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  • il y a 3 minutes
Louis Laugier, directeur général de la Police nationale, était l’invité du Face-à-Face de ce mercredi 31 décembre sur BFMTV et RMC. Il a été interrogé notamment sur le narcotrafic et la soirée du Nouvel an. 

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Transcription
00:01Sur BFM TV, merci beaucoup d'être avec nous. Bonjour Louis Logier.
00:04Bonjour.
00:04Merci beaucoup d'avoir accepté cette invitation. Votre parole est rare, c'est votre première interview sur BFM TV.
00:08Vous êtes directeur général de la police nationale à la tête de 153 000 agents.
00:14J'ai beaucoup de questions évidemment à vous poser sur la sécurité du quotidien des Français,
00:17sur la lutte contre le narcotrafic, mais évidemment d'abord, commençons par le dispositif de sécurité pour ce soir,
00:23pour le passage à la nouvelle année à 2026.
00:26Des millions de Français vont célébrer cette soirée du Nouvel An et ce passage à la nouvelle année.
00:3090 000 policiers et gendarmes seront mobilisés. Quel est le mot d'ordre ce soir ?
00:34100% vigilance, zéro tolérance ?
00:36Vous l'avez dit, c'est 90 000 policiers et gendarmes qui vont être sur le terrain pour assurer la sécurité de nos concitoyens.
00:42Donc je tiens déjà à leur rendre hommage parce que pendant ce moment-là, ils ne sont pas chez eux en famille,
00:45ils sont sur le terrain à exposer d'ailleurs parfois leur vie, parce que les conditions peuvent être compliquées dans certains cas.
00:51Mais ce que je veux surtout vous dire, c'est que c'est un dispositif qui a été mis en place dans la durée.
00:55Il y a un travail qui a été mené en amont avec les élus, avec les préfets, sous l'égide des préfets,
00:59pour s'assurer que sur le terrain, par exemple, des chantiers soient nettoyés, des itinéraires soient dégagés,
01:06pour que les matériels publics ne soient pas utilisés par des personnes qui voudraient mal agir ce soir-là,
01:10alors que c'est un moment festif.
01:12Et donc tout est fait pour que ce moment se passe bien.
01:15Quelles sont vos craintes pour ce soir ?
01:17Vous savez, lorsqu'il y a des rassemblements de personnes, la première crainte, elle est toujours celle d'un attentat,
01:23mais là-dessus, le travail est fait en amont, avec des services de renseignement qui, vous le savez régulièrement,
01:28mènent des opérations et obtiennent des résultats.
01:31Mais le risque est toujours très élevé.
01:32Le risque existe toujours, parce que vous avez un mouvement de foule potentiel,
01:35parce que vous avez effectivement le risque terroriste, le mouvement de foule.
01:39Dès qu'il y a du monde, il faut organiser les choses.
01:42Et tout est fait, justement, pour que ça se passe bien.
01:44Et c'est pour ça qu'il y a 90 000 effectifs sur le territoire national qui sont déployés
01:47et qui vont permettre d'accompagner nos concitoyens dans un moment qui est festif.
01:52Est-ce qu'il y a un risque particulier aussi sur l'utilisation des mortiers d'artifice ?
01:56On sait qu'il y a des contrôles renforcés, déjà depuis plusieurs jours, depuis plusieurs jours maintenant.
02:00Vous pouvez même aller plus loin.
02:01C'est-à-dire que c'est un contrôle renforcé qui se fait dans la durée.
02:04Et il y a des saisies de mortiers qui ont lieu tous les jours,
02:08et qui se font notamment soit aux frontières, soit sur le territoire national.
02:13Il y a des filières dans le domaine.
02:14Et là, le travail des enquêteurs permet d'obtenir beaucoup de résultats
02:18ou les contrôles qui sont faits sur le terrain.
02:20Donc oui, ce risque-là a été pris en compte dans la préparation de l'événement.
02:24Est-ce qu'il y a aussi une vigilance supplémentaire, Louis Logier,
02:27sur le protoxyde d'azote qui est utilisé de manière détournée comme le gaz hilarant ?
02:32Il y a un risque aussi ce soir, notamment pour ceux qui prennent le volant ?
02:35À l'évidence, c'est quelque chose qui prend de l'ampleur.
02:40Et vous avez régulièrement des accidents de la route liés à cela.
02:44J'ai en tête un événement récent avec trois jeunes qui se sont tués en voiture,
02:48et le conducteur, qui n'avait pas de permis en plus, était sous protoxyde d'azote.
