- il y a 2 jours
Alex Lutz & Nicolas Mathieu étaient de passage au Klub de Metz à l'occasion de l'avant première de "Connemara" adaptation du roman de l'écrivain. Alicia en a profité pour rencontrer ces deux artistes sensibles au regard particulièrement aiguisé sur le monde. Ils nous parlent ici de leur lien mais aussi de leurs souvenirs et plus encore. Le tout avec beaucoup d'humour et une grand émotion.
Un entretien réalisé au Mercure Grand Hotel de Metz
00:00 - L'émotion de la première projection
01:56 - Alex Lutz vs Nicolas Mathieu
07:09 - "La colère venait dès le matin", la phrase "clou"
11:24 - Connemara, le film du "corps"
17:17 - Souvenirs et émotion de tournage
19:29 - Connemara, la chanson qui relie les monde
21:23 - Les rencontres qui font aimer
24:42 - L'envie de s'échapper
28:37 - Le livre/film que vous auriez aimé écrire/réaliser
30:41 - A l'ouest ?
32:33 - Souvenirs de l'Est
Présentation, montage : Alicia Hiblot
Images : Clément Dumay
Musique Générique :
Alice Arthur
Musique reportages et plateaux :
Motion Aray : Soniq Branding "Put Your Dancing Shoes On", DHD "Music MySoul", "Evening" By The Fireplace Short //Musique libre de droits : Extenz "meant to be"
© Moselle TV - Septembre 2025
Un entretien réalisé au Mercure Grand Hotel de Metz
00:00 - L'émotion de la première projection
01:56 - Alex Lutz vs Nicolas Mathieu
07:09 - "La colère venait dès le matin", la phrase "clou"
11:24 - Connemara, le film du "corps"
17:17 - Souvenirs et émotion de tournage
19:29 - Connemara, la chanson qui relie les monde
21:23 - Les rencontres qui font aimer
24:42 - L'envie de s'échapper
28:37 - Le livre/film que vous auriez aimé écrire/réaliser
30:41 - A l'ouest ?
32:33 - Souvenirs de l'Est
Présentation, montage : Alicia Hiblot
Images : Clément Dumay
Musique Générique :
Alice Arthur
Musique reportages et plateaux :
Motion Aray : Soniq Branding "Put Your Dancing Shoes On", DHD "Music MySoul", "Evening" By The Fireplace Short //Musique libre de droits : Extenz "meant to be"
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00:01Il y a l'histoire de deux personnages, ça raconte leur vie, leurs amours,
00:07mais ça raconte aussi un peu ce que c'est l'épinal, ce que c'est les Vosges,
00:12et c'est fixé quand même ce que c'est de vivre au bord de la Moselle.
00:16Donc là c'était les gens qui se regardaient un peu eux-mêmes,
00:19donc j'avais envie qu'ils s'y reconnaissent un minimum, que ça les affecte.
00:27Et donc il y a eu le moment, la rencontre, la réaction des gens,
00:34et puis moi après j'ai reçu des messages.
00:37Et ma tante qui était bouleversée, parce qu'elle a reconnu des choses,
00:42le jeu des mollets, elle m'a dit « j'ai cru voir ton père ».
00:47Enfin c'est des choses, moi ça me fait le frisson quoi.
00:51Mon cousin qui m'a écrit, qui m'a dit à quel point c'était bouleversant,
00:56oui il y a quelque chose de nos vies qui était un peu fixé, qui était fixé dans le bouquin,
01:04c'est ma tentative, et maintenant cette lumière-là, elle a été captée sur de la pellicule,
01:09et à chaque fois qu'on reverra le film, ça existe quoi.
01:12Vous savez, mon père, il fait une apparition éclair dans un film des années 60,
01:17qui s'appelle « Les Grandes Gueules », qui a été tournée dans les Vosges.
01:19Ah génial quand tu veux vous parler.
01:21Dans la fête foraine, il passe avec ses trois frères, ils ont 18, 19, 20 ans,
01:26aujourd'hui ils sont presque tous morts.
01:28C'est juste trois silhouettes comme ça, c'est fugitif, mais ils sont là pour toujours.
01:32C'est ça le cinéma, c'est que ça fixe quelque chose définitivement.
01:37Alors dans ce film, voilà, il aura fixé quelque chose de nos vies pour de bon.
01:41Prêt, feu, porté !
01:44C'est parti !
01:45Ça va ?
01:46Ah oui, pourquoi ?
01:47Avec Philippe ?
01:48Ah non, ça va pas non avec Philippe.
01:49Et puis de toute façon, le principal c'est ton boulot.
01:51Je crois pas non, mais tout va bien ce côté-là.
01:54Ah non, ça va pas non plus de ce côté-là, tu vois.
01:56Alex Nutt, Nicolas Mathieu, bonjour.
01:57Bonjour.
01:58Merci beaucoup de m'accorder cet entretien.
01:59Vous êtes présent à Metz à l'occasion de la projection du film « Connemara »,
02:03adaptation de votre livre Nicolas, et puis vous enseignez la réalisation.
02:07Alex, alors avant de parler du film un petit peu en détail,
02:09peut-être un mot sur vous et sur ce que vous pensiez de vous respectivement,
02:14avant même de vous connaître, quel regard vous portiez sur le travail de l'un et de l'autre ?
02:19Ben moi j'étais vraiment fou de cette écriture.
02:22J'avais adoré aux animaux la guerre et j'avais après, sur leurs enfants après eux, une...
02:31Il y avait quelque chose qui tout d'à coup, nous était si familier dans la sensation, dans l'exactitude, dans l'acuité,
02:43et dans quelque chose qui parlait des milieux sans jamais se mettre au-dessus ou, je ne sais pas comment, des milieux évoqués.
03:00Avec une forme de bienveillance ce mot dont on utilise beaucoup.
03:02Ben oui, mais qui en plus, je ne me souviens rien d'hier.
