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Cours de philosophie diffusé le 20/11/ 2025 sur la plateforme du Projet Europe, Éducation, École :
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ÉducationTranscription
00:00Bonjour à tous et bienvenue sur la plateforme du projet Europe Éducation École qui, ce matin,
00:19j'ai le plaisir d'accueillir M. Guillaume Fijard-de-Gurbert pour une matinée de réflexion,
00:29pour un vrai cours sur les méditations métaphysiques de Descartes.
00:33Il a entouré des élèves de M. You et de Mme d'Ambreuze You, du Lissé-Gay-du-Sac à Limoges.
00:41Merci d'être avec nous. Nous sommes dans cette deuxième partie, déjà très avancée dans la réflexion.
00:47Peut-être, Guillaume, pourrais-tu reprendre en quelques mots ce que nous venons de lire
00:52et poursuivre la suite de ta leçon ? Merci.
00:57Merci. Donc, je reprends. Donc là, on a fait une lecture de la première méditation.
01:02On va rentrer dans la seconde et dans les cinq suivantes.
01:07Le bilan de la première est un bilan catastrophique puisque nous sommes acculés à reconnaître
01:14que nous n'avons de certitude à propos de l'existence d'aucune chose,
01:19ni de Dieu, ni du monde, ni d'aucune chose du monde, ni même de moi-même.
01:25Voilà. Ça finit par la possibilité impossible à écarter d'un rêve généralisé,
01:32d'une illusion, d'un régime général d'illusion.
01:34Voilà. C'est ça la conséquence. Et du coup, au début de la deuxième méditation,
01:39je vous disais le désastre, etc. Vous croyez que je dramatise et pas du tout.
01:43Juste je lis. Je lis en écolier.
01:45Que dit Descartes au début de la première méditation ?
01:47C'est très bien fait parce qu'au début de chaque méditation, il fait le bilan de la précédente.
01:51C'est quoi le bilan de la première ? D'après Descartes.
01:54Vous lisez le premier paragraphe.
01:56Il dit « Les doutes que j'ai fait hier » parce que c'est une méditation par jour,
01:59ces six journées. Il dit « Ils m'ont tellement perturbé que je suis comme dans un océan
02:05et il y a tellement de vagues que je n'arrive pas à me tenir à la surface.
02:11Je n'arrive pas à nager à la surface. Mais les doutes sont tellement profonds.
02:15Le doute est un abîme tellement profond que je n'arrive pas non plus pour autant
02:18à plonger pour prendre appui sur le fond. Si vous voulez, si vous êtes dans une piscine
02:21ou je ne sais pas quoi, tu te noies, tu peux toujours espérer aller au fond et prendre.
02:25Donc, je suis entre deux eaux. Je suis balotté entre deux eaux,
02:27ni je n'arrive à me tenir à la surface, ni j'arrive à prendre pied sur le fond.
02:32Bref, c'est une noyade. Décrit une noyade.
02:36Et là, c'est la pensée qui est noyée, c'est la philosophie qui est noyée.
02:39Quand je dis qu'il y a une catastrophe et un désastre, ce n'est pas que je surinterprète,
02:42c'est juste que je lis en écolier Descartes.
02:45Noyade. C'est comme ça que ça commence la deuxième méditation
02:48qui fait le bilan de la première. D'accord ?
02:50Alors, là, on va avoir quelque chose de génial qui explique comment on fait de la philosophie
02:59aussi bien quand on est Descartes, Platon, Kant que quand on est un élève,
03:02parce qu'il n'y a qu'une manière de faire, c'est qu'on avance en reculant.
03:07C'est-à-dire que si j'ai dit ce que j'ai dit dans la première partie,
03:10c'est-à-dire que ce qu'il ne va pas faire, il ne va pas dire,
03:11voilà, j'ai dit ça et maintenant je passe à autre chose.
03:14Non, ça c'est du copier-coller. C'est quoi le lien ?
03:17Pourquoi tu parles d'autre chose ? On n'a pas le droit de le faire.
03:19Ça, c'est interdit en philosophie. Donc, je dois repartir de ce que j'ai dit
03:22et est-ce que je peux tirer quelque chose de ce que j'ai dit que je n'ai pas encore vu ?
03:30Et lui, il dit, mais c'est là où le latin est intéressant
03:33parce que Descartes a écrit les méditations en latin.
03:36Et vous savez qu'en latin, c'est comme en italien ou en espagnol,
03:40le pronom personnel est impliqué dans la conjugaison.
03:46Par exemple, je peux dire en espagnol,
03:47Méliamo, je m'appelle.
03:49Et si je dis Io Méliamo, ça veut dire moi je m'appelle,
03:52mais lui, lui c'est Paul, mais moi c'est Guillaume, Io Méliamo.
03:55Mais sinon, je dis Méliamo.
03:58Et le jeu est donc enveloppé dans le verbe.
04:02Ce qui est le cas du latin, ça veut dire du latin, ça évidemment.
04:05Or, qu'est-ce qu'il avait dit dans la première méditation ?
04:09Considérabo, je me considérais comme.
04:14Mais le latin est plus intéressant, il y a un intraduisible là.
04:17Parce qu'en français, on dit je me considérais, donc on le voit le jeu.
04:21Alors qu'en latin, on ne le voit pas.
04:23Considérabo, putabo, etc.
04:25Le jeu, il est impliqué, on ne l'a pas vu.
04:27Et c'est de ça qu'il repart.
04:28Il repart dans la deuxième méditation, il dit,
04:31donc, je, credo, je me perçois, je crois que rien n'est certain.
04:40Mais dans le credo, il y a je.
04:43C'est comme si credo, c'est Io credo, ego credo.
04:47Il y a le ego, le ego latin, le ego du jeu, il est dans le je doute.
04:51Donc, je doute de tout.
04:56C'est ça la catastrophe.
04:58Oui, mais il y a quelque chose là-dedans.
04:59Est-ce qu'il n'y a pas une encre ?
05:00On cherche une encre, c'est la noyade, on est dans l'océan sonore.
05:03Donc, on cherche un point fixe.
05:05Mais il y est dedans, il n'y a pas besoin de chercher autre chose.
05:09Tout est illusion, mais c'est illusion pour moi.
05:12Il faut bien qu'il y ait un je qui doute de tout ça.
05:17Le doute, ce n'est pas un doute aérien qui se promène
05:19et qui est le doute de personne ni de rien.
05:21Et il dit, moi donc à tout le moins, ne suis-je pas quelque chose ?
05:29Aliquide, en latin.
05:31Quelque chose.
05:32On est sur le problème de l'existence.
05:35On ne peut pas dire ceci, cela.
05:37Mais moi, il faut bien que j'existe.
05:39Il faut bien qu'il y ait un je qui existe pour que ce je soit trompé,
05:42pour que ce je doute et se trompe, etc.
05:45Donc, dans je doute, il y a j'existe.
05:51Si je doute, c'est que j'existe.
05:54Comment vous voulez que je doute si je n'existe pas ?
05:56Le doute, c'est bien le doute de quelque chose qui existe.
05:59Mais attention, c'est bien l'existence.
06:01On ne sait pas ce que c'est.
06:02Mais il y a un truc, il y a quelque chose qui doit bien…
06:04Il y a au minimum, il n'y a pas Dieu, il n'y a pas de choses,
06:08je n'ai pas de corps, je n'ai pas de mains, je n'ai rien du tout.
06:10Mais il y a un truc, on ne sait pas quoi, quelque chose qui existe et qui doute.
06:14Et qui est trompé.
06:15Et qui est dans l'illusion.
06:16Parce que non, l'illusion, il n'y a même pas d'illusion en fait.
06:19Pour qu'il y ait de l'illusion, il faut bien qu'il soit l'illusion de quelque chose.
06:23Donc, il vient retrouver en fait la certitude d'une existence dans ce doute de tout.
06:29On peut douter de tout, sauf, comme disait Antoine tout à l'heure, du fait qu'il y a quelque chose qui doute.
06:37Il faut bien qu'il y ait quelque chose qui doute.
06:40Donc, c'est ça qui est magnifique, c'est que Descartes bute, on est dans la tempête,
06:46il cherche un point fixe et il vient buter sur le fait de l'existence.
06:53Il y a quelque chose qui existe.
06:57Mais on ne sait pas ce que c'est.
06:58Mais il y a quelque chose qui existe.
07:01Il bute sur un I.I.A.
07:04Et ça, je ne peux pas en douter.
07:07Il y a une existence indubitable.
07:09Donc, première méditation, de quoi on peut douter de tout ?
07:12Ben non, on peut douter de tout, sauf du fait qu'il y a quelque chose qui doute.
07:16Sinon, il n'y a même pas de doute.
07:18Il n'y a même pas de douteux, il n'y a même pas d'illusion, il n'y a rien du tout.
07:22Donc, il bute sur sa propre existence, sur son jeu.
