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  • il y a 16 heures
Laurent Mauvignier de passage à Metz, Les Francofolies d'Esch-sur-Alzette de retour pour une sixième édition, Cachou et son premier EP pop acidulé-électro... ouvrez la Boîte à M'Alice.

00:00 - Bilboard
00:07 - Sommaire
01:13 - Rencontre avec Loïc Clairet, directeur des Francofolies d'Esch-sur-Alzette
07:33 - La boîte à idées : Jeanne Cherhal en concert au théâtre de Thionville
08:14 - La boîte à musique : Cachou, le trio pop acidulé (@coucou.cachou)
16:16 - Rencontre avec Laurent Mauvignier (prix Goncourt pour "La maison vide" aux éditions de Minuit) au Grenier de Chèvremont du Musée de la Cour d'Or de l'Eurométropole de Metz. Un événement organisé par la Librairie Autour du Monde.

Présentation, images, réalisation, montage : Alicia HIBLOT

Musique Générique :
Alice Arthur

Musique reportages et plateaux :
Motion Aray : Soniq Branding "Put Your Dancing Shoes On", DHD "Music MySoul"

© Moselle TV - Décembre 2025
Transcription
00:01Votre dose quotidienne de spectacle avec le Casino 2000 de Montdorff-les-Bains au Luxembourg.
00:07Bonjour à toutes et à tous, ravie d'ouvrir avec vous une nouvelle boîte à Malice dans laquelle un bel entretien vous attend avec l'écrivain Laurent Mauvignier,
00:16prix Goncourt 2025 pour La Maison Vide, paru aux éditions de minuit.
00:20Ce dernier était de passage à Metz à l'invitation de la librairie Autour du Monde.
00:24Au programme également de la musique avec le trio Cachou, dont le premier EP, Coucou, dévoile une pluie de titres pop acidulés.
00:32Tout cela sans oublier quelques belles idées de sorties.
00:35Mais tout de suite, intéressons-nous au festival Les Francopholies d'Eche sur Alzette, de retour au printemps avec une sixième édition
00:42dont vous allez découvrir une partie de la programmation détonnante.
00:46Un festival à part, comme vous allez le voir. Bienvenue !
00:54Loïc, bonjour !
01:15Bonjour !
01:16C'est un plaisir de te retrouver, car c'est le signe d'une nouvelle édition des Francopholies à Eche sur Alzette.
01:22Sixième édition qui aura lieu du 12 au 14 juin.
01:24On ne va pas traîner, on va rentrer tout de suite dans le vif du sujet, parce que des gros noms, des gros sets d'affiches déjà sont tombés.
01:30Je pense à Gims, je pense à PLK.
01:32Et puis, une sorte d'intro, entre guillemets, à une grosse, grosse pointure américaine.
01:37Michael Moore, qu'est-ce qu'il vient faire là ? Ça fait partie de la DN des Francos d'inviter des artistes de ce temps-là ?
01:43En tout cas, la DN des Francos à Eche, oui, au Luxembourg.
01:46On a toujours cette volonté d'avoir un artiste un peu international, parce qu'on est sur un territoire qui est aussi international.
01:52Et donc, on essaie d'avoir des artistes qui ont quand même, en tout cas, une carrière européenne.
01:56Parce que Michael Moore, en fait, il vit tout l'été pratiquement en Europe, puisqu'il fait des concerts.
02:00Puis, on aurait pu inventer n'importe quelle histoire autour.
02:03Tout à l'heure, je rigolais en disant, on aurait pu dire que son arrière-grand-mère avait vécu trois semaines dans le Larzac.
02:08C'est pas l'idée. C'est plutôt que se dire que nous, on a cette particularité-là, par rapport à d'autres Francos,
02:13mais parce qu'on a un territoire très particulier.
02:15Et donc, oui, c'est un institut sans l'être.
02:18C'est toujours ce qu'on a fait depuis le début, sauf qu'au départ, on avait des artistes qui étaient français.
02:21Aujourd'hui, il n'y en a plus autant que ça en internationaux qu'on peut faire venir chez nous.