03:04C'est-à-dire que malgré tout, c'était quand même de la forme...
03:07Ça ne plaît pas à Nicolas, lui !
03:09C'était quand même de la forme de roman, comme il le disait hier, où il regarde, où il voit.
03:15Donc, il y avait aussi la magie d'une... d'une forme classique, au sens noble du terme, quand on aime le roman.
03:26Et pour autant, il était dans ses personnages, et pas sur une idée de ses personnages,
03:35ou jamais sur une idée d'un... sur une idée ou un concept d'un milieu.
03:39Qui peut vite, moi, me casser un peu les glaouilles.
03:41Et ça, je trouvais ça évidemment bouleversant, évidemment...
03:47Alors, un autre mot à la mode, il y a un truc d'empathie, mais en tout cas de... voilà, de familiarité.
03:53On était en famille avec tous ces personnages.
03:55Et moi, j'aime bien quand tout d'un coup, une vision vous fait...
03:59Pas forcément pardonner, excuser ou je ne sais pas quoi, mais comprendre tout le monde.
04:04Et leurs enfants, après vous, vous auriez aimé l'adapter ?
04:07J'aurais adoré, mais bon voilà.
04:08Mais ça n'a pas été possible.
04:09Non, mais je préfère avoir adapté qu'on aimera.
04:11Non, mais c'est ça.
04:13Moi, je trouvais ça...
04:14Voilà, moi, ça, ça me touchait beaucoup.
04:16Et vous, Nicolas, alors, qu'est-ce qui vous touche ?
04:19Et vous touchez, en tout cas, avant que vous ne le rencontriez ?
04:21La première fois que j'ai vu Alex, c'était sur ce petit programme qu'il y avait sur Canal Plus...
04:26Catherine et Yann ?
04:27Catherine et Yann.
04:28Catherine et Yann.
04:29Et c'était quand même remarquablement écrit, cette affaire-là.
04:33C'était bien ficelé d'un point de vue dramaturgique et c'était witty, donc très, très malin.
04:38Puis derrière, c'était aussi très, très intelligent sur les idées que ça faisait passer.
04:41Donc moi, j'aimais beaucoup ce truc-là.
04:44Et puis après, j'ai vu ces films et notamment Guy.
04:48Moi, j'ai été vraiment émerveillé par Guy.
04:50Je l'ai vu trois, quatre fois, je l'ai fait voir.
04:53C'est un film qui invente sa propre forme.
04:56Enfin, moi, c'est l'impression que j'avais eue.
04:58Qui est sur une ligne entre la comédie et aussi la mélancolie.
05:03Qui, moi, est une espèce de ligne de crête aussi sur laquelle j'essaye de marcher.
05:08Alors, souvent, les gens, ils ne voient pas trop mon humour, mais pourtant...
05:11J'arrête pas de le voir.
05:13Les gens me disent, ah, c'est quand même sinistre.
05:17Non, non, mais...
05:18À tel point, avec la bande-son de ce film, la BO, je l'écoutais en courant dans ma voiture, etc.
05:29Donc, quand j'ai su qu'Alex s'intéressait à mon travail, j'étais à la fois très flatté et puis intéressé.
05:36On a toujours envie que les gens qui adaptent votre travail...
05:40Enfin, moi, j'ai envie qu'ils s'en emparent pour faire autre chose, en fait.
05:43Ils ne sont pas là pour exécuter la fin du programme.
05:46Donc, il faut que ce soit quelqu'un qui ait des idées, qui soit un inventeur de formes.
05:50Et quand même écrire un bouquin entier sur un radiateur, quoi.
05:53Si ça, ce n'est pas inventer une forme.
05:55Comme ça, vous lui avez laissé carte blanche.
05:56C'est une carte blanche.
05:57C'est comme pour leurs enfants après eux.
05:58Une fois que le livre est écrit, vous laissez au réalisateur la liberté d'en faire ce qu'il veut.
06:03Oui, oui.
06:04Moi, je suis vraiment dans cette idée-là.
06:05C'est-à-dire que, parce qu'un peu cinéphile, de me dire, le mettre à bord pour faire un film, c'est le réalisateur.
06:11Et une fois qu'on lui a cédé les droits, c'est à lui d'inventer son truc.
06:15Il y avait une formule que j'avais bien aimée dans l'adaptation de Hygiène de l'Assassin, le bouquin de Notan.
06:23Elle, elle n'avait pas aimé le film, mais la formule était belle.
06:26C'était librement trahi 2.
06:28Et je trouve ça pas mal.
06:30Alors, que ce soit fidèle à l'esprit, mais en même temps que ça devienne le film de celui qui le réalise.
06:36Fermez les yeux.
06:38Relaxez-vous.
06:40Concentrez-vous.
06:42Que voyez-vous, là, maintenant ?
06:44Épinard, est-ce que vous êtes là ?
06:48Être une adulte vient de s'effondrer.
06:54J'ai quitté cette ville pour devenir cette femme efficace et conséquente et...
06:58On porte ce resto franchisé.
07:00Christophe Marshall.
07:02Christophe ?
07:04C'est quoi, un mec comme moi ?
07:06Ben, une star ?
07:08Ah ouais ? Mais tu trouves que je ressemble à une star ?
07:10Il y a ce que j'appelle dans un roman des phrases clous.
07:12Des phrases que vous enfoncez à coups de marteau et elles vont servir à tenir toute la toile derrière.
07:17Et celle-là, elle ancre le personnage très très fort dans un affect puissant.
07:22Elle dit aussi beaucoup du sort des femmes en général.
07:25Parce que si Hélène est en colère, c'est qu'on lui vole son temps, qu'on lui mange sa vie.
07:29Et puis, souvent, on fait des procès au ressentiment, à la colère, à tout ça.
07:35Et je pense que c'est des affects moteurs très importants.
07:39Et peut-être que toute la littérature occidentale commence par là.
