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  • il y a 5 jours

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00:00Sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin la présidente du comité de soutien à Boilem Sans Salle, Noël Lenoir.
00:06Bonjour Noël Lenoir.
00:07Bonjour Dimitri.
00:08Je suis vraiment ravi de vous recevoir aujourd'hui Noël Lenoir, parce qu'on s'est beaucoup parlé depuis un an,
00:12depuis ce 16 novembre 2024, où l'on apprenait l'arrestation de Boilem Sans Salle en Algérie,
00:16et ça y est, il est libre, il a parlé à son ami Kamel Daoud qui l'a appelé au téléphone.
00:22Est-ce que vous, Noël Lenoir, est-ce qu'il a eu vendu tout ce que vous avez fait pour obtenir cette libération ?
00:27Est-ce que vous avez pu lui parler ?
00:28Alors Dimitri, je suis très heureuse sur ce plateau de dire qu'effectivement j'ai pu lui parler,
00:35ce qui pour moi, à titre personnel, était très émouvant.
00:38Pourquoi ? Parce que je suis sans doute l'une des seules de ce comité de soutien à ne lui avoir jamais parlé,
00:44puisque je ne l'ai jamais vu.
00:46Je l'ai lu, je l'ai entendu, je l'ai regardé à la télé,
00:50et puis depuis un an, il est quand même un peu mon voisin de chambre, si je puis dire,
00:55et c'était très émouvant.
00:57C'est l'ami qui ne vous connaissait pas en fait.
00:58Voilà, et moi ce qui m'a frappée,
01:01c'est un petit peu ce qui est écrit dans le journal Le Point à propos de son dialogue avec Kamel Daoud,
01:10c'est que c'est quand même un personnage exceptionnel.
01:13C'est-à-dire qu'il n'a pas du tout la voix d'un monsieur de 81 ans,
01:16mais surtout il a une pêche terrible,
01:19et alors je ne sais pas dans quelles conditions cela a eu lieu,
01:22mais il était au courant de tout,
01:24puisqu'il m'a remercié, il a beaucoup d'humour,
01:29il a remercié Arnaud Benedetti, Xavier Driancourt, Kamel Benchek,
01:34Jean-Paul Scarpita aussi,
01:36qui avait contact permanent avec son épouse,
01:40Jean-Paul Scarpita est directeur artistique,
01:45il fait des mises en scène d'opéra,
01:48et donc tout ça c'était extrêmement émouvant,
01:51et évidemment,
01:53sa double patrie c'est l'Algérie,
01:56mais c'est aussi la France,
01:57sa culture c'est la France,
01:59sa langue c'est la France,
02:01et j'ai senti que,
02:03bon ben,
02:04il était content de revenir à la maison,
02:07dans quelques jours,
02:08vraisemblablement,
02:09il pourra revenir chez nous,
02:10c'est-à-dire chez lui.
02:11Aujourd'hui ou demain,
02:12c'est ce qu'il laisse entendre,
02:14alors on comprend,
02:15vous avez dit qu'il savait pas mal de choses,
02:17il ne peut pas tout dire,
02:18pour leur Boilem Sansal,
02:19je pense qu'il s'agit de protéger des personnes
02:21peut-être qui l'ont aidé,
02:22quand il était en prison,
02:25racontez-nous un peu les coulisses de sa libération,
02:27il vous a fait part des détails sur ce,
02:30quand il est sorti,
02:31son rapatriement en France ?
02:33Non,
02:33il m'a dit,
02:34malheureusement,
02:35j'ai pas pu...
02:36Enfin,
02:36en Allemagne,
02:37pardon,
02:37oui,
02:37c'est parce qu'il est à Berlin.
02:39Alors,
02:39ce que je sais,
02:40c'est qu'il y a un très bon ambassadeur,
02:43François Delattre,
02:44de France,
02:45en Allemagne,
02:46qui l'a évidemment accueilli à l'aéroport,
02:49et il était rayonnant de bonheur.
02:51C'est quand même quelqu'un,
02:53qui a été détenu dans des conditions très défavorables,
02:57parce qu'une prison à l'isolement,
03:00il était à l'isolement.
03:03Puisqu'on avait dit,
03:05on avait fait savoir à d'autres détenus avec lesquels il sympathisait,
03:09parce que c'est quelqu'un de très sympathique,
03:11de très gentil,
03:13qu'il fallait pas lui parler,
03:15que ça pouvait aggraver leur cas,
03:17leur situation.