02:27Alors, sixième édition, et on a la sensation, au fil des éditions, qu'il y a une montée en puissance.
02:32Tout à l'heure, on a parté, tu parlais de singularité de ce festival, de la volonté de se renouveler, d'innover.
02:38C'est ça, les francopholies aussi, toujours apporter une nouvelle expérience.
02:41Oui, c'est ça. Alors, on le fait depuis le début, puisqu'on a fait grandir le festival.
02:45Et aujourd'hui, on est arrivé à peu près à sa taille concrète.
02:48Finalement, on ne pourra pas plus le faire grossir.
02:51Mais par contre, on veut toujours, toujours s'améliorer, toujours faire vivre une expérience supplémentaire au public.
02:55Et surtout, faire des constats.
02:58C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a des constats de crise de festival.
03:01Tout le monde se ressemble.
03:02Ça, c'est quand même important.
03:04Et donc, comment on sort de tout ça ?
03:05On doit se singulariser.
03:07Il y a plein d'endroits qui ont compris ça depuis longtemps.
03:10On pense au Hellfest, on pense à Tomorrowland.
03:13Parfois, on pense même à Disney.
03:15Alors, c'est une autre économie, mais ils ont tout compris à un moment, même avant nous.
03:18Et donc, se dire, mais comment nous, on peut retranscrire ça chez nous ?
03:21Parce qu'on le fait depuis le début.
03:22On a une scénographie qui est quand même très, très forte.
03:25Un site incroyable, un parc incroyable.
03:28On a fait des bains finlandais.
03:29On a fait des mini discothèques.
03:31Finalement, c'est notre ADN depuis le départ.
03:33Sauf que cette année, on se dit, on doit complètement l'assumer.
03:36Et on doit créer un nouveau monde.
03:37On doit finalement faire la promesse de vivre quelque chose de très particulier.
03:42et qui va s'inscrire dans le temps.
03:43On va encore développer d'autres expériences sur le site.
03:47Et puis, des mondes qui vont se créer avec aussi des nouvelles expériences qu'on va mettre en place.
03:53Par exemple, il va y avoir un passage entre le jour et la nuit qui va être ritualisé d'une manière...
03:58Petit exclu pour vous, sans aller trop loin, mais pendant 15 minutes par jour,
04:04il ne va rien avoir d'autre qu'un moment de ritualisation du passage de jour et de nuit.
04:08Je ne dis pas comment ça va être fait, mais en tout cas, c'est toutes ces notions-là qu'on va commencer à remettre en place
04:14qui vont faire que finalement, on va être dans un festival à part.
04:17Et on va vivre quelque chose de plus que de voir un concert de Gims, de Michael Moore ou de PLK sur les journées.
04:25Et puis, l'expérience, elle va passer aussi au niveau familial.
04:27Parce qu'on assume le fait d'être un festival famille aujourd'hui.
04:31C'est la transmission des parents et enfants.
04:33C'est se dire qu'on est dans un endroit où, finalement, on peut y aller en famille de manière très sécurisée et avec l'envie
04:38qu'on ne fera peut-être pas sur un autre type de festival.
04:40Festival hyper généreux, enchanteur, intergénérationnel.
04:44Alors, revenons un petit peu sur la programmation et ses premiers noms.
04:47À quoi faut-il s'attendre, outre Gims, PLK ?
04:51Alors, on travaille toujours sur cette notion d'une journée un peu festive, etc.
04:56Avec Michael Moore en star internationale qu'on accueillera.
05:01Mais cette journée-là, il y aura Sam Sauvage, il y aura Mickey, artiste qu'on connaît bien aujourd'hui,
05:06qui a sa famille au Luxembourg en plus, qui revient pratiquement tous les week-ends.
05:09Et qui cartonne, voilà.
05:11On aura Mozyman, qui est aussi dans une espèce de hype autour de ses projets de DreamTrack.
05:17Alors, quand on parle, nous, de rêve d'imaginaire, ça fit et ça marche très, très bien.
05:22Cette journée-là, elle est vraiment festive.
05:24Feu Chatterton aussi ?
05:25Oui, c'est ça, les Feu Chatterton qui viennent compléter.