07:43Puisque l'Iliade, ça commence comme ça.
07:45Aux muscles chantent la colère d'Achille.
07:48Peut-être que ça part de là, de cet affect archaïque.
07:52Il y a cette première phrase du roman.
07:54Et puis, ce film, il s'ouvre aussi avec une musique.
07:57Celle de Tino Rossi.
07:59Dans cette chanson, il évoque la question du souvenir.
08:03Est-ce que ce film, au final, ce ne serait pas aussi l'histoire du souvenir, d'un amour fantasmé ?
08:11Non, je reviens juste sur cette histoire de colère qui, pour moi, était fondamentale pour le personnage d'Hélène.
08:17Parce que ça me touchait, ça me faisait pleurer.
08:19Je ne sais pas pourquoi, mais je l'ai trouvé.
08:21Parce que c'est aussi une colère sur la...
08:23Ma colère d'homme, elle est admirée.
08:25On peut dire ce qu'on veut.
08:27Ma colère de femme, elle est...
08:29Elle est encombrante.
08:31Elle est à cacher.
08:32Elle est...
08:33Elle est malmenée.
08:35Après les vocables de...
08:37Une femme se met en colère, on lui dit, mais t'es folle.
08:40Mais ça ne va pas.
08:42Si moi, je me mets en colère dans une réunion, je vais peut-être glacer.
08:47Mais on va se dire, tiens, quand même, il ne se sera pas laissé faire.
08:52Mais bon, bref, cette chose-là, on peut faire ce qu'on veut.
08:55Pour l'instant, ce n'est pas réglé cette affaire.
08:57Et ça, ça me plaisait sur ce personnage.
08:59Et je voulais voir aussi une Hélène qui était un personnage un peu gênant,
09:05comme je l'ai entendu parfois, même des gens qui aimaient le livre.
09:09Où je l'ai trouvé toujours un peu étonné de cette Hélène, à dire, oh ben quand même.
09:13Oui, mais d'un autre côté.
09:15Enfin bon, il y avait plein de conneries.
09:16Mais je me disais, tiens, c'est quand même un axe qu'il ne faut pas que je perde.
09:19Il y a un truc à raconter avec ça.
09:21C'est-à-dire, il y a les douleurs féminines qui sont évoquées actuellement
09:26avec des affaires, avec des actions agressives envers elle.
09:33Et puis, il y a cette espèce de truc qui est sourde,
09:36qui est comme pile elle perd, face elle ne gagne pas.
09:39Enfin bon.
09:40Et moi, ça, ça m'intéressait.
09:42Surtout qu'elle est dans une zone purgatoire comme ça.
09:45Et pour rejoindre ça, cette zone un peu purgatoire,
09:48où elle ne sera plus jamais d'Epinal, elle ne sera plus jamais de Paris.
09:51Elle sera…
09:52À chaque fois qu'elle reviendra à Epinal et qu'elle croisera une copine au Leclerc,
09:56qui lui dira, toi, tu es toujours dans tes chiffres.
09:58Bon, elle sera une espèce de Parisienne et quand elle ira à Paris,
10:02elle ne sera jamais complètement la Charlotte Gainsbourg un peu.
10:06J'ai mis un jean et j'en ai rien à foutre.
10:08Ce n'est pas vrai.
10:09Elle fera toujours montre d'efforts et d'efforts et d'efforts.
10:12Enfin, nulle part, elle est au bon truc.
10:14Et ça, ça me touchait beaucoup.
10:16Et avec le souvenir, moi, ce qui m'intéressait avec ce film,
10:21c'est que c'est un souvenir qui est de l'ordre de l'innocence,
10:24quand les conteurs sont un peu à zéro.
10:27Et je voulais imaginer le film comme une tresse,
10:30comme cette tresse qu'elle se fait quand elle est une jeune fille,
10:33où je voulais tresser le corps en devenir,
10:38donc de ces deux adolescents où tout est possible a priori,
10:41et tous les imaginaires sont possibles de leur vie future,
10:45le corps devenu, donc cette espèce de bilan qui commence comme ça,
10:49avec elle notamment, qui ouvre le film,
10:51et le corps social,
10:53cette espèce de corps social qui est une personne à un moment donné,
10:56qui intervient sur nos vies comme une personne.
10:59Et là, et juste quelques spots avec cette chambre d'hôtel imparfaite,
11:08pas souhaitable, et terriblement souhaitable,
11:11parce que tant qu'elle est fermée, c'est un sanctuaire.
11:14Et dès qu'elle est poreuse, les emmerdements reviennent.
11:18Mais quand elle est fermée, l'étreinte, l'amour, la consolation est possible.
11:25Et votre film, il a du corps dans sa réalisation,
11:28avec des plans très proches des corps, une caméra souvent à l'épaule,
11:34et puis il y a un magnifique travail aussi sur le hors-champ,
11:38hors-champ sonore, pour passer d'une scène à l'autre,
11:41ça c'est quelque chose aussi qui fait que ça donne ce côté charnel et sensuel au film.
11:46J'imagine que vous avez apprécié Nicolas aussi ?
11:48Ben oui, ce qui est toujours intéressant c'est de savoir,
11:52enfin, quand on arrive dans le film, on se demande qu'est-ce qui va rester du livre,
11:55et puis quelles sont les solutions et les inventions qui vont l'emmener ailleurs,
12:00le chercher là où il n'était pas, le bousculer.
12:04Et effectivement, il y a un film où il n'y aurait pas d'idée de réalisation,
12:09c'est quand même emmerdant, quoi !
12:12C'est aussi pour ça, je vous le disais tout à l'heure,
12:14quelque part, pour que ce soit bien fiffu, il faut que ce soit un peu trahi.
12:18Et c'est justement dans ces gestes, ces postulats de réalisation,
12:22moi je n'ai pas ce genre d'idée, je n'ai pas de rapport à l'espace comme ça,
12:26je ne saurais pas, mais je me pose des questions analogues,
12:29parfois je me dis quel point de vue je peux adopter pour montrer quelque chose.
