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Cours de philosophie diffusé le 27/11/ 2025 sur la plateforme du Projet Europe, Éducation, École :
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Dossier pédagogique : https://projet-eee.eu/wp-content/uploads/2025/11/eee.2025-2026_Stoiciens_Durand_Marion.pdf

Agora européenne des lycées : programme 2025-2026 :
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Éducation
Transcription
00:00Bonjour et bienvenue à tous sur la plateforme du Pogé Europe Éducation École pour participer
00:21ce matin donc à une réflexion sur les stoïciens, sur les émotions et les actions chez les stoïciens
00:29qui nous sera proposée par Marion Durand, professeur associé à l'Université d'Oxford, ancien élève également du lycée Jean-Pierre Vernant
00:38avec la participation également très active des élèves du lycée René Cassin à Oslo
00:49auxquels nous donnerons la parole après l'exposé et le cours lui-même.
00:56Chère Marion, merci d'avoir accepté notre invitation, on s'abandonne le plaisir de vous écouter, merci beaucoup.
01:04Merci beaucoup Monsieur Michalewski, c'est toujours un plaisir d'être parmi vous et de revenir pour participer à ce projet qui me tient beaucoup à cœur.
01:13Alors je vais commencer juste par présenter des excuses par avance parce que je parle aujourd'hui de sujets sur lesquels je travaille depuis maintenant longtemps
01:21principalement en anglais et je trouve que parfois je commence un peu à buter sur les mots en français, les mots me viennent plus facilement en anglais
01:27alors même que ma langue maternelle est bien le français et que j'ai été très bien éduquée en français au lycée Jean-Pierre Vernant,
01:33il m'arrive maintenant après toutes ces années en Angleterre de trouver l'anglais plus facile sur ces sujets-là sur lesquels je travaille
01:40et donc je vous présente mes excuses, j'espère que vous ne vous en tiendrez pas rigueur
01:44et il en va de même pour les anglicismes qui pourraient se glisser dans mon propos.
01:49Alors aujourd'hui je vous parle donc de l'action et des émotions et de l'analyse qu'en font les stoïciens
01:56et donc de la psychologie de l'action ou plus généralement la psychologie morale.
02:01Alors pourquoi est-ce qu'on se pose des questions sur la psychologie morale ou la psychologie de l'action ?
02:06Pourquoi est-ce que ça a une pertinence philosophique ?
02:09Et bien parce que ce sont des questions sur lesquelles les philosophes de l'Antiquité se sont beaucoup penchés
02:15parce qu'ils pensent que la psychologie morale va de pair avec l'éthique.
02:21C'est-à-dire que quand on réfléchit à l'éthique, au comportement à avoir, à la vie bonne,
02:27il faut aussi qu'on se soucie de la psychologie, de l'agent qui se comporte de façon morale
02:34et du processus de décision qui va donner lieu à son action.
02:40Et c'est cette idée que les deux vont de pair perdure, mais était peut-être plus présente dans l'Antiquité qu'aujourd'hui.
02:49Et pourtant, je pense qu'il y a quelque chose d'assez intuitif à ça.
02:52Alors pour prendre juste un exemple, vous connaissez peut-être cette histoire du chien
02:56qui va sauver un enfant qui se noie dans une rivière.
03:00Donc un enfant tombe dans la rivière, le chien va sauver l'enfant et on dirait là, le chien, quel héros !
03:06On le félicite et on le récompense avec une côte de bœuf.
03:10Il y a un article dans le journal qui dit le chien héroïque qui a sauvé l'enfant qui se noyait dans la rivière.
03:16Et puis quelques jours plus tard, un autre enfant tombe dans la rivière et le chien à nouveau sauve l'enfant.
03:21Sauve l'enfant, saute dans la rivière, sauve l'enfant, on le félicite, on lui donne une autre côte de bœuf.
03:25Vraiment ce chien, quel chien formidable, heureusement qu'il est là.
03:28Et puis ça se reproduit encore et puis ça se reproduit encore et encore.
03:30Et à chaque fois, le chien va sauver l'enfant et on trouve ce chien vraiment formidable.
03:34Et puis on vient à se rendre compte qu'en fait, c'est le chien qui pousse les enfants dans la rivière.
03:39Et on vient à penser qu'il fait ça parce qu'à chaque fois qu'il pousse les enfants dans la rivière, il sauve l'enfant et on lui donne une côte de bœuf.
03:46Et donc le chien ne sauve pas les enfants.
03:49Peut-être le premier, le chien l'a fait parce que c'était la bonne chose à faire, mais en fait, le chien sauve les enfants parce qu'il veut une côte de bœuf.
03:56Et quand on en vient à se rendre compte que le chien fait ça, non pas pour l'action en elle-même, parce que c'est une bonne chose de sauver un enfant, mais pour une côte de bœuf,
04:06on en vient à penser que l'action du chien est moins morale que quand on pensait qu'il le faisait pour l'action en elle-même.
04:14Donc qu'est-ce que nous dit cette histoire ? Ça nous montre qu'on a tendance à penser que les motivations qui donnent lieu à une action sont pertinentes quant à l'évaluation de la moralité de l'action.
04:27Et ça, c'est quelque chose que les stoïciens et les philosophes grecs en général pensaient de manière encore plus poussée, c'est-à-dire qu'ils pensent que toute violation de règles éthiques est toujours accompagnée ou due à une déficience psychologique.
04:43C'est-à-dire que quand je n'agis pas moralement, c'est que quelque part dans la psychologie de mon action, on peut identifier une déficience ou un problème.
04:53Alors la psychologie de l'action, la psychologie morale, c'est un sujet qui a beaucoup travaillé les philosophes de l'antiquité grecque, Aristote, Platon, les stoïciens,
05:03parce qu'ils pensent que la psychologie morale, c'est quelque chose qui va de pair avec l'éthique. Donc quand on se soucie d'éthique, de la bonne conduite, des actions morales et de la vie bonne,
05:15il faut se soucier de la psychologie de l'agent qui fait ses actions.
05:20Et je pense qu'en fait, même si cette idée que ça va vraiment de pair avec l'éthique est peut-être moins présente dans la philosophie contemporaine,
05:30c'est quand même quelque chose d'assez intuitif. Alors prenons un exemple, vous connaissez peut-être cette histoire du chien qui sauve un enfant qui se noie dans une rivière.
05:39Alors l'enfant tombe, le chien sauve l'enfant et on félicite le chien. Il y a un article dans la presse locale disant « chien courageux, formidable, le chien a sauvé l'enfant »
05:50et on récompense le chien en lui donnant une côte de bœuf. Et puis quelques jours plus tard, un enfant à nouveau tombe dans la rivière et à nouveau le chien sauve l'enfant.
05:59On dit « oh là là, vraiment ce chien, quel chien formidable qui se comporte comme ça courageusement ».
06:04Et puis à nouveau, un autre enfant tombe dans la rivière et ça commence à se répéter un peu souvent.
06:08Et puis on finit par se rendre compte qu'en fait, le chien pousse les enfants dans la rivière et on comprend qu'il les pousse dans la rivière parce qu'à chaque fois qu'il les pousse dans la rivière,
06:16il est récompensé d'une côte de bœuf et que donc il a bien compris que s'il pousse un enfant dans la rivière, il aurait une côte de bœuf.
06:22Maintenant qu'on sait que la raison pour laquelle le chien sauve les enfants, ce n'est pas parce qu'il sait que c'est une bonne chose de sauver un enfant, mais parce qu'il veut une côte de bœuf,
06:31on en vient à penser que peut-être son action est en fait moins morale et en tout cas moins louable que ce qu'on pensait.
06:39Donc ce chien qu'on pensait être un héros est en fait un chien comme les autres et qui aime bien les côtes de bœuf.
06:44Ce que nous montre cette histoire, c'est qu'on a tendance à penser que les motivations qui sont à l'origine d'une action, là l'action du chien qui sauve l'enfant, ont une pertinence quant à notre évaluation de l'action, en tout cas de sa moralité.
07:02On pense que l'action du chien est moins morale et moins louable si elle n'a pas été faite pour les bonnes raisons.
07:09Et d'une manière générale, on a tendance à penser que l'action la plus morale, l'action bonne est celle qui est faite pour l'action elle-même et non pas pour d'autres raisons, ni par erreur d'ailleurs.
07:18Si je sauve un chat qui est en train de se noyer parce qu'il est dans mon sac, en ne sachant pas que le chat était dans mon sac et en ne voulant sauver que mon sac, on va penser que j'ai agi moins bien que si je savais que le chat était là.
