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  • il y a 10 heures
Lundi 24 novembre 2025, retrouvez Lucie Jacquet Malo, (Coordinatrice du Programme IA, l’Institut Mines-Télécom) dans SMART TECH, une émission présentée par Delphine Sabattier.

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Transcription
00:00Allez, c'est le moment de la grande interview avec nous en plateau, Lucie Jacquet-Malo.
00:10Bonjour, merci beaucoup d'être avec nous. Vous êtes docteur en mathématiques,
00:14vous avez travaillé comme responsable scientifique du projet France 2030 DEMOES,
00:18donc sur les démonstrateurs numériques dans l'enseignement supérieur. Encore récemment,
00:23vous étiez chef de projet IA Générative Souveraine pour les établissements d'enseignement supérieur
00:28de recherche auprès de l'AMUE, l'Agence de mutualisation des universités et établissements,
00:35ainsi que du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche. Vous êtes aussi à l'initiative
00:41de l'alliance entre Mistral AI, EdTech France et 36 établissements d'enseignement supérieur.
00:47Vous êtes donc quand même très engagé, Lucie, dans ces sujets d'IA souveraines. Et aujourd'hui,
00:53vous êtes la coordinatrice du programme IA à l'Institut Mine Télécom. Je disais en présentation de l'émission,
01:00un programme très ambitieux qui s'appuie en fait sur trois grands piliers. Vous allez nous les
01:08expliquer très précisément. C'est vraiment tout récent, ça date de ce mois-ci, de novembre 2025. Donc,
01:15trois partenariats importants dans l'IA. Vous êtes, je disais, engagé depuis longtemps sur ces
01:21sujets. Vous êtes convaincu qu'aujourd'hui, la France, l'Europe peut prendre une place majeure
01:26dans le domaine, dans le champ des IA génératives et des grands modèles de langage ?
01:31Oui, tout à fait. La France peut prendre une place et en réalité, elle l'a déjà prise. Hier soir est sorti
01:38le rapport de la Cour des comptes sur la prise en main des outils et de l'usage de l'IA,
01:43de l'intelligence artificielle en France. Sur la stratégie nationale d'intelligence artificielle ?
01:48Tout à fait. La France se place en cinquième position mondiale. Donc, on est complètement dans la
01:53course et il est encore temps de continuer à travailler pour non seulement rester dans la
01:58course, mais proposer des outils à l'européenne, j'ai envie de dire, c'est-à-dire frugaux de manière
02:05énergétique et écologique et en même temps éthiques avec une utilisation raisonnée pour nos
02:11apprenants, nos étudiants qui deviendront les travailleurs de demain.
02:15Et alors moi, j'entends aussi beaucoup le discours de, oui, c'est encore possible de se faire une place,
02:19mais finalement plutôt sur des petits modèles de langage très spécialisés. Vous êtes d'accord avec ça ?
02:23Je suis assez attachée à cette idée, effectivement. Les grands modèles de langage tels que
02:29Tchadjipiti ou même des modèles de langage que propose Mistral sont très intéressants pour un
02:34usage quotidien et pour un usage du grand public. Et petit à petit, plus on va se former et plus on va
02:40travailler avec Tchadjipiti, avec Mistral, plus on va comprendre qu'on va avoir des besoins spécifiques
02:45auxquels des IA plus frugales peuvent répondre et d'une meilleure manière. C'est vers ça qu'on
02:50espère tendre.
02:52Ok, alors on va regarder ces trois partenariats qui ont été annoncés par l'Institut
02:58Mines Télécom. D'abord, un déploiement massif des solutions Mistral, Mistral AIA, donc avec la
03:03licence Le Chat et son API, dans ces dix écoles à l'IMT. Qu'est-ce que ça veut dire très concrètement
03:10déploiement massif des solutions Mistral AIA ? C'est-à-dire qu'on ne fera plus que du Mistral AIA
03:15dans ces établissements ?
03:17Non, on ne fera pas plus que du Mistral AIA. Par contre, dans les dix établissements
03:21d'Institut Mines Télécom, donc qui sont répartis un peu partout en France, on essaye d'harmoniser
03:26notre stratégie et notre manière de faire de l'IA. Aujourd'hui, 99% des étudiants utilisent une IA
03:32générative pour faire leur devoir. Et 99% utilisent une IA générative américaine ?
