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Cours de philosophie diffusé le 06/11/ 2025 sur la plateforme du Projet Europe, Éducation, École :
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Catégorie

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Éducation
Transcription
00:00Bonjour à tous, soyez les bienvenus sur la plateforme du projet Europe Éducation et École
00:21pour la deuxième partie d'une matinée consacrée à la question de l'intelligence artificielle
00:29en son rapport avec la créativité, c'est Philippe Fontaine, professeur de philosophie à l'université de Rouen
00:35qui nous fait plaisir de faire réfléchir sur ces questions complexes de notre actualité.
00:45Je suis très heureux de savoir que des élèves du lycée français de Pondichéry en Inde,
00:50que des élèves de Burkina Faso puissent participer avec nous à ce programme,
01:02ainsi que d'autres établissements comme le lycée français de Rome ou le lycée de Vigie près de Grenoble
01:11suivent donc sur Twitch ces réflexions et poseront peut-être leurs questions tout à l'heure.
01:19Cher Philippe, je te laisse la parole et on s'abandonne au plaisir de t'écouter.
01:25Je ne voudrais pas oublier aussi les élèves d'Abidjan, qui sont au lycée Jean-Mermoz.
01:29Merci.
01:31Merci beaucoup.
01:34Oui, alors, je voudrais prendre comme point de départ de cette deuxième partie
01:41l'idée qu'il y a un aspect essentiel à toute création qui réside dans le fait qu'elle est le produit d'une histoire.
01:50C'est-à-dire que l'œuvre et la création d'un artiste ne peuvent pas être dissociées de l'histoire événementielle
01:56et a marqué l'existence du sujet à travers la multitude d'expériences dont il a été affecté,
02:04et ce, depuis son enfance.
02:06Tout le monde sait que la psychanalyse freudienne, notamment, a suffisamment insisté sur l'importance
02:13dans la vie de tout homme et singulièrement de tout artiste de l'enfance,
02:18puisque Freud lui-même a consacré des textes, des analyses à certains artistes.
02:22On connaît le fameux texte sur Léonard de Vinci, par exemple,
02:24et singulièrement, donc, ce que Freud appelle la préhistoire infantile,
02:30c'est-à-dire les toutes premières années, en gros, les cinq, six premières années de la vie d'un être humain,
02:36dont très souvent, d'ailleurs, cette enfance est tellement importante
02:39que très souvent, nous en portons le poids, si je puis dire, positif ou négatif,
02:43cela dépend des cas, évidemment, pendant toute notre vie, y compris, jusque dans la jeune vie.
02:48Autrement dit, on peut simplement poser une question qui peut paraître banale,
02:53mais qui me paraît importante.
02:55Un homme qui n'aurait pas eu d'enfance serait-il capable de créer ?
03:00Peut-on considérer, n'est-ce pas, que la création à laquelle un artiste se voue
03:12est totalement indépendant de son enfance ?
03:17En fait, je crois qu'aucune œuvre ne saurait se comprendre de manière approfondie,
03:22sans un détour explicatif ou compréhensif, en tout cas,
03:26par le retour à l'enfance de l'artiste créateur.
03:30Je l'ai dit, Freud a lui-même consacré plusieurs ouvrages à l'œuvre des grands créateurs,
03:34en particulier le texte célèbre « Un souvenir d'enfance » de Léonard de Vinci,
03:37que je vous invite à lire, évidemment, et qui est extrêmement intéressant,
03:41et qui consiste à montrer, mais c'est la thèse du général de Freud d'ailleurs,
03:45que toute création est le produit.
03:48Alors, un produit, évidemment, très dérivé, très médiatisé par toutes sortes de filtres successifs,
03:56mais c'est quand même le produit de la vie fantasmatique qui est le propre de l'homme.
04:00Tout à l'heure, j'ai parlé de l'imaginaire, de l'imagination,
04:03comment pourrait-on dissocier ses facultés de la création,
04:06et qui commence par conséquent au tout début de l'existence humaine.
04:11Par exemple, à travers le jeu, prenons l'exemple du jeu.
04:14Seul l'enfant joue, l'être humain joue, n'est-ce pas ?
04:17Mais ce jeu, c'est déjà quelque chose qui est investi par l'imagination de l'enfant.
04:21L'enfant imagine plein de choses quand il joue, n'est-ce pas ?
04:24Il se croit un autre, il s'imagine être tel ou tel personnage,
04:28je ne sais pas, de bande dessinée ou de série ou de médias, peu importe, etc.
04:32Et donc déjà, dès son enfance, l'homme est un être qui est au moins autant aux prises
04:39avec son imagination, c'est-à-dire avec une sorte de construction d'une vie intérieure,
04:45fantasmatique, au moins autant que dans la relation qu'il a avec le monde extérieur.
04:49C'est-à-dire que le subjectif, si vous préférez, est d'emblée très important
04:53chez l'être humain, au moins autant que l'objectif,
04:56si on entend par objectif l'ensemble de la réalité qui nous entoure.
05:00Par conséquent, l'importance de l'enfance dans la personnalité du génie créateur
05:05se repère dans toutes les œuvres.
05:09Et on peut montrer d'ailleurs que quelquefois, ce sont des choses vécues dans l'enfance,
05:14mais malheureusement des traumatismes, par exemple des expériences douloureuses.
05:18De très nombreux créateurs d'ailleurs ont témoigné de cela, encore aujourd'hui.
05:22Quelquefois, des écrivains vous expliquent que s'ils ont eu envie,
05:26ou si, je vais presque dire, s'ils ont eu besoin d'écrire tel ou tel livre,
05:31c'est parce qu'il leur fallait absolument coucher sur le papier
05:34des choses qui étaient en rapport avec des événements vécus pendant leur enfance.
05:39Et parfois, ces événements n'étaient pas toujours heureux,
05:41ça peut être en effet des événements traumatiques.
05:45Mais justement, la création, qu'est-ce que c'est ?
05:48Là encore, si je me réfère à la terminologie de Freud,
05:52il dit que c'est une sublimation.
05:54Qu'est-ce que ça veut dire, sublimation ?
05:55Ça veut dire qu'en fait, ce travail, c'est un travail de symbolisation
05:59à travers l'œuvre d'art, dans la création de l'œuvre d'art,
06:02qui va permettre alors de dépasser justement la position dépressive
06:07dans laquelle l'enfant a été plongé lorsqu'il a vécu une expérience traumatisante.
06:14Par exemple, un deuil, une séparation des choses de genre.
06:16Mais c'est vrai aussi évidemment pour l'adulte.
06:18Autrement dit, l'œuvre d'art répare en quelque sorte le sujet lui-même,
06:26l'artiste en venant combler ce manque et en mobilisant son énergie intérieure
06:31vers un travail de création, quelque chose de positif au fond.
06:35N'oublions pas que la création, c'est quelque chose de fondamentalement positif.
06:39Il faut quand même opposer la création à la destruction.
06:42Il y a d'ailleurs des belles pages chez Sartre dans l'Etre et le Néant,
06:46vous pouvez vous y reporter si vous voulez,
06:49où Sartre montre bien ce que c'est que la destruction.
06:53Et il montre que la destruction, c'est une sorte de création à l'envers.
06:57C'est une création négative évidemment.
06:59Et que quand les individus ne peuvent pas créer
07:01ou en sont incapables pour toutes sortes de raisons,
07:04il est tentant parfois pour eux de se réfugier dans la destruction,
07:08dans la destructivité.
07:09Car malheureusement, la destruction est aussi de propre dolore.
07:13Et là encore, c'est un privilège maléfique en quelque sorte.
07:18Mais c'est quelque chose qui existe.
07:21Alors, ça signifie que cette référence au traumatisme que je viens de faire
07:31signifie que parmi les conditions de possibilité de toute création,
07:34il y a entre autres une sorte de souffrance de la part de l'auteur.
07:40En effet, n'oublions pas que la création c'est aussi un travail.
07:44Et vous savez peut-être que l'origine du mot travail,
07:48étymologiquement parlant, c'est une origine négative en quelque sorte,
07:52puisque le travail renvoie à un mot latin qui signifie torture.
07:56C'était un appareil de torture, cryptarium, etc.
07:58Donc, l'idée du travail, et ça c'est quelque chose de très important.
08:02Pourquoi ? Parce que ça signifie que toute création implique un travail
08:06au sens propre et même étymologique du terme, comme je viens de rappeler,
08:10puisque ça implique, c'est quelque chose qui connote l'idée de souffrance,
08:15que son auteur, l'auteur d'une œuvre ne peut pas, si vous me permettez l'expression,
08:19en accoucher, entre guillemets, sans une somme de douleurs,
08:24dont tous les grands créateurs ont témoigné.
08:27Tous les grands créateurs ont témoigné que l'œuvre, c'est assez rare,
08:31le créateur qui vous dit, cette œuvre s'est arrivée tout seul, etc.
08:36L'idée peut-être, oui, le thème peut s'imposer à moi,
08:39mais après il faut travailler, évidemment.
08:41Et par conséquent, la rupture de l'œuvre est importante,
08:45parce que c'est ce qui en fait une création,
08:47rupture de l'œuvre avec ce qui existait déjà, je l'ai dit au début de mon exposé,
08:51avec ce qui était déjà à disposition, en quelque sorte.
08:55Et donc, le travail de création implique un pouvoir d'arrachement,
08:59un pouvoir d'arrachement à l'évidence même du présent,
09:03à ce qui est donné et dont seul dispose ce pouvoir d'arrachement,
09:07semble-t-il, nous ne l'avons pas tous à notre disposition, malheureusement,
09:11c'est probablement la raison pour laquelle nous ne sommes pas tous des artistes
09:14et encore moins des génies,
09:15mais ce pouvoir d'arrachement, comme le mot arrachement lui-même,
09:19d'ailleurs, finalement le rappelle,
09:21implique toujours une certaine dose de souffrance.
09:25Et d'ailleurs, beaucoup d'artistes témoignent, là encore,
09:29il faudrait évidemment, je pourrais donner beaucoup de références à ce sujet,
09:33beaucoup d'artistes témoignent du fait qu'ils ont payé, en quelque sorte,
09:36le prix, si je puis dire, de la création.