07:27Mais on ne sait pas ce que c'est ce jeu.
07:28C'est un truc, un quelque chose.
07:31Du coup, si un dieu trompeur s'amusait à me faire croire que les choses existent lorsqu'elles n'existent pas,
07:37même que moi, j'ai un corps quand je n'en ai pas, etc.
07:40Qu'est-ce qu'il dit ?
07:41Alors ça, il le dit dans la troisième méditation où il fait le bilan de la deuxième.
07:44Qu'est-ce qu'il dit ?
07:46Me trompe qui pourra, il ne saurait jamais faire que je ne sois rien.
07:51On parle de l'existence là.
07:52Pas que je ne sois pas ceci, cela ou quoi, que j'existe pas, que je ne sois rien.
07:55Tandis que je penserais, cogitabo, le jeu est impliqué, être quelque chose, à liquide.
08:05Et on ne sait pas quoi.
08:06Donc, ce qu'établit la deuxième méditation, c'est la certitude que j'existe.
08:12Je ne sais pas ce que je suis.
08:14Je ne connais pas mon essence.
08:15Donc, c'est une sorte de or, là.
08:16Il y a quelque chose.
08:20Mais on ne sait pas quoi.
08:22Mais en tout cas, il y a quelque chose.
08:23La première vérité métaphysique, c'est une vérité fantastique.
08:26Il y a quelque chose.
08:29Sinon, il n'y a pas de doute.
08:32Alors là, c'est pareil.
08:33Vous allez vous dire que je ne fais pas du tout.
08:37C'est une lecture d'écolier littéral.
08:39C'est littéralement ce que dit Descartes.
08:42Alors, il dit, je sais quand même ce que je suis.
08:44Par exemple, je me suis défini.
08:45Je suis un homme.
08:47Je suis un animal raisonnable.
08:48Bon, voilà.
08:49On dit, oui, mais même ça, je peux en douter.
08:50Est-ce que c'est bien sûr ?
08:51C'est quoi animal ?
08:52C'est quoi raisonnable ?
08:52Bon, ben alors, je suis une âme.
08:54Oui, mais une âme, c'est quoi ?
08:55C'est un vent ?
08:55C'est tout ça ?
08:56Je ne peux rien dire de ça.
08:58Non, c'est douteux.
08:59Tout ça, ça reste dans le doute.
09:01Non, non.
09:01Alors là, on est dans la première méditation.
09:04Tu ne peux pas dire avec certitude, je suis une âme.
09:06Je suis un animal raisonnable et tout ça.
09:08Il n'y a aucune certitude.
09:11La seule certitude, c'est je suis quelque chose.
09:14Et alors, regardez ce qu'il dit.
09:18Je lis.
09:21Je ne connais pas encore assez clairement ce que je suis, donc mon essence, moi qui suis
09:28certain, que je suis.
09:31Donc, on a une certitude de l'existence et toujours une incertitude sur l'essence.
09:36On a une existence sans essence pour l'instant.
09:38C'est ça le début de la deuxième méditation métaphysique.
09:40Je sais que je suis, mais je ne sais pas encore ce que je suis.
09:46C'est magnifique.
09:46Vous avez vu comme c'est élémentaire, c'est tout bête.
09:48C'est des merveilles, ça.
09:50Moi, je trouve ça merveilleux.
09:51Alors, il répète, je suis quelque chose.
09:54Ego, aliquid, sum.
09:56Je suis quelque chose.
09:58Non, mais je vous dis, c'est le hors-là.
09:59Je suis un truc.
10:00Oui, mais au moins, j'ai une certitude.
10:03Il y a une certitude du fait brut d'un il y a.
10:05Il y a un il y a.
10:08Il y a un quelque chose.
10:09Donc, il n'y a rien, il n'y a pas d'arbre, il n'y a pas de dieu, il n'y a pas de ciel, il n'y a pas de terre.
10:14Mais il y a quelque chose qui doute.
10:17D'accord ?
10:20Alors, du coup, la question, mais qu'est-ce donc que je suis ?
10:28Quid ?
10:29Quid, c'est ce que je suis.
10:31Quid, c'est la question.
10:33Ce n'est pas aliquid, c'est l'existence.
10:35Quid, c'est ceci, comme je disais.
10:37C'est la question de l'essence.
10:38Du coup, maintenant qu'on a la certitude d'exister, se pose la question de savoir, mais de mon essence.
10:44Bon, j'existe, d'accord, mais c'est quoi ?
10:46Je suis un corps, je suis un pommier, je suis un triangle, je suis le Père Noël, c'est quoi mon essence ?
10:51Donc, on passe de l'existence à l'essence.
10:55C'est une exception ontologique.
10:56C'est le seul cas où, de l'existence, on passe à l'essence.
11:03Vous verrez la conséquence que ça a dans la sixième méditation.
11:07Je vais y venir.
11:10Je suis certain que je suis.
11:13C'est tout.
11:14Là, il y a une chose qui résiste au doute, c'est la certitude que j'existe.
11:19J'existe, c'est la première vérité, inattaquable par le doute, hors d'atteinte du doute.
11:24Mais le doute continue de planer sur ce que je suis sur mon essence.
11:31D'accord ?
11:31C'est ça, la deuxième méditation.
11:35Donc, et il va arriver, là je passe plus vite, à qu'est-ce que je suis ?
11:38Une chose qui pense, c'est-à-dire une chose qui doute.
11:41Je suis une chose qui doute.
11:42Voilà.
11:43Donc, ce n'est pas un corps, ce n'est pas un pommier qui doute.
11:47Donc, voilà.
11:47Donc, on s'approche vers quelque chose comme j'ai une essence intellectuelle.
11:51Ma nature est intellectuelle plutôt que matérielle.
11:54On ne voit pas les pires douter.
11:56Donc, voilà.
11:56Je suis une chose qui doute.
11:57Voilà.
11:58Donc, je suis une chose, j'existe.
12:00Et quelle est mon essence ?
12:02Je doute, je suis une chose qui pense.
12:04Qui pense, qui est en train de penser, qui est en train de douter.
12:07D'accord ?
12:09Alors, une remarque avant de finir la deuxième méditation très importante.
12:13Parce qu'il y a beaucoup de contresens là-dessus.
12:15Au milieu de la deuxième méditation métaphysique, Descartes dit,
12:18« Commençons par la considération des choses les plus simples. »
12:21Et il prend un morceau de cire, une bougie, si vous voulez.
12:24On prend un morceau de cire, on l'allume.
12:26Donc, il est là, je tape, il fait un son, etc.
12:28Et puis, mais voici que pendant que je parle, on l'approche du feu.
12:31Tout d'un coup, il n'a plus d'odeur, il n'a plus de forme, il ne fait plus de bruit, etc.
12:35Et parfois, on fait dire à ce texte un truc qu'il ne peut pas dire.
12:37C'est un contresens énorme.
12:38C'est comme si on était chez Platon.
12:39L'illusion des sens.
12:41Mes sens m'ont fait dire que la cire, etc.
12:42Puis finalement, non, qu'est-ce que c'est la vérité de la cire ?
12:47C'est que c'est une substance étendue, elle occupe de l'espace, etc.
12:50Mais il n'y a pas de cire.
12:52Il n'y a pas de cire.
12:54Dans la deuxième méditation, il n'y a pas de cire.
12:56D'où tu nous mets l'existence de la cire, elle sort de ton chapeau ?
13:00Descartes est rigoureux, pour l'instant, n'est sauvé de la noyade que je.
13:06Que je qui pense.
13:08Une existence et une essence.
13:10Basta.
13:10Ni chose.
13:12Donc, il n'y a pas de cire.
13:14Il n'y a pas de cire.
13:15Et que dit Descartes ?
13:17C'est pareil.
13:17C'est pour ça qu'il faut lire en écolier.
13:20Si je juge que la cire est ou existe,
13:26il suit bien plus évidemment que je suis ou que j'existe de ce que je la vois.
13:32Si je juge que la cire existe de ce que je la touche,
13:35il s'en suivra encore la même chose, à savoir que je suis.
13:38Donc, ce que confirme le morceau de cire,
13:43ce n'est pas que la cire, c'est une substance détendue.
13:45Il n'y a ni essence, ni existence des choses corporelles.
13:48Il n'y en a pas.
13:49On est dans la deuxième méditation.
13:51Mais je dis, tiens, la cire, elle est comme ça.
13:54Je suis toujours dans l'illusion.
13:55Qu'est-ce que j'en sais qu'il y a une cire, qu'elle est comme si...
13:56Je n'en sais rien du tout.
13:57Tout ça, c'est le rêve qui continue.
13:59Par contre, si je dis la cire, c'est ceci,
14:02la certitude que ça confirme, c'est que j'existe.
14:04Il faut bien qu'il y ait un jeu qui dise la cire, c'est ceci,
14:07pour qu'il y ait la cire, c'est ceci.