03:37Oui, presque.
03:38Tout à fait. Vous avez presque, le plus souvent, ChatGPT. Il y a un rapport, qui est le rapport
03:45Pascal Taddei, qui est sorti il y a quelques mois, qui indiquait qu'effectivement ChatGPT
03:49était très largement en tête et que Copilot était derrière, puisque quand vous utilisez
03:54un outil, par exemple Word, vous pouvez avoir accès à Copilot tout de suite. Donc, l'objectif
03:59c'est de lutter contre ces usages, parce que parfois on partage des données dont on
04:04ne sait pas qu'elles vont être fonctionnées, par exemple par les Etats-Unis. Et puis, on
04:10a également une volonté de servir les enseignants, les chercheurs et les personnels administratifs
04:16avec une IA la plus souveraine possible. Et aujourd'hui, Mistral propose une réponse
04:21qui nous convient très bien. Ce n'est pas pour ça qu'on ne regarde pas ailleurs, mais
04:25on a investi massivement parce qu'on a acquis plus de 1000 licences. C'est ce que j'allais
04:29dire, parce que quand on parle de partenariat, on ne sait pas ce que ça veut dire exactement
04:32financièrement, mais donc vraiment, c'est de l'achat. Vous avez fait une commande auprès
04:36de Mistral ? Tout à fait, on a fait une commande auprès de Mistral, mais on travaille
04:40par exemple autour de l'organisation d'événements en partenariat avec Mistral. L'Institut
04:45Minetélécom est spécialisé dans les mines et les télécommunications. Donc, on a un savoir-faire
04:50et des étudiants d'excellence qui peuvent, dans toutes les écoles de l'IMT, prétendre
04:54à travailler sur le déploiement d'outils d'IA qui pourraient servir le quotidien.
05:00Alors, ce sera vraiment le plus gros investissement dans le domaine de l'enseignement supérieur
05:05qui va directement profiter à une entreprise française, donc Mistral. Vous espérez montrer
05:11la voie avec ça ? Est-ce que ça vous semblerait logique, pertinent que l'ensemble des
05:17établissements supérieurs fassent la même chose ? Ou c'est un choix finalement technologique
05:23comme d'autres pourraient faire d'autres choix ? C'est militant, c'est technologique ?
05:28C'est une très bonne question. Vous l'avez bien dit à l'initiative de l'alliance entre
05:33Mistral et AI, IET Tech France et des établissements d'enseignement supérieur, je ne peux pas dire
05:37le contraire. Mais c'est toujours très important de regarder ailleurs et en même temps, Mistral
05:43nous propose aujourd'hui une offre qui est très satisfaisante et de toute façon qui
05:48est nécessaire parce qu'on a énormément de Shadow IT avec l'utilisation de Shadow
05:52PT. Il faut lutter contre ça. Mistral est une bonne première réponse. Peut-être qu'il
05:57y en aura d'autres.
05:58C'est-à-dire ?
05:59Par exemple, comme je disais, avec le déploiement d'outils plus frugaux et plus spécifiques,
06:05je ne suis pas sûre que ce soit un modèle économique très fructueux pour Mistral et AI qui fait des
06:10investissements à des millions, voire des milliards d'euros. Et pourtant, on a besoin
06:15de ces outils-là au quotidien. Donc peut-être que dans ces cas-là, ce n'est pas Mistral
06:18qui peut répondre, mais par exemple, IET Tech, d'où le partenariat avec IET Tech France
06:21sur des outils plus spécifiques.
06:23Ok. En termes d'usage, qu'est-ce que vous imaginez ? Est-ce que vous parlez d'usage
06:28finalement de Shadow AI, c'est-à-dire des usages faits par les étudiants, j'imagine, pour
06:33faire des recherches un petit peu comme ça au quotidien de manière aléatoire ? Et où est-ce
06:36que vous avez envisagé une série d'usages très spécifiques avec ces modèles ?