09:38Et pour beaucoup d'entre eux, créer, c'est quelque chose d'extrêmement difficile.
09:44Dans son texte, Le corps de l'œuvre, disait en yeux le psychanalyste que j'ai cité tout à l'heure,
09:50dit ceci, je le cite, ouvrir les guillemets, il dit créer,
09:53créer, c'est transgresser les tabous, c'est s'affranchir des menaces,
09:58mais c'est aussi jouer avec le feu, il utilise cette expression.
10:04Il dit, c'est en payer le prix, c'est en payer le prix par des moments d'angoisse,
10:08de dépression, par des malaises, voire des maladies organiques.
10:12Fermez les guillemets.
10:14Vous voyez bien, je trouve cette citation très intéressante,
10:16parce qu'elle insiste bien, elle met le projecteur sur le fait que la création,
10:20ce n'est pas forcément quelque chose de facile,
10:22ce n'est pas une partie de désir, loin de là,
10:24c'est quelque chose dont l'homme doit payer le prix.
10:27Et s'il en paye ce prix, c'est parce qu'il est un être sensible.
10:32Encore une fois, on revient toujours à la même chose.
10:33C'est un être sensible, c'est un être qui a une histoire,
10:37qui a vécu des choses, des choses positives, mais aussi des choses négatives.
10:40Tout ça, ça constitue un ensemble qui n'est rien d'autre, évidemment,
10:44que la personnalité globale de l'individu.
10:48Sauf qu'on ne voit pas, on voit mal,
10:50comment une machine totalement désincarnée,
10:53qui n'a pas eu cette histoire,
10:55qui n'a pas vécu ses échecs, ses souffrances, ses joies, ses malheurs, etc.
10:59Comment pourrait-elle créer ? Sur la base de quoi ?
11:01Oui, bien sûr, elle va créer sur la base des milliards de données,
11:05comme je l'ai indiqué tout à l'heure,
11:07qui lui ont été inculquées, bien sûr,
11:10mais encore une fois, que vaut cette création par rapport à une création
11:13qui est le prix, en quelque sorte, ou le résultat de la souffrance ?
11:17Je prendrais juste un exemple dans un domaine que j'aime bien,
11:20qui est le domaine de la musique,
11:21et en particulier des musiques actuelles,
11:24comme on les appelle, n'est-ce pas ?
11:26Tout le monde connaît, bien entendu,
11:28le guitariste Eric Clapton,
11:30qui est considéré, et qui a toujours été considéré
11:32comme un des plus grands guitaristes au monde,
11:35encore vivant d'ailleurs.
11:38Lui-même, je te demande d'ailleurs comment il est encore vivant,
11:40vu les épreuves qu'il a traversées.
11:41Et il se trouve qu'il y a de cela une vingtaine d'années de maintenant,
11:47et il a vécu un drame absolument épouvantable,
11:50c'est-à-dire que son petit garçon, Connor,
11:52qui était gardé par sa femme,
11:57au 43e étage, je crois, d'un immeuble, d'un building à New York,
12:01ce petit garçon a échappé à la vigilance de sa mère
12:03et de la personne qui était là,
12:06et la fenêtre était ouverte.
12:07Je vous laisse imaginer ce qui s'est passé,
12:09le petit garçon n'a pas fait attention,
12:11il est monté sur une chaise
12:13et il est tombé par la fenêtre du 43e étage.
12:17Je n'ai pas besoin de vous dire le drame épouvantable
12:21que ça a été pour Eric Clapton.
12:23Eric Clapton est resté deux, trois ans sans pouvoir toucher à sa cuite,
12:26il a été totalement effondré,
12:28il a une grave dépression, etc.
12:31Et puis, il a trouvé la force quand même
12:34de reprendre, de refaire de la musique,
12:36et il a créé un morceau, une œuvre que vous pouvez écouter,
12:39qui s'appelle « Tears in heaven ».
12:41Là, on est au paradis, on va pouvoir écouter ce morceau.
12:45C'est vrai que ce morceau est poignant,
12:48et voilà un exemple,
12:49que je pourrais en donner de nombreux comme ça,
12:51d'une œuvre qui est le produit de l'histoire de son créateur,
12:56et qui est indissociable.
12:58Clapton n'aurait jamais écrit ce morceau.
13:00Il en aurait écrit d'autres, sans aucun doute.
13:02Il en a écrit beaucoup.
13:04Mais il n'aurait jamais écrit ce morceau-là,
13:05avec la signification que ce morceau pouvait avoir pour lui,
13:08il en a écrit la musique et les paroles,
13:11s'il n'avait pas vécu ce drame épouvantable
13:12de la mort de son petit garçon,
13:14il avait quatre ans, je crois, à l'époque.
13:17Et d'ailleurs, il ne s'en est à peu près jamais remis,
13:19en tout cas, c'est ce qu'il dit.
13:21Donc, s'il y a création, c'est finalement,
13:23parce que l'homme est fondamentalement un être sensible,
13:26c'est-à-dire, on l'a dit, un être incarné.
13:31Un dernier point peut-être sur lequel il faudrait insister aussi,
13:35c'est, alors, ce que les spécialistes eux-mêmes,
13:37j'utilise leur formule,
13:39même si elle s'assimile à une sorte de jargon,
13:41n'est-ce pas, mais les spécialistes,
13:43certains spécialistes parlent de cécité sémantique.
13:46Alors, pardon pour cette expression,
13:48mais je vais l'expliquer.
13:49Cécité sémantique, ça veut dire que,
13:50j'ai rapidement fait allusion tout à l'heure,
13:53la sémantique, c'est la signification.
13:55C'est la science de la signification.
13:57La cécité, c'est le fait que vous êtes aveugle.
14:01Eh bien, si vous voulez, l'idée,
14:03c'est que la machine ne comprend pas ce qu'elle fait.
14:07Elle ne comprend pas ce qu'elle fait.
14:09Elle n'a pas accès à la signification de ce qu'elle est en train de faire.
14:12Et là encore, évidemment,
14:13vous pensez bien que c'est une différence énorme.
14:15Lorsqu'un artiste crée,
14:17qu'il crée d'ailleurs, plus ou moins facilement,
14:19ou dans la souffrance, comme je viens de le rappeler,
14:21peu importe,
14:22mais au moins, il est conscient qu'il est en train de créer.
14:24Il est conscient de ce qu'il fait.
14:26Donc, le problème fondamental de l'intelligence artificielle,
14:29et de nombreux spécialistes qui ont consisté là-dessus,
14:31en particulier les derniers longs de l'heure,
14:33que j'ai cités tout à l'heure,
14:34c'est que, au fond, c'est la question du sens.
14:37La question du sens.
14:38C'est-à-dire que c'est une question quand même essentielle
14:41du point de vue philosophique,
14:42c'est le moins qu'on puisse dire.
14:44Et il faut peut-être rappeler une fois de plus
14:46qu'un système d'intelligence artificielle,
14:49quel qu'il soit, ne comprend pas,
14:51ne comprend pas, je mets « comprends » entre guillemets,
14:54ce système ne comprend pas, ne connaît pas,
14:56connaît, je mets le verre « connaître » entre guillemets,
15:00ce dont il parle ou ce dont il prête.
15:02Si vous voulez, la machine,
15:04on pourrait dire qu'elle fonctionne,
15:06elle fonctionne comme toute machine,
15:07mais elle ne comprend pas,
15:09elle ne connaît pas,
15:10elle n'a pas conscience de ce qu'elle est en train de faire
15:12quand elle fonctionne.
15:13Elle fonctionne d'une manière automatique, inconsciente,
15:15appelez ça comme vous voudrez.
15:16Et par conséquent, c'est important
15:19parce que cette machine n'a pas de conscience
15:22du cheminement grâce auquel elle arrive
15:25à une certaine conclusion à propos de la question évoquée.
15:28C'est une machine qui est abstraite,
15:31algorithmique par conséquent,
15:32ou concrète comme un ordinateur si vous préférez,
15:35mais ces machines sont dépourvues
15:37d'un intérieur, entre guillemets,
15:39d'une espèce d'intériorité susceptible
15:41d'abriter ces compétences,
15:44qui consistent par exemple à savoir comment on arrive
15:47quand on développe un raisonnement
15:49du point de départ à son point d'arrivée.
15:52C'est ce que le scientifique Daniel Angler
15:55appelle une cécité sémantique,
15:56c'est-à-dire une incapacité constitutive
15:59à concevoir la question du sens.
16:01Cet auteur précise, je le cite là encore,
16:05entre guillemets, ouvrez les guillemets,
16:07que cette cécité puisse constituer une grave limitation
16:11de l'intelligence artificielle n'a pas été soulignée seulement
16:14par des philosophes ou des esprits racis,
16:18critiques de l'IA.
16:20Beaucoup d'informaticiens partagent ce genre de doute.
16:23Donc beaucoup d'informaticiens eux-mêmes reconnaissent,
16:25si vous préférez, que la machine ne comprend pas
16:29la signification de ce qu'elle fait.
16:31C'est normal, la machine, au fond,
16:34ce résultat ne devra pas nous étonner
16:35parce que la machine est dépourvue
16:38de capacités réflexives, comme je l'ai dit tout à l'heure,
16:40et singulièrement d'auto-réflexion.
16:42J'ai dit qu'elle n'avait pas de conscience de soi,
16:44elle n'est pas capable de faire retour sur elle-même.
16:47Et n'étant pas une conscience de soi,
16:49elle ne peut pas se poser la question du sens.
16:52Si vous voulez, la question du sens n'a de sens
16:54que pour un sujet.
16:55La question du sens n'a de sens que pour un sujet
16:58capable de se poser la question du sens.
17:01C'est évident.
17:04Par conséquent, aucune machine, aujourd'hui,
17:07ne peut être considérée comme capable
17:09de faire une création dans le sens précis
17:12que nous donnons à ce terme.
17:16Et par conséquent, la conclusion, me semble-t-il,
17:24s'impose, qui est qu'il ne peut pas y avoir l'équivalent
17:28entre la machine et l'être humain.
