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00:00Sous-titrage MFP.
00:30Allo ?
01:00Sous-titrage MFP.
01:29Anania, à quel moment vous vous dites
01:31« je vais faire un film pour raconter
01:34cette histoire ? »
01:35D'abord, il y a eu
01:36le fait que j'ai entendu sa voix.
01:40Elle était partout sur Internet.
01:42C'était un petit extrait.
01:45Et ça m'a
01:45bouleversée. Je ne pouvais pas
01:48faire autre chose.
01:50Ça m'a hantée.
01:51Et au fait, quand on entend son appel
01:56à l'aide, il y a
01:58quelque chose de très fort
02:00et je me sentais
02:02obligée de l'aider,
02:04alors que, bon, on connaît
02:06tous comment
02:08ça s'est terminé.
02:10Et au fait, je me suis posé
02:11la question de ce que je pourrais faire.
02:14Comment je pourrais aider ?
02:15Et moi, je sais faire des films.
02:20Donc, ça a commencé à partir de là.
02:22L'extrait dont vous parlez,
02:25c'est le croissant rouge palestinien
02:26qui décide de le publier
02:27sur les réseaux sociaux
02:28pour tenter, on l'imagine,
02:30d'alerter une fois encore
02:32sur ce qui se passe à Gaza.
02:34On va écouter cet extrait
02:35justement dont vous parlez
02:36et puis on en parle
02:37juste après.
02:53Tout au long de votre film,
02:55Kauté Abedania,
02:56c'est donc cette voix
02:57de In Rajab
02:58qu'on entend,
02:59sa vraie voix.
03:00Vous avez récupéré
03:01toute la conversation
03:02qu'elle a eue
03:03avec le croissant rouge palestinien.
03:05Pourquoi c'était important
03:06pour vous
03:07d'utiliser sa voix à elle ?
03:09D'abord parce que
03:11avant de faire le film,
03:13j'ai appelé sa mère.
03:14Pour moi,
03:14c'était très important
03:15d'avoir son accord
03:16et sa mère m'a dit
03:17je ne veux pas
03:18que ma fille soit oubliée
03:19sous les décombres
03:20des cadavres à Gaza.
03:23Et cette petite fille,
03:24In Rajab,
03:25qui n'avait même pas 6 ans,
03:26elle avait 5 ans
03:28et 9 mois,
03:29elle avait une voix,
03:30une voix très forte,
03:33qu'on a fait taire
03:34et pour moi,
03:36c'était très important
03:37de lui rendre hommage
03:39et oui,
03:40de mettre sa voix,
03:42de l'honorer
03:42au cœur de ce film.
03:45On l'entend,
03:46In Rajab,
03:47dans votre film
03:48mais vous n'avez pas voulu
03:49faire jouer une actrice
03:51pour la représenter
03:52dans la voiture
03:52où elle se trouve
03:53et où elle va finalement
03:54être tuée
03:55par l'armée israélienne.
03:56Oui,
03:57pour moi,
03:58c'est comme le disait Godard
04:01ou Rivet,
04:02je ne sais plus,
04:03le travelling,
04:04c'est une affaire de morale.
04:05Faire de la mise en scène
04:06de la mort de Hint,
04:09je n'aurais pas pu le faire.
04:11Ce n'était même pas une option.
04:13Mais par contre,
04:14raconter l'histoire
04:15du point de vue
04:16des employés
04:19du Croissant Rouge
04:21dont la mission
04:22est de sauver des vies,
04:23pour moi,
04:23c'était la bonne distance.
04:24Eux, ils ne sont pas à Gaza,
04:26ils sont à Ramallah.
04:27Ils sont notre écoute.
04:31Ils sont un peu,
04:33ils représentent,
04:34ils condensent
04:35à leur manière
04:35notre position
04:36autour du monde.
04:37On entend ces appels
04:38à l'aide
04:39mais on est paralysé.
04:40On ne peut rien faire.
04:42Il y a cette sensation
04:43d'impuissance
04:45qui, moi aussi,
04:45m'a poussée
04:46à faire ce film.
04:47Et on reste donc,
04:48justement,
04:49tout au long de votre film
04:50dans les locaux
04:51du Croissant Rouge palestinien
04:52qui, vous le disiez,
04:53est basé à Ramallah.
04:54Un huis clos
04:56insoutenable
04:57qui retrace
04:57ces trois heures
04:58de conversation
04:59entre les bénévoles
05:01et cette petite fille
05:02Inrajab.