06:43Alors, on a une série d'usages très spécifiques. On a dressé un tableau de 81 cas d'usage
06:48dans l'enseignement supérieur, qui n'est absolument pas exhaustif, mais qui liste globalement
06:53la plupart des usages dans l'enseignement. Par exemple, un enseignant souhaite produire
06:59du contenu assez facilement et plus rapidement que s'il ne le faisait pas par IET. Aujourd'hui,
07:03on estime qu'un enseignant sur une préparation de cours, quand il utilise l'IA, peut gagner
07:0790% de son temps de préparation de cours, ce qui est énorme. Et ce temps-là, il peut
07:12le libérer pour faire de la recherche, par exemple, ou pour avoir d'autres activités
07:16ou pour améliorer la relation one-to-one qu'il va avoir avec son étudiant. Et puis
07:22pareil sur l'administratif, et là on n'est pas mieux ni moins bien que tous les autres,
07:27sur l'administratif, on peut améliorer le travail d'un DRH, on peut améliorer le travail
07:31d'autres personnes. Mais toujours avec une garantie sur la sécurité des données, puisqu'on
07:36manipule des données extrêmement sensibles, des traces d'apprentissage nominatives des
07:39étudiants, pourquoi pas des copies d'examens, qui sont extrêmement confidentielles, et des
07:44données RH, qui sont des données sensibles, qui contiennent des données personnelles.
07:48Et d'ailleurs, tous ces usages vont servir aussi à entraîner le modèle de Mistral ?
07:52Non, non, non. Ça c'est très clair dans les conditions...
07:54En même temps, c'est dommage pour eux.
07:55Alors, c'est très clair dans les conditions générales d'utilisation de l'offre Le Chat
07:59Entreprise, dont on bénéficie d'un dérivé. Les données ne sont pas réutilisées pour
08:04le réentraînement, et c'était la condition sine qua non d'ailleurs, de toute façon,
08:08puisque nos données doivent rester chez nous et nous appartenir.
08:11Alors, il y a donc, deuxième partenariat important, l'adhésion à la fédération
08:15ILAAS, je ne sais pas si je le prononce correctement, mais l'idée est de mutualiser
08:20les ressources informatiques avec une vingtaine d'établissements du supérieur, c'est-à-dire
08:25très concrètement, quelle infrastructure vous allez mettre en place ?
08:28Alors, ILAAS est une initiative, vous le dites très bien, inférence à ce service, et
08:34on peut le résumer assez facilement. C'est une opération qui a été montée au départ
08:40par l'université de Rennes et l'école centrale Supélec, et qui a vocation à rayonner
08:44sur tout l'enseignement supérieur. L'IMT a décidé de rejoindre ce partenariat pour
08:48une raison très simple, aujourd'hui, vous pouvez sur votre maison installer des panneaux
08:53solaires photovoltaïques. Ils permettent d'emmagasiner l'électricité, vous, vous
08:58consommez, je mens un peu, mais c'est un peu l'idée, vous consommez l'électricité
09:02qui a été emmagasinée par vos panneaux, et lorsque vous avez du surplus, vous la revendez
09:06à EDF. En réalité, c'est un peu la même chose qu'on va faire avec les serveurs, c'est-à-dire
09:10que les établissements qui sont adhérents à IELAS vont mettre à disposition des infrastructures
09:16et des noeuds de calculs. Ils vont être prioritaires sur leurs noeuds de calculs, donc bien entendu,
09:21s'ils ont des phases de recherche, ils vont pouvoir utiliser leurs infrastructures, mais
09:25tout ce qui n'est pas utilisé va être mis dans le pot commun, au bénéfice de tous.
09:29Et donc, ça, ce qui est très intéressant, c'est que...
09:31Mais c'est spécifique pour faire tourner les grands modèles de langage ?
09:35Pas forcément, ça va être spécifique pour faire du calcul. Donc, ça peut être du calcul
09:39comme vous entendez parler du calculateur Jean Zé, voilà, donc on a des super calculateurs
09:44qui sont parfois très sollicités. Vous avez quelque chose à faire en recherche, autour
09:48de l'IA ou pas, vous allez pouvoir solliciter les établissements d'ILAS pour avoir plus
09:55de capacités. Et puis, trois mois après, c'est votre établissement qui va mettre à disposition
09:59les capacités.
10:00D'accord, donc c'est un projet, enfin c'est une approche donc collaborative de partage
10:06de capacités de calcul, partage aussi sur les usages. Vous imaginez partager des bonnes
10:13pratiques, par exemple, un cas d'usage qui a été identifié dans tel établissement
10:17qui pourrait servir à un autre ?