17:30Je voudrais ajouter, peut-être, si j'en ai encore le temps,
17:32je crois, un dernier élément.
17:36La cécité sémantique de la machine
17:38dont je viens de parler,
17:41c'est la conséquence, au fond,
17:42de son absence de vie,
17:43de son absence d'épaisseur historique,
17:47parnelle, pourrait-on dire,
17:48et de son absence, donc, de compréhension
17:51de ce qu'elle fait
17:53et de compréhension de son rapport au monde.
17:56J'y ai également fait allusion tout à l'heure.
17:58La machine est hermétique à la question du sens.
18:01Et ce constat est lourd de conséquences
18:03parce que ça nous rappelle un thème
18:07que déjà les neuroscientifiques connaissent
18:10et pour lequel ils sont un peu à la peine,
18:12il faut bien le dire,
18:13qui est l'idée que le cerveau humain
18:16fonctionnerait comme un ordinateur.
18:17Alors, c'est un point que je ne peux pas,
18:19évidemment, développer ici,
18:20je n'ai pas le temps,
18:21qui d'ailleurs pourrait faire l'objet
18:23d'un exposé en soi
18:24parce que c'est un sujet extrêmement complexe.
18:27Mais, contrairement à une idée reçue,
18:29le cerveau humain ne fonctionne pas
18:32comme un ordinateur.
18:34Même si cette espèce de métaphore
18:36a très souvent été utilisée,
18:38elle l'est encore régulièrement,
18:39et on s'est inspiré,
18:41les neuroscientifiques se sont inspirés
18:43de cette idée,
18:44mais en réalité, on pourrait montrer
18:45mais là, évidemment,
18:46il faut apporter beaucoup d'arguments,
18:48il faut traiter le sujet à fond,
18:49que le fonctionnement du cerveau humain
18:51n'est pas réductible
18:53à un système d'algorithmes.
18:55N'est-ce pas ?
18:56La question est de savoir
18:58si les processus cognitifs
19:00qui sont ceux de l'homme,
19:01comme on dit aujourd'hui,
19:02les fonctions cognitives
19:03qui sont celles de l'homme,
19:05et ces fonctions cognitives
19:06sont à l'œuvre, évidemment,
19:07dans un travail de création, bien sûr.
19:09Or, la question qui se pose,
19:10du coup, c'est de savoir
19:11si ces processus cognitifs humains
19:13sont des algorithmes ?
19:15Est-ce que ce sont des algorithmes ?
19:17Et si c'est le cas,
19:18de tous, sans exception.
19:21Or, les spécialistes des neurosciences
19:23eux-mêmes répètent
19:24que le cerveau n'a pas la structure
19:27ni les caractéristiques
19:28d'un ordinateur
19:29et ne semble pas en état
19:31d'exécuter un algorithme
19:33quel qu'il soit.
19:35Je vais encore citer Daniel Andler
19:36qui, il me semble utile,
19:38donne des exemples extrêmement intéressants.
19:39Ça peut paraître anecdotique,
19:41mais je crois que ça ne l'est pas.
19:42Voici ce qu'il dit.
19:43Ouvrez les guillemets.
19:44Quel algorithme
19:45nous permet d'écrire
19:46une lettre d'une rupture ?
19:49De quel algorithme
19:51dépend ma décision
19:52de voter pour tel candidat ?
19:54Problème des opinions politiques,
19:55mais pas, par exemple.
19:57Quel algorithme
19:57m'aurait permis,
19:59si j'avais été Mozart,
20:01de composer
20:02la 40e symphonie ?
20:03On est en plein dans notre sujet,
20:05la création.
20:07Il continue.
20:07Quel algorithme
20:09a jeté César
20:10dans les bras de Cléopâtre ?
20:13Quel algorithme
20:14a provoqué
20:15chez Poincaré,
20:16alors là,
20:16il prend un exemple
20:17très intéressant aussi,
20:17qui est l'exemple
20:18de la découverte scientifique.
20:20Quel algorithme
20:21a provoqué
20:22chez Poincaré
20:23l'éclair intuitif
20:24qu'il a traversé
20:25au moment de monter
20:26sur le marche-pied
20:27de l'omnibus de Coutance ?
20:29Qui est,
20:30bon, peu importe,
20:30c'est complètement anecdotique
20:33dans la vie de Poincaré,
20:34mais c'est au moment
20:35où il est monté
20:35dans un omnibus
20:37qu'il a eu
20:37une intuition géniale
20:39qui va donner naissance
20:40à l'une de ses plus
20:41grandes découvertes,
20:42etc.
20:42Fermez la parenthèse.
20:44C'est-à-dire que ce que,
20:45ici,
20:45le scientifique
20:46Daniel Lander
20:49veut nous faire comprendre,
20:49n'est-ce pas,
20:50c'est qu'il y a vraiment
20:51quelque chose
20:52d'extraordinairement complexe
20:53chez l'être humain.
20:54Il y a une espèce
20:55de richesse
20:55de signification,
20:57si vous voulez,
20:58de vécu.
20:59Il y a une richesse
20:59incroyable
21:00qui fait que
21:01on ne peut pas
21:03réduire le fonctionnement
21:04du cerveau
21:05à un système
21:06d'algorithmes.
21:06Et d'ailleurs,
21:07il faudrait avoir
21:08le temps
21:08de montrer
21:08qu'on pourrait
21:10encore ajouter
21:11un autre argument
21:12par rapport
21:13à tous ceux
21:13que j'ai proposés
21:14ce matin.
21:15C'est justement
21:16ce qui se passe
21:16au moment
21:17dans un certain nombre
21:19de découvertes scientifiques.
21:20On s'est aperçu,
21:22Gaston Bachelard
21:22l'a montré,
21:23d'autres philosophes
21:24l'ont montré
21:24ou d'autres spécialistes
21:25de l'histoire des sciences.
21:26C'est que la plupart
21:27des découvertes
21:29scientifiques,
21:30géniales,
21:30que ce soit
21:31dans le domaine
21:32des sciences dures
21:36comme on les appelle
21:36curieusement
21:37ou des mathématiques
21:39ou de la chimie,
21:40enfin tout ce que vous voudrez.
21:43Pensons par exemple
21:44à la découverte
21:45de la radioactivité
21:46par Marie Curie
21:46par exemple.
21:48La plupart
21:48des grandes découvertes
21:49scientifiques
21:50qui se sont révélées
21:51absolument géniales,
21:52la découverte
21:52de la pénicilline,
21:53la découverte
21:54de l'aspirine,
21:55tout ça a été fait
21:56j'allais dire par hasard.
21:58C'est-à-dire
21:58que ça a été fait
22:00complètement
22:02de façon,
22:03enfin ces découvertes
22:05se sont imposées
22:06aux scientifiques
22:07au moment où
22:08s'y attendaient le moins
22:08et contre toute attente,
22:11contre tout programme
22:12de recherche
22:12pré-programmé à l'avance,
22:15c'est-à-dire
22:15qu'on se donne
22:15un programme de recherche,
22:17etc.,
22:17on se donne un projet,
22:19on se donne
22:19une espèce de progression
22:21avec des états
22:21et tout,
22:22et puis on ne trouve pas
22:23forcément,
22:24et par contre on trouve
22:25ce qu'on ne cherchait pas,
22:27n'est-ce pas,
22:27et ce qu'on n'attendait pas
22:28pour des raisons
22:31totalement hasardeuses.
22:32Ça vaut aussi
22:33d'ailleurs,
22:33entre parenthèses,
22:34pour le domaine artistique,
22:37on sait par exemple
22:38que le cubisme
22:39est lié au fait
22:40qu'à un moment donné,
22:43je ne sais plus
22:44si c'était Matisse ou Braque,
22:45je ne sais plus lequel,
22:46il faudrait vérifier,
22:47il rentrait dans son atelier
22:49et il y avait
22:49un de ces tableaux
22:50qui avait simplement
22:51été posé à l'envers.
22:53Et donc évidemment,
22:53le tableau était
22:54totalement déstructuré,
22:55au niveau de la perception
22:56visuelle qu'il en a eue,
22:57il s'est aperçu
22:58qu'il y avait là
22:58quelque chose
22:59qui n'était pas normal
23:00mais en même temps
23:00qui était intéressant.
23:01Bon, etc.
23:02On pourrait donner
23:02énormément d'exemples
23:03comme ça.
23:04Et vous voyez bien
23:04que là,
23:05ça veut dire quoi
23:06au fond tout ça ?
23:07Ça veut dire que
23:07la création,
23:08le processus de création
23:09est totalement déconnecté
23:13au fond
23:13d'un système
23:15de programmation
23:16ou de pré-programmation
23:18extrêmement rigoureux
23:19et aussi riche
23:21soit-il,
23:21n'est-ce pas,
23:22aussi considérable
23:24dans le nombre
23:26de données
23:27qui ont été
23:27encore une fois
23:28ingérées par la machine.
23:31Donc,
23:32je crois que là,
23:33il y a vraiment
23:33une espèce de limite.
23:34Certains scientifiques
23:35parlent d'une sorte
23:36de plafond de verre,
23:37vous connaissez la métaphore,
23:38mais ce n'est pas,
23:39qui fait que
23:40c'est une limite
23:40vraiment,
23:42comment dire,
23:42de structure.
23:44Ce n'est pas quelque chose
23:45parce qu'évidemment,
23:46il y a toujours un argument
23:47qui consiste à dire
23:48oui,
23:48mais les progrès
23:49dans ce domaine,
23:50dans le domaine
23:51évidemment des neurosciences,
23:53dans le domaine
23:53des nouvelles technologies,
23:56dans le domaine
23:56du numérique,
23:57les progrès sont tellement
23:58foudroyants,
23:59les choses vont tellement vite,
24:00ce qui est vrai d'ailleurs,
24:00ce qui est parfaitement exact,
24:02que c'est juste
24:02une question de temps.