07:31Donc par erreur, pareil, on va penser que mon action est moins morale, moins louable que si elle a été faite parce que je pensais que l'action était la bonne action et non si l'action est la fin en elle-même.
07:46Donc tout ça, ça montre que la psychologie, c'est-à-dire le processus de décision qui donne lieu à l'action, a une pertinence éthique.
07:59Et ça, c'est quelque chose que vraiment les philosophes de l'Antiquité grecque pensaient très fortement et ils vont même à penser que toute violation de règles éthiques va être accompagnée ou même due à une déficience psychologique.
08:12C'est-à-dire que quand je n'agis pas moralement, c'est que forcément quelque part dans la psychologie de mon action, on va pouvoir aller identifier une déficience ou un problème.
08:22Donc vraiment, les deux vont de pair.
08:25Donc ça, c'est une des motivations pour cette étude de ces questions de psychologie morale.
08:31Alors maintenant, aujourd'hui, je vais me centrer principalement sur les stoïciens.
08:37Donc qui sont les stoïciens ? Les stoïciens, c'est des philosophes de l'Antiquité grecque qui écrivent après Aristote et Platon.
08:44Donc on a Platon d'abord, Aristote, et ensuite, il y a une espèce de fragmentation du contexte intellectuel en Grèce ancienne,
08:52où on a plusieurs écoles de pensée qui émergent, donc les stoïciens, les épicuriens, les sceptiques.
08:59Et donc les stoïciens, les premiers stoïciens à écrire au IIIe siècle avant Jésus-Christ.
09:04Et l'école de pensée stoïcienne s'étend dans le temps sur plusieurs siècles,
09:09puisqu'elle arrive jusque dans l'époque romaine avec des philosophes comme Sénèque, comme Épictète,
09:14et jusqu'à Marc-Aurel au IIe siècle après Jésus-Christ.
09:18Et c'est une école qui est très présente dans la période dite hélénistique après Aristote,
09:25avec des gens comme Zénon, Cléant, Crisip, qui sont probablement des noms que vous n'avez jamais entendus,
09:31et qui ensuite a vraiment un moment de gloire pendant la période romaine,
09:36où les Romains sont très actifs, et donc on a ces textes plus tardifs.
09:40Alors, une chose à savoir, c'est qu'on n'a aucun des écrits des premiers stoïciens.
09:44Donc, Zénon, Cléant, Crisip, ce qu'ils ont écrit n'a pas été conservé.
09:49Donc, on a accès à leur pensée que par des fragments, des citations, des paraphrases d'auteurs plus tardifs.
09:57Donc, si vous n'avez peut-être pas regardé le dossier pédagogique,
10:02si vous l'avez regardé, vous aurez vu une sélection de textes un peu diverse,
10:08et c'est justement parce qu'on n'a pas de textes clés de ces premiers stoïciens.
10:16Donc, on a à la place des textes comme des textes de Plutarque, qui n'est pas stoïcien,
10:20mais qui nous racontent ce que pensaient les stoïciens,
10:22souvent parce qu'ils sont en désaccord avec eux.
10:26Par contre, pour Sénèque, Épictète ou Marc Aurel,
10:29qui sont ces philosophes de la période romaine, là, on a des textes,
10:32et sur ces questions-là, ils ont l'air d'être plutôt en accord tous ensemble.
10:36Donc, on peut reconstruire un peu leurs pensées grâce à tout ça.
10:40Alors, les stoïciens, ils ont une philosophie qui est vraiment centrée sur l'éthique.
10:46Donc, ils ont une philosophie qui est très complète.
10:48Ils ont de la logique, de la philosophie du langage, de l'épistémologie,
10:52de la métaphysique, de la théologie qui est très avancée,
10:55mais tout ça avec une vision et focalisée sur l'éthique,
10:59parce qu'ils pensent que la vie bonne est la vie vertueuse.
11:03Donc, pour être heureux, nous disent-ils, il faut être vertueux.
11:06Et j'y reviendrai.
11:07Et ils pensent que la vertu, c'est vivre en adéquation ou en accord avec la nature.
11:13Et c'est la nature avec un grand N,
11:15qui est une nature rationnelle et qui est identique avec leur Dieu.
11:19Ils sont théistes, et ils pensent que Dieu gouverne le monde entier
11:24et est partout dans le monde.
11:26Et donc, qu'est-ce que c'est que d'être vertueux ?
11:28C'est d'être en accord avec Dieu, et donc en grande partie d'être rationnel.
11:32Donc, leur philosophie est éthique, elle est fondée sur la vertu,
11:37mais cette vertu est considérée et conceptualisée de manière purement rationnelle.
11:42Et donc, mon propos va porter en grande partie sur cet aspect rationnel de la vertu
11:49et donc de la façon dont les humains se comportent.
11:53Et donc, la question de la psychologie de l'action est particulièrement intéressante
12:00chez les stoïciens parce qu'ils en donnent une analyse qui est très différente
12:03de ce qu'on trouve, par exemple, chez Platon ou chez Aristote,
12:06qui ont écrit avant eux.
12:07Et j'expliquerai un petit peu en quoi ils sont différents.
12:13Mais donc, ils sont intéressants parce qu'ils ont une analyse très différente.
12:18Et enfin, ils sont intéressants parce que les stoïciens,
12:20et c'est peut-être, si vous avez déjà entendu parler des stoïciens,
12:22c'est peut-être comme ça que vous les connaissez,
12:24c'est eux, ces deux qu'on trouve, qu'on a le mot stoïque.
12:27Être stoïque, ne pas avoir d'émotion, ça vient des stoïciens.
12:31Alors, les stoïciens, ils s'appellent comme ça parce qu'à Athènes,
12:34ils donnaient cours dans une école sous un portique.
12:36Un portique qui était bariolé.
12:39Et portique en grec, c'est stoa.
12:41Donc, leur école s'appelait la stoa.
12:43C'est pour ça qu'ils s'appellent les stoïciens.
12:45Et donc, on leur doit le mot stoïque.
12:46Et on leur doit le mot stoïque parce que les stoïciens,
12:48entre autres choses, disent qu'il faut s'affranchir des émotions.
12:52Il faut éradiquer les émotions.
12:53Et donc, le sage éradique les émotions.
12:55Et on leur attribue cette position souvent.
13:03Alors, à la fin de mon cours aujourd'hui,
13:05je vais revenir un petit peu sur exactement ce que ça veut dire
13:07et ce que c'est vrai qu'on éradique complètement les émotions.
13:11Mais c'est pour ça qu'on les connaît
13:12parce qu'ils disent qu'il faut s'affranchir des émotions.
13:14Et il se trouve que l'analyse qu'ils donnent des émotions
13:18est entièrement liée à celle qu'ils donnent des actions.
13:21Donc, pour comprendre ce qu'ils veulent dire
13:24quand ils disent qu'il faut s'affranchir des émotions
13:26et pourquoi ils pensent ça,
13:27il faut comprendre ce qu'ils ont à dire
13:30sur l'action et la psychologie de l'action.
13:33Voilà.
13:34Donc, ça, c'est la motivation,
13:36le pourquoi on devrait s'intéresser à ces questions.
13:40Mon propos aujourd'hui va s'articuler de la manière suivante.
13:43Dans une première partie, je vais donc parler de l'action.
13:45Je vais vous expliquer l'analyse
13:46que les stoïciens offrent de la psychologie de l'action
13:49en parlant un peu d'impulsion,
13:51qui est un concept clé.
13:54Il va falloir qu'on fasse un petit peu d'épistémologie
13:56parce que leur psychologie de l'action
13:58est vraiment rationnelle
13:59et fondée sur les jugements qu'on a.
14:03Et puis ensuite, on va regarder
14:04comment ça s'applique aux émotions.
14:06Et on va réfléchir un petit peu
14:07à la façon dont on peut caractériser ces émotions
14:10parce qu'à la fois, les émotions, on va le voir,
14:13sont rationnelles
14:13et à la fois, elles ne le sont pas du tout.
14:16Et donc, il y a une nuance à faire
14:18entre la rationalité et l'irrationalité des émotions.
14:21Et puis, dans une deuxième partie,
14:23alors peut-être que la première partie,
14:24telle que je l'ai décrite,
14:25peut être un peu plus longue
14:26que la première partie en temps de notre cours,
14:29donc je m'arrêterai peut-être un peu avant.
14:31Mais dans une deuxième partie logique,
14:33je vais parler un peu des conséquences
14:35pour l'éthique, plus généralement,
14:36de cette analyse des actions et des émotions.
14:41Réfléchir au fait que l'analyse
14:43de l'action immorale des stoïciens,
14:46qui est intellectualiste,
14:47c'est-à-dire vraiment rationnelle,
14:48va décrire l'action immorale comme une erreur
14:51et donc réfléchir à comment on répond
14:55à une action immorale
14:56au vu du fait qu'elle est une erreur.