12:36Parce que montrer quelque chose, c'est toujours un acte,
12:39donc ça suppose une morale, donc on ne se met pas n'importe où.
12:42C'est intéressant de voir comment un réalisateur, lui, il prend ses problèmes à sa manière.
12:46Et vous, vous avez fait corps avec la caméra ?
12:48Oui, enfin, je voulais être dans le corps d'Hélène, dans ce coton du burn-out aussi.
12:54C'est particulier, ce n'est pas une dépression, c'est un burn-out,
12:56c'est quand même un coup de pelle dans la gueule très particulier.
12:59Et ce coton, tu n'es jamais dans ton temps, tu n'es jamais dans ton…
13:04Tu es avant, tu es après, tu es…
13:07Les choses résonnent aussi, les mots, les phrases,
13:12la séance du médecin résonnent en fin de journée, l'humeur…
13:16Christophe est dans son temps.
13:18Il tâche de l'être, en tout cas.
13:20Ils sont tous les deux pas à la même heure.
13:22Et Hélène, elle est dans la recherche de son juste temps.
13:26Il y a un truc où son temps, vu que le temps lui est volé,
13:30c'était aussi de montrer…
13:36Parce que comment montrer le tourbillon de la charge mentale ?
13:39Bon, alors oui, je peux lui faire avoir une panière de linge,
13:41puis après une panière de trucs, puis après avoir des cornflakes,
13:43et dire « mais non, mets pas ton pull ».
13:45Mais c'est aussi ce coton, cette espèce de…
13:56où vous n'êtes jamais complètement dans votre temps, quoi.
13:58Et donc tout ça se croise.
14:00Et effectivement, quand vous déposez à votre mère,
14:02vous pourriez déjà dire le texte de la réunion avec votre patron,
14:05ou de comment votre collègue va vous accueillir,
14:08avec la même big blague ou l'autre qui va reparler de son dos,
14:1240 fois, vous connaissez le texte en fait.
14:14Vous connaissez le texte de la vie aussi.
14:15Et vu qu'on est dans une époque où tout se convoque à vous,
14:18au plus proche, c'est nouveau ça aussi, dans l'époque.
14:22C'est-à-dire, c'est récent finalement que je vous réponde,
14:26et puis qu'en même temps, je fais des cons.
14:28C'est marrant.
14:29C'est au sens de l'étonnement,
14:31que tout d'un coup, je puisse avoir un truc qui sonne ou un deuil,
14:36et je vous réponds.
14:37Bon, c'est nouveau ça.
14:39Et puis l'univers sonore aussi.
14:42Moi, je suis très surpris par ça.
14:44Vu qu'on est dans une époque où le risque est,
14:48on doit mettre son petit casque et sa ceinture pour tout,
14:51bon ben, en même temps, ça sonne de partout, ça cligne de partout,
14:54ça se...
14:56Je trouve le son aussi, il est tout le temps...
15:00tout le temps très très présent quoi.
15:03L'époque, le son est très très présent.
15:05Les vies des uns et des autres, très très présentes.
15:08Quand on est seul...
15:10Non.
15:11Papa.
15:12Je vais me marier, gentlemen.
15:14Mais t'es amoureux ?
15:15Mais non.
15:16Mais ta gueule, bien sûr, je suis amoureux.
15:17Félicitations.
15:18Bah ouais, merci, je sais pas, vous faites un truc...
15:21On se voit.
15:23On se vit bien.
15:24C'est pas aussi simple.
15:27Attends, je te rappelle.
15:29Toi, t'as toujours vécu là ?
15:30T'as jamais vu plus grand, parfois ?
15:31Je crois qu'un mec comme moi, ça rêve pas ?
15:33C'est sûr que pour des gens comme vous...
15:35Vous êtes aussi sur vos acteurs.
15:38Ils sont tous les deux exceptionnels.
15:39Madame Thierry, Bastien Bouillon.
15:41Est-ce que vous êtes le genre de directeur,
15:44le genre de réalisateur à laisser vos comédiens libres ?
15:47Ou est-ce que vous êtes quelqu'un justement
15:49où vous cadrez bien les choses ?
15:51Quelle part de liberté vous leur laissez à vos acteurs ?
15:54C'est un peu un mélange.
15:56Moi, je suis acteur.
15:57Alors, l'avantage, c'est qu'on se ressent.
16:02Ça, c'est quand même pas mal.
16:04Moi, je trouve que tous les réalisateurs, même s'ils veulent pas jouer,
16:07devraient faire un peu du jeu.
16:09Parce que ça permet de sentir, vous savez,
16:12comme vous sentez quand c'est de la gêne, quand c'est de la mauvaise foi,
16:15quand c'est de la colère, quand c'est de...
16:18Vous sentez.
16:20Donc, parfois, vous sentez...
16:21Et vu que vous le sentez dans votre corps,
16:23vous sentez quand il faut laisser, quand il faut chercher,
16:25quand il faut un peu insister pour trouver la bonne direction,
16:28quand il faut trouver les mots,
16:31quand il faut participer à construire ou qu'au contraire...
16:34Parce que nous, les acteurs, on est bizarres avec ça.
16:37Il y a un truc qu'on est responsable de notre artisanat,
16:42comme le chef machinot, en fait.
16:44Donc, on sait ce qu'on a à faire.
16:46Et il y a des endroits où on ouvre pleinement la porte pour se laisser guider,
16:51puis il y a des choses où on sait profondément.
16:53Donc, ça, il faut un peu le sentir.
16:55Donc, c'est pour ça que c'est toujours un mélange, je trouve.
16:57Mais c'est vrai que c'est pas facile de revivre ces choses-là à Caramberge.
16:59Tu peux pas me dire les choses ?
17:01Bah, parce que c'est toi qui pars !
17:03On est députant.