24:04Et au fond,
24:04on pourrait me dire
24:06oui,
24:06ce que vous dites
24:07est très intéressant,
24:08cher philosophe,
24:09mais très bientôt,
24:10ce sera totalement périmé
24:12parce que
24:13l'intelligence artificielle
24:14un jour va
24:15être capable
24:16de créer
24:17des œuvres d'art
24:18qui sont rigoureusement
24:19l'équivalent
24:19de celles créées
24:20par des êtres humains,
24:21etc.
24:21Donc c'est juste
24:22une question de temps,
24:23soyez patient,
24:24mais vous verrez
24:24à un moment donné
24:26le progrès
24:28techno-scientifique
24:29va être tel
24:30qu'on va arriver à ça.
24:32Alors ça,
24:32c'est une vraie question
24:33et c'est une véritable objection
24:34que je prends au sérieux,
24:35n'est-ce pas ?
24:36Mais j'observe simplement
24:37que
24:38pour un certain nombre
24:39de spécialistes,
24:41ce n'est pas justement
24:41une question de progrès,
24:42ce n'est pas une question
24:43de temps,
24:44ce n'est pas une question
24:45d'accumulation
24:45purement quantitative
24:46là encore,
24:47si vous voulez,
24:47de données
24:48ou de technologies,
24:49c'est une espèce
24:50de limite
24:51au sens philosophique
24:53du terme,
24:53n'est-ce pas ?
24:54Tout simplement.
24:54C'est-à-dire que
24:55la question se pose
24:56à la limite,
24:57est-ce qu'aujourd'hui
24:58par exemple
24:58les neurosciences,
24:59je prendrai peut-être
25:00ce dernier exemple,
25:01est-ce que les neurosciences
25:01aujourd'hui sont capables
25:02de reconnaître
25:03même des gens
25:03très bien
25:04comme Jean-Pierre Changeux
25:05que tout le monde connaît
25:06parce que son livre
25:07L'homme neuronal
25:08a eu un succès considérable
25:10y compris au-delà
25:11des cercles scientifiques,
25:14mais lui-même reconnaît
25:15d'une certaine façon.
25:16Il y a un livre
25:16très intéressant d'ailleurs
25:17auquel je vous reporte
25:20de dialogue entre
25:20Jean-Pierre Changeux,
25:21scientifique,
25:22et Paul Ricoeur,
25:23philosophe,
25:23sur cette question d'ailleurs,
25:24sur ces questions
25:25des neurosciences
25:26et du développement
25:27des neurosciences.
25:28On voit bien,
25:28les deux positions
25:29sont très clairement établies.
25:31Ils ne sont pas
25:31évidemment vraiment d'accord,
25:33mais Changeux lui-même
25:34reconnaît qu'il y a un problème,
25:35qu'il y a un problème,
25:36c'est-à-dire que
25:37au fond,
25:38aujourd'hui,
25:38si nous voulons
25:39comprendre exactement
25:40ce que c'est que la conscience,
25:41vous pouvez brancher
25:42tous les électrodes
25:43que vous voudrez
25:44sur la tête de quelqu'un,
25:45vous pouvez,
25:45et nous avons
25:47des imageries médicales
25:48aujourd'hui
25:48qui sont considérablement
25:50perfectionnées aussi,
25:52mais nous ne savons
25:53toujours pas
25:54pourquoi,
25:55au moment où
25:55les électrodes
25:56vont détecter,
25:57si vous voulez,
25:58une tempête électrique
26:00dans le cerveau de quelqu'un,
26:01nous ne sommes pas capables
26:02de mettre,
26:03c'est-à-dire qu'il y a
26:03un gouffre explicatif,
26:05les scientifiques
26:05appellent ça comme ça,
26:06il y a une césure,
26:07il y a une espèce
26:08de divorce absolu
26:09entre eux.
26:10La mise en œuvre
26:11de la mise en lumière,
26:13si vous voulez,
26:13de cette tempête électrique
26:15au niveau du cerveau
26:16de quelqu'un
26:16et la signification,
26:19on trouve le problème
26:20du sens,
26:21et ce qu'il est en train
26:22d'éprouver,
26:22c'est-à-dire pourquoi
26:23son cerveau
26:24est en train
26:26d'avoir
26:27cette activité électrique
26:28extrêmement importante
26:30et extrêmement intense,
26:31pourquoi ?
26:31On ne sait pas pourquoi
26:32et on ne peut pas le savoir
26:33et aucune imagerie
26:34ou aucune machine
26:35ne pourra nous dire,
26:37c'est exactement,
26:37si vous voulez,
26:38comme on peut vous dire
26:39qu'à un moment donné,
26:40on pourrait mettre en évidence
26:41si on vous met en observation,
26:43on peut,
26:44dans un hôpital,
26:45on vous branche des électrodes
26:45sur le cerveau
26:46et sur la tête
26:47et on va être capable
26:48de détecter très précisément,
26:50par exemple,
26:50le moment où vous allez
26:51commencer à rêver,
26:52par exemple,
26:52vous allez rentrer
26:53dans la phase de sommeil paradoxal,
26:54ça, il n'y a aucun problème
26:55et ça va même se voir
26:57sur le tracé de l'ordinateur,
26:58du médecin qu'elle a
27:00et ainsi de suite.
27:00Seulement,
27:01le problème,
27:01c'est que le médecin,
27:02il sera bien embêté
27:03si vous lui demandez
27:04de dire de quoi,
27:06vous qui êtes en train
27:07de dormir,
27:07vous êtes en train de rêver.
27:09Je pense que ça,
27:10il en est rigoureusement incapable
27:11et il en sera toujours
27:12rigoureusement incapable.
27:13C'est-à-dire que là,
27:14il y a vraiment une limite
27:14qui est une limite,
27:16à mon avis,
27:17infranchissable
27:18et ce que certains reconnaissent,
27:21le livre de Michel Bitbol
27:22que j'ai évoqué tout à l'heure,
27:24« L'origine de la conscience »
27:25est tout à fait remarquable
27:26de ce point de vue-là.
27:27Alors,
27:28comme je crois
27:28qu'il ne reste pas
27:29beaucoup de temps,
27:29je voudrais juste proposer
27:30une sorte de conclusion
27:33ce qui est quand même
27:35de savoir
27:36et là,
27:37je voudrais revenir
27:38à une préoccupation
27:40finalement
27:40strictement philosophique
27:43si vous le permettez,
27:44c'est-à-dire que
27:45il ne s'agit pas
27:48de critiquer
27:48de façon systématique
27:49si vous voulez
27:50l'intelligence artificielle,
27:51il ne s'agit pas
27:52de critiquer
27:52de façon systématique
27:53le développement
27:54des nouvelles technologies,
27:56d'autant plus
27:57qu'on le sait d'ailleurs
27:58l'intelligence artificielle,
27:59je voudrais quand même
28:00le dire aussi,
28:00lorsqu'on l'utilise
28:03dans certains domaines,
28:04c'est une révolution
28:04absolument extraordinaire.
28:06Justement,
28:07j'ai parlé de la médecine,
28:08on sait très bien
28:08qu'aujourd'hui,
28:09je ne vais pas insister là-dessus,
28:10tout le monde le sait,
28:11c'est un thème
28:11qui est devenu banal,
28:12l'intelligence artificielle
28:13fait des miracles
28:15en matière par exemple
28:16de repérage
28:18des tumeurs,
28:19etc.
28:20Et aujourd'hui,
28:20le meilleur des radiologues
28:21est moins bon
28:23pour détecter
28:24une tumeur naissante
28:25que l'intelligence artificielle.
28:27On utilise aussi
28:27des robots,
28:29d'intelligence artificielle
28:29pour opérer des gens
28:30avec une précision extraordinaire
28:32qu'aucun chirurgien,
28:33même le plus expérimenté,
28:35ne peut prétendre atteindre,
28:36etc.
28:36Donc,
28:37je ne voudrais surtout pas
28:38passer à la trappe
28:39ou donner l'impression
28:40que je tiens pour rien
28:42et l'extraordinaire progrès
28:44que l'intelligence artificielle
28:45peut en effet représenter
28:46dans l'existence de l'homme
28:49et dans un certain nombre
28:50de domaines,
28:51c'est évident
28:52qu'elle peut guérir,
28:53elle peut sauver des vies,
28:55etc.
28:56Il n'y a aucun doute là-dessus.
28:57Ce que je voudrais simplement dire,
28:58c'est qu'il faut faire
28:59très attention en effet
29:00à l'utilisation
29:01que nous allons faire
29:02de cette intelligence artificielle
29:03au domaine
29:04dans lequel nous allons
29:06l'investir
29:07parce qu'il y a quand même
29:09un danger aussi
29:10qui pointe à l'horizon
29:11si vous voulez,
29:11c'est que dans la mesure même
29:13où l'intelligence artificielle
29:15est capable
29:16de se substituer à l'homme
29:17de façon
29:18en effet
29:19mille fois plus performante
29:22par rapport
29:24à certaines fonctions
29:25intellectuelles,
29:27par rapport
29:27à certaines fonctions
29:28intellectuelles,
29:28certaines fonctions cognitives,
29:30comme on les appelle
29:30aujourd'hui,
29:31où là,
29:32sans aucun doute,
29:33la machine est mille fois
29:34plus performante
29:34que l'homme.
29:35La question est de savoir
29:36si,
29:37parce que nous sommes
29:38témoins de cette réalité
29:39qui est indiscutable,
29:41est-ce que pour autant
29:41nous ne devons pas
29:42être très attentifs
29:43au fait
29:43que le domaine
29:45d'investissement
29:47de l'intelligence artificielle
29:48ne soit pas
29:49de plus en plus large
29:50au point de se substituer
29:52de plus en plus
29:54exhaustivement
29:55en quelque sorte
29:56aux compétences intellectuelles
29:59qui sont celles de l'homme.
30:00Pourquoi ?
30:00Pour une raison très simple,
30:02c'est que si nous délégons
30:03toujours davantage
30:04de fonctions cognitives
30:06à la machine,
30:07nous allons perdre
30:08nous-mêmes
30:08l'usage
30:09de ces fonctions cognitives.
30:11Il y a un certain nombre
30:12d'études
30:13qui l'ont montré.
