00:02Merci d'accepter de venir tous les deux ensemble.
00:07On va essayer de parler d'autre chose que de data, de chrono, de pneus, de pistes.
00:12Ça nous arrange en ce moment donc.
00:16Depuis quand vous connaissez Boucalaise ?
00:17Est-ce que vous vous souvenez de votre première rencontre ?
00:21Comme vous le savez, Fred est beaucoup plus vieux que moi.
00:24Vous n'avez suivi ses pas Laurent à l'estacar.
00:26Donc en fait, moi j'ai suivi ses pas, donc lui il ne le sait pas, mais à l'estacar c'était déjà une star.
00:32C'était un modèle ?
00:32C'était un modèle parce qu'il n'y a pas beaucoup d'étudiants de l'estacar qui ont créé leur équipe de sport automobile.
00:39Donc ça c'est les premiers souvenirs.
00:41Et en fait après, moi mon stage de fin d'études, je le fais chez son concurrent direct.
00:45Voilà, c'est le souvenir que j'ai moi.
00:47Voilà, donc le premier souvenir c'est...
00:49Des stagiaires chez Philippe Sineau en F3.
00:51Et donc à l'époque, l'équipe de Fred ART et l'équipe de Philippe Sineau étaient vraiment les deux équipes qui dominaient la scène...
00:582000, ouais.
00:59Ça dominait la scène française et peut-être aussi européenne de la Formule 3.
01:02Donc voilà.
01:03Est-ce que vous êtes amené à échanger hors contexte F1 ?
01:05Sans dévoiler de secret, on est voisins donc...
01:09Donc qu'on le veuille ou non, qu'on le veuille ou non.
01:12On est amené, s'il nous manque le lait, on peut aller chercher chez le voisin et vice-versa.
01:17Et dans un week-end de F1, quand vous vous croisez sur la grille, dans le paddock, vous avez le temps d'échanger ?
01:22Ou il y a même des week-ends parfois où vous voyez ?
01:23Il me donne son lachal que je dois ramener à Bologne.
01:26J'y vais un peu moins souvent, donc Fred Maitre dans ma vie de tous les jours.
01:29Non, mais honnêtement, ça serait un mauvais week-end si c'était un week-end où on ne s'arrêtait pas 10 minutes ou 15 minutes pour prendre un café.
01:36Donc c'est presque une petite tradition.
01:38Et sur la partie pro et sur la partie plus personnelle, on arrive toujours plus ou moins à la voir pendant le week-end.
01:43Est-ce que vous avez des copains dans le paddock ? Pas forcément de votre équipe ?
01:46Copains, c'est difficile, honnêtement, parce qu'on est tellement en compétition tout le week-end que c'est dur d'être vraiment amis.
01:55Mais on peut avoir de très bonnes relations, on peut se voir en dehors.
01:58Au bout du compte, c'est une grande famille dans cette pitlane.
02:01Même si on est compétiteur, même si on se bat, même s'il y a des moments de tension,
02:06au bout du compte, c'est malgré tout les mêmes personnes que tu vois toute l'année, tous les ans, pendant souvent plusieurs années.
02:14Alors oui, on change de couleur. Et donc malgré tout, il y a des rapports très, très resserrés avec beaucoup de personnes presque familiaux.
02:22Quel genre de patron vous êtes ? Est-ce que vous pouvez être un peu colérique ? Est-ce que vous pouvez être paternaliste avec vos pilotes ?
02:27Comment vous vous définissez ?
02:29Je pense qu'on fait quelque chose qui est très dur, nerveusement et psychologiquement, et d'avoir une gestion un peu humaine où on peut rigoler.
02:38Je sais que tout le monde fait le travail sérieusement dans l'équipe.
02:41Et le fait de rigoler, ce n'est pas du tout péjoratif.
02:44C'est plutôt de mettre de l'huile dans les rouages quand des fois les week-ends sont difficiles.
02:48Il y a tellement de travail dans le background qui est fait par les personnes que vous ne voyez pas ici.
02:54Il y a presque un devoir de s'interdire d'avoir un moment colérique.
03:00Parce qu'en réalité, notre travail, c'est de les mettre dans les meilleures conditions possibles pour qu'elles s'expriment, ces personnes.
03:05Essayer d'instaurer un peu un climat de sérénité qui permette aux gens de prendre des risques, de pousser à la limite.
03:12Ça veut dire aussi accepter de se casser la figure.
03:15Et donc, si on se casse la figure, il ne faut pas être colérique.
03:17Parce que sinon, ça veut dire que tout le monde prend un peu plus de marge de sécurité.
03:20Et d'un seul coup, la voiture devient beaucoup plus lente que ce que vous l'espérez.
03:25Quel est le premier truc que vous faites lorsque vous rentrez d'un Grand Prix, que vous arrivez chez vous ?
03:29Vous posez le téléphone, un bain, un massage, du yoga.
03:34Je suis une telle idée très différente de ce qu'elle a dit.
03:37Je donne des idées comme ça.
03:39Couper le téléphone, vous coupez tout ou c'est impossible ?
03:42Alors, malheureusement, non.
03:44Ça, je n'y arrive pas et je n'y suis jamais arrivé.
03:47Moi, je suis avant tout drogué à ça, je pense.
03:49Pas au téléphone, mais à la vie de l'équipe au quotidien, à l'entreprise.
03:53Et c'est très compliqué de couper.
03:56Ce n'est pas vécu comme une contrainte.
03:58Je pense que c'est plus vécu...
03:59Pour la famille, si, peut-être.
04:00Pour la famille, sans doute.
04:01Mais pour nous, non.
04:02C'est presque vécu, j'exagère un peu, comme une liberté.
04:05Parce qu'au bout du compte, c'est aussi ça qui te permet de rentrer chez toi.
04:09Tu rentres chez toi, tu es parti du boulot.
04:12Et en fait, tu sais que tu es jeune, tu sais que tu vas pouvoir être là pour l'équipe, etc.
04:16Donc, je ne le vis pas comme une contrainte.
04:19Est-ce que vous signez beaucoup d'autographes, faites beaucoup de selfies ?
04:22Vous êtes reconnus ?
04:23C'est Fred qui fait ce boulot-là, pour nous deux.
04:25En Italie ?
04:27Aussi, ils signent pour vous, ils ramènent les vêtements ?
04:28Ils signent pour tout le monde.
04:29Il ne faut pas imaginer que les gens courent après Laurent Mekies ou Frédéric Vasseur
04:33et courent après le team principal de Red Bull ou de Ferrari.
04:36Et que si demain, on change de métier, il n'y aura plus personne qui ne coure après.
04:41Il y aura quelqu'un d'autre, exactement.
04:42Bon, merci beaucoup en tout cas.
04:43C'était sympa d'avoir du sourire.
04:45Merci beaucoup.
04:46Mais je ne savais pas que ce serait hors F1, cette interview.
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