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  • il y a 11 heures
À Séoul, près de 500 000 jeunes adultes vivent socialement isolés dans une capitale de dix millions d'habitants où le silence intérieur gagne malgré le bruit permanent.
Regardez Le monde en marche avec William Galibert du 03 décembre 2025.

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Transcription
00:00R.T.L. Le Monde en Marche
00:03Le Monde en Marche avec vous William Galibert. Bonjour William.
00:06Bonjour.
00:06Et ce matin, cette épidémie de solitude qui touche la Corée du Sud et particulièrement sa capitale, Séoul.
00:12Oui, je vous avais déjà emmené en Corée du Sud il y a quelques semaines, là où les lycéens passaient le Sunung,
00:16cet examen genre baccalauréat, l'un des plus difficiles du monde,
00:20le symbole d'un pays qui pousse sa jeunesse à bout, une société où on grandit dans la compétition permanente,
00:25le chrono à la main, l'échec interdit.
00:28Eh bien, cette société fabrique des diplômés brillants, des cerveaux affûtés, aiguisés,
00:34mais aussi des êtres humains de plus en plus seuls.
00:37Et dans la capitale, Séoul, près de 500 000 jeunes adultes de 19 à 34 ans vivraient aujourd'hui socialement isolés.
00:45C'est la correspondante du journal Le Monde et également le site K-Sélection
00:48qui nous plonge dans le quotidien de ce demi-million de vies qui se replie dans une ville de 10 millions d'habitants.
00:55Le bruit est partout, les écrans partout, les néons partout, et pourtant le silence gagne.
01:00Un silence intérieur.
01:02Shin Yejin, 28 ans, raconte sa propre expérience d'étudiante débarquée dans la capitale.
01:07La première année, c'était très dur.
01:09Je vivais dans un Gauxiwon, une toute petite chambre près de la fac.
01:12Je n'ai jamais parlé à mes voisins, même en cours.
01:16Personne ne cherchait le contact en dehors des cours.
01:18Il y a eu des jours où je ne me suis pas rendu compte que je n'avais pas entendu ma propre voix.
01:24Une phrase simple mais d'une violence incroyable, ne plus entendre sa propre voix.
01:29Cette solitude, elle se loge dans ces Gauxiwon, ces micro-chambres parfois sans fenêtre
01:33que certains travailleurs sociaux comparent à des bidonvilles verticaux.
01:37Elle se loge aussi dans les emplois précaires, les journées trop longues, les familles dispersées,
01:43les relations qui ne naissent plus.
01:45Elle se loge partout où la vie devient une succession de gestes mécaniques.
01:49Elle n'est pas spécifique à la Corée du Sud.
01:51Le monde entier est concerné, nous aussi.
01:53Mais là-bas, elle atteint des niveaux vertigineux.
01:56En France, il y a 13 suicides pour 100 000 habitants.
02:00C'est déjà très lourd à porter.
02:01En Corée, c'est 29 suicides pour 100 000 habitants.
02:05Et c'est le chiffre le plus élevé de tous les pays développés.
02:08Et alors face à ces drames, la ville de Séoul cherche des solutions.
02:10Oui, la municipalité a ouvert depuis le mois de mars 4 lieux très particuliers.
02:16Ce sont les Maëmpionium, ce qui peut se traduire par supérette du cœur.
02:22Ce sont des espaces gratuits, ouverts du lundi au samedi,
02:25où l'on trouve des fauteuils, une petite bibliothèque, une salle de soutien psychologique,
02:30et puis un coin cuisine, où on peut préparer un café,
02:33ou recevoir un bol de nouilles instantanées chaque jour,
02:36pas pour ceux qui ont faim, mais pour ceux qui ont faim de chaleur humaine.
02:39Des nouilles comme remède à la solitude,
02:42comme un prétexte pour rester un petit peu,
02:45pour parler, pour ne pas rentrer tout de suite dans sa chambre.
02:48La ville a aussi mis en place une ligne spéciale, 24 heures sur 24.
02:53Au départ, elle était calibrée pour recevoir 3 000 appels par an.
02:56Elle en a reçu 24 000 en un mois et demi.
02:58Des milliers d'appels, au milieu de la nuit souvent,
03:01dans un pays où dire « je vais mal » équivaut encore trop souvent à perdre la face.
03:06Puis il y a d'autres réponses plus inattendues,
03:09comme ces groupes nés sur une application
03:11où on peut se rassembler pour marcher, à plusieurs, côte à côte,
03:15sans obligation de parler.
03:17C'est là que Shin Yejin, la jeune étudiante que je vous citais tout à l'heure,
03:20a trouvé du réconfort.
03:22Marcher avec des inconnus, ça semble simple,
03:26mais ça m'a beaucoup aidé.
03:27Personne n'attendait rien de moi.
03:29C'était rassurant.
03:30Et à l'échelle de Séoul, c'est déjà beaucoup.
03:32Juste sentir qu'on avance et que quelqu'un est à côté.
03:35Récit édifiant, le monde en marche qui nous emmène dans la grande solitude,
03:39l'épidémie de solitude de Séoul avec vous, William.
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