30:14Autrement dit,
30:15est-ce que nous
30:16ne sommes pas exposés
30:18au dessaisissement
30:19peut-être programmés,
30:21il dirait certains,
30:22n'est-ce pas,
30:23de nos facultés fondamentales.
30:25Il faut faire très,
30:26très attention.
30:27C'est-à-dire que
30:27le fait de se reporter
30:29systématiquement
30:30sur la machine,
30:32si vous voulez,
30:32c'est un peu comme
30:32un lycéen ou une lycéenne
30:34qui, au lieu de chercher
30:36à faire lui-même
30:37ou elle-même
30:38sa dissertation philosophique,
30:40n'est-ce pas,
30:40s'empresse de demander
30:41à Chad GPT
30:42ce qu'il en pense,
30:43je pense que
30:44c'est une très,
30:45très mauvaise chose,
30:46évidemment,
30:46parce que Chad GPT
30:49sera probablement
30:49capable de fournir
30:50un devoir
30:53tout à fait acceptable
30:54et même s'il était bon,
30:57ce qui je crois
30:57n'est quand même
30:58pas vraiment le cas,
30:59mais enfin,
30:59même s'il était bon,
31:00ça ne change rien
31:01au problème
31:01qui est que l'élève,
31:02lui ou elle,
31:04aurait surtout
31:04joué la carte
31:05de la facilité
31:06et n'aurait pas fait
31:07l'effort intellectuel
31:08de faire elle-même
31:09sa dissertation.
31:10Ce qui veut dire
31:10qu'elle aurait raté
31:11une bonne occasion
31:11de réfléchir,
31:12de penser
31:13et d'essayer de devenir
31:14un tout petit peu
31:14plus intelligent.
31:15Ce qui me paraît-il
31:16quand même,
31:17me semble-t-il,
31:17est quand même
31:18le propre de l'homme
31:21et surtout
31:21quand il est
31:22dans sa période
31:22de formation.
31:23Par conséquent,
31:24est-ce que nous
31:24ne risquons pas
31:25le désaisissement
31:26de nos facultés
31:27fondamentales ?
31:28Je citerai
31:28un dernier exemple.
31:29Il y a des études
31:30qui ont été faites
31:30juste pour vous montrer
31:32quelque chose
31:33qui est important
31:33parce que le désaisissement
31:35de nos facultés
31:35fondamentales,
31:37ça veut dire aussi
31:37que ça a un impact
31:38sur le cerveau,
31:39sur la structure
31:40cérébrale.
31:41Je donnerai,
31:42et ça aussi,
31:43je laissera la parole
31:44aux neuroscientifiques
31:45qui le diraient mieux que moi,
31:46mais beaucoup
31:47tirent la sonnette d'alarme.
31:48C'est-à-dire que nous risquons
31:49de devenir idiots
31:49avec tout ça,
31:50n'est-ce pas ?
31:51Plus l'intelligence artificielle
31:52va devenir intelligente,
31:53entre guillemets,
31:54plus nous,
31:54nous allons devenir idiots.
31:55Et plus nous allons
31:57nous appauvrir
31:59cérébralement parlant,
32:00je dis bien cérébralement,
32:01parce que tout de même,
32:03nous réfléchissons
32:04avec, sans aucun doute,
32:05nos neurones,
32:06n'est-ce pas ?
32:06Jusqu'à preuve du contraire.
32:08La dernière étude
32:08que je voudrais évoquer,
32:09c'est une étude
32:10qui a été faite
32:10sur les chauffeurs
32:11de taxis londoniens.
32:12Je pense que vous la connaissez
32:13peut-être,
32:13mais on la trouve
32:15dans la littérature scientifique.
32:16On a fait une étude
32:17il y a quelques années
32:17de cela sur les chauffeurs
32:19de taxis londoniens.
32:20Vous me direz pourquoi ?
32:21Tout simplement
32:22parce que les chauffeurs
32:22de taxis londoniens
32:25pour avoir le certificat d'aptitude,
32:28donc pour avoir le droit
32:29d'exercer ce métier,
32:30il faut connaître par cœur
32:31les rues de Londres.
32:32Vous connaissez
32:33l'étendue de Londres,
32:34c'est une capitale,
32:35c'est une mégapole,
32:36etc.
32:36Donc c'est quelque chose
32:38d'absolument extraordinaire
32:39comme effort de mémorisation,
32:40de travail qu'ils ont à faire.
32:42Bon.
32:43Alors, on a fait une chose
32:44très simple,
32:45on a pris deux groupes.
32:46On a pris un groupe
32:47de chauffeurs londoniens
32:50qui était le groupe témoin.
32:52Donc, on a enregistré,
32:55si vous voulez,
32:55leur fonction cérébrale,
32:57on a regardé
32:57la structure de leur cerveau.
32:58Et puis, on a pris
32:59un autre groupe
33:00qui était des chauffeurs de taxi
33:02qui avaient opté
33:02pour le GPS,
33:03c'est-à-dire qu'il y avait
33:04un système de pilotage automatique,
33:06ce qu'on appelle le GPS,
33:07n'est-ce pas,
33:07pour se repérer
33:09dans les redons,
33:10ce qui évidemment
33:10est très pratique
33:11parce que, bon,
33:12c'est sûr que quand
33:12vous ne connaissez pas
33:13une adresse
33:13en plein milieu d'une grande ville,
33:14vous êtes très content
33:15d'utiliser votre GPS.
33:16C'est formidable.
33:17Bon.
33:18Sauf qu'on s'est aperçu
33:19qu'au bout de six mois,
33:20vous m'entendez,
33:21six mois seulement
33:22d'utilisation du GPS,
33:24il y avait un commencement
33:25de diminution
33:26de la masse
33:27de l'hippocampe
33:29et d'une partie
33:30du cortex préfrontal,
33:32c'est-à-dire des zones du cerveau
33:33qui sont dédiées
33:34au repérage dans l'espace.
33:36Je trouve que c'est quand même
33:37quelque chose
33:38d'extrêmement intéressant.
33:40C'est-à-dire qu'on a mis en évidence
33:41et de nombreuses autres études
33:42l'ont fait depuis,
33:44on a mis en évidence le fait,
33:46mais c'est tout simple,
33:46on aurait pu s'y attendre,
33:48que quand vous n'exercez pas
33:50telle ou telle partie
33:51de votre cerveau,
33:52telle ou telle zone,
33:53quand vous laissez en déshérence,
33:55quand vous laissez dépérir
33:57telle ou telle fonction cérébrale
33:59ou telle ou telle zone,
34:00eh bien cette zone,
34:02elle dépérit en effet.
34:03Elle peut même pratiquement
34:05devenir à peu près inactive.
34:08Donc vous voyez,
34:08ma conclusion,
34:10elle est très simple,
34:11je ne veux pas alarmer personne,
34:13mais je pense qu'il faut
34:15faire très attention
34:15devant l'enthousiasme
34:18que nous pourrions développer
34:19face aux performances
34:21en effet extraordinaires
34:22de l'intelligence artificielle
34:23et ne pas nous démettre
34:28de cette espèce
34:29de responsabilité
34:30que nous avons.
34:31Et évidemment,
34:32en tant que philosophe,
34:33je peux difficilement
34:34te dire un autre langage,
34:35je pense que nous avons
34:35une responsabilité fondamentale
34:38vis-à-vis de nous-mêmes.
34:39Vous savez,
34:39quand tu disais
34:40que l'homme est une fin en soi
34:42et il ne faut jamais
34:43traiter un homme comme un moyen,
34:44mais toujours comme une fin en soi,
34:45mais il n'oublie pas d'ajouter
34:47que j'ai une sorte de devoir
34:50de me considérer moi-même
34:51comme une cante.
34:52Ce n'est pas comme un moyen.
34:54Ce qui veut dire
34:54que je dois me souvenir sans cesse
34:56que j'ai un devoir
34:58vis-à-vis de moi-même
34:58qui est d'être un être intelligent,
35:02de travailler,
35:03de me cultiver,
35:04de développer le plus possible
35:06mes facultés intellectuelles
35:07et pourquoi pas
35:08mes facultés artistiques,
35:09par exemple.
35:09C'est pour ça qu'on vous dit
35:10qu'il faut que c'est bien
35:12de faire de la musique,
35:13de pratiquer un art,
35:14enfin tout ce qu'on voudrait,
35:15c'est-à-dire que tout ce qui peut
35:16contribuer à développer
35:20et à enrichir en quelque sorte
35:22notre équipement cérébral.
35:24Je crois que là,
35:25nous sommes à une époque importante,
35:27une époque charnière,
35:28je pense,
35:29de l'histoire de l'humanité
35:30parce que ce qui se produit,
35:32c'était évidemment jamais produit
35:33dans l'humanité,
35:34ça, ça va de soi
35:34et il y a une étape cruciale
35:37dont il faut que nous ayons
35:38et vous les jeunes en particulier
35:40auxquels je m'adresse,
35:41que vous ayez conscience de cela
35:42parce que ça va être
35:43la solution de facilité.
35:44C'est très facile
35:45et malheureusement,
35:46nous vivons dans une société
35:47qui cultive beaucoup
35:48le goût en quelque sorte
35:51ou qui incite à la facilité
35:53et ces outils technologiques
35:55nous y incitent encore davantage.
35:57Je crois que chacun
35:58et chacune d'entre nous
35:59a une espèce de devoir
36:00de se préserver soi-même,
36:02ce qui ne veut pas dire du tout,
36:04qui ne veut pas dire
36:04qu'il ne faut pas utiliser,
36:05je ne sais pas,
36:06son ordinateur,
36:06son smartphone,
36:07tout ça,
36:07ça n'a rien à voir,
36:08mais savoir
36:09à quoi nous voulons
36:11le faire servir
36:12et ne pas le considérer
36:14comme une fin en soi
36:14et ne pas se décharger
36:16complètement
36:16sur cette facilité
36:18technologique
36:19qui aujourd'hui
36:19nous est offerte
36:22très facilement.
36:24Voilà.
36:25Je pense que
36:25je peux m'arrêter
36:26peut-être là-dessus,
36:27Céslas,
36:28parce que je crois
36:28qu'il va bientôt là.