17:05Oui !
17:06Pas très dégourdi.
17:11Oui !
17:12On trouve de la beauté n'importe où.
17:14Et surtout, c'est pas désagréable.
17:17Vous avez un souvenir particulier, surtout vous,
17:20parce que Nicolas, vous êtes allé un petit peu sur le tournage,
17:22quand même, vous vous êtes glissé,
17:23mais est-ce que vous avez un souvenir particulier
17:25qui vous revient en tête, qui vous touche particulièrement par rapport à…
17:29Bah, moi, la découverte de la maison de Gérard,
17:32par rapport à l'histoire de mon père, qui s'appelait Gérard…
17:35Bref, donc, la découverte du décor,
17:37je me souviens, ça a été un sujet,
17:39parce que je suis arrivé, j'étais bouleversé.
17:41Il fallait attaquer la journée pour autant.
17:43Et j'étais, mais sans voix,
17:47de ce que m'avait fait la déco.
17:50Je me souviens de l'aquarium avec les carpes et les appâts.
17:53Je me disais…
17:54Des trucs auxquels je n'avais pas pensé qu'ils ont mis.
17:57Donc, c'est toujours agréable quand vous faites un petit brief
17:59et puis que ça colle, quoi.
18:01Donc, ça, je me souviens très fort.
18:03Des baffes dans la gueule, d'émotions, de ce que fait parfois Mélanie, je trouve.
18:13Moi, quand les enfants s'éloignent et qu'elle dit…
18:15C'est Mouche qui a gagné, mais c'est pas grave.
18:18Et qu'elle a la gorge qui serre parce qu'elle voit…
18:21En même temps qu'il y a l'éloignement physique,
18:24il y a cette espèce de symbolique de…
18:26C'est foutu sans qu'on ait la grande scène du 12.
18:29Après tout, tu m'as trompé, tout ça.
18:32Que j'avais écrit mais qu'on n'a pas monté finalement.
18:34Mais…
18:36Où tout d'un coup, vous savez sourdement que c'est foutu
18:39et comment ça la…
18:42terrasse et tout.
18:43Elle m'avait…
18:44J'avais trouvé…
18:45Je me disais, putain, c'est dur ce qu'elle fait.
18:46C'est vraiment dur.
18:47En même temps qu'elle dit…
18:48Ouais, c'est toi qui as gagné.
18:49Moi, il faut me foutre un marteau sur le pied.
18:51C'est vraiment…
18:53C'est très très fort ce qu'elle fait.
18:55Bastien dans des abandons.
18:57Je trouvais des moments, notamment au café.
18:59J'ai trouvé merveilleux tous les deux.
19:01Ou cette scène où ils n'arrivent pas trop…
19:03Enfin, ils se roulent des galoches pendant trois heures
19:04parce qu'ils n'arrivent pas trop à faire quelque chose.
19:06Je trouvais Bastien…
19:08Génial, d'assurance, de paille.
19:13Tout d'un coup, c'était très beau de les voir s'emparer
19:15de cette étreinte exactement comme je l'aurais voulu,
19:18sans qu'on soit gêné.
19:20Moi, je peux très facilement être un peu luthérien sur ces trucs-là.
19:24C'était tellement super.
19:28Ouais, non, des super souvenirs.
19:30Et la chanson, alors qu'Onemara, avant même de lire le livre,
19:33pour vous, elle représentait quoi, cette chanson ?
19:35Ce qu'en dit Nicolas, c'est juste.
19:38C'est-à-dire, c'est une chanson d'HEC et de fête de…
19:42Moi, je l'ai connue…
19:44Je l'ai connue dans…
19:45J'ai pu la connaître dans les…
19:47Dans le milieu étudiant de ma soeur qui a fait Sciences Po,
19:50comme en fin de soirée, en fin de tournée,
19:54dans une boîte qui s'appelle Le Ranch, près de Deucasseville,
19:58à deux heures du matin, à sauter comme des imbéciles, torse nu.
20:03Il y a une chanson, comme vous dites, qui relie les mondes, en fait, finalement.
20:06C'est une grande chanson populaire.
20:07Alors, qui traverse les mondes et qui les relie, mais un peu sur un malentendu aussi,
20:12parce qu'on ne l'écoute pas de la même manière, selon qu'on est puissant ou misérable.
20:16Et c'était ça qui était… qui est intéressant dans cette chanson,
20:21c'est qu'elle témoigne de ce qui est partagé en même temps de ce qui nous sépare.
20:25C'est aussi une chanson épique.
20:27Et ça, on le sent dans le film.
20:29Ça monte, ça pousse.
20:30Et moi, je voulais que le…
20:32Céline, il dit quelque part dans Le Voyage au bout de la nuit,
20:35l'amour, c'est l'éternité mise à la portée des caniches.
20:37Et moi, je pense que Sardou, c'est l'épopée mise à la portée des classes pavillonnaires.
20:41Donc, il y avait un truc comme ça, que je l'ai écrit comme ça et qu'on ressent aussi dans le film.
20:47Et puis moi, je les écoute au premier degré, ces chansons-là.
20:50Je les aime vraiment, quoi.
20:52Quand j'ai fait la tournée avec le bouquin, dans les librairies,
20:54on rencontre beaucoup de gens qui sont…
20:57Des gens qui écoutent France Inter et qui sont souvent enseignants, etc.
21:02qui détestent Michel Sardou et qui me reprochaient beaucoup que Liv était entêtant de ce point de vue-là.
21:09Mais moi, on dépite ses prises de position, j'adore.
21:13Puis c'est marrant comme il a évolué.
21:15Il est rigolo maintenant dans ses interviews.
21:17Il assume souvent qu'il a dit une connerie.
21:20Bien, j'ai mis une connerie.
21:22Et moi, j'avais vu un truc.
21:23C'est quand même beau.
21:24Moi, j'avais fait Guy aussi pour ça.
21:26C'est marrant, le recul.
