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00:0013h, 14h, Europe 1 Info.
00:03La suite sur Europe 1 à 13h33 avec vous Clélie Mathias et les deux journalistes Yvan Youfol et Thomas Bonnet.
00:09Boilem Sansal a pris la parole, je ne sais pas si vous l'avez écouté hier sur France 2, ce matin sur France Inter,
00:14il était également dans les colonnes du Figaro, on espère qu'il viendra sur Europe 1 et CNews, écoutez-le.
00:19J'ai peur pour ma famille, si je retourne à l'Algérie avec mon épouse, j'ai peur que cette fois on arrête aussi mon épouse
00:26pour me contraindre davantage. Je pense à mes compagnons de cellule qui, je pense maintenant, vont être arrêtés alors qu'ils sont en prison et questionnés.
00:34Que savent-ils ? Que leur ai-je dit ? Je pense à Christophe Glaze et il n'est pas le seul.
00:38Il n'est pas le seul. Il y a plusieurs dizaines de détenus politiques pour des raisons comme ça, bizarres, on ne sait pas lesquelles.
00:44Il y a ça, mais il y a aussi le fait au contexte diplomatique.
00:48Voilà, Boilem Sansal qui estime ne pas pouvoir parler librement à cause du régime algérien.
00:52Yvan Youfol, c'est un homme libéré mais pas libre ?
00:56Ça doit le peser énormément parce qu'en effet, il est vraiment la quintessence de ce que peut être un homme libre.
01:02Il est, de mon point de vue, l'équivalent de ce qu'a pu être Solzhenitsyn quand il dénonçait les mécanismes du communisme
01:09et qui étaient passés par le goulag.
01:11Et là, aujourd'hui, vous avez un homme libre qui dénonce les mécanismes de l'islamisme
01:15en étant passé également, non pas par le goulag, mais par un emprisonnement qui a été épouvantable,
01:20en tout cas dans le premier mois de son emprisonnement.
01:21Il raconte ça notamment dans le Figaro.
01:23Oui, la première semaine, il place le dos.
01:25C'est ahurissant de voir comment il a été traité comme un chien.
01:29Et donc, je pense qu'effectivement, là, il est contraint pour ne pas mettre d'obstacle
01:36à une éventuelle libération de notre confrère glaise.
01:39Il est également contraint parce qu'il veut récupérer, dit-il, son ordinateur et son téléphone
01:43qui sont restés chez lui en Algérie et qu'il voudrait retourner en Algérie,
01:46ne serait-ce que pour récupérer ses écrits, dans le fond.
01:50Donc, on voit bien que ça...
01:51Mais au-delà de tout ça, il commence malgré tout à dire des choses.
01:54D'abord, il nous dit que l'islamisme est à Alger.
01:56Je n'avais pas entendu, a priori, que l'islamisme était à Alger, sinon par des circonvolutions.
02:02Et puis surtout, il s'annonce comme étant effectivement celui qui va ébranler
02:08ce conformisme de l'intelligentsia française qui, pour une grande partie d'entre elles,
02:12ne l'a pas soutenue, pour dire les choses comme elles sont.
02:14Non seulement ne l'a pas soutenue, mais son éditeur lui-même,
02:17et ça, il l'a dit ce matin, je crois, Antoine Gallimard avait refusé pour lui le prix Sakharov
02:21au prétexte que le prix Sakharov avait été proposé par Jordan Bardella.
02:25Or, on avait mis en doute, naturellement, cette explication en disant que Boilem Sansal
02:30refusait d'être cautionné par l'extrême droite.
02:32Il nous a dit le contraire en disant qu'il avait des amis partout,
02:35que ce prix ne lui avait jamais été suggéré,
02:38et qu'en tout cas, il n'avait pas émis d'opposition à ce que Antoine Gallimard
02:44et Jean-Marie Laclaftine, son autre éditeur de Gallimard, avaient dit pour lui.
02:47Donc, il y a un véritable scandale, c'est une véritable saloperie,
02:50pardon cette vulgarité, mais de la part de son éditeur,
02:53que d'avoir voulu faire en sorte de le marginaliser encore davantage
02:57en prétextant de lui qu'il aurait été soutenu par l'extrême droite,
03:00qu'il est soutenu par tout le monde.
03:01Thomas Bonnet, qu'est-ce que vous retenez, vous, de ces mots ?
03:04D'abord, la joie immense de voir Boilem Sansal être libre.
03:07C'est ça qui domine d'abord dans ma perception des choses.
03:10Enfin, il peut retrouver sa liberté.
03:13Malgré tout, je ressens quand même aussi une grande gêne.
03:16Parce qu'on comprend bien que dans les mots de Boilem Sansal,
03:19il y a aussi les mots de l'Elysée.
03:21Et que c'est un plan communication qui a été organisé par l'Elysée.
03:25C'est Noël Lenoir qui disait ça ce matin,
03:27qui était présidente du comité de soutien de Boilem Sansal.
03:30En clair, c'est l'éditeur Antoine Gallimard en effet,
03:35c'est l'Elysée aussi, la diplomatie française le plus largement,
03:38qui organise le plan média de Boilem Sansal.
03:40Moi, je me suis interrogé, comme beaucoup d'entre nous, je pense,
03:43sur le choix des médias dans lesquels il est allé faire ses premières déclarations.
03:46Parce que c'est sur ce même service public de l'audiovisuel
03:49où on a entendu lors des missions des propos très difficiles,
03:54très durs contre lui et sans forcément qu'il y ait de modération.
03:57Certains avaient fait le procès de Boilem Sansal avant le procès de Boilem Sansal.
04:00Donc, je me suis étonné de ça.
04:02Quand il parle, il admet lui-même qu'il n'est pas totalement libre de ses propos.