05:28Une journée rap, toujours chez nous.
05:30Et cette fois-ci, c'est le samedi.
05:31Alors, on a annoncé PLK, mais on aura, je pense, un des plus gros plateaux rap francophones
05:35qu'on peut avoir cette année 2026.
05:38C'est Niska, La Mano 1.9, L2B, qui complètent cette programmation.
05:45Et ce n'est pas fini, parce qu'on va la compléter.
05:48Et puis, on finit cette journée avec un rap un peu plus festif, un peu plus pour les anciens,
05:52mais qui va rassembler toutes les générations, Fatal Bazooka.
05:56Voilà, qui est un rappeur en son genre,
05:59mais qui rappe très bien.
06:02Et donc, on finira la journée du samedi de cette manière.
06:05Et puis, un dimanche très famille, comme toujours.
06:08Alors, Gims qui va clôturer le festival,
06:09mais on a le phénomène Elena,
06:12l'artiste belge qui cartonne partout où elle passe.
06:15On aura Christophe Maé,
06:18qui revient avec un nouvel album, une nouvelle tournée,
06:20où on a tous une chanson de Christophe Maé dans la tête.
06:22Et puis, Louisa, qu'on entend partout aussi aujourd'hui.
06:26On a entendu tout l'été, qui sera là, ces journées.
06:29Et les journées vont être encore complétées,
06:30puisque là, on a une...
06:31Oui, on est sur une quinzaine d'artistes,
06:33mais ça va être multiplié.
06:34Et voilà, un peu plus qu'une quinzaine qui viendront,
06:37parce qu'en plus, on a un nouvel espace qui se crée cette année,
06:40avec une scène un peu boiler room,
06:42un peu à hauteur de public,
06:45qui, elle, va être une proposition de collectif artistique,
06:47qui va finalement proposer plein d'artistes différents,
06:50du début à la fin de la journée.
06:51Donc, ce sera moins rythmé par un horaire,
06:53mais plutôt d'une expérience collective,
06:55qu'on va vivre sur un site particulier.
06:57Il n'y a plus qu'à prendre ses billets ?
06:59Il n'y a plus qu'à prendre ses billets ?
07:00On peut déjà aller sur la billetterie pour pouvoir réserver ?
07:02On peut réserver.
07:03Les prix n'ont pas changé par rapport à l'année dernière.
07:05Et je pense qu'il n'y en aura pas pour tout le monde cette année,
07:08parce que c'est déjà en vente et ça se passe plutôt bien.
07:11Donc, je ne dis pas qu'il faut sauter demain pour les acheter,
07:13mais il ne faudra quand même pas trop tarder,
07:15si on veut être sûr de voir les artistes ou son artiste préféré.
07:18C'est noté, le rendez-vous est pris,
07:19il y a un site internet pour réserver les places.
07:21Et puis, de toute façon, on se tiendra au courant pour la suite de la programmation.
07:24Oui, on vous tient au courant dans les semaines et moi qui arrive.
07:27Merci beaucoup.
07:28Merci à vous.
07:31Dans notre boîte à idées, cette semaine,
07:35on retrouve une invitation à aller écouter Jeanne Chéral au Théâtre de Thionville.
07:40L'autrice, compositrice et interprète,
07:43il dévoilera les titres de son dernier album,
07:45Jeanne, dont les arrangements sont signés Benjamin Biolet.
07:49et il y chante l'intime, la joie, la lutte,
07:52avec le pep, ce qu'on lui connaît.
07:54Écoutez.
08:05Jeanne Chéral se produira au Théâtre de Thionville samedi 13 décembre à 20h.
08:09La pianiste, bassiste, autrice, compositrice et interprète va vous enchanter, j'en suis sûre.
08:14Et musique encore et toujours avec un nouveau groupe qui a vu le jour à Metz, Cachou.
08:18On y retrouve la metteuse en scène et comédienne Pauline Collet,
08:22le comédien Justin Plotin de la Compagnie 22,
08:25qui suite à une collaboration avec le compositeur Théo Berger,
08:28ont eu envie de faire de la musique ensemble.