21:27Quand tout d'un coup vous dites, c'était quoi ? C'était un super pote de Barbara ?
21:31D'accord.
21:32Ah, il était pote avec Renaud en fait.
21:34Super pote.
21:35Et moi, ça m'est beaucoup arrivé.
21:37Et c'est pour ça que j'avais fait Guy dans mon métier.
21:40Vous savez, quand vous faites le métier sans être tout de suite dans une chapelle
21:44qui ne serait que les CDN ou les machins, donc un peu comme je l'ai fait, c'est-à-dire…
21:48Vous rédigez la Bible d'un gars, scène de ménage sur M6, puis en même temps, vous faites un film de…
21:54Vous traversez les chapelles en permanence.
21:56Moi, ça m'est arrivé plein de fois.
21:58Et donc, souvent, on dit « Ah ouais, tu vas bosser avec machin ».
22:00Et t'es là « Ah merde, t'aimes pas trop quoi ».
22:04Et puis, tu rencontres la personne et au bout…
22:06Voilà, tu bois des verres et tout d'un coup, tu parles de tracteur pendant trois heures.
22:10Le gars est hyper intéressant, c'est génial.
22:12Donc du coup, et tout d'un coup, t'aimes son œuvre.
22:14Et moi, je me souviens, j'avais travaillé avec Lynn Renaud beaucoup,
22:16qui est devenu quelqu'un que j'adore.
22:18Et bon, elle m'avait demandé de la faire bosser sur son Olympia.
22:21Et moi, j'aime beaucoup Lynn en tant qu'actrice.
22:23Je trouve qu'elle a une audace folle, surtout qu'elle a chopé le tournant de la télé
22:27quand tout le monde disait « Oui, oui, tu parles ».
22:28Elle s'est dit « Moi, j'y vais, tu vas voir ».
22:30C'est quand même vachement malin.
22:31Et sur la musique, bon…
22:34Eh ben, c'est parce que j'ai aimé Lynn, parce qu'elle m'a raconté ses anecdotes,
22:39parce qu'elle m'a raconté ses histoires,
22:41parce que j'ai su que ça la faisait chier « Etoile des neiges »,
22:44et que j'ai finalement adoré ses chansons, en fait, aussi.
22:47Je les ai adorées avec ça.
22:49Elle me dit « Ah non, moi, je n'aimais pas ces loulous, il m'a obligé.
22:51Il m'a dit « Tu verras, ça sera un carton ».
22:53Je dis « Ah bon ? ».
22:54Elle me dit « Bah oui ».
22:55Je fais « Bah, qu'est-ce que tu as fait ? ».
22:56Eh ben, je l'ai enregistrée.
22:57Elle me dit « Mais je ne l'ai jamais apprise ».
22:59Je dis « Mais comment tu l'as apprise ? ».
23:00Eh ben, avec le public.
23:01Et donc, elle venait de l'enregistrer, mais elle ne la connaissait pas,
23:04parce qu'elle faisait la gueule, elle ne voulait pas l'apprendre.
23:06Ça faisait chier, elle n'aimait pas cette chanson.
23:08Mais ça fait un carton.
23:10Donc, à l'Odéon de Marseille, elle se dit « Merde, le public est là ».
23:13Donc, elle ne fait pas d'accord.
23:15Donc, elle la chante, mais elle ne la connaît pas.
23:17Et donc, elle fait « Etoile des neiges ».
23:20Et en fait, elle l'a appris avec le public.
23:23C'est merveilleux.
23:24Et du coup, ça vous désarme et vous adorez la chanson.
23:26Du coup, ça vous fait autre chose.
23:28C'est les relations humaines aussi.
23:29C'est les relations humaines.
23:30Et Sardou, je me souviens, il était invité sur « Je ne sais plus qui » dans une émission.
23:34Et il m'a quand même désarmé.
23:35Parce que pareil, moi, je me souviens de l'évolution,
23:38comment j'ai aimé ou pas ce chanteur.
23:42Jeune, machin, truc de droite et tout.
23:46Et puis, au fur et à mesure, il y a votre cœur qui se truque un peu.
23:49Parce que justement, vous rencontrez des gens qui sont terrassés par une chanson
23:52ou par le France.
23:53Parce qu'il avait des engouements, le France.
23:55Et puis, il y a un chanteur qui est avec lui qui dit « Moi, vous savez, OK, les chansons…
24:04C'est quoi ? C'est musulmane, la chanson ? »
24:06Il dit « Ça, c'est une chanson que ma mère, elle adore.
24:09Je crois que c'est un rappeur.
24:11Ça, j'adore cette chanson.
24:13Vraiment, d'accord, je vous reconnais ça. »
24:15Mais on sentait qu'il l'avait un peu là, d'être invité avec lui.
24:17Il fait « Mais par contre, je vous jure, il y a des chansons que je ne vous pardonnerai jamais. »
24:21Et lui, il dit « Oh, je te rassure, je ne me les pardonne pas non plus. »
24:24Et j'ai trouvé ça tellement marrant parce qu'il y a du recul, parce qu'il y a toute une carrière.
24:31Et c'est souvent quand même souvent comme ça que ça se passe.
24:34Et c'est ça, Konemara, c'est quand même effectivement une grande chanson qui rassemble et qui n'est pas vue de la même manière.
24:41Et pour le film, c'est vraiment important, je crois.
24:43Vous êtes nés tous les deux en 1978.
24:45Vous auriez pu vous croiser quand vous étiez gamin.
24:48Est-ce que vous aviez tous les deux cette même envie de vous échapper, de vous extirper peut-être de votre milieu, de toutes ces conditions sociales ?
24:58Dans le film, il y a un des personnages qui dit « Mon milieu me colle comme de la boue ».
25:04Et donc, par rapport à ça, comment…
25:08Oui, moi très fort.
