzle ?
15:25C'est-à-dire qu'il y a ce qui se passe,
15:26effectivement,
15:27ou alors que ces pièces
15:27ne sont pas reliées entre elles.
15:29Il y a ce qui se passe
15:29sur le terrain avec les policiers,
15:30il y a les magistrats,
15:32il y a ce qui se passe
15:33dans les prisons
15:33et on a presque l'impression,
15:35parfois,
15:35que ce sont des morceaux
15:36qui ne fonctionnent pas entre eux.
15:39Absolument.
15:39De toute façon,
15:40les ministères fonctionnent en silo,
15:41ça c'est une première chose.
15:42La deuxième,
15:42c'est que moi,
15:43je ne vais pas jeter le blâme
15:45sur les agents pénitentiaires
15:46qui sont déjà,
15:47comme je vous l'ai dit
15:47il y a quelques minutes,
15:48en train de gérer en permanence
15:49des cocottes minutes,
15:50qui ont des mutineries régulières.
15:51Lorsqu'il y a eu la tentative
15:52d'installation de brouilleurs,
15:53il y a eu des mutineries
15:54avec des détenus
15:55qui ont refusé
15:55de regagner les cellules.
15:56Qu'est-ce que vous voulez faire
15:56dans ces situations ?
15:58À partir du moment
15:58où vous faites usage de la force
15:59dans les établissements pénitentiaires,
16:00vous avez les avocats,
16:01les associations
16:01qui vous tombent dessus.
16:02Donc, mandat l'absolu,
16:03je ne peux pas blâmer
16:04les agents pénitentiaires.
16:05Non, c'est un tout.
16:06C'est un tout,
16:06mais surtout,
16:07c'est une question de moyens.
16:08Sauf que qu'est-ce qu'on fait
16:09des moyens en termes
16:10de régalien,
16:11de sécurité et de justice ?
16:13Vous savez quoi ?
16:13Aujourd'hui,
16:14la France est en train
16:15de jeter l'argent
16:16qui devrait servir
16:16à la lutte contre l'insécurité.
16:18Parlons d'un fait,
16:19le XPN Gate.
16:20Tout le monde devrait en parler.
16:22Je ne comprends pas
16:22que les journaux
16:23n'ouvrent pas là-dessus.
16:24C'est ce logiciel,
16:25j'allais vous en parler,
16:26ce logiciel qui,
16:27effectivement,
16:27a coûté un logiciel
16:28un quart de milliard d'euros.
16:30Un logiciel à prix d'or
16:31qui, non seulement,
16:32ne marche pas.
16:33C'était un logiciel
16:34qui était censé gérer
16:35votre administrative,
16:36vos payes,
16:37des policiers.
16:38Non, c'est encore pire.
16:39C'est un logiciel
16:40qui est censé être
16:41notre logiciel de procédure.
16:43Mais qui n'a jamais marché.
16:44Qui n'a jamais fonctionné.
16:45En fait, le paradigme initial,
16:46ça a été d'en faire
16:47un outil statistique
16:48plutôt que d'un outil d'enquête.
16:50Ils ont mis des années
16:51à comprendre
16:51qu'il fallait d'abord
16:52en faire un outil pour l'enquête
16:53plutôt qu'un outil statistique.
16:54En plus de ça,
16:55vous avez un comité de pilotage
16:56qui devait se réunir tous les mois
16:57qui s'est réuni 5 fois en 5 ans.
16:58Et ça a été une énorme galère
17:00parce que non seulement
17:00ça ne fonctionnait pas
17:01mais vous y avez tous perdu
17:02un temps fou
17:03en essayant de faire fonctionner
17:05ce logiciel insupportable.
17:06Il va finir par être abandonné
17:07mais en effet,
17:08là, voilà un exemple d'argent
17:14qui nous entendent,
17:14qui nous regardent
17:15comprennent qu'à l'heure du débat
17:18sur l'acceptation fiscale des Français,
17:20on a jeté un quart de milliard d'euros
17:21avec, je vous le dis très sincèrement,
17:23zéro sanction à l'issue.
17:25On a des hauts fonctionnaires.
17:26La gendarmerie a claqué la porte
17:27au cours de ces travaux
17:30parce qu'elle voyait
17:31que c'était une gabegie.
17:33Et pourtant, à la fin,
17:34qu'est-ce qu'on aura ?
17:34Des hauts fonctionnaires
17:35qui seront mis au placard
17:36pendant deux ans
17:37histoire de se refaire une virginité
17:38et qui reviendront
17:38avec des galons supplémentaires
17:39là où un gardien de la paix
17:40qui perd son passe-navigo
17:41voit sa carrière complètement démontée.
17:43Aujourd'hui, on a un quart de milliard d'euros
17:45qui ont été jetés par les fenêtres.
17:46Capgemini a touché 8 millions d'euros.
17:47Capgemini, c'est un cabinet de conseil.
17:498 millions d'euros pour concevoir un outil.
17:51Ils l'ont fait avec les joaillus de la couronne,
17:53cet outil ?
17:53Je ne comprends pas.
17:548 millions d'euros.
17:55Quels ont été les cabinets, les audits ?
17:57Parce qu'évidemment,
17:57on n'a pas le détail
17:58et heureusement que les journalistes du monde
17:59ont mis la main sur ce rapport
18:00de la Cour des comptes
18:01qu'on refuse de nous remettre.
18:03Moi, j'aimerais connaître la ventilation
18:04et je pense comme l'ensemble
18:05des personnes qui nous entendent.
18:06La ventilation,
18:07qu'est-ce qui fait qu'on a
18:07un quart de milliard d'euros
18:08pour la conception d'un logiciel
18:09qui n'existe pas,
18:11dix ans plus tard,
18:12qui ont été jetés par la fenêtre ?
18:13Qui, quoi, où et quel responsable ?
18:14Merci Linda Kebab
18:15d'avoir répondu à mes questions ce matin.
18:17Merci à vous.
18:18Policiaire, secrétaire national
18:19du syndicat de police.
18:20Unité, il est 8h47 sur AMC BFM TV.
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