15:00Et puis enfin, réfléchir un petit peu
15:02à la vie du sage,
15:03c'est-à-dire cet agent idéal
15:05qu'on est censé tous espérer devenir un jour,
15:07et à la place des émotions dans la vie du sage.
15:11Le sage stoïcien, c'est l'agent heureux,
15:15c'est la seule personne heureuse
15:18et à peu près personne n'arrive à devenir un sage.
15:21Donc les stoïciens pensent qu'on est tous malheureux
15:23et que seul le sage qui est vertueux est heureux.
15:27Mais nous, on essaye,
15:28on essaye et c'est ça qu'on doit essayer de faire,
15:30c'est de devenir le sage.
15:32Mais on peut se demander
15:33si le sage est vraiment heureux,
15:34s'il n'a aucune émotion.
15:35Et qu'est-ce que ça veut dire
15:37de dire que le sage est heureux
15:38s'il n'a pas d'émotion.
15:39Voilà, donc ça, ce sera à la fin.
15:42Et on aura un peu de temps
15:43pour des questions et des discussions
15:45entre les deux parties
15:47et puis à la fin aussi, je l'espère.
15:50Alors, commençons avec l'action.
15:54Alors, comme je l'ai dit,
15:54les stoïciens se démarquent
15:57de leurs prédécesseurs
15:58et notamment de Platon et d'Aristote.
16:00Alors, pour faire très court
16:01et pour ne pas m'attarder,
16:03je vais vous dire juste en grande ligne,
16:04vous donner une idée
16:06de ce que nous dit Platon.
16:07Par exemple, dans La République,
16:09Platon décrit l'âme
16:10comme étant composée
16:11de différentes parties
16:12dans La République.
16:13Alors, puis, il y a trois parties.
16:14Il y a une partie qui est rationnelle
16:16et puis deux autres parties.
16:17On n'a pas besoin
16:17de se préoccuper trop des détails.
16:20Les deux autres parties
16:20sont irrationnelles.
16:22Et ce que va nous dire Platon,
16:25c'est que dans les situations
16:26où on agit de manière
16:29apparemment irrationnelle,
16:31où, par exemple, peut-être,
16:33on sait qu'on ne devrait pas
16:34manger une quatrième part de gâteau,
16:37mais qu'on le fait quand même,
16:39Platon va nous dire
16:39que c'est la partie irrationnelle
16:41de l'âme
16:42qui va prendre le dessus
16:44et que la partie irrationnelle
16:45de l'âme n'arrive pas
16:46à la contrôler.
16:48Donc, on a ces différentes parties
16:49de l'âme
16:49qui peuvent se battre entre elles.
16:53Les stoïciens, au contraire,
16:55eux, ne laissent aucune place
16:56à l'irrationalité.
16:57Donc, eux, refusent de dire
17:01qu'il y a une partie
17:01irrationnelle de l'âme.
17:04Alors, il y a des êtres irrationnels,
17:06donc les animaux, par exemple,
17:08les bébés,
17:10ça, ce sont des êtres
17:11qui ont des âmes irrationnelles,
17:12donc ils ne sont pas capables
17:13de raison.
17:15Mais les êtres humains,
17:16ceux qui les démarquent, eux,
17:17des autres êtres vivants,
17:19c'est justement qu'ils sont
17:20doués de raison.
17:22Donc, l'âme humaine,
17:24selon les stoïciens,
17:24est entièrement rationnelle.
17:26Donc, ils ne peuvent pas dire
17:28que, quand on agit,
17:30il y a une part de rationalité
17:32et une part d'irrationalité en nous
17:34qui, peut-être,
17:35se font opposition,
17:36puisque l'âme est purement rationnelle.
17:39Donc, il faut qu'ils donnent
17:40une analyse de cette action
17:43qui va être différente,
17:45puisqu'elle va être fondamentalement
17:46et purement rationnelle.
17:49Alors, maintenant,
17:50pour comprendre un peu
17:52leur analyse de l'action,
17:54comme je l'ai dit,
17:55on va devoir faire un petit peu
17:56d'épistémologie.
17:58Et c'est parce que,
17:59comme nos actions vont être analysées
18:02de manière très rationnelle,
18:03elles vont forcément se baser
18:05sur un contexte épistémologique.
18:09Alors, les stoïciens pensent que,
18:11quand on vit notre vie,
18:13quand on se comporte
18:14n'importe où dans le monde,
18:15on est constamment présenté,
18:17il nous apparaît des présentations,
18:21des représentations ou des impressions.
18:23Alors, on dit impression
18:23parce que c'est le monde
18:25qui littéralement imprime
18:26quelque chose sur notre âme
18:27à travers nos sens.
18:29Ça peut être la vue,
18:29ça peut être les toucher.
18:31Et ces impressions
18:33ou ces présentations
18:34sont la base de nos jugements.
18:36Donc, je vais recevoir
18:37du monde une impression,
18:39une présentation.
18:39Par exemple, je regarde dehors
18:41et je vois que le ciel est nuageux.
18:43J'espère qu'il fait plus beau
18:43à Sèvres ou à Oslo
18:45ou ailleurs qu'à Oxford.
18:46À Oxford, c'est très nuageux.
18:48Donc, je regarde dehors,
18:49j'ai une présentation
18:50que le ciel est nuageux
18:52et je peux lui donner
18:53mon assentiment.
18:55C'est-à-dire, je peux y acquiescer,
18:56je la juge vrai,
18:57je juge que ce que je vois est vrai.
18:59Et donc, je forme le jugement
19:01que le ciel est bleu.
19:03Et je vais faire ça tout le temps
19:04et je vais avoir
19:06un amas de jugements
19:10que mon thé est chaud,
19:12que vous êtes là avec moi,
19:14que je parle,
19:15que la table est blanche.
19:17Et puis, je peux aussi avoir
19:18des présentations
19:19qui ne sont pas nécessairement
19:20perceptibles,
19:22mais intelligibles.
19:23Par exemple,
19:24que 2 plus 2 égale 4.
19:26Et tout ça,
19:26je vais juger que c'est vrai.
19:27Je peux aussi avoir
19:28des impressions qui sont fausses.
19:29Par exemple,
19:30si j'enlève mes lunettes
19:31et que je regarde loin,
19:32je vais peut-être voir
19:33un animal passer,
19:35penser que c'est un chat,
19:36alors qu'en fait,
19:36c'est un chien.
19:38Donc là, je peux regarder
19:39et dire,
19:39ah, je n'ai pas mes lunettes,
19:41je ne vais pas acquiescer
19:42à cette présentation.
19:43Je vais dire,
19:44je ne sais pas ce que c'est,
19:44je ne vais pas y acquiescer
19:47et donc je ne vais pas
19:47dans ce cas-là
19:48former le jugement
19:49que c'est un chien.
19:52Donc ça,
19:52c'est en très très grande ligne,
19:56c'est le contexte
19:57de l'épistémologie stoïcienne
19:59où on a ses présentations,
20:01ses impressions
20:01et on y acquiesce ou non
20:04pour former des jugements.
20:08Et pourquoi je vous dis tout ça ?
20:10Parce que toute action,
20:12selon les stoïciens,
20:14a au départ,
20:16la chose qui donne lieu à l'action,
20:19c'est une impulsion.
20:21Alors une impulsion,
20:22c'est un terme technique
20:24pour les stoïciens,
20:25ça traduit le grec hormé.
20:28Et qu'est-ce que c'est
20:29qu'une impulsion,
20:29selon les stoïciens ?
20:30C'est un jugement.
20:32C'est un jugement spécial,
20:33ce n'est pas un jugement
20:34comme les autres.
20:34Donc quand je regarde dehors
20:37que je vois que le ciel est nuageux,
20:38ça ne va pas,
20:39et je dis oui le ciel est nuageux,
20:40je forme le jugement
20:41que le ciel est nuageux,
20:42ça ne me pousse pas à agir.
20:44Mais certains jugements,
20:46selon les stoïciens,
20:47sont tels
20:47qu'ils vont nous pousser à agir.
20:50Alors de quel type de jugement
20:51s'agit-il ?
20:52C'est des jugements
20:53qui sont fondamentalement évaluatifs,
20:56parce qu'ils vont évaluer une action,
20:58et c'est une évaluation
20:59de ce qui est approprié.
21:01À nouveau, approprié,
21:02c'est un terme
21:02que les stoïciens utilisent
21:05de manière technique,
21:06et c'est qui est approprié pour moi.