25:09Tout ça, je sais que vous…
25:11Oui, c'est dans tous mes bouquins quasiment le désir de s'arracher à l'endroit où on est né.
25:16Le sentiment que c'est trop petit, que la vraie vie commence forcément ailleurs.
25:22Que l'horizon qu'on a là dans une préfecture, ça ne suffira pas quoi.
25:30Puis un côté rastignac aussi, d'ambition.
25:33Puis en même temps, la certitude…
25:35Enfin, c'est comme ça que se terminaient leurs enfants après eux.
25:38L'insoutenable douceur d'appartenir quoi.
25:41C'est-à-dire que finalement, on n'a pas vraiment le choix, c'est gravé.
25:44C'est-à-dire que les gens, les ambiances, le temps qu'il fait, les paysages qu'on a connus entre 0 et 7,
25:54ils ont creusé en vous des sillons qui ne s'en iront jamais.
25:58Donc en fait, vous avez beau partir, c'est toujours là.
26:01Vous vous êtes vraiment rencontrés là-dessus ?
26:03Oui, non, pas tout à fait.
26:05Moi, cette espèce d'attachement très fort, mêlée d'attachement et de répulsion, oui.
26:15Et ça, moi, je crois que c'est propre à ce qu'on nous a mis au biberon,
26:19enfant de province, avec l'idée d'un mieux.
26:25Ça, c'est Louis XIV, il a bien joué Gadget, quand même.
26:29Voilà, ce truc comme ça, qui ferait que, voilà, le centre dans une forme de dôme, enfin de truc vertical, comme ça.
26:44Et en même temps, vu que j'avais quand même un gros meulard jeune, je me disais, bah merde.
26:52J'avais plutôt envie qu'on me cherche plutôt que d'aller à.
26:56Voilà.
26:57Mais l'envie d'ailleurs quand même, d'ambition quand même, de grand machin quand même,
27:04bien bon, voilà.
27:06Pas une envie de contentement, quoi.
27:09J'avais pas envie de...
27:10Le contentement me faisait du chagrin ou...
27:14Mais je me disais, bon, j'ai...
27:17En tout cas, j'ai vu qu'avec l'artistique, avec la pratique de l'artistique,
27:21avec...
27:22Il y avait que là-dedans que j'avais l'impression que je pouvais m'échapper,
27:26ou tirer mon épingle du jeu, ou être...
27:30Ou d'être pas malheureux, quoi.
27:32Vivant, vraiment.
27:33Ouais, ou bon, pas malheureux.
27:36Je voyais beaucoup de...
27:39C'est François Sagan qui dit, il y a pas de classe sociale,
27:42il y a des gens qui ont plus ou moins d'emmerdes.
27:45Je suis tellement d'accord avec ça.
27:47Et ça crée du chagrin, les emmerdes.
27:49Et...
27:51Et tout le monde essaie de trouver sa place au soleil.
27:57Et moi, ma place au soleil, pas économiquement quoi,
28:02mais sur l'épanouissement, sur la...
28:04L'enrichissement, sur...
28:06C'était la...
28:07C'était l'artistique.
28:08C'est...
28:09Ça me...
28:10Ça m'émerveille à chaque fois.
28:11Ça me touche à chaque fois.
28:12Ça marche à chaque fois.
28:14Alors, tant que ça marche, sur moi,
28:16de voir une danse et d'en être touché,
28:18d'écouter une musique et d'avoir...
28:20De s'évader, de lire un livre
28:23et d'avoir l'imagination qui est en ébullition.
28:26Voilà.
28:29Ça, ça...
28:30Pour moi, c'était...
28:31C'était ça absolument, absolument.
28:33Il fallait que farouchement, je puisse me dégager
28:35par cette voie-là.
28:37Peut-être pour terminer,
28:38ça n'a rien à voir avec le film.
28:41Si, Alex, vous étiez...
28:43Pas si vous étiez un livre,
28:44mais quel livre vous auriez aimé écrire, vous ?
28:47Qu'est-ce que j'aurais aimé écrire ?
28:52Les années.
28:53Dany Arnaud.
28:54Dany Arnaud.
28:55Dany Arnaud.
28:56J'aurais bien aimé écrire
28:58Bonjour Tristesse à l'âge qu'elle avait.
29:00Je trouve ça, putain, quand même.
29:01C'est fortiche.
29:02Et de la poésie,
29:04de la très belle poésie.
29:06Je suis quand même assez...
29:09Ou des très beaux aphorismes.
29:12Il y a des aphorismes que je trouve déments.
29:16Certains Pagnols.
29:18J'aurais bien voulu écrire Certains Pagnols.
29:20Ah ouais.
29:21Jean de Florette, Manon Dessour,
29:22j'aurais bien voulu écrire.
29:23Ça, je trouve que c'est quand même...
29:25C'est fou ce qu'il y a dedans.
29:27Surtout, je l'ai relu.
29:29Parce que vous avez un truc de cigales
29:31pendant des années,
29:32vous dites, oh, me fais chier, les cigales.
29:33Et en fait, purée, quand vous le relisez,
29:35c'est tellement formidable.
29:40Pas mal.
29:44Certains Angots, j'aurais bien voulu.
29:46Pas mal de trucs, hein.
29:48Et alors vous, Nicolas,
29:49quels films vous auriez aimé réaliser ?
29:52Le lauréat.
29:55C'est vraiment un de mes films fin.
29:58Guy, j'aurais bien aimé.
30:00Il y a vraiment...
30:01C'est pas de la flagarnerie, hein.
30:03C'est vraiment un film film...
30:04Moi, leurs enfants, je le casse juste parce que c'est vrai.
30:07Non, mais vraiment, j'aurais le droit.
30:09Et puis...
30:10Et puis Rocky, quand même.
30:13Eh ben oui.
30:14C'est un de mes...
30:15Je revendique Konemara.
30:17Mais Rocky aussi, moi, c'est un de mes films de chevet.
30:19La cinéphilie, c'est comme la littérature.