14:09Mais ce qu'établit la cire, c'est ceci,
14:11ce n'est pas que la cire est ceci ou qu'elle existe.
14:13C'est que moi qui dis que la cire est ceci, j'existe.
14:17C'est ça la certitude du morceau de cire.
14:18Ça confirme la certitude de l'existence et de l'essence
14:22du jeu qui est un jeu qui pense et qui doute.
14:25Je pense que cette cire, c'est cela.
14:27Mais ça ne dit rien du morceau de cire.
14:29Quel morceau de cire ?
14:30Il n'y a pas de morceau de cire.
14:34Petite précision au passage, mais c'est quand même important.
14:37Et de coup, la conclusion de la deuxième méditation,
14:41Descartes la donne dans la troisième,
14:44de ce que je doutais, je pouvais conclure que j'étais.
14:48De ce que je doutais, première méditation,
14:52je pouvais conclure dans la deuxième que j'existais.
14:56Vous voyez là où le plan est génial.
14:57C'est qu'il dit, on doute, on doute de tout, etc.
15:00On dit catastrophe.
15:01Descartes, il ne dit pas du tout de catastrophe.
15:02Il arrive à tirer de je doute, de tout,
15:07le fait qu'il y a une certitude,
15:08il y a une chose dont je ne peux pas douter, c'est que je doute.
15:10Je suis certain que je doute.
15:12Et donc que j'existe.
15:13Il faut bien qu'il y ait quelque chose qui existe pour douter.
15:16Donc vous voyez, ce n'est pas qu'il passe à autre chose.
15:17Il ne dit pas, mais par ailleurs, on pourra dire autre chose.
15:19Non, non, il reprend ce qu'il vient de dire.
15:20Ah bon, je doute de tout ?
15:21Oui, mais il y a bien un jeu qui existe pour qu'il doute.
15:24Donc du cœur même du doute, il vient d'éterrer une certitude.
15:29Et c'est comme ça que ça avance.
15:30C'est ça qui est très fort.
15:33Alors, il y a un abrégé,
15:35il y a un abrégé des six méditations au début du livre,
15:37première, deuxième,
15:37donc ça vous donne l'essentiel selon Descartes lui-même.
15:39Qu'est-ce qu'il dit de la deuxième méditation ?
15:41C'est quoi le résultat de la deuxième ?
15:42L'esprit suppose que toutes les choses ne sont points,
15:46ça c'est la première,
15:47reconnaît qu'il est absolument impossible que cependant,
15:50il n'existe pas lui-même.
15:53Donc la conséquence, la première,
15:57ni essence ni existence,
15:58la deuxième vient corriger,
16:00si, il y a au moins une certitude
16:01sur l'existence d'une chose,
16:04c'est le jeu qui doute.
16:04Le douteux,
16:07tout le douteux du monde,
16:09toute l'illusion du monde
16:09dépend d'un jeu qui existe et qui doute.
16:13Donc on a sauvé une existence.
16:17Mon existence,
16:18j'ai sauvé mon existence,
16:19mais c'est tout.
16:21Regardez le désastre.
16:22À la fin de la deuxième méditation,
16:24je suis seul au monde.
16:25Au monde, il n'y a pas de monde.
16:28Est-ce que c'est mieux ?
16:29Est-ce que le cauchemar,
16:30c'est amenuisé ou pas ?
16:33Question.
16:34C'est ça la conséquence.
16:37Il le dit,
16:38je suis seul au monde.
16:41Vous voyez, c'est ça qui est beau,
16:43c'est quand même très fort.
16:43Alors, troisième méditation.
16:46La troisième méditation,
16:48vous avez là-dedans un coup de force incroyable.
16:51Il repart,
16:52il va redéfinir le doute.
16:54Il reprend le doute.
16:55Il dit, bon,
16:56à nouveau,
16:58vous voyez,
16:58il ne dit pas,
16:58mais maintenant on passe à Dieu.
17:01Non, non,
17:01ça c'est de l'entourloupe,
17:02ce n'est pas du tout rigoureux.
17:04Non, non, non, non, non,
17:04je repars de ce que j'ai dit.
17:06J'ai dit, je doute,
17:07on doute de tout,
17:08c'est bien qu'il y a un jeu qui existe.
17:10Très bien.
17:10Troisième méditation.
17:12Je doute.
17:13Je doute, ça veut dire quoi ?
17:15Et il redéfinit le doute.
17:17Je doute, ça veut dire,
17:20il me manque du savoir.
17:23Il redéfinit le doute par un désir,
17:25un désir de savoir ce qu'on n'a pas.
17:26Et ce savoir,
17:28il le définit par le manque.
17:31Si je ne manquais de rien,
17:33si j'avais le savoir absolu,
17:34je n'aurais pas de doute.
17:36Donc, il revient au début,
17:37il dit, mais si j'ai douté depuis le début,
17:39c'est bien qu'il me manque quelque chose.
17:42Si j'avais le savoir absolu,
17:44la certitude totale,
17:45je n'aurais jamais douté en fait.
17:47Donc, ça veut dire qu'il y a du manque en moi.
17:49Je manque de quelque chose.
17:50C'est ça le point conceptuel,
17:55le tournant de la troisième méditation,
17:57il est là.
17:58Vous allez voir comme c'est tout simple,
17:59mais très fort.
17:59Donc, si je doute,
18:01c'est qu'il me manque quelque chose.
18:04Question de décor,
18:04d'où je le sais ?
18:06D'où je sais qu'il me manque quelque chose ?
18:08Comme je disais tout à l'heure,
18:09pour le comprendre,
18:09on prend le contre-exemple et ça éclaire.
18:12Imaginons quelqu'un d'une autre civilisation,
18:16martien ou qui vous voulez,
18:18quelqu'un d'un autre endroit,
18:19d'un des continents du monde
18:21qui ne connaît pas du tout nos évidences,
18:24qui n'a jamais vu de porte,
18:26ne connaît pas les portes
18:27ou les fenêtres.
18:31Prenons la porte.
18:32Et puis, il manque la poignée.
18:35Ils vont venir la réparer,
18:36mais bon, là,
18:36elle est cassée depuis trois jours,
18:37il manque la poignée.
18:38Donc, nous tous,
18:38on dit qu'il manque une poignée là-haut.
18:40Mais celui qui arrive d'une autre planète
18:42ou d'une autre civilisation,
18:45il ne voit pas qu'il manque une poignée.
18:47Comment on veut qu'il le sache ?
18:49D'accord ?
18:49Je prends un autre exemple.
18:50Prenez un puzzle.
18:52Imaginons qu'il manque une pièce dans un puzzle.
18:53Nous, on le voit.
18:54Pourquoi ?
18:54Parce qu'on a l'idée du puzzle,
18:56du puzzle total.
18:57Mais celui qui n'aurait jamais vu de puzzle,
18:59il voit ce truc-là et puis c'est tout.
19:01Il ne manque rien.
19:02L'idée du manque ne peut pas lui venir.
19:04Donc, qu'est-ce que ça présuppose,
19:05l'idée du manque ?
19:06L'idée de la totalité.
19:08Il faut que j'ai l'idée de la totalité
19:10pour repérer qu'il manque quelque chose.
19:13Si je n'ai pas l'idée de la totalité,
19:15je n'ai pas l'idée du manque.
19:17Si je n'ai pas l'idée de poignée,
19:18je ne peux pas dire qu'il manque une poignée.
19:20Il faut que je sache qu'une porte,
19:21c'est le montant en bois,
19:23la serrure et la poignée.
19:25Ou un puzzle, c'est toutes les pièces, etc.
19:29Mais si je n'ai pas l'idée du puzzle complet,
19:31je ne vois pas de manque.
19:34Dr Descartes dit,
19:35j'ai donc nécessairement l'idée du tout.
19:38J'ai en moi l'idée du tout.
19:41Et ce n'est pas ce que j'ai depuis le début.
19:43L'idée du tout,
19:43c'est pour ça que je doute,
19:44je manque,
19:46je désire ce que je n'ai pas,
19:47que j'ai pu douter.
19:50Comment j'aurais pu prendre conscience
19:51qu'il me manquait quelque chose
19:52si je n'avais pas l'idée du tout ?
19:54Je serais, je vous dis,
19:54comme l'extraterrestre
19:55qui ne voit pas de problème
19:56ni dans le puzzle ni dans la porte.
19:59Or, c'est quoi ce tout ?
20:01C'est l'idée de l'infini.
20:04Mon esprit est fini.
20:06Je ne sais pas tout.
20:07La preuve, c'est que je suis plein de doutes.
20:08Mais pour que j'ai l'idée
20:11que mon esprit est fini,
20:13il faut bien que j'ai l'idée de l'infini.
20:16Si je n'avais pas l'idée de l'infini,
20:18je n'aurais jamais douté.