04:05J'ai l'impression qu'on le pousse à dire
04:07que le départ de Bruno Rotaillot a permis sa libération,
04:11alors ce n'est pas du tout ce qu'il semble penser lui,
04:12en disant qu'il avait téléphoné à Bruno Rotaillot déjà depuis qu'il était rentré en France.
04:16Il dit de lui qu'il était sur son ami.
04:17Il dit qu'il était également un ami.
04:19Donc, je ressens, moi, une sorte de malaise
04:21où on est en train d'utiliser la parole de cet homme.
04:24Alors, on nous parle de prudence,
04:25on nous dit qu'il ne faut pas compromettre les chances de Christophe Gless d'être libéré.
04:29J'entends tout à fait cet argument.
04:30J'espère aussi que Christophe Gless sera libéré.
04:32Ce n'est pas pour autant qu'il faut faire dire à Boilem Sansal
04:33des choses qui ne semblent pas partagées.
04:35Parce que moi, c'est ce sentiment-là que j'ai parfois en l'écoutant.
04:37Le philosophe Pascal Bruckner estime, lui,
04:39que la libération de Boilem Sansal gêne la gauche.
04:41Il était hier sur France Info.
04:43Boilem Sansal, il brise deux tabous.
04:45Un, c'est l'arabe
04:47qui ne joue pas à l'arabe de service, justement.
04:49C'est quelqu'un qui, comme d'autres intellectuels
04:52dans le monde arabo-musulman, veut la liberté, est contre la violence,
04:56ne fait pas une allégeance à son régime.
04:58C'est un musulman, enfin, il est né musulman,
05:01mais l'islam n'est pas forcément sa religion de prédilection.
05:04Et lui, il trouve sans doute que la laïcité à la française,
05:07c'est-à-dire le droit de croire et de ne pas croire,
05:09de critiquer le clergé, est une très bonne chose.
05:11Et ça, la gauche française,
05:14notamment dans le contexte algérien,
05:15c'est dans le contexte d'une culpabilité coloniale dont vous parliez,
05:18ça passe mal.
05:18On sait qui est ce monsieur ?
05:20Thomas Bonnet.
05:21Je trouve ça très intéressant parce qu'on a vu
05:23les députés de la France Insoumise se réjouir
05:26de la libération de Boilem Sansal,
05:27les mêmes qui avaient voté contre la résolution
05:29au Parlement européen et à l'Assemblée,
05:31résolution qui a appelé à la libération de Boilem Sansal.
05:33D'ailleurs, dans son entretien au Figaro,
05:35il explique qu'il avait la télévision algérienne
05:37depuis la cellule dans laquelle il était enfermé,
05:40et qu'il voyait sur la télévision algérienne
05:42à quel point les députés de la France Insoumise
05:44étaient célébrés par la propagande d'État algérienne
05:49en expliquant qu'ils étaient de bons Français
05:51qu'il fallait mettre en avant.
05:53Il évoque nommément Jean-Luc Mélenchon,
05:55Rima Hassan, Mathilde Panot.
05:56Donc effectivement, il est important de dire
05:59que la gauche n'a pas été exemplaire
06:01dans le sort qu'elle a réservé à Boilem Sansal
06:04avec des « oui mais » tout le temps.
06:06Sandrine Rousseau disait « oui, il faut qu'il soit libéré,
06:08mais Boilem Sansal aussi, il tient des propos
06:10qui sont problématiques. »
06:11Non, quand on est attaché à la liberté d'expression,
06:12comme c'est mon cas,
06:13on se félicite de la libération de Boilem Sansal
06:15et on a appelé depuis le premier jour
06:16à ce qu'il quitte les geôles algériennes.
06:18– Yvan Riffol.
06:19– Mais interrogeons-nous de savoir pourquoi
06:20effectivement une grande partie de l'intelligentsia,
06:22enfin de ce qui reste de l'intelligentsia,
06:23qui n'est plus d'ailleurs très intelligente,
06:25je parle de la gauche,
06:26de la gauche donneuse de leçons,
06:27n'a pas voulu le soutenir,
06:28non plus d'ailleurs qu'une grande partie de la Macronie,
06:31c'est parce que Boilem Sansal dit des choses
06:32qui sont des choses interdites,
06:33il nous dit notamment que l'islamisme
06:35est le véritable danger,
06:36mais pas simplement l'islamisme,
06:38il dit que l'islam et le danger lui-même
06:39ne fait pas de différence entre l'islam et l'islamisme.
06:42Et puis il nous dit deuxièmement,
06:43et c'est quelque chose qui est répercuté
06:45par d'autres également,
06:47que le pouvoir politique lui-même
06:49s'aveugle sur cette grande menace totalitaire
06:52qui est celle maintenant d'une subversion djihadiste.
06:54Et il sonne l'alarme, si je puis dire,
06:59sur ce grand somnambulisme,
07:01non seulement de la gauche,
07:03mais plus généralement de l'État,
07:05de l'État français lui-même.
07:06Ce qui m'a surpris,
07:07c'est que je pensais qu'il n'aurait peut-être pas été soutenu
07:10par l'opinion algérienne à Alger,
07:12or il nous dit dans mon interview du Figaro,
07:14que en tout cas, selon ses co-détenus,
07:17il lui faisait répercuter cette caricature
07:19qu'il donnait de lui-même dans la société algérienne,
07:22disant qu'il était une légende.
07:24Donc je ne sais pas si, ça c'est vrai,
07:26je ne sais pas si le peuple algérien
07:27se reconnaît maintenant, effectivement,
07:29dans les critiques portées par Boilem Sansal,
07:31en tout cas à l'islamisme,
07:32mais si c'est vrai, il faut s'en féliciter.
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