02:52Donc oui, vous avez des conséquences sur la sécurité routière,
02:55mais c'est aussi un sujet de santé de manière générale,
02:59parce que les dégâts sur l'organisme sont conséquents.
03:01Et oui, il y a des projets, ça a été exposé par le ministre de l'Intérieur,
03:04des projets législatifs pour reprendre les choses différemment.
03:08Il y a eu des opérations qui ont été mises en place pour dissuader les consommateurs
03:11d'utiliser ce protoxyde d'azote avant la soirée du Nouvel An ?
03:15Vous savez, c'est quelque chose qui est évoqué au même titre que la drogue ou que l'alcool.
03:20Vous avez des risques qui sont liés à ça,
03:22et donc c'est un message qui se diffuse de plus en plus sur le territoire national.
03:25Le ministre de l'Intérieur, Laurent Nunez, a demandé, je cite,
03:28« réactivité et une extrême fermeté pour cette soirée du Nouvel An,
03:33dans les faits, dans les actes, ça va se matérialiser comment ? »
03:36Lorsque vous avez des policiers qui sont déployés sur le territoire national,
03:40dans une collectivité, le dispositif est mis en place
03:43pour pouvoir avoir une force d'intervention qui réagisse dès qu'un événement se produit.
03:47J'ai pu vivre moi-même comme préfet de département, dans différents postes,
03:50avec des situations statiques pour certains endroits,
03:54pour accompagner nos concitoyens,
03:55et puis des forces d'intervention systématiquement prêtes à intervenir.
03:58Et donc c'est ça la réactivité.
03:59La réactivité est essentielle pour éviter qu'un phénomène dégénère,
04:03et la fermeté va avec la réactivité.
04:05C'est les mous de vent de foule, j'ai l'impression,
04:06qui sont aussi une grande menace pour ce soir,
04:09plus que les années précédentes ou pas ?
04:12Vous avez aussi des personnes qui, inévitablement, comme chaque année,
04:15vont mal se comporter, avec des dégradations sur la voie publique.
04:19Et donc dans ces moments-là, il faut réagir très rapidement également,
04:22pour ne pas que cela prenne de l'ampleur.
04:23Est-ce que vous avez déjà des premières remontées de terrain,
04:26des signaux faibles sur des personnes, des profils que vous surveillez particulièrement ?
04:32Nous avons actuellement toujours des phases de renseignement amont
04:35qui permettent de sentir les événements, de sentir la façon dont ça se prépare,
04:38et donc d'avoir des points de vigilance sur certains secteurs.
04:41Lesquels ?
04:42Oui, mais ce sont des grandes collectivités, souvent,
04:44ou des endroits où, historiquement, vous avez des événements qui se produisent.
04:47Certains quartiers.
04:48Dans certains quartiers, vous avez régulièrement des difficultés.
04:51Donc, inévitablement, c'est intégré dans la réflexion globale.
04:54Est-ce que vous dites aux Français qui nous regardent ce soir,
04:55vous pouvez sortir sans crainte ?
04:56Je pense qu'il faut le faire.
04:57Je pense qu'il faut être serein et avoir confiance
05:01dans la capacité des forces de l'ordre à réagir face à des événements.
05:04Une tolérance, donc, zéro pour cette soirée du 31 décembre.
05:08Mais, Louis Logi, au-delà de cette nuit, il y a le quotidien des Français.
05:11L'insécurité, les points de deal, les règlements de comptes
05:14entre bandes rivales de plus en plus jeunes,
05:16et puis le narcotrafic aussi, qui gangrène de plus en plus nos communes,
05:19qu'elles soient grandes ou petites.
05:20Est-ce que vous diriez que cette menace du narcotrafic
05:23est aujourd'hui équivalente à celle du terrorisme ?
05:25Le narcotrafic est une menace qui a été reconnue, d'ailleurs,
05:29à tel point qu'une loi spécifique a été votée cette année.
05:32Et vous avez plusieurs facteurs du narcotrafic.
05:38Vous avez à la fois le point de deal et la filière,
05:41qui permet de remonter sur des producteurs jusqu'à des livreurs.
05:44Donc, c'est pris en compte.
05:47Et nous avons des filières qui sont démantelées constamment.
05:49Il y a combien de points de deal, par exemple,
05:50qui ont été démantelés pour cette année 2025 ?