20:20Donc, il y a en moi l'idée de l'infini,
20:23l'essence de l'infini.
20:25Je n'ai rien dit de son existence,
20:27mais j'ai l'essence de l'infini en moi.
20:31Et c'est Dieu.
20:33Alors, Descartes fait une remarque très importante,
20:35il dit qu'il faut faire attention aux mots.
20:36L'ordre des mots n'est pas l'ordre de la réalité,
20:38n'est pas l'ordre des choses.
20:39Pourquoi ?
20:39Parce que dans les mots,
20:41l'infini,
20:42ça se définit à partir du fini.
20:45On met le fini d'abord,
20:47ensuite on fait la négation du fini
20:48et ça donne l'infini.
20:51Donc, dans l'ordre des mots,
20:52on a d'abord le fini
20:53et après l'infini.
20:55Il dit non, non, non,
20:56mais là, ce n'est pas comme ça.
20:57Donc, il change les mots.
20:58Prenons plutôt parfait, imparfait.
21:01L'imparfait,
21:04il faut d'abord avoir l'idée du parfait.
21:06J'ai l'idée du parfait
21:07et je peux définir négativement
21:09ce qui n'est pas parfait
21:10comme étant un parfait.
21:14Donc, je doute
21:14parce que j'ai conscience d'être imparfait.
21:19Un puzzle auquel il manque une pièce,
21:21une porte à laquelle il manque la poignée.
21:24Mais la conscience de mon imperfection,
21:26c'est un mot-clé des méditations.
21:28À chaque fois que Descartes parle d'imperfection,
21:31il prouve l'existence de Dieu.
21:32C'est ça qui est génial.
21:34Et c'est le dernier mot.
21:35La dernière phrase, ça finit sur
21:37« Ah, il fait un aveu.
21:38Vous avez vu comme je suis imparfait ? »
21:39Sauf que dans cette imperfection,
21:41qu'est-ce qui est enveloppé ?
21:42La preuve de l'existence de Dieu.
21:44Parce qu'il faut bien que j'ai l'idée
21:45d'abord de l'essence de Dieu,
21:47du parfait,
21:48pour avoir conscience, moi, d'être imparfait.
21:51C'est le même exemple que le puzzle,
21:53si vous voulez.
21:54Donc, on a cette essence du parfait.
21:59Or, moi, je suis imparfait.
22:01Comment un être imparfait
22:02pourrait-il être à l'origine
22:05d'une essence du parfait ?
22:08C'est contradictoire.
22:11Puisque je suis imparfait,
22:13toutes les essences que je sens en moi,
22:14je ne peux pas avoir une essence du parfait.
22:16L'essence de Dieu est une essence exorbitante
22:21au sens propre du terme.
22:23Elle est exorbitante.
22:25Elle est trop grande
22:25pour mon entendement fini,
22:28pour mon entendement imparfait,
22:29pour mon esprit imparfait.
22:31Je ne peux pas en être l'auteur.
22:34Je peux être l'auteur des triangles,
22:35des essences,
22:36de toutes les essences que vous voulez,
22:37mais pas de cette essence de l'infini
22:39et du parfait.
22:41C'est trop grand pour un esprit imparfait.
22:43Ce n'est pas possible.
22:44Le triangle est tout.
22:45J'aurais pu, oui, j'aurais pu,
22:46j'aurais pu les créer.
22:47Je pourrais, je pourrais,
22:48c'est des idées que j'ai en moi,
22:49mais elles pourraient n'être qu'en moi.
22:51Elles pourraient ne pas avoir de dehors.
22:52Ça pourrait être des idées
22:52que j'ai en moi.
22:54Elles n'ont pas d'existence.
22:56Mais l'idée de Dieu,
22:57l'essence de Dieu est exorbitante.
22:59Donc, le résumé de la troisième méditation,
23:01c'est je doute,
23:02donc Dieu existe.
23:06C'est ça le résultat de la troisième.
23:08Si je doute,
23:09c'est que Dieu existe.
23:11C'est-à-dire, je doute,
23:12donc j'ai l'idée de Dieu,
23:14j'ai son essence,
23:14or son essence est exorbitante
23:17pour l'être fini que je suis,
23:19pour l'être imparfait que je suis.
23:21Et donc, Dieu existe.
23:22C'est en dehors de moi.
23:24Je ne suis plus seul au monde.
23:26Fin de la troisième méditation,
23:27il y a moi et Dieu.
23:30C'est fini, je ne suis plus seul au Dieu.
23:31C'était ça qu'il fallait obtenir.
23:33Le reste est secondaire pour Descartes.
23:36Il y a moi et Dieu.
23:37Je ne suis plus seul.
23:39D'accord ?
23:41Alors,
23:42j'enjamble la quatrième,
23:44parce que sinon,
23:45je ne vais pas avoir le temps
23:45de vous dire tout ce que je veux vous dire.
23:47La quatrième, vous verrez,
23:49ça revient sur mon esprit fini.
23:51Ça va expliquer comment on commet des erreurs
23:53et ça va retrouver de l'infini en moi.
23:56Et l'infini en moi, c'est ma liberté,
23:57mais je passe parce que je ne veux pas
23:58m'arrêter là-dessus.
23:58Donc, cinquième méditation métaphysique,
24:03qu'est-ce qu'il dit au début ?
24:04Donc, la cinquième, c'est
24:05de l'essence des choses matérielles.
24:08Donc, on revient au monde.
24:09On a prouvé l'existence de Je.
24:12On a prouvé l'existence.
24:14On a l'existence et l'essence de Je.
24:17Je sais que j'existe et qu'elle en est sens,
24:19c'est d'être une chose qui pense,
24:21qui doute, etc.
24:22On avait l'essence de Dieu,
24:24on en a prouvé l'existence.
24:26Et bien, qu'est-ce qui reste ?
24:27Après moi, Dieu,
24:28le monde, les arbres, les pommiers,
24:30les triangles, etc.
24:31Donc, on part de l'essence des choses,
24:34sauf que bizarrement,
24:36on s'attendrait à de l'essence des choses
24:38et qu'elles existent.
24:39Et là, c'est de l'essence des choses
24:40et que Dieu existe.
24:43Parce que toutes,
24:44et ça confirme la troisième,
24:45c'est-à-dire que toutes ces idées que j'ai,
24:47que ce soit des choses extérieures,
24:48des triangles, etc.,
24:49si j'ai l'idée de ces essences-là,
24:52vu que j'ai l'essence de Dieu
24:54qui est l'idée de l'être infini et parfait,
24:56donc, il existe.
24:57Et il va faire une autre preuve
24:59de l'existence de Dieu,
25:00beaucoup plus classique,
25:01c'est que quand vous prenez l'essence de Dieu,
25:03dedans, il est parfait,
25:05c'est son essence,
25:06c'est sa définition.
25:08Or, si Dieu n'existait pas,
25:09il lui manquerait quelque chose.
25:12Il aurait tout,
25:13sauf un truc, l'existence.
25:14Et ça, c'est contradictoire
25:15avec l'essence de Dieu.
25:16Et ça, c'est une preuve plus classique
25:17de l'existence de Dieu.
25:18Elle est moins intéressante
25:19que celle de la troisième méditation,
25:22qui est vraiment signée des cartes.
25:23Donc, je passe là-dessus.
25:27Donc, avant que j'examine
25:29s'il y a des choses
25:30qui existent hors de moi,
25:32des choses,
25:32ni moi ni Dieu,
25:33ça, c'est fait,
25:35je dois considérer leurs idées.
25:37Donc, il y a bien la dissociation
25:38de l'essence et de l'existence.
25:40Là, les idées,
25:40c'est les essences.
25:41Avant de me demander
25:42si j'ai un corps,
25:44si mon corps existe,
25:44si j'ai des mains, etc.,
25:45ça compare,
25:46et donc du morceau de cire,
25:48avant de savoir s'il y est.
25:48Qu'est-ce que c'est que ces essences ?
25:50Et il va analyser
25:52les différentes essences.
25:56Bon, je passe là-dessus aussi.
26:01Et du coup, sixième méditation,
26:02qu'est-ce qu'il dit ?
26:03Il ne me reste plus maintenant
26:05qu'à examiner
26:06s'il y a des choses matérielles.
26:08Et en latin,
26:09s'il y a, c'est existante.
26:11S'il existe des choses matérielles.
26:14À commencer par,
26:15est-ce que j'ai un corps,
26:16est-ce que j'ai des mains,
26:17est-ce que j'ai une tête, etc.
26:19Ou pas ?
26:19Est-ce que ça existe, ça ?
26:20Avant même les pommiers.
26:22D'accord ?
26:22C'est le problème.
26:23Là, on est dans le problème
26:24de l'existence des choses.
26:26Donc, on a pu démontrer
26:27l'existence de Dieu.