30:22Il faut rentrer par le petit bout et la grande porte.
30:25C'est-à-dire qu'il faut pas avoir de snobisme dans ces endroits-là.
30:29Et il y a des films qui sont peut-être pas les...
30:31C'est pas Citizen Kane, quoi.
30:33Mais c'est les films qui m'ont regardé grandir.
30:35Je l'ai vu la première fois à sept ans.
30:36Peut-être la huitième fois l'année dernière.
30:38Et c'est des films qui nous accompagnent.
30:42Oui.
30:43Vous qui êtes des hommes de l'Est, c'est pour le jeu de mots,
30:45quelle est la dernière fois où vous vous êtes senti à l'Ouest ?
30:48Waouh !
30:50C'est bien des trucs de journalistes.
30:52Vous faites toujours des espèces de bons mots.
30:57Très souvent.
30:58Ben non, mais là, moi, mon fils, il y a 18 ans.
31:02Je viens d'avoir 47 ans.
31:03Je le sens bien, quoi, quand même.
31:05Je le sens bien que...
31:07En tout cas, ce que j'aime assez, c'est la sensation de...
31:11Là, j'ai la sensation très nette, très physique, de devoir faire des efforts.
31:17Et je trouve que c'est assez agaçant et enivrant.
31:26Ça demande de l'effort, là, tout doucement.
31:29Parce que ça peut vite...
31:31La mauvaise sauce, ça peut vite venir, quoi.
31:34De trouver tout nul ou pas bien, ou mieux avant, ou je sais pas quoi.
31:39Alors, j'aime bien ce que ça me demande.
31:41Les nouveaux enjeux, les trucs.
31:43J'adore ça, ce que ça me demande.
31:45Mais c'est...
31:46Putain.
31:47Ah ouais, c'est chaud.
31:48T'es à côté de la plaque tout le temps.
31:49Nicolas ?
31:50Mais par rapport à ça, moi, je trouve qu'on peut être un vrai vieux con dans la vie.
31:53Et quand on crée, c'est autre chose qui se passe.
31:55Parce qu'on est pris dans des devenirs qui sont différents des nôtres.
31:58Parce que moi, tout m'énerve.
31:59Mais quand j'écris, je me mets dans la peau des personnages.
32:03Je suis pris dans leur devenir.
32:05Par exemple, je me suis lancé à corps perdu dans Taylor Swift, là, récemment,
32:09pour les besoins d'un personnage.
32:12Et j'avais jamais rien compris à Taylor Swift.
32:15C'était très loin de moi.
32:17Et ce truc-là, ça me dépasse complètement.
32:20Et puis, tout à l'heure, là, j'écoutais Cruel Summer.
32:23Et tout à coup, j'ai senti mon regard s'embuer.
32:26Donc, voilà, j'étais complètement à l'ouest par rapport à Taylor.
32:32Mais je me rattrape.
32:33D'accord.
32:34Il était une fois dans l'Est.
32:35Quel est votre endroit préféré dans l'Est ?
32:40L'endroit où vous sentez le mieux ?
32:41Où vous avez les meilleurs souvenirs ?
32:43C'est des trucs qui restent.
32:45C'est des bouts de la ferme des Andloer.
32:50C'est le Ryd.
32:51Avant qu'il soit complètement...
32:53Parce que maintenant, il y a beaucoup de maïs en Alsace.
32:55Mais le Ryd, c'était quand même un coin très irrigué, comme ça, avec des rivières et tout.
33:03Ça, c'est des choses de l'enfance.
33:06Les chiens et les balades avec les chiens et mon père dans la campagne, justement, quand les maïs étaient coupés.
33:16J'avais mon lycée, le lycée des Pontonniers, le lycée Jean Monnet.
33:20Toutes mes écoles, vu que à chaque fois, ma mère m'exfiltrait pour que j'essaye de m'en sortir quelque part jusqu'à ce bac.
33:26Et donc, il n'y a pas une école.
33:29J'ai détesté l'école.
33:30Il n'y a pas une école que je n'ai pas aimée.
33:32Tout comme des profs que je n'ai pas aimés, qui sont des espèces de trucs.
33:37Et puis, oui, Strasbourg et Metz particulièrement, parce que mon père était… une bonne partie de ma famille était là, ma grand-mère.
33:45Et mon père, à la fin, Metz.
33:47Donc, tout ça, ça a du sens.
33:49Nicolas ?
33:50Oui, ça m'est difficile de dire ça.
33:54Par exemple, j'ai passé des grands moments dans la patinoire d'Epinal.
33:59Je pourrais vous dire…
34:01Mais en fait, ce qu'il me reste surtout, c'est des ambiances.
34:05Et même des odeurs.
34:07Et là, on était à Epinal ce matin.
34:10L'odeur de la rentrée, elle est différente partout.
34:15Et l'odeur du printemps, quand j'allais voir ma mère à côté d'Epinal, à Golbet.
34:22Une certaine qualité de lumière.
34:24Et puis, même le pupilleux des oiseaux est différent.
34:27Et c'est ces agencements de sensations-là, moi, que j'habite en fait à ces moments-là,
34:32que j'ai voulu fuir à tout prix et que je viens rechercher maintenant que je suis un vieux con.
34:38Le mieux qu'on ait âgé.
34:40Mais on souhaite que les sensations soient aussi fortes et aussi belles pour tous les téléspectateurs
34:44qui vont aller voir votre film.
34:46Ça tatoue des émotions.
34:47Merci beaucoup à tous les deux.
34:48Merci infiniment.
34:49Merci.
34:50Sous-titrage Société Radio-Canada
34:55Votre dose quotidienne de spectacle avec le Casino 2000 de Montdorff-les-Bains au Luxembourg.
35:22Votre rendez-vous culture avec Sortir en Moselle.com.
35:29Bon plan, bonnes adresses et bonne soirée en Moselle et au Luxembourg.
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