08:30Bien leur en appris, puisqu'après trois années d'expérimentation,
08:34ils livrent Coucou, leur premier EP pop acidulé.
08:37Je les ai retrouvés à la maison Robert Schumann à Six Chazelles,
08:40où ils sont actuellement en résidence.
08:42Et autant dire que ça ondule.
08:48Derrière Cachou, il y a de la pop,
08:58donc une volonté de faire de la musique qui s'adresse vraiment à tous.
09:04Donc vraiment cet aspect populaire,
09:06mais en y ajoutant des choses, faire de la recherche quand même artistique.
09:09Là-dessus, toute la création, elle tourne autour de ça,
09:12de comment faire des choses qui se communiquent,
09:14mais en y ajoutant un petit grain particulier.
09:18C'est pour ça qu'on dit qu'on fait de la pop acidulée, électro.
09:20On travaille beaucoup avec les machines, via la MAO aussi.
09:43Théo joue dans le groupe de la guitare, de la basse, des claviers.
09:47Donc on intègre aussi des instruments comme ça.
09:50Mais c'est vrai que c'est un gros mélange, on va dire,
09:52entre musique électronique et des choses plus acoustiques.
09:55Et surtout, au centre de tout ça, il y a les textes de Pauline et la voix.
09:59Évidemment, donc ça part souvent de là d'ailleurs.
10:01Cachou, bah voilà, on a tous chacun une histoire derrière ça.
10:29C'est le petit bonbon, moi c'était le chien de ma grand-mère.
10:31Ce qu'on aimait, c'était ce côté un peu doux amer que ça infuse en fait.
10:37Et c'est un peu ce qu'on aimait dans nos musiques aussi.
10:39C'est-à-dire que même si on peut avoir des mélodies
10:40qui rentrent et une certaine douceur aussi dedans,
10:44ça va rapper quelque part aussi dans les thématiques ou alors dans la musique.
10:48Donc d'être un peu ce trait d'union entre la douceur et quelque chose de plus âpre.
10:53On discute beaucoup du monde qui se déroule autour de nous.
11:20Et on va dire que quand il y a un sujet qui nous accroche un peu tous les trois,
11:22on se dit ok, si nous trois ça nous parle, peut-être que ça parlera à d'autres personnes.
11:27On a par exemple Décennie qui est une chanson.
11:30Je me suis amusée à personnifier un peu la nature comme si elle venait nous parler.
11:34Et elle est toute seule sans son rocher, le monde se dégrade autour d'elle
11:37et elle attend qu'on la regarde.
11:52Sous-titrage Société Radio-Canada
12:05Il y a aussi 2000 qui est un petit parallèle entre une personne qui n'est plus là
12:32et un monde aussi qui n'est plus là, puisqu'on a tous vécu, je pense, dans deux mondes.
12:36A priori, on est tous sur ce même temps terrestre.
12:40Donc il y a ce petit jeu d'une époque avec un petit spleen aussi, je crois.
12:44On a aussi You qui est une chanson un petit peu plus âpre.
13:03En fait, je me suis un peu amusée sur la question de la femme,
13:07la façon dont elle est racontée dans les chansons de rap, dans les chansons plus urbaines
13:10où des fois c'est un petit peu hardcore, je me suis dit qu'est-ce que ça fait si c'est une femme qui chante
13:14et que c'est un petit peu plus hardcore.
13:16Et du coup, quand on l'a fait écouter, il y avait un peu, c'est un peu osé ça.
13:21Et du coup, ça nous amusait un peu d'inverser la tendance
13:24et de se permettre aussi de parler de sexualité un peu plus agressive chez la femme.
13:28Ce qui est peut-être intéressant dans ce projet-là, étant donné que je suis le seul réel musicien entre guillemets,
13:46on ne parle jamais de notes, donc ça ne va pas être ça le propre de nos sujets.
13:49Oui, nous, ce n'est pas notre langage.
13:50C'est ça, on ne va pas parler de technique, on ne va pas être content de sortir une gamme spécifique.
13:53Ce n'est pas du tout ça les enjeux, à chaque fois on va être guidé par une narration, une thématique, des idées.