26:30Remarquez que le paradoxe,
26:32c'est que l'existence de Dieu
26:32dans la troisième méditation,
26:34elle est prouvée
26:35à partir de mon essence.
26:37C'est ça l'originalité
26:38de la preuve de l'existence de Dieu
26:39dans la troisième méditation.
26:41Ce n'est pas qu'il part
26:41de l'essence de Dieu,
26:42Dieu est parfait, etc.
26:43Ce qu'il fait dans la cinquième
26:44et qui est plus classique,
26:46c'est que mon essence,
26:47c'est de douter,
26:47de manquer d'être imparfait
26:49et il va trouver dans mon essence
26:52d'être imparfait
26:53l'essence de Dieu,
26:55l'être parfait
26:56et de l'essence de Dieu,
26:58son existence.
26:59Parce que cette idée de parfait
27:01est exorbitante pour moi
27:02qui suis imparfait.
27:04Mais ce n'est pas
27:04de l'essence de Dieu,
27:06je prouve son existence.
27:07C'est que de mon essence
27:08d'être imparfait,
27:10je déduis l'essence
27:12d'un autre être,
27:13du parfait,
27:13c'est qu'il manque une poignée,
27:15porte sans poignée,
27:16je trouve dans l'essence
27:18de porte sans poignée
27:19et l'essence de porte avec poignée.
27:21Sinon,
27:21il n'y a même pas
27:21d'essence sans poignée.
27:23Comment je peux parler
27:23de sans poignée ?
27:24D'accord ?
27:25Et de cette essence
27:27de Dieu,
27:28c'est-à-dire de la porte complète,
27:29j'en tire son existence
27:30parce que cet être complet
27:31est parfait, etc.
27:32Mais je ne peux pas
27:33en être l'auteur,
27:34moi qui suis imparfait.
27:35Comment être imparfait
27:35pour être l'auteur
27:36d'une essence comme ça
27:39qui contient la perfection ?
27:41Donc, c'est quand même assez fort.
27:41Et donc,
27:42dernière,
27:43la dernière méditation,
27:45ce qui est vertigineux,
27:47c'est-à-dire qu'on,
27:48quand vous avez dit,
27:49le libraire dit
27:50c'est des méditations extravagantes.
27:52Le résultat
27:53de la dernière méditation,
27:55c'est que je sais
27:56que j'existe
27:56avec certitude.
27:58Donc, j'ai première vérité,
28:00j'existe.
28:01Deuxième vérité,
28:01j'existe en tant que chose
28:03qui pense.
28:03Donc, je ne suis pas un corps.
28:06Ça ne dit pas
28:07que je suis immortel,
28:07mais en tout cas,
28:08ça dit que je n'existe pas
28:09comme une chose matérielle,
28:10pas comme un morceau de cire.
28:12Non, j'existe comme une chose
28:13intellectuelle qui pense.
28:16Troisième certitude,
28:18j'ai l'essence de Dieu,
28:19l'être parfait,
28:20infini, etc.
28:22Et quatrième certitude,
28:24j'ai démontré qu'il existait.
28:27Remarquez bien,
28:28je ne démontre pas mon existence.
28:31Mon existence se montre.
28:32Alors, je bute dessus.
28:35Je doute de ceci,
28:35je suis en train de rêver.
28:36Ah, mais il y a un jeu là.
28:38C'est une expérience.
28:39C'est une expérience immédiate.
28:41D'ailleurs, il emploie
28:42le verbe latin expéririe,
28:43faire l'expérience de.
28:44Je fais l'expérience d'exister.
28:46Au moment où je suis en train
28:46de douter,
28:48je fais l'expérience immédiate
28:49et directe d'exister.
28:51Donc, je ne démontre pas
28:52mon existence.
28:53Mon existence se montre à moi.
28:56Mais je ne la démontre pas.
28:59Par contre, je démontre
28:59l'existence de Dieu
29:00à partir de mon essence imparfaite.
29:02Et la sixième méditation,
29:04elle va essayer de récupérer
29:06les choses.
29:07Parce qu'on dit quand même,
29:08je suis assis là,
29:09je pars, je mange,
29:10je fais bien la différence
29:11entre le rêve
29:12et la réalité quand même.
29:13Dans un rêve,
29:14dit Descartes,
29:15tout est délié.
29:16Le rêve est décousu.
29:18Quelqu'un apparaît,
29:18quelqu'un disparaît.
29:20Ça, ça fait penser
29:20à Alice au Pays des Merveilles,
29:21évidemment.
29:23Mais Lewis Carroll
29:24était prof de logique.
29:25Vous voyez qu'il n'a pas lu Descartes ?
29:26Le chat du Checha,
29:28Checha 4,
29:28qu'est-ce qu'il fait ?
29:29Il apparaît,
29:31il disparaît.
29:32Ça, c'est dans le rêve.
29:33Descartes dit,
29:34non, dans le rêve,
29:35c'est continu.
29:35Vous, vous êtes là,
29:36vous n'allez pas disparaître d'un coup
29:37comme ça arrive dans le rêve.
29:39Donc, quand même,
29:39j'ai quand même des éléments.
29:41Oui,
29:41mais je n'ai pas d'épreuve.
29:44Je suis certain
29:45que les choses existent,
29:46que vous existez,
29:46qu'il y a des pommets de l'œil,
29:47mais c'est indémontrable.
29:48Donc, à la fin de la sixième méditation,
29:51on ne démontre pas l'existence
29:52d'autre chose
29:53que Dieu.
29:55Et moi, mon existence,
29:56elle n'est pas démontrable,
29:58mais elle est certaine,
29:59elle est indubitable.
30:00J'existe,
30:01c'est indémontrable et indubitable.
30:04Mais c'est une exception ontologique.
30:05Il n'y a que pour moi,
30:07pour mon jeu.
30:08Dieu, je peux démontrer son existence.
30:10Et pour tout le reste,
30:12donc, vous à qui je parle,
30:13les tables, le ciel, la terre, etc.,
30:15vous avez une existence
30:17qui a la plus haute probabilité,
30:20mais qui reste indémontrable
30:21et indémontrée.
30:23Et Descartes,
30:23alors, qu'est-ce qu'il dit ?
30:25Qu'est-ce qu'il dit dans l'abrégé
30:28à propos de la sixième méditation,
30:31donc la conclusion ?
30:33Il parle de,
30:35pas les démonstrations,
30:36mais les raisons qu'on a de croire
30:37que les choses existent,
30:38que j'ai un corps,
30:39que vous existez, etc.
30:40En considérant ces raisons de près,
30:43je les trouve pas si fermes
30:45ni si évidentes
30:46que celles qui nous conduisent
30:47à la connaissance de Dieu
30:48et de notre âme,
30:49et c'est tout ce que j'ai eu
30:50à dessein
30:51de prouver dans ces méditations.
30:54Donc, les méditations,
30:55vous les prouvez
30:56l'existence de Dieu,
30:58et moi que j'existe,
30:59ça n'a pas été prouvé,
31:00ça a été éprouvé
31:01par une expérience immédiate,
31:02une expérience métaphysique
31:03que je fais d'être
31:04pendant que je doute.
31:06Et c'est tout.
31:07Ce qui fait que
31:08je n'ai pour dehors,
31:12pour autre chose
31:14qui existe,
31:14à part moi,
31:15que Dieu.
31:17Le reste,
31:18on est dans le degré
31:20extrême de probabilité.
31:22Mais ça reste indémontrable.
31:23C'est quand même
31:23assez vertigineux comme idée.
31:24Quand je vous disais
31:25qu'on n'était pas loin
31:25du fantastique,
31:26c'est quand même assez fantastique
31:27dans tous les sens du terme.
31:29Et,
31:30comme je vous disais,
31:33il finit comment ?
31:34Comment ça finit,
31:35les méditations ?
31:36Je dois reconnaître
31:37l'infirmité
31:38et la faiblesse.
31:39Nous devons reconnaître
31:40l'infirmité
31:41et la faiblesse
31:41de notre nature.
31:42Cet aveu de modestie
31:43répète la preuve
31:45de l'existence de Dieu.
31:47Comment je sais
31:48que je suis infirme ?
31:49Comment je sais
31:50que je suis faible
31:50si je n'ai pas l'idée
31:51de la perfection ?
31:53Et c'est les derniers mots
31:54de la sixième méditation métaphysique.
31:57Reconnaître l'infirmité
31:59et la faiblesse.
31:59C'est-à-dire,
32:00il manque des pièces
32:01au puzzle,
32:02ou il manque,
32:03et non seulement il n'en manque
32:04pas une,
32:05il manque plein de pièces
32:06au puzzle,
32:06c'est bon.