05:03On va regarder
05:03la bande-annonce
05:04de votre film
05:05et puis on continue
05:06d'en parler.
05:06Sous-titrage Société Radio-Canada
05:11N'importe oùgebouac
05:11La bande-annonce
05:11Les filles sont
05:12les filles
05:13des filles
05:14Insouffures
05:15N'importe pour
05:15Los natifs
05:15et les filles
05:16Les filles
05:16sont-ils
05:17Ils sont-ils
05:18Des filles
05:18those filles
05:19whoever
05:19sont-ils
05:19Ils sont-ils
05:20ils sont-ils
05:20à la clips
05:21ou l'on risque
05:21des filles
05:22d'elle
05:22Personne
05:23주세요
05:24Hanouk ?
05:26Non, s'il vous plaît.
05:30Re-establish coordination.
05:32S'il vous plaît.
05:34S'il vous plaît.
05:36S'il vous plaît.
05:38S'il vous plaît.
05:40S'il vous plaît.
05:54Pour bien comprendre ce qu'il s'est passé ce 29 janvier 2024, In Rajab est donc prise au piège dans cette voiture. Elle se trouve à 8 minutes en voiture d'une ambulance du Croissant Rouge palestinien. Mais l'ambulance ne peut pas aller la chercher dès qu'elle appelle. Pourquoi ?
06:12Parce qu'à Gaza, en Palestine, on ne peut pas envoyer une ambulance quand un enfant appelle à l'aide.
06:19Contrairement à tous les autres pays du monde.
06:22Oui. Donc, il y a une procédure très complexe et compliquée pour que l'armée israélienne accepte de donner une route sécurisée pour envoyer une ambulance.
06:36Sinon, on bombarde les ambulances.
06:38Et donc, comme on le voit dans ce film, c'est un dilemme moral.
06:42Est-ce qu'on doit envoyer une ambulance pour sauver la petite fille et perdre tout le monde ? Ou suivre à la lettre ces règles qui sont installées vraiment pour rendre leur vie impossible à ces humanitaires ?
06:56Et la vie aussi d'Indra Jab, impossible mais au sens littéral. Et donc, on voit dans le film qu'ils suivent à la lettre...
07:02Le chef dit non, on n'y va pas tant que le trajet n'est pas sécurisé. Tant qu'on n'a pas le feu vert, on n'y va pas. Et les autres bénévoles ne comprennent pas.
07:10Ils disent, mais pourquoi on ne va pas la sauver ?
07:12Exactement. Et donc, ils finissent par respecter toutes les règles, obtenir la route, obtenir le feu vert, envoyer leur ambulance. Et au moment où les ambulances arrivent...
07:23Et ça, on l'a dans l'enregistrement, en fait. Ce n'est pas quelque chose qu'on a inventé.
07:27Exactement. Dans l'enregistrement, on a l'ambulancier qui parle avec son collègue à Ramallah et qui lui dit, ah, voilà la voiture.
07:35Je vois la voiture. Je vois la voiture. Et au moment où il dit ça, on entend le son de la bombe qui a tué les ambulanciers et qui a fait exploser l'ambulance.
07:45Donc, respecter les règles. C'est quoi les règles ? Est-ce qu'il n'y a pas d'autres règles qui sont des règles de la domination en réalité ?
07:56Et moi, c'était quelque chose qui m'a tellement choquée.
08:01Et d'ailleurs, dans le film, je me suis dit, cette fin est tellement au-delà de l'inimaginable, de l'entendement.
08:10Il faut que je rappelle au spectateur que c'est réel.
08:13D'où le fait de passer des acteurs aux vrais protagonistes de cette histoire, qui sont les vrais héros.
08:19C'est ce que l'on voit à la fin de votre film. Parce que donc, les deux ambulanciers sont tués. In Rajab aussi. Ses cousines, elles sont déjà mortes.
08:27Car il faut le préciser, toutes ces heures, In Rajab les passe à côté de cadavres de sa famille.
08:33Six membres de sa famille.
08:34Car ils étaient six dans la voiture. Exactement.
08:36La voix de In Rajab, c'est aussi celle de tous les enfants palestiniens tués à Gaza par l'armée israélienne.
08:43Oui, elle est devenue, cette petite fille malgré elle, un symbole, pas que des enfants, mais de Gaza.
08:49Parce que Gaza appelle à l'aide, c'est une blessure baillante.