10:18Bien entendu, oui, oui. Et le premier cas d'usage, c'est le cas d'usage d'une IA générative
10:22assez généraliste. Donc ça, on en a développé en interne.
10:25Comment vous la diffusez alors ? Comment vous diffusez le cas d'usage ?
10:29C'est une très très bonne question et c'est une question à laquelle il n'est vraiment
10:33pas facile de répondre parce que les IA qu'on déploie sont diffusées par des campagnes
10:38de communication assez simples et en général, les gens les testent. Et quand ils les testent,
10:43ils ont en tête que ces IA qu'on développe maison, on va dire, vont remplacer Tchadjpt.
10:48Et ce n'est pas du tout le cas. Et elles sont parfois moins ergonomiques. On n'a pas
10:53les milliards d'ergonomie qui peuvent être mis au service de l'ergonomie.
10:58Et en même temps, ces outils-là vont avoir des usages plus spécifiques.
11:03Et donc, il ne faut pas se dire qu'on va réussir à remplacer Tchadjpt par des outils
11:07maison basés sur la fédération IA, mais qu'on va remplacer plutôt les usages.
11:11Et c'est pour ça qu'on a un vrai travail sur ces cas d'usage-là, grâce à des outils
11:15plus spécifiques. Et que petit à petit, on va transformer ces mésusages de Tchadjpt
11:19en usage bénéfique au sein de la communauté.
11:22Vous, vous coordonnez l'ensemble du programme. Mais il va y avoir une gouvernance partagée ?
11:27Comment ça va s'organiser avec la fédération ?
11:30Oui, tout à fait. Alors, moi, je coordonne le programme IA de l'Institut MinTélécom.
11:35La fédération, qui est donc pilotée par l'Université de Rennes et Centrale Supélec,
11:40va être composée d'un conseil d'administration et sur lequel on aura évidemment des choses
11:48à dire en tant que membre de ce conseil d'administration, par exemple.
11:51Ok. Alors, troisième partenariat, c'est la collaboration avec le label Equitia,
11:56donc pour certifier l'éthique des pratiques. Qu'est-ce que ça veut dire l'éthique des
12:01pratiques aujourd'hui avec les modèles de langage, avec l'intelligence artificielle ?
12:05On n'a pas de définition véritable ?
12:08Non, et j'aime assez l'idée qu'on puisse avoir une définition un peu personnelle
12:11de l'éthique des pratiques. Aujourd'hui, quand on utilise un outil d'IA,
12:16on aime bien se poser la question, est-ce que c'est éthique ?
12:19J'entendais tout à l'heure, justement, sur le plateau,
12:22quand on utilise un outil d'IA pour chercher une recette,
12:26ce n'est pas une utilisation éthique. Voilà, clairement.
12:28Mais peut-être certaines personnes vont avoir des utilisations
12:32qu'ils jugent éthiques et que d'autres ne jugent pas éthiques.
12:34Donc, éthique et responsable, pour vous, ça va de pair ?
12:37Oui, ça va de pair. Éthique, responsable, frugale, en tout cas le plus frugal possible.
12:42Néanmoins, il y a des repères et des marqueurs pour identifier
12:45si une utilisation est éthique ou pas, et Quitia va nous accompagner
12:48à accéder à ces marqueurs-là. Par exemple, est-ce que l'outil d'IA
12:52que j'ai développé, est-ce que je ne peux pas avoir une utilisation plus frugale ?
12:55Donc, est-ce que je vais tendre vers une meilleure utilisation ?
12:58C'est-à-dire qu'ils vont auditer les modèles ?
13:01Ils vont nous accompagner, et à la fin, il y a une labellisation
13:05vers laquelle on peut tendre, par tout simplement une grande grille critériée
13:10qui nous permet d'être labellisés pour indiquer qu'on a une utilisation
13:16la plus éthique possible des IA.
13:17Et donc, il va contenir, évidemment, l'inclusion des publics à besoins spécifiques,
13:21la mise en place d'outils d'IA les plus frugaux possibles,
13:25la souveraineté, qui est un énorme sujet sur lequel on se doit de travailler,
13:31et d'autres sujets, bien entendu, sur le déploiement et la formation des accompagnants.