21:09Donc je vais dire
21:09il est approprié pour moi
21:11de faire quelque chose.
21:13Et juger qu'il est approprié
21:15pour moi de faire quelque chose,
21:17si je juge que c'est vrai,
21:18donc si je juge
21:19qu'il est approprié pour moi
21:19de faire quelque chose,
21:20automatiquement,
21:22je vais le faire.
21:24Si je juge
21:24qu'il n'est pas approprié
21:25pour moi de le faire,
21:27je vais essayer de l'éviter.
21:30Donc on peut avoir une impulsion
21:31ou au contraire,
21:32une aversion,
21:34quelque chose
21:34qui cherche à l'éviter.
21:35Donc l'impulsion peut être
21:36vers quelque chose
21:37ou peut être
21:38pour chercher à l'éviter.
21:39Dans les deux cas,
21:39on peut parler d'impulsion.
21:42Et on dit que ce jugement
21:43se rapporte à une représentation
21:45qui est impulsive.
21:46Donc on a une représentation
21:48qui est une représentation
21:49qui représente
21:50une action comme appropriée.
21:52Donc par exemple,
21:54il me semble qu'il est approprié
21:55pour moi de marcher.
21:57Si je juge que c'est vrai,
21:59je vais marcher.
22:00Alors,
22:00quand on parle d'impulsion,
22:03de représentation impulsive,
22:04de quelque chose d'impulsif,
22:07on pourrait penser
22:07que c'est quelque chose
22:10de très spontané.
22:11On pourrait aussi penser
22:12que c'est quelque chose
22:13qu'on peut arrêter
22:13parce que parfois,
22:14on va dire
22:14« Oh, j'étais un peu impulsif,
22:16j'aurais pas dû »,
22:17par exemple.
22:18Je pense que là,
22:19le français,
22:19la traduction commence
22:21à nous perdre un petit peu.
22:22C'est difficile de traduire
22:23ces mots grecs
22:23que les stoïciens utilisent
22:25de manière technique.
22:26Donc c'est pas comme ça
22:27qu'il faut le penser.
22:28Donc c'est pas impulsif
22:29au sens visuel
22:30et c'est certainement
22:31pas quelque chose
22:32qu'on peut arrêter.
22:32C'est-à-dire qu'une fois
22:33que j'ai eu cette impulsion,
22:35l'action va suivre,
22:36nécessairement.
22:37Je peux pas arrêter mon action
22:38si j'ai jugé
22:39qu'il est approprié
22:40pour moi de faire quelque chose.
22:41Alors, encore une fois,
22:42prenons un exemple
22:42pour essayer
22:43de rendre tout ça
22:44un peu concret.
22:46Il se trouve que j'ai soif.
22:49J'ai une présentation
22:50que j'ai devant moi
22:51un verre d'eau
22:52ou en l'occurrence
22:53une thèse de thé.
22:54Eh bien, je vais avoir
22:56une impression
22:57ou une présentation
22:58qu'il est approprié
22:58pour moi de boire.
23:01Si j'ai cette présentation
23:02et que je la juge vraie
23:03et que donc je forme
23:05un jugement
23:05qu'il est approprié
23:06pour moi de boire,
23:07forcément, je vais boire.
23:09J'ai formé l'impression
23:10qu'il était approprié
23:11pour moi,
23:12le jugement
23:12qui était approprié
23:13pour moi de boire,
23:13donc j'ai bu.
23:15Je n'ai pas pu m'arrêter
23:17une fois que j'avais
23:18formé ce jugement.
23:19Par contre,
23:20ça ne veut pas dire
23:21que forcément,
23:22à chaque fois que je bois,
23:23je fais ça
23:24de manière consciente.
23:26Donc, ce n'est pas
23:26comme si à chaque fois
23:27que je bois,
23:27je me dis
23:28« Ah tiens, j'ai soif.
23:30Ah tiens, voilà
23:31quelque chose à boire.
23:32Ah tiens, il est approprié
23:33pour moi de boire. »
23:34Ce n'est pas ça
23:35que les sociétiens disent.
23:36Donc, ce n'est pas
23:36forcément explicite.
23:37Le raisonnement n'a pas besoin
23:38d'être explicite à soi-même.
23:41Mais ce que les sociétiens disent,
23:42par contre,
23:43c'est que si on m'interrogeait,
23:46par exemple,
23:46je pense que j'ai dû boire
23:47il y a à peu près 5 minutes
23:48pendant que je parlais,
23:49j'ai fait une petite pause,
23:49j'ai bu,
23:50je n'ai pas à ce moment-là
23:51décidé « Tiens, maintenant
23:52je vais boire. »
23:52Mais si les sociétiens
23:53ou si quelqu'un venait
23:54et m'interrogeait
23:55sur pourquoi j'ai bu,
23:57au bout d'un moment,
23:58si on m'interrogeait
23:59suffisamment,
23:59je dirais
24:00« Je pensais que c'était
24:01la bonne chose à faire. »
24:03Il m'a semblé
24:03qu'il était approprié
24:04pour moi de boire.
24:06Et donc, ce que les sociétiens
24:07disent, c'est que
24:08pour toute action,
24:10ce qui nous a donné,
24:12ce qui a donné lieu
24:13à l'action,
24:14ce qui nous a motivés,
24:15c'est un jugement
24:15qu'il était approprié
24:16pour nous de faire ça.
24:21Alors, dans le cas de
24:22moi qui vois monter,
24:24c'est tout à fait acceptable.
24:26On peut se dire
24:26que ce n'est pas très intéressant,
24:28finalement.
24:28On voit bien que j'ai bu.
24:30Bon, très bien.
24:31Mais il va y avoir
24:32des cas plus compliqués
24:33et il va notamment
24:34y avoir des cas
24:34où on a fait quelque chose
24:36qu'on n'aurait pas dû faire.
24:38Et donc, il faut expliquer
24:39là où on s'est trompé,
24:41ce qui s'est passé,
24:41où le problème a eu lieu.
24:44Donc, par exemple,
24:45quand je juge
24:46qu'il est approprié pour moi
24:47de manger une troisième
24:48part de gâteau
24:49et qui plus est,
24:51la dernière part de gâteau,
24:53alors que quelqu'un d'autre
24:53peut-être n'en a pas eu
24:54et que je mange,
24:56donc je juge que c'est approprié
24:57pour moi de faire ça,
24:58je mange.
24:59Là, j'ai eu un jugement
25:01qui était faux.
25:02Il n'était pas en fait
25:03approprié pour moi
25:04de manger le gâteau
25:05parce que c'était mauvais
25:07pour ma santé,
25:07parce que quelqu'un d'autre
25:08en voulait,
25:09parce que bon.
25:10Donc, ce n'était pas approprié
25:11pour moi de manger le gâteau.
25:12Et donc, mon action
25:14était immorale
25:16et, selon les stoïciens,
25:17irrationnelle
25:17parce qu'elle est basée
25:18sur un jugement faux.
25:19Elle allait à l'encontre
25:20de la raison.
25:24Encore une fois,
25:24ce n'est pas nécessairement
25:25conscient,
25:25c'est-à-dire que
25:26je ne me suis pas dit
25:27« Ouh, tiens,
25:29voilà du gâteau,
25:30il a l'air très bon,
25:31c'est approprié pour moi
25:32de manger ce gâteau. »
25:34Mais si on me disait
25:35« Mais Marion,
25:35pourquoi tu as mangé le gâteau ?
25:37Tu avais déjà mangé deux parts.
25:38Pourquoi tu as mangé ce gâteau ? »
25:40Eh bien, je dirais
25:41« Je ne sais pas,
25:43il avait l'air bon,
25:45je ne sais pas,
25:45j'avais envie de manger. »
25:46« Oui, je pensais que
25:47j'avais envie de manger,
25:49c'était bon pour moi
25:50de manger le gâteau. »
25:51Et donc,
25:52ce que les stoïciens pensent
25:53qu'ils font là
25:54quand ils disent ça,
25:55c'est qu'ils ne révèlent pas
25:56nécessairement quelque chose
25:57dont on est conscient
25:57et qu'on est capable
25:59d'exprimer clairement,
26:01mais c'est quand même ça
26:02qui se passe psychologiquement
26:03dans notre motivation.
26:04et ils pensent
26:05qu'ils vont pouvoir
26:05répliquer cette analyse
26:06pour toutes nos actions.
26:08Donc, toute action
26:09qu'on fasse,
26:10de manière consciente ou non,
26:11de manière réfléchie ou non,
26:13va au final
26:14être fondée
26:15sur cette impulsion.