36:31Merci.
36:31Merci beaucoup,
36:33cher Philippe,
36:33pour cette deuxième partie
36:36de notre réflexion
36:38sur l'intelligence artificielle
36:40et la créativité
36:41remarquablement riche
36:43et stimulante.
36:44Il nous manque un peu de temps
36:45pour prendre toutes les questions,
36:47mais je voudrais réserver
36:48trois minutes,
36:49quatre minutes,
36:50allez,
36:51pour une question
36:52à Burkina Faso,
36:54encore,
36:55Ouagandougou,
36:56éventuellement,
36:57à Pondichéry.
36:58Passez en premier
36:59à Burkina Faso.
37:01s'il vous plaît.
37:03Très rapidement.
37:18Si la technique
37:20ne suit pas,
37:23je me tourne
37:24vers Pondichéry.
37:26Allez,
37:27est-ce qu'il y a une question,
37:28Marie,
37:29de Luc Corbet ?
37:31Est-ce qu'il y a une question
37:32à votre classe ?
37:33On l'apprend.
37:36Activez votre micro,
37:37on l'apprend.
37:37Bon,
37:49finalement,
37:49c'est à Burkina Faso,
37:51que les choses se passent.
37:52Excusez-moi.
37:53Pondichéry,
37:55vous nous entendez ?
38:00Oui.
38:00Donc,
38:01il y a une question.
38:11Alors,
38:13monsieur Pondin.
38:15Près du micro,
38:17s'il vous plaît.
38:17Oui.
38:19Donc,
38:20d'après Kant,
38:21nous avons une obligation morale
38:22de postuler
38:23ce qui constitue
38:24notre humanité,
38:25comme la liberté,
38:26la conscience
38:26et donc la créativité.
38:28vu que le procès
38:30technologique
38:30s'avance vite
38:31et l'IA
38:32commence à ressembler
38:33à ces aspects
38:34justement
38:35de l'humanité,
38:37est-ce qu'on sera
38:37content
38:38de postuler
38:38la conscience
38:42et la liberté
38:42chez l'IA ?
38:44Donc,
38:44est-ce que notre humanité
38:45sera réduite
38:45à cause de ça ?
38:47Je ne suis pas sûr
38:55de comprendre la question
38:56mais je peux répondre
38:58quand même,
38:58vous essayez de répondre
38:59quand même.
39:00Je pense qu'il n'y aura
39:01jamais de conscience
39:01et de liberté
39:02chez l'IA
39:02à faire,
39:03c'est ce que j'ai essayé
39:03de montrer.
39:04Et donc,
39:05réduire notre humanité,
39:08oui,
39:08notre humanité
39:09se réduit,
39:09en tout cas,
39:10la liberté
39:11et la conscience
39:12de soi
39:12sont les caractéristiques
39:13fondamentales
39:14de l'être humain.
39:15Et ce que j'ai essayé
39:16montré ce matin,
39:17c'est que,
39:17à mon avis,
39:19une machine
39:20ne pourra jamais
39:21accéder à ce niveau
39:23de la liberté
39:23et de la conscience
39:24de soi.
39:25Elle ne pourra jamais
39:25de ce point de vue-là
39:26rattraper l'homme.
39:27Autant elle le dépasse,
39:28si vous voulez,
39:28au fond,
39:29on pourrait dire,
39:30c'est un peu schématique,
39:30mais que la machine
39:31dépasse l'homme
39:32quantitativement,
39:34ça,
39:34ça ne fait aucun doute.
39:35Elle est capable
39:35de faire des opérations,
39:36je l'ai dit,
39:37intellectuelles
39:37extrêmement complexes,
39:38elle est capable
39:38de calculer
39:39mille fois plus vite
39:40que le plus grand
39:40des mathématiciens,
39:41tout ce qu'on prenait,
39:42on est d'accord là-dessus.
39:43Mais ça,
39:43c'est du quantitatif,
39:44n'est-ce pas ?
39:45Mais qualitativement,
39:46c'est d'ailleurs
39:46par rapport,
39:47encore une fois,
39:47au vécu,
39:48par rapport à l'intériorité,
39:50par rapport à tout
39:51ce qui fait,
39:52si vous voulez,
39:53le terreau
39:53et la condition
39:54d'une création,
39:55dans quelque domaine
39:56que ce soit d'ailleurs,
39:57le vécu,
39:58ce que vous éprouvez
39:59quand vous éprouvez
39:59de l'amour pour quelqu'un,
40:00par exemple,
40:01etc.,
40:01les affects,
40:02la sensibilité,
40:03tout ça,
40:04c'est quelque chose
40:04dont on n'imagine pas
40:06qu'une machine
40:06puisse en être dotée.
40:08Jamais.
40:08Et encore une fois,
40:09je répète,
40:09je crois que ce n'est pas
40:10une question de progrès,
40:11ce n'est pas une question
40:12de temps,
40:13comme si c'est quelque chose
40:15qui se produirait
40:16dans cinq ans
40:17ou dans dix ans,
40:18alors qu'aujourd'hui,
40:19ça ne se produit pas.
40:20Non,
40:20il y a une différence
40:22de nature,
40:22si vous voulez,
40:23entre l'homme et la machine,
40:24je dirais ça comme ça.
40:25Ce n'est pas une différence
40:26de degré,
40:27c'est une différence de nature.
40:28J'utiliserai cette formule
40:30un peu facile,
40:30mais qui peut éclairer
40:32les idées,
40:33si vous voulez.
40:34C'est une différence
40:35de nature.
40:35Alors,
40:41vous avez dit
40:41que ce sera impossible
40:43pour l'IA
40:46d'avoir de la sensibilité,
40:48ce qui est vrai aujourd'hui,
40:50mais il y a cent ans
40:51et même avant
40:51qu'on aurait dit
40:52que ce ne sera jamais possible
40:54qu'une machine
40:54ait le même niveau
40:59d'intelligence
41:00qu'un humain,
41:01qu'un être humain.
41:02Donc,
41:03comment vous pourriez être sûr
41:04que l'IA
41:05ne pourra pas un jour
41:06avoir leur sensibilité ?
41:09C'est très simple,
41:13c'est très simple.
41:14Mais justement,
41:14parce que l'intelligence
41:16et la sensibilité,
41:17ce sont deux choses différentes.
41:18C'est-à-dire que l'intelligence,
41:19si vous appelez intelligence,
41:21encore une fois,
41:21par exemple,
41:22cette capacité de calcul phénoménale,
41:25bien sûr qu'il y a l'IA,
41:27ça ne fait aucun doute,
41:28mais la sensibilité,
41:29ça n'a rien à voir.
41:30Et les machines
41:31qui ont été inventées
41:32il y a un siècle ou deux,
41:32quand Blaise Pascal
41:33a inventé
41:34les premières calculatrices,
41:35etc.,
41:36c'était,
41:37vous pouvez parler d'intelligence,
41:39je ne parlerai même pas
41:40d'intelligence d'ailleurs,
41:41mais c'est une machine,
41:42c'est la première machine
41:43à calculer,
41:44très bien,
41:45mais il n'y a pas de sensibilité
41:46là-dedans.
41:46Cette machine,
41:47elle n'a pas de sensibilité,
41:48n'est-ce pas ?
41:48Elle n'aura jamais,
41:49si vous voulez,
41:50dans le progrès des sciences,
41:52on voit sans arrêt,
41:52en effet,
41:53de nouvelles technologies apparaître,
41:55on voit de nouvelles machines
41:56apparaître,
41:57en effet,
41:57mais ces machines
41:58restent des machines,
41:59vous comprenez ?
42:00C'est-à-dire que,
42:00quel que soit le progrès,
42:01elles sont de plus en plus
42:02performantes et compétentes
42:05en termes de fonctionnement,
42:09technologique,
42:10mais il n'y a aucun progrès
42:12en termes de sensibilité.
42:13Les machines qui n'avaient
42:14aucune sensibilité
42:15il y a deux ou trois siècles
42:15n'en ont pas plus aujourd'hui.
42:17C'est pour ça,
42:18mon ordinateur
42:18n'a pas de sensibilité.
42:20D'ailleurs,
42:20je suis en train de le regarder,
42:22bon,
42:22quand je suis en colère
42:23ou que je lui ai fait
42:24que j'ai mauvaise mine,
42:26il ne se manifeste pas du tout,
42:28n'est-ce pas,
42:28mon ordinateur ?
42:30Vous comprenez ce que je veux dire ?
42:31C'est-à-dire que la machine,
42:31la machine,
42:32c'est...
42:33Je pense que...
42:35Je vais me suivre à chaque fois
42:37de ne pas me suivre
42:39sur ce plan
42:39et d'essayer de trouver
42:41des arguments
42:41pour démontrer le contraire.
42:43À ma connaissance,
42:44les arguments,
42:45je me documente,
42:46je lis quand même
42:47beaucoup de choses
42:48sur ces questions
42:50qui m'intéressent quand même.
42:51Je n'ai jamais vu
42:53qu'aujourd'hui,
42:54les neuroscientifiques
42:55eux-mêmes le reconnaissent.
42:56Ils sont très mal à l'aise
42:56dans des institutions,
42:57si vous voulez,
42:58parce qu'ils reconnaissent
42:59qu'eux-mêmes,
43:00ils se rendent bien compte
43:00qu'entre eux-mêmes,
43:02ce qu'ils éprouvent
43:03dans leur vie,
43:04parce que vous savez,
43:04vous pouvez être
43:05un très grand neuroscientifique
43:06très bon,
43:08un très bon spécialiste
43:10de l'intelligence artificielle
43:12et tout ce que vous voudrez.
43:13Et puis,
43:13à un moment donné,
43:14vous vous effondrez
43:15parce que vous faites
43:16une dépression,
43:16parce qu'il y a quelque chose
43:18qui ne se passe pas bien
43:19dans votre vie,
43:19parce que vous vivez
43:20un deuil,
43:21une maladie,
43:22un accident,
43:22tout ce que vous voudrez.
43:23Et puis là,
43:24vos qualités d'experts
43:26en neurosciences,
43:27en intelligence artificielle,
43:29ne vous sont pas
43:29d'un grand secours.