05:52Ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a eu une opération
05:53de démantèlement de points de deal en zone police
05:55toutes les 30 minutes.
05:58Donc, ça veut dire que le nombre de points de deal,
06:00d'ailleurs, a diminué de manière assez conséquente en quelques années,
06:02de 4 000 à peu près à 2 700.
06:03Le point de deal, si vous voulez, c'est important.
06:052 700 ?
06:052 700, oui.
06:07Le point de deal, c'est important.
06:08Parce qu'un point de deal, c'est un abcès dans un quartier.
06:11C'est un immeuble qui ne vit plus.
06:12C'est des immeubles qui ne vivent plus.
06:13Les gens ne peuvent plus descendre, laisser leurs enfants dehors,
06:15ne peuvent pas rentrer chez eux tranquillement.
06:17Donc, ça, c'est un abcès sur un territoire.
06:20Donc, c'est pour ça que nous y portons une telle attention.
06:22Mais justement, qu'est-ce que vous dites
06:23à ces familles qui sortent parfois avec leurs enfants
06:28dans ces quartiers, avec leurs poussettes ?
06:31Est-ce que vous leur dites finalement
06:32qu'il n'y a pas de zone de non-droit,
06:34que la police peut vous protéger partout ?
06:36Parce que certains doutent.
06:37Certains doutent de la capacité de la police
06:38à protéger ces habitants qui vivent dans ces territoires
06:42qui sont gangrénés par le narcotrafic.
06:43Alors, je vous le disais, d'abord,
06:45le nombre de points de deal a diminué.
06:47Deux, les saisies sont de plus en plus importantes.
06:49Le nombre de filières détruites de plus en plus important.
06:52Donc, on a vraiment des résultats sur le sujet.
06:55Pour le reste, il n'y a pas d'endroit où nous n'allons pas.
06:58Les policiers vont partout.
06:59Ils vont partout sur le territoire.
07:01Pas forcément de la même manière un endroit A ou un endroit B,
07:03mais ils vont partout.
07:04Et donc, ce lien de confiance avec la population que nous avons,
07:07parce que vous parlez des relations avec la population,
07:11se traduit également par une cote d'amour assez élevée
07:13de la part de la population visée de la police.
07:15Parce que, justement, nous sommes présents sur le terrain.
07:17Nous sommes présents sur le terrain.
07:18Est-ce qu'il y a une hausse des homicides
07:20en raison du narcotrafic cette année ?
07:22Est-ce qu'on a des chiffres ?
07:23Alors, il est trop tôt pour vous dire pour l'année,
07:25parce que vous savez que les données doivent être consolidées.
07:26Ce qui est certain, c'est que vous avez des tentatives d'homicides
07:29qui sont récurrentes dans certains quartiers.
07:32Des homicides.
07:32Alors, si on prend un exemple très concret,
07:34il y a une ville comme celle de Marseille, par exemple,
07:36le nombre d'homicides a diminué à Marseille.
07:38Le nombre d'homicides a diminué à Marseille.
07:39En revanche, que les actions violentes soient présentes, soient régulières, oui.
07:43Et c'est pour ça, d'ailleurs, que nous avons tout un dispositif
07:45qui est mis en place pour, justement, monter en pression encore
07:48contre la filière du narcotrafic.
07:50Est-ce que vous avez tous les moyens, justement,
07:51pour lutter contre cette gangrène ?
07:54Tous les moyens pour lutter contre le narcotrafic ?
07:55Nous avons beaucoup de moyens
07:56qui vont depuis des enquêteurs spécialisés
07:58à des effectifs de terrain.
08:00Et tout le monde s'implique sur le sujet.
08:01Un enquêteur spécialisé dans le domaine des stupéfiants,
08:04c'est un expert dans le domaine
08:05qui est capable de remonter des filières.
08:08Après ça, nous avons un plan d'investigation actuellement
08:10qui a pour but de remonter encore
08:13les effectifs consacrés à la lutte contre le narcotrafic
08:16ou à l'investigation en général.
08:17De combien ?
08:18De plusieurs centaines.
08:19Et, dans un premier temps,
08:21cet objectif-là dépend également, pour le coup,
08:25de l'adoption de la loi de finances.
08:27Est-ce que c'est qu'une question de police ?
08:29Ou est-ce qu'il faut, finalement,
08:31avoir un arsenal un peu plus large ?
08:33Renforcer l'arsenal judiciaire,
08:35mais aussi, peut-être, taper les consommateurs ?