13:35Et est-ce que ça veut dire que certains usages seront proscrits ?
13:39Alors, pour l'instant, il y a des usages qui sont proscrits,
13:42et il y a des usages qui sont proscrits par l'AIE Act, par exemple.
13:44En termes d'éducation, nous sommes sur des systèmes d'IA qui sont à haut risque,
13:48et donc, on se doit d'avoir une grande vigilance.
13:51Par exemple, l'inférence des émotions est interdite.
13:53Alors, ça, ça nous paraît évident, et en réalité, quand on est enseignant,
13:58on a bien envie de savoir quel étudiant s'ennuie à quel moment du cours
14:01pour savoir comment l'améliorer.
14:02Ça, c'est interdit, tout simplement.
14:04Donc, il y a des choses déjà qui sont interdites,
14:07et il y aura des chartes, on est en train, évidemment, de mettre en place une charte d'usage,
14:11sur laquelle, par exemple, nous interdisons le fait de placer des documents sensibles
14:18ou à données confidentielles dans l'IA, par exemple, de Mistral,
14:22parce que nous savons qu'elle est hébergée chez Azure en Suède et Google en Irlande.
14:26Donc, nous essayons de garder le maximum de souveraineté.
14:29Alors, oui, c'est ça.
14:30Parce que comment on la traduit, cette exigence de souveraineté ?
14:35Parce que, ok, vous faites le choix de Mistral,
14:36mais on sait très bien que derrière, on a encore toute cette infrastructure
14:40dont on n'a pas la maîtrise, finalement.
14:42Oui, tout à fait.
14:43Je vais reprendre les paroles de Pierre-Alain Muller,
14:45qui est président de l'Université de Haute-Alsace,
14:47et qui disait
14:48« Nous sommes, la France est entièrement souveraine
14:52sur les sous-marins nucléaires dans certains engins.
14:54Jusqu'à la dernière vice, on arrive à créer un sous-marin entièrement français.
14:58Aujourd'hui, sur l'IA, c'est impossible.
15:00Et il y a fort à parier que demain, ça restera impossible.
15:03Pourquoi ? Parce que les GPU sont états-uniens pour la plupart,
15:06les métaux rares ou les minerais rares viennent de toute façon pas de France,
15:11parce qu'il n'y en a pas ou extrêmement peu.
15:13Donc, on n'arrivera jamais à être 100% souverain.
15:15Maintenant, comment on arrive à tendre ?
15:17Parce que le cloud est aussi chez les hyperscalers.
15:19Tout à fait.
15:20Il y a eu un calcul de l'Inspection générale
15:22de l'enseignement de scolaire et de la recherche
15:25qui a été fait en disant qu'on ne pourrait pas transcrire
15:30les usages de chat-GPT des étudiants en France,
15:32tout simplement parce que nous n'avons pas assez de GPU.
15:34Donc, à partir de ce moment-là, on a deux choix possibles.
15:37Soit on investit dans des GPU et dans des centrales nucléaires
15:39pour accompagner, etc., ce qui, à mon sens, n'est pas souhaitable.
15:42Soit on revoit nos usages.
15:44Et donc, tout ça, tout ce problème de souveraineté
15:46va en fait avec le fait de pouvoir revoir nos usages
15:49sur des utilisations ou des mésusages.
15:52D'où le lien avec le label Equitia.
15:54Et on ne risque pas d'avoir, finalement, une double vitesse,
15:58c'est-à-dire des pays ou des continents qui vont super vite
16:02et qui font plein de choses super marrantes avec l'intelligence artificielle.
16:06Et puis, la France ou l'Europe qui va se limiter, finalement.
16:09C'est possible.
16:10C'est possible et ça peut arriver, vous voyez, en recherche, par exemple.
16:13Nous essayons d'être à la pointe mondiale de la recherche en France.
16:16Et donc, pour ça, évidemment, augmenter par IA la capacité de faire des recherches,
16:21par exemple, que vous avez un article à relire et à corriger,
16:24puisque les chercheurs corrigent des articles de leur père,
16:26ça va beaucoup plus vite grâce à une IA.
16:29Bien entendu, le chercheur est toujours responsable de ce qu'il écrit
16:31ou de ce qu'il fait écrire par IA.