32:07Oui,
32:07mais si je sais
32:08qu'il manque des pièces,
32:08si j'ai conscience
32:09de mon infirmité
32:10et de ma faiblesse,
32:12c'est que j'ai l'idée de Dieu
32:12et cette idée de Dieu,
32:14cette essence de Dieu
32:14étant exorbitante
32:15pour ma pensée
32:16tellement faible
32:17et tellement imparfaite,
32:18donc Dieu existe.
32:19Je suis faible,
32:20je suis imparfait,
32:21donc Dieu existe.
32:22C'est comme ça que ça file.
32:24Voilà.
32:26Avez-vous des questions ?
32:30Oui ?
32:31Vous pouvez vous approcher un petit peu
32:38s'il vous plaît,
32:38vous parlez plus fort.
32:45Il doute de l'existence de Dieu.
32:46Alors,
32:47la question c'est
32:47pourquoi il ne doute pas
32:48de l'existence de Dieu ?
32:49Il doute de l'existence de Dieu,
32:51c'est-à-dire que jusqu'à la fin
32:52de la deuxième méditation,
32:54Dieu,
32:54c'est une opinion.
32:55D'ailleurs,
32:55c'est bien votre question,
32:56dans la première méditation,
32:58il dit,
32:58j'ai reçu par mon éducation
33:00une certaine opinion de Dieu.
33:05Ce n'est pas une idée de Dieu,
33:06c'est une opinion.
33:08C'est le Père Noël,
33:10si vous voulez,
33:10c'est une essence.
33:11Donc,
33:11il doute,
33:11non,
33:12il doute complètement de Dieu.
33:13Je vous dis,
33:14à la fin de la deuxième méditation,
33:15il n'y a ni Dieu,
33:16ni monde.
33:17Et c'est bien pour ça
33:18que dans la troisième,
33:19il va falloir prouver
33:20que Dieu existe.
33:22C'est là où il fait
33:22un tour de force incroyable,
33:23cette preuve de l'existence
33:24de Dieu dans la troisième méditation,
33:26c'est quand même
33:26un chef-d'œuvre.
33:28Oui.
33:28Alors,
33:48question,
33:49excellente question.
33:51Donc,
33:51il y a un élève qui dit,
33:53je ne comprends pas
33:53comment de,
33:54j'ai l'essence,
33:56je comprends bien comment
33:57de,
33:58j'ai conscience d'être imparfait,
33:59je pars à l'idée du parfait,
34:00j'ai bien l'essence du parfait.
34:02Mais comment je passe de,
34:03pourquoi je n'aurai pas
34:03cette essence du parfait
34:04sans que pour autant,
34:05elle existe ?
34:07C'est un point,
34:08je suis un peu passé vite
34:10parce que le temps est limité,
34:11donc comme je voulais vous faire
34:12le parcours,
34:13mais c'est un point crucial,
34:14effectivement.
34:15Et en fait,
34:15il y a toute une argumentation
34:16pour dire
34:17qu'il prend en fait
34:20une analogie
34:21entre la cause et l'effet.
34:22pour que quelque chose
34:23produise un effet,
34:25il faut qu'il y ait
34:25une certaine réalité.
34:26Par exemple,
34:26je vous prends un exemple,
34:27le froid ne peut pas
34:29avoir pour effet
34:29de la chaleur.
34:31Donc,
34:31il faut par exemple
34:32du soleil
34:32pour faire fondre la glace.
34:34D'accord ?
34:34S'il n'y a pas de soleil,
34:36la glace ne fond pas.
34:37Il prend ce type d'analogie
34:39et avec ce type d'analogie
34:41de faire exister quelque chose,
34:44vous voyez,
34:45il dit
34:45d'où j'aurai même
34:47l'essence de,
34:49en fait,
34:50toute la différence
34:51vient entre les essences
34:52des figures géométriques
34:54parce que les figures géométriques,
34:56les trois angles et tout,
34:58ce n'est pas moi
34:58qui en décide,
34:59vous voyez,
34:59j'ai l'impression que,
35:00donc on pourrait penser
35:01que ça existe indépendamment
35:02de nous,
35:02les figures géométriques
35:03puisqu'elles sont immuables,
35:05je n'en dispose pas à ma guise.
35:06Donc,
35:06ça donne une sorte
35:07d'extériorité.
35:07Il dit,
35:08mais non,
35:08ça,
35:09c'est interne à la pensée.
35:10Par contre,
35:11le parfait,
35:12cette essence du parfait,
35:14je ne peux pas moi,
35:15il n'y a pas assez
35:16de réalité en moi
35:17qui suis tellement imparfait
35:18pour produire
35:19l'essence même,
35:20en fait.
35:21Il y a un hiatus
35:22entre mon essence
35:23d'être imparfait
35:24et cette essence
35:25de perfection.
35:27Je n'aurais pas
35:28l'essence du parfait
35:28s'il n'y avait pas
35:30autre chose que moi.
35:31C'est-à-dire,
35:31si j'étais seul au monde,
35:34je n'aurais pas l'idée de Dieu,
35:34en fait.
35:35Je ne pourrais pas avoir
35:36l'idée de Dieu.
35:37Et donc,
35:37le fait que j'ai l'idée de Dieu
35:38veut dire qu'elle vient
35:39d'ailleurs.
35:40C'est que c'est Dieu
35:41qui a mis en moi
35:41l'idée de lui-même.
35:43Si j'ai en moi
35:44l'idée de Dieu,
35:44c'est qu'elle m'a été mise
35:45par Dieu.
35:46Donc,
35:47il y a quelque chose
35:47d'autre que Dieu.
35:48Il n'y a que Dieu
35:48qui a pu me donner
35:49l'idée de lui-même.
35:52Donc,
35:52j'ai l'idée de Dieu,
35:54mais ça prouve
35:55que Dieu existe
35:57en dehors de...
35:58Parce que je n'ai pas
35:59comme en moi
36:00qui suis imparfait,
36:01j'aurais pu me donner
36:02cette idée du parfait.
36:04Si vous voulez,
36:05pour reprendre l'exemple,
36:06je n'ai jamais connu
36:07de puzzle.
36:09D'accord ?
36:10De puzzle complet,
36:11je veux dire.
36:12Puzzle,
36:12il y a un cadeau de Noël
36:14d'occasion,
36:18donc j'avais mon puzzle,
36:19mais il a toujours manqué
36:20des pièces.
36:20Mais moi,
36:20je suis un gamin,
36:21je ne le sais pas,
36:21j'ai toujours joué,
36:22hop,
36:22j'ai fini le puzzle.
36:25Je n'aurai jamais
36:25l'idée du puzzle.
36:27Donc,
36:27c'est parce que
36:28on m'a donné
36:29le puzzle complet
36:31que quand mon frère
36:32ou ma soeur
36:33m'a piqué les morceaux,
36:34je vais voir ma mère
36:34ou mon père,
36:35il m'a piqué les morceaux
36:36et tout,
36:37j'ai l'idée
36:37qu'il manque des pièces.
36:38Mais ça ne peut pas
36:39venir de moi.
36:40Moi,
36:40tout seul,
36:40je n'ai pas l'idée
36:41qu'il manque des pièces.
36:43Vous voyez ?
36:43Je ne pourrais pas
36:44avoir cette idée en fait.
36:45Donc,
36:46si j'ai l'idée du parfait
36:47et je l'ai nécessairement
36:48puisque j'ai conscience
36:49d'être imparfait,
36:51ça veut dire
36:51que cette idée
36:52a été mise en moi.
36:53Je ne peux pas
36:53moi-même être l'auteur
36:54de cette idée du parfait.
36:56C'est contradictoire.
36:57Mais vous posez
36:58une question énorme.
37:00J'essaie de vous dire
37:01ce que dit Descartes,
37:02mais ce n'est pas du tout
37:02une question qu'on peut…
37:03C'est une excellente question.
37:05Ça,
37:05c'est une vraie question.
37:06Allez lire
37:07la troisième méditation,
37:08vous allez vous amuser.
37:0815 pages.
37:11Oui,
37:12oui,
37:12allez-y.
37:20Un hiatus.
37:21Ah oui,
37:22le hiatus,
37:23c'est que par exemple,
37:24ça vient de la prononciation,
37:26on ne dit pas
37:26si on veut chanter,
37:28on dit si l'on veut chanter
37:29pour le « on ».
37:31Il y a un trou,
37:32il y a un gap,
37:32dirait les anglais.
37:33C'est ça un hiatus.
37:34En fait,
37:34c'est qu'il n'y a pas
37:35de passage de l'un à l'autre.
37:37Voilà.
37:38Il n'y a pas de lien en fait.
37:40Il n'y a pas de continuité en fait.
37:41Il y a une discontinuité,
37:42il y a une rupture.
37:44Voilà,
37:45il y a une rupture.
37:46Je ne peux pas passer
37:47de l'un à l'autre.
37:47Donc,
37:47je ne peux pas passer
37:48de l'essence des choses,
37:50des triangles,
37:51des arbres,
37:51des corps,
37:52etc.,
37:52à leur existence.