08:38Alors, les consommateurs,
08:39vous le savez qu'il y a des amendes forfaitaires
08:42qui sont prévues.
08:43Le président de la République a annoncé
08:44qu'elles vont être augmentées.
08:45Le consommateur est un sujet, à part entière.
08:47Je ne parle pas du consommateur qui est,
08:48comment dirais-je, totalement addictif
08:50et qui, maintenant, n'a plus de capacité de jugement
08:53par rapport à ce type de situation.
08:55Mais celui qui fait de la consommation récréative,
08:56alimente le point de deal dont on parlait tout à l'heure.
09:01Il est sur place.
09:02Il va avoir un gamin de 15 ans, à 23 heures,
09:05pour reprendre une dose.
09:06Je trouve ça assez discutable.
09:07Et l'amende, d'ailleurs, c'est Emmanuel Macron
09:09qui l'a annoncé, mais l'amende passera
09:10de 500 à 500 euros au lieu de 200 euros.
09:15Est-ce qu'on peut la gagner, cette guerre,
09:16contre le narcotrafic ?
09:17Bien entendu, bien entendu.
09:19C'est un travail constant.
09:20C'est une guerre d'usure.
09:21Qui doit être menée.
09:22Après ça, il y a aussi un aspect éducationnel.
09:25Il y a un appel à la responsabilité individuelle.
09:26Vous avez parlé des consommateurs.
09:28Je pense qu'il y a une question de responsabilité individuelle
09:30qu'il faut savoir rappeler.
09:31Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin,
09:33a affirmé chez nos confrères du Parisien il y a 10 jours,
09:36je le cite,
09:36« Toutes les professions peuvent être touchées
09:38par la corruption liée à la criminalité organisée. »
09:41Il cite les magistrats, les douaniers,
09:43mais aussi les policiers.
09:44Est-ce que c'est une réalité que vous arrivez à quantifier ?
09:46Alors, c'est une réalité qu'on arrive à quantifier, tout à fait,
09:50et qui pour l'instant est minime.
09:51Combien sont-ils ?
09:52C'est quelques dizaines de situations que nous suivons.
09:55Et nous avons d'ailleurs renforcé les services de l'IGPN
09:58sur cette question-là,
10:01pour justement anticiper cette question-là.
10:03Quelles sanctions pour ceux qui...
10:04Ça dépend, parce que ça dépend du niveau de corruption.
10:08Donc, vous savez, c'est chacun individuel.
10:09C'est comme un cas de justice.
10:10En justice, vous avez des poursuites pénales.
10:12La même chose, vous avez des poursuites pénales
10:13et des poursuites administratives, en l'occurrence.
10:16Ce qui est évident, si vous voulez,
10:17c'est qu'on est vraiment sur quelque chose de marginal
10:20actuellement au sein de la police.
10:23Et ce n'est pas choquant,
10:24parce que nous avons une éthique très profonde dans la maison.
10:27Les gens ne sont pas entrés dans la police par hasard.
10:29Donc, si vous voulez, ce n'est pas surprenant non plus
10:30que ce ne soit pas là où se produisent les plus de situations.
10:32Mais il y en a. Le narcotrafic, finalement, touche toutes ces professions.
10:35Comme le dit le ministre de la Justice,
10:37la sécurité sera la priorité numéro un des Français.
10:40On va entrer dans une année d'élection municipale pour 2026.
10:44Est-ce que vous recommandez, vous, en tant que directeur général
10:47de la police nationale, à tous les maires
10:49d'armer leur police municipale ?
10:52Là, il s'agit de quelque chose qui relève du maire lui-même,
10:54la libre administration des collectivités locales.
10:56Mais pour être plus efficace sur le terrain.
10:57En revanche, ce que je sais, c'est que nous avons
10:59des conventions de coopération avec les polices municipales
11:02qui permettent à chacun de travailler dans son domaine de compétences.
11:05Ce qui est important, surtout, c'est ce lien direct
11:07pour avoir une bonne connaissance du terrain
11:09et une bonne capacité à réagir.
11:11Louis Logier, il y a un mois, pour lancer le service national volontaire,
11:16Emmanuel Macron avait dit qu'il fallait, je cite,
11:17renforcer le pacte armé-nation.
11:20Est-ce qu'il faut faire la même chose avec la police ?
11:22Renforcer le pacte police-population, selon vous ?
11:25Là, il faut revenir sur des choses très simples.