16:32Aujourd'hui, on sait que les États-Unis et la Chine
16:34utilisent énormément ces outils-là.
16:37Ils les utilisent très bien.
16:39Ils font générer des articles par IA.
16:40Ils font générer des données par IA.
16:42Et parfois même, les articles par IA sont reviewés par des IA eux-mêmes.
16:46Donc, vous voyez, on arrive à faire un espèce de...
16:48Alors là, ça commence à être inquiétant.
16:49Ça commence à être inquiétant et pourtant, ça existe déjà.
16:51Donc, en France, comment on arrive à rester...
16:55Et c'est une question qui n'a pas de réponse pour l'instant.
16:57Mais comment on arrive à rester éthique
16:59et donc à garder la supervision humaine
17:02sans se faire noyer dans la concurrence nécessaire
17:05qui est opérée par la Chine et les États-Unis ?
17:08Oui, puis dans l'idéal, c'est que ce modèle
17:11va finalement soit adopté par les autres.
17:13Tout à fait.
17:13On peut l'espérer.
17:16Donc là, l'idée, en tout cas, c'est d'accélérer sur la stratégie IA.
17:19Donc, accélérer tout en étant frugal, si j'ai bien compris,
17:24donc dans un environnement contraint et éthique.
17:29Quelle est votre vision, vous,
17:30de l'arrivée de l'intelligence artificielle dans l'éducation ?
17:33Est-ce que vous avez l'impression
17:34que ça va se faire finalement en douceur ?
17:37Que ça va être des petits usages qui vont se développer,
17:40mais pas une véritable grande transformation ?
17:42Ou est-ce qu'on est à l'aube d'un cataclysme ?
17:46Merci beaucoup pour cette question.
17:48Je trouve qu'elle est fondamentale.
17:51Il y a deux réponses.
17:52Effectivement, c'est un cataclysme,
17:53parce que les étudiants utilisent à 99% les IA génératifs.
17:59Ça veut dire que quand on donne des devoirs
18:01comme on le faisait il y a cinq ans,
18:02on n'a pas du tout la même manière de réagir
18:05de la part des étudiants.
18:06Ça nous implique donc sur une transformation profonde
18:09de notre manière d'enseigner.
18:10Ça, c'est très intéressant.
18:11Ça, c'est le côté révolution.
18:13Et puis, il y a le côté, bon, finalement,
18:16ce n'est pas tant que ça.
18:18Pourquoi ?
18:18Parce que je trouve que l'IA n'est qu'une modalité pédagogique
18:22ou qu'un outil servant à une des modalités pédagogiques
18:25qui va nous permettre de mieux repenser nos usages.
18:28Je donne un exemple très simple en dix secondes.
18:31Vous donnez un devoir maison à faire à vos étudiants.
18:33Les étudiants utilisent très massivement
18:35les IA génératifs pour y répondre.
18:36Pas de problème.
18:37Vous ne voulez plus que les étudiants les utilisent.
18:39En réalité, là, ce qui compte,
18:41c'est la relation de confiance que vous avez nouée avec eux.
18:43Si vous les utilisez, ces IA-là,
18:45comme modalité pédagogique dans tel ou tel cours,
18:47mais que le jour où c'est interdit,
18:49c'est expliqué pourquoi c'est interdit,
18:50parce que là, on va acquérir des compétences
18:52sur lesquelles l'IA est complètement inutile,
18:54les étudiants et la relation de confiance
18:56qu'on a avec les étudiants
18:57est absolument géniale.
18:59Et là, l'IA, en fait,
19:00n'apparaît que comme une modalité pédagogique.
19:02Donc, on continuera à avoir des super talents mathématiques
19:04comme vous, formés,
19:06y compris avec l'IA.
19:08Alors, pas comme moi,
19:09mais effectivement, tout à fait.
19:11Merci beaucoup, Lucie Jacquet-Malo,
19:12d'avoir été avec nous.
19:13Je rappelle que vous êtes donc
19:14la coordinatrice de ce programme IA
19:16à l'Institut Mines Télécom.
19:18Merci à tous de nous avoir suivis.
19:20C'était Smartech,
19:21encore une émission riche
19:23en enseignements sur l'intelligence artificielle.
19:25On se retrouve très vite
19:26sur la chaîne Bsmart.
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