26:19Donc, en résumé,
26:20une action vient d'un processus
26:24qui est entièrement rationnel,
26:25qui est basé sur un jugement
26:26et un jugement
26:27que l'action est appropriée
26:28pour moi.
26:30Et donc, on voit
26:31qu'il n'y a pas du tout
26:31de place pour quelque chose
26:34qui vienne entraver
26:35mon raisonnement,
26:36mon raisonnement
26:37dans le sens de mon jugement.
26:39Il n'y a pas quelque chose
26:41qui puisse venir
26:42prendre la place
26:43de ma capacité rationnelle.
26:46Platon pourrait dire
26:47« Je savais,
26:49mon âme,
26:51la partie rationnelle
26:52de mon âme,
26:53savait que de manger
26:55la troisième paire de gâteau
26:56n'était pas bon pour moi,
26:57mais néanmoins,
26:58j'avais faim
26:58et la faim
27:00m'a fait manger le gâteau.
27:01Tout en sachant
27:03que ça n'était pas bon pour moi. »
27:04Les stoïciens ne peuvent pas dire ça.
27:05Les stoïciens doivent dire
27:07« Non, je pensais
27:09que c'était bon pour moi
27:10de manger le gâteau. »
27:12Il n'y a pas autre chose
27:13qui est venue
27:13me faire agir.
27:15C'est ma raison
27:16qui m'a poussée
27:17à l'action.
27:20Donc ça,
27:21c'est la psychologie
27:24de l'action
27:24qui est en fait
27:25à la fois assez compliquée
27:27parce qu'elle se base
27:28sur un jugement,
27:29une impression,
27:32une représentation
27:33que quelque chose
27:33est approprié,
27:34puis le jugement
27:35que c'est bien le cas
27:36qui ensuite donne lieu
27:37à l'action.
27:38Mais d'un autre côté
27:39est en fait très simple
27:40puisque pour toute action,
27:41il y a un jugement
27:42que l'action était appropriée.
27:44Ce jugement lui-même
27:45peut être basé
27:45sur d'autres jugements.
27:47On peut avoir
27:47un fondement rationnel
27:49pour ces autres,
27:49une justification
27:50pour ce jugement
27:51qui est approprié
27:52pour moi de faire quelque chose,
27:53mais au final,
27:54c'est ce jugement
27:54qui va donner lieu à l'action.
27:55Alors maintenant,
28:02les émotions.
28:04Alors on parle d'émotions,
28:05on peut aussi parler
28:06de passion.
28:08Le mot grec,
28:08c'est pathos
28:09ou pathé au pluriel,
28:11qui nous donne apathie
28:14ou pathétique.
28:16Donc le sage,
28:17par exemple,
28:18c'est celui qui est apathique,
28:19il n'a pas de pathos,
28:20de passion.
28:21Et pathos,
28:22ça veut vraiment dire
28:22c'est quelque chose
28:24qu'on endure,
28:25qui nous arrive.
28:27Donc déjà,
28:27dans le mot,
28:28on sent
28:28une connotation
28:30un peu intéressante.
28:32Donc on parle parfois
28:33d'émotions,
28:33parfois de passion,
28:34parce que passion donne
28:35cette impression
28:36de quelque chose
28:37qui nous arrive.
28:38Passion plutôt qu'action.
28:42Alors,
28:43l'émotion,
28:43la passion,
28:44est définie
28:45par les stoïciens
28:46comme une impulsion
28:47excessive
28:49qui n'obéit pas
28:51à la raison
28:51ou un mouvement
28:53de l'âme
28:54irrationnel
28:55et contraire
28:56à la nature.
28:58Mais ils vont aussi dire
28:59que toutes les passions
29:00relèvent de la raison.
29:02Alors,
29:02il y a plusieurs choses
29:03qui sont intéressantes
29:04là-dedans.
29:04Donc c'est une impulsion
29:05excessive
29:06qui n'obéit pas
29:08à la raison.
29:10C'est aussi
29:10un mouvement de l'âme
29:11qui est irrationnel
29:13et contraire à la nature,
29:14mais ça relève aussi
29:15de la raison.
29:16Donc déjà,
29:17on sent qu'il y a une tension
29:18parce que ça n'obéit
29:19pas à la raison,
29:20c'est irrationnel
29:22et contraire à la nature.
29:23Alors,
29:23irrationnel et contraire
29:24à la nature,
29:24ça veut à peu près
29:25dire la même chose
29:25pour les stoïciens.
29:27Mais néanmoins,
29:28ça relève de la raison.
29:29Alors,
29:30comment est-ce que ça peut être
29:30à la fois irrationnel
29:32et à la fois relevé
29:33de la raison
29:34et donc rationnel ?
29:36Avant de se poser
29:37cette question-là,
29:38on va s'arrêter
29:39sur la première partie
29:40de la définition.
29:41Une émotion
29:41est donc une impulsion
29:42excessive.
29:44Alors,
29:45pourquoi je vous ai parlé
29:45d'impulsion jusqu'à présent ?
29:46Parce que les émotions
29:47sont des impulsions.
29:50Donc,
29:51toute émotion
29:51ou toute passion
29:52est une impulsion.
29:54Les passions sont donc
29:55un type d'impulsion.
29:58Et d'ailleurs,
29:59ce sont les impulsions
30:00au sujet desquelles
30:00les stoïciens
30:01se sont le plus épanchés.
30:03Alors,
30:03c'est une impulsion
30:04qui,
30:06selon les stoïciens,
30:07consiste non pas en un,
30:08mais en deux jugements
30:09qui sont liés.
30:10« D'une part,
30:12un jugement
30:13que quelque chose
30:14de bon
30:15ou de mauvais
30:16se présente à moi
30:17et d'autre part,
30:19un jugement
30:20qu'il est approprié
30:20pour moi
30:21d'y répondre
30:21d'une certaine manière. »
30:24Alors,
30:24ils identifient
30:25quatre émotions
30:27ou quatre passions
30:29générales.
30:32Le désir,
30:33la peur,
30:34le plaisir
30:35et la douleur
30:37ou la tristesse.
30:38Alors,
30:39le désir
30:40va être
30:40un jugement
30:41que quelque chose
30:42de futur
30:43est bon
30:44alors que le plaisir
30:45va être un jugement
30:46que quelque chose
30:47de présent
30:47est bon.
30:48Donc,
30:48on voit la différence
30:49entre un objet futur
30:50et un objet présent
30:51et on va juger
30:52qu'il est bon
30:52ou bien.
30:55Et la peur
30:56est un jugement
30:56que quelque chose
30:57de futur
30:58est mauvais
30:58et la douleur
31:00est un jugement
31:00que quelque chose
31:01de présent
31:01est mauvais.
31:02Donc,
31:02encore une fois,
31:02on a le présent
31:03futur
31:04mais on juge
31:04que cette fois
31:05il est mauvais.
31:06Alors,
31:06encore une fois,
31:08on est dans une philosophie
31:09qui est très intellectualiste
31:10donc quand on parle
31:11de plaisir
31:12ou de douleur
31:13on ne parle pas
31:13de quelque chose
31:14de physiologique.