13:58Et effectivement, ce qui vous vient peut-être probablement aussi du théâtre,
14:01c'est vraiment l'équilibre, toute une chimie très fine entre ce qu'on entend, ce qu'on dit.
14:08Il ne faut pas que ça aille complètement dans le même sens, il ne faut pas que ça soit complètement opposé non plus.
14:11Donc on essaie de trouver des contrepoints.
14:14Et souvent, ça se fait par le son du coup, puisque ce n'est pas forcément par les notes.
14:17Avec la musique, on se cache beaucoup moins.
14:20Il y a un endroit qui est tellement proche de l'intime qu'il y a une pureté que j'aime beaucoup
14:24et qui met beaucoup en danger.
14:27Ça fait peur.
14:29Mais en tout cas, je pense que je n'aurais pas pu le faire avant,
14:33en tout cas en ce qui me concerne, que c'est le bon moment maintenant.
14:34C'est le bon moment.
15:04Et notez que Cachou se produira en concert dimanche 14 décembre à 15h à la maison Robert Schumann de Sichazel
15:21pour un concert de restitution de leur résidence.
15:24Ne les manquez surtout pas et suivez-les sur les réseaux pour vous tenir au fait de leur actualité
15:29et téléchargez leur EP.
15:30Et clôturons cette boîte à malice avec un écrivain d'exception, Laurent Mauvignier,
15:35qui était de passage à Metz.
15:36C'est avec une joie non dissimulée qu'Al-Marie Carlier, de la librairie Autour du Monde,
15:41a accueilli ce dernier pour une rencontre au musée de la Cour d'Or de Metz.
15:45Il faut dire que Laurent Mauvignier n'est autre que le parrain de la librairie,
15:49qui a fêté ses dix ans, en présence donc de celui qui cette année a décroché le prix Goncourt
15:53pour La Maison Vide, paru aux éditions de Minuit.
15:56Une magnifique saga familiale, roman balsacien du XXIe siècle, extrêmement féminin,
16:02où la petite histoire se mêle à la grande histoire.
16:04Laurent Mauvignier retrace la vie des femmes de sa famille, de sa grand-mère,
16:08à son arrière-arrière-grand-mère.
16:09Il a eu la gentillesse de m'accorder dix minutes d'entretien top chrono,
16:13où il évoque les femmes bien sûr, mais aussi son rapport à l'écriture,
16:16et plus encore, c'est parti.
16:18Laurent Mauvignier, bonjour.
16:19Bonjour.
16:19Merci infiniment de m'accorder cet entretien.
16:22On se trouve au Grenier de Chevremont, au musée de la Cour d'Or à Metz,
16:26un lieu où est organisée une rencontre avec vous par la librairie Autour du Monde de Metz.
16:31Elle ne porte pas son nom pour n'importe quelle raison,
16:33puisqu'il s'agit d'un des titres de l'un de vos romans.
16:36Ça vous touche, j'imagine ?
16:37Oui, bien sûr.
16:39J'étais venu au moment de l'ouverture, on avait fait une petite fête d'ouverture,
16:46j'étais le parrain de la librairie, donc je suis content d'être là aujourd'hui.
16:50Ça dit que vos romans, ils laissent quand même des traces,
16:53et des traces dans le corps des personnes qui vous lisent.
16:57Est-ce que votre écriture est une écriture du corps ?
17:01Oui, en tout cas, j'espère que c'est une expérience pour le lecteur
17:05qui demande un peu d'engagement et un petit peu de s'impliquer,
17:13peut-être, en tant que lecteur,
17:15parce que j'espère avoir une écriture qui ne soit pas insipide,
17:22qui ait quand même de la matière,
17:24mais pas seulement du corps,
17:27mais comme on dit, du corps pour un vin, par exemple.
17:29Vous voyez, que ce soit une écriture qui ait des couleurs, des odeurs,
17:37qui ait un monde en soi, au-delà même des histoires qu'on raconte.
17:41Et ça passe par votre corps à vous aussi,
17:42quand vous écrivez au-delà du cerveau, du cérébral ?
17:46Oui, mais pour moi, l'écriture n'est pas tellement cérébrale, en fait.
