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  • il y a 10 heures
Linda Kebbab, policière et secrétaire nationale du syndicat Un1té Police, était l'invitée du Face-à-Face sur BFMTV et RMC de ce vendredi 5 décembre. Elle a été interrogée sur la question du narcotrafic. 

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Transcription
00:00Absolument, entre 3 et 7 milliards d'euros.
00:03C'est le montant généré par le trafic de stupéfiants en France.
00:05On parle d'un pays de 70 millions d'habitants.
00:08Moi, j'assume de dire que la lutte contre le narcotrafic, on a du retard,
00:13parce qu'on ne sait pas l'aborder comme on n'a pas su aborder le terrorisme il y a 25 ans.
00:17Or, le narcotrafic, c'est du terrorisme.
00:19Quand on tue le frère d'un militant pour faire taire ce militant, c'est du terrorisme.
00:26Comme on tue pour faire taire de manière générale, comme le font les terroristes.
00:29Et donc, à partir du moment où on acceptera, parce que ce n'est pas encore le cas, madame de Malherbe,
00:33de dire que le narcotrafic, c'est du terrorisme, c'est l'explosion de notre société de l'intérieur.
00:38Avec des éléments endogènes qui, comme vous l'avez dit, mettent en place un système parallèle.
00:44Quelque chose qui défie la loi, qui défie l'ordre moral, qui défie les questions sanitaires,
00:49qui défie la sécurité.
00:51Et bien, tant qu'on ne traitera pas la question du narcotrafic, comme on traite le terrorisme,
00:54on est dans la défaite permanente.
00:56C'est une pieuvre, le narcotrafic.
00:58Absolument, on a aujourd'hui des narcotrafiquants qui jouent le rôle de l'État,
01:01qui jouent notamment un rôle social, comme vous l'avez dit,
01:03qui payent des loyers, qui font des prêts dans les quartiers,
01:06qui parfois même parviennent à endiguer des phénomènes,
01:09notamment de délinquance de voie publique minime,
01:13parce que justement, ils veulent que leur trafic soit tranquille.
01:15Sauf que, ce qu'on ne comprend pas, c'est que...
01:17Donc on a laissé faire, en quelque sorte, parce que c'était parfois même utile, la paix sociale.
01:22L'expression n'est pas galvaudée, madame de Malherbe.
01:25Elle est factuelle, elle est concrète.
01:26Quand vous avez des politiques, en termes de sécurité publique,
01:31qui ont pendant longtemps laissé de côté le narcotrafic,
01:33au motif que ça a évité d'avoir des délits,
01:36et donc des statistiques défavorables,
01:38aux chiffres de la statistique du ministère de l'Intérieur,
01:42je suis désolée, on a, d'une certaine manière,
01:45contribué à l'installation de ce narcotrafic.
01:47Quand on a des narcotrafiquants qui sont interpellés,
01:50dans le cadre de transactions, avec de l'argent,
01:52avec des quantités de drogue,
01:54et qui sont relâchées, je pense notamment aux plus jeunes, des adolescents,
01:57quand on n'a pas de politique pénale qui enjoint les magistrats
02:00à faire sortir les plus jeunes,
02:02qui sont les viviers, la main-d'œuvre de ces réseaux de narcotrafic,
02:05et que ces plus jeunes sont libérés,
02:07vous savez ce que font les magistrats ?
02:09On va parler de tous ces jeunes qui ont 14-15 ans,
02:12qui sont interpellés, qui sont notamment des charbonneurs.
02:13Le charbonneur, c'est celui qui vend au détail,
02:15celui qui fait la transaction,
02:16c'est le vendeur du dernier kilomètre.
02:18C'est celui du bout de la chaîne.
02:19C'est celui dans la sacoche duquel vous allez trouver l'argent et la drogue,
02:22parce que c'est celui qui effectue la transaction.
02:24À 14-15 ans, la plupart du temps, les magistrats,
02:26une fois qu'ils sont interpellés,
02:27ils les libèrent, et ils les lâchent dans la nature.
02:29Vous savez ce que font les magistrats à ce moment-là ?
02:30Je vous le dis très sincèrement.
02:31Ils font signer un CDI à ces jeunes dans le réseau,
02:34parce que qu'est-ce qui va se passer derrière ?
02:35Le narcotrafiquant de tête,
02:37il va attraper ce petit jeune,
02:38et il va lui dire,
02:38tu t'es fait prendre une quantité d'argent et une quantité de drogue,
02:42il va falloir que tu rembourses.
02:43Et ça, c'est un engagement à vie pour ces jeunes.
02:45Et donc, du coup,
02:45on n'arrive pas à sécher les viviers des petites mains.
02:48Pourquoi ?
02:48Parce qu'on n'a pas de politique pénale
02:49qui enjoint les magistrats.
02:50Ils deviennent eux-mêmes victimes.
02:52Absolument, ils deviennent victimes et auteurs.
02:53Et donc,
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