37:55Il n'y a pas de lien nécessaire.
37:58Oui,
37:58il y avait une autre question ?
38:00Comment Descartes peut expliquer
38:02que certaines personnes
38:03ne feront pas en Dieu ?
38:04Si Dieu a mis en ligne
38:06une lésence même
38:07d'une lésence de perdoxion ?
38:10La question,
38:12c'est comment Descartes explique
38:14et qu'est-ce qu'il fait
38:14des gens qui ne croient pas en Dieu ?
38:16C'est une vraie question.
38:17En plus,
38:17ça,
38:17c'est la question
38:18qu'il pose au début.
38:19Il y a une sorte de préface au début.
38:21Il dit,
38:21pourquoi je fais des méditations métaphysiques ?
38:23Parce qu'on ne peut pas se contenter,
38:25quand on est philosophe chrétien,
38:27de la foi.
38:28C'est ce que je disais tout à l'heure.
38:30Pourquoi ?
38:30Parce qu'il y a Don Juan,
38:31parce qu'il y a des créants,
38:32parce qu'il y a les libertins
38:33et que la science a tellement
38:36disqualifié le récit biblique
38:39qu'on doit se mettre
38:41sur le terrain
38:42de ceux qui n'ont pas la foi.
38:43C'est ce que fait Pascal
38:44avec le pari.
38:45Le pari,
38:46c'est de la probabilité.
38:48Donc,
38:48il n'y a pas besoin d'avoir la foi.
38:49Il y a juste besoin
38:49d'avoir une raison mathématique.
38:51Donc,
38:51il faut se confier à la raison
38:52parce que la raison,
38:52elle est commune.
38:54Les uns ont la foi,
38:55les autres n'ont pas la foi,
38:56les ont telle foi,
38:57telle autre foi,
38:57tout.
38:57Ça,
38:58ça nous divise.
38:59Par contre,
38:59la capacité de raisonner,
39:01elle est universelle aux humains,
39:02elle est commune.
39:03Donc,
39:03on se met sur le terrain
39:04du raisonnement
39:05et c'est pour ça
39:06qu'il est nécessaire de…
39:07Et donc,
39:08tu n'as pas la foi peut-être,
39:09très bien,
39:10n'empêche que je te démontre
39:11que Dieu existe.
39:13Et à la limite,
39:14on pourrait même dire
39:14tu n'as pas la foi
39:16à ce qui vient
39:18dans ton imperfection
39:19et toute cette imperfection
39:21ne fait que démontrer
39:22l'existence de Dieu.
39:24Mais du coup,
39:24là,
39:24on ne s'adresse pas.
39:25Je ne dis pas
39:26qu'il faut le sentir
39:27ou ce n'est pas
39:28dans une adhésion mystique
39:29à Dieu.
39:30Non,
39:31c'est sur le terrain commun
39:32du raisonnement
39:33et de la preuve.
39:35C'est comme ça,
39:36c'est pour ça
39:36qu'il a besoin
39:37de prouver l'existence
39:38de Dieu justement.
39:39Pour faire de la religion
39:41un problème philosophique,
39:43un problème rationnel,
39:45philosophique
39:45et de ne pas abandonner
39:46la religion à la religion.
39:49C'est ce que Kant appellera
39:50mettre la religion
39:51dans les limites
39:51de la simple raison.
39:52C'est exactement ça.
39:53Oui ?
39:55Est-ce que Descartes
39:58est sceptique par le doute ?
40:23Ça, c'est une grosse question.
40:24Non,
40:25on ne peut pas dire ça
40:26pour une raison simple,
40:27c'est-à-dire qu'il prend
40:27au début de la première méditation
40:28des arguments sceptiques classiques,
40:30des illusions des sens,
40:31etc.
40:32Donc,
40:32au fond,
40:33il est beaucoup plus sceptique
40:34qu'aucun des sceptiques
40:35parce que la première méditation,
40:36elle est vertigineuse.
40:37personne n'a poussé
40:39le doute aussi loin.
40:41Mais là,
40:42ce qui est très fort chez lui
40:43et c'est là où il n'est pas
40:43du tout sceptique,
40:44ce n'est pas qu'il passe
40:45à autre chose,
40:45c'est qu'il dit
40:46plus je doute
40:47et plus mon doute
40:49est radical
40:50et hyperbolique
40:51comme il dit,
40:52plus je prouve
40:53que j'ai au moins
40:53une certitude,
40:55c'est que j'existe.
40:57Donc,
40:57vous pouvez faire proliférer
40:58le doute autant que vous voulez
40:59et c'est ce qu'il fait.
41:00Il gagne du temps,
41:01il dit bon,
41:01il y a les sceptiques et tout,
41:02allez,
41:02laisse tomber,
41:03il ne s'a pas douté,
41:03moi je vais douter
41:04et il envoie
41:05un tsunami de doute
41:07mais de ce tsunami de doute,
41:10il vous sort une encre.
41:13Il y a quelque chose
41:13qui échappe à tout ce doute,
41:15c'est que j'existe.
41:16Il n'y a pas de doute sinon.
41:17Donc,
41:17non,
41:18il n'est pas sceptique
41:18et parce que d'abord,
41:20il y a la certitude
41:21de l'existence
41:22de ce jeu qui doute
41:23et à partir de là,
41:27la scise
41:29pour démontrer
41:30l'existence de Dieu.
41:32Donc,
41:32on a deux
41:33certitudes
41:34et c'est tout
41:35ce qui compte
41:35pour Descartes.
41:36J'existe,
41:37on a trois certitudes,
41:38j'existe,
41:39j'existe pas comme un morceau
41:40de cire,
41:41j'existe comme une chose
41:42qui pense.
41:42Donc,
41:43mon essence n'est pas
41:44matérielle,
41:45elle est intellectuelle,
41:46elle est spirituelle
41:46et Dieu existe.
41:48Ça me suffit.
41:50Merci Guillaume.
41:51Je donne la parole
41:52à Antoine Châtelet
41:53s'il vous plaît.
41:54Antoine,
41:55allez-y.
42:00Antoine Châtelet,
42:01s'il te plaît,
42:02la parole est à toi.
42:04Il n'est plus là.
42:05Mais on a des questions
42:05sinon dans la salle.
42:06Allons-y,
42:07encore une question
42:07dans la salle.
42:09Il y avait quelqu'un
42:10par là,
42:11je ne sais plus
42:12qui c'était.
42:13Oui,
42:13allez-y.
42:13C'est-à-dire que ce que vous
42:26vous demandez,
42:27pourquoi,
42:28qu'est-ce qui autorise
42:28Descartes à redéfinir
42:30le doute par le désir
42:32de savoir ce qu'on ne sait pas
42:33et donc par un membre ?
42:34Parce que le désir,
42:35c'est l'expérience du membre.
42:35Si vous prenez,
42:43on prend le début,
42:45qu'est-ce qui fait
42:46qu'on se met à douter ?
42:48C'est qu'on n'est pas sûr.
42:51D'accord ?
42:51Si je doute,
42:52c'est que je ne suis pas sûr
42:53et il est là le manque.
42:55Je manque de certitude.
42:58Donc,
42:58ce n'est même pas
42:59une redéfinition,
43:00c'est que le doute
43:01présuppose la conscience
43:02du manque.
43:04D'ailleurs,
43:04on peut prendre le contre-exemple.
43:06Celui qui ne doute de rien,
43:07c'est l'abruti.
43:08Oui,
43:09ça nous arrive,
43:11on a nos moments aussi.
43:12D'ailleurs,
43:13par parenthèse,
43:13la vraie définition de l'abruti,
43:15c'est celui qui trouve
43:16les autres abrutis
43:16qui ne se surprend jamais
43:17lui-même en train de l'être.
43:18À mon avis,
43:19c'est ça la bonne définition.
43:20Mais donc,
43:21au moment où je suis abruti,
43:24espérons que ce soit
43:25qu'un moment.
43:26L'hypothèse aussi
43:27que ça s'en trouve,
43:28c'est tout le temps.
43:28Enfin, passons.
43:29Quand je suis abruti,
43:30ou prenons l'autre,
43:31un abruti,
43:31le propre de l'abruti,
43:32là,
43:33on a des exemples,
43:34dans la scène politique internationale,
43:35il y a quand même des beaux cas.
43:37Ils ne doutent de rien.
43:39Parce qu'il ne manque de rien.
43:40C'est tout.
43:42Je sais tout.
43:44Alors qu'à l'inverse,
43:45en prenant le contraire,
43:46ça explique.
43:47Celui qui se met à douter,
43:49c'est que ça,
43:50je ne le sais pas.
43:50Par exemple,
43:51moi,
43:51ma géographie n'est pas impeccable.
43:53C'est quoi la capitale de la Turquie ?
43:56C'est Istanbul ?