17:49C'est-à-dire que le moment de l'écriture en lui-même,
17:52le travail cérébral, il est un peu fait avant, d'une certaine manière.
17:55Et donc, l'écriture, c'est plutôt un engagement.
17:57Oui, moi, j'écris avec des boules de pièces, c'est très musical, en fait,
18:00mais au sens rythmique, presque un solo de batterie, quelque chose comme ça.
18:05Justement, par rapport à cette écriture,
18:07il y a un vrai lyrisme dans votre écriture.
18:09Vous avez des phrases proustiennes, peut-être, ou balsaciennes,
18:12parfois on peut le dire, avec des phrases qui commencent en haut de la page,
18:15qui finissent en bas.
18:16Pour autant, vous nous emportez, il y a une grande fluidité.
18:20Mais pour vous, l'écriture, elle est fluide au quotidien ?
18:24Ça coule de sources ?
18:25Ça coule relativement de sources, mais par contre,
18:27pour arriver à ce que, pour vous, elle coule de sources,
18:30là, par contre, c'est une autre affaire.
18:32Parce que là, c'est vraiment, il faut y aller à la pince à épiler.
18:37Et ça prend, j'allais dire, quand je finis une première version du livre,
18:41je sais qu'il me reste à peu près six mois à retravailler,
18:43mais entre dix et quinze heures par jour,
18:46de vraiment, à enlever des adjectifs,
18:48à retravailler la phrase.
18:51Là, par contre, ça, c'est très, très long
18:52pour que vous, lecteur, ayez la sensation que c'est facile, en fait.
18:58Et vous disiez que vous écriviez parfois avec des boules qui es.
19:00Donc, pour autant, il y a une grande musicalité dans votre écriture,
19:04mais vous n'écoutez pas de musique, alors ?
19:06Non, parce que j'ai besoin d'un phrasé plutôt intériorisé,
19:10quelque chose de...
19:12C'est bien une question de musicalité,
19:13mais j'ai besoin que ça passe, pour le coup, par le corps,
19:16et de quelque chose de plus intériorisé.
19:20Je ne pourrais pas, en écoutant de la musique,
19:21parce que j'ai l'impression que ça me couperait
19:23de ma propre musique intérieure, en fait.
19:25Mais si ce livre était une musique, alors ça serait laquelle ?
19:28Je ne sais pas. Non, ça, je ne peux pas savoir.
19:30Une que Marie-Ernestine, elle adorait.
19:32Elle adore les compositeurs allemands.
19:33Ça serait un compositeur allemand ou pas ?
19:35Peut-être, oui, ça peut être Bach, ça peut être Schubert,
19:38ça peut être...
19:39Mais en même temps, pas tout à fait, parce que c'est quand même...
19:42Il y a ça, peut-être, mais on y trouverait aussi
19:45des choses plus contemporaines.
19:49Je pense même qu'on pourrait y trouver des chansons de variété.
19:52Enfin, on pourrait y trouver plein de choses, quoi.
19:54Donc ça, j'aurais plus de mal à dire ça.
19:56Est-ce qu'il fallait avoir écrit les précédents
19:59pour arriver à celui-là,
20:00qui est peut-être sûrement le plus intime ?
20:03Il fallait en passer par les précédents
20:04pour pouvoir arriver là ?
20:05Oui, mais après, je ne pense pas forcément
20:08que ce soit le plus intime, à vrai dire.
20:10Parce que parfois, la fiction
20:11peut avoir des aspects extrêmement intimes
20:16que vous allez être peut-être le seul à percevoir,
20:18mais qui vous touchent.
20:20Par exemple, ce premier roman, loin d'eux,
20:21qui était le suicide d'un jeune homme,
20:23pour le coup, c'était quelque chose
20:24totalement fictionnel,
20:27mais en réalité, je pense que c'est un des livres
20:29qui m'est le plus personnel, quoi,
20:31et le plus intime.
20:31Elle avance lentement vers la chambre de sa mère.
20:35Des halos de nuit bleutés et verdâtres
20:37rayonnent sur les branches des arbres
20:39et donnent des reflets de cuivre à la vitre
20:42qui rencontre le reflet de sa lampe.