31:15On ne va pas dire
31:16que ce qui se passe
31:17quand je me prends
31:18les pieds dans la table
31:18que je cogne
31:19mon petit doigt de pied
31:20c'est pas ça
31:21la douleur
31:21dont on parle ici
31:22là c'est vraiment
31:22quelque chose
31:23c'est plus de l'ordre
31:24de la tristesse
31:25et pareil
31:27le plaisir
31:28dont on parle
31:29c'est pas
31:29si quelque chose
31:30me gratte
31:31que je me gratte
31:31parce que j'ai une démangeaison
31:32et que ça me fait du bien
31:34c'est pas ce plaisir là
31:35c'est un plaisir
31:37plus intellectuel
31:38c'est plus difficile
31:39à traduire
31:39je pense
31:40on pourrait dire joie
31:42mais on va réserver la joie
31:43pour autre chose
31:43je ne vais pas utiliser joie
31:45mais ça part en plus
31:46à de la joie
31:46donc c'est dans ce sens là
31:50qu'il faut les entendre
31:51et après
31:53chacune de ces émotions
31:54donc ces quatre grandes émotions
31:56peuvent prendre en fait
31:56plusieurs formes
31:57par exemple
31:57ils vont dire
31:58que la jalousie
31:59le regret
32:00le deuil
32:01sont toutes des formes
32:02de douleur
32:02ou de tristesse
32:03et que par exemple
32:05la superstition
32:06la panique
32:08l'hésitation
32:09sont des formes de peur
32:10donc ils identifient
32:14ces quatre formes générales
32:16d'émotions
32:17ou de passions
32:17mais après
32:18ils voient bien
32:19qu'il y a plusieurs sous-types
32:21sur chacune d'entre elles
32:22et donc
32:24ce qu'il va les définir
32:26c'est quand même
32:26qu'il y a un objet
32:27soit présent
32:28soit futur
32:28que l'on juge
32:30être bon
32:31ou mauvais
32:32et dans un deuxième temps
32:34en plus de ce jugement
32:36que cet objet
32:36présent ou futur
32:37est bon ou mauvais
32:38on va avoir
32:40un deuxième jugement
32:43que
32:45parce que
32:47cet objet
32:47nous apparaît
32:48bon ou mauvais
32:49on doit chercher
32:50à l'obtenir
32:51on doit chercher
32:51à l'auditer
32:52ou on doit se réjouir
32:53ou alors s'en affliger
32:55et que c'est ce qui est approprié
32:57pour moi de faire
32:58au vu de cet objet
33:00donc le désir
33:02va être
33:02une impulsion
33:04vers quelque chose
33:04de futur
33:05qui apparaît
33:06comme bon
33:07c'est à dire
33:08un jugement
33:09que quelque chose
33:10est bon
33:10et qu'il est approprié
33:11pour moi
33:12de chercher
33:13à l'obtenir
33:13donc qu'est-ce que c'est
33:15le désir
33:16c'est de voir
33:17le gâteau
33:18là-bas
33:19et de me dire
33:20ah si je le mange
33:21ce sera bon pour moi
33:22et donc je vais chercher
33:23à aller le manger
33:24la peur
33:29par contre
33:29c'est une aversion
33:30pour quelque chose
33:31de futur
33:32qui paraît comme mauvais
33:33c'est à dire
33:33un jugement
33:33que quelque chose
33:34est mauvais
33:35et que donc
33:36il est approprié
33:36pour moi
33:37de chercher
33:37à l'éviter
33:38si je pense
33:39qu'il est mauvais
33:40pour moi
33:40d'être malade
33:41je vais avoir peur
33:43de la maladie
33:44et chercher
33:44à tout prix
33:45à l'éviter
33:45parce qu'il est approprié
33:46pour moi
33:47de l'éviter
33:47parce que c'est mauvais
33:48ça va me nuire
33:49le plaisir
33:52c'est un jugement
33:53que quelque chose
33:54de présent
33:54est bon
33:54et que donc
33:55il est approprié
33:56pour moi
33:56de m'en réjouir
33:57si je pense
33:58que c'est bon
34:00pour moi
34:00d'être en bonne santé
34:02parce que je suis
34:03en bonne santé
34:04je vais juger
34:04que je suis en bonne santé
34:05que c'est bon pour moi
34:06et donc
34:06qu'il est approprié
34:07pour moi
34:07de m'en réjouir
34:08et parallèlement
34:10pour la tristesse
34:11si je juge
34:12qu'il est mauvais
34:12pour moi
34:13d'être en mauvaise santé
34:14je vais juger
34:15qu'il est approprié
34:16pour moi
34:16de m'en morfondre
34:17et donc
34:18je vais me morfondre
34:18du fait
34:19que je sois
34:20en mauvaise santé
34:20ok donc
34:24qu'est-ce qu'il faut
34:24retenir de ça
34:25selon cette analyse
34:27les émotions
34:28sont composées
34:28de deux jugements
34:30d'une part
34:31un jugement
34:32qu'il y a quelque chose
34:33de bon
34:33ou mauvais
34:34soit présent
34:35soit futur
34:36et d'autre part
34:37qu'il est approprié
34:38d'y répondre
34:38d'une certaine manière
34:39de chercher à l'obtenir
34:41de l'éviter
34:41de se réjouir
34:43ou de se morfondre
34:44alors
34:47au vu de cette analyse
34:49on peut maintenant
34:49se poser la question
34:50de exactement
34:51où se trouve l'erreur
34:52si les stoïciens
34:54nous disent
34:55qu'il faut éradiquer
34:55les émotions
34:56que les émotions
34:57sont contraires
34:58à la raison
34:58qu'elles n'obéissent
35:00pas à la raison
35:01c'est parce qu'ils pensent
35:01qu'il y a une erreur
35:02qu'on fait
35:03quand on a une émotion
35:03alors où se trouve
35:05l'erreur
35:06alors les stoïciens
35:07vont dire que l'erreur
35:08est justement
35:08dans les deux jugements
35:09et pour comprendre pourquoi
35:11il faut qu'on fasse
35:13un petit peu
35:13d'axiologie stoïcienne
35:15c'est-à-dire qu'on se préoccupe
35:16de ce que les stoïciens
35:16jugent être bon
35:17et mauvais
35:17alors j'en ai déjà dit
35:19un petit peu
35:19mais je vais le redire
35:20maintenant plus en détail
35:22donc pour les stoïciens
35:23le seul bien
35:25c'est la vertu
35:26et le seul mal
35:28c'est le bis
35:29pourquoi ils disent ça ?
35:32parce qu'ils disent
35:32que la seule chose
35:33qui peut me bénéficier
35:34donc dont je peux bénéficier
35:35la seule chose
35:36qui peut vraiment
35:38être bon pour moi
35:39c'est la vertu
35:40et la seule chose
35:41qui peut vraiment me nuire
35:42qui peut vraiment
35:43me faire du mal
35:44c'est le bis
35:45tout le reste
35:46ils disent
35:47c'est indifférent
35:48alors
35:49ils vont quand même dire
35:51qu'il y a des indifférents
35:52qui sont préférables
35:53et des indifférents
35:54qui ne sont pas préférables
35:56donc ils ne vont quand même
35:56pas nous dire
35:57que d'être en bonne santé
35:58ou d'être en bonne santé
35:58c'est exactement pareil
35:59ils disent non
36:01c'est préférable
36:02d'être en bonne santé
36:02et c'est pas préférable
36:05d'être malade
36:05pourquoi ?
36:07parce que c'est en accord
36:08avec la nature
36:09d'être en bonne santé
36:10notre nature
36:11notre nature
36:12alors il y a la nature
36:13grand N
36:14du monde
36:15autour de nous
36:16il y a aussi
36:16notre nature
36:17à nous
36:17petite N
36:18et les deux sont combinés
36:19puisque nous on fait partie
36:20de la nature
36:20au sens général
36:22et c'est en accord
36:23avec notre nature
36:24à nous
36:24d'être en bonne santé
36:26c'est en accord
36:27avec la façon
36:28dont on a été fait
36:29la santé
36:30qu'est-ce que c'est
36:30c'est en fait
36:30notre corps
36:32qui se comporte
36:33comme il est censé se comporter
36:33donc les sociétés
36:35vont dire
36:35c'est en accord
36:36avec la nature
36:36d'être en bonne santé
36:37et donc c'est préférable
36:38mais
36:40la seule chose
36:42qui vraiment nous bénéficie
36:43c'est la vertu
36:44c'est-à-dire
36:44exercer
36:46notre capacité rationnelle
36:47parce que c'est ça
36:48la vertu
36:49c'est d'exercer
36:50notre capacité rationnelle
36:51pourquoi ?