11:29Nous avons des études qui sont faites régulièrement
11:32et qui montrent que les relations avec les Français,
11:35la Côte d'amour des Français par rapport à la police nationale,
11:37c'est à peu près de 74%.
11:39Il faut toujours l'améliorer.
11:41Mais ça veut dire qu'on a une base constante
11:43qui est de qualité.
11:46Et ça ne me surprend pas, parce que finalement,
11:48nos concitoyens voient bien l'implication des policiers sur le terrain.
11:51Vous avez une implication constante
11:53qui se traduit soit dans l'omène judiciaire,
11:55soit dans leur public,
11:56la sécurité du quotidien que vous avez évoquée,
11:58jusqu'à l'exposition physique des policiers.
11:59Je rappelle qu'on a 6700 policiers en 2024
12:02qui ont été blessés dans des opérations de police.
12:04Je ne parle pas d'entraînement, opérations de police.
12:07Et donc, on voit qu'il y a cette implication
12:08qui est perçue par nos concitoyens,
12:10parce qu'ils sentent bien qu'il y a une vraie présence à leur côté.
12:12Est-ce que la relation ne s'est pas dégradée au fond ?
12:14Quand on se souvient des images il y a 10 ans,
12:16les policiers étaient applaudis, acclamés
12:18pour leur travail après les attentats de Charlie,
12:21du Bataclan, des terrasses.
12:22Ensuite, il y a eu les gilets jaunes
12:23et les images qu'on connaît.
12:24Il y a eu les émeutes urbaines,
12:25il y a eu les accusations de violences policières aussi
12:27qui se sont multipliées.
12:28Est-ce que le lien de défiance s'est aggravé ?
12:31Je me permets de remettre en cause
12:33de trois éléments, si vous voulez se mutoriser.
12:36Mais le lien avec les gilets jaunes
12:38a été très variable selon les endroits.
12:39Pour ma part, les endroits où j'ai été en exercice
12:42à ce moment-là, ça se passait très bien sur le terrain.
12:44Il n'y a pas eu d'agressivité particulière.
12:46Il y a eu des images de très violentes agressions,
12:48notamment dans l'agglomération parisienne.
12:51Oui, mais peut-être qu'on a vécu aussi
12:53à cette époque-là, en termes d'informations,
12:55sur deux kilomètres carrés.
12:56Et donc, au quotidien.
12:59Alors qu'en réalité, sur le terrain,
13:00les choses n'étaient pas comme ça.
13:01Ils n'étaient pas partout comme ça.
13:03Et donc, je crois qu'il ne faut pas imaginer
13:05que les relations soient dégradées,
13:06comme vous l'évoquez.
13:08En réalité, le lien est fluide sur le terrain.
13:10Le lien est fluide.
13:11Après ça, qu'il faille toujours renforcer ce lien,
13:13moi, je suis favorable.
13:14Je suis favorable, je pense,
13:15qu'il faut constamment remettre le métier sur l'ouvrage.
13:18Il faut revenir, par exemple,
13:19à une forme renouvelée de la police de proximité
13:21qui avait été supprimée en 2003 ?
13:23Mais la police de proximité,
13:24qu'est-ce que c'est, finalement ?
13:25C'est un contact direct entre le policier et la population.
13:28Quand des policiers sont en patrouille,
13:29par exemple, devant une gare,
13:30qui descendent de leur véhicule,
13:31qui parlent avec les gens,
13:32c'est la police de proximité.
13:33Quand des policiers font le tour des commerces
13:35d'une place, d'une commune,
13:37c'est la police de proximité.
13:39Ça, c'est la police de proximité.
13:40Et ça, on l'a constamment.
13:41Mais cette défiance, elle est aussi ressentie,
13:43Louis Logier, par encore de nombreuses femmes
13:45quand elles franchissent, par exemple,
13:47la porte d'un commissariat
13:48après avoir subi une agression,
13:50des violences.
13:51Est-ce que vous diriez aujourd'hui
13:52que toutes ces femmes qui sont accueillies
13:54dans un commissariat se sentent protégées ?
13:57Parce qu'il y a encore beaucoup de témoignages
13:58qu'on reçoit.
13:58Plus que de défiance,
13:59je parlais d'appréhension.
14:01Et là, nous avons plusieurs dispositifs
14:02qui ont été mis en place.
14:03D'abord, une femme qui est...
14:06Enfin, vous avez des cas dramatiques,
14:08notamment dans les violences intrafamiliales.