20:45Elle ralentit, au fur et à mesure
20:47qu'elle approche de la porte de sa mère
20:49et que le son se précise,
20:50se fait plus net, plus sûr.
20:53Plus rien, bientôt,
20:55ne peut cacher la réalité de ce qu'il recouvre.
20:57Marguerite ralentit.
21:00Sous la porte, sur le parquet,
21:02entre les lattes,
21:04coule et vibre un ray de lumière orangé.
21:07L'enfant sait que sa mère doit être
21:09dans la même position que plus tôt,
21:11assise, raide, immobile.
21:15La seule différence,
21:16c'est que maintenant,
21:17se croyant seul,
21:18sa mère laisse dévaler sur ses joues
21:20un chagrin vieux comme le monde.
21:22Marguerite reste là,
21:25suffoquée et surprise.
21:27Sa mère pleure.
21:29Elle pleure.
21:31Sa mère pleure comme Marguerite
21:32ne l'a jamais entendue pleurer,
21:34comme elle ne l'a jamais imaginée pleurer.
21:38Dans la bouche et l'esprit de Marguerite
21:40roule ce simple verbe,
21:42pleurer.
21:43C'est aussi un magnifique livre sur les femmes.
21:46Quelle femme êtes-vous ?
21:48Alors, je dirais que,
21:54oui, je me sens,
21:55je suis une femme,
21:57je suis une petite fille,
21:58je suis un vieil homme,
21:59je suis tout un tas de gens
22:02qu'a priori je ne suis pas,
22:04mais que nous sommes tous.
22:08Et j'aime aller les chercher,
22:10j'aime aller essayer de retrouver en soi,
22:14effectivement,
22:15quand on me dit parfois,
22:16justement, on me dit,
22:17mais quand même, c'est quand même incroyable
22:18qu'un homme puisse écrire
22:19sur les femmes comme ça, etc.
22:22Mais je crois que nous avons en partage
22:24une certaine humanité
22:26qui fait qu'on peut quand même
22:27se rapprocher les uns des autres
22:28et puis essayer de projeter.
22:29Puis je pense que la fiction
22:30et le roman permettent ça,
22:32d'essayer de se mettre un peu
22:33à la place des autres.
22:34De temps en temps,
22:35ça ne fait pas de mal,
22:36je trouve,
22:36de sortir un petit peu
22:37de son petit narcissisme
22:38et pour essayer de se projeter
22:40dans d'autres corps,
22:41dans d'autres histoires,
22:42dans d'autres vies,
22:44dans d'autres...
22:45Et parfois, effectivement,
22:46des gens qui ne nous ressemblent
22:48pas du tout.
22:50Ça sert à ça, écrire ?
22:52Pour moi,
22:53il y a quelque chose là-dedans
22:56de très important.
22:57Et puis, je ne sais pas,
23:02c'est quelque chose
23:02que je ne théorise pas du tout.
23:04C'est quelque chose
23:05qui se fait de manière
23:05très naturelle.
23:09Et c'est vrai, par exemple,
23:10je me sens plus proche
23:11des personnages féminins
23:13que des personnages masculins
23:14qui sont toujours pour moi
23:15un petit peu plus difficiles
23:16à construire,
23:17à laisser venir
23:19parce que...
23:21Peut-être parce que j'en ai
23:22des représentations
23:23plus négatives aussi, peut-être.
23:26Je ne sais pas.
23:27Alors, les hommes dans tout ça,
23:28dans votre livre ?
23:29Alors, les hommes dans tout ça,
23:31j'allais dire que je les aime
23:33autant que les femmes, d'ailleurs.
23:35Mais ils sont...
23:36Ils sont plus taiseux.
23:38Ils sont compliqués, quand même.
23:41Ils sont compliqués.
23:42Mais la vie qui leur est faite
23:42n'est pas simple non plus.
23:44Parce que, bon, quand même,
23:46moi, je fais partie
23:47de la première génération
23:49d'hommes
23:50à ne pas avoir fait la guerre
23:51depuis quand même
23:54extrêmement longtemps.