43:30et vous ne pouvez pas
43:31vous reporter
43:32sur les machines
43:33que peut-être vous-même
43:34vous avez mis au point
43:34pour vous aider
43:36dans cette épreuve
43:36que vous traversez.
43:37Je rappelle d'ailleurs
43:38à ce propos,
43:39malheureusement,
43:39je n'ai pas la référence exacte
43:42sous la main,
43:43mais que certains
43:44inventeurs
43:46de l'intelligence artificielle
43:48et certains ingénieurs
43:51de premier plan
43:51de la Silicon Valley,
43:53eux-mêmes,
43:54commencent à tirer
43:54la sonnette d'alarme,
43:55concernant le fonctionnement
43:57des nouvelles technologies
43:58et de l'intelligence artificielle.
43:59Eux-mêmes,
44:00commencent à le dire.
44:01Et certains disent,
44:02vous savez,
44:02ça me rappelle la formule
44:03de Freud
44:04d'arriver à Londres
44:05en 1939
44:06parce que persécuté
44:07par les nazis
44:07en tant que juifs,
44:09et Freud dit aux Anglais
44:10« Je vous apporte la peste ».
44:12En fait,
44:12la peste,
44:13c'était la psychanalisme.
44:14Eh bien,
44:15certains neuroscientifiques
44:16aujourd'hui,
44:17enfin,
44:17certains spécialistes
44:18des gens qui ont inventé
44:19ces nouvelles technologies
44:20pourraient dire la même chose.
44:22C'est-à-dire
44:22qu'ils prennent conscience
44:23du fait
44:24qu'ils ont mis au point
44:25quelque chose
44:26qui était en effet
44:27d'une certaine
44:28façon
44:28pas en train
44:30de nous dépasser
44:31mais qui constitue
44:32potentiellement
44:33à l'avenir
44:33un danger incontestable.
44:36C'est-à-dire
44:36que ces grandes technologies
44:37devant lesquelles
44:38nous sommes en extase
44:39en réalité
44:40risquent d'avoir
44:41des conséquences
44:42absolument catastrophiques
44:43pour l'humanité
44:44que ce soit
44:45au niveau individuel
44:46ou au niveau collectif.
44:47En tout cas,
44:47j'en suis persuadé.
44:49Merci beaucoup
44:50cher Philippe.
44:52Nous arrivons
44:53donc au terme
44:54de ce programme.
44:56Je suis désolé
44:56de ne pas pouvoir
44:58donner la parole
44:59aux élèves
45:00du lycée
45:01de Ouagadougou.
45:03En revanche,
45:04si vous souhaitez
45:04poursuivre votre dialogue
45:05avec Philippe,
45:06n'hésitez pas
45:07à m'envoyer
45:07vos questions
45:08par mail.
45:09Je le transmettrai
45:10et il vous donnera
45:11une réponse
45:11à sa façon.
45:14Là,
45:15il est temps,
45:16je crois,
45:17d'arrêter
45:17notre programme.
45:18Cher Jean-Luc,
45:19désolé pour ce dépassement
45:21dans le temps,
45:23mais sachez que
45:24dans une semaine...
45:26Écoute,
45:26j'ai encore trois minutes
45:27si le Burkina Faso
45:28a une question
45:30parce qu'ils étaient
45:30sagement derrière
45:31leur écran.
45:32Si ils ont une question,
45:34on va bien la prendre,
45:35je ne suis pas
45:35à trois minutes près
45:36non plus.
45:37Allons-y
45:37à Burkina Faso.
45:43Le micro,
45:44s'il vous plaît,
45:45il faut activer
45:46votre micro.
45:52Non,
45:53il n'y a pas de micro ?
45:54On n'entend pas.
45:58Tu as raison.
46:00Non,
46:00il n'y a pas de micro.
46:02Ils n'ont pas de micro.
46:07Toujours le micro
46:07qui nous emprisonne.
46:16Le micro,
46:23activez votre micro,
46:25s'il vous plaît.
46:38Bien.
46:38Bon,
46:39tant pis.
46:40Jean-Luc.
46:41Excusez-moi,
46:50pour nous serrer
46:50il y a deux autres questions.
46:53Ça ne me dérange pas.
46:54Oui.
46:56Justement,
46:56je me demandais
46:57est-ce que l'art humain
46:59pourrait perdre sa valeur
47:00dans la société d'aujourd'hui
47:01ou la croissance
47:03de l'art intelligent
47:05artificiel ?
47:08Oui,
47:10il y a différentes façons
47:12de répondre.
47:13Ou bien,
47:13on considère
47:14que l'art humain,
47:15en effet,
47:17perdrait de sa valeur
47:17parce que
47:18les créations
47:20de l'intelligence artificielle,
47:22création entre guillemets,
47:22prendraient le dessus
47:23et donc l'art humain
47:24perdrait sa valeur.
47:26On pourrait peut-être
47:27aussi répondre
47:28exactement l'inverse.
47:29C'est-à-dire que justement,
47:31l'art humain
47:31conserverait sa valeur
47:34et même
47:34la valeur de l'art humain
47:36serait encore
47:36proportionnellement
47:37beaucoup plus importante
47:38le jour où nous serions,
47:40je vais dire,
47:41inondés,
47:41n'est-ce pas,
47:42de production,
47:43je ne parlerai pas de création,
47:44j'utiliserai volontairement
47:46un autre terme,
47:47dans une société
47:48où nous serions
47:49véritablement inondés
47:51par des productions
47:52de l'intelligence artificielle,
47:53j'ajouterais d'ailleurs
47:54que c'est déjà
47:54plus ou moins le cas,
47:55entre parenthèses,
47:56parce que si on regarde
47:57sur les réseaux sociaux,
47:58sur YouTube,
47:59sur tout un tas
47:59de réseaux de ce genre,
48:01on voit déjà
48:02énormément de vidéos
48:03qui sont complètement
48:05générées artificiellement,
48:06mais pas par l'intelligence
48:07artificielle,
48:08donc c'est déjà le cas,
48:09donc nous sommes déjà
48:10noyés sous un flot
48:11de production
48:11d'intelligence artificielle,
48:13et donc pour vous répondre
48:14très précisément,
48:14je pense que,
48:16alors là c'est une réponse
48:16personnelle,
48:17pour ma part,
48:18c'est là quelque chose
48:19qui ne ferait que donner
48:21encore plus de prix,
48:22bien entendu,
48:23et encore plus de valeur
48:24aux créations
48:25véritables,
48:26cette fois-ci,
48:27de l'art humain
48:28fait par des artistes.
48:33Merci beaucoup.
48:34Est-ce que je peux
48:37poser une autre question ?
48:38Oui,
48:40oui,
48:40la machine,
48:43comme vous avez dit,
48:44est nourrie de données,
48:45n'est-ce pas ?
48:46Peut-elle pas s'identifier
48:48à ceux
48:48qui ont vécu
48:49les autres hommes
48:50et développer
48:51son propre œuvre d'art ?
48:53C'est toujours
48:58le même problème,
48:59si vous voulez,
48:59la question est de savoir
49:00si des données,
49:02que ce soit les données,
49:04de toute façon,
49:05les données sont prélevées
49:06sur les réseaux sociaux,
49:07c'est-à-dire à partir
49:08de choses qui ont
49:09effectivement été
49:10éventuellement vécues
49:11par d'autres hommes,
49:12bien sûr,
49:12mais ça reste des données,
49:14c'est-à-dire que ce n'est pas
49:14le propre de l'intelligence
49:15artificielle,
49:16elle ne fait que brasser,
49:18si vous voulez,
49:18l'intelligence artificielle,
49:19on pourrait dire
49:20qu'elle brasse
49:20des milliards de données,
49:22elle va en sortir
49:23quelque chose
49:24dont la question
49:25reste toujours posée
49:25de savoir
49:26à qui appartient
49:29cette production ultime,
49:30cette création
49:31entre guillemets
49:31de l'IA,
49:33n'est-ce pas ?
49:34Elle n'en est pas
49:34l'auteur elle-même,
49:35elle n'est pas l'auteur,
49:36un artiste est l'auteur
49:37de son œuvre,
49:38c'est Picasso
49:39qui a peint
49:40l'ensemble de son œuvre,
49:41ce n'est pas quelqu'un d'autre
49:42à sa place
49:42ou une machine,
49:43n'est-ce pas ?
49:44Tandis qu'une machine
49:44ne peut pas être l'auteur
49:46de quoi que ce soit.
49:47Alors cette notion d'auteur,
49:49cette notion de créateur
49:49est extrêmement importante,
49:51évidemment,
49:51c'est ce qui donne du prix
49:53à l'œuvre d'art,
49:53c'est ce qui fait
49:54qu'on s'y intéresse,
49:56c'est ce qui fait
49:56qu'on se passionne
49:57parfois pour la vie
49:58et l'œuvre d'un créateur
49:59et qu'on essaie
50:00de comprendre d'ailleurs
50:01pourquoi il a créé
50:03cette œuvre,
50:03etc.
50:04C'est le côté humain
50:05si vous voulez
50:06qui est passionnant,
50:07n'est-ce pas ?
50:08Et qui fait qu'on a
50:09un véritable auteur
50:09et l'auteur,
50:10je l'ai rappelé tout à l'heure,
50:11là encore je citais Kant,
50:12n'est-ce pas ?
50:13Kant disait
50:13qu'un homme,
50:14un être humain,
50:15il a la liberté
50:16au sens où cette liberté
50:17c'est un pouvoir
50:18de commencement absolu.
50:19C'est ce que Kant disait,
50:20vous êtes l'auteur
50:21de quelque chose
50:22quand vous commencez
50:23absolument quelque chose.
50:24Si je pose un acte
50:25dans le monde
50:25à un moment donné,
50:27la question est de savoir
50:27est-ce que je suis l'auteur
50:28ou non de cet acte ?
50:29La réponse est simple,
50:31je suis l'auteur de cet acte
50:32si c'est vraiment moi
50:34qui ai commencé cet acte,
50:35c'est-à-dire qui ai posé
50:36cet acte dans le monde
50:37alors que cet acte
50:38n'est pas le résultat
50:40de quelque chose
50:41qui l'aurait précédé.