36:52parce que c'est ça
36:53notre fonction
36:54en tant qu'être humain
36:54c'est ça
36:56qui nous définit
36:57en tant qu'être humain
36:58c'est notre capacité rationnelle
36:59et donc la seule chose
37:01qui soit vraiment
37:02pour nous
37:03en accord avec la nature
37:04grand N
37:05c'est d'exercer
37:06cette capacité rationnelle
37:08et le reste
37:09n'importe pas
37:10c'est-à-dire que
37:11je peux exercer
37:12ma capacité rationnelle
37:12même si je suis malade
37:14être malade
37:15ne m'empêche pas
37:15de raisonner
37:16être en bonne santé
37:19peut contribuer
37:21au fait
37:22que je raisonne
37:22mais en fait
37:22pas vraiment
37:23c'est-à-dire
37:23qu'on a l'impression
37:24que ça contribue
37:25mais on se trompe
37:26si on pense
37:26que ça contribue
37:27de manière réelle
37:29puisqu'en fait
37:30je peux raisonner
37:31quoi qu'il arrive
37:31je peux exercer
37:33cette capacité rationnelle
37:34donc
37:35le seul bien
37:36vraiment
37:38c'est la vertu
37:38et le seul mal
37:40vraiment
37:40c'est le vice
37:41le reste
37:42c'est indifférent
37:43et
37:45c'est peut-être aussi
37:46bien de le dire
37:46la vertu
37:47c'est le bonheur
37:48donc
37:49ils vont dire
37:50que
37:50donc là
37:50pour le coup
37:51c'est peut-être
37:51un peu plus intuitif
37:52le seul bien
37:53la seule chose
37:53dont on bénéficie
37:54vraiment
37:54c'est la vertu
37:55et être vertueux
37:56c'est être heureux
37:57et par ailleurs
38:01être vicieux
38:02c'est être malheureux
38:02donc
38:03ceux qui sont vicieux
38:04sont malheureux
38:05ceux qui sont vertueux
38:06sont heureux
38:06et c'est
38:08la seule chose
38:08qui vraiment
38:09importe pour nous
38:10c'est la seule chose
38:11qu'on doit vraiment
38:12considérer
38:13comme
38:14comme quelque chose
38:16de bien
38:17et qu'on veut avoir
38:17donc on commence
38:19à comprendre
38:20pourquoi l'analyse
38:21des émotions
38:22leur permet de dire
38:24qu'on fait une erreur
38:24parce que
38:25quand je suis triste
38:26d'être malade
38:27quand j'ai peur
38:28de mourir
38:29quand je suis en colère
38:31parce que quelqu'un
38:31a mangé la part de gâteau
38:33que j'avais envie de manger
38:33dans chacun de ces cas
38:35je juge que quelque chose
38:36qui est indifférent
38:37être malade
38:39la mort
38:40la colère
38:41est soit bon
38:43soit mal
38:43c'est-à-dire que
38:43je juge que
38:44d'être malade
38:44c'est mal
38:45et que donc
38:45je peux m'en refondre
38:47je juge que
38:47de mourir
38:48c'est mal
38:48et les stoïciens disent
38:50que la vie
38:51est un indifférent
38:52préférable
38:52et que la mort
38:54est un indifférent
38:55pas préférable
38:56mais donc
38:56c'est des indifférents
38:57je juge que
38:58de faire ça
38:58c'est mal
39:00et que donc
39:00c'est approprié
39:01pour moi
39:01de me m'en refondre
39:02quand je suis en colère
39:03je juge que
39:04quelqu'un m'a nuit
39:04en mangeant le gâteau
39:05alors que
39:06la personne ne m'a pas nuit
39:07personne ne m'a fait de mal
39:08quand il a mangé le gâteau
39:09c'était
39:12en plus
39:12c'était pas de mon ressort
39:13il a mangé le gâteau
39:13ça ne m'a rien fait
39:15ça ne m'empêche pas
39:15moi
39:16d'exercer
39:16ma capacité rationnelle
39:17donc
39:20j'ai jugé
39:21que quelque chose
39:21qui était indifférent
39:22était bon
39:23ou mal
39:23à tort
39:25et j'ai ensuite
39:26jugé
39:26qu'il était approprié
39:27pour moi
39:27d'y répondre
39:28d'une certaine manière
39:28ce qui n'était pas le cas
39:29puisque
39:30le premier jugement
39:31était faux
39:32et donc
39:32il n'est pas approprié
39:33pour moi
39:33de me m'en refondre
39:34il n'est pas approprié
39:36pour moi
39:36de me réjouir
39:37parce que
39:38c'est pas
39:39c'était pas approprié
39:42alors
39:42c'est pas juste
39:43que c'était pas approprié
39:44parce que
39:45c'était faux
39:45c'est aussi pas approprié
39:46parce que
39:47cette réponse
39:47selon les stoïciens
39:49est excessive
39:50donc on a vu
39:51dans la définition
39:52que je vous ai donnée
39:53tout à l'heure
39:54que l'émotion
39:55est une impulsion
39:56excessive
39:56donc non seulement
39:58je me suis trompé
40:00dans mon premier jugement
40:00que quelque chose
40:01était bon ou mal
40:02je me suis aussi trompé
40:03dans mon deuxième jugement
40:04parce que j'ai eu
40:04une réponse excessive
40:05à ce premier jugement
40:07donc quand je me morfonds
40:09c'est une réponse excessive
40:11au fait que
40:13quelque chose de mal
40:15se présente à moi
40:17et donc
40:21les stoïciens vont dire
40:22que toutes les émotions
40:22sont fausses
40:23et que
40:24toutes les émotions
40:25sont problématiques
40:26parce qu'elles sont
40:27des jugements faux
40:28et on voit ça
40:29dans le deuxième texte
40:31du dossier pédagogique
40:34que je vous avais fait
40:35parvenir
40:35et je vais vous le lire
40:36c'est un texte court
40:38d'Epictet
40:38qui dit
40:39ce qui trouble les hommes
40:41ce ne sont point
40:42les événements
40:43mais les jugements
40:44qu'ils portent
40:45sur les événements
40:46la mort par exemple
40:48n'est rien de terrible
40:49sinon Socrate lui-même
40:51l'aurait trouvé terrible
40:52mais le jugement
40:54qui nous fait déclarer
40:55la mort terrible
40:56voilà ce qui est terrible
40:57Lors donc
41:00que nous éprouvons
41:01entrave
41:01trouble
41:02chagrin
41:03n'accusons jamais
41:05personne d'autre
41:06que nous-mêmes
41:06c'est-à-dire
41:08nos propres jugements
41:09accuser les autres
41:11de ses malheurs
41:11c'est le fait
41:12d'un ignorant
41:12s'accuser soi-même
41:14c'est le fait
41:15de l'homme
41:15qui commence
41:16à s'instruire
41:17n'accuser
41:18ni un autre
41:19ni soi-même
41:19c'est le fait
41:20de l'homme instruit
41:21donc
41:23deux choses
41:24intéressantes
41:24dans ce texte
41:26premièrement
41:28ce qui trouble
41:29les hommes
41:30c'est les jugements
41:31ce qui est terrible
41:32c'est pas la mort
41:33c'est le jugement
41:34que la mort est terrible
41:35donc on voit bien là
41:36que l'erreur
41:37et le problème
41:38est dans le jugement
41:39pardon mon chat
41:41se joint à nous
41:42et par ailleurs
41:47dans ce texte
41:49on voit que
41:49donc
41:50le
41:52le jugement
41:54que
41:54on émet nous
41:55est de notre responsabilité
41:56à nous
41:57et c'est une autre idée
41:58qui est fondamentale
41:59pour les stoïciens
41:59c'est que
42:00ce dont on doit se préoccuper
42:02c'est ce qui est
42:02de notre ressort
42:03excusez-moi
42:06on doit se préoccuper
42:09de ce qui est
42:09de notre ressort
42:10et pas de ce qui est
42:11de ressort
42:11des autres
42:12et nos jugements
42:14sont justement
42:15ce qui est de notre ressort
42:16de juger que quelque chose
42:18est approprié pour moi
42:19ou non
42:19de juger que quelque chose
42:20est vrai ou non
42:21ça c'est entièrement
42:23et purement
42:23de mon ressort
42:24alors que le reste
42:26c'est du ressort
42:27des autres
42:27et ça n'est pas
42:28une action
42:29qui est pour moi
42:30rationnelle
42:31puisque
42:32de me préoccuper
42:33des autres
42:33c'est irrationnel
42:34je ne peux rien y faire
42:35donc ça ne sert à rien
42:36et donc on voit là
42:38que cette théorie stoïcienne
42:40de l'action
42:41et des émotions
42:41s'inscrit
42:42en lien direct
42:43avec cette idée
42:44que
42:45ce qui est important
42:46pour nous
42:46c'est ce qui est de notre ressort
42:48et que ce qui est rationnel
42:49c'est de faire
42:49ce qui est de notre ressort
42:50alors je propose
42:55de faire une petite pause
42:56maintenant
42:56au cas où vous ayez
42:56des questions
42:57et puis après
42:59je peux résumer
42:59un petit peu
43:00avant la pause
43:01technique
43:03et puis on recommencera
43:05après
43:05donc s'il y a des questions
43:06ou des interventions
43:07elles sont les bienvenues
43:08Merci beaucoup
43:11cher Marion
43:11je me tourne
43:13bien entendu
43:14vers les élèves
43:15du lycée
43:15René Cassin
43:16à Oslo
43:18vers Madame Ouzo