23:55Et donc, évidemment,
23:56cette question
23:56de la place des hommes
23:58dans la société,
23:59du rapport au corps,
24:00du rapport au travail,
24:01tout ça,
24:01c'est une question
24:02que je me pose
24:02depuis l'enfance.
24:04Et moi, j'étais totalement
24:06effrayé à l'idée
24:07de faire l'armée
24:08où je suis parti
24:09une génération
24:09où on faisait les trois jours
24:11et puis après,
24:11on partait un an
24:12au service militaire.
24:13Moi, ça me terrorisait
24:15tellement je ne pouvais pas
24:17me projeter là-dedans.
24:18mais mon père était chasseur.
24:20Il y avait donc tout un truc
24:21sur la place des hommes
24:27dans la vie sociale,
24:30dans la vie familiale,
24:31etc.
24:32C'était vraiment...
24:33Oui, ça me paraissait
24:34beaucoup plus étranger,
24:36pour le coup,
24:36que la place des femmes.
24:37Le mari de Marie-Ernestine,
24:40Jules, il dit d'elle
24:41qu'elle se jette
24:41à corps perdu dans le piano
24:42pour échapper
24:43un petit peu à la réalité,
24:45finalement, au réel.
24:46Est-ce que vous,
24:46quand vous écrivez,
24:47c'est une manière de faire ça aussi ?
24:49Non, je ne crois pas du tout.
24:50Je crois que c'est une façon
24:51au contraire d'être encore...
24:53Alors, certes,
24:54dans un réel,
24:55peut-être un peu décalé
24:56de la réalité,
24:58mais non,
25:01c'est une façon
25:01d'habiter le monde.
25:04Donc, je ne crois pas
25:04que ce soit à côté du réel.
25:06Oui, en tout cas.
25:07Et le Goncourt,
25:07ça change quelque chose ?
25:08C'est quelque chose
25:09dont on rêve
25:09quand on est écrivain,
25:10secrètement ?
25:11Alors, le Goncourt,
25:13c'est mon dixième
25:16ou onzième roman,
25:17je ne sais plus.
25:19Quand je vais en librairie,
25:20depuis 25 ans,
25:21j'entends parler de ça.
25:23Depuis 25 ans,
25:24les gens qui sont adorables,
25:26les clients en librairie
25:27sont formidables,
25:28et ils sont là,
25:29ils vous soutiennent
25:30et ils viennent vous dire
25:31« Oh, mais quand même,
25:32j'espère qu'on va vous donner
25:33un prix parce que votre livre,
25:34il est formidable, etc. »
25:35Donc, c'est vrai que quand même,
25:36je dois reconnaître
25:37que j'éprouve un certain soulagement
25:39à l'idée de ne plus avoir
25:42à entendre ça.
25:44C'est fait.
25:44C'est fait.
25:45Il y a un côté « c'est fait ».
25:46C'est vrai.
25:47Alors que c'est adorable
25:47de la part des gens,
25:48mais c'est vrai qu'au bout d'un moment,
25:49même si vous,
25:50vous n'y pensez pas,
25:50les gens pensent pour vous.
25:52Et là, j'étais très touchée
25:54par ça,
25:54de voir comment
25:55j'entendais,
25:58et je l'ai vu,
25:59c'était « On a le Goncourt ».
26:00Ça, c'était super.
26:03Ça, c'est vraiment…
26:04Ça, il n'y a pas
26:05de meilleure récompense.
26:06La seule chose à faire maintenant,
26:07c'est de continuer.
26:08Exactement.
26:10Merci beaucoup.
26:11Et je ne peux que vous inviter
26:12à vous procurer
26:13ce chef-d'œuvre de la littérature
26:15disponible à la librairie
26:16Autour du Monde
26:17et dans toutes les bonnes
26:17librairies indépendantes.
26:19Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui.
26:21Mais bien sûr,
26:21on se retrouve la semaine prochaine
26:22sans faute
26:23pour un nouveau Bain de Culture.
26:24D'ici là, émerveillez-vous.
26:25Allez, bye-bye.
26:30Votre dose quotidienne de spectacle
26:52avec le Casino 2000
26:54de Montdorff-les-Bains au Luxembourg.
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