43:57C'est peut-être Ankara ?
43:58Vous voyez ?
43:59Voilà.
43:59Je ne sais pas trop.
44:01Je manque de connaissances
44:02sur ma géographie
44:04et c'est imparfaite.
44:06Donc,
44:06je doute à partir du moment
44:07où je vois qu'il me manque
44:08des connaissances.
44:09C'est ça,
44:10le doute.
44:11Sinon,
44:11je ne doute pas.
44:12Et à l'inverse,
44:12celui qui ne doute jamais,
44:13c'est celui qui croit.
44:14Ce n'est pas qu'il a le savoir absolu,
44:16mais il croit l'avoir.
44:18Ça vous va comme réponse ?
44:21Vous n'êtes pas obligé.
44:24Merci,
44:24cher Guillaume.
44:25Merci,
44:26merci.
44:27En temps de presse,
44:28j'aimerais donner la parole à Antoine.
44:29On a encore un instant.
44:31Comment ce texte,
44:32un vertige absolu,
44:34a-t-il été accueilli ?
44:37Comment ce texte a-t-il été accueilli
44:39à son époque ?
44:39Oui,
44:40bien sûr.
44:42Voilà,
44:42je ne peux pas répondre en deux mots,
44:44mais juste un mot,
44:45parce que c'est ça qui est intéressant.
44:46Je vous dis juste le truc hyper intéressant,
44:47c'est que ce qui est très beau,
44:49c'est qu'il y a quand même
44:49une communauté de philosophes
44:50à l'époque.
44:51Malheureusement,
44:52elle n'existe plus,
44:52mais il y a une communauté de philosophes.
44:54Et en fait,
44:55tous les grands philosophes
44:55de l'époque
44:56écrivent à Descartes
44:58et lui écrivent des objections
44:59qui sont publiées.
45:00Vous avez les objections
45:01et les réponses
45:01aux objections de Descartes.
45:03Et vous avez les objections de Hobbes,
45:04par exemple.
45:05Hobbes écrit des objections.
45:06Il dit,
45:07là, je vais vous faire plaisir.
45:08Il dit,
45:09oui, je suis une chose qui pense.
45:10Mon essence,
45:10c'est de penser.
45:11Oui,
45:11quand je pense,
45:12mon essence,
45:12c'est de penser.
45:13Mais quand je me promène,
45:14mon essence,
45:14c'est de me promener.
45:15Je suis une chose promenante.
45:16Égo en bulot.
45:18Je me balade.
45:20Donc,
45:20égo cogito,
45:21quand je cogite,
45:22et puis quand je me promène,
45:23égo en bulot.
45:23Bon,
45:24enfin,
45:24c'est assez mort.
45:25Donc,
45:25Gassendi,
45:26je n'aurais pas pu en parler,
45:27mais Gassendi,
45:28sur votre question,
45:29on en reparlera,
45:30votre question de d'où il sort
45:31l'existence de l'essence.
45:33Il y a une objection de Gassendi
45:34qui est une masterclass
45:35et qui est reprise par Kant.
45:37Kant,
45:37dans la critique de la raison pure,
45:38il pose votre question.
45:39Il dit,
45:39mais d'où il tire
45:40de l'essence de Dieu
45:41son existence ?
45:42Il y a un abricadabra
45:43qu'on ne peut pas faire.
45:45Donc,
45:45Arnaud,
45:46Arnaud de Arnaud et Nicole,
45:48etc.,
45:48fait des objections à Descartes.
45:50Donc,
45:50c'est reçu comme un livre,
45:53il est très critiqué et tout,
45:54mais c'est un livre incontournable.
45:56Il est tout de suite vu
45:57comme un livre majeur.
45:58Il n'y a personne qui dit
45:59qu'on s'en fiche.
46:00Voilà.
46:00Après,
46:01la réception,
46:01c'est compliqué,
46:02mais ça inaugure l'ère
46:04de la philosophie moderne.
46:05Après,
46:07Kant,
46:07vous avez les gueules,
46:07il y a tout qui part.
46:09Sans Descartes,
46:10c'est vraiment
46:10une ère nouvelle.
46:15Merci.
46:16Antoine,
46:17dernier mot ?
46:20J'ai envie de laisser
46:23le dernier mot
46:23peut-être aux élèves
46:24peut-être
46:25qui ne sont pas du monde.
46:27Est-ce qu'il y avait
46:28un élève
46:28qui voulait ajouter
46:29quelque chose ?
46:29Pourquoi je ne peux pas
46:33être simplement
46:34par un livre ?
46:36Je n'ai pas entendu.
46:37On ne pourrait pas
46:37être simplement ?
46:38Par un livre.
46:39Oui ?
46:40C'est-à-dire,
46:41pourquoi il y a
46:42nécessairement
46:43une manquée
46:45pour qu'on ne peut
46:46jamais être décemment ?
46:48C'est-à-dire,
46:48est-ce que
46:50j'ai compris
46:52ce travail ?
46:53Est-ce que
46:54la personne
46:55est-ce que vous
46:55vous venez
46:55ou vous venez
46:56de quelque chose ?
46:57Vous venez
46:58de l'intégrité
46:58de la personne ?
47:00Alors,
47:01je pense que
47:01vous ne venez
47:01pas de la main
47:02ou de l'expérience
47:04de vous-même
47:04ou de l'expérience
47:05de paranoïaques ?
47:06Oui,
47:08je comprends.
47:09Pourquoi
47:10on ne serait pas
47:10tous paranoïaques ?
47:11C'est-à-dire
47:12qu'il n'y aurait
47:12pas besoin
47:13d'avoir
47:14l'expérience
47:15du manque
47:15pour douter ?
47:16Non,
47:16moi,
47:16je ne suis pas d'accord,
47:17je vois l'objection,
47:18mais au contraire,
47:19le paranoïaque
47:20qui doute
47:21de l'intégrité
47:21de tout le monde,
47:22c'est-à-dire,
47:22vous me regardez
47:24votre air comme ça,
47:25en fait,
47:25vous avez prévu
47:26de m'empoisonner
47:26demain matin
47:27et vous aussi
47:28avec votre question
47:29d'ailleurs.
47:30Bon,
47:30mais tout ça,
47:31ça suppose quoi ?
47:32Ça veut dire
47:32que je ne suis pas sûr
47:33de vous
47:33et le « je ne suis pas »
47:35c'est du manque.
47:37C'est du manque.
47:39Il y a du « ne pas ».
47:41T'as beau avoir
47:42ton beau sourire,
47:43la bille
47:44ne fait pas le moine,
47:45je ne suis pas sûr
47:45de toi là
47:46et je suis certain
47:47de ne pas être sûr
47:48de toi,
47:48n'empêche que,
47:49vous voyez,
47:50cette certitude du paranoïaque,
47:51il est sûr que,
47:52ça y est,
47:53il doute de tout le monde,
47:53il est sûr de douter
47:54de tout le monde,
47:54mais doutant de tout le monde,
47:55il y a du « ne pas ».
47:56Qu'est-ce que ça veut dire
47:58ce petit sourire
47:59soi-disant sympathique là ?
48:01Quelle pensée maléfique
48:02à mon encontre,
48:04ça cache,
48:05etc.
48:05Donc,
48:06il y a du « ne pas »
48:06en moi.
48:07Je ne suis pas du tout sûr
48:08de « tu me regardes »
48:09mais non,
48:09je n'ai pas confiance,
48:11etc.
48:11Tout ça,
48:12c'est du « ne pas ».
48:14Vous voyez ?
48:14C'est ça le manque en fait.
48:18Merci,
48:19merci,
48:20nous arrivons
48:21au terme
48:22de ce programme,
48:23cher Guillaume Pugère
48:24de Gourvert,
48:25merci infiniment
48:26de cette magnifique leçon
48:28sur des cartes,
48:30merci aux élèves
48:31du lycée Guélusac
48:32qui sont à tes côtés.
48:34Et ce programme
48:35sera disponible
48:36en vidéo
48:37d'ici quelques jours
48:38et en podcast
48:39également
48:39sur plusieurs plateformes.
48:42Un grand merci
48:42à Antoine Châtelet,
48:44Jean-Luc Gaffard
48:45qui ont préparé
48:46la diffusion
48:47de ce programme.
48:48À la semaine prochaine
48:49pour une leçon,
48:51là aussi,
48:52sur la rationalité,
48:53l'irrationalité
48:54des émotions
48:54chez les stoïciens.
48:56C'est notre
48:56chère Marion Durand,
49:00soeur associée
49:01à l'Université d'Oxford
49:02qui sera avec nous.
49:03Bienvenue à tous
49:04pour la suite
49:05de nos programmes en ligne
49:08et merci encore.
49:10Très bonne journée
49:10à tous.
49:12À bientôt.
49:13Au revoir.
49:13A bientôt.
49:33Sous-titrage Société Radio-Canada
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