43:20avez-vous envie
43:21de dire un petit mot
43:23poser une question
43:24on a 3-4 minutes
43:26pas plus
43:26pour la fin
43:29de cette première partie
43:30au plaisir de vous écouter
43:31chers élèves
43:32activez votre micro
43:35s'il vous plaît
43:36est-ce qu'il y a des questions
43:43est-ce qu'il y a des réflexions
43:44des interrogations
43:46moi je me demandais
43:51quelles étaient
43:51les 4 émotions
43:52car j'avais pas eu temps
43:53de les noter
43:54bien sûr
43:56alors les 4 groupes d'émotions
43:58en fait
43:58parce que c'est pas
43:59c'est les grandes lignes
44:00mais il y a donc
44:01le désir
44:02la peur
44:03le plaisir
44:05et la tristesse
44:07ou la douleur
44:08donc le désir
44:10c'est quelque chose
44:11de futur
44:11qui est bon
44:12la peur
44:13c'est quelque chose
44:13de futur
44:14qui est mal
44:14le plaisir
44:17c'est quelque chose
44:18de présent
44:18qui est bon
44:19et la tristesse
44:20c'est quelque chose
44:21de présent
44:21qui est mal
44:22peut-être qu'on pourrait
44:33aussi préciser
44:35exactement
44:35ce qui est de notre ressort
44:37et ce qui n'est pas
44:37de notre ressort
44:38c'est une grande question
44:41ouais
44:42ce qui est de notre ressort
44:43en fait
44:44les sociétés vont dire
44:44c'est nos jugements
44:45c'est vraiment ça
44:47qui est notre ressort
44:47donc nos actions
44:48sont de notre ressort
44:49en cela qu'elles reviennent
44:50le jugement
44:50donc la théorie de l'impulsion
44:52est très importante
44:53pour ça
44:54parce que
44:54pourquoi une action
44:55est de notre ressort
44:56parce qu'elle vient
44:57d'un jugement
44:57et ce qui vient d'un ressort
44:59c'est un jugement
44:59alors pourquoi les sociétés
45:00s'attardent sur cette question
45:01parce que les sociétés
45:01sont déterministes
45:03c'est-à-dire qu'ils pensent
45:03que tous les événements
45:07du monde
45:07sont pré-déterminés
45:08et qu'il y a une espèce
45:10de chaîne infinie
45:12de causes à effet
45:13qui s'opèrent
45:14en tout temps
45:15et que donc
45:15ce qui va se passer
45:16demain
45:17est déjà déterminé
45:18au vu de ce qui se passe
45:19aujourd'hui
45:19et ainsi de suite
45:20et qu'au vu de ça
45:22on pourrait penser
45:22qu'en fait
45:23on n'est pas du tout
45:23responsable de nos actions
45:24puisque c'est déjà déterminé
45:26que je vais boire
45:27que je vais faire sortir mon chat
45:28que je vais vous parler
45:29et donc en fait
45:30c'est pas moi
45:31c'est Dieu
45:32c'est la nature
45:33qui a fait ça
45:35mais les stoïciens
45:36vont dire que non
45:37que nos jugements
45:39quand on juge
45:40que quelque chose
45:41est vrai ou faux
45:42et que du coup
45:43nos actions
45:43puisque nos actions
45:44sont basées sur ce jugement
45:45nos jugements sont bien
45:47de notre ressort
45:48c'est-à-dire que moi
45:48je peux
45:49je peux juger
45:52j'aurais pu
45:53en fait
45:53je ne dis pas que je peux
45:54j'aurais pu juger autrement
45:55il était possible
45:55pour moi de juger autrement
45:57et donc
45:59les jugements sont notre ressort
46:00je vous invite
46:02à
46:02j'ai donné un cours
46:03qui est enregistré
46:04il y a
46:05je pense deux ans
46:06sur le livre arbitre
46:08chez les stoïciens
46:09donc si la question
46:09vous intéresse
46:10je vous invite
46:11à le regarder
46:13c'est vraiment
46:14c'est une question
46:14qui est très difficile
46:15pour les stoïciens
46:16et ce n'est pas du tout clair
46:17qu'ils donnent une réponse
46:18qui est d'ailleurs
46:19très convaincante
46:21sur ce sujet
46:21mais ce qui est important
46:23à retenir
46:23je pense
46:24c'est que
46:24pour eux
46:25même si tout est prédéterminé
46:28nos jugements
46:28sont de notre ressort
46:30merci beaucoup Marion
46:32effectivement
46:33sur le site
46:34du projet
46:34Europe Éducation École
46:36il y a donc
46:37une diffusion
46:37en différé
46:38de ce cours
46:38sur le livre arbitre
46:39chez les stoïciens
46:40cher Antoine
46:42peut-être un mot
46:44oui
46:45pas de question
46:46sur Twitch
46:47pour le moment
46:47mais moi
46:47j'avais une vraie interrogation
46:49autour de
46:50autour de la question
46:51du mal
46:52si je peux juger
46:54mal les choses
46:55et si je suis en accord
46:56avec la nature
46:57ça voudrait dire
46:59que la nature
47:00d'une certaine manière
47:01produit du mal
47:03aussi
47:03et comment
47:04effacer
47:08éradiquer
47:09ce mal
47:10de la nature
47:10qui est
47:11qui forcément
47:14va produire
47:15des erreurs
47:15chez moi
47:16alors
47:18là oui
47:19l'allée stoïcien
47:19alors ce qui est intéressant
47:20c'est que c'est une question
47:21qui a beaucoup travaillé
47:22les philosophes
47:24depuis
47:26l'avènement
47:28du christianisme
47:28pourquoi la nature
47:30laisse se passer le mal
47:32enfin pourquoi dieu
47:33laisse se passer le mal
47:35et comment ça peut être
47:36en cohérent
47:38avec un dieu
47:39tout puissant
47:39et bon
47:40c'est une question
47:41qui n'a pas l'air
47:41d'avoir beaucoup travaillé
47:42les stoïciens
47:43alors que ça aurait dû
47:44puisqu'ils ont un dieu
47:45qui est tout puissant
47:46qui apparemment
47:47a construit ce monde
47:49mais les stoïciens
47:50ne cherchent pas à dire
47:50que le monde
47:51n'a pas de mal
47:52ils pensent que le monde
47:53est la meilleure version possible
47:56et donc
47:57ils sont compatibilistes
48:00ils vont dire que
48:01bah oui
48:01il y a du mal
48:02ça fait partie
48:04du monde
48:05et c'est comme ça
48:06ça n'a pas l'air
48:06de leur poser trop de problèmes
48:07ils vont aussi dire
48:08que
48:09quand
48:09moi je suis irrationnel
48:11c'est-à-dire
48:11si je juge mal
48:12les choses
48:13si je fais une erreur
48:15là j'agis
48:16à l'encontre de la nature
48:17alors il y a un sens
48:19dans lequel j'agis
48:20avec la nature
48:21parce que la nature
48:22m'a en un sens
48:23forcée à le faire
48:24mais c'est quand même
48:25pas naturel
48:26pour moi de faire ça
48:27et je devrais essayer
48:28de ne pas le faire
48:28donc il y a un sens
48:30les êtres humains
48:32sont en théorie
48:33capables
48:34de s'améliorer
48:38et de juger autrement
48:39donc j'aurais pu
48:40si j'avais eu
48:41un meilleur caractère
48:43si ma raison
48:45avait été
48:46mieux travaillé
48:47j'aurais pu
48:48juger autrement
48:49et là
48:50ce qu'il faut se dire
48:50c'est qu'ils ont
48:51une théorie
48:53selon laquelle
48:54enfin
48:55probablement
48:56les humains
48:57se sont séparés
49:01un peu de la nature
49:02c'est-à-dire qu'ils font
49:02partie de la nature
49:03mais il y a eu
49:03une détérioration
49:04quelque part
49:05parce qu'ils sont pas
49:08ils ont la cap
49:10donc les êtres humains
49:11sont rationnels
49:11en cela qu'ils sont
49:12dotés de raison
49:13mais ils sont pas
49:14rationnels
49:14en cela qu'ils
49:16n'ont pas maximisé
49:17leur capacité de raison
49:18leur capacité de raison
49:19n'est pas parfaite
49:20seule la capacité de raison
49:21du sage
49:21est parfaite
49:22donc ce que nous
49:23on doit faire
49:24c'est chercher
49:24à parfaire
49:25notre capacité de raison
49:27mais elle n'est pas
49:28parfaite
49:28dès le départ
49:29et ça
49:30ça a pas l'air
49:30de les travailler
49:31plus que ça
49:31merci beaucoup
49:33merci beaucoup Marion
49:34nous arrivons en termes
49:36de cette première partie
49:38de notre programme
49:39consacré aux stoïciens
49:41je vous propose
49:42de faire une très brève
49:44pause technique
49:45avant de reprendre la suite
49:47et je signale au passage
49:49à ceux qui nous verront
49:51différer
49:51que ces moments de réflexion
49:55seront à votre disposition
49:57sur le site du projet
49:58Europe Éducation École
50:00en vidéo
50:00mais également en podcast
50:02sur plusieurs plateformes
50:04merci cher Marion
50:05à tout de suite
50:06pour la deuxième partie
50:07merci aux élèves du lycée
50:09Rodé Kasselin
50:10à Roussillon
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