50:42Voilà.
50:43Je raisonnerai de la même façon
50:44pour l'œuvre d'art,
50:45un grand artiste
50:46c'est quelqu'un qui crée
50:47mais qui crée vraiment.
50:49Alors il crée bien sûr
50:50à partir de ce qu'il est,
50:51à partir des données
50:53qu'il a en lui
50:54mais est-ce que ce sont
50:55des données ?
50:55C'est toujours le même problème.
50:57Il faut s'entendre aussi
50:58sur le sens des mots.
50:59La donnée pour moi
51:00c'est une data,
51:01c'est quelque chose
51:01de quantitatif.
51:03Alors que ce que j'ai en moi,
51:04les souvenirs que j'ai
51:05par exemple de mon enfance
51:06si j'en ai,
51:07où j'ai parlé tout à l'heure
51:08des épreuves
51:09que j'ai peut-être traversées,
51:10des traumatismes
51:11que j'ai subis,
51:11tout ça ce ne sont pas
51:12des données.
51:13C'est du vécu,
51:14ce n'est pas tout à fait
51:14la même chose.
51:16Ce n'est pas une trace,
51:17ce n'est pas une trace
51:18mécanique ou informatique.
51:21Ça n'a rien à voir.
51:22C'est quelque chose
51:23qui renvoie à du vécu,
51:24qui renvoie à mon intériorité
51:25et qui me donne,
51:27qui fait que je suis aujourd'hui
51:29l'homme que je suis
51:29et pas un autre.
51:33Merci monsieur.
51:36Rejoigne M. Fontaine,
51:37j'ai une petite question
51:37à vous poser.
51:38Donc, des expériences
51:42récentes ont montré
51:44que l'IA,
51:45si menacée de destruction,
51:47si menacée de destruction,
51:52n'hésite pas
51:55d'être prêt à tuer
51:57ou de se défendre.
52:00Donc, malgré la répétition
52:02des commandes
52:03de non-violation.
52:05Donc, comment expliqueriez-vous
52:06ce comportement anormal ?
52:08Écoutez,
52:11je ne fais pas
52:12que je peux l'expliquer,
52:14mais ça me paraît
52:15relever plutôt
52:15de la science-fiction,
52:16à vrai dire.
52:17C'est un petit peu,
52:18ça renvoie à une question
52:19qu'une jeune fille
52:20a posée tout à l'heure
52:21qui est à peu près la même,
52:22c'est-à-dire,
52:22est-ce qu'il n'y a pas
52:23un risque
52:23que les machines,
52:25un jour,
52:26se révoltent,
52:27se révoltent contre l'homme ?
52:28Alors bon,
52:29oui, c'est un thème
52:29de science-fiction,
52:31il y a des films,
52:33les Américains sont très forts
52:34sur toutes ces questions-là,
52:36des films de catastrophes,
52:37n'est-ce pas ?
52:37Et puis, il y a le thème
52:38du robot qui se révoltent,
52:39il y a le thème
52:40de la créature,
52:41c'est le thème
52:42de Frankenstein,
52:43enfin, la créature
52:44qui se révolte
52:45contre son créateur,
52:46c'est un thème
52:47extrêmement vieux
52:48des science-fiction
52:49et des choses de genre.
52:50Je crois qu'il n'y a pas
52:52de danger que l'IA,
52:53si vous voulez,
52:54cherche à détruire l'homme.
52:56Il y a un risque
52:57peut-être de dérèglement,
52:59il peut se passer
53:00des catastrophes,
53:01ça c'est sûr,
53:01mais pas de cet ordre-là,
53:03parce que,
53:03encore une fois,
53:04pour vouloir détruire l'homme,
53:05ça veut dire que quand vous voulez
53:07détruire quelqu'un,
53:08par exemple,
53:09ça veut dire que vous éprouvez
53:10de la haine pour ce quelqu'un,
53:11ça veut dire qu'il y a
53:12tout un tas d'affects,
53:14on retrouve le problème
53:15de l'affect et du vécu,
53:16de la sensibilité,
53:17qui fait que vous avez
53:18des raisons, peut-être,
53:19bonnes ou mauvaises,
53:19peu importe,
53:20d'en vouloir à ce quelqu'un,
53:21vous voulez tuer,
53:22enfin, tout ce que vous voudrez,
53:22bon, OK,
53:23on est là sur le terrain,
53:25encore une fois,
53:25de l'affectivité,
53:26de la sensibilité,
53:27etc.,
53:27du vécu,
53:29il n'y a rien de tel
53:29que chez la machine,
53:31la machine ne peut pas
53:32se révolter,
53:32elle ne peut pas vouloir
53:34tuer l'homme,
53:34de toute façon,
53:35elle ne veut rien,
53:36la machine,
53:37elle est incapable
53:37de vouloir quoi que ce soit,
53:39elle ne peut faire
53:40que ce pour quoi
53:41elle a été programmée
53:42et répondre à une commande
53:43qui va être celle
53:44que vous allez lui donner
53:46quand vous allez lui demander,
53:47par exemple,
53:47de quelque chose,
53:48quand vous demandez
53:49à Chad GPT une question,
53:50c'est vous qui avez posé
53:51la question,
53:52elle va vous répondre,
53:53bien sûr,
53:53mais c'est vous qui avez
53:54posé la question,
53:55c'est-à-dire que c'est
53:56toujours pareil,
53:57quoi qu'on dise,
53:57je pense que l'homme
53:59ne pourra pas être dépossédé
54:00du pouvoir qu'il a
54:01sur la machine,
54:02sauf,
54:03alors encore une fois,
54:04par contre,
54:04il peut y avoir,
54:06comment on veut dire,
54:06un dérèglement total
54:08qui peut,
54:08alors évidemment,
54:09qui pourrait avoir
54:10des conséquences catastrophiques,
54:11ça c'est certain,
54:12mais imaginez qu'aujourd'hui,
54:13je ne sais pas moi,
54:14c'est par exemple
54:15le problème de la cybersécurité,
54:17on connaît le problème
54:17de la cybersécurité,
54:19on pourrait très bien
54:20aujourd'hui,
54:20des gens pourraient
54:21provoquer une catastrophe
54:24véritablement mondiale
54:25en s'attaquant
54:26au système
54:27informatique mondial
54:29en s'attaquant
54:30à des points sensibles
54:31et on le sait très bien
54:32et ce risque existe,
54:34ce risque existe,
54:35mais ça veut dire
54:36que c'est quelqu'un,
54:37c'est-à-dire un être humain
54:37qui à un moment donné
54:38va décider
54:39de sacrifier le système,
54:43de tout mettre par terre,
54:44n'est-ce pas,
54:44ce n'est pas
54:44le système informatique
54:46lui-même
54:46et pour l'intelligence artificielle,
54:48c'est la même chose.
54:49Une machine ne veut rien,
54:50si vous voulez,
54:51une machine ne veut rien,
54:52elle est incapable de vouloir,
54:53la volonté est le propre
54:54de l'homme.
54:56C'est tout bête,
54:57vous savez,
54:58on en revient toujours
54:58à des considérations
54:59philosophiques assez minimales,
55:02mais c'est pour ça
55:03qu'il faut faire un peu
55:04de philosophie,
55:04d'ailleurs,
55:04ça peut aider à y voir clair
55:05dans la vie de temps en temps,
55:07n'est-ce pas ?
55:07Il y a des choses fondamentales
55:08comme ça.
55:09La machine,
55:10elle ne veut rien,
55:11elle ne veut rien.
55:12Et d'ailleurs,
55:13elle ne veut même tellement rien
55:14qu'il y a des moments,
55:15même quand vous voulez
55:15la faire marcher,
55:16elle ne veut pas marcher.
55:17Donc, c'est pour vous dire que…
55:19Mais bon,
55:20ça, c'est pour d'autres raisons.
55:21Quand elle ne fonctionne pas,
55:22c'est parce qu'il y a un bug.
55:24La preuve,
55:25là, il y a des micros
55:26qui n'ont pas voulu fonctionner
55:27tout à l'heure,
55:27mais je ne suis pas sûr
55:28que ce sont les micros
55:28qui ne voulaient pas fonctionner,
55:30si vous voulez.
55:31Je pense que le problème
55:31venait d'ailleurs.
55:33Voilà.
55:33Merci Philippe.
55:36Merci beaucoup
55:37à tout le monde,
55:39y compris aux élèves
55:40qui n'ont pas pu
55:41prendre la parole
55:42pour des raisons techniques
55:43de leur micro.
55:44Pour qu'une façon,
55:45désolé,
55:46le temps qui nous est alloué
55:49est dépassé.
55:50Bientôt,
55:51tout ce programme
55:52sera disponible
55:53en différé,
55:54en vidéo
55:55et en podcast
55:56sur plusieurs plateformes.
55:58N'hésitez pas
55:58à nous faire signe
55:59par mail
56:00ou d'une autre façon.
56:03même par téléphone
56:04si vous souhaitez
56:05améliorer
56:06votre participation technique.
56:09Jean-Luc
56:09et moi-même
56:11seront à votre disposition
56:12pour vous y aider.
56:14Merci beaucoup,
56:14cher Philippe,
56:15pour cette magnifique
56:16matinée
56:18de réflexion
56:19sur un problème
56:20vraiment important.
56:21Merci aux élèves
56:22et aux collègues
56:23qui les accompagnent
56:24dans plusieurs lycées
56:26français et francophones.
56:28Je ne voudrais pas oublier
56:29tous ceux
56:30qui nous ont suivis
56:31également sur Twitch.
56:32une bonne fin de journée
56:33ou continuation
56:35et à la semaine prochaine
56:37pour un programme
56:38un petit peu différent
56:39avec Mme Florence Robine
56:41qui est ambassadrice
56:42de France
56:43en Norvège
56:44sur l'urgence
56:45de passer à l'action.
57:02de passer à l'action.
57:03Merci à tous.
57:04Merci à tous.
57:05Merci à tous.
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