08:53Et on n'arrive pas à faire entrer de l'aide.
08:56Donc, elle est devenue un symbole.
08:58Moi, j'étais avec sa mère il y a deux jours.
09:02Elle aurait bien sûr souhaité que sa fille soit toujours vivante sur la plage de Gaza.
09:08Elle aimait beaucoup se baigner, cette petite In Rajab.
09:11Un accord de cessez-le-feu a été adopté le mois dernier dans le cadre d'un plan de paix,
09:16mais la guerre n'est pas finie, Kauter Badania.
09:19Les bombardements israéliens continuent dans la bande de Gaza, aujourd'hui ?
09:24Je ne sais pas si on peut appeler ça une guerre.
09:27Je pense que le mot n'est pas exact.
09:32C'est-à-dire, même si on arrête aujourd'hui ce qui n'est pas le cas,
09:37comment vivre avec ce qui a eu lieu ?
09:40Je parle de notre humanité en général.
09:44Et voilà, pour moi, c'était très important de faire ce film,
09:48parce que je ne sais pas comment on pourrait vivre avec ce qui s'est passé à Gaza.
09:53Vous avez reçu le lion d'argent début septembre à la prestigieuse Mostra de Venise.
09:58Votre film a été ovationné pendant 24 minutes.
10:01C'est du jamais vu.
10:02Là, vous revenez du festival du film de Doha.
10:06Et là, vous étiez accompagné des acteurs, mais aussi des protagonistes,
10:10des bénévoles du croissant rouge palestinien.
10:12Pourquoi c'était important pour vous qu'il soit là ?
10:14C'était pour dire, mon film n'est pas une fiction, c'est la réalité, c'est ce qu'il se passe à Gaza ?
10:19Exactement, et c'est aussi pour leur rendre hommage,
10:21parce qu'ils ont payé un prix extrêmement cher.
10:25Leurs collègues, je pense 52 collègues secouristes,
10:29des gens qui sont partis sauver des gens,
10:31qui se retrouvent, eux aussi, morts.
10:33On a entendu des récits horribles des secouristes
10:38qui sont bombardés, tués, comme on le voit d'ailleurs dans le film.
10:42Mehdi dit s'il y a une nouvelle photo qui s'ajoute,
10:44parce qu'ils ont un mur, pour honorer leurs collègues.
10:48S'il y a une nouvelle photo, c'est-à-dire un nouveau mort,
10:52moi je démissionne.
10:53Effectivement, le vrai Mehdi a démissionné après l'histoire d'Indra Jab,
10:57parce qu'il a perdu deux collègues.
10:59Donc c'était très important de les rencontrer, de les voir.
11:06Et pour moi, c'est eux la référence.
11:09C'est-à-dire les acteurs, c'est une copie, c'est vraiment...
11:13Et les acteurs sont très attachés,
11:16ils sont devenus très proches des vrais personnages.
11:20Et si vous voyez dans le film,
11:21il y a aussi une ressemblance physique entre les acteurs.
11:25Donc c'était très émouvant.
11:26Et à Doha, vous étiez aussi avec la maman d'Indra Jab.
11:30Exactement, on a rencontré pour la première fois Wissem Amada,
11:33qui est la maman d'Indra Jab,
11:36qui est une femme incroyable, d'un courage.
11:40D'ailleurs, elle a fait un discours à l'ouverture du festival,
11:42que vous pouvez voir sur Internet,
11:44où elle parle avec beaucoup de courage de tous les enfants de Gaza,
11:48qui sont encore vivants,
11:50et qui vivent dans des conditions...
11:53Abominables.
11:54Oui.
11:54Elle n'a pas voulu voir le film,
11:56mais elle veut parler,
11:58elle veut, vous me racontiez,
12:00assister à tous les débats après votre film.
12:02Et ça, c'est très important pour elle,
12:03pour faire vivre sa fille, Indra Jab,
12:07tuée par l'armée israélienne à l'âge de 5 ans.
12:11Merci infiniment,
12:12Kauter Benaniad,
12:13d'être venue nous voir dans Alaphiche
12:14pour nous parler de votre film.
12:16La voix de Indra Jab,
12:18une voix qu'on n'est pas prêts d'oublier.
12:20Merci infiniment.
12:21Merci, Natacha.
12:22Merci à vous de votre fidélité.
12:24Je vous dis à très vite sur France 24, toujours.
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