03:20Et donc,
03:20excusez-moi,
03:21et donc,
03:22il était à l'isolement total.
03:23Il n'a pas pu écrire.
03:24On a dit,
03:26mais je n'en ai pas parlé avec lui,
03:28qu'il avait simplement une télévision.
03:30Est-ce qu'il accédait aux chaînes françaises ?
03:34Je n'en sais rien.
03:36Et par conséquent,
03:37il a vécu,
03:38quand même,
03:38une sorte de martyr
03:39qu'il n'avouera jamais,
03:41pendant un an.
03:42Mais moi,
03:42ce qui m'a frappé,
03:43c'est qu'il est au courant de tout.
03:44Et il est plutôt sur un mode
03:47du remerciement
03:48et de minorer
03:49l'épreuve qu'il a subie.
03:52Noël Lenoir,
03:52sur votre compte X,
03:53vous aviez assez tôt,
03:55en fait,
03:55dès dimanche ou lundi,
03:56je ne sais plus exactement,
03:57mais signalé que ça bougeait,
03:59qu'il se passait des choses
04:00du côté des autorités allemandes.
04:02Est-ce que vous pouvez nous raconter
04:03un petit peu les coulisses
04:04de cette libération ?
04:05Parce que ça a surpris tout le monde
04:06le fait que la libération
04:08vienne de Berlin
04:08et non de Paris.
04:10Alors, d'une part,
04:11l'Allemagne n'a pas été
04:14le seul pays
04:14appelé à l'aide
04:16par la France.
04:18Ce que vous aurez observé,
04:19puisque vous vous rendez
04:20parfaitement compte
04:20des relations franco-algériennes,
04:22que l'Algérie est braquée
04:23vis-à-vis de la France
04:25et a fait de la France,
04:27en quelque sorte,
04:27son punching ball,
04:29l'ennemi numéro un,
04:31et même encore
04:32très récemment,
04:33alors qu'on pouvait imaginer,
04:35en tous les cas,
04:36c'était crédible,
04:37que Boilem serait gracié
04:39et donc libéré,
04:40encore récemment,
04:42la presse algérienne
04:43le diabolisait
04:45et même le mentionnait
04:47comme un agent
04:48de trois services secrets,
04:49le français,
04:51le marocain
04:51et l'israélien.
04:52Ça fait beaucoup
04:52et donc,
04:54c'était encore là
04:55au moment où sa libération
04:56devenait vraiment
04:57imminente.
04:59Et donc,
04:59il a été diabolisé
05:01et je pense que
05:01ce qui s'est passé
05:03du point de vue
05:04de l'Algérie,
05:05ce qui a joué,
05:06c'est plusieurs choses.
05:08Bon, d'abord,
05:08les négociations
05:09et le fait que
05:10vous ayez eu
05:11l'Italie,
05:12l'Allemagne,
05:14sans doute les Etats-Unis,
05:16c'est un peu une indiscrétion
05:17mais je crois savoir
05:18le pape
05:19qui en a parlé
05:20directement
05:21au président Tebboune,
05:22vous aviez quand même...
05:23Il y a une diplomatie vaticane
05:25qui est intéressante
05:25parce qu'Abdel-Majid Tebboune
05:27a été reçu par le pape
05:28au mois de juillet
05:29et il y avait dans l'air
05:30cette idée
05:30que Léon XIV,
05:32augustinien,
05:33souhaitait se rendre
05:34en Algérie
05:34pour aller là
05:36où est né
05:37Saint-Augustin,
05:38à Ipone,
05:39Saint-Augustin,
05:40évêque d'Ipone
05:41et donc,
05:42on sent qu'il y a
05:42une diplomatie algérienne
05:44qui s'est jouée
05:45en coulisses aussi
05:46et qui a peut-être
05:46participé à ce mouvement
05:47de libération.
05:47Alors là,
05:48il faut rendre
05:50à César
05:50ce qui est à César,
05:51la diplomatie française
05:52a bien joué
05:53vis-à-vis
05:53du pontife,
05:55du pape,
05:56également Gérard Larcher
05:58qui lui en a parlé
05:58et le pape en a parlé
05:59au président Tebboune
06:00et donc,
06:02ça,
06:03ça crée,
06:04si vous voulez,
06:05des pressions d'atmosphère.