14:10Des femmes qui viennent au commissariat
14:11porter plainte,
14:12maintenant, le font.
14:13Quand elles le font,
14:14elles peuvent le faire de manière discrète.
14:16C'est-à-dire qu'elles peuvent indiquer
14:17de manière discrète
14:18le motif de leur venue.
14:20Et après ça,
14:21elles sont prises en charge spécifiquement.
14:23Nous formons des enquêteurs
14:24chaque année
14:24dans la capacité d'accueil
14:26de ces femmes.
14:28Et puis, celles qui n'osent pas venir,
14:30elles peuvent faire appel
14:31à la plateforme nationale
14:32d'assistance aux victimes
14:33et elles sont en lien direct
14:34de manière anonyme
14:35avec un policier.
14:36Si on n'a pas confiance
14:37dans la police pour aller déposer plainte.
14:39Quand elles n'osent pas venir,
14:40ce n'est pas à cause de nous.
14:41C'est à cause de la personne
14:43qui est à leur côté.
14:44Ou peut-être de la personne
14:45qui est en face d'elle
14:45qui ne les a pas forcément.
14:45Elles ne peuvent pas quitter
14:46leur domicile, par exemple.
14:48Et donc,
14:48elles ne peuvent pas quitter
14:49leur domicile, par exemple.
14:50Donc, elles peuvent communiquer
14:51de manière anonyme
14:52en chat avec un policier en direct
14:54qui le conseillera
14:55à cette personne-là
14:56sur les démarches à suivre.
14:58Ça peut être vers une association,
14:59ça peut être vers
15:00de venir porter plainte à terme.
15:02Donc, cet accompagnement,
15:03on l'a quand même diversifié
15:04pour justement tenir compte
15:05de tous les cas de figure.
15:07Ce que je peux vous dire,
15:07c'est que les retours
15:08qu'on a sont extrêmement positifs.
15:09Une question, Louis Logier,
15:11également sur le budget.
15:13C'est très concret.
15:13La France finit l'année 2025
15:15comme elle a commencé,
15:16sans budget.
15:17Quelles conséquences
15:18ça a très concrètement
15:18sur votre institution ?
15:21Eh bien, c'est une conséquence
15:23qui mérite encore d'être affinée.
15:25Mais je dirais qu'en termes
15:26de fonctionnement,
15:27on a connu ça déjà.
15:28Et finalement,
15:29il s'agit simplement
15:30de découper au cours de l'année
15:31notre capacité
15:32à gérer les moyens
15:35dont nous disposons habituellement.
15:37Et l'année dernière,
15:38nous avons réussi à le faire
15:39dans des conditions
15:40tout à fait correctes.
15:41On arrive à la fin
15:41de cet entretien,
15:42M. Logier.
15:43Quelles sont les trois recommandations
15:45que vous faites aux Français
15:46à quelques heures
15:47de cette soirée
15:48du réveillon,
15:49du passage de la nouvelle année ?
15:51D'être raisonnable
15:52dans leur consommation d'alcool
15:53et d'être respectueux
15:55sur la voie publique.
15:57Bref,
15:57d'avoir une démarche festive.
15:59De faire confiance
15:59à leur police nationale
16:00qui les mérite.
16:01parce qu'ils ont la chance
16:02d'avoir une institution
16:03composée de personnels
16:05qui sont extrêmement déroués
16:06et courageux.
16:06Mais vous êtes inquiet
16:07ou serein ce soir ?
16:08Serein.
16:08Serein.
16:0990 000 policiers
16:10et gendarmes mobilisés
16:12ce soir.
16:13Une vigilance
16:14sur les mouvements de foule.
16:15Est-ce que, par exemple,
16:16le fait qu'il y ait
16:17des rassemblements festifs
16:18en lien notamment
16:19avec des matchs de football,
16:20ça rajoute aussi
16:21une difficulté particulière
16:22pour les forces de l'ordre ?
16:23Nous sommes habitués
16:24à nous adapter
16:24à une circonstance
16:25qui évolue constamment.
16:26Donc, c'est ce que nous faisons.
16:28Merci beaucoup,
16:29Louis Logier,
16:29d'avoir été notre invité.
16:31Vous êtes le directeur général
16:32de la police nationale
16:33à quelques heures
16:34de la soirée
16:36du passage
16:37à la Nouvelle-Anne en 2026.
16:38Merci beaucoup
16:38d'avoir été notre invité.
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