06:07Il y a eu aussi
06:07l'isolement diplomatique,
06:10le coup de semence
06:11qu'a constitué
06:12pour le pouvoir algérien
06:13la décision du conseil
06:16de sécurité
06:16où vous n'avez pas eu
06:18un seul vote
06:19en faveur de l'Algérie.
06:21L'Algérie elle-même
06:22s'est abstenue
06:23mais ses alliés...
06:23Sur la question
06:24du Sahara occidental.
06:25Sur la question,
06:26pardon,
06:27effectivement du Sahara occidental
06:29et ça,
06:30ça a été vraiment
06:31un choc très fort
06:33pour la diplomatie
06:34et donc pour l'Algérie.
06:35Ils se sont isolés
06:36vis-à-vis de leurs voisins africains.
06:37Qui s'est rendu compte
06:37que son isolement
06:38n'était pas splendide du tout.
06:39Et puis, il y a eu
06:39ce double jeu.
06:41Chacun a joué son rôle.
06:42Moi, je suis un peu désolée
06:44aujourd'hui
06:44que la France
06:46gauloise
06:47retrouve
06:48ses habitudes,
06:50c'est-à-dire
06:50qu'on se dispute
06:51sur qui a fait quoi.
06:53Parce que chacun sait
06:54que l'attitude
06:56du ministre de l'Intérieur,
06:58l'attitude
06:58des parlementaires,
07:00y compris du groupe
07:00du président de la République,
07:02qui ont fait pression
07:03sans cesse
07:04jusqu'à cette fameuse
07:05union des droites
07:06que certains
07:09appellent de leurs voeux
07:11et qui s'est réalisée
07:12d'une certaine manière
07:13à l'occasion.
07:14Sur la question
07:15du sort de Boilem Sansal,
07:17sur l'idée
07:17qu'il fallait être ferme
07:18vis-à-vis de l'Algérie.
07:18Non, mais sur la résolution,
07:20sur la dénonciation
07:21de l'accord franco-algérien.
07:22C'est-à-dire,
07:23ça aussi,
07:23ça a été un coup.
07:24C'est-à-dire,
07:24on a fait l'union,
07:25toute l'union des droites
07:26avec les abstentions
07:28qui étaient en fait
07:29des votes pour,
07:30sans le dire,
07:31du groupe centriste,
07:33enfin,
07:33du groupe
07:34Renew,
07:36Renaissance.
07:36On a quand même
07:37l'impression
07:37que dans cette affaire,
07:38la France n'a pas pesé
07:39beaucoup pour obtenir
07:41la libération
07:41de Boilem Sansal.
07:42C'est heureux
07:43que ça survienne,
07:44mais que finalement,
07:45la France n'a pas
07:46beaucoup compté
07:46dans cette équation.
07:47Je pense que la France
07:48a quand même,
07:49il faut être fier
07:50quand même un peu
07:50de son pays,
07:52il y a eu le jeu
07:52du ministre de l'Intérieur
07:53de Bruno Retailleau
07:54que j'ai trouvé
07:55extrêmement utile.
07:57D'après nos contacts
07:58algériens,
07:59moi je ne suis pas
07:59une experte,
08:00comme vous le savez,
08:01je ne m'appelle pas
08:02Xavier Driancourt,
08:03mais on a quand même
08:03beaucoup de contacts
08:04locaux ici à Paris.
08:06Et puis il y a eu
08:07la diplomatie
08:08qui, dans un cadre
08:10difficile,
08:12avec au sommet
08:13de l'État,
08:13évidemment,
08:14un chef de l'État
08:15qui va de la fermeté
08:17jusqu'à l'absence
08:18de fermeté,
08:20c'est un petit peu
08:22difficile de naviguer.
08:23Je pense qu'il faut
08:24rendre hommage
08:24à tous ceux
08:25qui ont travaillé,
08:26y compris des diplomates
08:27français,
08:28sur ce dossier,
08:29et puis surtout,
08:30il faut se réjouir
08:31ensemble.
08:32Merci beaucoup
08:32Noël Lenoir
08:33d'être venu ce matin
08:34au micro d'Europe 1.
08:35Je rappelle que
08:35vous êtes la présidente
08:36du comité de soutien
08:37à Boilem Sansal
08:37qui devrait donc
08:38rentrer en France
08:39dans les 48 prochaines heures.
08:41Merci d'être venu nous voir.
08:42Il est 7h20 sur...
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